"Filles de la mer", Mary Lynn BRACHT.

Je ne sais pas où poster ce commentaire, car l'auteure est bien d'origine coréenne mais elle est américaine.  Cependant l'histoire qu'elle raconte est l'essence même de l'histoire de la Corée contemporaine !  Après bien des hésitations, je le poste ici !  

Spoiler:

J'ai eu du mal à venir à bout de ce livre, non par manque d'intérêt, mais par la pesanteur du thème, vraiment douloureux à la limite du supportable ! Le sort de Hanna, heanyeo de l'île de Jeju est horrible : pour sauver Emi, sa petite sœur, elle se laisse arracher à sa famille pour devenir fille de réconfort dans un bordel de Mandchourie. Haenyeo, ce sont ses femmes plongeuses en apnée qui vont chercher au fond de la mer les coquillages qu'elles vendront. Ces femmes sont les héritières d'une tradition séculaire (qui existe d'ailleurs aussi sur les côtes japonaises)qui leur donne la maîtrise d'un élément : la mer, et de leur vie, car elle ne dépendent de personne pour se nourrir, et elles participent activement à l'économie familiale.
Le sort infligé à Hanna en est d'autant plus violent. Le récit est conduit en parallèle sur deux époques : 1943 en Mandchourie et 2011 à Séoul avec Emi. Emi a porté toute sa vie la culpabilité du sacrifice de sa sœur et elle trouve un apaisement lors des manifestations des survivantes devant l'ambassade du Japon, demandant reconnaissance et et excuses.
Si Hanna a connu l'horreur de l'occupation japonaise , Emi a connu aussi la tragédie de la guerre de Corée, le déchirement du peuple coréen entre Nord et Sud où le bourreau et la victime sont du même sang... Quel étrange destin que celui de ce pays, de n'avoir jamais pu au long des siècles vivre sans une tutelle extérieure...
Ce livre passionnant mais difficile nous ouvre des portes vers cette Histoire et donne envie d'en savoir plus sur ce pays dont le symbole est l'hibiscus, parce que chaque jour apporte une fleur nouvelle, ce pays qui a maintenu sa culture, sa langue contre vents et marées au cours des siècles. Hanna est le symbole parfait de cette résilience.

Ton commentaire rejoint le mien en tous points, Clinchamps Ce roman ne laisse pas indemne, en particulier au vu du terrible destin d'Hana