Une auberge pour les admirateurs de Jane Austen, et bien plus encore... |
| | Elif Shafak (1971). | |
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Auteur | Message |
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Vavyala Wood Full Of Song
Nombre de messages : 4439 Age : 40 Localisation : Entre une forêt francilienne et celle des pages des livres qui m'entourent Date d'inscription : 27/08/2018
| Sujet: Re: Elif Shafak (1971). Mar 26 Jan 2021 - 20:02 | |
| Merci beaucoup pour ton retour Petit Faucon! - Petit Faucon a écrit:
- Les thèmes du livre sont : la place de la femme dans la société turque actuelle, le regard que porte la société sur l'individu, le rapport de chacun avec l'existence de Dieu, la religion, la spiritualité, le doute.
Ces thématiques m'intéressent! Leur présence et ton retour positif me font noter ce roman sur ma LAL! - Petit Faucon a écrit:
- C'est un livre plein de questions, car "les questions sont au moins aussi importantes que les réponses". Il est parsemé également de petites remarques très justes, philosophiques.
J'aime beaucoup la citation en gras qui résonne avec un podcast écouté récemment! (Est-elle du roman, de toi ou d'ailleurs?) |
| | | Petit Faucon Confiance en soie
Nombre de messages : 11791 Age : 59 Date d'inscription : 26/12/2011
| Sujet: Re: Elif Shafak (1971). Mar 26 Jan 2021 - 21:54 | |
| Merci Vavyala, la citation est du livre ( je l'ai reprise de tête). Il me semble que les thèmes que tu évoques dans Soufi mon amour sont proches de ceux de Trois filles d'Eve.
Dernière édition par Petit Faucon le Mer 27 Jan 2021 - 8:32, édité 1 fois |
| | | serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12323 Date d'inscription : 31/05/2007
| Sujet: Re: Elif Shafak (1971). Mar 26 Jan 2021 - 21:57 | |
| Merci pour ton retour Petit Faucon, je me suis efforcée de lutter contre ma curiosité et de ne pas le lire car je veux découvrir ce roman sans en savoir trop -j'ai juste compris que cette lecture t'avait plus, cela m'a suffi |
| | | Vavyala Wood Full Of Song
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| Sujet: Re: Elif Shafak (1971). Mer 27 Jan 2021 - 8:14 | |
| - Petit Faucon a écrit:
- Merci Vavyala, la citation est du livre ( je l'ai reprise de tête).
Merci pour la réponse, j'aime beaucoup cette conception de la vie! - Petit Faucon a écrit:
- Il me semble que les thèmes que tu évoques dans Soufi mon amour sont proches de ceux de Trois filles d'Eve.
- Petit Faucon a écrit:
- Les thèmes du livre sont : la place de la femme dans la société turque actuelle, le regard que porte la société sur l'individu, le rapport de chacun avec l'existence de Dieu, la religion, la spiritualité, le doute.
En relisant tes deux messages, en effet, les thèmes abordés sont proches. En effet, dans Soufi, mon amour, la place de la femme dans la société, le rapport individu/société (notamment à travers la concept de "réputation" pour les riches et les érudits, mais aussi par les yeux de personnes marginalisées, comme un lépreux, une prostituée et un ivrogne musulman) et la religion (avec l'islam et la branche soufie, et dans une moindre mesure la judéité "laïque" d'Ella et sa famille) sont traités. L'existence de Dieu n'est pas mise en doute par les personnages de la partie se passant au XIIIème siècle. A travers le soufisme, sont abordées des notions de spiritualités qu'on retrouve dans beaucoup de religion, soit dans leur branche principale (pour le bouddhisme, le taoïsme, les religions animistes,...), soit mystique (pour les religions monothéistes). (Enfin, me semble-t-il, du peu que j'en sais, je ne suis pas une spécialiste des religions...) C'est ce qui me rend optimiste, sous des "habillages" différents, les religions portent le même message! Pour les chapitres contemporains, Dieu semble loin des préoccupations quotidiennes des personnages, comme dans nos sociétés plus ou moins éloignées des religions. Mais cette absence crée une absence de repères chez Ella, sur où elle en est de sa vie et ce qu'elle souhaite en vivre à compter de ce jour. La différence extérieure que je verrais est que dans Trois filles d'Eve, Elif Shafak semble les inscrire dans une lecture de la société turque contemporaine, alors que dans Soufi, mon amour, elle essaie de porter le message spirituel atemporel du soufisme. |
| | | Petit Faucon Confiance en soie
Nombre de messages : 11791 Age : 59 Date d'inscription : 26/12/2011
| Sujet: Re: Elif Shafak (1971). Mer 27 Jan 2021 - 13:19 | |
| @ serendipity : je me suis efforcée de ne pas raconter l'histoire, le résumé de Babelio ne concerne que 50 pages sur 470 à peu près @ Vavyala : ce que j'ai beaucoup aimé dans ce livre, c'est que c'est un roman avec une histoire, bien sûr, mais écrit par une personne intelligente, et qui donne à réfléchir. |
| | | Vavyala Wood Full Of Song
Nombre de messages : 4439 Age : 40 Localisation : Entre une forêt francilienne et celle des pages des livres qui m'entourent Date d'inscription : 27/08/2018
| Sujet: Re: Elif Shafak (1971). Lun 12 Juil 2021 - 11:48 | |
| Après le post très tentant de Petit Faucon sur Trois filles d'Eve, je me suis essayée (en duo avec serendipity) à sa lecture et j'ai beaucoup aimé! J'ai beaucoup aimé la plume d'Elif Shafak et la traduction, plus poétiques que celle de Soufi, mon amour. J'ai trouvé le récit équilibré, entre présent et passé, histoire et photographie de la Turquie et histoires personnelles. Les questions philosophiques/théologiques sont bien amenées, sans qu'on les sente forcées. Je me suis beaucoup attachée au personnage de Peri, comme une sœur qui a des questions et comportements parfois assez proches des miens. - Petit Faucon a écrit:
- Le titre du roman ne fait pas référence comme je le pensais, à une histoire entre les 3 amies rencontrées à Oxford (Shirin et Mona), mais plutôt à trois types de femme issues de la société musulmane : la Croyante (Mona), la Pécheresse (Shirin) et la Déboussolée (Peri), chacune cherchant sa place, et des réponses à la question de Dieu.
Comme toi, avec ce titre, je pensais qu'on allait suivre l'histoire croisée de ces trois femmes, alors que c'est avant tout le cheminement de Peri que l'on suit. Les deux autres ne sont là que pour montrer d'autres facettes de la femme et de la Musulmane en contraste avec les questionnements de Peri. - Petit Faucon a écrit:
- Dans mon post plus haut j'ai parlé de style, mais j'aurais du parler de ton : le ton de Elif Shafak est direct, elle dézingue, elle appuie là où ça fait mal dans la société turque (la virginité au mariage, la ségrégation entre hommes et femmes dans un dîner, la corruption, le choix laissé entre la religiosité étroite et le conservatisme militariste, ...), j'ai beaucoup aimé cette façon directe de dire les choses qu'il faut dire.
Je te plussoie, elle fait une critique sans concession des travers de la Turquie et ce que je trouve admirable, c'est que malgré sa critique, on sent qu'elle aime ce pays, qu'elle ne cherche pas à le rejeter. J'avoue avoir eu du mal à entrer dans l'histoire et avoir été tentée d'abandonner, en raison de la violence que j'ai ressentie au début - Spoiler:
entre le présent et la confrontation entre Peri et le vagabond et le passé avec les tensions familiales culminant au sort du fils aîné Umut incarcéré et torturé.
J'ai eu raison de faire confiance à Petit Faucon, car une fois un certain seuil passé, la lecture m'a été plus facile pour mes capacités émotionnelles et plus équilibrée entre la dureté de ce qui est dénoncé de la société turque et les éléments plus lumineux de la recherche de connaissance et sagesse de Peri et les belles descriptions d'Istanbul et Oxford. Ce roman est comme un cercle (figure géométrique reprise dans sa trame), car j'ai ressenti sa fin avec violence - Spoiler:
avec la prise d'otages inattendue qui fait irruption dans la villa bourgeoise qu'on croyait protégée de la violence de la ville stambouliote et le face à face entre Peri et son passé (avec Shirin et Azur).
Un point du récit m'a néanmoins chagrinée. J'aurais aimé qu'Elif Shafak décrive les événements d'Oxford sans jugement. En choisissant les points de vue de Peri - Spoiler:
qui a une tendance facile à rejeter toutes les fautes sur elle et d'Azur qui au contraire se dédouane assez facilement, notamment dans la phrase ci-dessous qui m'a choquée: - Citation :
- C'est vrai, ils s'était servi de sa salle de cours comme d'un laboratoire. Mais c'était pour une bonne cause.
j'ai eu le ressenti déplaisant que c'était Peri qui était présentée comme ayant commis une faute, en ne venant pas témoigner pour rétablir la vérité, alors qu'à la relecture des mots de Shirin juste avant le suicide raté, je les trouve très violents, - Citation :
- - [...] Celle qui se comporte en souris sera mangée par les chats.
- Qu'est-ce que tu essaies de me dire? - Je dis, ne te mêle pas de mes affaires, Souriceau, sinon je te mangerai toute crue. surtout en faisant le lien avec le surnom qu'elle a donné à Peri, Souriceau. De même, Azur sait qu'il joue avec les sentiments de son élève et en profite pour sa quête professionnelle (lors des entretiens sur les expériences mystiques de Peri). Peri n'est pas complètement paranoïaque quand elle a le ressenti que Shirin comme Azur se sont servis d'elle pour leurs propres quêtes philosophiques. Ainsi, selon mon opinion, Peri n'est pas seule en cause dans le scandale, la conduite d'Azur et de Shirin n'ont pas été telles que les relations entre les trois restent claires et sereines.
Alors, je reconnais que mon propre jugement est peut-être erroné, mais je pense que j'aurais préféré plus de libertés données au lecteur de juger ou pas, plutôt qu'orienter son jugement comme cela m'a donné l'impression d'avoir été fait. Néanmoins, cette lecture a été une belle découverte! Je pense que je l'achèterai le jour où j'aurai envie de le relire. C'est un roman qui donne à réfléchir, j'aurai plaisir à le reprendre à une période ultérieure de ma vie. Merci à serendipity de nous avoir présenté Elif Shafak et proposé ce roman au challenge Wentworth 2020 et à Petit Faucon pour son post qui m'a donné envie de le découvrir! |
| | | Petit Faucon Confiance en soie
Nombre de messages : 11791 Age : 59 Date d'inscription : 26/12/2011
| Sujet: Re: Elif Shafak (1971). Lun 12 Juil 2021 - 16:52 | |
| Très contente que tu aies persévéré, et que tu aies apprécié ta lecture, Vavyala ! Je me retrouve dans la plupart de tes remarques, même si je me suis laissée porter par le récit d'Oxford et le ressenti de Peri, sans porter de jugement. Je trouve que cette auteure a une voix singulière. |
| | | Vavyala Wood Full Of Song
Nombre de messages : 4439 Age : 40 Localisation : Entre une forêt francilienne et celle des pages des livres qui m'entourent Date d'inscription : 27/08/2018
| Sujet: Re: Elif Shafak (1971). Lun 12 Juil 2021 - 18:18 | |
| - Petit Faucon a écrit:
- Je me retrouve dans la plupart de tes remarques
- Petit Faucon a écrit:
- même si je me suis laissée porter par le récit d'Oxford et le ressenti de Peri, sans porter de jugement.
Super que tu aies réussi à prendre du recul sur l'histoire sans avoir de jugement! J'avoue que j'ai ressenti une sorte d'injustice dans la façon dont Peri était jugée par son autrice pour un comportement qui me semble très compréhensible au regard de son passif et de sa psychologie. Mais comme je disais précédemment, c'est un ressenti très subjectif. C'est pour ce genre de raison que je suis intéressée par une relecture dans 5-10 ans. Je n'aurai peut-être pas les mêmes émotions et sentiments après plus d'expérience de la vie. - Petit Faucon a écrit:
- Je trouve que cette auteure a une voix singulière.
Je trouve qu'elle réussit le tour de force d'aborder des questions à la fois temporelles (comme ici sur la culture turque) mais aussi intemporelles (comme les quêtes religieuses, dans ce roman, tout comme dans Soufi, mon amour). Elle aborde ainsi la question de Dieu et des religions d'un œil très contemporain, actuel! |
| | | Juliette2a Tenant of Hamley Hall
Nombre de messages : 28452 Age : 27 Localisation : Entre l'Angleterre et la Thaïlande ! Date d'inscription : 06/03/2012
| Sujet: Re: Elif Shafak (1971). Mar 13 Juil 2021 - 17:20 | |
| Merci pour tes retours toujours intéressants, Vavyala ! |
| | | serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12323 Date d'inscription : 31/05/2007
| Sujet: Re: Elif Shafak (1971). Mer 28 Juil 2021 - 13:38 | |
| Je ne lis pas encore vos avis Vayala et Petit Faucon, car je veux poursuivre ma lecture sans être influencée, mais je passe poster mes premières impressions sur Trois filles d'Eve, que je lis actuellement en VO. Je retrouve avec plaisir la plume d'Elif Shafak et ses histoires entrelacées, mais pour l'instant cette histoire me captive moins et me touche moins que La bâtarde d'Istanbul J'ai lu dans "Que lisez-vous ?" que tu avais trouvé le début un peu difficile Vavyala et en effet, je n'ai pas trouvé le début très plaisant (cela tient surtout à la scène d'ouverture je pense). J'ai senti un tournant dans ma lecture avec la scène du mariage du frère de Peri, à partir de ce moment, j'ai été plus captivée. Les alternances entre Istanbul en 2016 et le passé de Peri constituent une manière habile de présenter le récit (le lecteur cherche à comprendre comment la jeune Peri est devenue cette femme). Plus on avance dans le récit et plus on se pose de questions : - Spoiler:
- pourquoi cette jeune fille brillante est-elle devenue une femme effacée ? - comment l'étudiante qui se promet de ne pas épouser un oriental en arrivera-t-elle à épouser un compatriote de 20 ans plus âgé qu'elle ? - comment cette jeune fille amoureuse des livres en est-elle arrivée à la mère de famille qui s'ennuie dans des dîners mondains ? - et surtout que s'est-il passé à Oxford pour qu'elle ne termine pas son cursus alors que son père se sacrifie pour cela ?
Les chapitres qui se déroulent dans la Turquie contemporaine me gênent un peu car ils viennent "casser" la structure du récit de la vie de la jeune Peri (que je trouve plus attachante que sa version quadragénaire), mais je reconnais qu'ils offrent des passages (très) intéressants sur la société turque contemporaine Et surtout ils créent une forme de suspense entre les deux époques (très télégénique d'ailleurs, ce livre ferait une excellente adaptation en série ou en film) Le fond de l'histoire autour du professeur Azur m"intéresse moins pour l'instant (je ne me serais pas précipitée pour assister à son séminaire ) même si j'ai bien compris qu'il s'agissait du moment où la vie de Peri et son avenir ont basculé... je m'intéresse plus à ses relations avec Shirin et Mona |
| | | Vavyala Wood Full Of Song
Nombre de messages : 4439 Age : 40 Localisation : Entre une forêt francilienne et celle des pages des livres qui m'entourent Date d'inscription : 27/08/2018
| Sujet: Re: Elif Shafak (1971). Mer 28 Juil 2021 - 18:54 | |
| Merci beaucoup serendipity pour ton retour en cours de lecture! - serendipity a écrit:
- J'ai lu dans "Que lisez-vous ?" que tu avais trouvé le début un peu difficile Vavyala et en effet, je n'ai pas trouvé le début très plaisant (cela tient surtout à la scène d'ouverture je pense). J'ai senti un tournant dans ma lecture avec la scène du mariage du frère de Peri, à partir de ce moment, j'ai été plus captivée.
Oui, exactement, le début m'a peu captivée. Cela a commencé à aller mieux quand Peri arrive à la fête (pour la Peri du présent) et quand son frère Umut sort de prison (pour celle du passé). Le début était peut-être trop violent pour ma capacité du moment. - serendipity a écrit:
- Les alternances entre Istanbul en 2016 et le passé de Peri constituent une manière habile de présenter le récit (le lecteur cherche à comprendre comment la jeune Peri est devenue cette femme).
Oui, tout à fait, plus le récit avance et plus on se demande ce qu'il s'est passé à Oxford pour se retrouver avec la Peri actuelle, plus consensuelle que ce qu'elle promettait. - serendipity a écrit:
- Les chapitres qui se déroulent dans la Turquie contemporaine me gênent un peu car ils viennent "casser" la structure du récit de la vie de la jeune Peri (que je trouve plus attachante que sa version quadragénaire), mais je reconnais qu'ils offrent des passages (très) intéressants sur la société turque contemporaine
Contrairement à toi, j'ai fini par apprécier grandement ces passages qui, comme tu le soulignes, sont des prétextes (réussis à mon goût) à faire une photographie de la Turquie actuelle. - serendipity a écrit:
- Le fond de l'histoire autour du professeur Azur m"intéresse moins pour l'instant (je ne me serais pas précipitée pour assister à son séminaire ) même si j'ai bien compris qu'il s'agissait du moment où la vie de Peri et son avenir ont basculé... je m'intéresse plus à ses relations avec Shirin et Mona
Bonne fin de lecture! J'aurais très envie de commenter tes dernières lignes, mais de peur de te spoiler la fin, j'y reviendrai quand tu auras fini. |
| | | serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12323 Date d'inscription : 31/05/2007
| Sujet: Re: Elif Shafak (1971). Ven 30 Juil 2021 - 10:27 | |
| Merci pour ton retour Vavyala ! - Vavyala a écrit:
- Cela a commencé à aller mieux quand Peri arrive à la fête (pour la Peri du présent) et quand son frère Umut sort de prison (pour celle du passé).
Oui je te rejoins sur ce point Je regrette d'ailleurs que - Spoiler:
l'on ne voit pas plus ce frère qui pour l'instant disparait complètement de l'histoire (se contentant de répondre à quelques cartes postales que sa soeur lui envoie d'Oxford). L'évocation de son sort en prison est glaçante, Elif Shafak le mentionne rapidement en passant mais cela en fait un point fort de la critique du régime turc Autre épisode intéressant et glaçant, la visite médicale pratiquée sur la jeune belle-soeur suspectée de ne pas être vierge... là encore pour l'instant on n'en sait pas plus sur le devenir du jeune frère, j'espère que nous aurons quelques réponses sur les deux frères ...
- Vavyala a écrit:
- serendipity a écrit:
- Les chapitres qui se déroulent dans la Turquie contemporaine me gênent un peu car ils viennent "casser" la structure du récit de la vie de la jeune Peri (que je trouve plus attachante que sa version quadragénaire), mais je reconnais qu'ils offrent des passages (très) intéressants sur la société turque contemporaine
Contrairement à toi, j'ai fini par apprécier grandement ces passages qui, comme tu le soulignes, sont des prétextes (réussis à mon goût) à faire une photographie de la Turquie actuelle. Je suis tout à fait d'accord avec toi c'est une photographie très intéressante de la Turquie actuelle (en fait ces chapitres me gênent car une fois que je suis "installée" en 2000/2001, ils viennent m'en extraire et reporter les réponses aux questions sous-jacentes sur cette époque). La partie contemporaine n'est pas exempte de suspense non plus. Je pense par exemple à : - Spoiler:
- la manière dont la journaliste s'empare du polaroid et cherche à fouiner dans le passé de Peri - l'envie soudaine de Peri de recontacter Shirin - et surtout, l'annonce différée de l'arrivée du voyant (je sens que ce personnage a un certain potentiel j'espère ne pas être déçue -j'en arrive au chapitre où son arrivée est annoncée ).
- Vavyala a écrit:
- J'aurais très envie de commenter tes dernières lignes, mais de peur de te spoiler la fin, j'y reviendrai quand tu auras fini.
J'ai hâte de pouvoir en échanger rapidement avec toi, je sais que tu es très attentive à ne pas spoiler, c'est la raison pour laquelle je n'ai pas hésité à entamer les discussions à ce stade J'ai écouté quelques interviews d'Elif Shafak et je me demande dans quelle mesure ces trois filles d'Eve reprennent chacune une partie de sa personnalité -surtout Peri (pour le côté "bookish" et partagée/écartelée entre deux cultures) et Shirin (pour la jeunesse "itinérante" et un côté plus rebelle). |
| | | Vavyala Wood Full Of Song
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| Sujet: Re: Elif Shafak (1971). Ven 30 Juil 2021 - 12:42 | |
| - serendipity a écrit:
- Je regrette d'ailleurs que
- Spoiler:
l'on ne voit pas plus ce frère qui pour l'instant disparait complètement de l'histoire (se contentant de répondre à quelques cartes postales que sa soeur lui envoie d'Oxford). L'évocation de son sort en prison est glaçante, Elif Shafak le mentionne rapidement en passant mais cela en fait un point fort de la critique du régime turc Autre épisode intéressant et glaçant, la visite médicale pratiquée sur la jeune belle-soeur suspectée de ne pas être vierge... là encore pour l'instant on n'en sait pas plus sur le devenir du jeune frère, j'espère que nous aurons quelques réponses sur les deux frères ...
Je te rejoins, - Spoiler:
Elif Shafak utilise ce roman pour y intégrer une critique du régime turc, assez flippant. L'importance de la virginité pour les hommes turcs (présentés comme assez machistes dans ce roman, à l'exception du père et du mari de Peri) est tout autant révoltante! D'autant que si une femme n'arrive pas vierge à son mariage, la communauté masculine n'y est pas étrangère...
- serendipity a écrit:
- (en fait ces chapitres me gênent car une fois que je suis "installée" en 2000/2001, ils viennent m'en extraire et reporter les réponses aux questions sous-jacentes sur cette époque).
En parlant de cette époque, j'ai trouvé qu'Oxford était présentée de manière très " cosy" et attirante. Comme toi, je me sentais bien dans l'ambiance de ces chapitres, outre la curiosité de savoir ce qui s'était passé pour Peri. - serendipity a écrit:
- c'est la raison pour laquelle je n'ai pas hésité à entamer les discussions à ce stade
Quand un roman m'a intéressé, j'aime bien en parler plus en profondeur (tant que je m'en souviens ), donc ça me convient tout à fait le choix que tu fais de le commenter au fil de ta lecture! Merci! - serendipity a écrit:
- J'ai écouté quelques interviews d'Elif Shafak et je me demande dans quelle mesure ces trois filles d'Eve reprennent chacune une partie de sa personnalité -surtout Peri (pour le côté "bookish" et partagée/écartelée entre deux cultures) et Shirin (pour la jeunesse "itinérante" et un côté plus rebelle).
Je connais peu l'autrice elle-même. En effet, je ne sais pas combien d'elle-même elle a mis dans chacun des personnages. J'ai cru au personnage de Peri, ses doutes, ses aspirations, ses lumières et ses failles, donc je pense que son personnage est inspiré de la réalité (elle-même ou un/des proches(s)). En parallèle, je ressens une grande admiration de l'autrice pour le personnage de Shirin (pour lequel j'ai de l'intérêt mais plus de réserve dans mon jugement). Je me demande si Shirin n'incarne pas une facette d'un idéal de l'autrice, la femme libérée des diktats. |
| | | serendipity Aurora Borealis Chaser
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| Sujet: Re: Elif Shafak (1971). Ven 30 Juil 2021 - 16:13 | |
| En faisant quelques recherches sur l'actualité d'Elif Shafak, j'ai trouvé un article paru dans Libération au moment de la sortie de Trois filles d'Eve (que je n'ai pas encore lu en entier du coup), je pense qu'il vient répondre à certaines de nos questions ci-dessus J'ai également lu qu'elle publiait ces jours-ci son 12ème roman, The Island of Missing Trees, dont le thème me paraît très intéressant : - Citation :
- It is 1974 on the island of Cyprus. Two teenagers, from opposite sides of a divided land, meet at a tavern in the city they both call home. The tavern is the only place that Kostas, who is Greek and Christian, and Defne, who is Turkish and Muslim, can meet, in secret, hidden beneath the blackened beams from which hang garlands of garlic, chilli peppers and wild herbs. This is where one can find the best food in town, the best music, the best wine. But there is something else to the place: it makes one forget, even if for just a few hours, the world outside and its immoderate sorrows.
In the centre of the tavern, growing through a cavity in the roof, is a fig tree. This tree will witness their hushed, happy meetings, their silent, surreptitious departures; and the tree will be there when the war breaks out, when the capital is reduced to rubble, when the teenagers vanish and break apart.
Decades later in north London, sixteen-year-old Ada Kazantzakis has never visited the island where her parents were born. Desperate for answers, she seeks to untangle years of secrets, separation and silence. The only connection she has to the land of her ancestors is a Ficus Carica growing in the back garden of their home.
In The Island of Missing Trees, prizewinning author Elif Shafak brings us a rich, magical tale of belonging and identity, love and trauma, memory and amnesia, human-induced destruction of nature, and, finally, renewal. |
| | | Vavyala Wood Full Of Song
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| Sujet: Re: Elif Shafak (1971). Ven 30 Juil 2021 - 18:47 | |
| Merci serendipity pour l'article qui éclaire nos discussions sur l'inspiration de certains personnages du roman et pour l'annonce de son dernier roman dont la thématique m'a l'air intéressante! |
| | | Petit Faucon Confiance en soie
Nombre de messages : 11791 Age : 59 Date d'inscription : 26/12/2011
| Sujet: Re: Elif Shafak (1971). Lun 2 Aoû 2021 - 17:00 | |
| Je lis tes impressions avec beaucoup d'intérêt, serendipity. J'attends cependant ton commentaire final sur le livre |
| | | serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12323 Date d'inscription : 31/05/2007
| Sujet: Re: Elif Shafak (1971). Lun 2 Aoû 2021 - 17:10 | |
| Merci Petit Faucon, cela ne devrait pas tarder car j'approche de la fin J'ai entamé ce matin le chapitre au cours duquel Azur est - Spoiler:
"convoqué" chez le doyen de l'université et où on apprend que Peri a fait une tentative de suicide.
Peri est un personnage pour l'instant très attachant, le fait d'apprendre progressivement qu'elle - Spoiler:
vit dans la culpabilité de la mort de son frère jumeau ajoute à l'intérêt du personnage
J'ai hâte de pouvoir lire ton avis sur ce roman, ainsi que celui de Vavyala J'ai récemment pensé à toi en lisant un article sur Elif Shafak, le journaliste comparait son réalisme magique à l'univers de Salman Rushdie. Je n'ai pas encore rencontré cet aspect de son oeuvre*. Peut-être s'agit-il d'une évolution de son oeuvre avec ses derniers romans de nature à t'intéresser ? *le "bébé dans la brume" -je ne sais pas si c'est le terme utilisé en français pour "baby in the mist"- qui apparaît ici dans Trois Filles d'Eve ne me paraît pas pour autant décerner l'étiquette de réalisme magique au roman |
| | | Vavyala Wood Full Of Song
Nombre de messages : 4439 Age : 40 Localisation : Entre une forêt francilienne et celle des pages des livres qui m'entourent Date d'inscription : 27/08/2018
| Sujet: Re: Elif Shafak (1971). Lun 2 Aoû 2021 - 19:04 | |
| En effet, tu approches du dénouement! - serendipity a écrit:
- Peri est un personnage pour l'instant très attachant, le fait d'apprendre progressivement qu'elle
- Spoiler:
vit dans la culpabilité de la mort de son frère jumeau ajoute à l'intérêt du personnage
Je suis contente que tu aies ce ressenti-là pour Peri! J'ai beaucoup aimé son personnage, comme une petite sœur avec laquelle je partage des choses et que j'aurais eu envie de protéger de ce qui l'a touchée... - serendipity a écrit:
- *le "bébé dans la brume" -je ne sais pas si c'est le terme utilisé en français pour "baby in the mist"- qui apparaît ici dans Trois Filles d'Eve ne me paraît pas pour autant décerner l'étiquette de réalisme magique au roman
La traduction choisie en français est bien "bébé dans la brume". Je n'ai lu que deux romans d'Elif Shafak, donc je n'y ai pas encore vu le réalisme magique. Mais je peux déjà y voir son attrait pour le mystique, notamment par le soufisme. |
| | | serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12323 Date d'inscription : 31/05/2007
| Sujet: Re: Elif Shafak (1971). Mar 3 Aoû 2021 - 15:00 | |
| J'ai terminé hier soir ces Trois filles d'Eve et lu dans la foulée vos avis Petit Faucon et Vavyala Je vous rejoins sur le constat que, contrairement à mes attentes de départ, ce roman ne porte pas sur les trois jeunes femmes mais sur le chemin intérieur de Peri * Il s'agit d'évoquer ces quelques heures qui vont changer la vie de Peri, et de les illustrer à travers des flash-backs. Le titre est donc assez trompeur, ce qui est dommage Je lui ai trouvé les mêmes qualités que vous avez soulignées : la description de cette bourgeoisie stambouliote en pleine mutation, les tensions de la société turque symbolisées par la famille de Peri, les descriptions poétiques (tout en restant accessibles), le style de Shafak, l'ambiance d'Oxford etc. Cependant, je suis assez contente de ne pas avoir découvert l'univers d'Elif Shafak par ce roman, car je ne sais pas si j'en aurai lu d'autres ensuite (probablement pas, et cela aurait été dommage étant donné que j'ai beaucoup aimé La Bâtarde d'Istanbul). Ce roman m'a plu mais je lui trouve malgré tout quelques défauts, à commencer par les questions mystiques qui ne m'ont pas toujours passionnée (heureusement, il n'y en a pas de longues pages), mais aussi - Spoiler:
cette fin très ouverte qui m'a frustrée à titre général, j'aurais aimé une fresque plus aboutie sur la famille de Peri -j'en reviens à ses deux frères par exemple, à la manière dont elle a rencontré son futur mari, à son retour en Turquie après avoir prématurément quitté Oxford... ce sont des épisodes que j'aurais aimé lire, ou voir même rapidement évoqués. Idem pour la tentative de suicide qui arrive un peu rapidement et que je n'avais pas vue venir, mais que je n'ai pas comprise non plus
J'ai lu quelques critiques parues à l'époque de la sortie du roman, certaines lui reprochent quelques longueurs, peut-être que Shafak a voulu mettre trop de choses dans son roman... c'était aussi le cas pour La bâtarde d'Istanbul, mais cela ne m'avait pas posé de problème * Du coup, j'aurais presque envie de reprendre le livre au début pour boucler la boucle et relire certains passages à la lumière de ce que je sais d'elle désormais |
| | | Petit Faucon Confiance en soie
Nombre de messages : 11791 Age : 59 Date d'inscription : 26/12/2011
| Sujet: Re: Elif Shafak (1971). Mar 3 Aoû 2021 - 15:28 | |
| C'est vrai que le livre est assez elliptique, notamment comme tu l'as indiqué, - Spoiler:
sur la tentative de suicide de Peri à Oxford ; cette part assez grande laissée à l'interprétation du lecteur ne m'a pas gênée, même si comme toi je ne m'y attendais pas ; je la vois comme le constat de l'échec de l'occidentalisation totale de Peri ; Comme je l'ai dit plus haut, Peri pour moi est déboussolée, elle est perdue, elle ne trouve pas sa place, et quand elle en trouve une, celle d'épouse et de mère, c'est une place provisoire. Moi j'ai aimé que ce livre fasse la part belle aux questions, un bon livre c'est aussi une remise en question du lecteur-trice. Suite à tes commentaires enthousiastes, je me note La batarde d'Istanbul pour une lecture future |
| | | serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12323 Date d'inscription : 31/05/2007
| Sujet: Re: Elif Shafak (1971). Mar 3 Aoû 2021 - 16:54 | |
| - Petit Faucon a écrit:
- Peri pour moi est déboussolée, elle est perdue, elle ne trouve pas sa place, et quand elle en trouve une, celle d'épouse et de mère, c'est une place provisoire.
Ce qui rend Peri attachante (ou agaçante pour certains lecteurs je suppose), c'est qu'elle est déboussolée en effet et incapable de prendre de vraies décisions. On le voit quand elle décide de - Spoiler:
reculer lors de l'expertise sur la situation d'Azar : là encore, comme quand elle est prise dans un conflit de loyauté entre ses parents, elle ne parvient pas à trancher et à assumer une position qui serait la sienne. Sans vouloir faire de la psychologie de comptoir, c'est une métaphore de la Turquie contemporaine, prise en étau entre l'héritage kémaliste et le présent marqué par Erdogan. C'est peut-être pour cela que Shafak laisse sa fin ouverte l'avenir de Peri c'est à nous de l'imaginer... celui de la Turquie bien malin celui qui peut l'imaginer
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| | | Vavyala Wood Full Of Song
Nombre de messages : 4439 Age : 40 Localisation : Entre une forêt francilienne et celle des pages des livres qui m'entourent Date d'inscription : 27/08/2018
| Sujet: Re: Elif Shafak (1971). Mer 4 Aoû 2021 - 9:38 | |
| Merci serendipity pour ton retour et contente que le roman t'ait plu, même si ce n'est pas ton préféré de cet autrice! Je te rejoins, un autre titre, plus centré sur Peri aurait déçu moins d'attentes et cela me donne envie aussi de le relire un jour à la lueur de ce que je sais maintenant de Peri. En effet, élargir la fresque sur - Spoiler:
le devenir des deux frères de Peri et sur la reconstruction de celle-ci auprès de son mari actuel (après l'épisode Oxford-Azur) m'aurait intéressée!
Au regard de l'article que tu as posté d'elle, peut-être a-t-elle eu peur d'être poursuivie par les dirigeants turcs en en disant trop? Ou a-t-elle eu peur de construire un pavé de 1000 pages? En ce qui concerne - Spoiler:
la tentative de suicide, elle m'a surprise sur le coup car je n'avais pas lu de signe avant-coureur chez Peri, mais avec du recul, je l'ai trouvée très logique dans sa psychologie du moment. C'est une femme très intelligente mais qui doute, est déboussolée depuis sa jeunesse. Elle espérait trouver en Azur un guide (un Dieu comme elle le dit à la fin) qui l'éclaire. De plus, elle en tombe passionnément amoureuse. Et le Dieu et le sujet de sa passion tombe de son piédestal quand elle se rend compte que tout est à sens unique: elle l'enrichit des récits de ses expériences mystiques mais ne retire rien qui l'aide de ses cours, elle se sent utilisée et la jalousie de la place qu'occupe Shirin complète le tableau de son désespoir. En finir me semble la suite logique que ce personnage trouve.
La fin, je l'ai trouvée très frustrante sur le coup - Spoiler:
Peri, va-t-elle survivre et bénéficier des actions mises en place pour affronter son passé pour rebondir dans son présent?
mais très marquante au final et comme tu dis serendipity - Spoiler:
cela nous dit que la suite n'est pas encore écrite, cela dépend du destin et de la capacité de chacun à l'infléchir (que ce soit à l'échelle personnelle ou d'un Etat. Je n'y avais pas pensé!)
Je me suis aussi dit qu'après avoir passé une partie de sa vie à fuir les choix et laisser les gens qu'elle aime affronter certaines épreuves, c'est la première fois que Peri choisit. Elle prend le risque de sortir, elle sera aux côtés de son mari qu'elle aime pour la suite des opérations au lieu de le laisser potentiellement mourir seul.
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| | | Vavyala Wood Full Of Song
Nombre de messages : 4439 Age : 40 Localisation : Entre une forêt francilienne et celle des pages des livres qui m'entourent Date d'inscription : 27/08/2018
| Sujet: Re: Elif Shafak (1971). Mar 7 Sep 2021 - 0:51 | |
| J'ai terminé ma lecture de La bâtarde d'Istanbul et j'ai l'impression que ce roman a été comme une claque littéraire! Par son style et son sujet, il est très différent des deux précédents romans de cette autrice que j'avais lus. Ici, philosophie et religion ne sont pas les thèmes centraux. On y trouve un portrait de la Turquie moderne, notamment par le portrait de la ville et de différentes femmes, associé avec le récit en filigrane du génocide arménien, des traces qu'il a laissées (pas seulement chez les victimes et témoins directs, mais aussi les cicatrices transgénérationnelles occasionnées) et de différents points de vue arméniens dessus (entre les habitués du Café Constantinopolis plutôt anti-Turcs et Aram, le petit ami de Zeliha, qui se sent bien comme Arménien et Stambouliote). Le défi relevé par Elif Shafak était élevé mais je trouve qu'elle s'en est très bien tiré! Pour le style, elle a une plume beaucoup plus humoristique et percutante, dérangeante à la fois, pour titiller avec affection mais lucidité les défauts de ses compatriotes. Cela m'a surpris et changé de son ton plus "sérieux" dans ce que j'avais précédemment lu d'elle. Là où j'ai été bouleversée, c'est qu'on commence le roman avec cette légèreté et qu'il se termine dans la lourdeur du passé dévoilé. Comme tante Banu, on se prend à souhaiter avoir plus de courage à connaitre, accepter et faire avec ce passé. Alors que le passé est rempli de traumatismes et que le présent des personnages pourrait être plus riche de promesses, j'ai l'impression qu'Elif Shafak a inversé le cours du temps, avec le poids des révélations sur le présent. Le savoir n'est pas une libération mais la plaie remise à vif, comme si le temps était circulaire et non pas linéaire comme l'aurait souhaité Asya. Ce qui accentue cette sensation, c'est - Spoiler:
l'absence de happy end, dans le sens d'un récit du soulagement d'un des personnages à enfin savoir de quelle histoire il est issu.
Un très beau roman pour parler de ce génocide et aborder les effets collatéraux du silence et de la non-reconnaissance, mais que je recommanderai de lire à un moment où on se sent capable d'encaisser son message. (A l'heure où je poste mon message, vous pouvez imaginer qu'il ne m'a pas laissé dormir en repos tant que le surplus émotionnel n'a pas été évacué sous forme d'un post ) Dans un registre plus léger, j'ai apprécié les titres des chapitres, inspirés d'un aliment qu'on rencontre dans ledit chapitre. Je ne saurai dire pourquoi, mais d'une certaine façon, ça mettait de la poésie dans un récit "historique". |
| | | Petit Faucon Confiance en soie
Nombre de messages : 11791 Age : 59 Date d'inscription : 26/12/2011
| Sujet: Re: Elif Shafak (1971). Mar 7 Sep 2021 - 13:34 | |
| Merci beaucoup Vavyala pour ton commentaire sur La bâtarde d'Istanbul, qui rejoint l'avis favorable de serendipity. Je note ce livre sur ma liste, dès que j'aurais un peu de temps |
| | | serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12323 Date d'inscription : 31/05/2007
| Sujet: Re: Elif Shafak (1971). Mar 7 Sep 2021 - 18:34 | |
| Un grand merci Vavyala pour cet avis je suis très contente que ce livre t'ait plu J'avoue qu'après celui-ci tout paraît un peu "fade" |
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| Sujet: Re: Elif Shafak (1971). | |
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| | | | Elif Shafak (1971). | |
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