J'ouvre un topic à cette autrice iranienne qui a publié des romans et nouvelles (5 ouvrages traduits en français).
Esperluette nous avait proposé de découvrir une de ses oeuvres cette année à la faveur du projet Wentworth, mais malheureusement, le roman proposé (On s'y fera), arrivé 6è de notre classement, ne fera pas partie de notre voyage pour 2020
Pour mémoire en voici le pitch, histoire de vous donner des envies de voyages pour l'après confinement
Spoiler:
« Arezou observa la Xantia blanche qui cherchait à se garer devant l’épicerie. “Je parie que tu vas rater ton créneau, p’tit mec”, grommela-t-elle, le coude sur le rebord de la portière, une main sur le volant. »
Arezou dirige l’agence immobilière qu’elle a héritée de son père. Pour le reste, elle est prise en étau entre une mère aussi horripilante qu’obstinée, et une fille bien partie pour prendre la relève. Jusqu’au jour où Zardjou lui achète une maison… Dans un roman d’une subtilité et d’une vigueur merveilleuses, Zoyâ Pirzâd brosse le portrait d’une société pleine de contradictions et celui d’une femme passionnante, aussi drôle qu’attachante – la version moderne, active et divorcée d’une héroïne de Jane Austen.
Grâce aux éditions Zulma, qui offrent chaque jour une nouvelle gratuite pendant la période de confinement, je vous propose de découvrir Zoyâ Pirzâd avec sa nouvelle "Comme tous les après-midi" (4 pages) que vous pourrez lire ici
Bon voyage en Iran
ludi33 Fairest of all elves
Nombre de messages : 29344 Age : 44 Localisation : Bordeaux Date d'inscription : 21/06/2012
Merci Serenpidity pour l'ouverture de ce sujet. Je télécharge également les nouvelles quotidiennes de Zulma, mais je n'ai pas encore eu le temps de me pencher dessus.
Tu as aimé ?
Juliette2a Tenant of Hamley Hall
Nombre de messages : 28452 Age : 27 Localisation : Entre l'Angleterre et la Thaïlande ! Date d'inscription : 06/03/2012
Merci pour l'ouverture de ce topic, Serendipity ! Je viens de lire la nouvelle et, s'il est difficile de juger une oeuvre en 4 pages, le style de l'auteure est poétique et m'a bien plu
serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12323 Date d'inscription : 31/05/2007
Je télécharge également les nouvelles quotidiennes de Zulma, mais je n'ai pas encore eu le temps de me pencher dessus.
Tu as aimé ?
Comme l'a dit Juliette, cette nouvelle est trop courte pour nous donner une idée plus précise de l'univers de cette écrivaine, mais cette tranche de vie m'a plutôt plu
Spoiler:
J'ai eu peur qu'elle ne se termine mal. Est-ce le contexte actuel qui n'incite pas à l'optimisme ? d'un autre côté, j'ai trouvé touchant de lire le quotidien d'une infirmière iranienne précisément alors que le pays est durement frappé par le covid
Je suis contente d'avoir enfin eu l'occasion de ce premier contact avec Zoya Pirzad, cela faisait trop longtemps que les couvertures de ses livres me faisaient de l'oeil à la médiathèque
Comme toi Ludi, je reçois tous les jours la nouvelle proposée par Zulma, mais le plus souvent, je ne les lis pas car elles sont longues et j'essaie de ne pas infliger de temps d'écran supplémentaire à mes yeux en ce moment. Cet envoi tombait à pic car la nouvelle est vraiment très courte
ludi33 Fairest of all elves
Nombre de messages : 29344 Age : 44 Localisation : Bordeaux Date d'inscription : 21/06/2012
Je lis beaucoup sur écran, mais ma sœur, opticienne, m'a installé des verres anti-bleus. Un vrai plus pour moi qui travail sur ordinateur, je sens vraiment la différence.
Je vais lire la nouvelle assez vite, comme tu dis, elle est très courte.
Quant aux couvertures, c’est Zulma, elles sont toujours magnifiques
esperluette Magnolia-White Ampersand
Nombre de messages : 9312 Date d'inscription : 11/07/2009
Il y a un petit moment que j'ai lu ses livres donc je ne pourrais pas en parler en détails, mais j'ai bien aimé les 2 recueils de nouvelles de Zoyâ Pirzâd que j'ai lus (Comme tous les après-midis justement, et Le goût âpre des kakis). Certaines ont un petit côté conte, d'autres sont très quotidiennes. J'aime beaucoup son sens du détail.
C'est pour ça que j'avais proposé On s'y fera pour le challenge, j'aurais aimé découvrir un de ses romans. Cela reste dans mes projets car j'avais offert ce livre à ma mère de manière tout à fait intéressée (elle aussi aime bien cette autrice), elle pourra donc me le prêter.
Vavyala Wood Full Of Song
Nombre de messages : 4439 Age : 40 Localisation : Entre une forêt francilienne et celle des pages des livres qui m'entourent Date d'inscription : 27/08/2018
Sujet: Re: Zoyâ Pirzâd (Iran, 1952). Mer 3 Juin 2020 - 11:05
Merci serendipity d'avoir ouvert ce topic!
J'avoue que je me suis laissée tentée par cette autrice pour des raisons très futiles (son nom qui a une jolie sonorité, le titre du roman qui m'intriguait et que je trouvais assez poétique - C'est moi qui éteins les lumières - et la couverture des éditions Zulma, magnifique!)
Spoiler:
Il semblerait que ce soit son premier roman (elle avait sorti des recueils de nouvelles auparavant).
Je vous copie la présentation en quatrième de couverture:
Citation :
Clarisse est d'une simplicité de cœur qui la rend spontanément attachante. Autour de cette héroïne malgré elle gravite tout un petit monde: un mari ingénieur, deux adorables et malicieuses jumelles, Armen, le fils vénéré en pleine crise d'adolescence, une sœur à marier un peu revêche, et la vieille mère qui règne sur la maisonnée, dans le quartier arménien d'Abadan. Pourtant la très modeste Clarisse va bientôt révéler sa nature de personnage tchekhovien quand de nouveaux voisins viennent bouleverser l'équilibre affectif de notre femme invisible...
Ce livre est un coup de cœur pour moi!! L'autrice a une plume très sensible pour décrire avec finesse ce qui tisse le quotidien, que ce soit dans les tâches habituelles ou les préoccupations plus extraordinaires que les événements de vie vont soulever. Je retrouve beaucoup de mes sensations de lectrice dans la description de son écriture par "le sens du détail" tel que décrit par esperluette pour deux de ses recueils (que je note ):
esperluette a écrit:
Il y a un petit moment que j'ai lu ses livres donc je ne pourrais pas en parler en détails, mais j'ai bien aimé les 2 recueils de nouvelles de Zoyâ Pirzâd que j'ai lus (Comme tous les après-midis justement, et Le goût âpre des kakis). Certaines ont un petit côté conte, d'autres sont très quotidiennes. J'aime beaucoup son sens du détail.
Il y a eu à la fois du dépaysement pour moi: entrer pour la première fois (par la littérature) en Iran (que je ne connais pas ) et entrer dans le quotidien de la communauté arménienne (que je connais aussi peu ), mais au delà des différences culturelles, ce qui m'a le plus touché c'est que les préoccupations des différents personnages restent universelles.
On suit le personnage de Clarisse, mère au foyer, au travail invisible mais qui est le pivot, l'ancrage, autour duquel s'articule la vie de son entourage (ses 3 enfants, son mari, sa sœur cadette, sa mère et leurs amis). La mécanique bien huilée du quotidien va être progressivement enrayée par l'arrivée de nouveaux voisins (un nouveau collègue de son mari, accompagné de sa mère et sa fille). L'irruption de cette famille va soulever des questionnements intérieurs chez Clarisse sur des sujets qui étaient devenus des habitudes et non remis en question, lui permettant progressivement de choisir sa vie plus en conscience (plutôt qu'en habitudes). Je me suis beaucoup attaché à ce personnage, très sensible!
L'histoire ne s'inscrit pas dans un cadre temporel forcé (dans le sens dépeint avec précision pour ancrer fortement l'histoire à une époque). A part l'évocation des tourne-disques et la situation politique qui permettraient aux spécialistes de dater l'histoire dans un passé dans lequel je n'étais pas née, l'intrigue et la façon dont l'autrice la raconte me semble intemporelle. (Pour les puristes de la datation, j'ai appris depuis que le roman s'inscrit dans les années 60, avant la révolution islamique.)
Pour les amateurs de sensations fortes, passez votre tour!!!! Ce livre tout en délicatesse explore la beauté du quotidien.
J'ai trouvé cette courte interview de Zoyâ Pirzâd par le service presse d'une célèbre librairie girondine. Elle est moins éclairante que celle que j'avais trouvé de Jón Kalman Stefánsson, mais elle permet un premier contact avec l'autrice (qui cite Jane Austen dans ses auteurs favoris!! )
Spoiler:
esperluette Magnolia-White Ampersand
Nombre de messages : 9312 Date d'inscription : 11/07/2009
Sujet: Re: Zoyâ Pirzâd (Iran, 1952). Mer 3 Juin 2020 - 12:12
Merci pour ton avis Vavyala, je suis bien contente que ta rencontre avec Zoyâ Pirzâd se soit aussi bien passée !
Tu donnes très envie de découvrir ce roman, je le note donc (encore un sur ma PAL virtuelle...) J'avais eu le même sentiment que toi à la lecture de ses nouvelles, sur la temporalité assez floue du récit, mais cela ne m'avait pas dérangée non plus.
Et merci pour l'interview, je vais l'écouter de ce pas !
Juliette2a Tenant of Hamley Hall
Nombre de messages : 28452 Age : 27 Localisation : Entre l'Angleterre et la Thaïlande ! Date d'inscription : 06/03/2012
Sujet: Re: Zoyâ Pirzâd (Iran, 1952). Mer 3 Juin 2020 - 18:39
Merci pour ton retour, Vavyala ! Comme tu es de bon conseil, je note ce titre car j'avais apprécié la plume de l'auteure à travers l'une de ses nouvelles
Vavyala Wood Full Of Song
Nombre de messages : 4439 Age : 40 Localisation : Entre une forêt francilienne et celle des pages des livres qui m'entourent Date d'inscription : 27/08/2018
Sujet: Re: Zoyâ Pirzâd (Iran, 1952). Mer 3 Juin 2020 - 18:55
Juliette2a a écrit:
Comme tu es de bon conseil, je note ce titre car j'avais apprécié la plume de l'auteure à travers l'une de ses nouvelles
Je suis touchée par tes mots! C'est en effet un coup de cœur par rapport à mes goûts littéraires!! Pour ne pas te décevoir, j'insiste sur le côté "roman du quotidien". Mais vu que le style de l'autrice, que tu as déjà découvert par une de ses nouvelles, te plait déjà, tu ne devrais pas être déçue (au moins pour le style).
Je me faisais la réflexion que pour la sensibilité, la finesse et la délicatesse de ses descriptions du quotidien, elle me rappelait beaucoup la plume de Yôko Ogawa. La grosse différence par contre, c'est que Yôko Ogawa m'a emmené dans des univers plus "étranges" (dans le sens où elle part du quotidien mais conduit vers des histoires très singulières) alors qu'ici Zoyâ Pirzâd nous raconte une histoire dont les thèmes peuvent toucher chacun d'entre nous, selon le personnage le plus proche de nous ou d'un membre de notre entourage. C'est peut-être en cela que je reconnais son goût pour Jane Austen, elle a dépeint une galerie de personnages assez fine, variée et complexe.
serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12323 Date d'inscription : 31/05/2007
J'ai lu C'est moi qui éteins les lumières et même si cette lecture n'a pas été un coup de coeur comme cela a pu l'être pour Vavyala, j'ai passé un très agréable moment J'ai d'ailleurs largement préféré ce roman à la nouvelle que j'avais citée plus haut lors du confinement car l'autrice y excelle à créer une micro société avec ses personnages très incarnés avec leurs qualités et leurs défauts (les femmes n'ont pas forcément le beau rôle, cf la mère et la soeur de Clarisse ).
Comme tu l'as dit Vavyala, ce roman nous plonge dans un univers certes domestique, mais également doucement exotique avec un sens du détail concernant la végétation (les jujubiers, les pois de senteur), les plats concotés par les femmes de cette communauté arménienne et les années 60 esquissées par petite touche (les posters d'Alain Delon et Brigitte Bardot qui décorent la chambre d'Armen, le fils adolescent de Clarisse). Il est troublant de voir comme les femmes iraniennes ont été émancipées et de comparer avec leur statut aujourd'hui . J'ai trouvé le rythme des phrases très apaisant, avec leur structure courte et simple, mais aussi poétique (j'ai d'ailleurs vu que cet aspect avait donné lieu à un article universitaire qu'il est possible de lire ici).
Esperluette, je tenterais bien On s'y feraen ta compagnie le jour où tu le sortiras de ta PAL
esperluette Magnolia-White Ampersand
Nombre de messages : 9312 Date d'inscription : 11/07/2009
Esperluette, je tenterais bien On s'y feraen ta compagnie le jour où tu le sortiras de ta PAL
Avec plaisir, je n'ai pour l'instant pas encore lu de roman de ZP et vos avis donnent envie ! Si j'ai la place dans ma valise, j'emprunterais le livre à ma mère pendant mes vacances.
Vavyala, tu te joindras à nous dans ce projet ?
Juliette2a Tenant of Hamley Hall
Nombre de messages : 28452 Age : 27 Localisation : Entre l'Angleterre et la Thaïlande ! Date d'inscription : 06/03/2012
J'ai d'ailleurs largement préféré ce roman à la nouvelle que j'avais citée plus haut lors du confinement car l'autrice y excelle à créer une micro société avec ses personnages très incarnés avec leurs qualités et leurs défauts
Merci pour ton retour enthousiaste, Serendipity ! Je note ce que tu dis par rapport à la nouvelle
Vavyala Wood Full Of Song
Nombre de messages : 4439 Age : 40 Localisation : Entre une forêt francilienne et celle des pages des livres qui m'entourent Date d'inscription : 27/08/2018
Merci serendipity pour ton retour sur ce roman! Je suis très contente qu'il t'ait plu, même si cela n'a pas été un coup de cœur comme pour moi.
serendipity a écrit:
Il est troublant de voir comme les femmes iraniennes ont été émancipées et de comparer avec leur statut aujourd'hui .
En effet, d'autant plus que le roman aborde la quête de nouveaux droits par les Iraniennes, en s'inspirant de ceux des Arméniennes... Triste que l'histoire ait tourné ainsi...
serendipity a écrit:
J'ai trouvé le rythme des phrases très apaisant, avec leur structure courte et simple, mais aussi poétique (j'ai d'ailleurs vu que cet aspect avait donné lieu à un article universitaire qu'il est possible de lire ici).
Oui, malgré la simplicité des phrases, j'ai complètement adhéré à leur rythmique! J'irai jeter un coup d’œil à l'article, merci pour le lien!
esperluette a écrit:
serendipity a écrit:
Esperluette, je tenterais bien On s'y feraen ta compagnie le jour où tu le sortiras de ta PAL
Avec plaisir, je n'ai pour l'instant pas encore lu de roman de ZP et vos avis donnent envie ! Si j'ai la place dans ma valise, j'emprunterais le livre à ma mère pendant mes vacances.
Vavyala, tu te joindras à nous dans ce projet ?
Je viens d'aller lire le résumé de ce roman. Cela me dirait bien de me joindre à vous! Mais je ne sais pas quand, mon été est déjà bien rempli par rapport à mes projets de lecture... Je le lirais bien cet automne. Ne m'attendez pas si vous avez la motivation en ce moment!
serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12323 Date d'inscription : 31/05/2007
Pour ma part, l'automne irait très bien car j'ai d'autres lectures en attente cet été
@ Vavyala, j'ai trouvé très impressionnant l'épisode des sauterelles
J'ai également été surprise par
Spoiler:
la disparition finale d'Emile et de sa famille, même si cela était prévisible. Difficile de dire si la mère d'Emile est seulement une vieille femme tyrannique, incapable de laisser son fils être heureux ou si celui-ci est juste un coeur d'artichaut instable (plutôt cette dernière hypothèse). J'ai été déçue qu'il se rapproche autant de Clarisse (les discussions sur les romans de Sardou, auteur dont je n'ai d'ailleurs pas réussi à trouver la trace ) pour finalement lui dire qu'il a décidé d'épouser Violette
C'est un roman doucement marquant -si je peux le dire ainsi- car même terminé, je reste encore en esprit parmi les jujubiers et les pois de senteur
Vavyala Wood Full Of Song
Nombre de messages : 4439 Age : 40 Localisation : Entre une forêt francilienne et celle des pages des livres qui m'entourent Date d'inscription : 27/08/2018
Pour ma part, l'automne irait très bien car j'ai d'autres lectures en attente cet été
Si cela convient aussi à esperluette, on peut se garder l'idée dans un coin de mémoire.
serendipity a écrit:
@ Vavyala, j'ai trouvé très impressionnant l'épisode des sauterelles
Oh oui! Ce genre d'événements me semblait très lointain et en avoir un récit aussi détaillé, c'est impressionnant comme tu dis! Que ce soit en nombre de sauterelles, inimaginablement énorme, mais aussi avec le résultat après leur passage, les destructions de la végétation et la quantité de cadavres de celles n'ayant pas survécu à la migration, c'est hors de toute expérience que je pouvais imaginer.
serendipity a écrit:
J'ai également été surprise par
Spoiler:
la disparition finale d'Emile et de sa famille, même si cela était prévisible. Difficile de dire si la mère d'Emile est seulement une vieille femme tyrannique, incapable de laisser son fils être heureux ou si celui-ci est juste un coeur d'artichaut instable (plutôt cette dernière hypothèse). J'ai été déçue qu'il se rapproche autant de Clarisse (les discussions sur les romans de Sardou, auteur dont je n'ai d'ailleurs pas réussi à trouver la trace ) pour finalement lui dire qu'il a décidé d'épouser Violette
C'est une des raisons pour lesquelles j'ai vraiment accroché à ce roman. Outre le côté exotique de découvrir l'Iran des années 60 et la communauté arménienne, que je connais peu (voire pas), cette partie de l'intrigue constitue un type d'événement universel qui peut toucher n'importe quelle femme de toute culture.
Spoiler:
Cela peut arriver à toute femme, avec l'érosion des années du couple, d'être séduite par un nouveau venu, aux abords plus charmants et sans le passif du couple, avant de s'apercevoir que sous ces dehors agréables, c'est un homme comme un autre et se rappeler que malgré la routine, son mari reste quelqu'un de fiable, sur lequel elle peut compter. J'ai été très touchée des attentions, maladroites et indirectes, mais présentes, que son mari lui témoigne à la fin. En ce qui concerne Émile, il me semble être resté "adolescent" dans son rapport à l'amour, à papillonner de femme en femme. Il donne vraiment l'impression de s'intéresser à Clarisse (et à son esprit brillant) avant de succomber aux tenues plus aguichantes de Violette. Le départ précipité de sa famille est à mes yeux à l'image de son immaturité. Sa mère qui a compris qu'il s'était entiché d'une femme qui ne tient pas la route souhaite une fois de plus déménager pour l'en protéger et lui, comme un enfant/adolescent immature, suit sans broncher. Cela illustre aussi le peu de poids de ses affections (notamment envers Violette dernièrement) face à l'avis de sa mère...
Sa fille Émilie
Spoiler:
m'a agacé au possible dès le début. J'avais senti par des détails distillés par l'autrice, son côté manipulatrice.
La seule de la famille qui termine avec mon affection est
Spoiler:
la grand-mère finalement. Sous ses dehors revêches, elle a perçu la singularité, l'intelligence et la finesse de Clarisse.
serendipity a écrit:
C'est un roman doucement marquant -si je peux le dire ainsi- car même terminé, je reste encore en esprit parmi les jujubiers et les pois de senteur
Oui, je garde aussi de ce roman une sensation d'atmosphère douce et agréable dans laquelle me couler...
esperluette Magnolia-White Ampersand
Nombre de messages : 9312 Date d'inscription : 11/07/2009
L'automne me convient très bien aussi, je ne manque pas de lecture en attendant (et vu mon rythme actuel je préfère ne pas m'engager sur une lecture de groupe cet été ).
Vavyala Wood Full Of Song
Nombre de messages : 4439 Age : 40 Localisation : Entre une forêt francilienne et celle des pages des livres qui m'entourent Date d'inscription : 27/08/2018
Comme toi, je ne manque pas de lecture prévues pour cet été (en duo ou en solo comme la saga des Mousquetaires de Dumas au programme), donc je pense qu'il serait raisonnable de ne pas insérer un défi de plus.
serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12323 Date d'inscription : 31/05/2007
Sujet: Re: Zoyâ Pirzâd (Iran, 1952). Sam 31 Oct 2020 - 20:00
En parallèle de ma lecture de "On s'y fera", j'ai écouté l'excellente émission "Un pays, un auteur" de RFI avec une autrice iranienne qui écrit en français Parisa Reza, émission intéressante que je vous signale du coup ici
L'analyse de cette autrice sur la situation et l'émancipation des femmes en Iran au XXè siècle est assez surprenante, je reviendrai en parler, notamment quand j'aurai terminé "On s'y fera"
Citation :
Née à Téhéran, dans une famille d'intellectuels et d'artistes, Parisa Reza, est arrivée en France à dix-sept ans. Après Les jardins de consolation, Le parfum de l'innocence, elle vient de publier son troisième roman, toujours en français, sous le titre Les confessions d'un anarchiste aux éditions Gallimard.
En 1906, l’Iran fait sa première révolution et devient une monarchie constitutionnelle. Mais, à l’été 1908, le Shah fait bombarder le Parlement. Une seule ville, Tabriz, refuse de se soumettre et résiste avec acharnement pendant dix mois. Dans cette fresque aux grandes figures héroïques, Parisa Reza nous révèle un épisode fort peu connu du séisme qui a secoué l’Iran au début du XXe siècle, apportant les idées nouvelles du communisme.
Le site de RFI propose deux autres émissions consacrées à des autrices iraniennes (Maryma Madjidi et Negar Djavadi, que je ne connais pas), j'espère trouver le temps de les écouter
Petit Faucon Confiance en soie
Nombre de messages : 11791 Age : 59 Date d'inscription : 26/12/2011
Merci pour le lien Serendipity, je me mets ce podcast de côté. J'ai lu le premier roman de Negar Djavadi (Désorientale) à sa sortie, j'avais bien aimé.
Concernant On s'y fera, j'en ai également lu un petit tiers. Je retrouve avec plaisir la plume de Zoyâ Pirzâd mais pour l'instant je ne suis pas non plus happée par ce roman.
Vavyala Wood Full Of Song
Nombre de messages : 4439 Age : 40 Localisation : Entre une forêt francilienne et celle des pages des livres qui m'entourent Date d'inscription : 27/08/2018
Sujet: Re: Zoyâ Pirzâd (Iran, 1952). Mar 3 Nov 2020 - 9:30
Merci serendipity pour le lien!
Je vous rejoins sur la lecture de On s'y fera. J'avais besoin d'une lecture plus intimiste en cette saison. Pour l'instant, le roman me plait bien.
J'écouterai l'émission après ma lecture, pour ne pas influencer mon avis personnel et viendrai partager mon retour du roman et de l'émission après.
serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12323 Date d'inscription : 31/05/2007
Sujet: Re: Zoyâ Pirzâd (Iran, 1952). Mar 3 Nov 2020 - 18:17
J'ai terminé On s'y fera et j'ai globalement moins aimé que le roman précédent.
J'ai eu du mal avec le premier tiers du roman, que j'ai trouvé dans l'ensemble assez décousu. J'ai eu du mal à accrocher aux personnages, notamment Arezou, que je trouvais impulsive sans vraiment comprendre ses motivations. J'ai eu du mal avec le mode de narration adopté dans ce roman : nombre d'épisodes ayant des conséquences sur l'intrigue, ou révélateurs de traits de caractère des personnages, se déroulent hors champs, il y a des ellipses que j'ai trouvées regrettables.
Sur ce mode de narration, j'ai trouvé des éléments intéressants dans une interview de l'autrice au journal Le Monde (à lire ici)
Citation :
Quand on l'interroge sur la pureté de ses textes qui ne s'encombrent jamais d'un mot de trop, elle avoue : "Je suis sans pitié." Tout ce qui n'est pas indispensable, elle le coupe. Parfois, elle reconnaît que c'est un crève-coeur. "Il m'est arrivé de me priver de chapitres entiers que j'adorais, où tout était parfait." Elle se justifie par une certitude enfantine, sa seule mission : ne jamais ennuyer le lecteur. (...) Son roman On s'y fera (Zulma, 2007) a ainsi nécessité quatorze relectures successives. Quatorze versions.
J'aurais probablement préféré une des versions antérieures sans les coupes
J'ai cependant trouvé la seconde moitié du roman plus intéressante, j'ai retrouvé la douce poésie qui m'avait plu dans le roman précédent. Pauvre Arezou, qui est prisonnière des autres, sa mère et sa fille sont des enfants gâtées tyranniques, son amie Shirine ne reste son amie que tant qu'elle peut entretenir avec elle une relation fusionnelle et exclusive. Seuls Naïm et Nosrat, les domestiques, semblent l'aimer pour ce qu'elle est et lui apporter un peu de sérénité.
L'ambiance de ce roman est particulière, on pénètre dans un Teheran où notre héroïne roule en R5 mais se sert d'un téléphone portable et découvre ce que sont les blogs, les époques semblent se mélanger. Et en même temps, même si le roman de Pyrzad n'est pas politique, on a une toile de fond sociale qui se dessine quand Arezou quitte les quartiers privilégiés, prend le bus (on a également une allusion intéressante à la police des moeurs). C'est l'aspect positif de sa rencontre avec Sohrab, il la sort de son milieu et la confronte au monde.
Spoiler:
Je ne sais pas ce que cela aurait donné si elle avait finalement décidé de l'épouser, on ne le saura jamais. Cette rencontre lui permettra-t-elle finalement de se libérer de l'emprise toxique de ces femmes autour d'elle (j'ai de l'espoir lors de la scène au restaurant avec sa jeune employée Tahmineh, qui est l'antithèse de la fille d'Arezou).
Même si j'ai moins aimé ce roman, j'aurais plaisir à retrouver Zoya Pirzad pour une prochaine lecture, probablement avec le Goût âpre des kakis
J'ai hâte d'avoir vos avis esperluette, Vavyala et Petit Faucon
Vavyala Wood Full Of Song
Nombre de messages : 4439 Age : 40 Localisation : Entre une forêt francilienne et celle des pages des livres qui m'entourent Date d'inscription : 27/08/2018
Sujet: Re: Zoyâ Pirzâd (Iran, 1952). Mer 4 Nov 2020 - 9:38
Merci serendipity pour ton retour de lecture!
serendipity a écrit:
J'ai eu du mal avec le premier tiers du roman, que j'ai trouvé dans l'ensemble assez décousu. J'ai eu du mal à accrocher aux personnages, notamment Arezou, que je trouvais impulsive sans vraiment comprendre ses motivations. J'ai eu du mal avec le mode de narration adopté dans ce roman : nombre d'épisodes ayant des conséquences sur l'intrigue, ou révélateurs de traits de caractère des personnages, se déroulent hors champs, il y a des ellipses que j'ai trouvées regrettables.
Sur ce mode de narration, j'ai trouvé des éléments intéressants dans une interview de l'autrice au journal Le Monde (à lire ici)
Merci pour le lien expliquant le travail de Zoya Pirzad sur son écriture! Justement, dans son style assez décousu, je me faisais hier la réflexion qu'elle me rappelait le type d'écriture d'Audur Ava Olafsdottir. Toutes deux mettent à l'honneur des petits détails du quotidien et font parfois des ellipses sur des événements qui nous semblent plus importants. C'est assez déroutant parfois oui.
serendipity a écrit:
J'ai cependant trouvé la seconde moitié du roman plus intéressante, j'ai retrouvé la douce poésie qui m'avait plu dans le roman précédent. Pauvre Arezou, qui est prisonnière des autres, sa mère et sa fille sont des enfants gâtées tyranniques, son amie Shirine ne reste son amie que tant qu'elle peut entretenir avec elle une relation fusionnelle et exclusive. Seuls Naïm et Nosrat, les domestiques, semblent l'aimer pour ce qu'elle est et lui apporter un peu de sérénité.
J'en suis entre le premier tiers et la moitié du roman et cela me plait bien, du coup ton retour me rend optimiste sur la suite du roman! Dès le début, j'ai trouvé la mère d'Arezou assez envahissante, cela m'a rappelé le personnage de la mère de Clarisse dans C'est moi qui éteins les lumières qui l'était tout autant... Et sa fille, comme elle le dit à un moment du roman, elle a un comportement pourri gâté alors que d'autres jeunes Iraniens du même âge, issus de milieux moins favorisés, doivent se comporter autrement pour essayer de s'en sortir ou vivre avec leur passif... Pour l'instant, je ressens donc Arezou enfermée dans son rôle de superwoman comme pouvait l'être Clarisse, dans le sens à être présente pour tous, mais pas forcément l'être assez pour elle-même. Ce qui est intéressant pour moi, c'est qu'on change de communauté, de classe sociale et d'époque, donc ça m'offre un autre portrait de femme iranienne!
serendipity a écrit:
Même si j'ai moins aimé ce roman, j'aurais plaisir à retrouver Zoya Pirzad pour une prochaine lecture, probablement avec le Goût âpre des kakis
Contente de lire que malgré les bémols, ta lecture t'ait donné envie de continuer à explorer l’œuvre de cette autrice!
Bon et moi, il me reste encore du chemin avant de terminer ce roman, donc à plus tard!
serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12323 Date d'inscription : 31/05/2007
Sujet: Re: Zoyâ Pirzâd (Iran, 1952). Mer 4 Nov 2020 - 19:24
Bonne lecture Vavyala je suis certaine que nos échanges me permettront de "voir" des choses a posteriori