Vita Sackville-West

J'ai terminé Toute passion abolie et j'ai bien aimé ce roman, doux, contemplatif, un peu philosophique. Je me suis retrouvée totalement dans Edith quand il est dit qu'elle craint toujours de ne pas utiliser les mots qu'il faut pour traduire au mieux ses pensées. Je suis exactement pareille de ce côté-là Dommage qu'on ne la voie plus beaucoup après, dans le livre. Et j'ai beaucoup aimé le personnage de M Bucktrout. D'ailleurs, je vous cite deux de ses pensées que j'aime beaucoup:

Mr. Bucktrout:

Citation :

]J'ai horreur de tous ceux qui ne voient pas le monde comme il est. C'est-à-dire monstrueux, Lady Slane! Et monstrueux parce qu'il est construit sur la compétition, sans que personne ne sache si la raison fondamentale de cette compétition est une pure convention ou une nécessité, une extraordinaire illusion, une loi naturelle ou animale destinée à disparaître à mesure que nous progressons dans la civilisation.

Citation :

Comme il est terrible d'avoir vingt ans ! C'est aussi affreux que d'affonter le grand national de Liverpool. On sait que l'on va presque certainement tomber dans le Ruisseau de la compétition, se casser une jambe à la Haie de la déception, trébucher sur le Fil de l'intrigue, souffrir au grand Obstacle de l'amour.

J'ai fini il y a peu Toute passion abolie. Sans que ce soit un coup de coeur, j'ai beaucoup apprécié cette lecture. Pour le choix du thème et son originalité, pour son décor aussi (Hampstead est mon coin préféré de Londres ) et aussi pour le personnage de Lady Slane, qui me semble prendre les bonnes options une fois libre.

Intéressantes descriptions des divers caractères de la jeune génération. J'ai quand même été un peu gênée par le fait que Lady Slane paraisse comme détachée d'eux, comme si elle n'avait aucune responsabilité dans ce qu'ils étaient devenus. Franchement, en tant que mère, si les miens tournaient comme certains des siens, je remettrais en questions mes méthodes. Un peu comme si elle leur reprochait les sacrifices consentis, alors que c'est pour se couler dans les moule, qu'elle les a faits, ces sacrifices, pas parce qu'elle pensait que c'était mieux pour tout le monde. Je ne sais pas si je suis très claire, mais j'ai quand même été dérangée par cette "aigreur".

Mais bon, tout de même une petit livre très agréable à lire.

Contente que tu aies aimé Cat, ce roman reste un des mes coups de coeur de l'an dernier.

J'avais raté l'avis de Jennie, j'aime beaucoup ces deux citations.

Je viens de terminer Dark Island et mon avis est très mitigé. J'ai trouvé ce roman passablement ennuyeux, même si j'y ai aussi trouvé de bonnes choses. c'est principalement du au fait que je n'ai pas du tout accroché au personnage principal, Shirin Wilson puis Vane-Merrick puis Le Breton, sur laquelle l'auteur appelle notre sympathie et que je n'ai pas été capable d'en éprouver tant je l'ai trouvée invraisemblable* et quand elle ne l'était pas, artisane de son propre malheur et donc responsable du même. Et je n'ai pas réussi à détester celui qu'on doit détester car, sans en faire non plus un modèle de vertu, je ne l'ai pas trouvé si détestable que ça.Tout cela est bien confus .
La quatrième de couv' vous permettra d'y voir plus clair:

Citation :

Lorsque Venn propose à Shirin de l'épouser, il ne l'a vue qu'une fois, une décennie plus tôt. Elle avait seize ans. C'était à Port-Breton, où Shirin allait en vacances. De la côte, elle pouvait contempler la petite île de Storn, qui la fascinait - elle lui vouait même un culte secret. Mais jamais elle n'avait imaginé s'y rendre, jusqu'à sa rencontre avec l'héritier de Storn : Venn Le Breton, qui l'emmena découvrir l'île. Dix ans plus tard, Venn ignore que c'est de Storn dont Shirin est tombée amoureuse. Devenu son mari, il fera tout pour la plier à sa domination perverse et repousser Cristina, l'Amie intime de Shirin venue partager leur huis clos au château de Storn.

Bref, je n'ai pas trouvé Venn si pervers que ça ni Shirin si douce victime d'un bourreau cruel que ça et à la place de Venn, je pense que je n'aurais pas trop apprécié Cristina non plus (je n'ai pas aimé ce personnage, que je trouve aussi assez monolithique).

Bref, pour moi, Shirin et Cristina sont des constructions assez snobs et manquant de réalité humaine. Venn est plus intéressant mais le personnage ne me semble pas correspondre au monstre auquel on veut nous faire croire. Et comme le trio et ses états d'âme constituent 80% des deux derniers tiers du livre, ça m'a coûté un petit effort de le finir.

En gros, les descriptions de l'île de Storn, le château, la mer et Venn Le Breton à 16 ans, pêcheur sauvage et irascible ont retenu mon attention.

Faudra que j'en essaie un autre (toute passion abolie ?) mais celui-là m'a refroidie.

*

Spoiler:

J'ai lu plusieurs livres d'elle, et je n'ai jamais été déçue, donc ton avis m'interpelle MissAcacia. Le résumé est pourtant très tentant.

Oui, moi aussi vos avis plutôt positifs à très positifs m'interpellent et me donnent envie d'en essayer un autre. Je souffre peut-être simplement d'une incompatibilité d'humeur totale avec Shirin Le Breton et Cristina Rich, dont j'espère qu'elles sont plutôt atypiques parmi les héroïnes Sackvilliennes

Je ne sais pas si les personnages de VSW sont très sympathiques dans ses autres romans. Ce qui m'interpelle chez elle, c'est surtout sa peinture de la société. Après, je suis loin d'être une inconditionnelle, elle n'est clairement pas sur le même plan qu'une Virginia Woolf par exemple.

Ton avis ne donne pas trop envie MissAcacia mais j'ai vraiment adoré Toute passion abolie alors je te le conseille.

J'ai aussi Haute société dans ma PAL, je le lirais peut-être cet été.

Oui désolée , mais j'ai essayé d'être honnête

misshoneychurch a écrit:

Je ne sais pas si les personnages de VSW sont très sympathiques dans ses autres romans. Ce qui m'interpelle chez elle, c'est surtout sa peinture de la société. Après, je suis loin d'être une inconditionnelle, elle n'est clairement pas sur le même plan qu'une Virginia Woolf par exemple.

Je n'ai pas besoin que les personnages soient sympathiques mais il faut qu'ils me paraissent bien construits, qu'on les sente vivre. Là ils restent artificiels, incroyables au sens premier du terme, surtout les deux femmes IMO. Et pour la peinture de la société c'est rapé car on est sur l'île de Storn dans un quasi huis clos donc à part la société des pins qui offre une variété botanique intéressante mais peu de ressorts psychologiques, la société des merlus qui reste assez silencieuse et les pêcheurs dont on se contrefiche sauf pour dire que Perfect Shirin est d'une bonté inlassable et toujours renouvelée auprès de leurs enfants malades et de leurs vieillards égrotants et qu'ils sont fidèles au Ranger (Venn) à la vie à la mort. C'est peut-être un essai un peu raté de faire autre chose que de la peinture de société . Il faudra donc que j'essaie les autres.

J'ai continué ma découverte de l'oeuvre de Vita Sackville-West avec Haute société et même si je le place en dessous de Toute passion abolie, j'ai beaucoup aimé. Cet auteur me plaît décidément beaucoup.

Dans ce livre elle nous raconte une liaison entre une veuve de quarante ans, bourgeoise et tout ce qu'il y a de plus chic et convenable, avec un jeune politicien réformiste de vingt-cinq ans. Vita Sackville-West a vraiment une belle plume (en tout cas pour ce que je peux en juger en lisant en traduction ), parfois poétique, parfois cruelle et ironique, toujours juste. J'aime beaucoup sa manière de dépeindre un caractère, un sentiment. Même si sa prose est beaucoup plus classique que celle de Woolf (dont je n'ai lu qu'un seul roman ) je trouve qu'on peut les rapprocher au niveau de cette justesse dans la peinture des êtres.

C'est un livre qui commence de manière assez légère, le regard est assez distancié, et peu à peu la jalousie pointe son nez, les complications aussi, et on ne peut que s'attacher à Evelyn Jarrold. Le roman est agité, très différent de l'apaisement ressenti à la lecture de Toute passion abolie. Mais on retrouve le même regard un peu tendre, un peu ironique sur une galerie de personnages imparfaits mais tellement humains. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai souvent pensé à Rosamond Lehmann pendant ma lecture ; même si leurs livres sont assez différents je leur trouve une parenté dans le ton.

Toute passion abolie était ma première approche de Vita Sackville-West.
J'ai trouvé le livre agréable, mais pas renversant non plus.
Pourtant le début m'a paru prometteur, mais le milieu m'a semblé bien long, et je n'ai pas vraiment réussi à m'intéresser aux réflexions de Lady Slane, alors que leur sujet m'est cher.
Je suis donc un peu dubitative, mais j'essaierai un autre titre.

Wikipedia dit que Vita Sackville-West aurait déclaré à sa mère, étant enfant, qu'elle aimerait vivre seule dans une tour avec des livres. Cette anecdote, si elle est vraie, est tout simplement délicieuse !

Je viens de finir Toute passion abolie et j'ai beaucoup aimé
Les livres que je lis habituellement ne traitent pas ce genre de sujet donc j'ai trouvé ma lecture très intéressante. J'ai particulièrement apprécié de suivre le flot des souvenirs de Lady Slane, et la première partie rapportée du point de vue d'Edith était vraiment bien retranscrite! J'ai beaucoup aimé l'écriture, très fluide.

J'ai emprunté en même temps Haute société et Au temps du roi Edouard donc je devrais revenir poster sur ce topic dans peu de temps

Contente que tu aies aimé, Ju ! J'ai hâte d'avoir ton avis sur Haute société (que j'ai beaucoup aimé ) et Au temps du roi Edouard (que j'ai très envie de lire ! ).

Sitôt demandé, sitôt fait!
J'ai fini Haute société tout à l'heure (c'était du rapide ) et j'ai énormément aimé également!! Je ne saurais dire lequel j'ai préféré entre celui-ci et Toute passion abolie, les thèmes sont tellement différents! Tandis que TPA était nostalgique, tranquille, contemplatif, celui-ci nous décrit la descente aux enfers (j'exagère un peu ) d'une héroïne jalouse. Je suis restée assez distante des différents personnages, pas de vrai coup de coeur pour l'un ou l'autre (c'était pareil pour l'autre roman, quoique j'aimais beaucoup Edith dans la première partie).
Evelyn m'a assez énervé par moment, même si je comprenais certaines de ses actions (faut avouer que Miles est loin d'être parfait). Mais je suis déçue qu'elle ait

Spoiler:

mais c'est sûr que ça aurait apporté moins d'intérêt à l'histoire.
Je ne sais pas exactement ce qui m'a plu autant dans ces romans... Le style? Je ne sais pas si je suis assez bon juge L'histoire? Pas spécialement, même si Haute société est assez prenant (sauf dans les dernières pages où on devine facilement la fin). Les personnages? Décidément non.
Bref, un mystère.
Mais j'ai commencé le premier chapitre de Au temps du roi Edouard, et ça me plaît déjà, il doit bien y avoir quelque chose

On ne t'arrête plus.

Je suis d'accord avec ton post, notamment sur le spoiler, par contre dans les deux romans je me suis beaucoup attachée aux personnages. Mais il y a quand même une certaine distance qui fait qu'on reste un peu en-dehors de l'histoire je trouve (parfois ça peut être négatif mais là je trouve que ça fait partie du charme de Vita Sackville-West ). Quant au style, en tout cas en traduction, j'aime beaucoup. Je crois que ce qui fait la saveur de ce roman c'est en partie la justesse du ton et de l'analyse des personnages, des sentiments... plus que l'histoire. Ce qui me fait dire que tu dois absolument lire Rosamond Lehmann.

Je suis contente que TPA t'ait plu !

@esperluette: j'ai déjà lu Poussière de R.Lehman, mais je devais être dans un mauvais état d'esprit car je n'avais pas accroché plus que ça

esperluette a écrit:

Mais il y a quand même une certaine distance qui fait qu'on reste un peu en-dehors de l'histoire je trouve (parfois ça peut être négatif mais là je trouve que ça fait partie du charme de Vita Sackville-West ). Quant au style, en tout cas en traduction, j'aime beaucoup. Je crois que ce qui fait la saveur de ce roman c'est en partie la justesse du ton et de l'analyse des personnages, des sentiments... plus que l'histoire.

Parfait, tu as su mettre les mots sur ce que j'ai ressenti

Je viens de finir Au temps du roi Edouard (ma rapidité de lecture me fait peur ) et j'ai encore une fois beaucoup aimé. Il est peut-être un peu moins prenant que les autres, dans la mesure où la satire est beaucoup plus présente et que l'histoire n'est là que pour la soutenir. En soi, il n'y a pas tellement d'histoire, plutôt un regard très intéressant sur la société de l'époque. Le personnage principal (que je ne peux pas vraiment qualifié du nom de héros^^), Sébastien, m'a beaucoup plus au début car il annonçait une certaine révolte envers la société qui me plaisait. Malheureusement, ça ne dure pas et il finit par se fondre dans le moule (et en devient détestable, la société hypocrite de l'époque ne fait vraiment pas envie ).
Néanmoins, j'ai énormément apprécié cette lecture, je n'avais pas lu beaucoup d'analyse sur cette époque.

Je vais faire une petite pause avec VSW (c'est surtout que je n'en ai plus d'autres d'elle à disposition) mais ce fut une très belle découverte (et ma mère est en train de lire Toute passion abolie )

J'ai terminé Au temps du roi Edouard, et je partage globalement ton avis, Ju.
Il n'y a pas d'histoire en tant que telle, mais un voile levé sur une tranche de vie du jeune duc Sébastien, durant le règne d'Edouard VII.
La peinture de l'aristocratie et de ses codes est réjouissante, tout autant que glaçante, et le pauvre héros se trouve partagé entre l'amour profond qu'il ressent pour son domaine, et l'étouffement qu'il ressent au milieu des codes de son milieu, qui annihilent toute vélléité d'indépendance.
J'ai toutefois été frustrée de ne pas connaître le choix final de Sébastien.

J'ai lu Plus jamais d'invités ! et suis un peu déçue, c'était une lecture sympa mais franchement pas aussi plaisante que Toute passion abolie et Haute société.

L'histoire en quelques mots : Walter et Rose Mortibois reçoivent leurs frère et sœur respectifs dans leur maison de campagne, ainsi qu'une amie, aristocrate excentrique, pour le weekend de Pâques. Walter, juriste réputé, est aussi un homme très froid, pessimiste sur la nature humaine, et qui a passé un étrange contrat de mariage avec sa femme: le mariage n'a jamais été consommé et ils vivent une relation de confiance mais très distante. Cela va changer au cours de ce weekend décisif...

Le côté comédie sociale est plutôt réussi (même si j'ai trouvé VSW assez peu tendre envers Lucy et Dick, moins distingués que Rose et Walter certes, mais qu'elle semble considérer comme inférieurs intellectuellement), de même que la peinture des caractères. En revanche j'ai trouvé l'écriture moins fluide, plus laborieuse, parfois artificielle. Je pense que c'est dû en partie à l'histoire:

Spoiler:

J'ai l'impression d'être très négative là mais ça reste un livre distrayant et élégant, c'est juste que VSW m'a habituée à mieux.

Ah...Dommage  Il faudrait donc privilégier Haute Société (après avoir lu Toute Passion abolie) d'après toi ?  

Oui, sur les trois que j'ai lus, Plus jamais d'invités ! est le moins intéressant (à mon goût bien sûr !)  

D'accord !   C'est sûr que je préfèrerai ne pas être déçue, donc merci pour ton conseil !

Je viens de finir "Toute passion abolie" et, même s'il ne s'agit pas d'un coup de coeur, c'est une jolie lecture que je dois à Lambton   (repérée grâce aux topics de fin d'année bilans de lecture   ).

Comme certaines l'ont fait remarquer, l'entrée en matière est magistrale avec ces portraits d'enfants sans concession. Je pensais également qu'Edith allait jouer un rôle plus important et, de ce fait, la deuxième partie -qui s'ouvre avec l'installation de Lady Slane à Hampstead- m'a paru un peu longuette (j'ai eu un peu de mal avec la maison qui l'a attendue pendant 30 ans et le personnage de M. Buckruth). L'arrivée de M. FitzGeorge a réveillé mon intérêt jusqu'à la fin   

J'ai bien aimé la fin du roman

Spoiler:

Je suis contente que tu aies aimé Toute Passion abolie, Serendipity   

D'ailleurs, en parlant de Vita Sackville-West, j'ai eu Au Temps du roi Édouard à Noël (très contente   ), et c'est un des premiers livres que je lirai cet été  

Miss Halcombe a écrit:

J'aime les vieilles maisons et les jardins un peu fouillis

Itou... 
Lu le mois dernier Le Diable à Westease (1947), publié chez Autrement (2014).
C'est bien écrit, à mon goût, sec et nerveux, saupoudré d'humour et parfois de poésie. La psychologie des personnages et leur interaction m'ont paru par ailleurs, pour l'époque, plutôt détonnantes.
Cherry on the cake, la question d'éthique à laquelle le lecteur est confronté en fin de roman, s'avère dérangeante à souhait...