George Eliot dans les medias.

Dans le cadre de la campagne Reclaim Her Name, 25 romans écrits par des écrivaines mais publiés sous pseudonymes masculins ont été réédités avec, cette fois-ci, le nom de naissance de l'autrice. Ainsi Middlemarch a été réédité sous le nom de Mary Ann Evans.

Ce qui me paraissait a priori une bonne idée n'en est en fait pas vraiment une   c'est en tout cas ce que nous apprend un article du site The Conversation, intitulé Why it’s not empowering to abandon the male pseudonyms used by female writers-  daté du 18 août (je voulais insérer un lien vers celui-ci mais cela ne fonctionne pas aujourd'hui   ).

L'exemple de George Eliot est cité car elle avait elle-même choisi ce nom de plume à une époque où il n'était pas problématique de publier sous une identité féminine. Par ailleurs, GE a endossé plusieurs identités au cours de son existence, alors laquelle retenir ? Je vous incite à aller lire cet article si le sujet vous intéresse

Je n'étais pas au courant de cette 'affaire'. Je trouve aussi que c'est irrespectueux, car même sous couvert de bonnes intentions, ce n'est pas respecter la volonté de la personne.

Merci pour cet article très intéressant, Serendipity ! J'ignorais également les détails de l'affaire autour de l'identité de George Eliot !

Merci d'avoir partagé cette actualité intéressante serendipity. Je ne pensais pas que la question d'un retour aux noms de naissance d'auteures ayant publié sous pseudonymes se pose un jour, même dans le contexte actuel. Je vous rejoins sur le côté irrespectueux que représenterait cette pratique - dans le cas de George Eliot le manque de respect de ses volontés serait flagrant puisqu'elle a clairement écrit ne pas souhaiter être publiée sous un autre nom. Et cela effacerait la démarche d'origine d'utiliser un pseudonyme dans un contexte particulier où les femmes pouvaient craindre de ne pas être publiées si elles révélaient leur vraie identité.

Ce qui me fait penser à une autre George : George Sand. Devenue un tel monument littéraire, est-il seulement envisageable de republier ses œuvres sous sa vraie identité d'Aurore Dupin ? J'en doute fort, tout le monde ne connaissant peut-être pas son nom de naissance, contrairement à son pseudonyme qui a lui traversé les siècles.

Merci pour vos retours et contente que cet article vous ait intéressées  

Tatiana, je me suis posé la même question que toi s'agissant de Georges Sand. Comme je connais mal sa vie, je ne sais pas si le choix de son nom de plume a été guidé par une crainte de ne pas être publiée ou prise au sérieux sous son nom de naissance  
En effet, les livres publiés sous le nom d'Aurore Dupin auraient moins de visibilité, tout comme les pièces de Jean-Baptiste Poquelin

La Compagnie des oeuvres sur France Culture consacrera trois émissions à GE la semaine prochaine .

Plus d'informations sur son site internet (première émission biographique lundi)

Merci Tatiana. Je vais les écouter.

Merci pour l'info Tatiana, j'écouterai aussi dès que possible

J'ai pu prendre le temps d'écouter les deux premiers épisodes de La Compagnie des oeuvres, merci encore Tatiana . Ce sont des émissions passionnantes en trois parties :

1) Avec une spécialiste de George Eliot, enseignante-chercheuse à l'Université de Lille, l'émission retrace la vie de l'écrivaine en se référant en partie sur le livre Une passion pour George Eliot de Kathy O'Shaughnessy qui vient de sortir.
Elle a grandi dans un milieu modeste mais pas nécessiteux. A l'adolescence, elle a une période de grande ferveur religieuse. Elle est très attachée à son frère.
Son physique désavantageux lui vaut d'être repoussée par plusieurs hommes.
Elle rencontre finalement un homme marié avec lequel elle vivra jusqu'à ce qu'il décède. Ayant reconnu les enfants illégitimes de son épouse, il ne peut cependant pas obtenir le divorce et George Eliot sera celle qui paiera le prix du scandale. Le beau monde lui interdit son accès et sa famille (dont son frère qu'elle ne reverra jamais) la rejette.

Finalement, elle devient riche grâce à ses succès littéraires et parvient à être accueillie dans le monde qui la rejetait jusque là.

2) Avec Alain Jumeau, traducteur de nombreux auteurs anglais, cette partie se consacre à l'analyse de l'oeuvre d'Eliot.
Il divise ses romans entre deux périodes. La première époque est marquée par la religion et un milieu restreint. Par la suite, George Eliot voyage beaucoup et la politique commence à être présente dans son oeuvre. Elle est pour le progrès tout en étant critique de ses manifestations et conservatrice.
Selon Alain Jumeau, George Eliot est tellement reconnue à son époque qu'elle surpasse Dickens dans l'esprit des Britanniques. Elle inspire même Proust, en particulier avec Le Moulin sur la Floss qui est qualifié de "recherche du temps perdu". Elle emprunte à Jane Austen le goût des contrastes entre ses héroïnes, l'importance accordée à la psychologie des personnages. Elle est aussi, comme Walter Scott, attentive au contexte (révolution industrielle, elle a même l'intuition de la nécessité d'un État juif).
Elle souhaite inspirer l'empathie envers ses personnages. Elle pense que ce ne sont pas forcément des actes héroïques ou remarquables qui changent le monde.
Contrairement à ce qu'elle a vécu, elle ne crée pas des personnages féminins qui brisent leurs chaînes (sauf la mère de Daniel Deronda). En revanche, elle met en scène de façon claire les différences de traitement entre hommes et femmes.

On apprend aussi la future parution de Felix Holt, The Radical, une première parution en français pour début 2021.

La troisième émission est consacrée à Middlemarch, je vais rapidement écouter ça.

Merci pour ton retour enthousiaste MissHoneychurch, cette émission est toujours passionnante je garde précieusement les podcasts pour les écouter dès que j'aurai du temps de qualité

Oui merci MissHo pour tes commentaires, très intéressants !!

Je manque de temps, mais je vais essayer d'écouter la partie sur Middlemarch, que j'ai lu récemment

J'ai écouté les trois émissions et les ai trouvées passionnantes au point de regretter que le cycle ne se soit pas prolongé (les deux dernières émissions de la semaine étaient consacrées à Mary Shelley donc la littérature anglaise est restée à l'honneur). Je me suis rendue compte que la lecture d'une biographie est à l'ordre du jour tant j'ignore en quoi a consisté la vie de George Eliot. Sa littérature est emblématique de la période victorienne et elle n'a pas hésité à briser les conventions pour vivre en concubinage avec un homme marié. Seule sa renommée lui a permis d'être à nouveau à peu près acceptée dans la société. Un itinéraire très atypique pour une femme de lettres de l'époque. Je vais essayer de me procurer le livre de Kathy Shaughnessy, un roman biographique qui semble intéressant.

J'ai apprécié aussi l'analyse de son oeuvre et de sa place aux côtés des grands créateurs littéraires de la période. J'ai été en particulier surprise d'apprendre que de son vivant elle était plus appréciée que le monument Dickens et ses romans plus "populaires", une prouesse   . Bien sûr j'aurais aimé entendre Elizabeth Gaskell et Anthony Trollope cités parmi les écrivains majeurs de l'époque, mais on ne peut pas tout avoir .