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| The Longest Journey/Le plus long des voyages (1907) | |
| | Auteur | Message |
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misshoneychurch Poppy dream by the Arno
Nombre de messages : 6062 Date d'inscription : 01/09/2006
| Sujet: The Longest Journey/Le plus long des voyages (1907) Jeu 2 Sep 2010 - 17:15 | |
| J’ouvre un topic sur le deuxième roman d’E.M. Forster, Le plus long des voyages, publié pour la première fois en 1907. C’était le dernier roman de l’auteur que je n’avais pas lu , et je crois que c’est aussi son plus pessimiste… L’histoire est celle de Rickie, un jeune homme infirme, faible et orphelin (ça le travaille ), mais pourtant sincère (pas spécialement attachant pour autant cependant). Il étudie à Cambridge au début du livre, où il a quelques très bons camarades, et surtout Ansell, qu’il admire, et avec lequel il entretient une relation assez ambiguë. C’est à ce moment que débarquent un frère et une sœur amis de Rickie, les Pembroke. Le frère est plus âgé, mais Agnès, la sœur, apparaît comme une jeune femme fraîche, volontaire et progressiste. Par la suite, Rickie fait la connaissance du fiancé d’Agnès, Gerald. Il est ébloui par leur relation, l’amour absolu qui les lie. Mais un accident survient, et Gerald est tué. Le pire survient quand Agnès et Rickie, deux ans après le drame, se fiancent, pour de mauvaises raisons, et en se persuadant eux-mêmes qu’ils sont amoureux. Leur mariage sera un désastre absolu, surtout après la révélation d’un secret qu’ils ne sauront pas gérer. Malgré un passage très obscur au milieu du livre (je n’ai absolument rien compris à ce que je lisais ), j’ai dévoré le reste de ce roman. Par bien des aspects, il ressemble beaucoup aux autres romans de Forster : il contient une critique importante de la société, avec des personnages qui nous trompent en apparaissant modernes quand ils ne sont que des imbéciles hypocrites et réactionnaires, un héros qui est faible et bourré de défauts (comme Maurice, Lucy, …) - Spoiler:
sauf que cette fois il ne reprendra pas le dessus et le paiera très cher…,
une présence très grande de la sexualité (et pas seulement hétérosexuelle, même si c’est beaucoup plus discret que dans Maurice, ça saute aux yeux et explique une part non négligeable du roman), des personnages issus de différents milieux sociaux… Le plus long des voyages, c’est celui que l’on fait en compagnie d’un compagnon morne et/ou jaloux (ces mots sont de Shelley, cités au début du roman), le compagnon qui nous bouffe la vie, nous manipule et nous prend tout ce en quoi l’on croyait. - Spoiler:
Agnès est très forte à ce jeu, et elle parvient à ôter ses objectifs à Rickie tout en lui faisant penser qu’il les a rejetés lui-même. Elle passe du statut de jeune fille désinvolte à celui d’épouse haïssable au fil du roman. On prend des coups énormes avec ce texte, dans lequel tous les personnages sont finalement pathétiques : - Spoiler:
le bébé infirme, qui meurt au grand soulagement de tous, Varden, le gamin martyrisé, l’apathie de Rickie face à des actes inacceptables, sa fin, aussi pathétique que sa vie (comme le souligne l’auteur), Agnès, qui ne peut plus jamais aimer, les défunts parents de Rickie, Mrs Failing qui ne se nourrit que des tourments des autres…
En fin de compte, - Spoiler:
seul le rustre s'en sort heureux. Stephen, le frère caché, bâtard, est le seul a faire preuve d'une certaine innocence. J'adore son pétage de plomb contre cette ordure d'Herbert à la fin Aucun tact celui-là, encore présent comme un vautour pour piller celui qu'il a contribué à détruire.
Bref, j’ai beaucoup ri avec ce livre (plus sérieusement, il y a des passages savoureux). Je pense qu'il va me falloir une bonne semaine pour m'en remettre, mais je vous le conseille quand même |
| | | cat47 Master of Thornfield
Nombre de messages : 24251 Age : 67 Localisation : Entre Salève et Léman Date d'inscription : 28/01/2006
| Sujet: Re: The Longest Journey/Le plus long des voyages (1907) Ven 3 Sep 2010 - 18:25 | |
| - misshoneychurch a écrit:
- C’était le dernier roman de l’auteur que je n’avais pas lu
Me too. Sauf que je ne l'ai toujours pas lu et que je le garde un peu en réserve. J'ai donc lu ton avis un peu en diagonale, pour garder l'effet de surprise totalement intact (et bien sûr je n'ai ouvert aucune spoiler ). N'empêche que je sens que je ne vais pas résister encore très longtemps, miam. _________________ |
| | | toxicangel Snails Huntress
Nombre de messages : 6202 Age : 47 Localisation : Somewhere between Heaven and Hell, obviously... Date d'inscription : 07/04/2006
| Sujet: Re: The Longest Journey/Le plus long des voyages (1907) Ven 3 Sep 2010 - 20:34 | |
| Ah, tu l'as finalement lu Bon sinon, pareil que cat, je n'ai toujours pas osé l'ouvrir (au même titre que A passage to India et le recueil de nouvelles qui traînent sur ma PAL depuis des lustres... et je me dis forsterienne ).Contente de lire ton avis en tout cas, même si encore comme cat, j'ai fait genre je lis vite fait et j'ouvre pas les spoilers Le plus long des voyages est réputé pour être le roman que Forster préférait. Ravie d'apprendre qu'il est follement drôle et qu'il va éclairer mes journées ! |
| | | misshoneychurch Poppy dream by the Arno
Nombre de messages : 6062 Date d'inscription : 01/09/2006
| Sujet: Re: The Longest Journey/Le plus long des voyages (1907) Ven 3 Sep 2010 - 22:43 | |
| Il me reste encore les nouvelles à moi aussi, hein C'est juste que comme je n'aime pas trop ce genre, je les mets à part. Surtout que je n'avais pas accroché à celles que j'ai lues de Forster (fan indigne )... J'ai hâte d'avoir vos avis en tout cas Maintenant, je vais chercher une biographie de l'auteur, je ne sais pas s'il en existe de bonnes |
| | | cat47 Master of Thornfield
Nombre de messages : 24251 Age : 67 Localisation : Entre Salève et Léman Date d'inscription : 28/01/2006
| Sujet: Re: The Longest Journey/Le plus long des voyages (1907) Dim 7 Aoû 2011 - 18:03 | |
| Je me dépêche de poster avant Clinchamps, afin d'avoir encore quelque chose à dire. Ce livre faisaient clairement partie de ceux qui m'impressionnaient, j'aurais même pu le mettre dans le topic de Serendipity si elle l'avait ouvert avant. Je savais que c'était le moins populaire de l'auteur. Ce que je ne savais pas, c'est que c'était son préféré. Et ce paradoxe m'a finalement fait beaucoup réfléchir et apprécier assez différemment cette lecture après coup. Une lecture qui n'a pas été évidente, car jamais je n'ai été transportée comme j'ai pu l'être dans A Room with a View, Maurice ou encore A Passage to India. Non, cela m'a plutôt rappelé mes difficultés avec Howards End, un roman qui lui aussi est plus difficile à apprivoiser. Mais si j'ai été intriguée, agacée, interpelée tout au long de cette lecture, je ne me suis jamais ennuyée, et j'en suis donc ressortie avec la forte envie de lire la préface de l'auteur (très spoiler, à ne lire qu'après coup, c'est clair) et aussi la longue postface (52 pages) d'Elizabeth Heine de mon édition Penhuin Classics. Postface qui replace admirablement le roman dans l'oeuvre de Forster et dans le contexte de sa vie (et accessoirement m'a donné envie de relire le livre ). Car le livre est clairement autobiographique (autant que Maurice, même si la claudication à remplacé l'homosexualité) et à ce titre, prend une substance qui le place dans le haut du panier. Et puis on y parle d'amour et on y parle de différence, difficile de faire plus intéressant comme sujet! Avec l'écueil supplémentaire de personnages vrais et malheureusement peu sympathique dans leur vérité. Mais quel voyage, quelle profondeur dans l'analyse des sentiments, quelle virtuosité dans le traitement. A tel point que j'ai parfois été interloquées : certaines ruptures dans le cours de l'action (le chapitre 10, par exemple) m'ont parfois donné l'impression de commencer une autre histoire, alors que l'auteur mettait patiemment en place un puzzle qui prend tout son sens plus tard (et c'est pour cela qu'il est très important de ne pas se spoiler avec la préface de Foster). Toute l'Angleterre est contenue dans ce livre : ses classes et ses pressions sociales, ses paysages, sa culture, ses contradictions et ses répressions. On comprend très bien en le lisant pourquoi l'écrivain a situé le cadre ses livres plus légers en Italie (même si aucun de ses livres n'est vraiment léger). Chaque personnage a son importance, et tous sont ciselés à la perfection, un vrai travail d'orfèvre. Conclusion : incontournable pour les amateurs de l'auteur (mais non je ne mets pas la pression, Toxic ) et sans aucun doute une belle découverte pour les aventureux à la recherche de sensations fortes (n'est-ce pas Clinchamps). _________________ |
| | | misshoneychurch Poppy dream by the Arno
Nombre de messages : 6062 Date d'inscription : 01/09/2006
| Sujet: Re: The Longest Journey/Le plus long des voyages (1907) Dim 7 Aoû 2011 - 21:37 | |
| Ah, ça tombe bien, j'allais te râler dessus Cat. Ton avis me fait rougir, tu parles beaucoup mieux du livre que moi. Mais je suis heureuse de voir qu'il t'a bousculée. Tu as raison, ça n'est vraiment pas une lecture agréable, mais elle est indispensable pour qui aime l'auteur. Bon, Clinchamps, tu viens nous en parler aussi ? |
| | | cat47 Master of Thornfield
Nombre de messages : 24251 Age : 67 Localisation : Entre Salève et Léman Date d'inscription : 28/01/2006
| Sujet: Re: The Longest Journey/Le plus long des voyages (1907) Dim 7 Aoû 2011 - 22:34 | |
| _________________
Dernière édition par cat47 le Dim 7 Aoû 2011 - 23:43, édité 1 fois |
| | | misshoneychurch Poppy dream by the Arno
Nombre de messages : 6062 Date d'inscription : 01/09/2006
| Sujet: Re: The Longest Journey/Le plus long des voyages (1907) Dim 7 Aoû 2011 - 23:38 | |
| C'est sûr que c'est une lecture qui mérite réflexion, mais la patience et moi, ça fait trente-six. |
| | | clinchamps Oshaberi Sensei
Nombre de messages : 72616 Age : 81 Localisation : Dans les bois du Fushimi Inari-taïsha Date d'inscription : 09/01/2007
| Sujet: Re: The Longest Journey/Le plus long des voyages (1907) Jeu 18 Aoû 2011 - 13:25 | |
| Quand j'ai reçu mon Omnibus de Forster, je l'ai ouvert à la première page et commencé par le premier roman "le plus long des voyages" sans me poser de question. Le bouquin presque fini, je me rends compte que j'ai débuté par le plus difficile. Je rejoins MissHo il y a des passages où je n'ai pas tout compris, mais je n'ai jamais rien sauté parce que toujours je tombais sur une phrase lumineuse et profonde qui me faisait adhérer encore plus au roman. C'est une histoire très triste, très amère que ce long voyage d'un être qui se perd peu à peu et - Spoiler:
meurt très bêtement au moment où il allait peut-être se retrouver. Je dis peut-être parce qu'il construit beaucoup d'espoir sur Stephen, et à mon avis il repart dans les mêmes erreurs qu'avec sa femme, sur laquelle il avait aussi beaucoup bâti, et la découverte de la réalité l'a assommé. Seulement le train vient mettre fin à tout cela et on ne saura jamais si il aurait pu devenir celui qu'il portait en lui. Par contre, la fin du roman sur Stephen, marié et père à son tour, est plutôt positive, car l'influence de Rickie a été bonne et a réellement existé, sa vie n'a donc pas été inutile et vaine comme on aurait pu le croire au moment de sa mort.
Forster nous ouvre un théâtre sur des personnages grouillants de vie et de d'une humanité crue : médiocrité, arrivisme, bonne conscience et sottise allant jusqu'à la cruauté, ils sont là, on les voit et on les déteste tout en les reconnaissant car nous les avons tous plus ou moins rencontrés. Quelle plume !! Incisive, et claire (ce sont les idées qui ne m'ont pas paru toujours évidentes, et pas la façon dont elles sont développées). Il est étrange de penser que Forster a interrompu l'écriture de "avec vue sur l'Arno" pour écrire "le plus long des voyages". Le premier m'a paru beaucoup plus facile, même si la satire y est plus corrosive, et la fin est nettement optimiste, bien que le couple soit banni de la famille, on pense que c'est une chance pour eux, et ne sont-ils pas à nouveau à Florence ??? Mais penser qu'il a fallu en quelque sorte cette bouffée d'air frais à Forster pour continuer ce si long voyage qu'il a imposé à Rickie m'a laissée pensive. J'ai été frappée par une sorte de contradiction dans l'écriture de Forster : il parle souvent de la "beauté" de Stephen et pourtant ce qui transparaît de lui ne nous semble pas beau, en tous cas au sens où nous l'entendons instinctivement, ce qui nous amène à essayer de sortir de nos stéréotypes habituels sur la beauté, la bonté. De même pour Ansel, qui est l'ami de Rickie mais préfère ne plus le voir plutôt que d'essayer de le sauver, jusqu'à la rencontre avec Stephen. Mais, si nous aurions aimé que Ansel prenne parti, c'est encore une fois parce que cela entre dans le cadre romanesque de ce que l'on attend de l'ami, mais en réalité, si nous nous imaginons à la place d'Ansel, ne ferions nous pas pareil ? Aller se mettre au milieu d'un couple pour intervenir, dans la réalité, personne ne prend ce risque. C'est ce qui m'a frappé dans ce roman, la profonde connaissance de l'âme humaine par l'auteur, un savoir presque intuitif, et sa façon de cerner sans les décrire les personnages, qui pourtant sont, encore une fois grouillants de vie (c'est ce mot qui s'impose à moi)et qui surprend à tout moment. Je dois dire aussi que si je n'avais pas su que Forster était homosexuel, je n'aurais pas vu cela dans ce livre, mais j'avoue que c'est une chose que je ne "vois" jamais !!! Mais le sachant, il est devenu évident que le personnage de Stephen correspond en lui à quelqu'un de spécial et de particulier, et certainement quelqu'un qui a compté pour lui. Bon, j'ai fait un post énorme je m'en excuse !! Mais il y a un moment que j'y pense et voilà le résultat, j'espère n'avoir pas été trop confuse !! |
| | | misshoneychurch Poppy dream by the Arno
Nombre de messages : 6062 Date d'inscription : 01/09/2006
| Sujet: Re: The Longest Journey/Le plus long des voyages (1907) Sam 20 Aoû 2011 - 11:21 | |
| Merci pour ce post Clinchamps. C'est vrai qu'il serait intéressant de connaître les conditions d'écriture de ce roman, entremêlée avec celle d' A Room with a view. il faut vraiment que je lise une bio de Forster. - Citation :
- Aller se mettre au milieu d'un couple pour intervenir, dans la réalité, personne ne prend ce risque.
Ça arrive, mais le résultat obtenu est rarement celui escompté, donc tu as raison, Ansell n'y peut pas grand chose. Tu n'as pas commencé par le plus facile, c'est clair, mais je suis ravie de voir que ça ne t'a pas rebutée, au contraire. On a droit à ton avis sur les autres bientôt ? |
| | | clinchamps Oshaberi Sensei
Nombre de messages : 72616 Age : 81 Localisation : Dans les bois du Fushimi Inari-taïsha Date d'inscription : 09/01/2007
| Sujet: Re: The Longest Journey/Le plus long des voyages (1907) Sam 20 Aoû 2011 - 12:12 | |
| Ah oui ! j'ai fini "a room with a vue", "Howards end" et j'en suis au milieu de "passage to India", interrompue pour cause de lecture de groupe ! Mais ça viendra, il faut que ça mature !! |
| | | Dulcie Romancière anglaise
Nombre de messages : 1612 Date d'inscription : 19/12/2009
| Sujet: Re: The Longest Journey/Le plus long des voyages (1907) Lun 9 Avr 2012 - 18:42 | |
| Je ne vois pas beaucoup à ajouter après vos brillants commentaires , donc je dirai simplement que c'est un roman qui m'a beaucoup intéressée. J'ai aimé suivre la vie difficile de Rickie, ses questionnements et ses états d'âme. L'intrigue qui tourne autour du secret familial est bien menée. Il y a une brutalité sèche très étonnante et percutante pour traiter de la mort, Forster n'y va pas par quatre chemins pour supprimer un personnage ! C'est un roman triste, étouffant, où les personnages n'ont aucune liberté de choix, ou alors ils se font exclure de la société, sont dédaignés. Il y a beaucoup de dissimulation ou d'arrangement avec la vérité. C'est très cru pour les personnages, souvent des menteurs qui n'en sortent pas grandis. L'honnêteté est une valeur difficile à tenir parmi les gens civilisés. Il laisse pourtant une impression relativement apaisée (grâce à la fin surtout). Un roman très riche, où il y aurait beaucoup à dire, mais en l'occurence j'ai l'impression d'avoir la tête complètement vide, alors je m'arrête là. |
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