"Basil"

Que dire de mon premier contact avec Wilkie Collins sinon que ce fut très surprenant?

J'aurais peut-être dû suivre tes conseils, Muezza, et commencer par La Dame en Blanc, mais que veux-tu, j'étais tellement impatiente que j'ai pris le seul qui était en stock au moment de mes derniers achats et ce fut donc Basil.

Ce livre est une des premières oeuvres écrites par Collins, ce qui explique sans doute qu'il soit complètement différent de ce que je pouvais imaginer en lisant vos posts, sauf peut-être pour ce qui est de "faire de l'inconvenance le moteur du romanesque", qui s'applique tout à fait ici. Peu de suspens, une atmosphère oppressante, mais surtout des personnages bizarres, une intrigue bizarre et une narration bizarre (voilà pourquoi j'ai été surprise).

Les personnages sont bizarres car ils obéissent à des impulsions qui sont absolument incompréhensibles pour le commun des mortels. L'intrigue passe par des phases très différentes l'une de l'autre, ce qui fait qu'on a l'impression de lire plusieurs bouquins différents. Et la narration est étonnante avec, par exemple, les premiers chapitres consacrés exclusivement à la présentation de la famille du héro, de manière très conventionnelle (on ne comprend cette option que quand l'intrigue se noue enfin, ce qui ne se passe que vers la moitié du livre) ou également plusieurs passages clefs où l'auteur s'échappe par une pirouette du genre

Citation :

Sachant ce que je sais, j'ai honte d'écrire, honte de rappeler, ce que je dis à Margaret Sherwin lors de notre première rencontre. Je ne puis exprimer ce que je ressens; je ne puis le décrire, et si je le pouvais, je ne le ferais pas.

Le style de Collins est extrêmement élégant, presque trop parfois (est-ce ici une volonté de l'auteur, puisque le livre est écrit à la première personne, par un personnage issu d'un milieu social très élevé, et qui plus est, essaie de faire une carrière littéraire?) Je serais curieuse de voir ce que cela donne en anglais. Je pense que je vais essayer de trouver la Dame en Blanc en version originale afin de me faire une idée.

Un petit exemple de phrase que je trouve particulièrement réussie :

Citation :

Son regard, dans sa tendresse, exprime cette légère nuance de mélancolie, et, dans sa sérénité, cette étrange douceur que possèdent seuls les yeux bleus.

Very nice,

cat47 a écrit:

J'aurais peut-être dû suivre tes conseils, Muezza, et commencer par La Dame en Blanc, mais que veux-tu, j'étais tellement impatiente que j'ai pris le seul qui était en stock au moment de mes derniers achats et ce fut donc Basil.

En effet Cat47, Basil ne fait pas partie des oeuvres que je recommanderais. Je l'ai lu l'année dernière et, pour moi, on est loin du Wilkie Collins que j'aime. J'espère tout de même que cela^ne te créeras pas de "préjugés" pur La Dame en Blanc.
Ma liste est :
- LA Dame en blanc
- Armadale (jeme répète mais celui-ci est plus difficile et tout le monde n'accroche pas)
- La Pierre de lune

et encuiste
- Sans nom
- Mari et Femme
- Le Secret (édité également sous "Secret absolu")

Non, au contraire, car le style d'écriture m'a tout de même plu. Beaucoup d'élégance et de limpidité, des phrases vraiment bien tournées.

Qu'as-tu pensé de la façon d'agir de Basil? C'est un héro auquel on a vraiment de la peine à s'identifier. Toute la première partie du livre est vraiment "antinaturelle", je crois que c'est ce qui m'a semblé le plus bizarre. Une fois arrivé au milieu, on a envie de savoir la fin, heureusement, mais là encore, les réactions de Basile et de Mannion sont incompréhensibles, et Collins ne cherche pas à rendre tout cela très vraisemblable. Il nous laisse sur notre faim dès qu'on souhaiterait comprendre un peu mieux les mobiles qui poussent les personnages à agir.

En fait, je crois que c'est le problème. On ne sattache pas à Basil. On en vient presque à penser qu'il mérite ce qui lui arrive tant il est passif. Il a un très bon fond mais ce n'est pas un héros. Mannion est beaucoup plus hypnotique...
Quant aux "mobiles" de spersonnages, Wilkie n'a pas le temps de les développer : le roman est très court

Le style reste agréable mais la structure n'est pas aussi travaillée et originale que celle de La Dame en Blanc... Oui je me répète car ce livre a été une telle révélation pour moi. Le risque maintenant c'est que vous soyiez tous déçus ! ALors alllez-y en vous disant seulement que c'est un bon livre recommandé par une folle

J'ai fini Basil. J'ai aimé l'histoire de ce jeune homme qui s'ouvre à la vie, et qui naïf va être trompé par des individus sans coeur.

On a du mal à lacher le livre, Basil est un héros tendre, peut être un peu faible face à l'autorité d'un père qui ne jure que par le nom et l'honneur. Il va tout sacrifier à l'amour même si celui n'est pas partagé.

Le style est toujours limpide et agéable à lire, les "gentils "personnages sont attachants et on adore detester les méchants Margaret et Mannion que seule la vengeance fait vivre

Je remonte ce topic parce que je viens de finir "Basil", et je vois que mon opinion plus que mitigée sur ce livre n'est pas unique ! Je l'ai trouvé ampoulé, boursouflé, à la limite du vraisemblable, et il m'a déçue, mais comme j'ai beaucoup aimé "mari et femme" et Sans Nom" je ne vais pas abandonner et je vais continuer à lire cet auteur. J'ai le sentiment qu'il fait une critique d'une aspect de la société dans chacun de ses livres (les héritages dans "Sans Nom" le système du mariage dans "Mari et Femme" et l'influence de l'Eglise catholique dans "la robe noire", celui-là aussi vraiment poussé à l'extrême, à moins que je confonde, car il y a quelques temps déjà que je l'ai lu), donc il choisit toujours des situations extrêmes afin de soutenir une thèse, sauf que dans" Basil"je ne vois pas ce qu'il défend, tous les personnages sont à mettre dans le même sac ... poubelle (j'y vais fort, là !) par leur cupidité, leur sottise, leur faiblesse, leur vanité, leur arrogance (comment peut-on être sûr d'avoir eu un ancêtre à Hastings, ou plutôt comment être sûr qu'on en descend en ligne directe ???) , bref "Basil", ne m'a pas emballée !!!

Basil est un peu à part, je n'ai pas été emballée, j'ai même regretté de l'avoir acheté au prix fort quand il est sorti.

Je te conseille Pierre de Lune pour te réconcilier avec Wilkie : superbe intrigue autour du vol d'un bijou. Mystère garanti. Un des précurseurs du roman "policier".

Oui, ma libraire me l'a fortement conseillé, c'est prévu dans la liste (très) longue de mes futurs achats !

@ Clinchamps: bizarrement tu me donnes envie de lire Basil pour vérifier s'il n'y a pas une dose de second degré et puis aussi parce que j'aime bien les romans sans "héros" ... et même si je sais que ce cher Wilkie a quelques inégalités dans sa production littéraire...
Je plussoie sur Pouchkinet pour te recommander Pierre de Lune qui ne devrait vraisemblablement pas te décevoir si tu as aimé Mari et Femme et Sans Nom. J'avais aussi beaucoup aimé La dame en Blanc, c'est juste pour apporter une modeste contribution à l'extension virtuelle de ta PAL, si tu ne l'as pas déjà lu

@ Sunjin: eh bien, on peut dire que tu t'y entends pour donner envie de lire un livre . Je regrette presque, n'était-ce mes déjà nombreux projets de lecture, de ne pas avoir de librairie à portée de main immédiate... Mais j'archive Miss Finch dans une étagère encore pas trop encombrée de ma cervelle délabrée. Je suis Wilkiecollinsivore

Je crois que ce smiley se vérifie vraiment! J'ai vraiment aimé ce livre , un vrai "page turner", j'avais du mal à la lâcher et j'ai été tenue en haleine jusqu'au bout! Dès le début

Spoiler:

mais je ne m'attendais pas à cela... J'ai particulièrement aimé la scène de la sortie de bal, je trouve que le suspense culmine à ce moment là et ne retombe jamais vraiment jusqu'à la fin.

Basil est trop gentil et trop tendre comme l'écrit Nephtis et ça en fait la proie idéale même si cette tendresse va lui rendre toute sa dignité à la fin du roman. Seul petit bémol, des rebondissements un peu tirés par les cheveux (enfin à peine moins que dans La pierre de lune!) mais c'est aussi ce qui fait le charme des romans de Wilkie Collins, les pirouettes de l'auteur pour retomber sur ses pattes.

Voila, mon avis diffère un peu de ceux écrits dans cette page, mais vraiment je conseille la lecture de Basil, tout comme celle des autres livres de cet auteur de génie!

Pour ma part, "Basil" m'a bien plu et une fois la lecture commencée, je n'ai pas pu m'arrêter avant la page 300 (sur les 350 que comporte le roman). Le suspense tient à la fois à la nature de l'intrigue (quel secret cachent les Sherwin et l'inquiétant Mannion) et aux dilemmes qu'affrontent les personnages (Basil obéira-t-il à son père ou succombera-t-il à l'amour interdit? Son père pourra-t-il lui pardonner?) Plusieurs scènes sont dramatiques. Quant à Basil, je le trouve fort attachant. C'est avant tout un jeune homme naïf et honnête, mais il n'est pas toujours faible et doux comme certains le soulignent plus haut. En effet, il fait preuve de force d'âme en quittant sa maison et même Londres dans l'intérêt de sa soeur. D'autre part, il se révèle violent lorsqu'il découvre que son épouse le trompe avec Mannion: n'oublions pas que ce dernier a été défiguré par Basil et n'a échappé que de peu à la mort.
Seule la fin m'a quelque peu déçue. Une fin ouverte aurait été préférable à mon sens (laisser supposer que Mannion continue à poursuivre Basil de sa vengeance). Ainsi, le journal de Basil et les lettres suivantes me semblent inutiles, ils affadissent même le roman.