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| Theodore Dreiser (1871-1945) | |
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Dulcie Romancière anglaise
Nombre de messages : 1613 Date d'inscription : 19/12/2009
| Sujet: Theodore Dreiser (1871-1945) Mer 13 Jan 2010 - 0:28 | |
| Je ne crois pas qu'il existe un topic consacré à cet écrivain aujourd'hui assez méconnu. Je viens de terminer ma lecture de son premier roman, Sister Carrie, je profite donc de l'occasion pour lui ouvrir un sujet. De l'auteur lui-même, je ne sais pas grand chose, mais j'ai trouvé cet article le concernant sur le site du Metropolitan Opera : - Spoiler:
Theodore Dreiser est né à Terre Haute, Indiana, en 1871, neuvième d’une famille de dix enfants. Son père ayant été ruiné quelques années auparavant, la famille fut contrainte d’aller de ville en ville durant la jeunesse de Theodore. Toute la famille fut touchée par cette période difficile. La mère de Theodore trouva refuge, à sa manière, dans sa propre foi, son père dans un strict catholicisme. Nombreux furent ses frères et soeurs qui se mirent en quête d’une vie meilleure. Deux de ses frères quittèrent la maison familiale pour aller trouver fortune tandis que deux de ses soeurs mirent au monde des enfants illégitimes. L’expérience des soeurs Dreiser a sans doute contribué à inspirer le futur auteur pour son premier roman Sister Carrie. Dreiser lui-même quitta son foyer et commença à vivre de petits boulots dès l’âge de seize ans. Grâce à un professeur, il put passer un an à l’Université d’Indiana en 1889-90 qu’il quitta toutefois pour aller bientôt travailler au Chicago Globe. Le premier roman de Dreiser, Sister Carrie, fut publié en 1900. L’ouvrage suit les traces de Carrie, une jeune fille dont les liaisons amoureuses avec de riches amants lui apportent succès et confort. Carrie devient une actrice célèbre alors que l’un de ses prétendants fait faillite et est conduit au suicide. A l’époque, il était choquant de dépeindre une femme immorale dont les actes étaient récompensés et non pas punis. L’éditeur refusa de promouvoir l’ouvrage qui ne se vendit qu’à 500 exemplaires. Dreiser fut accablé par cet échec. Dreiser trouva du travail en tant que rédacteur de divers journaux et revues. Il fut rédacteur en chef de trois magazines pour femmes jusqu’en 1910 lorsque sa liaison avec une mineure, fille de l’une de ses collègues provoqua un scandale qui le força à démissionner. Son deuxième roman, Jennie Gerhardt (1911) fut publié l’année suivante. Il s’agit d’une histoire d’amour entre une jeune femme et un sénateur. L’éditeur, Harper & Brothers, censura un passage où l’amant de Jennie explique l’usage de contraceptifs. En 1912, Dreiser publia The Financier, premier d’une série de trois romans basés sur la vie du magnat des transports Charles T. Yerkes. The Titan (1914) et The Stoic (1947) complétèrent la trilogie. L’ouvrage semi-autobiographique The Genius fut publié en 1915 mais la censure exercée par la Société New Yorkaise de la Suppression des Vices en empêcha la publication pendant cinq ans. Le roman de Dreiser, An American Tragedy (1925) fut son plus grand succès commercial. S’inspirant essentiellement d’un vrai fait divers - littéralement arraché d’un gros titre de journal-, l’histoire tourne autour d’un jeune homme, auteur du meurtre de sa petite amie enceinte. De nombreux détails directement issus de l’enquête policière servirent de modèle pour le roman. Dreiser enquêta également sur d’autres affaires de ce genre dans lesquelles de jeunes meurtriers se débarrassaient de leur petite amie afin d’épouser des femmes plus riches ou plus importantes socialement parlant. Dreiser était aussi largement impliqué dans la lutte pour la protection des droits des pauvres et déshérités. Il s’engagea passionnément pour des causes telles que la grève des mineurs de Harlan, le procès des garçons de Scottsboro, les victimes de la guerre d’Espagne. Durant toute sa carrière, il défendit la liberté d’expression pour les écrivains aux Etats-Unis et lutta personnellement contre la censure de ses propres ouvrages et ceux de ses collègues. En 1927, Dreiser se rendit en Russie, rapportant ses impressions dans son ouvrage Dreiser Looks at Russia. Quoique les dirigeants du parti le considérèrent trop comme un libre penseur pour être un véritable communiste, Dreiser rejoignit les rangs du Parti Communiste cinq mois avant sa mort, en signe de protestation contre le capitalisme et le matérialisme. En raison de ses vues politiques radicales, le FBI et J. Edgar Hoover surveillèrent Dreiser de près durant les années 30. Dreiser mourut à Hollywood le 28 décembre 1945.
J'ai d'abord entendu parler de lui car c'est d'un de ses romans qu'a été tiré le film Une place au soleil (1950) de George Stevens avec Montgomery Clift, Elizabeth Taylor et Shelley Winters. Un film que je trouve assez moyen même s'il reste agréable à découvrir. Il existe aussi une précédente adaptation, An American Tragedy, datant de 1931 et signée Joseph Von Sternberg, que je n'ai pas encore eu la possibilité de voir (dommage car cette version-là me semble a priori plus intéressante et plus fidèle que l'autre). Enfin bref, j'aurais voulu lire ce roman, mais il est aujourd'hui difficilement trouvable en français. Par défaut, je me suis donc rabattue sur un autre de ses ouvrages, puisqu'il bénéficie d'une édition chez Joëlle Losfeld. Sister CarrieRésumé :Nous sommes en Amérique à la fin des années 1880. Caroline Meeber, dite Carrie, est une jeune provinciale de 18 ans qui arrive par le train à Chicago pour aller vivre chez sa soeur et son beau-frère. Il est entendu qu'elle cherchera du travail pour assurer sa pension. Très vite elle s'aperçoit que le couple mène une vie terne, sans plaisir ni distractions, ce qui la contrarie fortement, elle qui rêve de découvrir la ville, d'aller au théâtre, de s'amuser. Au cours de son voyage en train, elle a fait la connaissance d'un certain Drouet et lui a promis de le revoir dans les jours suivants. Entre temps elle parcourt la ville à la recherche d'un emploi quelconque, et a évidemment beaucoup de mal à en trouver un. Quelque temps après son arrivée, elle quitte sa famille pour s'installer dans un appartement avec Drouet, se faisant entretenir par lui. Ce dernier est un voyageur de commerce qui possède de nombreuses relations. Il lui fait alors rencontrer un de ses amis, un nommé George Hurtswood, directeur d'une boîte de nuit en vogue, marié et père de famille, qui tombe aussitôt sous son charme. Tout le roman s'ingénie alors à raconter le parcours de Carrie, sa vie professionnelle, ses relations avec les deux hommes, ses désirs et ses peurs. Avis :J'ai beaucoup aimé ce livre. C'est une lecture riche, assez fascinante et particulièrement intéressante à plusieurs points de vue, que ça soit historique, social ou psychologique. Dès l'entrée du livre, Dreiser avertit ses lecteurs qu'il va parler d'une époque révolue, que depuis certaines choses ont disparue, ont évoluées, à moins qu'elles ne continuent à l'identique (même si entre la date où se déroule le récit et celle de la publication du roman - en 1900 - il n'y a guère plus qu'un écart de dix ans). Au fil des pages donc, il accumule les références, évoque la construction d'un immeuble, d'un magasin, le nom d'une pièce qui se jouait au théâtre, celui d'un acteur qui avait du succès, etc... Autant de petits détails dressés avec une précision documentaire. Tout le roman possède d'ailleurs ce souhait d'être le plus réaliste possible, et je trouve que c'est très réussi. Dreiser semble vraiment nous ramener à Chicago en 1889. Il décrit la ville, son foisonnement, ses progrès rapides, l'avidité d'une partie de sa population avec une grande force, c'est assez étonnant. [Plus tard au cours du récit, il en fait de même avec New York, puisque c'est ensuite dans cette ville que déménage l'héroïne, mais là j'ai trouvé qu'il était moins un peu moins heureux dans sa description, même si celle-ci reste parfaitement correcte.] ------------------------- Par rapport aux personnages, je reste très perplexe. Il y a trois personnages principaux : Carrie, Drouet, Hurtswood. Carrie est l'héroïne, mais il y a pourtant de nombreuses pages où elle laisse complètement la place à l'un ou l'autre des deux hommes, Hurtswood en particulier. L'auteur reste toujours très pointilleux. Pour faire simple, il parle de presque absolument tout ce qui les concerne. En plus de cela, il se pose en observateur, commente leurs actions, leurs pensées, s'adressant parfois directement aux lecteurs, ou élargissant ce qui leur arrive à des propos d'ordre général sur l'humanité dans son ensemble. Une façon de faire parfois déstabilisante, parfois douteuse dans ses affirmations, les vues de l'auteur étant souvent quelque peu dépassées ou les personnages frôlant de peu le mauvais mélodrame. C'est peut-être là que se trouve une des faiblesses du livre, quoiqu'en même temps je n'imagine pas le roman sans ces commentaires, le plus souvent instructifs et qui en disent long sur l'écrivain ou les visions de l'époque. Les personnages donc. Je ne sais pas trop quoi penser à leur sujet. A quasiment aucun moment ils ne m'ont été réellement sympathiques. Mais ils ne laissent en tout cas pas indifférent, il font vraiment réagir le lecteur à leur encontre. * Carrie : C'est un personnage complexe. On assiste à son évolution tout au long du livre, à son parcours initiatique semé d'embûches. Ce qui est étrange, c'est qu'on n'est jamais fixé sur son caractère, d'après ce que nous en dit Dreiser. Est-elle innocente ou calculatrice, intelligente ou limitée, l'auteur semble tour à tour affirmer qu'elle est un peu tout cela. Ce qui est par contre certain, c'est qu'il la décrit comme étant d'une grande beauté et ayant bon coeur. Elle est déterminée, mais elle est également hésitante, met souvent du temps à réagir car elle a tendance à se laisser porter par les évênements, à accepter ce qui arrive, en espérant mieux. On finit par s'attacher à elle, mais toujours d'assez loin. * Drouet & Hurtswood : Les deux sont franchement odieux la plupart du temps et hautement insupportables. Ils sont avant tout attaché à l'apparence, au rang social, mais accordent en même temps beaucoup d'importance à tout ce qui peut les amuser. Dreiser les présente avant tout comme des faibles, des vantards et des manipulateurs. Cependant il leur accorde parfois de bons côtés ou une attitude positive, ce qui les rattrape un peu. Il ne les dédouane pas, mais semble dire qu'étant humain, après tout c'est normal qu'il leur arrive d'agir mal. Des deux, c'est Hurtswood qui est le plus étonnant, celui sur qui il est le plus difficile de se forger un avis à peu près définitif. Enfin surtout à cause des dernier chapitres. J'ai fini par prendre pitié de lui vu ce qui lui arrive, mais en même temps je ne pouvais pas m'empêcher de me rappeler son attitude déplorable dans les pages précédentes. -------------------------- De manière générale, Dreiser dresse un portrait très peu reluisant de la société américaine de l'époque. Ce qui est frappant, c'est l'importance accordée à l'argent, qui accapare quasiment tout le roman via les pensées des personnages. C'est en gros la seule chose qui les intéresse pour de bon. D'un côté il y a les riches, ceux qui "sont arrivés", qui dépensent sans compter pour parader devant les autres, de l'autre il y a les pauvres qui crèvent de froid et de faim et sont au chômage. Entre les deux, il y a ceux qui ont assez de moyens pour vivre relativement bien, mais qui ne font qu'envier ceux qui sont au-dessus d'eux. Il n'hésite pas du tout à décrire la pauvreté dans ce qu'elle a de plus sordide, mais toujours avec pudeur, sans apitoiement, avec un regard presque clinique, et pourtant pas totalement dépourvu de compassion. L'auteur donne aussi largement son avis sur les hommes et les femmes, ce qui les différencie. Le point commun, c'est qu'il se montre dur avec tous. Pour lui, il semble que les hommes soient avant tout des séducteurs et les femmes des créatures qui ne songent qu'aux vêtements. C'est parfois assez difficile de savoir s'il est ironique, s'il prend du recul, ou s'il pense vraiment ce qu'il écrit. Sûrement un peu des deux. Il semble en tout cas avoir une vision très pessimiste de l'homme, avec un monde où le bonheur est temporaire, toujours remis en question, et surtout jamais complètement satisfait. -------------------------- A propos de son style, je le décrirais comme franc, direct, d'une grande efficacité. L'écriture est simple, sèche, sans vraiment de fioritures ou de richesses de style (parfois un peu pompeuse lorsqu'il se livre à ses grandes considérations sur l'Homme ou le sort de Carrie ou d'Hurstwood, mais c'est finalement rare). Il y a une grande sobriété dans ses descriptions et il excelle à retranscrire et analyser les pensées ou les comportements de ses personnages. Le plus appréciable, comme dit plus haut, c'est vraiment la richesse, l'ampleur de tout ce qu'il raconte, de ce qu'il décrit. Le livre fait un peu plus de 700 pages, mais on ne les voit quasiment pas passer (j'ai mis environ une semaine pour le lire). -------------------------- Quelques extraits pour finir : Le début du roman :- Spoiler:
Lorsque Caroline Meeber monta dans le train de l'après-midi en partance pour Chicago, elle avait pour tout bagage une petite malle qu'elle enregistra, un sac bon marché façon alligator contenant quelques menus accessoires de toilettes, un léger repas dans une petite boîte en carton et un porte-monnaie de cuir jaune avec fermoir à pression où se trouvaient son billet, un bout de papier avec l'adresse de sa soeur dans Van Buren Street et quatre dollars en liquide. On était en août 1889. Elle avait dix-huit ans, elle était éveillée, réservée et pleine des illusions propres à l'ignorance et à la jeunesse. Une vérité d'ordre générale :- Spoiler:
Lorsqu'une jeune fille part de chez elle à dix-huit ans, de deux choses l'une : ou bien elle tombe entre des mains protectrices, et gagne en sagesse, ou bien, vite, elle se plie au modèle de vertu propre au cosmopolitisme et elle sombre dans le vice. De moyen terme, en pareil cas, il n'y en a point. L'auteur évoque quelques écrivains bien connus de cette Auberge :- Spoiler:
"J'ai lu les livres que vous m'avez suggéré de lire", dit-elle à un moment donné, en aparté. Il posa sur elle un regard sérieux, auquel répondit celui de Carrie où se lisait le bonheur du devoir accompli. Il lui demanda alors : "Quels étaient ces livres ?" Du fait qu'il l'eût oublié, le charme fut quelque peu rompu. "Saracinesca, répondit-elle, Illusions perdues, Le Maire de Casterbridge." "Oh, oui", coupa-t-il. "Balzac vous a plu ?" "Oh, j'adore ce qu'il écrit. Pourtant, j'ai préféré Le Maire de Casterbridge à tout le reste", répondit-elle. "Cela ne me surprend pas", dit-il, "vous êtes d'un tempérament plutôt désenchanté, et tous les romans de Hardy sont désenchantés. "Moi, je suis désenchantée ?", demanda Carrie. "Pas exactement désenchantée", ajouta-t-il. Un autre mot conviendrait mieux, c'est mélancolique, pensive. Je serais porté à croire que vous êtes d'une nature assez solitaire." Carrie le regarda pour toute réponse. "Voyons", dit Mme Vance, "est-ce que ce n'est pas Hardy qui a écrit Tess d'Urberville, ou quelque chose comme ça ?" "Oui", dit Ames. "Eh bien, je me demande ce qu'on trouve tant dans ce livre. C'est trop triste." Carrie tourna vers Ames un regard interrogateur. "Il faut être sensible au pathétique de l'existence pour y trouver quelque chose", rétorqua-t-il. "Touché !" se dit Carrie qui triomphait. "Oh, je n'en sais rien", fit Mme Vance un peu piquée par la brusquerie de la réponse. "Je ne dis pas que ce roman me laisse froide." "N'exagérons pas", dit Ames en riant. Cela leur épargna, l'espace d'un moment, d'autres interruptions. "Je crois que Le Père Goriot vous plairait", dit-il en se tournant vers Carrie, "si vous ne l'avez pas déjà lu. C'est de Balzac." "Je ne l'ai pas lu", dit Carrie. "Eh bien, il faut vous le procurer." Il se proposait de l'initier à un ensemble d'ouvrages qui lui seraient bénéfiques. Toute personne susceptible de se perfectionner méritait qu'on l'aide. Elle semblait avoir une intelligence ouverte, prompte à saisir n'importe quoi, ou à peu près. "Lisez tout Balzac. Vous y gagnerez." Carrie fit une remarque sur le triste échec de Lucien dans Illusions perdues. "Oui", répondit Ames, "si un homme ne se donne pas le savoir pour but, il échouera, c'est vraissemblable. Rubempré n'a échoué en rien, sauf amour et fortune, ce qui n'est pas tout. Balzac attache trop d'importance à ces choses. Lorsqu'il quitte Paris, Rubempré n'est pas plus pauvre en esprit que lorsqu'il y arrive. En fait, il est plus riche, si seulement il voulait bien y réfléchir. L'échec en amour n'est pas si grave." "Oh, vous ne croyez pas que si ?" demanda Carrie, l'air songeur et triste. Une photo de Chicago en 1909 |
| | | MissAcacia DerbyCheshire Cat
Nombre de messages : 7646 Age : 51 Localisation : Perched on a hot sound tree Date d'inscription : 26/10/2007
| Sujet: Re: Theodore Dreiser (1871-1945) Lun 1 Mar 2010 - 0:12 | |
| Je viens de tomber sur ce topic qui m'avait totalement échappé ( Shame on me ). Je ne connaissais pas du tout cet auteur mais il m'a l'air très intéressant. Merci d'avoir pris la peine de détailler sa biographie car le personnage en lui-même vaut d'être découvert. Un auteur qui a été autant censuré est intriguant et je me laisserais bien tenter (c'est ma PAL qui va être contente...), d'autant que je connais mal cette époque, ou du moins pas sous cet angle là et elle m'intéresse. Sais-tu qui l'édite en français (oui, enfin, je peux chercher par moi-même... ) |
| | | Dulcie Romancière anglaise
Nombre de messages : 1613 Date d'inscription : 19/12/2009
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| Sujet: Re: Theodore Dreiser (1871-1945) | |
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| | | | Theodore Dreiser (1871-1945) | |
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