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Fée clochette
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MessageSujet: Re: Mes écrits   Mes écrits - Page 7 Icon_minitimeJeu 6 Nov 2008 - 20:28

Wink j'aime vraiment beaucoup.
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iLLy Pop
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MessageSujet: Re: Mes écrits   Mes écrits - Page 7 Icon_minitimeJeu 6 Nov 2008 - 20:29

MissSue tu es douée Very Happy
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clinchamps
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MessageSujet: Re: Mes écrits   Mes écrits - Page 7 Icon_minitimeVen 7 Nov 2008 - 0:39

Une anecdote de mon enfance :

Citation :
LES FLANS LYONNAIS


Ce jour-là, nous avions eu le droit de sortir.
Cela n'arrivait pas souvent, notre mère trouvant que la fréquentation de la rue n'était digne de nous. Mes parents n'étaient que de modestes enseignants, mais c'était un temps où cette profession assurait encore à ses membres un certain statut social. Par dessus le marché, notre mère avait une certaine tendance à trouver que nous n'étions pas entourés de gens fréquentables. À celà s'ajoutait sa répugnance envers la plupart des manifestations habituelles d'une vie sociale normale, dans le cadre de notre vie dans un petit port de la côte algérienne en 1955.
Il nous arrivait bien sûr de sacrifier au rite quotidien de "faire le boulevard", comme nous disions, et qui consistait à arpenter le trottoir de la rue principale d'un coin de pâté de maison à l'autre, sous les ficus habités de milliards de microscopiques insectes noirs qui nous tombaient dessus, à partir d'environ sept heures du soir jusqu'à huit ou neuf heures. À ce moment-là, les adultes, qui se baladaient séparément des jeunes (on ne connaissaient pas les "ados"), s'asseyaient à l'une des nombreuses terrasses de café qui bordaient la rue et la place adjacente pour prendre l'appéritif, accompagné de la kémia, que l'on nomme aujourd'hui les tappas espagnoles. Pour nous c'était la kémia, mais certainement elle venait d'Espagne, comme bons nombres d'habitants de notre bourgade. Il y avait aussi des Italiens et quelques Maltais(la plupart pêcheurs), beaucoup de juifs(très souvent commerçants, mais aussi fonctionnaires) et des arabes, mais ils ne faisaient pas le boulevard, ils avaient leurs cafés maures où nous n'allions pas, et ils ne venaient pas dans les nôtres. Quand nous passions devant les cafés maures, nous voyions qu'ils ne ressemblaient pas aux nôtres : c'étaient souvent des banquettes le long des murs, des tables basses, les hommes assis par terre, les vieux jouaient aux dominos, et ils écoutaitent ce que nous appelions avec pas mal de condescendance, la musique arabe. Ma grand'mère, qui avaient été élevée aux romances de Chaminade ("dans Florence il est une fillette ...") disait que ce n'était pas de la musique, et cet avis était partagé par bon nombre de personnes. Quand je pense à l'engouement d'au jourd'hui pour le raï, la musique arabo-andalouse et le houd ! Mais notre petit microcosme n'y était pas sensible.
Mais je m'égare. Il nous arrivait donc de pratiquer cette promenade rituelle, et même de s'installer à une table en mangeant des moules ou des fèves au cumin et quelques fois, quel plaisir ! de manger des brocchettes d'abats de mouton qu'un vendeur faisait griller en plein vent, au coin de la rue, embaumant le quartier de la délicieuse odeur de la cuisson sur les braises.
Et encore plus rare, au moment du ramadan, les zlébias rouges ruisselantes de sirop de miel, frites dans une bassine en tôle cabossée sur un gaz dans une huile qui avait connu des jours meilleurs. Mais quel saveur elles avaient, ces zlébias ! D'autant plus que nous n'étions que rarement autorisés à les déguster. Bien sûr l'hygiène ! On serait horrifié aujourd'hui, mais nous y avons résisté. Et cela c'était les sorties avec les parents.
Autant dire que sortir seuls dans la rue, comme le faisaient sans arrêt nombre de nos copains d'école pour qui c'était le terrain de jeu habituel, il n'en était pas souvent question. Assis sur le bord de la terrasse, nous les voyions courrir et chahuter en dessous, dans la poussière (il n'y avait que la grand'rue qui était goudronnée, avec celle qui jouxtait le port, baptisée pompeusement le front de mer).
Mais en grandissant, quand nous en sommes arrivés autour de onze- douze ans, nous pouvions parfois aller faire des courses, mais jamais jouer dans la rue.
Donc, ce jour-là, nous avions eu l'autorisation de sortir.
Nous, c'est à dire deux ou trois des cinq enfants qui animions le foyer familial : trois frères et sœurs et un cousin et une cousine. Je suppose que nous étions trois : mon frère jean-Yves, moi, et ma cousine ou ma sœur, je ne sais plus. C'était après l'école, une fin d'après-midi automnale, et assez crépusculaire : pas d'heure d'été, en ce temps là ! J'ai oublié la course que nous devions faire, mais je nous revois tous les trois arrêtés devant la petite vitrine assez miteuse d'une boutique qui devait être une sorte d'épicerie, car il y avait des bonbons et des boîtes diverses. Mais nous, c'est à dire surtout mon frère, ne voyions que trois petites boîtes bleues posées sur le sol de la vitrine, et sur ces boîtes on pouvait lire :"Flan Lyonnais".
Pourquoi étions-nous arrêtés devant cet étalage ? Etions-nous des affamés de flan ? Non, pour la simple raison que nous ne savions pas ce que cela voulait dire !! Les seuls flans que nous aurions pu connaître auraient été cuits dans le four de la maison, si nous en avions eu un !! Le flan industriel, nous ne connaissions pas. Alors pourquoi ? C'est que sur chacune de ces boîtes se trouvait un petit avion en plastique gris, attaché par un élastique, et mon frère en bavait littéralement d'envie. Naturellement nous n'avions aucun argent de poche. Que faire ?
Au retour à la maison, je me souviens que c'était à table, Jean-Yves mentionna les fameux flans Lyonnais. Mon père nous expliqua alors en quoi cela consistait, dans un discours dont seul le mot d'agar-agar m'est resté. Cette algue mystérieuse avait paraît-il la vertu de solidifier la préparation. Mes parents restèrent totalement indifférents à ces merveilles de la gastronomie moderne, et il faut avouer qu'à cette époque, un sou était un sou.
Alors nous avons fait intervenir notre grand-mère. C'était la mère de maman, qui vivait chez nous car elle n'avait pratiquement aucune ressource, seulement quelques francs par trimestre. Elle était notre alliée en toutes occasions, prenant sans crainte du haut de son mètre cinquante notre parti contre Papa, qu'elle connaissait depuis qu'il avait onze ans et qui est toujours resté pour elle le gamin qui tournait autour de sa fille. Jean-Yves entreprit de lui démontrer l'urgence et la nécessité de découvrir à quel point ces flans devaient être délicieux. Je crois, mais je n'en suis pas sûre, qu'elle est sortie avec nous un jour - les flans n'avaient tenté personne d'autre et se couvraient tranquillement de poussière dans la devanture - ou qu'elle nous a donné ses maigres sous quand elle les a reçus, brefs, nous avons ramené triomphalement les flans, et Jean-Yves, avec les yeux d'Harpagon sur sa cassette, s'est emparé des avions, le reste lui étant complètement égal. Quand mon père s'en aperçut, il eut quelques mots ironiques sur la mauvaise qualité du produit, et sur la faiblesse de Grand-Mère qui "s'était fait avoir !"
Quand il fut question de les préparer, nous assistâmes Grand-Mère dans cette délicate opération, et, se souvenant des moqueries de mon père, elle eut peur d'être ridiculisée, et doubla la dose de poudre. Il fallait laisser reposer une demi-jurnée, ce que nous fîmes. L'heure du repas du soir arriva et ma mère apporta le plat creux empli que quelque chose de jaune vif.
Ah ! ils étaient pris, les flans ! c'est sûr ! C'est à la fourchette que nous les avons mangés ! Car nous les avons mangé, et personne n'aurait pu nous faire dire qu'ils n'étaient pas bons. D'ailleurs c'était sucré et vanillé, pas désagréable.
Quand des décennies plus tard, dans une pâtisserie de France, j'ai goûté du Flan, du vrai, aux œufs et au lait, j'ai eu une pensée émue pour ma chère grand-mère, qui fit affronta avec énergie les rires de mes parents pour voir les yeux de mon frère briller en tenant les petits avions dans sa main.

Bon c'est un peu ong, pardon ! c'est du vécu !!
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L_Alex
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MessageSujet: Re: Mes écrits   Mes écrits - Page 7 Icon_minitimeVen 7 Nov 2008 - 7:53

Miss Sue c'est très beau !!!


Clinchamps ... quelle adorable histoire ... nos grand-mères sont bien toutes les mêmes je dirais ... pour nous faire plaisir !

Je penserais à toi quand je mangerais du flan Wink
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clinchamps
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MessageSujet: Re: Mes écrits   Mes écrits - Page 7 Icon_minitimeVen 7 Nov 2008 - 11:35

Un petit haïku pour ma grand-mère :

Le verbe imagé
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MessageSujet: Re: Mes écrits   Mes écrits - Page 7 Icon_minitimeVen 7 Nov 2008 - 11:47

@ Clinchamps, j'amène ton anecdote imprimée dès demain à mon père : on dirait Fort-de-l'Eau, son Boulevard, son Front de mer, ses Brochettes... tout ce qu'il nous a raconté est là.

J'espère qu'il prendra autant de plaisir que moi à lire dans tes souvenirs.
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MessageSujet: Re: Mes écrits   Mes écrits - Page 7 Icon_minitimeVen 7 Nov 2008 - 11:49

cheers Je vois que nous avons des origines communes !! lol!
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MessageSujet: Re: Mes écrits   Mes écrits - Page 7 Icon_minitimeSam 8 Nov 2008 - 13:34

Je met mon âme "aux nues"...

"Elle se mordit les lèvres pour ne pas éclater de rire dans la rue. Ses cheveux ruisselaient le long de son visage, son pantalon, imbibé d'eau, alourdissait sa marche à travers les miroirs du ciel.. Les gens couraient, s'abritaient, le vent balayait la chaussée. Elle avait froid elle aussi: elle souriait, ses yeux brillaient de bonheur. Les passants, étonnés du visage resplendissant de joie qui dégoulinait malgré l'averse et l'heure tardive, se retournaient sur son passage, intrigués par la chaleur interne qui débordait des lèvres de la jeune fille jusqu'à ses pupilles en feu.
Elle accélera le pas, sautilla sur trois enjambées, respira le ciel en colère, tendit bravement ses joues aux gouttes célèstes..
Peu importait ce que pensait les "autres", ce temps extraordinaire rendait la journée savoureuse...
La vie est belle à cet âge là, les vieux se disent "ah, la jeunesse" et elle, légère, le coeur au bout des lèvres, va retrouver sous la pluie celui qu'elle aime."
Wink


Dernière édition par missSue le Sam 8 Nov 2008 - 14:39, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Mes écrits   Mes écrits - Page 7 Icon_minitimeSam 8 Nov 2008 - 14:33

Very Happy j'aime beaucoup ton style et tes inspirations sunny MissSue
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MessageSujet: Re: Mes écrits   Mes écrits - Page 7 Icon_minitimeSam 8 Nov 2008 - 17:00

Miss Sue si un jour tu penses à écrire et à te faire publier je serais contente de te lire ! Wink
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MessageSujet: Re: Mes écrits   Mes écrits - Page 7 Icon_minitimeSam 8 Nov 2008 - 18:01

Bravo, MissSue ! on la voit, cette jeune fille riant sous la pluie, elle me fait penser à celle du poème "Barbara" de prévert ! cheers
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MessageSujet: Re: Mes écrits   Mes écrits - Page 7 Icon_minitimeSam 8 Nov 2008 - 19:02

J'ai eu la même impression pour Prévert !
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MessageSujet: Re: Mes écrits   Mes écrits - Page 7 Icon_minitimeDim 9 Nov 2008 - 9:31

Voilà d'ou je viens. ^^

Citation :


Derrière la grange, il y avait le four à pain. Pour cuire le pain, il fallait d’abord chauffer le four. La veille, les hommes venait bourrer le four avec du bois, et l’allumaient, le bois brûlait toute la nuit, puis, ma cousine, sortait son pétrin, versait la farine, ajoutait son levain, de l’eau et du sel. Elle mélangeait et pétrissait longuement. « Pain bien pétri gonfle bien », me disait elle doctement.

Pendant que la pâte levait en reposant dans la maie, elle préparait corbeilles et corbillons de formes variées. D’un geste sûr, elle déposait les serviettes sur les osiers, farinait le tout, pétrissait une seconde fois découpait prestement la pâte, la lançait dans la balance, et façonnait le pain à la forme d’une corbeille. Elle était vive, précise, et donnait l’impression de pouvoir travailler les yeux fermés. Pas un geste de trop. Parfois, elle me donnait un morceau de pâte pour me faire un petit pain, que je mettais à cuire sur la sole du four, devant.

Elle gardait toujours un peu de pâte, de quoi faire des pognes, elle y ajoutait alors des œufs, un peu de sucre et un bon poids de beurre, repétrissait, ajoutait un peu de lait pour mouiller, mettait en moule à tarte, du « bonbon » dessus pour les enfants (le bonbon, c’était soit de la confiture de prune bien épaisse, soit de la compote de pomme, ou du sucre abondamment tartiné de crème et de beurre) c’était un vrai régal. Cette dernière opération se faisait pendant la cuisson du pain.

Un four à pain, c’est un vrai magasin de chaleur. Avant d’enfourner, il fallait pousser les braises sur le côté avec un long manche muni d’une planchette, puis, nettoyer la sole du four avec la serpillière humide.

Chaque enfournement avait sa propre chaleur. On cuisait d’abord le pain accompagné des gratins, puis les pognes et les tartes. Pour finir, les meringues et après enfin le séchage des fruits, n’importe quel fruit. Cerises, petites prunes, pruneaux, pommes en tranches et poires en quartiers. Les fruits, séchaient pendant tout le temps du refroidissement du four, au moins trois jours. Il fallait ensuite les ventiler encore trois jours à l’air , protégés des insectes par une mousseline, avant de les enfermer dans des boîtes métalliques en attendant l’hiver. Je me souviens bien du goût de ces fruits, légèrement acidulés, très fruités.

Les jours d’hiver, maman prenait une poignée de pruneaux sec qu’elle faisait gonfler dans de l’eau chaude, un souvenir inoubliable. Quand aux pommes, des Charpins à la peau jaune d’or, parsemées de tâches de rousseur, il n’y a plus d’équivalent. Peut-être parce que ce sont les pommes de mon enfance.

Nous devions toujours nous lever avant le soleil, car l'été, travailler à la fraîche permet de faire une sieste à l'ombre des arbres au plus chaud de l'après midi. Ily avait aussi la longue préparation du départ le matin.

Les bœufs étaient lents, avant de partir, il fallait les attacher au joug avec les guides pour bien arrimer le timon de la charrette ou du tombereau. Manipuler de tels animaux demandait de la force et de l’autorité. Le pique bœuf devait guider mais pas blesser, de peur que les bêtes ne s’emballent.

Les enfants faisaient souvent parti des travailleurs. Les yeux lourds de sommeil, le temps de boire le bol de lait et de sauter dans les tombereaux ou les chariots, nous partions ramasser les pommes de terre, faner, moissonner, cueillir le tabac pour l’enfiler sur des guirlandes afin qu’il sèche. La saison se terminait par les vendanges.

Certains soir, nous rentrions à la maison au crépuscule, escortés par des myriades de moustiques et de mouches que les bœufs attiraient. Nous comptions les cadavres sur nos bras et nos jambes, à l’arrivée nous élisions le meilleur tueur de moustiques.

Sur la route rectiligne de 2km, il arrivait qu’une paire de bœufs s’emballa, par la faute de leur propriétaire qui les avait trop piqués à l’endroit le plus sensible, entre les cuisses. Alors gare, et sur les pas de porte des fermes du village, les femmes restées à la maison, ramassait vite leurs petits pour les mettre à l’abri derrière les clos.

C’est un plaisir de se souvenir, mais sur l’instant, nous avions des moments très durs. Nous travaillions presque autant que les adultes, qu’il fasse chaud, ou humide, il fallait se dépêcher, comme les champs étaient grands !

Un bon truc, pour faire passer le travail : chanter. Chacun avait sa spécialité : les chansons drôles ou romantiques, les airs d’opéra ou d’opérettes…… il y avait des spécialistes de vieilles chansons française, celle plus typiques du dauphiné, les chants militaires ou patriotiques et la messe en latin, par les anciens enfants de cœur.

Lorsque nous nous retrouvions tous en ligne, chacun devant sa raie de pommes de terre ou sa ligne de plans de tabac à débourgeonner, et qu’à peine fini, tout recommençait jusqu’au soir et le lendemain, la fête de la fin des récoltes du mois de septembre était très attendue et le plaisir de retourner en classe réel. Nous allions enfin être assis à nos bureaux toute la journée et surtout, le jeudi bénéficier d’un vrai jour de congé et pouvoir dormir un peu plus tard, quoique, avec papa et maman, plus tard, ce serait « le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt », plus tard c’était 7 h 30.

La fête la plus appréciée au village était celle du 15 août, elle était à la fois fête religieuse et païenne. Les femmes allaient à la messe faire bénir les épis de blé, communier dévotement, pendant que leurs hommes célébraient Bacchus dans l'estaminet.

Nous faisions une petite procession hors l’église avec Monsieur le Curé, la vierge portée dans une brouette fleurie. Monsieur le Curé bénissait tous les croyants, même ceux qui célébraient Bacchus. Les mécréants riaient et faisaient des clins d’œil aux filles de la chorale. Quelques femmes bien pensantes, les voyants rire devant leur petite table ronde, un verre de vin à la main, en sortant de la messe les traitaient, l’œil courroucé de galapias et de sans Dieu , ce qui bien entendu, les remplissaient d’orgueil, et importants ils bombaient du jabot.

Tous, galapias et bons chrétiens, se retrouvaient ensuite, devant la salle des fêtes ou les galapias faisaient danser les bonnes chrétiennes au son d’un orchestre. Les tangos, les valses, les fox trott, les charlestons continuaient tard dans la nuit.

L’orchestre cessait de jouer, lorsque la buvette n’avait plus de boissons. Et que "le Joubi", l’animateur inégalé des fêtes du pays n’avait plus de voix.
Il chantait, il racontait des histoires drôles de son cru, faisait parler les gens en patois, récitaient les fables de La Fontaine, donnait les dernières nouvelles du village : Nous étions tous suspendus à sa voix tout en tournoyant au son des accordéons.

Certains dansaient mieux que d’autres. Je me souviens tout particulièrement de Madame P. valsant avec Madame N., lorsque leurs maris étaient trop pris par l’animation de la fête. Tout le monde s’arrêtait pour les regarder tournoyer comme des toupies. Quel spectacle magnifique. A la fin, le village les applaudissait, c’était nos vedettes, et ma foi, elles cabotinaient avec un plaisir évident. Il y avait des rappels, et de nos jours, notre charivari s’appellerait une standing ovation.

Puis, petit à petit, tout redevenait calme, les musiciens rangeaient les instruments de musique, et l’équipe d’animation du village, se transformait en nettoyeur de la place. Le lendemain, tous seraient aux champs.

C’est très curieux la mémoire, un peu comme si le cerveau était une pelote de laine. On tire le fil et l’on peut tricoter l’histoire. Quelquefois, pas de fil, pas d’histoire. Il arrive aussi, que j’ai l’impression qu’on me dicte les mots et alors, impossible de s’arrêter avant que l’histoire ne soit finie. C’est très curieux, la mémoire, très curieux.

Le changement est inéluctable, et sans être vouée à la nostalgie, ce mal sans retour, j’ai en moi le privilège de l’origine. L’origine d’un coin de terre.

Longtemps chez nous, nous nous sommes déplacés à pieds, au pas très lent des bœufs, à l’allure capricieuse des chevaux. Puis, du jour au lendemain, la vitesse a bouleversé l’histoire. En l’espace d’une génération, la tyrannie de la distance a été vaincue.

La contrepartie, c’est qu’à l’instant ou il y avait enfin le moyen d’affronter à armes égales les travaux pénibles et difficiles de la terre pesante, les campagnes ont été frappées de déshérence. Puis des terres qu’il avait fallu maintenir en culture pendant des millénaires pour subvenir aux besoins de la population ont perdu d’un coup leur utilité économique.

Tout va extrêmement vite.

J’ai vu travailler les bœufs sous le joug, employer des outils qui dataient de l’âge du fer : la houe, la cognée, la grande scie, le pique-pré cette espèce de grande hache mérovingienne qui sert à saigner les pâtures pour éviter qu’elles ne s’engorgent, et les tombereaux et les guimbardes gaulois. Les gens de ma sorte ont parcouru en l’espace d’une vie l’équivalent de quinze siècles. On est parti, à peu près, du « manse » féodal, pour passer à l’ancien régime, et voir le triomphe du capitalisme en découvrant effarés que les biens de l’esprit sont aussi mal répartis que la richesse matérielle.

Le tour de force qu’exécutent jour après jour les enseignants consiste à tenir ensemble ce qui, hors les murs de l’école, s’exclut et se combat.

Razz et le 21ème siècle fut lol! j'adore, figurez-vous sunny
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MessageSujet: Re: Mes écrits   Mes écrits - Page 7 Icon_minitimeDim 9 Nov 2008 - 9:58

(j'ai plein d'autres poèmes .... mais je pense que je vas faire un suivi ^^ . En effet, je ne sais plus quels poèmes j'ai mis sur les forums ... hmm un tableau à double entrée : titres des poèmes en haut et nom des forums à gauche .... je parcours presque tous les jours les quelques 30 forums sur lesquels e suis inscrite ....)
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MessageSujet: Re: Mes écrits   Mes écrits - Page 7 Icon_minitimeDim 9 Nov 2008 - 10:16



Dernière édition par Mee yung le Mar 1 Sep 2009 - 8:40, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Mes écrits   Mes écrits - Page 7 Icon_minitimeDim 9 Nov 2008 - 10:22

Fée Clochette j'adore littéralement ton récit, clair, simple, sans effet qui m'a fait rêver, car moi, à peu près au même moment de l'histoire, j'étais très loin, dans un autre univers, déjà très modifié par rapport au tien par l'émigration, qui tranche les racines tout net. Il aurait fallu que je vive parmi ceux qui comme toi étaient là depuis toujours, or je vivais "à côté" et si les racines avaient repoussé(5 générations quand même !) elles n'avaient pas la profondeur des tiennes !
Cependant mes livres de lectures suivies en classe évoquaient ce que tu racontes et qui me paraissait totalement irréel tant c'était loin de nous. Quand je suis arrivée en France, que j'ai découvert les vieilles fermes du Perche, les maisons séculaires, les villages millénaires, les feuilles mortes de l'automne, la neige de l'hiver, j'ai cru que j'étais entrée toute vivante dans un livre ! Impression bouleversante, qui, 44 ans plus tard, reste encore vivante au fond de mon esprit.
J'espère que tu fais profiter tes petits-enfants de tout ce passé, eux qui ne connaissent que le 21ème siècle !
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MessageSujet: Re: Mes écrits   Mes écrits - Page 7 Icon_minitimeDim 9 Nov 2008 - 10:35



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MessageSujet: Re: Mes écrits   Mes écrits - Page 7 Icon_minitimeDim 9 Nov 2008 - 11:33

lol! Clinchamps, quand je t'ai lue, je me suis dit, je suis tout à l'opposé de ton expérience. Toi urbaine dans un pays qui a fait rêver des générations avant moi, et moi en train de ramasser les patates lol! à la gauloise lol!
Ce qui tu as lu c'est une partie de mes souvenirs, J'en ai d'autres très dirons-nous "caustiques" parce que je n'ai pas omis non plus de décrire le milieu qui parfois, se montrait très français du clocher. Les gens étaient ainsi, la guerre des boutons parfois. J'ai assisté à des scènes "Pagnolesque" sunny


Dernière édition par Fée clochette le Dim 9 Nov 2008 - 13:05, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Mes écrits   Mes écrits - Page 7 Icon_minitimeDim 9 Nov 2008 - 12:13

J'aime beaucoup tes petits poèmes Mee Yung drunken
Merci beaucoup pour tous vos encouragements, vous êtes adorables I love you
Je ne connaissais pas ce poème de Prevert! Franchement, je suis trés flattée qu'il vous ai fait penser à lui... Embarassed
Voila un autre petit texte, qui, vous l'aurez compris, est inspiré par mes propres émotions..

Citation :
Elle savait que ses parents allaient s’inquiéter. Elle avait conscience comme dans un demi-rêve que le temps s’écoulait. Cependant elle savait aussi que rien ne la ferait partir, que ces instants étaient uniques et qu’elle souhaitait les étendre à l’infini… Blottie sur ses genoux, elle écoutait le murmure de sa voix, sentait ses baisers humides dans son coup.. Les feuilles couraient sur le pavé, poussées par le désir de voler; les lampadaires projetaient une lumière âcre à travers les troncs d’arbres. Le banc était froid. Son cœur brûlait pourtant. Absorbée par l’instant présent, par la Beauté du geste, par cette émotion éphémère indéfinissable qu’on appelle vulgairement le Bonheur, elle vivait. Ce moment, elle le sentait, elle le dansait, elle le rêvait: c’était parfait. C’était une vie, sa vie.

Dans le salon, sa mère guettait, des reproches dans les yeux… Elle partie se coucher, indifférente, sourde à tous propos : comment auraient-ils pu l’attraper dans le bleu Klein où son esprit nageait ?

Eteindre la lumière d’une vie trop remplie, sombrer dans l’imaginaire de l’obscur infini…
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clinchamps
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MessageSujet: Re: Mes écrits   Mes écrits - Page 7 Icon_minitimeDim 9 Nov 2008 - 12:27

Souvenir en forme d'historiette( sinon H S !)
Citation :

Nous habitions en ce temps-là un appartement qui tenait plus du taudis que du logement normal, mais ce devait être en 49 ou 50, et il était très difficile de trouver quelque chose où gîter dans ce petit port de la Méditerranée, quelque chose qui soit dans les moyens de mes parents, moyens très très minces (mon père était enseignant, ma mère à cette époque "travaillait pour le monde", c'est à dire qu'elle était couturière). Vous pouvez imaginer que les clientes ne se bousculaient pas, et pourtant elle avait des doigts de fée ! Il n'y avait pas encore eu la péréquation des salaires après la guerre, et sans la bonne volonté des commerçants du village, nous n'aurions pas eu grand chose dans nos assiettes ! Maman nous habillait avec les pantalons que papa avait ramenés d'Angleterre où il avait passé plusieurs mois pendant la guerre, grand-mère nous tricotait nos chaussettes en coton blanc, faisait au crochet les petits corsets auxquels on les boutonnait (très pratique quand on a une envie pressante !!). Les deux femmes passaient leur temps à détricoter des pulls usés au coude pour réutiliser la laine(pleine de nœuds) pour en faire d'autre. Attention ! Rien de misérabiliste là-dedans ! Tout le monde pratiquement autour de nous était logé à la même enseigne. La population du village, c'était de petits commerçants, des fonctionnaires, des pêcheurs, rien de bien glorieux ! Et quand je repense à ce temps-là, c'est toujours dans le soleil, et pourtant il a bien dû pleuvoir de temps en temps !
mais je digresse, je digresse, mauvaise habitude !
Notre logement se trouvait au premier étage d'un petit immeuble qui en avait deux, si on compte le grenier, où pourtant une famille habitait, c'est vous dire !! Nous avions une sorte de petit balcon qui donnait sur la rue, et en face de chez nous se trouvait la petite synagogue du bourg. Le samedi, nous regardions entrer les messieurs, un feutre sur la tête pour certains, mais le plus souvent un mouchoir noué aux quatre coins, (pas de kippa en ce temps-là), ce qui nous étonnait beaucoup.
Un matin, nous voilà réveillés par des sons bizarres, moitié gémissements inhumains, moitié braiments d'un âne qu'on aurait torturé. Mon père regarde dans la rue : rien de visible, et pourtant les gémissements continuaient, rauques, par moment comme expirants. Ma grand-mère, toujours sûre d'elle, décréta que ce devait être un âne qui agonisait, et qu' "on ne pouvait pas laisser faire ça" surtout que, d'une façon sporadique, cela dura toute la journée. Mon père alla faire un tour dans la rue, mais les maisons en face des nôtres étaient adossées directement à la colline, on ne pouvait grimper dans les broussailles pour chercher la cause de ce bruit. Au soir, cela cessa et ne se reproduisit plus.
Le lendemain, mon père, revenant de l'école à midi pour le repas nous révéla le secret de ces étranges mugissements : la veille avait eu lieu une fête juive commémorant la chute de Jéricho, et ce que nous avions entendu, c'était ce qui devait figurer les trompettes, seulement l'instrument était vieux et assez abîmé, d'où le résultat inquiétant ! Les collègues de papa, morts de rire, ne manquèrent pas de le plaisanter plus d'une fois au sujet de son amour des animaux, plaisanteries qu'il répercuta régulièrement vers ma grand-mère : quand elle affirmait quelque chose (c'était souvent !) il lui rétorquait, mi-figue mi-raisin :"oui, c'est comme l'âne de Jéricho !" et cela suffisait le plus souvent à l'arrêter.

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MessageSujet: Re: Mes écrits   Mes écrits - Page 7 Icon_minitimeDim 9 Nov 2008 - 13:09

Wink l'âne de Jericho lol! chère grand-mère ! je n'ai jamais eu de grand-mère, elles sont mortes jeunes. Ce devait être chouette ! merci. sunny
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MessageSujet: Re: Mes écrits   Mes écrits - Page 7 Icon_minitimeDim 9 Nov 2008 - 15:22

Citation :
Elle a entendu bien sur l’admiration autour d’elle: quelque chose d’électrique dans l’air du temps. Comme un sifflement joyeux. Mais elle n’a pas saisit tout ce que cela impliquait : elle a dû croire que personne n’arriverai à la prendre dans ses bras, que personne ne pourrai lui dire « je t’aime » mieux que ça. Elle avait de l’espoir au début, elle croyait en l’avenir, au bonbon sucré des contes pour enfants… Mais un jour, la page s’est tournée et c’était à elle d’écrire le « happy end ». Seulement voilà, « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants » ça n’existe pas, elle ne le croit pas. Alors elle restée devant la page blanche de sa vie et elle a tracé un gros point noir. C’est tout. Va-t-elle attendre que le point grandisse ? A quoi bon, un point est un point, un point c’est tout.

« Ecrire, c’est aussi ne pas parler. C’est se taire. C’est hurler sans bruit. » M.Duras
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MessageSujet: Re: Mes écrits   Mes écrits - Page 7 Icon_minitimeLun 10 Nov 2008 - 9:05

J'ai connu la liberté !

Citation :
En face de notre ferme , vivait une famille dont le chef était surnommé "le Raclé" c’est-à- dire en patois « le merle ». Sa réputation dépassait les frontières du hameau du Pont de Crest, il sifflait comme un merle et animait les veillées comme personne.

Le problème, c’est lorsqu’il avait bu un petit coup de trop, petit étant un euphémisme, la soirée commencée avec le sourire, terminait au café du Pagano, ou chez Rossian dans un charivari que je ne peux pas décrire.

Sobre, il était charmant. Il avait trois enfants Pierre dit "le Pierro", Michelle dit "la Michou", le dernier André dit "le Dédé" entraînait tous les enfants du Pont dans des activités ludiques pour le moins surprenantes parfois.

Son père, était toujours sollicité par les chasseurs. A l’affût, ses trilles attiraient les oiseaux de façon surprenante, et qui avait Raclé avec lui, était sur de ne pas rentrer bredouille. Nous étions fier de Raclé lorsqu’il revenait la gibecière débordante de cailles, et de perdrix. Il imitait pour nous la chasse. Dédé se redressait, fier comme Artaban. Il nous donnait généreusement les cartouches vides pour jouer avec, et faisait le tour des cafés pour raconter SA chasse.

Dédé, c’était le champion du lance-pierre. Il savait choisir la fourche de noisetier, les élastiques, et le petit morceau de cuir qui devait contenir la pierre, comme personne. Sous sa houlette, nous passions des heures, à choisir, tailler, écorcer, polir, sculpter la fourche de noisetier, avecnotre Opinel. Puis, il fallait les élastiques, que nous découpions dans une vieille chambre à air, ce n’était pas simple car le caoutchouc était souvent vieux et cassant, mais, le Dédé avait ses entrées chez le cycliste Mosidri qui lui cédait les chambres à air qui avaient trop de rustines moyennant un petit coup de main . Il trouvait toujours un petit coin à découper.

Pour, le carré de cuir, le coupeur de gants, qui habitait la maison jointe à la nôtre avec sa femme, nous donnaient gentiment de petits morceaux mis au rebut .

L’objet réalisé, la recherche des pierres se faisait dans le lit même du ruisseau. Les pierres devaient être presque rondes, lisses, lourdes et de la grosseur d’un bille. Cela prenait tout nos loisirs. Nous pataugions dans l’eau, remuions les grosses pierres sans relâche. En fait, à la fin de la journée, nous avions peu de petites pierres dans notre réserve, mais nous avions construit de magnifiques barrages, des vasques d’eau en demi-lune. A la fin des vacances, le ruisseau n’était que vasques successives dans lesquelles nous passions la majorité de l’après-midi lorsque nous n’aidions pas aux travaux des champs. C’était passionnant……………………...

……………………………………..Donc la petite armée du Dédé, les lances-pierres terminés, s’entraînait opiniâtrement. Le chef était sévère, les maladresses rectifiées, la cible, était invariablement le lampadaire du bord de la route qui longeait le ruisseau, tout à côté du vieux peuplier qui donnait des champignons de souches succulents.

Seul, Dédé, général en chef arrivait à atteindre la lampe du réverbère. C’était vraiment la preuve que lui seul pouvait commander et nous entraîner. Tous les fermiers alentours le connaissait bien. Il était très turbulent et toujours à l’affût pour faire des niches. Ils l’appelaient l’arsouille ! terme que je n’ai plus entendu depuis mon enfance.

Il savait tout faire. Tirer des oiseaux en plein vol, faire un petit feu, plumer et mettre l’oiseau sur une broche enfin, le faire cuire. Je peux ainsi vous dire, que le moineau c’est amère, coriace, même cuit entre deux champignons pour aromatiser. Quelquefois, nous faisions des escargots braisés ! et nous allions pour accompagner le tout, dérober dans le chaudron de la cousine : des pommes de terres cuites pour les poules, les cochons et la gamelle du chien !

Les pieds dans l’eau, boueux, assis sur les bord de nos barrages, nous dégustions notre chasse avec notre larcin. Le roi n’était pas notre cousin ! vous êtes dégoûtés ! petites natures va. C’était des vacances divines.

C’est ça la liberté !

Nous avions aussi tendu un fil de fer entre les deux rives du ruisseau. Suspendus à une poulie, nous traversions le ruisseau à toute allure. De temps en temps, l’un d’entre nous tombait à l’eau. C’était le signal « poule mouillée, poule picotée » et tous de caqueter.

Il y eut un revers à la médaille. Monsieur le maire de Crolles, voyait bien nos occupations, il habitait un peu plus haut sur la route. Au Coco, précisément. Et ne pouvait pas supporter les jeux organisés par l’arsouille, à savoir tuer les ampoules électriques du lampadaire, c’est que ça coûtait cher à la Mairie !

Grâce à Dédé, j’ai eu la plus belle colère de mon père, avec interdiction de finir les vacances en compagnie de ce vandale ! j’ai passé le reste des vacances à faire des dictées, des problèmes d’arithmétique et des rédactions avec Marie et Alain. Si bien, que je me suis mise à adorer les travaux des champs, et à la fin des vacances j’étais hâlée comme une vraie pain d'épice. Je n’ignore rien sur les travaux des champs, une vraie professionnelle, enfin, j’ai toujours la théorie, et perdue la pratique.

De nos jour, le ruisseau est si étroit, que je ne le reconnais pas. La route le coince contre la rive droite. Il n’est plus que l’ombre de lui même. Mais lorsque je passe le pont, je vois toujours une bande de galopins qui jouent dans le ruisseau, et découvrent ô merveille, des fossiles.
Après une grosse pluie, les fossiles jonchaient les plages. Nous devions reconstruire nos vasques, mais nous trouvions de précieuses ammonites. Je les mettais tout autour du pressoir et de l’alambic, c’était du plus joli effet. Elles ont toutes disparues dans le grand chambardement des appentis et de la « petite cabane du fond du jardin » chantée par Cabrel. Et oui, juste devant le fumier. Tout s’écroula un jour dans la fosse, pour un nouvel aménagement. On ne peut rien contre le progrès !

C'était le temps, ou dans la campagne les champs étaient toujours occupés. Les enfants pouvaient divaguer sans crainte, il y avait toujours quelqu'un qui les avaient vus passer et qui pouvait les secourir. De nos jours, la campagne, est si vide, qu'elle en est impressionnante et inquiétante. D'ailleurs, plus un seul enfant n'est autorisé à divaguer... On ne sait jamais...

souvenirs en liberté lol!
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MessageSujet: Re: Mes écrits   Mes écrits - Page 7 Icon_minitimeLun 10 Nov 2008 - 12:28

J'adore !! cheers cheers cheers Tu me fais penser à Louis Pergaud ! Chez moi, le lance-pierre se nommait "l'estac" (sûrement un condensé d'élastique ! )et les lampadaires étaient aussi les victimes désignées, ainsi que les isolateurs des lignes électriques en porcelaine blanche !! lol! lol!
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MessageSujet: Re: Mes écrits   Mes écrits - Page 7 Icon_minitimeLun 10 Nov 2008 - 17:04

J'aime bien vos souvenirs, même si je ne les partage pas... j'ai l'impression que vous êtes si heureuses de dévoiler ce passé! I love you
Moi je n'ai pas encore de "passé" trés lointoin, alors je me "débrouille avec les noyaux"...


Citation :
Elle était assise sur le bord du chemin de terre, ses petits souliers serrés.
« -Qu’est ce que tu fais là toute seule ?
-J’attend. » Elle fixait le champs de fleurs de ses yeux nouveaux nés, prête à voir et à croire.
« -On m’a dit que les fleurs ne s’arrêtaient jamais de pousser, alors j’aimerais les voir grimper jusqu’au ciel. » Ses lèvres s’éclosent en une douce demi-lune.
Que pouvais-je lui dire? Les enfants doivent apprendre et comprendre:
« -Tu sais, petite fille, les fleurs ne vivent pas assez longtemps pour chatouiller les nuages : elles meurent trop vite pour ça. C’est la nature. »
Elle me regarda quelques minutes, incrédule et avec le teint confus d’une demoiselle surprise dans sa nudité ; le coin de sa bouche se crispa imperceptiblement.
Je l’ai laissé sur le sentier boueux, sans savoir que je trainais son âme d’enfant sous mes gros sabots, et l’abonnait, nue et découverte.

Si les fleurs meurent avant de monter au ciel, si cela est la nature, moi aussi je ne pourrais jamais de mon vivant caresser le soleil… La petite fille s’est noyée ce matin dans la rivière, les yeux tournée vers les cieux. Elle avait compris que c’était la seule route menant au chemin de ses rêves.

Ne troublez point les croyances des enfants, le temps assez vite achèvera leurs contes, vous les tuez tout bêtement en leur expliquant votre monde.

"Les enfants seuls savent ce qu'ils cherchent" Le Petit Prince


Dernière édition par missSue le Lun 10 Nov 2008 - 18:34, édité 1 fois
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