Aimez-vous Lodge?

Vethalyn a écrit:

La chute du British Museum ne m'attire a priori pas trop si le sujet principal est la religion...

C'est un des aspect du roman mais ce n'est pas le seul et pas forcément leprincipal si mais souvenir sont bons. Il s'agit aussi de la grande précarité d'un étudiant au long cours en thèse, marié, qui se débat dans les méandres désargentés d'une université anglaise (corrigez-moi si je me trompe). La religion complique encore la sauce...

C'est le premier que j'ai lu, prêté par un ami qui doit me vouloir du bien, et il m'a donné envie de lire les autres (j'ai du en lire 4). Même si je n'ai pas lu les trois de la trilogie dans l'ordre ou entièrement d'ailleurs, j'aime beaucoup David Lodge. Sa distance amusée, la variété des points de vue qu'il fait intervenir, son sens du ridicule qui permettent d'aborder des sujets gais stressants ou graves avec une certaine légèreté, et puis son regard incisif.

MissAcacia, tu ne te trompes pas du tout. Je n'ai jamais répondu à Vethalyn parce qu'elle ne vient plus très souvent sur le forum mais quand j'ai relu sa remarque récemment, je me suis dit qu'il fallait peut-être préciser que la religion n'était de loin pas le seul thème du livre. Tu l'as fait, je t'en remercie. Je conseille vivement La chute du British Museum à ceux qui apprécient l'humour de Lodge, que tu as très bien su décrire, MissAcacia. Ta dernière phrases pourrait d'ailleurs tout à fait s'appliquer Austen.

cat47 a écrit:

Ta dernière phrases pourrait d'ailleurs tout à fait s'appliquer Austen.

Effectivement, c'est sans doute pour ça que j'aime lire Lodge dont je fais une lecture espacée mais régulière. Je dirai à la diversité des points de vue près, les romans de JA étant plutôt situés d'un point de vue unique.
Je t'avoue que je n'avais pas trop regardé la date du message de Vethalyn mais je trouvais un peu réducteur de réduire La chute du British Museum à cette seule dimension. Ce n'était pas le souvenir que j'en conservais.
Mais comme toi, je trouve que c'est un bon roman pour découvrir cet auteur.

Merci pour ta réponse MissAcacia
Sisi je continue à venir régulièrement sur le forum, mais je poste peu (je suis plutôt une "lurkeuse" dans l'âme j'ai l'impression...).
Depuis la dernière fois, j'ai lu "Jeu de société" et "Thérapie", qui sont tous deux vraiment géniaux. Du coup, je pense relire "Changement de décor" pour ne pas rester sur une impression mitigée, et m'attaquer ensuite à "Un tout petit monde" (histoire d'avoir lu la trilogie de Rummidge).
Après, je me pencherai sûrement sur "La chute du British Museum"; après tout, c'est Lodge, jusque là il ne m'a pas tellement déçue.

A vous lire je crois qu'il faudrait que je relise sa "trilogie" avec un autre oeil.
Je suis une inconditionnelle de Lodge, je viens de lire le dernier intitulé La vie en sourdine. Plus sombre, plus autobiographique ; son personnage, un universitaire (ben oui) à la retraite, devient sourd et son père commence à beaucoup baisser. Mais c'est raconté avec l'humour habituel de Lodge, même s'il aborde des thèmes qui prêtent moins à rire.
Bref, un bon Lodge (y en a-t-il de mauvais ?)

Je n'ai lu qu'un seul livre de David Lodge, Out of the shelter, l'histoire d'un petit garçon anglais qui grandit pendant le Blitz puis devient jeune homme dans l'Allemagne de l'immédiate après-guerre occupée par les forces alliées.
Je ne sais pas si c'est le meilleur moyen pour attaquer David Lodge, le sujet étant à forte teneur autobiographique, mais je me souviens d'un livre plein de tendresse. L'histoire m'avait marquée pour diverses raisons tenant à ma vie personnelle de l'époque, trop peu de livres évoquent l'occupation de l'Allemagne de l'Après-Guerre.

Mr Damien Tilney a écrit:

Les références à l'œuvre de Jane Austen sont savoureuses. Saviez-vous que la célèbre scène où Wentworth débarrasse Anne d'un enfant qui lui grimpe sur les épaules peut-être lue comme un orgasme ?! Le héros de David est capable de l'interpréter de cette manière .

Ca donne tout de suite envie de s'y remettre !

Lectrices de David Lodge, je vous invite à lire cet article du Guardian, très intéressant qui concerne le dernier opus lodgien.

Cet ouvrage, intitulé "A Man of Parts" est consacré à la vie privée de HG Well, l'auteur de "La Machine à Explorer le Temps" et de "L'Homme Invisible" (entre autres). Une vie riche d'aventures (féminines)

J'ai trouvé cet article passionnant Lodge y explique sa démarche à la frontière de la fiction et de la biographie.

Très intéressant article, effectivement, merci pour le lien, Serendipity. Il y a de quoi faire dans la vie de Wells, je comprends que Lodge ait eu envie d'en faire un roman. Et si celui-ci est aussi réussi que L'auteur! L'auteur!, j'imagine que je me laisserai tenter.

Tout à fait d'accord avec toi Cat (bien que n'ayant toujours pas lu "L'Auteur, L'Auteur", je place également cet opus sur HG Wells dans ma PAL virtuelle ).

Petit up pour signaler cet entretien du Telegraph avec David Lodge

Merci pour le lien. Je suis toujours aussi intéressée par la vie privée de Wells, et encore plus depuis que j'ai mis un livre de Rebecca West sur ma PAL. J'aurais dû naître au début du XXème siècle, j'aurais peut-être ainsi pu éviter de me disperser.

Un petit up pour David Lodge.

Je viens de terminer Out of the shelter (Hors de l'abri), son quatrième roman publié mais écrit dans les premiers. Récit, en très grande partie autobiographique (une postface de l'auteur explique quels éléments sont tirés de sa propre vie et la part de fiction), qui raconte l'enfance et l'adolescence de Timothy Young qui a cinq ans lors du Blitz et qui vit dans la banlieue sud de Londres. Sa soeur, qui a onze ans de plus que lui a été évacuée avec son école. Adolescent dans l'après-guerre, Timothy fait l'expérience de l'Europe dévastée, en pleine reconstruction. Un voyage à Heidelberg, pour rendre visite à sa soeur va peut-être changer le cours de sa vie.

C'est un roman d'avant la période plutôt humoristique, qui est la marque de fabrique de Lodge. Je n'invente rien, lui-même s'en explique dans sa post-face. Je l'ai vraiment trouvé très intéressant, comme un témoignage, certes romancé, de cette époque troublée, vue par un enfant puis un adolescent. Le choc des cultures dans la Heidelberg des années 50, au coeur du secteur contrôlé par les Etats-Unis possède une atmosphère particulière. L'auteur n'essaie pas de traiter tous les aspects de son sujet, il donne un éclairage, par le petit bout de l'histoire et j'ai vraiment apprécié.

Si vous avez l'occasion, je conseille de ne pas hésiter .

Vous aurez noté en lisant ce livre que le rationnement avait duré en Angleterre jusqu'au début des années 50 : intéressant, n'est-ce pas ? mais l'Allemagne avait été, quant à elle, totalement détruite par les bombardements à quelques exceptions près, comme le Hanovre qui "appartenait" à la famille royale anglaise, Heidelberg également pour des raisons sentimentales curieuses, Esslingen à côté de Stuttgart pour - sans doute - d'identiques raisons, et c'est à peu près tout... Les Alliés ne faisaient pas beaucoup de sentiment, et j'ai encore en mémoire l'autobiographie de Chuck Yeager, qui, à la toute fin de la guerre, disait qu'en fonction des ordres qu'il recevait sur les strafings de civils, il espérait vraiment gagner la guerre, sinon....

Ayant fait une partie de mon "soldiering" en Allemagne du Sud, bien plus tard, j'ai souvent pleuré les destructions de tant de villes médiévales ou baroques - Ulm, Munich, Augsbourg, Nüremberg - comme l'expose avec discrétion Lodge : les Allemands n'ont d'ailleurs toujours pas pardonné à Bomber Harris, et l'érection de sa statue à côté des Houses of Parliament, il y a une dizaine d'années, avait provoqué quelques réactions à Berlin...

Out of the Shelter n'a pas de côté humoristique, c'est un Bildungsroman, mais pas moins intéressant pour autant. C'est même l'un de mes préférés de cet auteur, avec Paradise News et Therapy...

Isil a écrit:

Il y a une des phrases que j'aime le plus sur le fait que la vie est très différente des romans où on couche beaucoup sans avoir d'enfant (je ne me souviens plus de la citation exacte).

En littérature on fait beaucoup l'amour et on fait peu d'enfants, dans la vie c'est le contraire. (Le jeune couple catholique observe l'interdit du Pape sur la contraception, mais trouve le résultat rude à vivre.)

Je viens de terminer Jeu de société, qui emprunte quelques atours de N&S et je me suis régalée. La confrontation entre l'usine et la faculté, la psychologie des personnages, tout est équilibré et réjouissant.

Ravie que tu aies aimé ce roman Selenh, il m'avait aussi beaucoup plu. C'est par lui que j'avais découvert Elizabeth Gaskell et Nord et Sud et il a un petit topic dans le sous-forum dédié, mais pas très alimenté.

Double post on the rocks !!

J'exhume le topic de David Lodge pour vous signaler une petite série d'interview réalisées par son éditeur français Payot & Rivages (je vais finir par me faire virer pour publicité éhontée à force de les citer):

Une interview très intéressante de David Lodge dans le Télérama sorti cette semaine (et une promo media à suivre avec la publication du premier tome de son autobiographie ).