George Sand

Ysabelle a écrit:

(...)
Ce qui m'étonne, c'est qu'elle ne semble pas mentionner les attaques des autres écrivains à son encontre Ce n'était peut-être, pas facile de s'affronter à ces messieurs qui occupaient tout l'espace à l'époque.  

Alors, je répondrai en disant que :

- d'une part, George Sand ne me semble pas d'après ses écrits avoir eu un orgueil d'auteur démesurée, elle écrivait par goût de raconter des histoires, par talent de conteuse, et pour celles et ceux qui apprécient ses histoires. Elle ne se prenait pas pour Victor Hugo ou pour Goethe ; elle dit qu'au début son style était approximatif au niveau grammaire, et qu'elle l'a travaillé pour l'améliorer ; elle a une attitude tout à fait saine vis-à-vis de ses propres capacités ; elle pense avoir des choses à dire, et l'important c'est que son éditeur, Buloz, la publie et lui verse ce qu'il lui doit.

- d'autre part, elle raconte, au moment où elle se décide à écrire, à faire lire son manuscrit à Auguste Hilarion de Kératy, sur les conseils d'un ami ; cet écrivain beaucoup plus âgé qu'elle, a écrit un livre à succès "Le dernier des Beaumanoir", qui raconte, dit-elle, le viol d'une jeune femme crue morte par l'abbé chargé de l'enterrer (!!) ; ce monsieur se moque d'elle et lui enjoint de faire des enfants au lieu d'écrire (elle a déjà ses 2 enfants). Du coup elle le quitte en se disant qu'elle se fiera à son instinct et à son propre jugement pour écrire, peu importe ce qu'en disent les critiques et autres ...

Elle semble avoir eu une forte notion que ce qu'elle faisait était bien, correct, décent. Je ne pense pas qu'elle se moquait du qu'en dira-t-on, elle semble plutôt effarée à chaque fois qu'elle découvre qu'on la dépeint comme une ogresse d'hommes, une femme déguisée en homme, etc ... La bêtise humaine la consterne et l'attriste ; mais elle continue à faire ce qu'elle juge bien, à sa façon.
Elle avait un caractère assez heureux, il me semble.

Merci pour cet éclaircissement, Petit Faucon. Ca semble plus logique, présenté ainsi. Je vois les choses avec mes yeux de femme du 21e siècle et j'ai du mal à accepter certaines pseudo critiques, de la part d'écrivains extrêmement virulents. Ils l'attaquaient sur sa personne, allant jusqu'à user de termes bas et vulgaires. Ils ne l'ont pas critiquée sur ce qu'elle écrivait. Je pensais qu'en parlant de sa vie en 1500 pages, elle pouvait évoquer cela. L'époque n'était déjà pas tendre avec les femmes. De la à les accepter dans des domaines réservés aux hommes, ...

Tes compte-rendu sont passionnants Petit Faucon, je réalise que j’ai une image très fausse de George Sand. J’ai très envie de lire Consuelo.

A ma grande honte, je n'ai encore jamais lu de romans de George Sand. Mais je suis passée pour dire à Petit Faucon que son texte sur la démarche artistique de cette autrice me donne envie de réparer cette lacune dans les années à venir. Sa façon d'aborder ses écrits et préserver son droit à s'exprimer me semblent sains.

Adolescente, j’ai lu La petite Fadette et La mare au diable et je n’étais pas allée plus loin.
Bien plus tard, j’ai eu la chance de jouer le rôle de George Sand dans une troupe amateur et du coup, je me suis intéressée à elle pour préparer le rôle. J’ai lu quelques-unes de ses lettres d’amour à Musset, des lettres à sa mère et j’ai lu Indiana et Lélia.
Elle était liée avec Balzac et c’est la seule femme écrivain de cette période à avoir vécu de sa plume. Baudelaire en était jaloux et l’a traitée de grosse vache ou quelque chose dans ce goût-là.

Merci pour ton retour final Petit Faucon, c'est un bel accomplissement que d'être venue au bout de ces quelques 1500 pages .
Il est vrai que G. Sand a vécu sa vie comme elle l'entendait. Son goût de la liberté et de l'indépendance se ressent dans cette autobiographie.

Je voulais aussi ajouter que la lecture du livre de l'historienne Michelle Perrot : George Sand à Nohant est très intéressante, et permet d'aborder de façon plus resserrée et plus thématique les amis, les lieux, la famille de l'auteure.

on peut lire sur le site de l'éditeur une rapide présentation de cet ouvrage.

Sur George Sand, qui a été très prolifique, avec une centaine de romans, des pièces de théâtre adaptées de ses romans, une abondante correspondance, je pense qu'il faut choisir les romans les plus susceptibles de plaire à chacun(e). Elle a abordé des sujets très variés, et je pense que certains de ces romans sont plus faibles que d'autres ; je pense par exemple à Indiana que j'avais trouvé assez gnangnan, mais qui a aussi ses défenseur.euse.s

Je prévois de lire ce livre de Michelle Perrot d'ici la fin de l'année, j'ai hâte   .

Petit Faucon a écrit:

@ Tatiana : j'ai vu que sa correspondance a été publiée par Georges Lubin dans les années 70, est-ce que tu as déjà repéré des recueils de lettres ?

J'ai oublié de répondre à ta question. J'ai vu qu'un recueil de plus de 400 lettres a été publié chez Folio Gallimard (2004) sous le titre Lettres d'une vie. Et j'avais acheté l'an dernier la correspondance entre George Sand et les Dumas père et fils parue chez Phébus (pas en poche, c'est un gros volume   ). Comme il figure désormais sur mes étagères je m'orienterai vers ce recueil en priorité.

Merci Tatiana pour ta réponse !

Donc tu as les lettres Sand-Dumas, ça doit être intéressant   ; je vais regarder à la médiathèque si ils ont quelque chose ; sinon j'ai vu quelques lettres manuscrites sur le site des Carnets de George Sand dont j'ai donné l'adresse plus haut, j'aime bien son écriture, elle est assez lisible je trouve

Depuis le touchant La Mare au diable, je n’avais plus eu le plaisir de replonger dans les délices de la plume de George Sand. L’un de mes objectifs littéraires 2022 était ainsi de lire l’une de ses œuvres. La collection « Romans éternels » ayant proposé une réédition de certains de ses romans, mon choix s’est porté sur Indiana, premier roman publié par George Sand.
Indiana, jeune créole originaire de l’île Bourbon, est mariée au Colonel Delmare, bien plus âgé qu’elle et qui ne lui témoigne qu’indifférence. Entourée de Noun, sa fidèle suivante et de Ralph Brown, son « protecteur » et ami depuis ses plus jeunes années, Indiana fait la connaissance du jeune Raymon de Ramière dont elle va s’éprendre.
Les personnages de ce roman sont intéressants à suivre, bien que loin d’être attachants ! Indiana, bien sûr, est le personnage central : belle, d’une gentillesse exemplaire, elle est d’une tristesse infinie au début du roman…Sa vie est morose, sans but, sans joie, jusqu’à sa rencontre avec Raymon de Ramière ; l’amour lui redonne alors le goût de vivre. Indiana est une femme difficile à cerner, dont j’ai apprécié la loyauté, la pudeur, la bienveillance, mais qui m’a déçue par certains actes, un abandon total de sa vie à un amour sans avenir, ou encore une certaine « mollesse » de caractère . Raymon m’est tout d’abord apparu comme un « Armand Duval » dont j’ai bien vite compris les divergences : si Armand reste fidèle à Marguerite, Raymond est né pour vivre des amours éphémères, briller en société, assouvir ses désirs sans penser aux conséquences de ses actes sur les autres. Ce personnage ne fera donc pas partie de mes héros préférés de la littérature, loin de là ! Ralph est certainement le personnage m’ayant le plus touchée, en particulier durant les dernières pages qui dressent un portrait émouvant d’un homme dévoué et sincère…

Si j’ai été envoûtée par les mots d’Aurore Dupin / George Sand, ainsi que par sa quête du paradis (dont la conclusion est une merveille en soi ), j’ai néanmoins trouvé l’histoire d’amour peu romanesque et décevante !
Indiana a donc été une lecture qui m’a laissé un sentiment mitigé, par le manque d’éclat de son histoire et des personnages peu marquants, mais dont la narration et le surprenant épilogue m’ont toutefois ravie !

Juliette, merci pour ce beau commentaire. J'ai relu nos commentaires de la lecture de groupe 2016 et je retrouve beaucoup de points communs avec les avis du groupe de lecture.

Je vais prendre le temps de lire vos commentaires suite à votre lecture de groupe !

J'ai offert à mon mari George Sand fille du siècle, de Séverine Vidal et Kim Consigny, paru l'an dernier chez Delcourt, un roman graphique de 344 pages   mais qui se lit facilement.

C'est basé de façon assez fidèle sur Histoire de ma vie, donc, et ça permet de suivre au plus près sa biographie, telle qu'elle l'a racontée.
Les dessins sont agréables, et j'ai beaucoup apprécié cette replongée dans l'univers de l'auteure, et dans les péripéties de sa vie assez riche.


Ici la page de l'éditeur (on peut y lire les 40 premières pages)

Je l'ai lu aussi, j'ai adoré. J'ignorais plein de choses sur George Sand et ce roman graphique est très très complet. Certaines scènes m'ont beaucoup émue. Il plaira sans nul doute aux adeptes de bandes-dessinées biographiques.

Oui le propre de ce genre de BD/romans graphiques, c'est de rendre les écrivains beaucoup plus proches de nous, accessibles !

Ah oui, ce roman graphique me fait de l'œil depuis sa sortie ! Merci pour ces deux retours enthousiastes !

Juliette2a a écrit:

Ah oui, ce roman graphique me fait de l'œil depuis sa sortie ! Merci pour ces deux retours enthousiastes !