Miss Charity : un roman aux références lambtoniennes

J'ouvre un topic plus pointu et spécifique sur Miss Charity. L''autre, plus général, ne sert qu'à échanger nos impressions sur le roman en lui-même

Miss Charity est ponctué de références à la littérature anglaise du 19ème siècle. On y croise des grands noms tels qu'Oscar Wilde, Bernard Shaw et bien d'autres encore. Je vous propose d'en parler plus longuement ici.
Il y a des références explicites et d'autres plus subtiles, qui ne sont visibles que selon nos interprétations ou encore notre connaissance en matière de lettres anglaises.

Je vous propose donc dans ce sujet de mettre en évidence les nombreux clins d'oeils à la "littérature lambtonienne" qui composent ce roman. Lequel est incontestablement un vibrant hommage rendu à une littérature qu'affectionne particulièrement Marie-Aude Murail.

Je commence : Charity fait la lecture à son cousin Philip pour l'occuper et l'égayer. Il est malade et se retire souvent dans la bibliothèque pour s'isoler des autres. Il faudrait que je retrouve le passage précis mais Charity choisit Orgueil & Préjugés de "Miss Austen" pour lui changer les idées.

Je crois aussi me souvenir que plusieurs noms de personnages sont tirés de classiques anglais.

Il y a bien entendu Lady Bertram, j'ai relevé également à un moment qu'un des personnages se nommait Gaskell, mais impossible de me souvenir qui... C'est vers le début du livre si mes souvenirs sont bons, et il s'agit d'un personnage très très secondaire...


Je ne sais pas s'il faut y voir une référence lambtonienne, un hommage de l'auteur ou tout simplement une trace de mon imagination que nous dirons pudiquement parfois un tantinet hyperactive, mais j'ai trouvé que Herr Schmal ressemblait beaucoup au professeur Bhaer de Little Women, ce professeur ami de Jo

Spoiler:

Tous deux sont allemands, professeurs, ont une conception assez révolutionnaire pour leur époque de l'éducation des enfants, sont beaucoup plus âgés que leurs promises, ne sont pas beaux du tout mais possèdent un charme fou. En tout cas, moi je suis amoureuse des deux !

je cite ici une remarque que j'avais faite dans le sujet général sur Miss Charity :

Citation :

Je ne sais pas si c'est mon imagination qui m'a joué des tours mais je n'ai pu m'empêcher de trouver quelques similitudes avec Mansfield Park : les pièces de théâtre, la timidité de Charity / Fanny, l'histoire des deux cousines (Maria et Julia vs Anne et Lydia), Mrs Norris vs tante Jane, Henry Crawford vs Kenneth (enfin c'est peut être pousser la comparaison un peu trop loin)...

Liewen, je suis tout à fait d'accord pour la comparaison avec le professeur Bhaer, j'y avais pensé moi aussi !

Je l'ai commencé aujourd'hui mais je plussoie sur ce que tu as dit Natacha, j'ai aussi trouvé beaucoup de ressemblances avec Mansfield Park! D'ailleurs Lady Bertram dans Miss Charity et Lady Bertram de Mansfield Park ont le meme caractère : ce coté mou, toujours fatigué, trainant....

Pour Mrs Gaskell, c'est la logeuse de Blanche Legros

il y a aussi des Gardiners dans les personnages seoncaires ! Je n'arrive plus à me suvenir qui ils sont !

Je ne sais pas s'il faut le mettre ici, mais dans le roman Miss Charity va voir An ideal Husband au théatre avec Kenneth dans le role de Lord Goring (maintenant que j'ai lu la pièce je trouve que le role lui va à merveille ) et un peu après on apprend que Mr Tiddler a perdu beaucoup d'argent dans une escroquerie à propos du Canal d'Argentine, escroquerie dont il est justement question dans An Ideal Husband!

J'en suis au 3/4 à peu près, et ce livre est vraiment enchanteur. On y retrouve effectivement des échos lointains mais persistants de "Little Women" dans le personnage de Charity qui devient écrivain ainsi que le personnage du professeur allemand, également une atmosphère très "dickensienne" dans l'horrible école où atterrit Blanche, où résonne également un écho de "Jane Eyre". La folie de Tabitha, obsédée par le feu, rappelle aussi Bertha Rochester.
Ce qui est excellent, c'est que tout cela n'est qu'une question de climat, d'atmosphère, d'inspiration, on ne saurait jamais parler de plagiat ou de copie ! Il est évident que l'auteur (dont je n'ai rien lu d'autre et dont je ne connais pas l'histoire) a profondément aimé les grands victoriens, qu'elle s'y est tant baignée que son esprit en est imprégné.

Je suis ravie que le roman te plaise, Clinchamps !
Je suis tout à fait d'accord avec ce que tu as écrit, M-A Murail s'inspire d'une tradition littéraire qui est chère à son coeur tout en donnant une vraie personnalité à son roman.

@ Nathy's : Merci pour ces précisions ! J'ai encore plus envie de me mettre à Wilde maintenant !

Oui Emjy il faut que tu te mettes à Wilde, son ironie et son cynisme ne peuvent que plaire!

En tout cas, j'ai très envie de me mettre sérieusement à Dickens!

Le père de Charity m'a fait penser à Mr Bennet (en moins loquace) et j'ai adoré la pêche à la mouche

Spoiler:

et ce passage m'a fait penser au film "l'homme tranquille", quand Maureen O'Hara veut parler au père Lonergan de ses problèmes conjugaux alors qu'il est en train de pêcher et qu'il ferre un brochet, il en oublie toutes les convenances et se met à jurer comme le père de Charity !

Il y a aussi un clin d'oeil à "Pierre l'ébouriffé" (un livre allemand pour enfants datant du XIXe Siècle) à la page 335.

Voici les illustrations des deux premières histoires que Miss Charity évoque :

- Alice la désobeissante :

Spoiler:

- Gaspard le capricieux :

Spoiler: