MARY WEBB : Sarn, La Renarde...

J'ai regardé l'adaptation de Sarn par Claude Santelli et franchement, j'avais envie de rire

Spoiler:

De mon côté je ne l'ai toujours pas visionnée, ce sera pour la semaine prochaine.

Du coup je résiste à la forte tentation d'ouvrir ton spoiler Cassandre .

J'attends ton avis avec impatience Tatiana

Cassandre  trop de punch nuit à la santé qu'on se le dise    mince alors !! moi qui pleure à chaudes larmes tellement c'est bien joué !

Cassandre:

C'est amusant mais j'adore quand on a des opinions très différentes

Spoiler:

@ Cassandre : Comment peut-on reprocher à Dominique Labourier de ne pas savoir labourer ?  

Plus sérieusement, j'ai beaucoup aimé cette adaptation, en noir et blanc.
La première partie est extrêmement fidèle au livre, dans son déroulé et dans son esprit : j'ai aimé beaucoup l'étang, qui devient un personnage à part entière, avec ses nénuphars, et qui  rythme les passages plus intérieurs, ceux où Prue réfléchit.
La deuxième partie s'éloigne légèrement du livre sur certains points (en particulier lors de la scène de la curée finale contre Prue), mais j'ai retrouvé la poésie du livre dans les images de la campagne (tourné en Bretagne) et surtout j'ai apprécié énormément les bruits extérieurs : le vent, les grenouilles, les bruits du dehors de la campagne).
L'ensemble est très bien joué, j'ai aimé les yeux de D Labourier (Prue), l'épaisseur butée de JM Flotats (Gideon) et son léger accent, H Virlogeux en Beguildy, D Lebrun en Jancis.

Je suis d'accord avec Cassandre qu'on sent que le budget du film est faible, mais je trouve que Santelli en a bien tiré parti, et que ce film vieux de 46 ans s'en sort très bien.

J'ai commencé à regarder le téléfilm de Santinelli. C'est un plaisir de retrouver de grands acteurs et actrices, dont les très jeunes Anny Duperey et Danièle Lebrun, et le grand Henri Virlojeux    (à jamais associé aux Rois Maudits pour moi). Mais, suis-je la seule à m'étonner de la taille du bec de lièvre dont est affublée l'actrice qui joue Prue ? En est-ce vraiment un ? Je l'imaginais bien plus impressionnant, car en la voyant ici elle n'est pas beaucoup défigurée, c'est somme toute discret.

Je suis ravie que tu aies commencé à regarder cette adaptation Tatiana.

Pour ce qui est du bec de lièvre, je suis d'accord avec toi.
Mais de nos jours, les bébés atteints de cette infirmité sont opérés à la naissance, ce qui fait que leur visage en porte la trace mais qu'elle est discrète (comme chez Tom Burke par exemple).
Ce qui fait que je ne vois pas à quoi ressemble un bec de lièvre non opéré ...

ça ressemble à ça :

Spoiler:

et je n'ai pas choisi le pire !!

Et une fois opéré on a ça :

Spoiler:

Effectivement, c'est impressionnant .
Et Joaquin Phoenix a cette cicatrice, en effet.

Et toi, Clinchamps, tu l'avais apprécié, le film de Santelli ?

Je n'ai pas eu trop le temps (et j'ai aussi un peu oublié) de le revoir, donc ce sera un souvenir d'impression ancienne : j'ai trouvé aussi que le bec de lièvre de Prue était vraiment pas grand chose, que Pierre Vaneck faisait un excellent Kester et d'ailleurs le reste de la distrib est génial !! Par contre la poésie des descriptions de Mary Webb n'a pas vraiment été restituée, cela m'a carrément sauté aux yeux à la relecture du texte !

Merci ma Clinchamps, je crois aussi qu'il faut deux opérations pour enlever le bec de lièvre.

clinchamps a écrit:

(...) Par contre la poésie des descriptions de Mary Webb n'a pas vraiment été restituée, cela m'a carrément sauté aux yeux à la relecture du texte !

C'est assez subjectif ... j'ai été frappée à la lecture par la poésie évocatrice du texte, et j'ai trouvé qu'elle était rendue dans le film par les sons de la nature, et les gros plans de l'étang ; mais l'ensemble du film est assez austère, et moins luxuriant que la langue de Mary Webb.

J'avais vu le film de Santelli à la télévision à l'époque, et je viens de le revoir.

Comme l'a souligné Cassandre, on voit bien que cela a été tourné avec peu de moyens, et le résultat est plus qu'honorable. Les acteurs sont tous excellents, spécialement José Maria Flotats qui rend bien le caractère tourmenté de Gédéon.

J'ai été un peu déçue par le jeu de Dominique Labourier au début, elle parle d'une façon puérile et c'est un peu agaçant. Mais en y réfléchissant je pense que c'était voulu par le metteur en scène pour donner l'impression du temps qui passe, car ensuite on sent qu'elle a mûri et qu'elle est devenue plus posée.

Comme Petit Faucon j'ai trouvé que les extérieurs étaient bien filmés, dès le générique qui montre l'importance que l'étang aura dans le récit. Bien sûr toute la poésie des descriptions de Mary Webb ne peut pas être rendue, et à la limite je me demande si trop de plans de paysages n'auraient pas cassé le rythme. J'ai seulement regretté la scène avec Prue et Kester au bord de l'étang, qui m'a parue un peu lourdaude, alors que c'est l'une de mes scènes préférées dans le roman !

La première photo est impressionnante Clinchamps. J'ignorais que Joaquin Phoenix avait été opéré. On peut se demander pourquoi le pseudo bec de lièvre de Prue est si discret dans cette adaptation. En conséquence on ne comprend pas pourquoi les habitants en ville la regardent bizarrement, ni pourquoi Gédéon lui affirme qu'elle ne trouvera jamais un mari.

J'ai terminé la première partie, et retrouve toute la qualité des fictions télévisées de cette époque. La distribution est impeccable, même si j'imaginais Kester plus... séduisant, tout simplement. Mais c'est une question de goût . Gédéon est parfaitement choisi, son physique sombre (yeux et cheveux noirs) accentue le caractère de son personnage. Le scénario suit de près le livre, on y reconnaît de très nombreuses scènes, y compris bien sûr l'entrée fracassante de Kester.

J'ai revu cette adaptation de Claude Santelli dont je gardais un très bon souvenir!
L'âge aidant, il est vrai que m'apparaissent aujourd'hui quelques défauts : ainsi j'ai trouvé Danièle Lebrun (que j'adore! ) un peu vieille pour le rôle de Jancis , et le jeu de Dominique Labourier un peu affecté, tout du moins au début!
Par contre je trouve les autres personnages plutôt fidèles au roman, et même si je voyais un Kester brun et plus trapu, le charme de Pierre Vaneck agit toujours!
Les longs plans sur la nature, et notamment le générique d'ouverture avec cet étang sombre malgré la lumière, encombré de nénuphars, restituent en partie le rôle joué par les éléments naturels!
Donc une adaptation qui certes montre des faiblesses, mais dont le charme désuet séduit encore!

Je profite d’une relecture de Sarn, un de mes romans favoris, pour partager mes impressions de lecture.

Sarn est un roman marquant, pour de nombreuses raisons : tout d’abord, l’atmosphère toujours pesante associée à l’étang de Sarn, qui jouxte la demeure des Sarn, dont font partie le fier et ténébreux Gédéon et surtout Prue, la narratrice de cette histoire, qui nous partage les évènements majeurs d’une époque révolue avec sincérité, sensibilité et délicatesse . Prue n’est pas une héroïne comme les autres : parce qu’elle a un bec-de-lièvre, elle n’est même pas considérée comme une femme, mais plutôt comme une sorcière et est donc crainte par la société aux croyances étriquées de cette fin de XIXème siècle… mais c’est justement parce qu’elle est différente que Prue est si attachante : sa pureté, sa gentillesse, sa générosité font d’elle une « belle âme » qu’on ne peut qu’apprécier !    

Si Sarn est un témoignage de la société paysanne de l’Angleterre du 19ème siècle, des us et coutumes marquant le quotidien de ses habitants (à l’image de la mise à mort d’un taureau innocent   ; ou encore de la condamnation d’un homme considéré comme un hérétique de par ses dons de guérisseur) ou encore un beau portrait de femme (à travers les pensées et actions de Prue   ), ce roman est également une rencontre avec des personnages bien différents, parmi lesquels certains m’ont immédiatement plu (ce qui fût le cas d’un certain Kester Woodseaves, gentleman au grand cœur, toujours juste, tolérant, courageux, merveilleux personnage     ; mais aussi de Mme Beguildy et de sa fille Jancis ou encore de Mme Sarn, la maman de Gédéon et Prue, fragile mais attentionnée) tandis que d’autres m’ont laissé un sentiment négatif (comme Grimble et Hublet, Ivvy, Beguildy).

Ce roman est également une belle critique de l’obscurantisme et une célébration de la différence, à travers le triomphe de la beauté intérieure et l’épanouissement d’un amour pur et inconditionnel… Un magnifique roman que je recommande à 100% !!  

Comme ton avis me fait plaisir, ma Juliette, c'est aussi un de mes romans préférés et tu en parles si bien

Merci ma Cassandre ! Nous sommes sur la même longueur d'onde

Je ne connais pas du tout ce roman (ni cette autrice ), mais ton post enthousiaste de relecture donne envie de le découvrir!

Je suis sûre que Sarn te plairait, Vavyala ! C'est une magnifique histoire

@ Juliette : j'ai de très bons souvenirs de ce livre que j'ai lu au collège, et qui avait été un grand coup de coeur !!

J'ai vu il y a quelques années l'adaptation française des années 60 qu'on pouvait trouver sur le site de l'INA, avec Dominique Labourier dans le rôle de Prue ; j'avais bien apprécié cette adaptation, fidèle 

Je ne savais pas qu'il existait une adaptation française ! Je vais m'y intéresser de près, surtout si elle a été diffusée sur INA

Merci pour l'info !

@ Juliette : pour préciser je l'avais achetée sur le site de l'INA, 4 ou 5 euros il me semble.
Je ne sais pas si elle y est toujours.