Elif Shafak (1971).

J'ouvre rapidement un topic à l'autrice turque Elif Shafak. Bien qu'elle écrive désormais ses romans en anglais, je ne l'ai pas classée parmi les auteurs anglo-saxons en raison de sa nationalité   (j'ai lu sur certains sites qu'elle était turquo-britannique).

Autrice de 17 livres, dont 11 romans, elle a d'abord écrit en turc, puis en anglais.

Je viens de lire The Bastard of Istanbul, publié en 2007 (traduit en français La bâtarde d'Istanbul) et ce roman a été un vrai coup de coeur tant sur le fond que sur la forme

Voici le pitch que j'ai glané sur Babelio :

Citation :

Chez les Kazanci, Turcs d'Istanbul, les femmes sont pimentées, hypocondriaques, aiment l'amour et parlent avec les djinn, tandis que les hommes s'envolent trop tôt - pour l'au-delà ou pour l'Amérique, comme l'oncle Mustafa.

Chez les Tchakhmakhchian, Arméniens émigrés aux Etats-Unis dans les années 20, quel que soit le sexe auquel on appartient, on est très attaché à son identité et à ses traditions.
Le divorce de Barsam et Rose, puis le remariage de celle-ci avec un Turc nommé Mustafa suscitent l'indignation générale. Quand, à l'âge de vingt et un ans, la fille de Rose et de Barsam, désireuse de comprendre d'où vient son peuple, gagne en secret Istanbul, elle est hébergée par la chaleureuse famille de son beau-père.

Je pense lire d'autres romans de cette écrivaine dont l'univers m'a vraiment séduite. J'ai Trois Filles d'Eve dans le viseur, mais je suis preneuse de vos conseils

Cette lecture m'a également donné envie de tenter d'autres auteurs turcs (comme Metin Arditi par exemple). Je vais creuser la question et je pense que le voyage Wentworth 2021 proposera une escale en Turquie

Merci Serendipity. J'ai lu La batarde d'Istambul il y a quelques années et je l'ai bien apprécié. Contente qu'il te plaise aussi    D'ailleurs, on en a parle dans le topic Ecrivains turcs ouvert par Cat et aussi par Petit Faucon. Les deux topics ont été fusionnés.

J'avais totalement oublié l'existence de ce topic fourre-tout   merci de me l'avoir rappelée Ysabelle. 

On trouve dans ce topic deux avis sur La batarde d'Istanbul, celui de Nephtis qui avait été déçue par le roman car elle trouvait qu'il abordait trop de thèmes à la fois, et le tien, plus enthousiaste (rien de plus sur Elif Shafak, si ce n'est une présentation plus complète réalisée par Cat).

Je trouve justement que c'est la richesse de thèmes qui fait la réussite de ce roman. Petit hasard supplémentaire, il se déroule en partie au sein de la communauté arménienne, à l'instar d'un roman de Zoya Pirzad que j'ai récemment lu sur les conseils de Vavyala

Merci d'avoir ouvert un topic à Elif Shafak, Serendipity.

J'ai également lu La Bâtarde d'Istanbul, que j'ai sûrement moins aimé que toi, mais qui m'avait fait passer de bons moments ! Je l'ai lu dans une période un peu difficile de ma vie et l'ambiance du roman était assez réconfortante. Je tenterais bien un autre livre d'E. Shafak à l'occasion.

esperluette a écrit:

l'ambiance du roman était assez réconfortante

Je comprends ce ressenti esperluette. En tant que lectrice, j'ai eu le sentiment de partager la cellule familiale composée de ces femmes si différentes

@ serendipity : je suis partante pour découvrir Elif Shafak et commencer par Les 3 filles d'Eve, que tu avais proposé pour le challenge de l'année 2020.

Si tu es intéressée, on pourrait convenir d'un moment pour le lire en même temps ? sinon, je pense m'y mettre en décembre

Merci Petit Faucon d'avoir réveillé ce topic dont je ne sais pas pourquoi, j'étais passée à côté.

Je ne connaissais pas du tout cette autrice, merci serendipity pour la présentation!
La présentation de La bâtarde d'Istanbul par serendipity me donne envie de découvrir de roman (en 2021 peut-être?). Je lirai avec plaisir vos retours sur Les 3 filles d'Eve.

Petit Faucon a écrit:

@ serendipity : je suis partante pour découvrir Elif Shafak et commencer par Les 3 filles d'Eve, que tu avais proposé pour le challenge de l'année 2020.

Si tu es intéressée, on pourrait convenir d'un moment pour le lire en même temps ? sinon, je pense m'y mettre en décembre

Je suis intéressée Petit Faucon, mais je pensais mettre ce livre sur ma liste au   donc je pensais plutôt le lire en 2021. Je ne veux pas te bloquer avec cette incertitude et je comprendrais que tu aies envie de le lire en décembre

Et bien c'est à toi de me dire, serendipity !
En fait je suis en train de tenter de lire tous les auteurs/livres qui m'intéressent et qui avaient été proposés dans le challenge de l'année précédente ; la présentation de Elif Shafak m'intéresse, mais je ne suis pas pressée, je vaticine du côté des Antilles en ce moment
Donc si tu penses l'avoir à Noël, et qu'une lecture en duo te tente, je peux tout à fait attendre que tu aies envie de le lire, je le prendrais en bibliothèque.

Petit Faucon a écrit:

la présentation de Elif Shafak m'intéresse, mais je ne suis pas pressée
Donc si tu penses l'avoir à Noël,  et qu'une lecture en duo te tente, je peux tout à fait attendre que tu aies envie de le lire, je le prendrais en bibliothèque.

Alors si tu n'es pas pressée, c'est avec joie que j'accepte de le lire en ta compagnie début 2021 (si le   n'a pas le message, je me transformerais alors moi même en ). J'espère être fidèle au RDV

Avec grand plaisir !!!! RDV au T1 2021

@ serendipity : j'ai récupéré à la médiathèque Trois filles d'Eve de Elif Shafak

Si toi ou une/d'autres lectrices sont intéressées, ce serait avec plaisir que je ferai cette lecture accompagnée

Je pense le commencer soit le 04, soit vers le 15 janvier

Bonne lecture à venir Petit Faucon!

Petit Faucon a écrit:

Si toi ou une/d'autres lectrices sont intéressées,  ce serait avec plaisir que je ferai cette lecture accompagnée

Je vous rejoindrai sur le topic, mais pas avec Trois filles d'Eve. Je pense entamer ma découverte de l'univers d'Elif Shafak avec Soufi, mon amour.

Je lirai avec intérêt vos retour à serendipity, toi (et peut-être d'autres). Cela me permettra en outre de choisir si je continue mon voyage par ce roman ou La bâtarde d'Istanbul.

Je vous accompagnerai aussi et Soufi,  mon amour me dit bien.  En revanche, ce ne sera pas avant mars, avril. J'ai déjà un programme pour janvier, février.

Petit Faucon a écrit:

@ serendipity : j'ai récupéré à la médiathèque Trois filles d'Eve de Elif Shafak

Si toi ou une/d'autres lectrices sont intéressées,  ce serait avec plaisir que je ferai cette lecture accompagnée

Excellente nouvelle Petit Faucon pour ma part, je l'ai reçu à Noël mais je ne pense pas avoir le temps de le lire en janvier, malheureusement... donc je te laisse prendre de l'avance et je viendrai en parler un peu plus tard (février ou mars plus probablement)

Je me réjouis de découvrir cette auteure avec vous
Je garderai mes commentaires au chaud pour mars

Ysabelle a écrit:

Soufi,  mon amour me dit bien.

Super, on se retrouvera probablement pour en discuter sur le topic!

Petit Faucon a écrit:

Je garderai mes commentaires au chaud pour mars

Selon la précision de ta mémoire, n'hésite pas à poster ton retour dès la fin de ta lecture!

J'ai lu une cinquantaine de pages de Trois filles d'Eve et je suis conquise par le style.
Pour l'instant nous n'avons rencontré qu'une seule fille, Peri.
Le récit entrelace une histoire actuelle (Istanbul 2016), et l'enfance de Peri dans les années 80.

Je retrouve un peu l'ambiance de l'Iran de Zoya Pirzad, ou de Marjane Satrapi.

Voici un petit aperçu de son style (sur l'enfance de Peri) :

Citation :

La religion s'était abattue sur la maisonnée aussi brutalement qu'un météore, et avait creusé un gouffre, divisant ses membres en deux camps ennemis. Le fils cadet, Hakan, incurablement religieux et excessivement nationaliste, prit le parti de sa mère ; l'ainé, Umut, voulant désamorcer le conflit, resta neutre un certain temps, mais il était clair à ses propos, faits et gestes, qu'il inclinait vers la gauche. Quand il finit par s'afficher résolument comme un gauchiste, il avait tout l'équipement d'un marxiste averti.
Tout cela mettait Peri, la plus jeune des trois, dans une position malcommode, tiraillée entre deux parents qui voulaient chacun la conquérir ; son existence même devenait un terrain d'affrontement entre deux visions du monde rivales. L'idée de devoir choisir, une fois pour toutes, entre la piété militante de sa mère et le matérialisme militant de son père la paralysait presque. Car Peri faisait partie de ces gens qui, autant que possible, s'appliquent à n'offenser personne. Entourée de guerriers dressés les uns contre les autres dans des combats permanents, elle adopta une complaisance obligatoire, se contraignit à la docilité. Sans que personne le sache, elle éteignit le feu qui l'habitait, le réduisit en cendres.

Merci beaucoup Petit Faucon pour ton premier retour et l'extrait. Cela donne envie!!

Merci pour ces premières impressions Petit Faucon, cela donne vraiment envie je suis ravie d'avoir ce roman dans ma PAL et de savoir que je vais le découvrir dans quelques semaine ou quelques mois

J'ai terminé Soufi, mon amour, d'Elif Shafak.

Sans être un coup de cœur de l'année, cela a été une lecture très agréable et marquante, j'ai beaucoup aimé! Il restera dans mon top des romans traitant de religion et ouvrant à la réflexion!  

On y rencontre Ella, Américaine et future quadragénaire, mariée et mère de 3 enfants. Après avoir vécue une vie de mère au foyer, invisible derrière sa famille, le temps libre donné par ses enfants grandissants va lui donner envie de retrouver une activité professionnelle. Lectrice pour une maison d'édition, elle va être amenée à lire Doux blasphème, d'Aziz Z. Zahara, roman traitant de la rencontre de l'érudit Djalâl ad-Dîn Rûmî avec le derviche errant Shams de Tabriz qui va l'éveiller à l'Amour (au sens spirituel) et aux arts (poésie, musique et danse). Cette lecture va bouleverser le quotidien bien ordonné d'Ella.

La structure du roman est bien ficelée, l'autrice alterne des chapitres sur Ella et les chapitres du roman Doux blasphème, dont les narrateurs sont variés (Rûmî, Shams, et divers membres de leur entourage, familial, amical comme ennemis).
La variété des narrateurs rend intelligible comment la transformation de Rûmî au contact de Shams va avoir un impact différent sur ceux qui le connaissent ou suivaient ses sermons, positivement, vers plus d'ouverture, ou négativement, vers un durcissement pour défendre un islam "orthodoxe" par opposition à la vision plus mystique des soufis.
Par opposition, pendant une grande partie du roman, j'ai trouvé les chapitres contemporains sur Ella plus "plats". J'avais l'impression qu'on me livrait la vision stéréotypée de la "desperate housewive" américaine qui fait une crise de la quarantaine...  
Attention, vrais spoilers:

Spoiler:

Le style, moins ciselé et poétique que celui d'autrices comme Zoyâ Pirzâd ou Yôko Ogawa, a accentué ce ressenti de platitude. Ce roman mériterait néanmoins d'être lu en VO (anglais de Turquie) pour plus d'objectivité sur le style littéraire d'Elif Shafak (bien que je ne blâme pas non plus le travail de traduction qui est peut-être très bon). Néanmoins, la conclusion du périple intérieur d'Ella a balayé le ressenti mitigé que j'avais à mi-lecture et fait adhéré à la structure d'ensemble de l'histoire et les arcs narratifs des personnages, notamment celui d'Ella.  

En résumé, le gros point fort du roman pour moi est sa structure et le récit des échanges entre Rûmî et Shams.
Le bémol est le côté stéréotypé des personnages d'Ella et Aziz qui auraient gagné à un peu plus de finesse dans leur description, que ce soit de leur passé ou de leurs choix présents.

J'ai appris des choses sur le soufisme, aspect de l'islam que je connais peu, cela a été très intéressant!  

Pour finir, gros coup de cœur pour l'illustration de la couverture de la traduction française, entre dessin et calligraphie, avec cette esquisse d'un derviche tourneur.  

Merci pour ton avis sur ce roman Vavyala Je partage ton avis sur cette belle couverture
Sur le style d'Elif Shafak en VO, je n'ai qu'une seule expérience en la matière (La bâtarde d'Istanbul), mais je ne pense pas qu'elle soit forcément une grande styliste (sans que cela soit péjoratif). J'avais apprécié en revanche le soin apporté à la psychologie de ses personnages et à la construction de l'histoire

Merci pour ton retour, Vavyala ! Je ne suis pas sûre de lire ce roman tout de suite, mais je me le note

Merci Vavyala pour ce commentaire très intéressant sur ce livre ; je me le note pour ma prochaine lecture de Elif Shafak.
Je vois que les sujets sur la spiritualité, la religion, et l'existence de dieu, sont au coeur des préoccupations littéraires de l'auteure, et c'est assez inhabituel dans les lectures que je fais habituellement. Ce qui attire ma curiosité et mon intérêt.

J'arrive à la fin de Trois filles d'Eve, il me reste une quarantaine de pages, et je viendrai en parler plus longuement dès que j'ai terminé

Trois filles d'Eve de Elif Shafak - 2018

voici le résumé :

Babelio a écrit:

Le livre est centré sur le personnage de Nazperi Nalbantoğlu, appelée affectueusement Peri par ses proches, que l’on suit tout au long du roman à différentes périodes de sa vie entre 1980 et 2016. Lorsque l’histoire débute, à Istanbul en 2016, Peri a 35 ans, est mariée et mère de trois enfants, dont une adolescente. Dans la scène d’ouverture, à la suite d’un embouteillage, Peri se fait voler son sac par un malfrat. Dans ce sac, il y a de nombreuses babioles. Mais aussi un objet capital auquel est sentimentalement très attachée cette femme: une photographie, représentant trois jeunes filles, dont elle-même, dans l’enceinte de l’université d’Oxford (au Royaume-Uni), entourées par un homme plus âgé que l’on devine être sûrement leur professeur.
Le soir même, Peri est attendue par son mari à un dîner au sein de la grande bourgeoisie stambouliote. Alors que défilent les plats les plus raffinés devant elle au milieu des gens les plus influents de la ville, la jeune femme voit ses souvenirs affluer. Des souvenirs où se croisent les personnages de son enfance (ses parents, sans cesse à couteaux tirés quand il s’agit de religion, et ses deux frères) et les fragments du début de sa vie d’adulte, alors qu’elle était étudiante à Oxford…

Le récit entrecroise donc des chapitres intitulés "Istanbul 2016" et d'autres qui racontent des épisodes marquants de la vie de Peri entre sa petite enfance et ses études à Oxford en 2000-2002. Le titre du roman ne fait pas référence comme je le pensais, à une histoire entre les 3 amies rencontrées à Oxford (Shirin et Mona), mais plutôt à trois types de femme issues de la société musulmane : la Croyante (Mona), la Pécheresse (Shirin) et la Déboussolée (Peri), chacune cherchant sa place, et des réponses à la question de Dieu.
Dans mon post plus haut j'ai parlé de style, mais j'aurais du parler de ton : le ton de Elif Shafak est direct, elle dézingue, elle appuie là où ça fait mal dans la société turque (la virginité au mariage, la ségrégation entre hommes et femmes dans un dîner, la corruption, le choix laissé entre la religiosité étroite et le conservatisme militariste, ...), j'ai beaucoup aimé cette façon directe de dire les choses qu'il faut dire.
Les thèmes du livre sont : la place de la femme dans la société turque actuelle, le regard que porte la société sur l'individu, le rapport de chacun avec l'existence de Dieu, la religion, la spiritualité, le doute. C'est un livre plein de questions, car "les questions sont au moins aussi importantes que les réponses". Il est parsemé également de petites remarques très justes, philosophiques.

J'ai trouvé que c'est un livre original et fort, qui explore des voies peu parcourues d'habitude, et qui m'a fait réfléchir.