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 La romance c'est quoi???

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MessageSujet: Re: La romance c'est quoi???   La romance c'est quoi??? - Page 7 Icon_minitimeVen 29 Aoû 2014 - 15:00

Dernière petite trouvaille présentée par In Need of Prince Charming Arrow

Je ne le redirai jamais assez, ce blog juste génial La romance c'est quoi??? - Page 7 30854

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MessageSujet: Re: La romance c'est quoi???   La romance c'est quoi??? - Page 7 Icon_minitimeVen 29 Aoû 2014 - 16:09

lol!

Mon tiercé :
Citation :
- You know romance doesn’t happen like that in real life.
- I know. That’s why I read.

Citation :
- The endings are so predictable.
- This conversation is so predictable.
Citation :

- Do you read real books?
- Do YOU?
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MessageSujet: Re: La romance c'est quoi???   La romance c'est quoi??? - Page 7 Icon_minitimeJeu 25 Sep 2014 - 10:39

Petit à petit les auteurs français commencent à pointer le bout de leur nez dans l'univers de la Romance jusque là essentiellement dominé par les anglo-saxons. Voici un petit webzine publié par le blog Mille et une pages Arrow qui nous les présente


Pour ma part j'ai lu du Sophie Jomain et du Georgia Caldera

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MessageSujet: Re: La romance c'est quoi???   La romance c'est quoi??? - Page 7 Icon_minitimeJeu 25 Sep 2014 - 11:10

Je trouve ça bien que les éditeurs acceptent enfin des auteurs françaises! Et la différence entre texte français et texte traduit se ressent. C'est plus fluide, moins bancal parfois.
Pour ma part, j'ai lu Sophie Jomain (en bit lit et romance), Cassandra O'donnel et j'ai commencé le Dear you de Emily Blaine et 100 pages plus tard, j'aime assez je dois dire. Ca fait très comédie romantique lol! mais on verra quand je serai venue à bout des 900 pages !! La romance c'est quoi??? - Page 7 673712
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MessageSujet: Re: La romance c'est quoi???   La romance c'est quoi??? - Page 7 Icon_minitimeJeu 25 Sep 2014 - 18:13

Pour ma part je viens de lire du Georgia Caldera (en Romance fantasy) et j'ai beaucoup aimé ^^ (et puis un héros nécormancien ça change I love you )
Faut que je vous le présente celui-là ^^ Dentelle et Nécromancie , rien que le titre drunken
Et j'avais commencer un Eleonore Fernaye (j'avais bien aimé faut que je le reprenne d'ailleurs... mais trop de trucs à lire, et je crois que c'est quand j'ai découvert Milan et voilà... ^^)
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MessageSujet: Re: La romance c'est quoi???   La romance c'est quoi??? - Page 7 Icon_minitimeVen 26 Sep 2014 - 10:16

Une auteur française que j'affectionne beaucoup, c'est Cécilia Correia avec ces 2 séries : la guilde du nod et les aventures d'Aliette Renoir. La 1ère est une romance bit lit steampunk. La 2ème série est, à mon avis, plus bit lit que romance pure.
J'ai lu pas mal de livres en bit lit et romance paranormale mais je trouve que cet auteur fait partie de celles qui apporte un plus au genre avec des héroïnes assez différentes des autres.
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MessageSujet: Re: La romance c'est quoi???   La romance c'est quoi??? - Page 7 Icon_minitimeMar 7 Oct 2014 - 10:30

Nouvelle petite question ... La romance bouge, elle a tendance à se durcir et l'on voit fleurir ce qu'on appelle la "Dark romance" .... Personnellement, les histoires de viols, d'esclave sexuelle, le BDSM à outrance (la femme table basse me fait vomir )et j'en passe, ne m'attirent pas. Mais elles sont tendances. Certains blogs et sites les sacralisent au mépris des autres romance plus douces.

Qu'en pensez-vous? A force de pousser les limites ne va-t-on pas trop loin? Ce genre de chose ne nuirait-il pas au genre ?

Et par ricochet que pensez-vous de ces blogs qui nous font croire que cette mode est LA mode, qu'il n'y que ça de bon qui sort aux USA (alors qu'en grattant un peu, on se rends compte que non). Je sais par des bruits de couloir que finalement, cela ne se vend pas aussi bien que cela. J'ai eu l'occasion de discuter avec un chef de rayon qui m'a dit que ces livres "à la mode" étaient certes en tête de gondoles mais passé le folie du premier jour, les ventes se faisaient surtout sur le traditionnel.

Voilà un exemple de ce qui pourrait arriver chez nous :

Captive in the dark de CJ Roberts

Bluemoon a écrit:
Sa jeune héroïne est enlevée pour être une esclave sexuelle. Le héros n’est pas celui qui la sauve mais son bourreau, son kidnappeur…abus, violence, sexe mais également un romantisme échevelé ont fait le succès de ces romans difficiles et impeccablement écrits.


Caleb is a man with a singular interest in revenge. Kidnapped as a young boy and sold into slavery by a power-hungry mobster, he has thought of nothing but vengeance. For twelve years he has immersed himself in the world of pleasure slaves searching for the one man he holds ultimately responsible. Finally, the architect of his suffering has emerged with a new identity, but not a new nature. If Caleb is to get close enough to strike, he must become the very thing he abhors and kidnap a beautiful girl to train her to be all that he once was. Eighteen-year-old Olivia Ruiz has just woken up in a strange place. Blindfolded and bound, there is only a calm male voice to welcome her. His name is Caleb, though he demands to be called Master. Olivia is young, beautiful, naïve and willful to a fault. She has a dark sensuality that cannot be hidden or denied, though she tries to accomplish both. Although she is frightened by the strong, sadistic, and arrogant man who holds her prisoner, what keeps Olivia awake in the dark is her unwelcome attraction to him.
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MessageSujet: Re: La romance c'est quoi???   La romance c'est quoi??? - Page 7 Icon_minitimeMar 7 Oct 2014 - 19:21

Comme tu dis c'est l'attrait de la "nouveauté"... parce que dans la littérature érotique ce n'est pas super-nouveau la mise en scène du BDSM....

Maintenant que certains découvrent ça et méprisent le reste, je dirais bien que c'est leur problème.... la preuve ça ne se retrouve pas sur les chiffres sur le long terme d'après ce que j'ai compris.

Moi ça me pose un double problème en fait....

- d'un côté, on est dans le domaine du fantasme... là se rejoigne l'imaginaire érotique voir pornographique avec la romance. Je dirais pourquoi pas... tous les goûts sont viables dans un univers fantasmé. Je parle bien de fantasme, pas de passage à l'acte hein. Ni d'apologie....
Ce que je veux dire c'est qu'il faut voir ce versant de la littérature comme un moyen de vivre par procuration (ce qui est quand même pour moi, le but d la lecture.... de roman) (oui, parce que vivre des aventures avec "70 activités pour un apprentissage efficace de la lecture" ... comment dire.... lol! Là par expérience c'est le passage à l'acte qui est une aventure La romance c'est quoi??? - Page 7 673712 )

Maintenant effectivement tu peux adhérer ou non à ces fantasmes et heureusement qu'on est encore libre de ne pas aimer (oui moi aussi ça me gonfle les injonctions de sexualité... je fais ce que je veux zut)

- ce qui me permet de rebondir sur l'autre côté et l'idée malsaine qui va se glisser globalement derrière cette vague littéraire....
De ce que je lis, ça fait quant même quelques années (voir décennies )que la romance parle de sexualité féminine et qu'on a dépasser le stade Barbara Cartland et que les héroïnes ont une vie sexuelle. Et c'est tant mieux....
Le truc c'est que derrière cette nouvel mode, qui prétend rendre les fantasmes plus libre, je vois un phénomène qui existe depuis 20 ans autour de la représentation de la femme et de ses désirs.... qui la repositionne complétement comme objet soumis.... avec un imaginaire qui est ultra-proche de celui du porno majoritaire... (en gros c'est une s***pe qui aime ça.....).
Alors oui, on met de la romance et de l'amour pour enrober ça, mais le message derrière ce n'est pas
"les filles prenez votre vie, votre destin et votre sexualité en main"
Mais "les filles l'homme sait ce qui est bon pour vous et c'est votre âme pur d'infirmière qui le sauvera, à condition d'accepter tout de lui... il faut savoir vous sacrifier..."
Ouais euh, alors comment dire... ça va pas le faire.... Evil or Very Mad Evil or Very Mad Evil or Very Mad

Donc c'est ça qui me dérange.... c'est qu'on veut nous convaincre que c'est le summum de la libération sexuelle, alors qu'on nous vend en fait un vieux modèle dont on ne veut plus, bordel!

Pourquoi on n'a pas des histoires inversées dans ce cas, si le BDSM c'est la classe, avec le gars en esclave sexuel de la fille? Parce que les dominatrices, ça existe... dans la vraie vie ^^
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MessageSujet: Re: La romance c'est quoi???   La romance c'est quoi??? - Page 7 Icon_minitimeMar 7 Oct 2014 - 20:23

j'ai déjà du mal avec la romance à cause des scènes de sexe "normales" Laughing alors BDSM !!!!!!!!!!! affraid affraid
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MessageSujet: Re: La romance c'est quoi???   La romance c'est quoi??? - Page 7 Icon_minitimeMar 7 Oct 2014 - 21:23

@ Gaëlle:

Citation :
Nouvelle petite question ... La romance bouge, elle a tendance à se durcir et l'on voit fleurir ce qu'on appelle la "Dark romance" .... Personnellement, les histoires de viols, d'esclave sexuelle, le BDSM à outrance (la femme table basse me fait vomir )et j'en passe, ne m'attirent pas. Mais elles sont tendances. Certains blogs et sites les sacralisent au mépris des autres romance plus douces.

Qu'en pensez-vous? A force de pousser les limites ne va-t-on pas trop loin? Ce genre de chose ne nuirait-il pas au genre ?

Merci beaucoup pour ton message, Gaëlle. Je trouvé les questions que tu poses extrêmement intéressantes et assez difficile à traiter de manière (plus ou moins) objective, en se départant de ses préjugés littéraires ou moraux. sunny

Je commence par préciser qu'à l'instar de la journaliste Isabelle Falconnier, que j'entendais un jour commenter le succès de la trilogie Cinquante nuance de Grey, je tends à penser que, dans le domaine des fantasmes, "tout est juste". Dans la mesure où la psyché humaine échappe au libre-arbitre et où les fantasmes sont, généralement, le lieu privilégié de l'imagination galopante, je ne vois aucune raison de les traiter à l'aune des notions de bien et de mal, y compris lorsqu'ils s'expriment dans des romans ou des films.

De ce point de vue-là et sans entrer dans le détail, je suis pour l'ouverture de la Romance à toutes les formes de sentiments ou de sexualité, qu'elles soient moralement et légalement acceptables - ou pas. Nous achoppons là du reste sur la délicate question de la liberté d'expression qui, à elle seule, constitue un sujet de débat quasiment infini. Mais, pour résumer ma pensée, comme un certains nombres d'autres lecteurs, je considère qu'en matière de littérature, seul le jugement esthétique compte, les catégories habituelles ne la morale ne pouvant s'appliquer aux objets artistiques en général et aux romans en particulier. Ce que je m'apprête donc à écrire ne procède pas d'une censure d'ordre moral.

Cela étant dit, ce qui m'a interpellée, dans ton message, c'est l'exemple que tu donnes en (excellente) illustration de ton propos. J'ai lu le résumé en anglais de Captive in the Dark et, le premier point qui m'a frappée, c'est le fait que, spontanément, le canevas de cette histoire ne m'aurait pas fait classer le livre dans le genre de la Romance. J'ai dû réfléchir un bon moment pour comprendre pourquoi!


Citation :
Caleb is a man with a singular interest in revenge. Kidnapped as a young boy and sold into slavery by a power-hungry mobster, he has thought of nothing but vengeance. For twelve years he has immersed himself in the world of pleasure slaves searching for the one man he holds ultimately responsible. Finally, the architect of his suffering has emerged with a new identity, but not a new nature. If Caleb is to get close enough to strike, he must become the very thing he abhors and kidnap a beautiful girl to train her to be all that he once was. Eighteen-year-old Olivia Ruiz has just woken up in a strange place. Blindfolded and bound, there is only a calm male voice to welcome her. His name is Caleb, though he demands to be called Master. Olivia is young, beautiful, naïve and willful to a fault. She has a dark sensuality that cannot be hidden or denied, though she tries to accomplish both. Although she is frightened by the strong, sadistic, and arrogant man who holds her prisoner, what keeps Olivia awake in the dark is her unwelcome attraction to him.

Dans les quelques romances que j'ai lues jusqu'à présent, j'ai pu constater que l'usage d'éléments dramatiques jalonnant le passé ou le présent des protagonistes du livre est loin d'être rare: le suicide d'un proche, la mort d'un enfant, le meurtre d'un ami, la trahison d'un conjoint ou la ruine économique, pour ne citer que ces exemples-là, constituent des ressorts ou, à tout le moins, des éléments constitutifs de nombreuses intrigues relèvant de la Romance sans que, pour ma part, je ne voie de contradiction entre les trames proposées et le genre dont elles se réclament.

Après réflexion, ce qui m'ébranle, dans le résumé que tu as reproduit, c'est la présence d'un élément bien spécifique, lequel diffère des notions de drame ou de tragique: il s'agit du glauque, tel que se terme se comprend depuis quelques années. Le mot est difficile à déterminer mais je dirais que, grosso modo, il associe pour moi de manière indiscernable les notions de "sinistre" et de "malsain". De manière tout à fait subjective, je dirais que le passé du héros de Captive in the Dark et, par rebond, les activités dans lesquelles il entraîne une jeune femme contrainte et forcée renvoient à des situation largement plus sordides que toutes celles que j'ai pu rencontrer dans mes quelques lectures de romances. En ce sens, il me semble que ce roman dépasse le seul cadre dramatique, sans doute assez commun dans le genre, pour tomber dans un autre type de "couleur" littéraire. Une couleur verdâtre, pour reprendre l'une des connotation première du terme "glauque".

Or - et c'est là le constat auquel j'ai abouti en réfléchissant à la question que tu posais, Gaëlle -, spontanément, j'ai le sentiment que si elle use volontiers des ressorts du drame ou de la tragédie, la Romance tend en revanche à exclure le glauque et le sordide dans leurs dimensions les plus crues.

J'aimerais ajouter que je discerne cependant deux écueils dans mon propre développement. D'abord, à supposer même que Captive in the Dark baigne, partiellement au moins, dans le glauque, rien ne m'indique, sinon mes propres préjugés, que la Romance exclut ce mode-là presque systématiquement. Qu'en pensent les grands lecteurs de Romance qui animent ce fil? Mon intuition est-elle fondée ou est-ce le hasard qui m'a guidée loin d'ouvrages reposant sur des trames aussi sordides que celle dont nous parlons présentement?

Ensuite - et, en ce qu'il peut saper la totalité de mon raisonnement, c'est là un point pour moi plus important encore -, je me demande pourquoi, spontanément, la lecture du résumé de Captive in the Dark a immédiatement imposé le terme "glauque" à mon esprit alors que, par exemple, il ne m'a pas même frôlé lorsque je découvrais la trilogie de Cinquante Nuances de Grey - laquelle, comme le savent ceux qui l'ont parcourue, n'est pas tout à fait en reste en matière de sordide.

Pour ceux qui souhaiteraient profiter de l'intrigue de Cinquante Nuances de Grey à l'avenir, je précise que je dévoile sous spoiler des éléments importants de l'histoire.

Spoiler:


Et, pour étendre encore un peu plus ma question, je me demande pourquoi je ne considèrerais pas ces éléments plus traditionnels de la Romance que sont le suicide d'une soeur ou la mort tragique d'un fils comme des vecteurs potentiels de glauque, eux aussi? La distinction que j'opère entre drame et glauque me paraît sujette à caution et je pourrais tout à fait imaginer que certains d'entre vous resserrent ou étendent les limites de chacune de ces deux catégories selon une autre grille de lecture.

Qu'en pensez-vous?


Dernière édition par Dérinoé le Sam 22 Nov 2014 - 19:08, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: La romance c'est quoi???   La romance c'est quoi??? - Page 7 Icon_minitimeMer 8 Oct 2014 - 9:38

Kusa a écrit:

Donc c'est ça qui me dérange.... c'est qu'on veut nous convaincre que c'est le summum de la libération sexuelle, alors qu'on nous vend en fait un vieux modèle dont on ne veut plus, bordel!

Pourquoi on n'a pas des histoires inversées dans ce cas, si le BDSM c'est la classe, avec le gars en esclave sexuel de la fille? Parce que les dominatrices, ça existe... dans la vraie vie ^^

La romance c'est quoi??? - Page 7 553975 La romance c'est quoi??? - Page 7 553975 La romance c'est quoi??? - Page 7 553975 La romance c'est quoi??? - Page 7 553975 La romance c'est quoi??? - Page 7 553975 La romance c'est quoi??? - Page 7 553975 La romance c'est quoi??? - Page 7 553975 La romance c'est quoi??? - Page 7 553975 La romance c'est quoi??? - Page 7 553975 (je sais pas trop comment le dire alors La romance c'est quoi??? - Page 7 55950 )


Derinoe a écrit:
Dans les quelques romances que j'ai lues jusqu'à présent, j'ai pu constater que l'usage d'éléments dramatiques jalonnant le passé ou le présent des protagonistes du livre est loin d'être rare: le suicide d'un proche, la mort d'un enfant, le meurtre d'un ami, la trahison d'un conjoint ou la ruine économique, pour ne citer que ces exemples-là, constituent des ressorts ou, à tout le moins, des éléments constitutifs de nombreuses intrigues relèvant de la Romance sans que, pour ma part, je ne voie de contradiction entre les trames proposées et le genre dont elles se réclament.

Cela donne un fond à l'histoire qui peut être intéressant. Je ne suis pas quelqu'un qui adore ce genre mais parfois, j'aime lire ces histoires de "renaissance". Par contre, je ne crois pas à "l'amour médicament" où comment l'amour de l'autre va guérir l'autre. Mais de temps en temps je me laisse prendre au jeu. Par contre, j'ai mes limites et tu cites 50 nuances et là elles sont atteintes. J'ai "mieux" aimé Dublin street parce que par amour pour le type (odieux La romance c'est quoi??? - Page 7 17735 ), l'héroïne va chercher à se faire aider psychologiquement. Elle n'attend pas de lui qu'il la sauve.

Citation :
Or - et c'est là le constat auquel j'ai abouti en réfléchissant à la question que tu posais, Gaëlle -, spontanément, j'ai le sentiment que si elle use volontiers des ressorts du drame ou de la tragédie, la Romance tend en revanche à exclure le glauque et le sordide dans leurs dimensions les plus crues.

Cela existe, cela s'appelle "Dark romance". Il y en a de plus en plus. Et quelques part je me demande si Anne Stuart n'est pas un auteur précurseur. Mais les histoires vont de plus en plus loin comme avec Captive in the Dark ou d'autres romances se passant dans le milieu des bikers. Mais pour moi, c'est une niche sauf que certains blogs tentent de nous faire croire que c'est la révolution du genre. Mais lorsqu'on jette un oeil sur les sorties Goodread par ex, on découvre qu'aux USA, il y a de TOUS les genres. Malheureusement, les éditeurs français marchent par effet de mode. Ils vont nous gaver d'un genre et passer à un autre. Actuellement c'est le New adult après l'érotique BDSM.
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MessageSujet: Re: La romance c'est quoi???   La romance c'est quoi??? - Page 7 Icon_minitimeMer 8 Oct 2014 - 10:53

J'avoue que comme toi Dérinoé, à la lecture du résumé, j'ai plus songé aux récits/romans publiés dans les pages thriller/suspense du catalogue France Loisirs qu'à de la romance. scratch

La différence comme dans la citation de Bluemoon de Gaelle vient de là:
Citation :
Le héros n’est pas celui qui la sauve mais son bourreau, son kidnappeur…

Bref un joli Syndrome de Stockholm en gros....

Maintenant comme tu le soulignes Gaelle, ce côté obscur de la romance, qui existe depuis plus longtemps qu'on ne le pense, nous est vendu comme nouveauté et avenir de cette littérature (pour être remplacer par autre chose dans un an ....)

Et là j'ai repensé à Histoire d'O.... ou aux Infortunes de la belle au Bois Dormant d'Anne Rice... qui pour le coup rejoint bien le sujet, sauf que ça existe depuis 1983 aux États-Unis (republié dans les années 90 et traduit en VF en 1997), et que ça n'a jamais été vendu comme une romance (mais toujours comme un érotique ^^). Et c'est très drôle de lire le résumé maintenant qui y inclus de la romance, et de voir les avis des fans de 50 Shades qui se sont précipités dessus après la lecture des aventures de Grey et Ana...
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MessageSujet: Re: La romance c'est quoi???   La romance c'est quoi??? - Page 7 Icon_minitimeMer 8 Oct 2014 - 23:10

@ Gaelle:

Citation :
Cela donne un fond à l'histoire qui peut être intéressant. Je ne suis pas quelqu'un qui adore ce genre mais parfois, j'aime lire ces histoires de "renaissance". Par contre, je ne crois pas à "l'amour médicament" où comment l'amour de l'autre va guérir l'autre.

Je suis d'accord avec toi. En revanche, je crois que l'amour - toutes les formes d'amour, y compris l'amitié ou l'affection filiale - peuvent amorcer un processus de résilience sur le long terme.

Citation :
Mais de temps en temps je me laisse prendre au jeu. Par contre, j'ai mes limites et tu cites 50 nuances et là elles sont atteintes.

Oui, je me souviens que nous en avions parlé sur le topic de Cinquante Nuances de Grey. Où l'on voit bien que les seuils de tolérance varient de beaucoup d'une personne à l'autre.

Par curiosité, as-tu lu Captive in the Dark et, si oui, qu'en as-tu pensé?


Citation :
Cela existe, cela s'appelle "Dark romance". Il y en a de plus en plus. Et quelques part je me demande si Anne Stuart n'est pas un auteur précurseur. Mais les histoires vont de plus en plus loin comme avec Captive in the Dark ou d'autres romances se passant dans le milieu des bikers.

D'accord. Mais, dans ce cas, tu dirais que cette sous-catégorie de la Romance recourt souvent au sordide et au glauque, important des histoires non seulement dramatiques mais, en outre, franchement poisseuses, comme semble l'être celle de Captive in the Dark?

Une question qui m'est venue à l'esprit en lisant le résumé de ce roman, c'est le problème de la crédibilité psychologique des personnages mis en scène par la Romance. Des personnes bien réelles ayant malheureusement vécu la même enfance que Caleb - l'un des protagonistes de Captive in the Dark dont Gaelle a livré plus haut un résumé en anglais -, il en existe bien évidemment mais, à supposer qu'elles parviennent à se sortir du cercle infernal où elles ont évolué durant de très nombreuses années, je peine à croire qu'elles pourraient revêtir la personnalité et la manière d'être d'un héros de Romance, aussi sombre soit-elle.

Je ne suis bien évidemment pas en train de dire qu'un individu ayant réchappé d'une enfance de viols, de prostitution forcée et de brutalité sera nécessairement prédestiné à reproduire ce qu'il a subi, ni qu'il lui est impossible de vivre de belles histoires d'amour ou d'amitié. Bien au contraire. Simplement, j'ai le sentiment que les dégâts, surtout lorsqu'ils sont commis sur une personne encore très jeune, sont tels que le profil obtenu ne correspond pas au panel de caractéristiques que l'on attend d'un héros de Romance.

Mais ce que j'écris présuppose un élément qui est à mon sens loin d'être évident: l'idée que les personnages de Romance devraient nécessairement être crédibles psychologiquement; après tout, une grande partie des séries, des films et peut-être des livres dont nous abreuve le marché font fi de ce principe, sans que le spectateur ou le lecteur s'en trouve pour le moins du monde perturbé. La plupart des héros récurrents de fiction cumule en un mois à peu près autant de tragédies qu'une dizaines de personnes tout au long d'une vie, et ce sans jamais se départir d'une solidité et d'une continuité presque inimaginables pour un humain normalement constitué. Pourquoi un auteur ne pourrait-il créer des personnages ayant vécu une enfance horriblement maltraitée et rebondissant ensuite vers une personnalité sans rapport avec les violences subies durant la première partie de la vie?

De la même manière, bien que le Syndrome de Stockholm relève sans doute d'une grande confusion de l'esprit, un auteur a toute licence pour faire glisser cette disposition de survie interne vers une histoire d'amour tout à fait délibérée. Les écrivains sont des démiurges et je ne vois pas pourquoi les auteurs de Romance se priveraient d'inventer des couleurs que la réalité ne saurait jamais faire naître spontanément.


Citation :
Mais pour moi, c'est une niche sauf que certains blogs tentent de nous faire croire que c'est la révolution du genre. Mais lorsqu'on jette un oeil sur les sorties Goodread par ex, on découvre qu'aux USA, il y a de TOUS les genres. Malheureusement, les éditeurs français marchent par effet de mode. Ils vont nous gaver d'un genre et passer à un autre. Actuellement c'est le New adult après l'érotique BDSM.

Je ne sais pas si tu l'as déjà expliqué quelque part mais qu'est-ce que le genre New Adult? S'agit-il de cette Dark Romance dont tu parles dans ton message?


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MessageSujet: Re: La romance c'est quoi???   La romance c'est quoi??? - Page 7 Icon_minitimeJeu 9 Oct 2014 - 22:21

Gaelle a écrit:
Kusa a écrit:

Donc c'est ça qui me dérange.... c'est qu'on veut nous convaincre que c'est le summum de la libération sexuelle, alors qu'on nous vend en fait un vieux modèle dont on ne veut plus, bordel!

Pourquoi on n'a pas des histoires inversées dans ce cas, si le BDSM c'est la classe, avec le gars en esclave sexuel de la fille? Parce que les dominatrices, ça existe... dans la vraie vie ^^

La romance c'est quoi??? - Page 7 553975  La romance c'est quoi??? - Page 7 553975  La romance c'est quoi??? - Page 7 553975  La romance c'est quoi??? - Page 7 553975  La romance c'est quoi??? - Page 7 553975  La romance c'est quoi??? - Page 7 553975  La romance c'est quoi??? - Page 7 553975  La romance c'est quoi??? - Page 7 553975  La romance c'est quoi??? - Page 7 553975 (je sais pas trop comment le dire alors  La romance c'est quoi??? - Page 7 55950 )


La romance c'est quoi??? - Page 7 999779 ça me dérange aussi profondément! je croyais que les livres où les filles se faisaient violer et qu'elles finissaient par y prendre du plaisir, c'était terminé! Rolling Eyes Suspect je suis sure qu'on peut trouver encore de vieux bouquins tout poussiéreux à moins d'un dollar chez un bouquiniste américain ou même sur le Net, avec ce genre de "romance historique" avec pirates et compagnie, où la jeune femme de bonne famille est kidnappée, vendue et traitée comme une esclave sexuelle et à chaque fois, elle finissait par tomber amoureuse de son bourreau...Rolling Eyes mais ça, c'était dans les années 70, non? scratch
Purée, elle est belle, dis donc l'image de la femme! No quelle tristesse!
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MessageSujet: Re: La romance c'est quoi???   La romance c'est quoi??? - Page 7 Icon_minitimeJeu 9 Oct 2014 - 23:11

@ Marie21:

Citation :
Purée, elle est belle, dis donc l'image de la femme!  No quelle tristesse!

Je comprends ton sentiment mais, pour moi, la littérature de fiction, qu'il s'agisse de Romance ou pas, n'a pas vocation à reproduire une image anthropologique de l'humain, fondée sur des études scientifiques cherchant à tracer les contours d'une généralité. Je suppose que Captive in the Dark ne prétend pas plus proposer une image de la femme - ou de l'individu - que Lolita (1955) de Vladimir Nabokov n'entend offrir une description de l'homme à partir du personnage de Humbert Humbert*.

C'est du reste l'une des raisons pour lesquelles je tends à penser que la littérature - contrairement à la science - peut tout se permettre: parce que, dans l'immense majorité des cas, l'auteur n'a ni l'ambition de nous amener à tirer des conclusions universelles à partir de ses protagonistes, ni le souhait d'édifier moralement. Il s'adonne uniquement à des portraits individuels - dont, par ailleurs, chacun est libre de juger le niveau de crédibilité psychologique.

Ce principe littéraire vaut, je crois, pour la Romance également et si C.J. Roberts veut décrire une femme violentée qui finit par tomber follement amoureuse d'un agresseur lui-même passablement détraqué par son passé, je crois qu'elle est libre de le faire au nom de cette gigantesque peinture de caractères particuliers que constitue l'art romanesque. Son roman ne possède ni visée éducative, ni prétention scientifique: il s'agit d'une histoire bien précise vécue par des personnages bien précis également, lesquels ne représentent personne d'autre qu'eux-mêmes.

*Il s'agit d'un Professeur de littérature entre deux âges uniquement attiré par de très jeunes adolescentes, voire par des petites filles.


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MessageSujet: Re: La romance c'est quoi???   La romance c'est quoi??? - Page 7 Icon_minitimeVen 10 Oct 2014 - 9:57

Dérinoé a écrit:
@ Marie21:

Citation :
Purée, elle est belle, dis donc l'image de la femme!  No quelle tristesse!

Je comprends ton sentiment mais, pour moi, la littérature de fiction, qu'il s'agisse de Romance ou pas, n'a pas vocation à reproduire une image anthropologique de l'humain, fondée sur des études scientifiques cherchant à tracer les contours d'une généralité.

C'est du reste l'une des raisons pour lesquelles je tends à penser que la littérature - contrairement à la science - peut tout se permettre: parce que, dans l'immense majorité des cas, l'auteur n'a ni l'ambition de nous amener à tirer des conclusions universelles à partir de ses protagonistes, ni le souhait d'édifier moralement. Il s'adonne uniquement à des portraits individuels - dont, par ailleurs, chacun est libre de juger le niveau de crédibilité psychologique.

Ce principe littéraire vaut, je crois, pour la Romance également et si C.J. Roberts veut décrire une femme violentée qui finit par tomber follement amoureuse d'un agresseur lui-même passablement détraqué par son passé, je crois qu'elle est libre de le faire au nom de cette gigantesque peinture de caractères particuliers que constitue l'art romanesque. Son roman ne possède ni visée éducative, ni prétention scientifique: il s'agit d'une histoire bien précise vécue par des personnages bien précis également, lesquels ne représentent personne d'autre qu'eux-mêmes.

Bien sûr qu'un auteur est libre d'écrire ce qu'il veut et de reproduire éventuellement ses propres fantasmes qui ne correspondent pas vraiment aux miens Rolling Eyes et les lecteurs/ lectrices sont libres de lire ce genre de livres mais qu'on arrête de nous vendre ce phénomène de mode comme quelque chose de nouveau alors que des romances avec ce genre de synopsis et ce genre de stéréotypes étaient vraiment légion à une certaine époque! Je pensais que vu les récentes différentes vagues de romances avec des personnages résolument "modernes", "indépendants" et "bien dans leur tête" (et, j'ai pu en lire quelques unes que j'ai), on était passé effectivement à autre chose, à l'image de la femme plus libérée et plus indépendante! Je pense que qu'on le veuille ou non, il y a quand même une certaine vision de la femme ou de l'homme qui est véhiculée à travers un roman, romance ou pas. Un roman n'a pas du tout vocation à reproduire une image anthropologique de l'être humain ni à faire de généralité mais quelque part, il y a la société choisie par l'auteur qui est décrite et de même, par rapport à telle romance qui est prisée par les lectrices, on a une indication sur la société et sur l'être humain qui a envie de lire ce genre de romance! C'est pour ça que je me suis indignée par rapport à l'image de la femme qu'une romance comme Captive in the Dark pouvait renvoyer!

Par ailleurs, j'aime bien avoir la possibilité de m'identifier aux personnages féminins d'un roman ou du moins trouver les personnages sympathiques, or, là, ce genre de personnages à la Fifty Shades, ne m'inspirent aucune empathie! c'est pas du tout mon trip.
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MessageSujet: Re: La romance c'est quoi???   La romance c'est quoi??? - Page 7 Icon_minitimeVen 10 Oct 2014 - 14:49

@ Marie21:

Citation :
Bien sûr qu'un auteur est libre d'écrire ce qu'il veut et de reproduire éventuellement ses propres fantasmes qui ne correspondent pas vraiment aux miens Rolling Eyes et les lecteurs/ lectrices sont libres de lire ce genre de livres mais qu'on arrête de nous vendre ce phénomène de mode comme quelque chose de nouveau alors que des romances avec ce genre de synopsis et ce genre de stéréotypes étaient vraiment légion à une certaine époque!

Ah! Oui, pour ce qui est de la publicité, je pense que les maisons d'édition, à l'instar de tous les vendeurs du monde - tous produits confondus - se jettent sur les accroches potentiellement séduisantes, au détriment de la réalité des publications ou de l'histoire littéraire du genre concerné. Je crains qu'il ne s'agisse là que d'une question de marketing pur, ce-dernier ne visant que très rarement à retraduire fidèlement l'état, passé ou présent, des courants littéraires qu'il tend à valoriser aux yeux des acheteurs.

Citation :
Je pensais que vu les récentes différentes vagues de romances avec des personnages résolument "modernes", "indépendants" et "bien dans leur tête" (et, j'ai pu en lire quelques unes que j'ai), on était passé effectivement à autre chose, à l'image de la femme plus libérée et plus indépendante!

Justement, je ne suis pas sûre que les genres littéraires, quels qu'ils soient, aient vocation à proposer une image universelle des archétypes: la Femme, l'Homme, l'Enfant et cetera. Je crois qu'ils proposent des histoires impliquant des femmes, des hommes et des enfants ne représentant qu'eux-mêmes et n'ayant aucune prétention à illustrer le genre humain tout entier. De même qu'il existe des humains "résolument modernes, indépendants et bien dans leur tête", de même il existe également des personnes conservatrices, maladivement dépendantes ou mal dans leur peau. Et cela sans évoquer la pléiade d'être humains qui se situent quelque part entre ces deux pôles. La question est donc la suivante: pourquoi la Romance ne représenterait-elle pas l'ensemble de ces profils, et ce jusqu'au cas les plus extrêmes de pathologie et de déséquilibre?

Ou alors penses-tu que la Romance devrait se cantonner à proposer des personnages sains et équilibrés, loin de toutes les déviances psychologiques et morales qui existent chez l'humain? Le cas échéant, nous en revenons à la question initiale de ce topic: la Romance n'est-elle Romance que si elle met en scène un certain type bien précis de personnages ou les caractères en présence ne jouent-ils aucun rôle dans la constitution du genre même?


Citation :
Je pense que qu'on le veuille ou non, il y a quand même une certaine vision de la femme ou de l'homme qui est véhiculée à travers un roman, romance ou pas.

Je ne sais pas. Le roman - contrairement à l'essai philosophique -, c'est le règne du particulier. Du portrait personnel. De la trajectoire individuelle. Et, en ce sens, la fiction me paraît refléter non ce qui est, au sein de la société, mais ce qui peut être. Non ce qui existe mais ce qui peut exister. Non ce qui se trouve nécessairement, mais ce qui peut se trouver. De la même manière que toi ou moi ne représentons pas le genre humain à nous toutes seules, de même les personnages ne sont-ils que des figures délimitées, uniques détentrices de leurs pensées et de leurs actions.

Citation :
Un roman n'a pas du tout vocation à reproduire une image anthropologique de l'être humain ni à faire de généralité mais quelque part, il y a la société choisie par l'auteur qui est décrite et de même, par rapport à telle romance qui est prisée par les lectrices, on a une indication sur la société et sur l'être humain qui a envie de lire ce genre de romance!

Ah! Oui, mais là, pour moi, on renverse la perspective et la question n'est plus de savoir si les personnages créés par l'auteur incarnent des prototypes universels mais si les lecteurs identifient lesdits personnages à toutes les hommes et à toutes les femmes côtoyés dans leur vie.

Sur ce point-là, mon intuition est la suivante: étrangement, le monde des fantasmes - amoureux et sexuels - ne recoupe pas nécessairement les comportements ou les valeurs souhaités dans le monde de la société, de la politique ou de la philosophie. Je veux dire par là qu'une femme - ou un homme, peu importe - peut vivre en progressiste bien réelle, pratiquant et encourageant en tous points une égalité de traitement par la loi et, dans un même temps, avoir envie d'endosser le costume de Christian Grey ou d'Anastasia Steele à l'horizontal. C'est pour moi le grand mystère de la sexualité dont on ne sait jamais vraiment comment elle se forme et pourquoi elle évolue dans un sens plutôt que dans un autre.

Il existe, je crois, une sorte d'étanchéité entre la dimension verticale - celle de la vie quotidienne impliquant la famille, les amis, le travail, les activités récréatives - et la dimension horizontale - celle de la sexualité -, lesquelles ne se croisent pas nécessairement en un point déterminé. Ou, pour le dire autrement, les jeux de pouvoir entre dominants et soumis, tels qu'ils semblent être présentés dans Captive in the Dark ou Fifty Shades of Grey, peuvent être prisés par des personnes vivant par ailleurs leur quotidien dans un souci d'équité de traitement éminemment strict. De même, du reste, qu'un couple peut vivre une sexualité "égalitaire" - si tant est que cette expression ait un sens - tout en vivant au quotidien une dynamique complètement déséquilibrée.

Pour résumer, les fantasmes sexuels des lecteurs - fantasmes qui ne sont par ailleurs pas le fruit d'un choix délibéré - et les choix de romans qui en découlent ne disent rien de leur vision anthropologique, sociale et politique.


Citation :
Par ailleurs, j'aime bien avoir la possibilité de m'identifier aux personnages féminins d'un roman ou du moins trouver les personnages sympathiques, or, là, ce genre de personnages à la Fifty Shades, ne m'inspirent aucune empathie! c'est pas du tout mon trip.

Je comprends. Sur cette question de l'identification, je distingue deux problèmes différents. D'une part, comme tu le relèves toi-mêmes, les personnages sont-ils suffisamment sympathiques pour susciter une identification de la part du lecteur? D'autre part, les personnages sont-ils suffisamment crédibles, psychologiquement parlant, pour susciter une identification de la part du lecteur?

Ce sont là deux questions différentes. Pour ma part, je peux, tout à fait m'identifier à des personnages antipathiques ou détraqués, à condition que leur psychologie me paraisse intuitivement réaliste, solide, substantielle, cohérente. En un mot: crédible.


Dernière édition par Dérinoé le Sam 22 Nov 2014 - 19:07, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: La romance c'est quoi???   La romance c'est quoi??? - Page 7 Icon_minitimeSam 11 Oct 2014 - 15:34

Votre discussion est très intéressante.
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MessageSujet: Re: La romance c'est quoi???   La romance c'est quoi??? - Page 7 Icon_minitimeSam 11 Oct 2014 - 23:49

@ Selenh:

Merci. Wink

Et merci à Gaelle d'avoir lancé la discussion.
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MessageSujet: Re: La romance c'est quoi???   La romance c'est quoi??? - Page 7 Icon_minitimeMer 21 Jan 2015 - 12:25

Un article très intéressant sur le complexe de Cendrillon. Perso, il explique très bien ce que je ressens vis à vis des Grey et cie et les nomment enfin pour ce qu'ils sont : des harceleurs. Et aussi et surtout la place de la femme dans ces "contes de fées modernes"

http://www.lecinemaestpolitique.fr/pretty-woman-et-le-complexe-de-cendrillon-2/

L'article en lien à la fin sur Les nuits avec mon ennemi est très bien aussi!
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http://wantingsomethingmore.hautetfort.com/
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MessageSujet: Re: La romance c'est quoi???   La romance c'est quoi??? - Page 7 Icon_minitimeJeu 22 Jan 2015 - 0:09

@ Gaelle:

Merci beaucoup d'avoir relayé cet article, Gaelle.

Je l'ai trouvé très intéressant: certaines choses m'ont semblé fort pertinentes, d'autres plus difficilement défendables ou, à tout le moins, sujettes à débats et à controverses. Je n'ai pas encore lu l'article portant sur le film Les Nuits avec mon Ennemi de Jospeh Ruben (1991) - que j'ai vu il y a très longtemps et qui, nonobstant l'interprétation des deux acteurs principaux, m'a laissé le souvenir d'une intrigue assez fade, reposant exclusivement sur le spectaculaire des scènes de violence conjugale - mais cela ne saurait tarder.

Je voulais réagir sur certains points soulevés par l'article.

Je dois commencer par préciser que, pour explorer ce qu'elle nomme "le complexe de Cendrillon", Julie Gasnier, auteur de l'article, se fonde sur le célèbre Pretty Woman de Garry Marshall (1990) et dérive ensuite vers d'autres livres ou d'autres films relevant, selon elle, de la même catégorie: les séries littéraires Twilight de Stephenie Meyer (2005-2008) et Cinquante Nuances de Grey d'E. L. James (2012) ainsi que le film Coup de Foudre à Manhattan de Wayne Wang (2002).

La théorie du "complexe de Cendrillon" est présentée comme suit par l'auteur de l'article:


Julie Gasnier a écrit:
"En psychologie, le "complexe de Cendrillon" désigne un désir inconscient éprouvé par les femmes d’être prises en charge, le plus souvent par leur partenaire masculin. Cette théorie est développée pour la première fois par Colette Dawling dans son livre intitulé Le Complexe de Cendrillon. Le "complexe de Cendrillon" est problématique car il est le résultat direct d’une société patriarcale qui pousse les femmes à se mettre en position d’attente, telle Cendrillon attendant son prince Charmant, plutôt que d’être indépendantes et de prendre le contrôle de leur vie."


Julie Gasnier, Pretty Woman et le Complexe de Cendrillon in Le Cinéma est politique, 12 Novembre 2013.

D'une manière générale, ce que je peine à comprendre et dont nous avions déjà parlé plus haut sur ce fil, c'est pourquoi ou en quoi un livre ou un film serait censé donner une image de la Femme, c'est-à-dire de ce qui constituerait un essence - réelle ou fantasmée - du sexe féminin. Tout l'article repose sur l'idée que les différentes oeuvres mentionnées participent d'une représentation sociale et politique du féminin, laquelle aurait vocation à véhiculer une image universelle de la Femme. Ou, pour le dire autrement, une image universelle de ce qui est commun à toutes les femmes de par le sexe qui est le leur.

Or, pour moi, la fiction - littéraire ou cinématographique -, constitue le règne de l'individuel et du particulier: elle déroule pour nous des caractères et des histoires singuliers qui n'incarnent qu'eux-mêmes, comme chacun de nous, en ce monde, ne représente par ses actes et ses pensées que lui-même, et rien d'autre.

Et j'ajouterais même que, pour ma part, lorsque je lis des romans ou que je visionne des films, j'aurais tendance à extrapoler un personnage à toute une catégorie de la population selon ses traits de caractères et ses attitudes, non selon son sexe. Par exemple, des personnes, à l'instar de Vivian, l'héroïne de Pretty Woman,  fraiches, spontanées, gentiment provocatrices par manque d'assurance en elles ou par accumulation de galères, j'en connais parmi les femmes et j'en connais parmi les hommes. De même, des personnes, l'instar d'Edward, le héros de Pretty Woman, dissimulant un vague à l'âme lancinant derrière une indifférence un brin cynique et une désinvolture de façade, j'en connais parmi les hommes et j'en connais parmi les femmes. Et c'est selon cette grille de lecture psychologique que je rattacherai les deux personnage principaux à des êtres qui m'entourent ou à moi-même, non en fonction de leur sexe.

De même, l'article présuppose que la spectatrice aura tendance à se projeter uniquement dans le personnage féminin en tant qu'il est un personnage féminin. En ce qui me concerne, c'est faux et cela n'a jamais été le cas, ni lorsque j'étais adolescente, ni aujourd'hui. A divers égards, je peux m'identifier tout à tour à Vivian et à Edward mais aussi à Kit, la bonne copine de galère un rien à la dérive, Barney, le classieux Directeur de l'hôtel à la fois phlegmatique et estomaqué, ou James, le chaleureux entrepreneur  révolté par le cynisme d'Edward.

D'une certaine manière, j'ai presque le sentiment que l'auteur de l'article, en présupposant mes réactions de spectatrice face au film, me dicte et m'impose une certaine conduite - l'identification avec Vivian en tant que nous sommes toutes deux des femmes - au lieu que de commencer par me (ou se) demander avec qui je ressens le plus d'affinité psychologique ou morale. A savoir, avec une bonne partie des personnages, selon le moment de l'histoire, le comportement adopté, les sentiments démontrés et la psychologie dévoilée par à coups.

Lorsque je regarde Pretty Woman, j'ai l'impression de suivre l'histoire de différents personnages - dont certains se trouvent être des femmes et d'autres non - qui se croisent et s'entre-croisent dans un ballet unique, sans rapport aucun avec le statut socio-politique des femmes et des hommes au sein de la société qui est mienne. Personnages avec qui je m'identifie plus ou moins selon les cas, indépendamment des sexes, des origines, des ethnies, des croyances religieuses, des milieux sociaux, des orientations sexuelles et du parcours de vie.

De ce fait, en tant que lectrice ou spectatrice, la question de la représentation des sexes s'efface pour moi toujours derrière celle de la crédibilité de l'intrigue et des personnages - laquelle ne se confond du reste pas avec le caractère commun ou courant d'une histoire ou d'une situation. La seule question qui se pose à moi est la suivante: "Cette histoire et ces personnages tiennent-ils debout?"

Une fois cela dit, j'admets bien évidemment que, dans ce film, comme le démontre l'auteur, l'homme est plus âgé, plus riche et plus puissant que la jeune femme. Que celle-ci est issue d'un milieu très modeste, qu'elle a mis fin à sa scolarité particulièrement tôt, qu'elle ne connaît des usages du monde que ceux de sa campagne et qu'elle survit, difficilement, dans un milieu toxicomane plus ou moins délétère en se prostituant à la petite semaine auprès de clients fortunés.

Mais. Mais...

Dans L'Homme blessé de Patrice Chéreau (1983) ou dans Mysterious Skin de Gregg Arraki (2004), ce sont deux adolescents, l'un issu d'une famille bourgeoise, l'autre d'un milieu pauvre et déglingué, qui se prostituent auprès d'hommes mûrs possédant tantôt le pouvoir de l'argent, tantôt celui des sentiments. Le mythique Autant en emporte le Vent de Victor Fleming (1939) ou, dans un genre totalement différent, le thriller érotique Basic Instinct, de Paul Verhoeven (1992), mettent en scène deux femmes richissimes, brillantes, instruite ou bardée de diplômes selon les cas, et exerçant sur leur entourage une emprise à la fois psychologique et sexuelle totale, et notamment sur les protagonistes de sexe masculin. Dans Match Point, de Woody Allen (2005), un jeune Professeur de tennis désargenté se lie d'amitié avec une famille fortunée dont il finit par épouser la fille, les relations de cette dernière lui permettent une ascension sociale fulgurante et un confort matériel inespéré.* Et plus significatif encore, dans Chronique d'un Scandale de Richard Eyre (2006), une mère de famille bourgeoise, mariée à un Professeur d'Université et fille elle-même d'un grand chercheur en économie, entretient une relation sexuelle passionnée avec l'un de ses élèves adolescents, issu d'un milieu plus que modeste. Enfin, dans Ma Vie avec Liberace de Steven Sorderbergh (2013) - dont je rappelle qu'il s'agit d'un biopic et, par conséquent, du reflet, partiel au moins, d'une réalité passée -, un artiste richissime et bourré de succès enchaîne les compagnonnages borderlines avec des hommes beaucoup plus jeunes et sans le sou, allant jusqu'à faire remodeler leurs visages à l'image du sien propre. J'ajoute que, nonobstant la fin du film, celui-ci constitue un exemple criant du "complexe de Cendrillon", avec, dans les rôles principaux, deux personnes de sexe masculin. Et ce ne sont là que quelques exemples piochés au hasard d'un vivier de films plutôt grand public.

Ce qui constituerait une attitude politique éminemment sexiste, de la part du monde cinématographique, serait que les scénaristes et leurs producteurs se bornent, par idéologie, à nous servir exclusivement et ad nauseam le modèle présenté dans Pretty Woman. Mais les variations sont tellement nombreuses, en matière de rapports de force ou de domination - qu'ils soient mentaux, physiques, sociaux, intellectuels, économiques ou sexuels - que je me trouve confortée dans l'idée que "le complexe de Cendrillon" ne constitue qu'un type d'intrigues parmi tant d'autres, non un matraquage politique décidé en haut lieu par un patriarcat organisé.

Du moins est-ce ainsi qu'en tant que simple spectatrice, je reçois les livres et les films que j'ai le plaisir de croiser sur ma route.

*Je trouve même très intéressant que la trame du film fasse écho à celle d'Anna Karénine de Léon Tolstoï (1877) où, une femme, l'héroïne, est déchirée entre les devoirs de la vie conjugale et une passion dévorante pour son amant. Ainsi, dans Match Point, le schéma est-il exactement symétrique, à ceci près que la figure plongée en plein dilemme est celle d'un homme, de surcroît inféodé au pouvoir social de son épouse. C'est dire si le cinéma offre des variations différant largement de celle de la femme jeune et belle, soumise à la toute-puissance d'un homme riche et influent.
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MessageSujet: Re: La romance c'est quoi???   La romance c'est quoi??? - Page 7 Icon_minitimeJeu 22 Jan 2015 - 20:33

Dérinoé a écrit:
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De même, l'article présuppose que la spectatrice aura tendance à se projeter uniquement dans le personnage féminin en tant qu'il est un personnage féminin. En ce qui me concerne, c'est faux et cela n'a jamais été le cas, ni lorsque j'étais adolescente, ni aujourd'hui. A divers égards, je peux m'identifier tout à tour à Vivian et à Edward mais aussi à Kit, la bonne copine de galère un rien à la dérive, Barney, le classieux Directeur de l'hôtel à la fois phlegmatique et estomaqué, ou James, le chaleureux entrepreneur  révolté par le cynisme d'Edward.

D'une certaine manière, j'ai presque le sentiment que l'auteur de l'article, en présupposant mes réactions de spectatrice face au film, me dicte et m'impose une certaine conduite - l'identification avec Vivian en tant que nous sommes toutes deux des femmes - au lieu que de commencer par me (ou se) demander avec qui je ressens le plus d'affinité psychologique ou morale. A savoir, avec une bonne partie des personnages, selon le moment de l'histoire, le comportement adopté, les sentiments démontrés et la psychologie dévoilée par à coups.

Lorsque je regarde Pretty Woman, j'ai l'impression de suivre l'histoire de différents personnages - dont certains se trouvent être des femmes et d'autres non - qui se croisent et s'entre-croisent dans un ballet unique, sans rapport aucun avec le statut socio-politique des femmes et des hommes au sein de la société qui est mienne. Personnages avec qui je m'identifie plus ou moins selon les cas, indépendamment des sexes, des origines, des ethnies, des croyances religieuses, des milieux sociaux, des orientations sexuelles et du parcours de vie.

De ce fait, en tant que lectrice ou spectatrice, la question de la représentation des sexes s'efface pour moi toujours derrière celle de la crédibilité de l'intrigue et des personnages - laquelle ne se confond du reste pas avec le caractère commun ou courant d'une histoire ou d'une situation. La seule question qui se pose à moi est la suivante: "Cette histoire et ces personnages tiennent-ils debout?"


La romance c'est quoi??? - Page 7 999779 Ah merci Derinoe de soulever ce point où on a l'impression que pour l'auteur de l'article, parce que nous sommes des femmes et que l'héroine de Pretty Woman est une femme, on devrait obligatoirement s'identifier à elle et qu'on devrait condamner le comportement d'Edward!!! on ulpabiliserait presque d'avoir aimé ce film! La romance c'est quoi??? - Page 7 639488 Alors, oui, certes, je l'ai vu quand j'étais jeune ado et je l'avais trouvé très drôle, on ne voit pas forcément l'ascendant qu'à Edward sur Vivian mais moi ce qui m'intéresse quand je vais voir un film, c'est si l'intrigue et les personnages sont bien! Point barre...la question de la représentation des sexes ne se pose même pas dans mon esprit! scratch

N'empêche, cet article est quand même très intéressant, et c'est sûr qu'il y a des aspects dans le film qui font maintenant un peu grincer des dents et puis, je garde mes doutes sur la future vie de couple d'Edward et de Viviane (l'homme a quand même été déjà marié, donc je ne suis pas sure que cela aurait tenu longtemps!!^^) bon bref, peu importe!!!

J'ai beaucoup aimé celui sur Sleeping with My Enemy, film qui m'avait aussi plu!!! articles quand même intéressants!
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MessageSujet: Re: La romance c'est quoi???   La romance c'est quoi??? - Page 7 Icon_minitimeVen 23 Jan 2015 - 0:12

@ Marie21:

Citation :
Ah merci Derinoe de soulever ce point où on a l'impression que pour l'auteur de l'article, parce que nous sommes des femmes et que l'héroine de Pretty Woman est une femme, on devrait obligatoirement s'identifier à elle et qu'on devrait condamner le comportement d'Edward!!!

Merci. Et oui, tout à fait. Wink

Aussi bizarre que cela puisse paraître aux yeux de certains spécialistes des études de genre, lorsque je regarde Pretty Woman ou que je lis Cinquante Nuances de Grey, je m'identifie, par moments et selon les épisodes, aux deux personnages principaux - ou, encore, à aucun des deux - et pas uniquement aux héroïnes. De même que lorsque j'étais enfant, je me projetais dans des personnages masculins et féminins sans distinction de sexe ou de race: humains, animaux, objets vivants, fées, aventuriers, princesses, archers, je crois que j'étais avant tout séduite ou touchée par des caractères et des intrigues et que le phénomène d'identification ne reposait ni sur le sexe, ni même sur l'humanité des personnages.

De même, je ne crois pas que, lorsque le phénomène d'identification est tout à fait absent, ce soit en raison du sexe des protagonistes.


Citation :
Alors, oui, certes, je l'ai vu quand j'étais jeune ado et je l'avais trouvé très drôle, on ne voit pas forcément l'ascendant qu'à Edward sur Vivian mais moi ce qui m'intéresse quand je vais voir un film, c'est si l'intrigue et les personnages sont bien! Point barre...la question de la représentation des sexes ne se pose même pas dans mon esprit! scratch

Totalement d'accord avec toi. J'ai moi aussi vu ce film assez jeune - avant même l'adolescence, je pense - et je n'ai à aucun moment associé la perception des deux sexes à un schéma de domination patriarcal. (Notons bien que l'une des thèses défendues par l'article réside dans l'idée que Pretty Woman, à l'instar de nombreuses autres productions hollywoodiennes grand public, tend à perpétuer sciemment un modèle de domination masculine visant à conforter la spectatrice moyenne dans des rêves, des projections et un système de valeur fondamentalement inégalitaires.)

Ce n'est pas la prostitution que je percevais comme une activité horrible ou douloureuse mais ce que je pressentais, confusément, comme étant l'obligation de la prostitution, soit la contrainte d'une relation sexuelle - laquelle, précisément, n'intervient pas dans ce film puisque Vivian accepte librement de suivre Edward dans sa chambre d'hôtel, puis de passer une semaine, âprement négociée, avec lui. A partir du moment où l'héroïne était consentante, je ne percevais pas leur relation comme une dynamique de domination mais d'échange: l'argent contre une prestation sexuelle et sociale. Même jeune et bien que je n'y aurais pas mis les mêmes mots qu'aujourd'hui, il me semble que je faisais parfaitement la différence entre la contrainte - générée par la menace, le chantage ou la brutalité - et le contrat qu'implique une relation tarifée consentie.

De là, toute mon analyse du film, des scènes et des personnage diffère de celle que propose l'auteur de l'article.

Par exemple, dans la fameuse scène de shopping où Edward accompagne Vivian dans les luxueuses boutiques où elle a d'abord été méprisée et refoulée pour son allure détonnante, je n'interprète pas du tout leur dynamique comme celle d'un pygmalion cherchant à remodeler selon son goût une jeune femme incapable de lui résister. Au contraire, j'ai le sentiment que derrière les sommes dépensées, il cherche surtout à effacer l'affront - moral, non économique - qu'elle a subi la veille et qui l'a profondément blessée. De plus, outre son aspect franchement comique, essentiellement du à l'obséquiosité empressée de vendeurs surexcités par la perspective d'une généreuse commission, la scène transvase également le plaisir enfantin éprouvé par Vivian, jeune femme pauvre n'ayant sans doute jamais eu l'occasion de faire les boutiques, sur le personnage, en général atone et blasé, d'Edward.

C'est là du reste l'un des ressorts principaux du film en général: une héroïne dont le quotidien est difficile et semé d'embûches, accueille avec une fraîcheur, un enthousiasme et un humour désarmants tous les cadeaux de l'existence qu'un héros, vraisemblablement gâté par la vie, peine à savourer à leur juste valeur. Certes, le motif est un brin cliché mais je n'y vois a priori rien de sexiste en tant que tel. C'est la mise en contraste des deux héros ainsi que la contamination d'Edward par Vivian - et non l'inverse! - qui font tout le charme de leur relation et, partant, du film.


Citation :
J'ai beaucoup aimé celui sur Sleeping with My Enemy, film qui m'avait aussi plu!!! articles quand même intéressants!

J'ai eu le temps de le lire. Je dois dire que, si je suis d'accord avec la majeure partie des analyses produites sur les scènes des Nuits avec mon Ennemi, deux points me laissent toutefois perplexe.

D'abord, je suis toujours aussi en désaccord sur l'interprétation de Pretty Woman - lequel est mis en parallèle avec Les Nuits avec mon Ennemi -, et ce pour les raisons déjà citées plus haut.

Par exemple, Paul Rigouste, l'auteur de l'article, perçoit la première scène de sexe entre Edward et Vivian comme une sorte de représentation sexiste et erronée des rapports entre client et prostitué:


Paul Rigouste a écrit:
La première scène de sexe entre Vivian et Edward a lieu dans la chambre d’hôtel. Vivian est en train de manger des fraises sur la moquette en regardant la télé, pendant qu’Edward passe des coups de téléphone pour son travail (comme il le fait pendant la quasi-totalité du film, homme si important qu’il est).

L’ambiance créée par la mise en scène n’est pas du tout glauque, mais au contraire assez sympathique, notamment parce que Vivian s’amuse comme une folle devant son émission. Lorsqu’il en a fini avec son travail, Edward s’assoit sur le fauteuil à côté d’elle pour la regarder s’amuser. Vivian s’approche alors de lui, se déshabille, et lui fait une fellation.

Certes, cette scène n’est pas présentée comme un moment romantique mais au contraire comme une relation purement sexuelle (les seules paroles qu’ils échangent consistent à se dire qu’ils ne s’embrasseront pas sur la bouche). Néanmoins, ce moment de sexe n’est absolument pas montré sous un jour défavorable, au contraire. Or ce qui se joue ici est pourtant loin d’être innocent. Des rapports de domination traversent cette première relation sexuelle entre Edward et Vivian, mais le film prend bien soin de ne pas les montrer comme problématiques.

Déjà, alors qu’il s’agit d’un rapport sexuel tarifé entre un client et une prostituée, donc d’un rapport où une femme se soumet aux désirs d’un homme contre de l’argent, le film nous montre Edward dans une position passive, presque surpris par ce qui lui arrive. Vivian prend en effet toutes les initiatives, à un point où on a presque parfois l’impression que c’est plus elle que lui qui a envie de cette fellation.

De surcroît, la mise en scène qui précède l’acte érotise le rapport de pouvoir qui existe entre Edward et Vivian. La prostituée est en effet clairement infantilisée (elle est assise par terre, mange des fruits et rigole devant une émission comique) tandis qu’Edward la regarde d’un air attendri après avoir fini son travail, comme un père regarderait sa fille. La différence d’âge entre les deux acteurs (de presque 20 ans d’écart) ainsi que les inégalités de capital culturel et économique qui caractérisent les deux personnages vont dans le même sens.


Paul Rigouste, Sleeping with the Enemy (1991): le cauchemar de Pretty Woman in Le Cinéma est politique, 17 Novembre 2013.

Pour ma part, je n'ai pas du tout ressenti la scène comme telle.

D'abord, je ne trouve pas que Vivian soit infantilisée par sa posture dans les minutes qui précèdent leur première relation sexuelle. L'attitude qui est la sienne - assise déchaussée sur le tapis, s'amusant d'un vieux programme humoristique gentillet en dégustant les fraises qui accompagnent le champagne - reflète sa personnalité, celle qui nous est montrée tout au long du film et qui, je trouve, sans représenter le Féminin en général, est psychologiquement tout à fait crédible. Vivian est une jeune femme décomplexée qui s'embarrasse peu de manières, s'amuse facilement de ce qui l'entoure et, mettant entre parenthèses les galères du quotidien, tente de profiter du moment présent autant que faire se peut. Décontractée, elle s'organise, comme elle le dit, un "pique-nique moquette" sympathique et détendu - enfant, j'avais adoré cette expression - en attendant que Monsieur en ait fini avec ses coups de fil et ses palabres sans fin. Bref, fidèle à elle-même, Vivian n'attend pas les ordres d'Edward au garde-à-vous: elle vit sa vie en inondant l'espace de son rire communicatif, comme elle le fera tout au long du film.

Ensuite, je n'ai pas eu le sentiment que le comportement attribué par les scénaristes à Vivian au moment où elle entreprend la fellation tente d'instiller l'idée que la femme, même sous contrat, ne peut que s'enflammer de désir pour le pénis. Mon impression, c'est qu'elle est avenante et souriante parce qu'il la paie pour un service qui inclut, outre une prestation sexuelle, un minimum d'allant et de désir apparent.

Je ne voudrais pas tirer des parallèles malvenus mais, lorsque je travaillais à la caisse d'une grande surface, je passais mon temps à sourire aux clients - y compris à des plaisanteries d'un goût parfois douteux - et à me montrer aussi avenante que possible parce que l'on me rémunérait non seulement pour un travail technique mais, également pour un certain type de comportement. De comportement commercial. C'est un peu comme cela que j'analyse le désir de façade exprimé par Vivian à ce moment-là.

Quant à Edward, je ne le trouve pas passif mais fidèle à la psychologie qui nous est montrée tout au long de l'histoire: réservé - presque un peu roide parfois -, secret, bien élevé et possédant une certaine classe qui transparaît également dans le cadre d'une relation sexuelle tarifée. Ce qui me paraît assez crédible, je dois dire.

Ensuite, je dois avouer que le présupposé de la comparaison entre les deux films me pose un très, très gros problème: l'auteur semble partir du principe que Martin, le personnage de l'époux dans Les Nuits avec mon ennemi, ne constitue qu'une évolution naturelle du mâle dominateur présenté dans nombre de fictions romantiques et que la plupart des comportements estampillés virils que nous servent les romances - jalousie vis-à-vis de ceux qui approchent la femme aimée, désir de tout apprendre à son sujet, besoin de la protéger de l'extérieur et cetera - aboutit à ce type de dérapages gravissimes après quelques années de ménage.

Pour ce faire, Paul Rigouste cite une universitaire américaine, Jane Caputi, ayant consacré au film une analyse de genre. Je reproduis ci-dessous un extrait traduit de l'article en question ainsi que quelques lignes de commentaires de Paul Rigouste lui-même:


Jane Caputi a écrit:
"« Celle-ci montre que, dans beaucoup de cas, les mêmes comportements qui ont attiré la femme dans la première phase de la relation sont intimement liés aux comportements ouvertement abusifs qui caractérisent la deuxième phase de la relation, lorsque les amants sont engagés l’un envers l’autre. De tels comportements incluent, par exemple, la jalousie (qui, au début, fait que la femme se sent spéciale et objet d’attention, mais qui catalyse ensuite la violence physique du mari); l’attention particulière que l’homme porte aux vêtements et aux particularités de comportement de celle qu’il aime (qui se manifeste plus tard sous une forme obsessionnelle dans le besoin de contrôler tous les aspects de son apparence); le fait que l’homme ait un rôle de "protecteur", prêt à user de la violence contre les autres (signe qu’il pourra être porté à tourner cette violence contre elle), et la femme un rôle de "protégée" (le conduisant plus tard à réclamer d’elle une éternelle gratitude). »

Cette remarque est particulièrement intéressante dans sa manière d’attirer l’attention sur ce que renferment "en puissance" les comportements masculins communément érotisés (notamment dans les films). Lorsqu’on réfléchit à ces "qualités" masculines qui sont souvent présentées aux femmes comme désirables, on s’aperçoit en effet qu’elles sont très souvent des qualités de dominants. En invitant les femmes à être attirées par de tels comportements, les films ou autres discours qui véhiculent ce genre de représentations érotisent donc clairement un rapport de domination. Et cela marche évidemment dans les deux sens : de la même manière que les femmes sont invitées à désirer des hommes dominateurs, les hommes sont aussi invités à désirer des femmes soumises et faibles (ou en situation de faiblesse)."


Jane Caputi, "Sleeping with the Enemy as Pretty Woman, Part II? Or what happened after the princess woke up" in Journal of Popular Film and Television 19:1, 1991, p. 2-8, citée et commentée par Paul Rigouste.

Alors là... Je suis assez réservée.

Pour moi, Martin est un véritable détraqué mental. Gravement atteint dans sa psychologie et dans son comportement. Il s'agit d'un violeur multi-récidiviste, violent physiquement et moralement menaçant. Le fait qu'il exerce ses perversions sur son épouse ne change rien à son profil, franchement criminel. Je suis intimement convaincue d'une part que ce genre de comportement n'est ni courant, ni anodin, d'autre part qu'il résulte probablement d'un parcours de vie délétère et traumatique. (Je n'ai jamais considéré comme raisonnablement défendable l'hypothèse selon laquelle un humain ayant vécu toute sa vie dans un milieu à peu près équilibré et respectueux puisse se muer en violeur ultra-violent après avoir visionné un film de Gaspard Noé ou s'être vu repoussé par une femme dans un bar.)

Ainsi, je réfute l'idée selon laquelle un certain nombre de comportements acceptables perçus comme romantiques au début d'une relation - jalousie, désir de tout savoir sur l'autre, attitude protectrice - soit naturellement susceptible de dégénérer en viols et en passages à tabacs réguliers, et ce pour une raison bien précise. Pour moi, entre le comportement possessif ou raisonnablement dominateur qui peut être celui d'un conjoint, femme ou homme, au sein d'une relation consentie et la violence criminelle caractérisée à l'endroit d'un partenaire, il n'y a pas une différence de degré mais de nature et je ne crois pas que l'on passe de l'un à l'autre si aisément en suivant la pente naturelle du mariage.

De ce fait, j'ai quand même beaucoup de peine à admettre que les éléments de domination économique, sociale et psychologique perçue dans Pretty Woman - à supposer même que ces éléments existent - constituent le prélude des graves exactions commises par Martin dans Les Nuits avec mon Ennemi.

Il existe des Edward, il existe des Martin, il existe également beaucoup d'entre deux ainsi que de nombreux profils sans rapport avec eux. Qu'Edward, tel qu'il nous est présenté dans Pretty Woman, puisse devenir Martin après quelques mois de vie commune, je ne le crois pas. Que les jeux de domination et de pouvoir librement consentis au sein d'une relation renferment nécessairement en eux-mêmes le capital génétique du viol, de la brutalité, de la menace et de la folie, je ne le crois pas non plus.

La question sous-jacente à ma critique est la suivante: quelle est l'origine de la violence sexuelle, physique et morale commise de manière répétée?
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MessageSujet: Re: La romance c'est quoi???   La romance c'est quoi??? - Page 7 Icon_minitimeVen 23 Jan 2015 - 11:18

Derinoe a écrit:
[justify]
puisque Vivian accepte librement de suivre Edward dans sa chambre d'hôtel, puis de passer une semaine, âprement négociée, avec lui. A partir du moment où l'héroïne était consentante, je ne percevais pas leur relation comme une dynamique de domination mais d'échange: l'argent contre une prestation sexuelle et sociale. Même jeune et bien que je n'y aurais pas mis les mêmes mots qu'aujourd'hui, il me semble que je faisais parfaitement la différence entre la contrainte - générée par la menace, le chantage ou la brutalité - et le contrat qu'implique une relation tarifée consentie.

Par exemple, Paul Rigouste, l'auteur de l'article, perçoit la première scène de sexe entre Edward et Vivian comme une sorte de représentation sexiste et erronée des rapports entre client et prostitué:



D'abord, je ne trouve pas que Vivian soit infantilisée par sa posture dans les minutes qui précèdent leur première relation sexuelle. L'attitude qui est la sienne - assise déchaussée sur le tapis, s'amusant d'un vieux programme humoristique gentillet en dégustant les fraises qui accompagnent le champagne - reflète sa personnalité, celle qui nous est montrée tout au long du film et qui, je trouve, sans représenter le Féminin en général, est psychologiquement tout à fait crédible. Vivian est une jeune femme décomplexée qui s'embarrasse peu de manières, s'amuse facilement de ce qui l'entoure et, mettant entre parenthèses les galères du quotidien, tente de profiter du moment présent autant que faire se peut. Décontractée, elle s'organise, comme elle le dit, un "pique-nique moquette" sympathique et détendu - enfant, j'avais adoré cette expression - en attendant que Monsieur en ait fini avec ses coups de fil et ses palabres sans fin. Bref, fidèle à elle-même, Vivian n'attend pas les ordres d'Edward au garde-à-vous: elle vit sa vie en inondant l'espace de son rire communicatif, comme elle le fera tout au long du film.

Ensuite, je n'ai pas eu le sentiment que le comportement attribué par les scénaristes à Vivian au moment où elle entreprend la fellation tente d'instiller l'idée que la femme, même sous contrat, ne peut que s'enflammer de désir pour le pénis. Mon impression, c'est qu'elle est avenante et souriante parce qu'il la paie pour un service qui inclut, outre une prestation sexuelle, un minimum d'allant et de désir apparent.

Je ne voudrais pas tirer des parallèles malvenus mais, lorsque je travaillais à la caisse d'une grande surface, je passais mon temps à sourire aux clients - y compris à des plaisanteries d'un goût parfois douteux - et à me montrer aussi avenante que possible parce que l'on me rémunérait non seulement pour un travail technique mais, également pour un certain type de comportement. De comportement commercial.

La romance c'est quoi??? - Page 7 999779 Tout à fait d'accord avec toi...Cette scène est purement commerciale!!! Il l'a payé pour qu'elle passe d'abord un moment avec lui à l'hôtel et ensuite toute la nuit pour faire son boulot de prostituée et c'est ainsi qu'elle voit les choses!! elle est d'ailleurs déroutée au début par l'attitude d'Edward, qu'il ne soit pas pressé de "consommer" et de mon point de vue, elle a plutôt envie que ça se fasse vite car je perçois Vivian comme quelqu'un qui a peur de trop s'attacher aux gens!!! Elle s'est fait trop avoir par les gens et du coup, elle entend bien mettre une barrière purement professionnelle entre eux, c'est pour ça que l'argent revient souvent sur le tapis dans ces 1ères scènes à l'hôtel!!! Quand il finit par s'assoir sur le fauteuil et que Vivian est en train de regarder son émission, elle sait qu'est venu le moment pour elle de faire ce pour quoi il l'a payé! Wink Je n'ai jamais vu de domination là dedans mais simplement un acte purement professionnel!!! Je vois encore moins le désir de Vivian!! Par contre, plus tard dans le film, oui, elle commence à être attirée par lui et elle commence à prendre du plaisir dans ce qu'elle fait! Prostituée ou pas, Vivian n'est pas un être dénué de tout désir et de toute émotion! bien au contraire, c'est une personne chaleureuse, faite de chair et de sang! et à partir du moment où elle commence à s'attacher à Edward, c'est normal qu'elle prenne du plaisir ou qu'elle ressente du désir dans les rapports sexuels! Wink

Derinoe a écrit:
Jane Caputi a écrit:
[color=#660000]"« Celle-ci montre que, dans beaucoup de cas, les mêmes comportements qui ont attiré la femme dans la première phase de la relation sont intimement liés aux comportements ouvertement abusifs qui caractérisent la deuxième phase de la relation, lorsque les amants sont engagés l’un envers l’autre. De tels comportements incluent, par exemple, la jalousie (qui, au début, fait que la femme se sent spéciale et objet d’attention, mais qui catalyse ensuite la violence physique du mari); »

[color=#0033cc]Alors là... Je suis assez réservée.

Pour moi, Martin est un véritable détraqué mental. Gravement atteint dans sa psychologie et dans son comportement. Il s'agit d'un violeur multi-récidiviste, violent physiquement et moralement menaçant. Le fait qu'il exerce ses perversions sur son épouse ne change rien à son profil, franchement criminel. Je suis intimement convaincue d'une part que ce genre de comportement n'est ni courant, ni anodin, d'autre part qu'il résulte probablement d'un parcours de vie délétère et traumatique. (Je n'ai jamais considéré comme raisonnablement défendable l'hypothèse selon laquelle un humain ayant vécu toute sa vie dans un milieu à peu près équilibré et respectueux puisse se muer en violeur ultra-violent après avoir visionné un film de Gaspard Noé ou s'être vu repoussé par une femme dans un bar.)

Ainsi, je réfute l'idée selon laquelle un certain nombre de comportements acceptables perçus comme romantiques au début d'une relation - jalousie, désir de tout savoir sur l'autre, attitude protectrice - soit naturellement susceptible de dégénérer en viols et en passages à tabacs réguliers.
J'avais aussi tiqué sur le parallèle entre la jalousie exprimée par Edward et la jalousie maladive et le comportement violent de Martin! Pour moi, il y a un "monde" entre les deux comportements! C'est à mes yeux un peu normal qu'il éprouve de la jalousie à ce moment-là puisque leur relation est en train de changer vers quelque chose de plus profond et c'est normal que ce soit ça qui fasse fléchir Vivian parce que ça veut dire pour elle qu'il tient à elle!!!No Dans une relation "amoureuse" quand on ne sait pas si l'autre tient à nous ou a des sentiments pour nous, ça fait toujours plaisir de savoir qu'il peut se montrer jaloux et je ne vois pas où est le mal!! ça ne va pas forcément mener à de la jalousie maladive et à un comportement abusif plus tard!!
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MessageSujet: Re: La romance c'est quoi???   La romance c'est quoi??? - Page 7 Icon_minitimeJeu 26 Mar 2015 - 19:37

Derinoé a écrit:
I. Tout d'abord, la Chick' lit' me semble constituer une sous-catégorie du genre plus large de la Romance, lequel repose selon moi sur quatre grands traits distinctifs*:

a) Une trame résidant essentiellement dans le récit d'une histoire d'amour.
b) L'inféodation des trames et des personnages secondaires à l'histoire d'amour première.
c) L'accent mis sur la psychologie, les sentiments et l'état d'esprit des personnages.
d) Un dénouement heureux.

II. Ensuite, et c'est peut-être ce qui distingue la Chick' lit' d'autres sous-genres de la Romance, il me semble que le ton y est généralement léger, frais, enjoué, pétillant, drôle, ironique et, d'une manière générale, marqué par l'humour sous toutes ses formes.

III. Puis, et là je laisserais les spécialistes du Forum corriger ce qui n'est qu'une impression encore assez vague, il me semble que le personnage principal y est presque toujours une jeune femme que nous suivons dans une découverte sentimentale mais, également, dans un parcours professionnel, familial ou personnel plus large initiatique, à certains égards au moins.

IV. Enfin, et c'est là un critère qui détonne par rapport aux trois autres dans la mesure où il ne relève pas du contenu mais de l'arrière-fond social des livres, je pense que nous percevons ce genre comme une littérature uniquement écrite par des femmes, pour un public exclusivement féminin. C'est d'ailleurs là, je suppose, la raison d'être de son nom - littéralement "Littérature de nanas", lequel renvoie au seul critère du féminin.
Comme convenu, je relance ici le débat. Deux remarques toutefois
1/ Je ne place ici du point de vue du lecteur. Sur l'importance du sexe de l'auteur, je n'ai pas d'opinion. J'ai l'impression que cela m'indiffère, mais là n'est pas la question
2/ Je ne suis en aucun cas représentatif de la gente masculine. Certes je suis un homme, mais , à commencer par mon âge et ma génération, il est bien d'autres facteurs pour me définir.
Citation :
C'est pour cela, PapiSido, que je serais très intéressée de savoir à quel type de critères tu penses lorsque tu demandes des suggestions de "Chick' lit'" destinée à des hommes. Des trois premiers critères que j'ai cités plus haut, je n'en vois aucun qui fasse de ce sous-genre une littérature spécifiquement destinée à des femmes. Or, il faut bien que la notion de "Chick' lit'" englobe pour toi au moins un trait exclusivement féminin pour que tu souhaites en connaître des variantes plus adaptées à un public masculin. Ma question est donc la suivante: quel est le trait féminin en question?
Ma question était beaucoup plus naïve: En parcourant les sujets de ce théme "La Romance et sa grande famille : Bit Lit, Chick Lit & Compagnie" Je constate
- d'une part que je n'étais jamais venu y traîner sauf récemment sur le sujet "50shades..." et ce par curiosité sociologique plus que littéraire.
- d'autre part que je n'ai, je crois, jamais rien lu des livres ou auteurs cités dans ce thème bien que mes goûts littéraires soient en général très éclectiques

D'où ma question - sérieuse - même si, pour me conformer aux canons du genre, j'avais choisi un titre léger. Si je voulais essayer, que pourriez vous me conseiller ? Peut-être un jour poserai-je une question analogue pour la littérature asiatique que je ne connais pas davantage .

J'essaie maintenant de me prononcer sur les points soulevés par Derinoé

le point I ne m'inspire guére: jai peine à imaginer m'intéresser à un roman basé sur le seul moteur d'une histoire d'amour, a fortiori avec de longs ou fréquents passages d'introspection de l'héroïne. J'ai dit avoir lu : la trilogie " Sélection" de Kiera Cass "avec  un certain plaisir, malgré quelques irritations de-ci de-là". Ce sont ces passages ou America s'interroge sur "où va mon amour Maxon ou Aspen?" qui m'ont agacé.
Pour d/ j'aime que cela se termine bien, mais ce n'est pas pour moi un élément discriminant

Par contre les histoires d'amour jouent un rôle important, voire essentiel dans beaucoup des livres que j'aime,(presque tous en fait exception faite du Seigneur des Anneaux et de Millenium) je prendrais quelques exemples plus loin. Plus généralement la qualité des personnages et des relations qui s'établissent entre eux est sans doute un élément déterminant dans mon appréciation d'un livre.
Donc
- l'histoire d'amour comme moteur important ou essentiel: oui, j'adhère
- seul moteur? j'ai des doutes ( mais pas de certitude, je demande à voir )

Pour le point II c'est OK, j'aime lire des histoires légères et sympathiques, et s'il y a de l'humour alors tant mieux: c'est ce qui me faisait apprécier les films tirés de Debbie Macomber. Catherine Cookson par contre c'est beaucoup plus lourd. Par ailleurs si je peux aimer la légèreté je n'apprécie pas la futilité et la frontière entre les deux est très ténue et subjective.

point III, là j'achète! Beaucoup de mes livres phares sont des récits d'apprentissage et là l'amour peut tout à fait être le l'élément déclenchant ou le moteur principal, voire unique. Mais l'apprentissage reste alors pour moi le thème central.

Quant au point IV, il est de nature différente et c'est justement lui que nous discutons ici.

Je termine par quelques exemples tirés des livres récemment lus ou relus cf notamment pour tenter de situer le rôle qui joue la romance

Les Animaux dénaturés (Vercors) J'aime le triangle Douglas-Frances-Sybil. Le roman pourrait s'en passer, mais il est essentiel pour mettre un peu de légèreté dans un thème sinon bien lourd.

La nuit des temps (Barjavel) J'ai souvent décrit ce livre comme l'une des plus belles histoires d'amour jamais écrites. Enthousiasme d'adolescent! Une relecture aujourd'hui tempère un peu cet enthousiasme, mais cela reste une belle histoire d'amour. Mais je le vois mal rentrer dans la catégorie Romance

La Belgariade (Eddings) Garion-Ce Nedra, leur histoire est un fil rouge et que dire du triangle Belgarath-Polgara-Poledra ( l'amour entre parents et enfants est il romance ? ). C'est en tout cas assurément la légèreté que donne ces romances qui font sans doute pour moi le charme de cette série

22/11/63(Stephen King). Si on enlève l'histoire d'amour, il ne reste plus grand-chose. Pour la petite histoire je viens de l'emprunter en français pour ma femme, j'ai relu les deux dernières pages et j'y ai encore été de ma larme, et ces deux dernières pages, c'est vraiment de la Chick Lit
Idem pour le voyage de Simon Morley de Jack Finney que je viens de terminer et que je présenterai bientôt.

Timewatch: The Redemption of Christopher Columbus(Orson Dickson Card) L'évolution notamment sentimentale de Diko est là encore complètement au centre de l'histoire. La séparation de Diko et Hunahpu, c'est aussi de la romance pure et c'est une des scènes qui m'ont marqué

Si je vais piocher dans mes "livres de l'année" passés

The Last Ring-Bearer (Kyrill Yeskov)
https://the-inn-at-lambton.1fr1.net/t4641-vu-de-l-autre-cote-du-front-the-last-ring-bearer
Les couples Faramir-Eowyn et Tangorn-Alviss jouent un rôle important( les couples Arwen- Aragorn et sur la fin Celeborn-Galadriel sont eux aussi évoqués mais bien loin de la romance)

Le Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates (Mary Ann Shaffer et Annie Barrows)
https://the-inn-at-lambton.1fr1.net/t1859-le-cercle-litteraire-des-amateurs-d-epluchures-de-patates-de-mary-ann-shaffer-et-annie-barrows?highlight=%E9pluchures
L'histoire d'amour y est moins pregnante, et pourtant de tous les livres que j'ai évoqués c'est sans doute celui que l'on rangerait le plus volontiers dans la catégorie Chick Lit ( ? ).

Donc je n'ai rien contre la romance, bien au contraire. Je la retrouve partout dans mes livres favoris.
Mais suffit-elle pour faire un roman ( à mon goût bien sur)?
Je n'en sais rien.

J'ai bien conscience que mon message ne fait pas beaucoup avancer le débat, mais j'ai au moins tenté de clarifier ma position et mes attentes

Pour terminer
Citation :
Mais, dans ce ce second cas, j'émets une réserve déjà exprimée sur le fil de Cinquante Nuances de Grey: pour ce qui est de la question du lectorat à tout le moins, il me semble difficile de savoir quelle proportion d'hommes lit et apprécie réellement ce type de littérature, ce dans la mesure où un aveu sincère risque fortement de porter préjudice au lecteur masculin. Dans notre société et malgré un progressisme déjà bien installé, un homme qui s'adonne à des comportements, pensées ou activités considérés comme féminins est généralement dégradé aux yeux de son entourage, tant la notion de virilité demeure formatée dans l'esprit et des hommes, et des femmes. En ce sens, je me demande sur quelle base établir des statistiques sérieuses puisque entre les hommes qui censureront leurs lectures pour se conformer à certaine attente de genre et les hommes qui les dissimuleront afin d'échapper aux moqueries et aux insultes, il me semble que nous ne sommes pas près de connaître les proportions réelles de lecteurs masculins et féminins, que l'on parle de Chick' lit' ou de tout autre genre littéraire.
C'est je pense très vrai, mais je ne me sens pas concerné: si tant est que j'ai jamais eu cette attitude de jeune coq, j'ai passé l'âge de ces gamineries.
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La romance c'est quoi???
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