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 Semaine 1 : Le cahier à six pence, sous-titré "mars"

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serendipity
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MessageSujet: Re: Semaine 1 : Le cahier à six pence, sous-titré "mars"   Semaine 1 : Le cahier à six pence, sous-titré "mars" - Page 2 Icon_minitimeDim 12 Juil 2009 - 21:38

Ah au temps pour moi ... intéressant, je n'y vais pas pensé Wink
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Miriel
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MessageSujet: Re: Semaine 1 : Le cahier à six pence, sous-titré "mars"   Semaine 1 : Le cahier à six pence, sous-titré "mars" - Page 2 Icon_minitimeDim 12 Juil 2009 - 22:17

Je viens de terminer cette première partie : c’est donc ma première découverte et en anglais.... je m'excuse à l'avance pour les citations!!!!

J'ai tellement de choses à dire que je vais me calmer, ne pas redire ce qui a déjà été dit (en tous cas j'essaie) et faire court .... ça c'est déjà moins sûr!!!!!

Contrairement à ce que j’appréhendais, je n’ai pas l’impression de lire un roman spécialement écrit pour la jeunesse et j’ai beaucoup beaucoup aimé…

- le déroulement narratif adopté : Cassandra écrit un journal, les évènements relatés sont donc décalés par rapport au temps où ils se sont déroulés, de même les interruptions et les reprises ne sont pas toujours signifiées, et c’est au lecteur de situer la ligne du temps.
Le style est léger mais précis, très imagé : Cassandra , et Dodie Smith à travers elle, sait faire vivre, en quelques traits, son univers.

- Le personnage de Cassandra : étonnante , non pas de naïveté comme disent les Cottons, mais de fraîcheur : c’est une fille intelligente, pleine de bon sens, futée même, qui trouve du bonheur dans les petites choses de l’existence, qui a une aptitude à les voir sous leur meilleur jour.
Ainsi
Citation :
« I shouldn’t think even millionaires could eat anything nicer than new bread and real butter and honey for tea. »

J’aime sa philosophie et son humour:

Citation :
« I shall go down and be kind to everyone. Noble deeds and hot baths are the best cures for depression.”

On pourrait presque penser que c’est ironique, une façon de se moquer d’elle-même.
Ou des autres : ainsi sa remarque très à propos au sujet du tableau représentant un nu de Topaz exposé à la Tate Gallery.

Citation :
« This is called “Composition”; but as Allardy has painted her even paler than she is, “Decomposition” would suit it better.”

Mais lucide également, sur la situation de la famille et sur elle-même :

Citation :
“I am seventeen, look younger, feel older. I am no beauty but have a neatish face

Personnellement j’adore toutes ces petites phrases.... et il y en a tellement…..


- Le point de vue unique : Cassandra est la seule narratrice. Tout passe par elle : l’historique de la famille, les propos des autres personnages, les hypothèses, …c’est par elle seule que le lecteur découvre son univers, son quotidien, les autres personnages …
C’est un parti-pris particulier que de voir le monde à travers les yeux d’une jeune fille de 17 ans, plus une enfant, mais dont elle garde la fraîcheur, pas encore une adulte malgré une clairvoyance parfois plus grande que celle manifestée par les adultes qui l’entourent.

Elle décrit elle-même la position dans laquelle elle est :

Citation :
« But there is something I want to capture. It has to do with the feeling I had when I watched the Cottons coming down the lane, the queer separate feeling. I like seeing people when they can’t see me....”

C’est cette phrase que je rattache au titre du livre “I capture the Castle” (“le château” étant par extension non seulement un lieu mais la famille, l’entourage...) et qui situe d’emblée la position de Cassandra dans la famille (elle est très observatrice, comme en témoigne les impressions qu’elle voit ou croit voir sur le visage de son père en particulier) et le point de vue du récit qui donne une finalité à ce journal.

Je ne me suis pas ennuyée une seconde (même la description du château proprement dit, dont la compréhension des termes anglais a été parfois assez ardue !)

Les évènements sont menus, mais la trame familiale est sous-jacente : la personnalité du père semble tenir une grande place …. A voir par la suite…

Juste un dernier mot sur le personnage de Rose : je ne la trouve ni égoïste, ni insupportable. Elle a 21 ans, elle est préoccupée par l’avenir

Citation :
« It’s the long, cold winter of my life. »


Elle ne voit pas les choses comme sa sœur , elle a moins de recul, peu d’humour. Elle ne supporte plus cette vie, que nous devinons, nous lecteurs, malgré tout le talent de Cassandra, difficile et sans perspective.

Qu’elle ait envie d’une autre vie est somme toute naturel, que les romans qu’elle ait pu lire lui fasse concevoir le mariage comme seule issue de secours l’est moins.
Mais dans ces années-là, être mariée à 21 ans est plus que courant, Topaz l’encourage dans cette idée (mais par un romantisme "aveugle") ainsi que les lectures classiques de toute jeune fille anglaise (nos chères Jane Austen et Charlotte Brontë !)
Mais tandis que Cassandra compare avec pertinence les situations romanesques et leur propre situation, Rose les prend au premier degré, si j’ose m’exprimer ainsi. Car elle est ignorante par manque de finesse, d’analyse, voire d’intelligence (du moins elle est soumise à la superstition, ce qui peut gâter n’importe quel esprit ) ce qui explique son attitude « déplacée » face à Simon .

Contrairement à ce que je lis dans vos sujets, je ne peux comparer les deux sœurs à aucun autre « couple » : la personnalité de Rose ne se rapproche d'aucun personnage de Jane Austen dans mon esprit.

La seule référence qui m’est venue à l’esprit, au moment où Topaz donne l’explication du comportement de Rose à Cassandra, c’est « Le treizième conte » de Diane Setterfield : deux sœurs, un lieu unique qui détermine leur façon d’être, un monde livresque pour seule référence, un père « absent »… Mais cela reste ténu : je n’ai pas « creusé » plus avant….

En tous cas, comme la plupart d'entre vous, j'ai hâte de lire la suite.... d'ailleurs j'y vais tout de suite....
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MessageSujet: Re: Semaine 1 : Le cahier à six pence, sous-titré "mars"   Semaine 1 : Le cahier à six pence, sous-titré "mars" - Page 2 Icon_minitimeDim 12 Juil 2009 - 22:31

malethane a écrit:
J'ai tellement de choses à dire que je vais me calmer, ne pas redire ce qui a déjà été dit (en tous cas j'essaie) et faire court .... ça c'est déjà moins sûr!!!!!

Surtout ne pas se brider en lecture de groupe, ce serait dommage !!
Wouah quelle analyse et quel enthousiasme, merci malethane Razz

S'agissant du personnage de Rose, j'ai trouvé ton analyse très intéressante. Pourtant, je persiste à voir en elle une sorte de subversion (je ne sais pas si c'est le bon terme, mais dans l'instant c'est le seul qui me vienne à l'esprit) de divers personnages austeniens Wink

Et merci d'avoir rappelé cette autodescription
Citation :

“I am seventeen, look younger, feel older. I am no beauty but have a neatish face "
qui correspond certainement à ce que beaucoup d'entre nous ressentaient à 17 ans (c'est peut-être la raison pour laquelle on s'attache autant à Cassandra : elle est une jeune fille qui nous ressemble ou que nous aurions aimé être à son âge).
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MessageSujet: Re: Semaine 1 : Le cahier à six pence, sous-titré "mars"   Semaine 1 : Le cahier à six pence, sous-titré "mars" - Page 2 Icon_minitimeDim 12 Juil 2009 - 22:32

serendipity a écrit:
La scène du bain est très certainement ma scène préférée Very Happy
Semaine 1 : Le cahier à six pence, sous-titré "mars" - Page 2 999779 Moi aussi !

@ Maléthane : merci pour ton post !
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MessageSujet: Re: Semaine 1 : Le cahier à six pence, sous-titré "mars"   Semaine 1 : Le cahier à six pence, sous-titré "mars" - Page 2 Icon_minitimeLun 13 Juil 2009 - 0:55

@Malethane: je ressens la même chose que toi concernant les deux soeurs. Rose est trop différente pour un quelconque rapprochement avec Jane Austen ou Louisa May Alcott.
J'ai vaguement une autre référence en tête mais je n'arrive toujours pas à mettre le doigt dessus.

Je trouve le personnage de Rose très difficile à cerner, elle semble être une suite de contradictions (égoïste-généreuse, intrépide-supersititieuse, franche-hypocrite, active-inutile). Elle ne m'est pas sympathique pour le moment.

En relisant certains passages, je me dis que les deux soeurs ne font pas grand-chose pour remédier à leur situation, ne serait-ce qu'en économie domestique. Toute la charge repose sur la fantasque Topaz et sur le dévoué Stephen. Cassandra le reconnaît mais elle n'a pas l'air de s'en préoccuper au delà du constat. Bizarrement les épreuves n'ont pas l'air de les faire murir sur ce point crucial de la survie (ce qui est une grosse différence avec les soeurs March). Elles restent deux jeunes filles habituées à se faire servir (surtout Rose) et finalement dans un certain décalage avec leur époque (objectif : mari, alors que les années 30 offraient tout de même d'autres perspectives), ce qui est un peu étonnant car elles ont autour d'elles des femmes actives: leur mère gagnait sa vie (on ne sait pas comment), Topaz a bien roulé sa bosse et était indépendante, Miss Marcy enseigne. Elles ont l'air de se laisser mourir de faim en attendant un miracle et en se lamentant (Cassandra moins que Rose mais quand même aussi un peu).
Je n'arrive pas à saisir comment Cassandra, élève brillante comme elle le reconnaît elle-même, et boursière de surcroît, interrompt ses études et reste plusieurs mois inactive. Il aurait sans doute été logique qu'elle enchaîne sur une formation qualifiante (institutrice par exemple) avec une autre bourse. Elle est bizarrement silencieuse sur ce point.
Sûr, il n'y aurait pas de livre si elle avait fait autrement, n'empêche que ce point me chiffonne un peu. Cette attente passive et cette foi en le réveil du père m'auraient semblé très normales au XIXème mais elles le sont beaucoup moins en 1930.

Sinon, je vous livre une petite citation en VF, parmi celles qui n'ont pas encore été écrites:

Citation :
-Oh ! Mon Dieu ! Mais c'est un enfant vert ! s'est écrié l'Américain. Où sommes-nous tombés ? C'est la maison Usher, ou quoi ?"

Parlant de vert, j'aime la scène du bain mais j'ai aussi souri en imaginant les résultats de la frénésie de teinture verte de Topaz et Rose (les draps verts, les torchons verts, les mouchoirs verts, les chemises de nuit vertes, les robes d'intérieur, d'extérieur vertes, le gilet de papa vert aussi, terrible...!). Le chat a dû s'échapper sinon il y passait aussi...

Concernant la forte évocation visuelle de certaines scènes, j'ai lu dans la brève biographie de Dodie Smith de mon édition Folio-jeunesse, qu'elle avait démarré sa carrière comme scénariste pour le cinéma... dans les années 30 (tiens donc Razz ). Ceci explique peut-être cela.
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MessageSujet: Re: Semaine 1 : Le cahier à six pence, sous-titré "mars"   Semaine 1 : Le cahier à six pence, sous-titré "mars" - Page 2 Icon_minitimeLun 13 Juil 2009 - 9:18

MissAcacia a écrit:


Cette attente passive et cette foi en le réveil du père m'auraient semblé très normales au XIXème mais elles le sont beaucoup moins en 1930.

Parlant de vert, j'aime la scène du bain mais j'ai aussi souri en imaginant les résultats de la frénésie de teinture verte de Topaz et Rose (les draps verts, les torchons verts, les mouchoirs verts, les chemises de nuit vertes, les robes d'intérieur, d'extérieur vertes, le gilet de papa vert aussi, terrible...!). Le chat a dû s'échapper sinon il y passait aussi...

Je suis bien ta réflexion, MissAcacia!
Et il me semble que les 2 points que tu soulèves ci-dessus sont liés: il y a dans cette famille une absence de discernement, qui se révèle notamment chez Topaz et Rose dans la scène de la teinture! Mais aussi dans leur façon de voir les hommes: de la rencontre avec les Cottons doit découler de façon automatique un mariage pour Rose, si celle-ci fait les choses comme les hommes attendent qu'elles doivent être faites! (suis-je claire là?!!!)

Absence de discernement qui se révèle également chez les membres de la famille lorque Miss Marcy fait le point sur ce que chacun pourrait gagner. Malgré sa bonne volonté, elle se heurte aux désirs de chacun:
-Topaz est lasse d'être modèle et elle ne peut s'éloigner de son mari
-Rose n'est bonne à rien (je résume!)
-Mr Mortmain (absent de la scène) gagne le peu que la vente de son livre aux Etats-Unis peut encore rapporter
Quant à Cassandra, pas encore assez rapide en "speed-writing" , et sans machine à écrire, n'a pas encore la capacité à être secrétaire!
Chacun a des raisons de ne pas pouvoir travailler selon son idée, ce qui est différent de vouloir travailler à tout prix en acceptant un travail quel qu'il soit!
Thomas, trop jeune n'est pas encore concerné .
Seul Stephen, qui n'est pas de la famille, fait une proposition réaliste et concrète!
Miss Marcy n'est pas en position d'exhorter cette famille à "se bouger"! Elle a dû, suite à cette scène, être assez affolée par la situation.

Je dirais, pour conclure, que cette absence de discernement est la façon de fonctionner de cette famille et qu'elle est l'empreinte, à mon avis, de Mr Mortmain et des choix qu'il a fait dans sa vie: sa "retraite" dans ce château, son remariage avec Topaz, sa façon de ne pas voir la réalité de la situation, son refus de faire autre chose que d'écrire et son refus ou son incapacité à écrire...
La suite nous en dira peut-être plus à se sujet....
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MessageSujet: Re: Semaine 1 : Le cahier à six pence, sous-titré "mars"   Semaine 1 : Le cahier à six pence, sous-titré "mars" - Page 2 Icon_minitimeLun 13 Juil 2009 - 9:38

Tu es très claire et je partage ton ressenti.

La scène du "Conseil d'administration" est vraiment illustratrice (pour ne pas faire de parallèle avec JA, on dirait les Elliot en train d'imaginer faire des économies).

Pour la rencontre avec les Cotton, à la lecture j'ai été surprise de voir les plans que Cassandra pouvait tirer sur la comète pour sa soeur, et refuser de tirer pour elle-même (mais elle y a immédiatement pensé), dès le lendemain de leur atterrissage involontaire dans le chemin boueux, sans même les avoir vus à la lumière du jour...Razz. C'est une pensée assez obsessionnelle et récurrente: déjà dans l'évocation de la dispute avec la tante Millicent, elle regrettait ses invitations dont le retrait les privaient de rencontrer des hommes.

Mais sans mère et avec un tel père comme tu le dis... Rolling Eyes
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serendipity
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MessageSujet: Re: Semaine 1 : Le cahier à six pence, sous-titré "mars"   Semaine 1 : Le cahier à six pence, sous-titré "mars" - Page 2 Icon_minitimeLun 13 Juil 2009 - 11:58

S'agissant de la mère (qui reste sans nom, telle la seconde Mme de Winter dans "Rebecca" de Du Maurier), j'ai eu le sentiment que l'argent qu'elle a laissé n'est pas de l'argent gagné mais plutôt un héritage...

(quoi que scratch je relis la page 33
Citation :
"Mother had an income of her own"
et je suis prise de doute)

S'agissant de la figure paternelle :

Citation :
Je dirais, pour conclure, que cette absence de discernement est la façon de fonctionner de cette famille et qu'elle est l'empreinte, à mon avis, de Mr Mortmain et des choix qu'il a fait dans sa vie: sa "retraite" dans ce château, son remariage avec Topaz, sa façon de ne pas voir la réalité de la situation, son refus de faire autre chose que d'écrire et son refus ou son incapacité à écrire...

je trouve que cette impression est très bien restitueé dans le film (mais nous en reparlerons à la fin du mois).

Pour en revenir aux allusions littéraires directes qui figurent dans le roman, voici le poème de Keats, La Belle Dame sans Merci (1819) auquel Stephen fait référence en page 28 de mon édition :

(mais peut-être que les lectrices de la VF l'ont dans leur édition si celle-ci est annotée ?)

Citation :
I
Ah, what can ail thee, wretched wight,
Alone and palely loitering?
The sedge is wither'd from the lake,
And no birds sing.

II

Ah, what can ail thee, wretched wight,
So haggard and so woe-begone?
The squirrel's granary is full,
And the harvest's done.

III

I see a lily on thy brow,
With anguish moist and fever dew;
And on thy cheek a fading rose
Fast withereth too.

IV

I met a lady in the meads,
Full beautiful - a faery's child;
Her hair was long, her foot was light,
And her eyes were wild.

V

I set her on my pacing steed,
And nothing else saw all day long,
For sideways would she lean, and sing
A faery's song.

VI

I made a garland for her head,
And bracelets too, and fragrant zone;
She look'd at me as she did love,
And made sweet moan.

VII

She found me roots of relish sweet,
And honey wild, and manna dew;
And sure in language strange she said -
'I love thee true.'

VIII

She took me to her elfin grot,
And there she gazed, and sighed deep,
And there I shut her wild wild eyes
So kiss'd to sleep.

IX

And there we slumber'd on the moss,
And there I dream'd - Ah! woe betide!
The latest dream I ever dream'd
On the cold hill side.

X

I saw pale kings, and princes too,
Pale warriors, death-pale were they all;
They cried - 'La Belle Dame sans Merci
Hath thee in thrall!'

XI

I saw their starved lips in the gloam,
With horrid warning gaped wide,
And I awoke, and found me here
On the cold hill side.

XII

And this is why I sojourn here,
Alone and palely loitering,
Though the sedge is wither'd from the lake,
And no birds sing.
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MessageSujet: Re: Semaine 1 : Le cahier à six pence, sous-titré "mars"   Semaine 1 : Le cahier à six pence, sous-titré "mars" - Page 2 Icon_minitimeLun 13 Juil 2009 - 12:44

serendipity a écrit:
(quoi que scratch je relis la page 33
Citation :
"Mother had an income of her own"
et je suis prise de doute)

Je n'ai pas le livre sous les yeux et ne me souviens plus de la traduction exacte mais en français, cela laissait l'impression que la mère gagnait sa vie, ce qui rend le comportement des filles d'autant plus incompréhensible. Mais il est vrai que la formulation anglaise peut laisser penser à un héritage. On ne comprend toutefois pas comment l'héritage aurait fondu aussi rapidement si du vivant de la mère il apportait un revenu régulier.

J'avoue que ce que vous appelez "manque de discernement", je peux la pardonner au père (à cause de son côté mystérieux), un peu même à Rose (à cause de son côté écervelé) mais moins à Cassandra, qui est après tout censée être la tête pensante du lot. Je n'arrive pas à placer cela dans un contexte très précis, en fait. MissAcacia parle des années 30 mais je dois dire que je suis incapable de dater l'action. Y a-t-il quelque chose de précisé qui m'aurait échappé?

MissAcacia a écrit:
Je trouve le personnage de Rose très difficile à cerner, elle semble être une suite de contradictions (égoïste-généreuse, intrépide-supersititieuse, franche-hypocrite, active-inutile). Elle ne m'est pas sympathique pour le moment.

Totalement d'accord sur ce point, je crois d'ailleurs que c'est pour cette raison qu'il est difficile de trouver une héroïne de la littérature à laquelle Rose ressemblerait.

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MessageSujet: Re: Semaine 1 : Le cahier à six pence, sous-titré "mars"   Semaine 1 : Le cahier à six pence, sous-titré "mars" - Page 2 Icon_minitimeLun 13 Juil 2009 - 13:49

cat47 a écrit:
MissAcacia parle des années 30 mais je dois dire que je suis incapable de dater l'action. Y a-t-il quelque chose de précisé qui m'aurait échappé?

Voici quelques éléments de chronologie que j'ai pu lister lors de ma relecture :

Il est possible de déduire que l'action se déroule en mars 1934 ou 1935 (cf p.8 Ed. Vintage classics) :

Citation :
"three years ago (or is it four ? I know Father's one spasm of siciability was in 1931) a stepmother was presented to us"


Mortmain a donc présenté Topaz à ses enfants en 1931/1932.

A partir de cet indice, on peut en déduire les éléments suivants :

- La période financièrement difficile a commencé vers 1929/1930 (la crise de 1929 serait-elle passée par là ?) ;

- La mère est décédée en 1926/1927.

- Le père a été emprisonné 3 mois environ en 1922.

Topaz a 29 ans, Cassandra 17, Rose presque 21, Thomas 15 et Stephen 18.

Enfin, voici la définition que j'ai pu trouver pour le terme "income" :

Citation :
The amount of money or its equivalent received during a period of time in exchange for labor or services, from the sale of goods or property, or as profit from financial investments.

Cela ne nous éclaire pas plus sur la manière dont la mère tirait ses revenus No
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MessageSujet: Re: Semaine 1 : Le cahier à six pence, sous-titré "mars"   Semaine 1 : Le cahier à six pence, sous-titré "mars" - Page 2 Icon_minitimeLun 13 Juil 2009 - 14:16

cat47 a écrit:


J'avoue que ce que vous appelez "manque de discernement", je peux la pardonner au père (à cause de son côté mystérieux), un peu même à Rose (à cause de son côté écervelé) mais moins à Cassandra, qui est après tout censée être la tête pensante du lot.
Certes... mais elle n'a tout de même que 17 ans...

Pour répondre à vos interrogations, "income'" c'est un revenu. Le terme ne désigne pas une rente ou le fruit d'un héritage, mais bien un salaire. Je suppose donc que la mère de Cassandra travaillait bel et bien.
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MessageSujet: Re: Semaine 1 : Le cahier à six pence, sous-titré "mars"   Semaine 1 : Le cahier à six pence, sous-titré "mars" - Page 2 Icon_minitimeLun 13 Juil 2009 - 14:21

La VF dit explicitement que la mère gagnait sa vie, mais au vu de la VO, ils auraient peut-être dû se limiter à "avait un revenu en propre" sans préciser. Ceci aurait eu le mérite de ne pas orienter le récit.

@Cecilou, tu es sûre qu'il ne peut s'agir que d'un salaire ? il me semble l'avoir vu employé pour désigner une rente. Mais si tu as raison, comme je l'imagine bien, comment dirait-on "rente" alors ?

D'accord avec toi, Cat, comment ce capital aurait-il pu fondre aussi rapidement, s'il produisait auparavant un revenu régulier propre à assurer une bonne partie des ressources de la famille ? Il aurait fallu un évènement un peu exceptionnel or Cassandra se limite à dire qu'ils avaient vécu sur le capital laissé par sa mère sans rien préciser quant à une dépense extravagante... C'est peut-être couper les cheveux en quatre, mais personnellement ces questions ne me semblent pas inintéressantes pour essayer de cerner la personnalité des filles. Very Happy
Vivement la suite !

Merci pour le poème Serendipity, la VF se limite à relever l'allusion et à en mentionner l'auteur sans plus.
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MessageSujet: Re: Semaine 1 : Le cahier à six pence, sous-titré "mars"   Semaine 1 : Le cahier à six pence, sous-titré "mars" - Page 2 Icon_minitimeLun 13 Juil 2009 - 14:23

MissAcacia a écrit:

@Cecilou, tu es sûre qu'il ne peut s'agir que d'un salaire ? il me semble l'avoir vu employé pour désigner une rente. Mais si tu as raison, comme je l'imagine bien, comment dirait-on "rente" alors ?

"Rente" est normalement traduit par "annuity", mais après un peu plus de recherches, on peut éventuellement traduire par "private income" aussi.... donc le mystère reste entier !! C'est un choix de traduction après, en fait.
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MessageSujet: Re: Semaine 1 : Le cahier à six pence, sous-titré "mars"   Semaine 1 : Le cahier à six pence, sous-titré "mars" - Page 2 Icon_minitimeLun 13 Juil 2009 - 14:39

cecilou41 a écrit:
cat47 a écrit:
J'avoue que ce que vous appelez "manque de discernement", je peux la pardonner au père (à cause de son côté mystérieux), un peu même à Rose (à cause de son côté écervelé) mais moins à Cassandra, qui est après tout censée être la tête pensante du lot.
Certes... mais elle n'a tout de même que 17 ans...
Elle n'a que dix-sept ans, et continuer des études suppose de l'argent. Certes, elle peut peut-être bénéficier d'une bourse, mais dans mon souvenir, celle qui lui a déjà été versée auparavant n'était pas bien conséquente... elle pourrait travailler à côté en plus, me direz-vous, mais je ne suis pas sûre que cela soit inscrit dans les mentalités. On a beau être dans les années 1930, les avancées de cette époque ne concernent qu'une minorité de jeunes femmes. Même dans les années 1950, les femmes qui étudiaient gardaient comme perspective le mariage (cf le film Le sourire de Mona Lisa avec Julia Roberts, qui se passe pourtant aux Etats-Unis, pays censé être plus en avance). Et puis je soupçonne Cassandra de ne pas être si malheureuse que ça, malgré la pauvreté dans la famille : ils forment un clan assez soudé. Je crois que sa perspective n'est pas de se marier, mais bel et bien de devenir écrivain ; simplement, elle est jeune et ne se sent pas encore suffisamment mûre.
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MessageSujet: Re: Semaine 1 : Le cahier à six pence, sous-titré "mars"   Semaine 1 : Le cahier à six pence, sous-titré "mars" - Page 2 Icon_minitimeLun 13 Juil 2009 - 17:39

@ Cat47 et Miss Acacia, concernant le personnage de Rose.
Je ne partage pas votre avis, mais sûrement certaines subtilités de la langue anglaise ont pu m'échapper.
J'ai déjà donné mon sentiment plus haut sur ce personnage, mais je réagis quand même aux arguments que vous développez .
La bivalence des sentiments qu'exprime Rose à travers ce que dit Miss Acacia me fait penser au personnage de Mary Crawford dans "Mansfield Park": une nature gâtée par une éducation sans principes moraux.
Il me semble que Rose n'est pas moins "victime" d'une éducation que d'une vie d'abord difficile matériellement , sans même le minimum que doit avoir tout enfant (ne serait-ce que se vêtir et manger à sa faim). Et cela depuis plus longtemps que les deux autres enfants de la famille.

C'est aussi une vie sans affectivité manifeste: la mère est morte ( il me semble que Cassandra la décrit comme quelqu'un d'effacé), Mr Mortmain est peut-être aimant à sa façon mais alors il est très peu démonstratif!!!!! C'est un père qui n'est pas sécurisant pour ses enfants dans la mesure où il ne fait rien pour améliorer leur sort. C'est comme si c'était eux qui devaient assurer le minimum vital pour lui!!!

Les sentiments de Cassandra à l'égard de sa soeur sont sûrement affectueux, mais c'est plus souvent une espèce de sentiment empreint de pitié qu'elle exprime dans son journal.
Enfin Topaz, même si elle a une certaine complicité avec Rose dans certains domaines, n'est pas une mère et d'ailleurs seul compte pour elle véritablement Mr Mortmain.
Et de fait Rose n'exprime que peu de sentiments chaleureux à l'égard des membres de la famille!
Peut-être est-ce une famille assez soudée comme le suggère Popila!
Soudée par rapport à l'adversité, sûrement. Pour le reste, j'attends d'en lire plus...
Tout ça pour dire que je comprends qu'on puisse trouver Rose insupportable, mais ce n'est pas sans raison qu'elle a certains agissements ou exprime certains sentiments.
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MessageSujet: Re: Semaine 1 : Le cahier à six pence, sous-titré "mars"   Semaine 1 : Le cahier à six pence, sous-titré "mars" - Page 2 Icon_minitimeLun 13 Juil 2009 - 18:11

malethane a écrit:

Enfin Topaz, même si elle a une certaine complicité avec Rose dans certains domaines, n'est pas une mère et d'ailleurs seul compte pour elle véritablement Mr Mortmain.

Elle est loin d'être une mère pour les 2 filles, c'est certain, mais comment le pourrait-elle ? Malgré un passé déjà bien chargé à son actif, elle n'a que 29 ans et donc est à peine plus âgée que Rose...
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MessageSujet: Re: Semaine 1 : Le cahier à six pence, sous-titré "mars"   Semaine 1 : Le cahier à six pence, sous-titré "mars" - Page 2 Icon_minitimeLun 13 Juil 2009 - 18:33

Malethane, je pourrais excuser Rose en fonction des circonstances si les même circonstance avaient produit les mêmes effets sur Cassandra et Thomas, ce qui n'est pas le cas. Mais en fait, je n'en veux pas à Rose, je trouve simplement qu'elle est difficile à cerner, avec certains côtés attachants et d'autres très crispants.

Sur la traduction du mot "Income" : le mot est ambigu en français comme en anglais, puisqu'il se traduit par "revenu", ce qui peut signifier "salaire" tout comme revenu de la fortune. Voici la traduction française (que je peux maintenant vous donner puisque j'ai le livre sous les yeux), un peu cavalière à mon goût dans le sens justement où elle ôte toute ambiguïté, : Et maman gagnait elle aussi sa vie. *Gagner sa vie" signifie travailler et percevoir un salaire alors qu'"avoir un revenu" est bien plus vague. Intéressant effet de la traduction sur la perception que nous pouvons avoir d'un personnage.

Merci pour la précision sur les années 30, j'avais déjà totalement oublié cet élément. Dis-sept ans, c'est effectivement très jeune, surtout à cette époque, pour décider de prendre la décision d'agir concrètement afin d'obtenir une indépendance financière. Je trouve tout de même dommage qu'à aucun moment Casandra ne remette en question le principe du mariage comme seule possibilité de garantir une certaine indépendance financière à la femme, en particulier en ce qui concerne sa soeur (puisque pour elle on peut toujours imaginer qu'elle puisse vivire de sa plume, même si elle ne le précise pas).

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MessageSujet: Re: Semaine 1 : Le cahier à six pence, sous-titré "mars"   Semaine 1 : Le cahier à six pence, sous-titré "mars" - Page 2 Icon_minitimeLun 13 Juil 2009 - 19:26

Je viens de finir la première partie du livre, mon impression est mitigée pour le moment. Je n'aime pas trop le style narratif faussement naïf , censé être écrit par une adolescente, j'ai eu un peu de mal au début. Cela s'est arrangé avec les descriptions de la découverte du château, car ayant été folle de vieilles pierres dans mon adolescence, j'ai pu bien mieux comprendre les personnages : comment cette demeure extraordinaire les a fascinés et conquis immédiatement, sauf la mère, qui y a tout de suite vu une croix à porter (en passant j'aurais plutôt dit qu' "elle avait un revenu personnel" plutôt que "gagnait sa vie" surtout qu'on ne sait comment et qu'ils habitent loin de tout).
Je trouve quand même assez invraisemblable cette famille qui vit de l'air du temps et des gages du domestique, qui ne paie aucun loyer sans qu'un quelconque huissier les rappelle à l'ordre à un moment ou un autre. Il est évident que pour les deux filles seul le mariage est envisagé pour sortir de ce cercle magique et quelque peu maléfique de ce château et de cette famille. Ce qui m'amuse c'est que Cassandra l'envisage pour sa sœur et non pour elle !!
Plus j'y réfléchis et plus je trouve des faiblesses dans le scénario, si je puis dire. Comment endurer la faim, le froid, et s'étonner que Rose soit aigrie, et de mauvaise humeur ? Je me demande plutôt comment Cassandra peut rester aussi distanciée, par rapport à leur situation. Je sais que "l'humour est la politesse du désespoir", mais leur misère est quand même extrême ! Comment vivre comme cela, sans rien faire pour en sortir, en attendant un éventuel prince Charmant ? Dès qu'elles apprennent que le château d'à côté est repris, aussitôt Cassandra fait le rapprochement avec l'arrivée de Bingley, et le fait que toutes les filles à marier du coin se mettent en ordre de bataille. Cela démontre que le mari est à leurs yeux la seule option, mais il y a un monde entre l'univers des Benett et le leur ! Déjà un bon siècle, maintenant les femmes travaillent, et la famille Benett, pour particulière qu'elle soit est une famille, celle des Mortmain est un assemblage hétéroclite de personnes dont on ne comprend pas les rouages psychologiques. Comment le père, qui vit comme un sauvage, a-t-il fait pour se remarier ? Il a rencontré Topaz chez sa tante, mais
1 - comment un sauvage comme lui a pu séjourner assez longtemps chez la tante pour tomber amoureux et se marier ?
2 - ou bien voyant l'admiration de Topaz il en a profité et l'a épousée en vitesse pour repartir dans sa tour. J'ai eu le sentiment que l'auteur a commencé par se dire qu'il serait intéressant de mettre dans un milieu clos un écrivain à sec, un ancien mannequin, deux jeunes filles et un jeune homme, et qu'ensuite elle s'est débrouillée tant bien que mal pour expliquer leurs liens. On sent que cela ne l'intéressait pas vraiment. je regrette que la mère soit sortie du paysage, elle aurait mis un peu de vraisemblance dans tout le tableau.
Parlons des Américains. Dès leur arrivée, on sait qu'ils vont changer la donne et qu'on rentre dans le vif du sujet, car c'est cela qui était le but réel de l'auteur. Et d'ailleurs la conversation surprise par Cassandra est très intéressante, car cela ne va pas forcément se passer comme on pourrait s'y attendre. Rose, sans expérience, sans vraie éducation, va vouloir se raccrocher à cette bouée inespérée et bien sûr elle va les faire fuir, enfin, pour l'instant ! Elle me fait à moitié pitié, tant son attitude montre qu'elle est désespérée !
Soit dit en passant, Topaz me fait faire la même réflexion que lors de la lecture de "l'amant de lady Chatterley" : comment peut-on, dans le Norfolk, se balader en tenue d'Eve dans la nature sans attraper la mort à tous coups ? cela rejoint sans doute les scènes d'amour sous un déluge : c'est un particularisme anglais ! Very Happy
Je m'aperçois que le ton général de mon commentaire est trop négatif : j'ai très envie de voir comment les rôles vont se distribuer maintenant que les acteurs sont tous en scène (bien qu'ayant regardé la fin, comme j'en ai la manie, j'en ai une petite idée !! Very Happy et justement, cette fin me donne plus envie de continuer que le début, je ne sais si je me fais comprendre ?) lol!
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MessageSujet: Re: Semaine 1 : Le cahier à six pence, sous-titré "mars"   Semaine 1 : Le cahier à six pence, sous-titré "mars" - Page 2 Icon_minitimeLun 13 Juil 2009 - 19:31

Je ne mésestime pas non plus l'influence de l'éducation reçue sur Rose. Je ne la trouve pas insupportable, elle ne m'est pas sympathique, ce qui est différent. Elle a des côtés attachants (pas beaucoup, je dois dire) et d'autres qui le sont moins, et surtout des traits de caractère très opposés, donc je réserve mon jugement en attendant d'en voir un peu plus.
Ceci dit, à 21 ans, avec un caractère un peu plus volontaire, elle aurait les moyens de surmonter un peu les effets de son éducation déficiente. On peut la plaindre... mais pour le moment, il semble qu'elle se laisse quand même bien porter par les évènements. On verra par la suite...

Juste 2 points:
je ne pense pas qu'elle ait plus souffert de la pauvreté que son frère et sa soeur. La pauvreté ne s'est déclarée que quelques années après la mort de sa mère, elle a donc vécu plus d'années d'aisance qu'eux. Vous me direz: "plus dure sera la chute..."

Pour ce qui est de la mère, on nous dit qu'elle est effacée, ce qui ne veut pas dire qu'elle était absente pour ses enfants. D'ailleurs la situation de la famille s'est dégradée après sa mort, elle devait certainement contribuer fortement à maintenir un certain équilibre, qui s'est rompu par la suite. C'est du moins l'impression que j'ai.
Après, pour vivre avec Mortmain, mon sentiment est que soit tu t'effaces, soit c'est la guerre. Un peu rude tout de même le bonhomme Rolling Eyes

EDIT: bienvenue dans la conversation Clinchamps cheers
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MessageSujet: Re: Semaine 1 : Le cahier à six pence, sous-titré "mars"   Semaine 1 : Le cahier à six pence, sous-titré "mars" - Page 2 Icon_minitimeLun 13 Juil 2009 - 19:38

Clinchamps, j'ai lu tes commentaires avec beaucoup d'intérêt. J'avais l'impression d'être la seule à être négative par rapport aux choix que font les personnages et à la vraisemblance, je vois que tu es encore plus virulente, ça me rassure. lol!

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MessageSujet: Re: Semaine 1 : Le cahier à six pence, sous-titré "mars"   Semaine 1 : Le cahier à six pence, sous-titré "mars" - Page 2 Icon_minitimeLun 13 Juil 2009 - 19:58

J'entends bien ce que vous dites Miss Acacia et Cat: mais n'oublions pas que des facteurs identiques produisent des effets différents sur les êtres humains.

@Clinchamps: j'ai lu ton avis avec intérêt. Je me suis posée la question de savoir si lire en anglais ne changerait pas mes impressions d'une lecture en français. La question du style notamment m'est venue à l'esprit assez vite.
Pour ce qui est des invraisemblances, je les vois plutôt comme un parti-pris de la part de l'auteur.
Ce choix ne m'a pas empêché de prendre grand plaisir à cette lecture.

Cela dit, c'est tout l'intérêt de cette lecture de groupe que tout à coup quelqu'un ait des impressions tout à fait différentes.
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MessageSujet: Re: Semaine 1 : Le cahier à six pence, sous-titré "mars"   Semaine 1 : Le cahier à six pence, sous-titré "mars" - Page 2 Icon_minitimeLun 13 Juil 2009 - 20:05

malethane a écrit:
J'entends bien ce que vous dites Miss Acacia et Cat: mais n'oublions pas que des facteurs identiques produisent des effets différents sur les êtres humains.

On est tout à fait d'accord sur ce point. Mais dans ce cas, on en revient au caractère lui-même, qui est tout de même difficile à cerner. scratch

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MessageSujet: Re: Semaine 1 : Le cahier à six pence, sous-titré "mars"   Semaine 1 : Le cahier à six pence, sous-titré "mars" - Page 2 Icon_minitimeLun 13 Juil 2009 - 20:09

Wouah Clinchamps quelle charge Laughing

D'une certaine manière, je rejoins Cat, car je trouve intéressant qu'il y ait des points de vue divergents sur ce roman. Donc merci pour tes commentaires (même si je les trouve parfios injustes envers Dodie Smith).

clinchamps a écrit:
Comment le père, qui vit comme un sauvage, a-t-il fait pour se remarier ?

Pour te répondre, je pense que James Mortmain, en proie à la panne de l'écrivain, a dû décider de faire un séjour à Londres pour changer d'air (ce que Cassandra appelle "a spasm of sociability"). Et je suppose qu'il vu en Topaz une muse potentielle, une source nouvelle d'inspiration. Pour autant l'effet escompté ne s'est pas produit et, une fois retourné dans son Suffolk, l'apathie l'a repris :

Citation :
"I hadn't seen him so alive since he year the married Topaz"
(p. 72)

MissAcacia a écrit:
D'accord avec toi, Cat, comment ce capital aurait-il pu fondre aussi rapidement, s'il produisait auparavant un revenu régulier propre à assurer une bonne partie des ressources de la famille ? Il aurait fallu un évènement un peu exceptionnel or Cassandra se limite à dire qu'ils avaient vécu sur le capital laissé par sa mère sans rien préciser quant à une dépense extravagante...

S'agissant de la pauvreté de la famille Mortmain, j'ai l'impression, même si ce n'est jamais dit dans le roman, que la crise de 1929 a dû fragiliser leur situation financière (le père vivant sur les royalties de Jacob Wrestling et la mère de revenus indéterminés, et au vu de l'attentisme des filles, on peut supposer que personne n'a jamais travaillé dans la famille, j'en ai déduit qu'ils vivaient de rentes et que des placements hasardeux ont pu être mis à mal pendant la crise financière).


Dernière édition par serendipity le Lun 13 Juil 2009 - 20:23, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Semaine 1 : Le cahier à six pence, sous-titré "mars"   Semaine 1 : Le cahier à six pence, sous-titré "mars" - Page 2 Icon_minitimeLun 13 Juil 2009 - 20:19

Mais tout cela n'empêche pas de se poser la question sur la vraisemblance de certaines situations.

En fait, lorsque je lis un livre qui fait référence à Jane Austen, je me rends compte qu'inconsciemment, je ne peux m'empêcher de me demander si les personnages mis en scène sont aussi universellement représentatifs que ceux qu'elle a créés. Et là je dois bien avouer que la réponse est négative.



En replaçant les faits dans leur contexte temporel, on peut évidemment penser à la crise des années 30. Malheureusement, le décor est trop "hors du temps" pour que l'explication vienne immédiatement à l'esprit.

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MessageSujet: Re: Semaine 1 : Le cahier à six pence, sous-titré "mars"   Semaine 1 : Le cahier à six pence, sous-titré "mars" - Page 2 Icon_minitimeLun 13 Juil 2009 - 20:21

serendipity a écrit:

S'agissant de la pauvreté de la famille Mortmain, j'ai l'impression, même si ce n'est jamais dit dans le roman, que la crise de 1929 a dû fragiliser leur situation financière (le père vivant sur les royalties de Jacob Wrestling et la mère de revenus indéterminés, et au vu de l'attentisme des filles, on peut supposer que personne n'a jamais travaillé dans la famille, j'en ai déduit qu'ils vivaient de rentes et que des placements hasardeux ont pu être mis à mal pendant la crise financière).
Tu avoueras que, si tes explications sont tout à fait logiques et cohérentes, l'auteur laisse quand même aux lecteurs le soin de se demander pourquoi ils en sont là et d'y répondre de leur mieux en construisant des hypothèses qui ne reposent que sur leurs connaissances de l'histoire et leur bon sens. C'est pour moi une grande faiblesse de narration, le récit "flotte" sans fondations solides. Je regrette de décevoir les amoureux de Doddie Smith ! Crying or Very sad Je n'avais pas lu encore tous les posts et je vois que le mien fait vraiment tache ! Bon, j'espère vraiment que la suite me fera changer d'avis !! Very Happy
Edit : Cat a posté en même temps que moi, et je suis tout à fait en accord avec ce qu'elle dit. Very Happy
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