Rachel Cusk : Arlington Park

Rachel Cusk est une romancière anglaise née en 1967.

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J'ai terminé Arlington Park, excellent roman, sans aucun doute.

Un début un peu laborieux, une cinquantaine de pages à tourner, le temps de prendre ses marques dans un style d'écriture parfois difficile, mais dont on sent toujours que ça en vaut la peine.

Une netteté scrupuleuse, faite de détails poétiques mais implacables, pour décrire la vie moderne.
Les habitudes des personnages, leur cadre de vie, montrent l'aisance matérielle, la pensée faussement libre, égoïste, au mieux facile, irréfléchie, une uniformisation déprimante, faite d'automatismes, de répétitions, où on ne se pose plus de questions sur la raison et la façon d'agir, malgré la douleur et l'incompréhension ressenties.

Rachel Cusk n'est pourtant pas si cruelle, car si les personnages sont vus les uns par les autres, et ne s'épargnent pas, elle leur offre aussi d'être perçus de manière plus interne, adoucissant leurs pensées, expliquant, si ce n'est parfois excusant ainsi leur façon d'être.
Elle s'intéresse surtout aux femmes, épouses et mères avant tout. Elle n'hésite pas à lancer plusieurs fois des phrases, donc des idées, peu charitables sur les suites de l'amours, la vie avec un homme. Mais qu'elle évoque une sortie dans un centre commercial ou la préparation d'un repas, les discussions de couple, d'amis, de parents, cela peut parler à tous, et c'est rarement réjouissant.
Je pense en particulier à la scène du centre commercial. Car même si on est pas forcément dans la situation sociale, familiale ou psychologique de ces femmes, qui n'a jamais fait les boutiques ou déjeuné dans une cafétéria, content et satisfait ? Eh bien, lire ça c'est dur, car montré à la manière de Cusk, on voit (trop) pointilleusement toute notre médiocrité contemporaine.

Lu sur la couverture et ailleurs qu'on reconnaît le style de Virginia Woolf dans ce roman. J'étais dubitative devant cette référence, n'y croyant pas trop, pourtant ça ne fait aucun doute.
Un roman totalement ancré dans l'aujourd'hui, avec des personnages dont nous partageons l'époque, le mode de vie, pas celui de 1910, et qui pourtant se rapproche tant de Woolf, c'est une expérience troublante, qui pour moi a été presque gênante.

Je ne sais pas si je vous donne envie avec ça mais c'est pour de bon une lecture à tenter.

Hé bien ton avis me donne très envie à moi ! Merci d'avoir créé ce topic, Dulcie.

Comme je te le disais j'avais déjà été interpellée par un billet sur ce livre sur un blog, et ce que tu en dis attise encore plus ma curiosité !

Je suis en train de le lire (on bosse dessus en cours d'anglais) et bon je peine un peu parfois sur la VO, mais c'est fascinant, bien écrit pour ce que je peux en juger, mais d'un déprimant.



Je pense que j'envisagerais une relecture en français, pour mieux saisir les subtilités. En attendant, mon seul réel bémol, c'est que malgré des passages très justes, il y a pas mal de clichés aussi, notamment sur les femmes au foyer.

Et puis je tiens à protester contre la couverture anglaise, dès que je la regarde j'ai le moral à zéro. L'édition française est plus sympa et reste en accord avec le livre.... La preuve en images :

Spoiler:

Je ne sais plus trop par quel biais je me suis retrouvée à lire ce livre
Je viens de le finir et je l'ai trouvé profondément déprimant, même si c'est très bien écrit et décrit. On retrouve en effet un peu de Virginia Woolf même si je suis peu familière de cet auteur...

Je ne m'en souviens plus trop mais comme on peut le voir dans mon message, j'avais été pas mal impressionnée par ce roman.

J'ai depuis lu 2 autres livres de Cusk : Contrecoup (à tendance autobiographique sur sa relation avec son ex-mari et leur divorce). Lu il y a 4, 5 ans, je n'en garde aucun souvenir mais je sais que j'avais plutôt apprécié à l'époque. Et puis Disents-ils, un roman, que j'avais par contre trouvé ennuyeux même si ça se laissait lire.

Je suis donc partagée sur cet auteur, je sais qu'il existe 1 ou 2 autres livres d'elle qui peuvent potentiellement m'intéresser mais sans empressement de ma part.

J'en ai effectivement gardé le souvenir d'une lecture archi déprimante.

Le problème dans mon cas c'est que je l'ai lu en anglais, et que mon niveau n'est pas assez bon pour que je ne sois pas un peu à distance du texte. Comme en plus la narration est déjà relativement distancée, j'en garde un souvenir bizarre. Je ne peux pas dire que je n'avais pas aimé, mais je n'étais pas vraiment rentrée dans ma lecture. Ceci dit je tenterais bien un autre roman de Rachel Cusk en traduction, pour voir.

J'ai lu Transit, second roman de la trilogie "Outline" (après Disent-ils). Je pense lire le dernier volume (Kudos) si j'en ai l'occasion via la bibliothèque, autrement non.

J'ai beaucoup plus apprécié ce 2e ouvrage. Comme je ne me rappelle plus du 1e si ce n'est qu'il m'avait peu convaincue, je ne peux pas réellement comparer. Pourtant les 2 romans sont basés sur le même processus : une narratrice qui demeure assez effacée, anonyme et qui, au gré de ses rencontres, "recueille" les paroles, les confidences, finalement la vie d'autres personnages.

Au départ j'ai craint un roman trop "démonstratif", qui ne fait que relater des actions (la narratrice achète un appartement et entreprend de le faire rénover), mais ensuite on entre davantage dans les histoires et les sentiments de cette ronde de personnages, c'est à chaque fois plutôt intéressant. Sinon je ne sais pas quoi dire pour le qualifier, mais j'ai également bien aimé le style.

Merci pour ton avis, Dulcie