La Mythologie et le folklore du Buffyverse

Je continue de délayer un peu les gros topics. Maintenant qu'on a un sous-forum, ce serait dommage de ne pas en profiter !

Je copie donc ici mes posts concernant la mythologie du Buffyverse car je trouve dommage qu'ils se perdent dans le topic de la série où il est finalement plus question de donner son avis sur les épisodes, les intrigues, les personnages etc.

Je précise que je n'ai pas effacé ces posts dans le topic principal de la série car sinon, les discussions seraient entrecoupées et perdraient de leur sens.

Je pense qu'un topic spécial serait plus approprié pour parler des contes, légendes, mythes populaires et du folklore présents dans les séries Buffy et Angel. Il y a tellement de choses à en dire. Ce sera bien plus facile de s'y retrouver, qu'en dites-vous ?


Tout récemment, j'ai remis la main sur des choses que j'avais écrites sur la série (ou plus généralement, le Whedon verse) pour le site d'une amie ainsi que pour mon livejournal. C'est une sorte d'essai (un peu décousu, je dois bien l'avouer) que j'avais rédigé dans le but de démonter les préjugés que beaucoup de monde a sur la série. J'y traite essentiellement de mythologie. Avec le succès assez énorme que connaît Twilight en ce moment (mérité ou non, ce n'est pas le sujet ), j'avais envie de recentrer un peu les choses et de confronter ces deux univers... J'ai donc un peu retravaillé ce que j'avais rédigé.

Tout d'abord, il faut savoir que le Buffy verse est tout droit sortie de l'imagination sans bornes de Joss Whedon, un scénariste américain. En créant la série Buffy, il avait tout de suite pleinement conscience qu'il s'agissait d'un ovni télévisuel et que, de par son côté étrange et décalé, les portes n'allaient pas s'ouvrir facilement pour lui. Le titre en VO est Buffy the Vampire Slayer (au sens littéral, Buffy la Tueuse de Vampire). On peut difficilement trouver plus ridicule, n'est ce pas ? Et bien, c'est ce qu'on lui a reproché. La WB l'a supplié de changer le titre, de le raccourcir à Slayer ou même à Buffy. Comme on le sait, il n'a jamais accepté. Car accéder à leur requête aurait été faire un compromis inacceptable pour lui ... Le titre résume en effet très bien la philosophie de la série. Un titre ridicule qu'on doit prendre au second degré. Car ce n'est qu'en décelant l'ironie qu'on peut apprendre à apprécier cette fauleuse création télévisuelle ...
Joss Whedon est un formidable auteur. Il est essentiellement connu pour ses dialogues savoureux, insolents et son style détaché, fin et efficace. Il est admiré par de nombreux autres scénaristes, dont Rob Thomas (Cupid, Veronica Mars) et Amy Sherman-Palladino (la créatrice de Gilmore Girls, qui est une très grande fan de la série et accessoirement aussi une shippeuse du couple Buffy/Angel ). D'aillleurs, certains scénaristes qui ont travaillé sur Buffy et Angel ont aussi travaillé sur GG ... Toutélié, je vous dis !
On reconnaît tout de suite sa patte, JW a un style qui se démarque. Ils (lui et les scénaristes qui travaillent à ses côtés) savent utiliser la culture populaire et la manier avec intelligence. Toutes ces références rendent les dialogues vivants et dynamiques, aussi bien celles ayant trait au cinéma, à la musique, à la littérature, à la télé qu'aux comics (la série revendique assez clairement son côté geek)




Vous savez sans doute ce que signifie ce terme. Mais pour ceux qui l'ignorent encore, voici un petit rappel (merci wikipedia). Le terme "Mary-sue" est associé à un personnage de fiction (féminin comme cela va sans dire) décrit de manière idéalisée. Ce qui distingue la Mary-Sue est la pureté de son caractère fantasmatique et la suridentification de l'auteur avec son personnage. Une Mary-sue a toujours raison et est toujours appelée à un destin grandiose finissant de manière épique.
On ne peut pas trouver plus cliché, n'est ce pas ?
Et bien, comme je l'ai dit plus haut, le Whedon verse et les clichés ne font pas bon ménage . Joss Whedon se moque des clichés, les dénonce, les démonte et les tourne en dérision. Buffy est loin d'être une Mary Sue. Je dirais même qu'elle est à des millions de kilomètres de ce démominatif peu glorieux. Comme le dit souvent JW, "Buffy is an average person". Ce n'est pas la fille la plus jolie du lycée, ni la plus populaire, ni la plus intello. Elle ne représente pas un stéréotype. Son statut d'héroïne fait d'elle une personne qui a su évoluer, prendre en main son existence, faire avec les aléas de la vie mouvementée d'une Tueuse. Parfois elle sait gérer la situation, parfois elle ne le peut pas. C'est une jeune femme indépendante, affirmée, courageuse, généreuse, rusée, maligne et dévouée à ses amis. Mais elle n'est pas ni sans défauts ni sans faiblesses. Elle fait des erreurs, est maladroite, manque même parfois d'assurance (sa rentrée à l'Université a été calamiteuse), et surtout fait preuve parfois de bien trop d'autorité, ce que lui reprocheront à de nombreuses reprises ses amis ("Etre Tueuse ne fait pas automatiquement de toi la patronne", dixit Willow).
Car finalement tout le problème est là : et si le pouvoir de Buffy la dépassait parfois un peu ? Et si le poids de ses responsabilités, de sa destinée la faisait parfois vaciller et surtout l'obligeait à reconsidérer la manière dont elle voit les autres et elle-même ?
Il ne faut pas oublier que Buffy est une jeune fille (puis jeune femme) avant d'être la Tueuse. Elle doit faire face à des émotions, des peurs, des craintes, comme tout être humain. Ses pouvoirs ne changent rien à cela.
Buffy est indéniablement un personnage de caractère. On ne souvient des scènes où elle se montre catégorique et ferme. On a parfois envie de lui dire de se remettre un peu en question, ce que finalement elle fera, car la situation l'exigera...
Donc, non, Buffy est loin d'être une Mary Sue. C'est une héroïne dans le sens noble du terme, avec une force incroyable mais aussi des failles. Il est clairement dit tout au long de la série que c'est grâce à ses émotions qui la raccrochent à ses amis, à sa famille qu'elle a sû être plus forte, aussi bien du point de vue physique que mental.







Les Tueuses & Observateurs (Slayers & Watchers)
Joss Whedon & Co sont connus pour avoir construit, au sein de Buffy, une mythologie très solide. Solide parce que très cohérente. La série a duré pas moins de 7 ans, et la mythologie de la Tueuse (pour ne citer qu'elle) est sans failles. Tout d'abord, il faut savoir que JW a créé de toutes pièces cette mythologie, celle de la combattante élue par une puissance (qu'on ne connaît pas clairement), une seule fille par génération, pour combattre les démons, protéger la Bouche de l'enfer, et surtout établir une sorte d'équilibre entre les différentes forces. Pourquoi une femme me demanderez-vous ? Et bien, JW s'est toujours beaucoup intéressée aux personnages de femmes fortes, ce n'est pas nouveau. Là encore, il a souhaité détourner un cliché. On s'imagine toujours la jeune femme (blonde si possible) vulnérable poursuivie par un monstre. C'est un code très connu du cinéma d'épouvante.
D'ailleurs, la série s'ouvre sur une scène semblable. Un jeune homme emmène une jeune fille blonde et jolie en pleine nuit dans le lycée désert. La jeune fille est effrayée, on sent bien nous aussi qu'elle s'est trop vite laissée séduire par ce type décidément très louche ... Et puis surprise, la proie n'est finalement pas celle qu'on croyait. La jeune femme est un vampire et le garçon sera vite victime de ses crocs.
Buffy est une jeune fille de petite taille (Sarah Michelle Gellar ne doit même pas faire 1m55), frêle, mince. Ce n'est pas sans raison. Buffy doit nous surprendre, montrer que la force (mystique) qui réside en elle dépasse tout ce qu'on aurait pu imaginer.
JW a aussi très bien su motiver son choix. Si la Tueuse est une femme, c'est qu'au berceau de la civilisation (càd l'Afrique), des sorciers ont décidé qu'il en serait ainsi. Ils ont imprégné une jeune femme de la force d'un démon parce qu'eux-mêmes étaient trop faibles pour combattre. Ils l'ont violentée, l'ont enchaînée pour effectuer ce sort sans lui demander son avis. Il en est résulté une tradition aussi forte qu'éternelle, comme une chaîne sans fin à qui il ne manquera jamais un maillon. Lorsque la Tueuse meurt, une autre automatiquement est élue dans le monde. Et cela, en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire.
Buffy traite très bien de ce mythe (que l'on doit à Whedon), qui est distillé à petites gouttes. Tout n'est pas révélé tout de suite. De même, on croise d'anciennes Tueuses à quelques reprises à divers moments de la série : entre autres, on fait assez rapidement connaissance avec les 2 Tueuses tuées par Spike, une chinoise vaincue pendant la révolte des Boxers ou encore Nikki Wood, une Tueuse afro-américaine assassinée dans un métro New-Yorkais dans les années 70. Et puis, il y a aussi la "Rasta des Cavernes", alias la première Tueuse^^


Comment parler des Tueuses sans parler des Observateurs ? (Watchers en VO). Le Conseil des Observateurs se tient en Angleterre. Je pense que le choix de ce pays n'est pas anodin. JW aime la culture anglaise et il est certain que la plupart des légendes et des mythes chers à son coeur sont anglo-saxons. En plus, comme la culture anglaise est ancienne (au contraire de celles des USA, où se passe la série) et que le poids des traditions est bien présent, le choix semble être encore plus cohérent. Le Conseil des Observateurs est une Assemblée non-gouvernementale ( ) et discrète composé d'hommes et de femmes (plus ou moins jeunes) chargée de superviser le travail de la Tueuse. Giles, l'Observateur et protecteur de Buffy, a été formé par ce Conseil et envoyé ensuite à Sunnydale (il est le seul en fonction car il n'y a qu'une seule Tueuse ... enfin, avant que les choses ne se compliquent^^)

Dans cette mythologie, rien n'est laissé au hasard. Joss Whedon a su créer à partir de mythes déjà existants (notamment grâce à Anne Rice), associés à une culture populaire très solide, un mythe complètement nouveau. En cela, je trouve qu'il n'a rien à envier à des auteurs comme JK Rowling.
A partir d'une mythologie déjà existante, basée sur la culture et les légendes populaires (autour des vampires mais il est loin de n'y avoir que ça), la série fait également largement preuve de renouveau.

Les vampires
Parlons des vampires, justement. Ce sont les créatures qui ont le plus d'importance dans la série. Dans le Whedonverse, il faut rappeler qu'ils sont considérés comme des démons inconsistants, car hybrides. Buffy ne vaincra un véritable démon qu'à la fin de la saison 3 (le maire).
Les vampires de la série sont assez semblables à ceux d'Anne Rice. Enfin, il me semble. Je ne connais pas assez ses romans pour pouvoir l'affirmer véritablement.
Cependant, il est clair et net que Buffy ne souhaite pas non plus bouleverser les grands codes du mythe. Dans la série (enfin, je devrais dire les car il s'agit aussi de la série Angel), les vampires sont donc des créatures qui ne peuvent sortir à la lumière du jour. Ils peuvent être tués avec un pieu dans le coeur, par le feu ou par la décapitation. Ce sont les 3 seuls moyens.
S'ajoutent à tout cela des éléments de mythologie un peu moins connus mais qui apportent beaucoup à l'intrigue. Par exemple, un vampire ne peut entrer chez quelqu'un sans y être invité (de quelque manière que ce soit). Dans l'épisode Passion de la saison 2, Angelus a pu entrer dans la salle du professeur Calendar à cause de l'invitation sur le fronton du bâtiment : "'Formatia trans sicere educatorum." (Entre, toi qui veux apprendre)
Dans tous les cas, il faut une invitation clairement formulée.



Au sujet de la mythologie, je remarque un point commun avec la saga Twilight. Je me demande s'il s'agit d'une coïncidence. Dans la saga de Stephenie Meyer aussi bien que dans le Whedon verse, il est dit que lors de la transformation en vampire, les aptitudes surnaturelles nouvellement acquises ne sont finalement qu'un prolongement des capacités humaines.
Je prends l'exemple de Drusilla, l'un des big bad les plus marquants de la série. Lorsqu'elle était humaine (elle a vécu au 18è s il me semble), elle était déjà douée de visions. Son entourage la croyait folle, essentiellement parce que les visions qu'elle avait étaient funestes. Drusilla s'est crue maudite, c'est pour cette raison qu'elle a souhaité se réfugier dans un couvent. Mais c'est au moment où elle formulait ses voeux qu"Angelus l'a vampirisée. En devenant vampire, la douce folie de Drusilla s'est transformée en psychose. Son pouvoir de vision s'est aussi considérablement développé.

Un autre vampire très important est Angel, bien évidemment. Si Joss Whedon a décidé d'écrire tout un spin-off centré sur ce personnage, ce n'est pas pour rien. C'est un personnage réellement passionnant et à multiples facettes.
Tout d'abord, alors que Stephenie Meyer aime à mettre Edward sur une sorte de piedéstal en accentuant son côté surnaturel, Whedon, là encore, a fait les choses tout autrement. Angel est loin d'être parfait.
Alors bien entendu, la série joue beaucoup sur le côté mystérieux, séduisant et ténébreux du personnage. C'est une facette du personnage qu'il ne faut pas écarter. Néanmoins - et c'est là que ça devient intéressant - Angel ne se limite pas à ça. Il n'est pas exempt de défauts. Il n'est pas idéalisé. Les scénaristes aiment jouer sur son côté légèrement ringard. Il est presque en constant décalage avec notre époque, ce qui le rend finalement assez attendrissant et charmant.

Il peut aussi se montrer très radin. Je vous donne un exemple : dans un épisode de la fin de la saison 2, pour fêter la récente promotion de Cordélia, il invite ses amis dans un très chic restaurant de Los Angeles. Son côté pingre est très bien montré dans ce dialogue :

Citation:

Cordy: "I feel a little guilty." Angel: "Don't. - I mean, nineteen dollars for a - sashimi couscous appetizer is money well spent. How was it anyway? Pretty good? I mean, it ought to be pretty..." Cordy: "It's delicious but that's not what I feel guilty about." Angel: "Oh. (Sees Wesley looking at him) I 'm not cheap, I-I'm just old. (Slipping into a slight Irish accent) I-I remember when a few bob got you a good meal, a bottle *and* a tavern wench. - You were saying?"

Angel est aussi très maladroit en public, il n'aime pas la foule et déteste attirer l'attention. Dans la saison 1 (et aussi un peu dans la saison 2), ses amis n'auront de cesse d'essayer de le sortir de sa coquille. Il préfère rester dans son bureau avec un bon bouquin plutôt que de suivre ses amis en soirée.
Il est aussi très mal à l'aise avec les filles et ne se rend même pas compte lorsqu'une demoiselle est en train de le draguer ou même de flirter avec lui. David Boreanaz est très doué pour jouer sur le côté comique de son personnage. Dans une scène mémorable de la saison 1 d' Angel, lors d'une soirée, il refuse catégoriquement de danser. Il s'imagine pendant 1/4 de seconde se trémousser sur un air de dance et c'est la catastrophe !
Voici la scène d'humiliation en question :