Trois hommes dans un bateau (sans oublier le chien...) de Jerome K Jerome

Voici un petit chef d’œuvre d’humour british

Trois hommes dans un bateau (sans parler du chien) de Jerome K. Jerome (1859 - 1927)

Voici les deux livres que je possède, mais il en existe une infinité, vu le succès phénoménal que cet ouvrage a remporté auprès des lecteurs, dès sa publication en 1889. Le succès est tel qu'on estime qu'environ un million de copies pirates circulèrent dans le monde à l'époque, dixit wiki.
Et curieusement il a été éreinté par la critique



Les hommes sont George, Harris et Jérôme le narrateur, trois amis qui ont décidé de remonter la Tamise en canot, histoire de se délasser.

Ils ont besoin de vacances car, employés à la City, ils sont submergés de travail...

Citation :

J'aime le travail, il me fascine. Je peux le contempler pendant des heures. J'adore le garder près de moi : l'idée de m'en débarrasser me brise le cœur."
On ne saurait me donner trop de travail ; accumuler le travail est devenu chez moi presque une passion ; mon bureau en est rempli, à tel point qu'il n'y a plus de place pour en mettre davantage. Il me faudra bientôt faire bâtir une annexe.
Et je prends soin de mon travail, aussi. Une partie de celui que j'ai à présent chez moi est en ma possession depuis des années, et il n'y a pas dessus la moindre trace de doigt. Je suis très fier de mon travail ; je descends de temps à autre pour l'épousseter. Personne ne tient son travail en meilleur état de conservation que moi.

Le chien est Montmorency, un fox-terrier turbulent qui participe à sa façon à l’animation du voyage.

Citation :

L’ambition de Montmorency dans l’existence, c’est de se placer dans le chemin des gens et de se faire injurier. S’il parvient à se faufiler quelque part où l’on n’a pas particulièrement besoin de lui, à devenir une vraie calamité, à mettre les gens hors d’eux-mêmes, et à se faire lancer des choses à la tête, il estime que sa journée n’a pas été perdue.
Arriver à obtenir que quelqu’un trébuche sur lui et le maudisse pendant une heure sans désemparer, voilà son but et sa fin la plus haute ; et quand il a réussi à l’atteindre, sa fatuité devient tout à fait intolérable.

Voici Jerome K Jerome avec son chien

Leur périple est le prétexte d’une description détaillée des paysages et lieux historiques traversés. Cela aurait pu finir par être ennuyeux, sans l’humour du narrateur qui décrit chaque situation avec un sens de l’absurde, une délicieuse excentricité et un détachement très britannique.

Les préparatifs du voyage sont délirants, et d'une inefficacité redoutable. Une fois sur la Tamise, les péripéties rocambolesques et les situations farfelues se succèdent, et l' incompétence notoire des trois compères donne lieu à des mésaventures désopilantes.

Par exemple comment préparer le sacro-saint thé sur un canot ?

Citation :

Tel est, sur la Tamise, le seul moyen d'obtenir qu'une bouilloire consente à bouillir. Si elle voit que vous attendez sa bonne volonté avec impatience, elle s'abstiendra de chanter.
Il vous faut vous éloigner et entamer votre repas, comme si vous n'alliez pas prendre le thé. Alors vous l'entendrez bientôt bouillir à gros bouillons, folle d'envie de se transformer en thé.
C'est également une bonne méthode, si vous êtes très pressés, de vous dire les uns aux autres en parlant très haut, que vous n'avez pas besoin de thé et que vous n'allez pas en faire. Vous vous rapprochez de la bouilloire de façon qu'elle puisse vous entendre et vous lancez très haut : "Moi, je ne veux pas de thé. Et toi, Georges ?" A quoi Georges répond, de même : "Oh non, moi, je n'aime pas le thé. Prenons plutôt de la limonade. Le thé est trop indigeste."
A l'instant, la bouilloire déborde et éteint le réchaud.

ou ouvrir une boîte de conserve sans ouvre-boîte ?

Citation :

Nous aimions beaucoup l'ananas, tous les trois.
Nous regardions l'image de l'étiquette ; nous pensions au jus. Nous échangeâmes un sourire et Harris apprêta sa cuillère. On se mit en quête de l'ouvre-boîtes. On retourna tout le panier. On mit sens dessus dessous les valises. On souleva les planches au fond du canot. On déposa tous les objets sur la rive, un à un, et on les secoua. L'ouvre-boîtes demeura introuvable. Harris tenta d'ouvrir la conserve à l'aide de son couteau de poche, mais la lame se cassa et il se coupa profondément.
Georges essaya d'une paire de ciseaux, mais les ciseaux lui échappèrent et faillirent l'éborgner. Tandis qu'ils pensaient tous les deux leurs blessures, je m'efforçai de faire un trou dans la boîte avec le bout pointu de la gaffe, mais la gaffe en glissant me projeta entre le bateau et la rive dans une soixantaine de centimètres d'eau vaseuse, et la conserve alla rouler, intacte, sur une tasse à thé qu'elle brisa.
Alors nous perdîmes la tête. On porta cette satanée boîte sur la berge. Harry alla chercher dans un champs, une grosse pierre et je retournai dans le bateau prendre un mât, puis Georges tint la boîte, Harris appuya sur le couvercle le bout pointu de sa pierre, et, levant le mât en l'air, je rassemblai toutes mes forces et l'abattis...

Le passage des écluses vaut aussi son pesant de cacahuètes...


Connie Willis a rendu hommage à Trois hommes dans un bateau avec son livre Sans parler du chien dans lequel elle reprend la même construction et le même cadre, mais avec des variations encore plus délirantes
voir son topic ici

Je l'ai lu il y a un an et demi et j'ai adoooooooooré ! Dès la seconde page, j'étais déjà pliée de rire !

Les péripéties des trois amis sont en effet toutes plus hilarantes les unes que les autres. Et j'ai beaucoup aimé le style de l'auteur, avec ses réflexions tordantes et plutôt bien vues (comme celles sur les croisières et le mal de mer ou celles sur les prévisions météorologiques).

La construction du roman peut cependant sembler un peu désordonnée, d’autant que le récit est également entrecoupé de passages descriptifs assez lyriques et de digressions historiques qui s’intercalent parfois bizarrement dans la trame principale. On peut également ne pas être sensible à ce genre d'humour...Mais si on adhère, on passe un moment délicieusement hilarant !

J'adore ce roman. Je l'avais lu quand j'avais une quinzaine d'années, j'avais déjà beaucoup aimé, j'ai voulu le relire il y a deux trois ans, j'étais littéralement morte de rire sur mon canapé, les larmes aux yeux. C'est vraiment excellent

Merci pour l'ouverture de ce topic, Rosalind ! Ta présentation enthousiaste, ainsi que les extraits et les avis très positifs d'Elizabeth-Bennet et de Marganne, donnent énormément envie de découvrir ce roman
Je sens que je ne vais pas résister longtemps à la tentation

Magnifique présentation Rosalind qui tombe à point nommé! Merci pour les extrait (celui de l'ouverture de la boite d'ananas ) qui me font comprendre à quel point le roman de Connie Willis est truffé de clins d'oeil à Trois hommes dans un bateau : ton, humour, situations ubuesques et absurdes...que de similitudes!

Encore une superbe présentation, Rosalind. Ce livre me fait de l'oeil depuis un moment, je finirai par craquer un jour.

J'ai lu ce livre il y a environ un an et j'ai beaucoup aimé le cocasse des situations, le ton détaché voire décalé du récit et les tribulations de nos trois compères (sans parler du chien). Pourtant, je n'ai pas ri aux éclats, comme on me l'avait annoncé.

Merci pour les extraits Rosalind .

Je n'ai pas pris la peine de regarder si Jerome K. Jerome avait écrit autre chose...

Il y a "trois hommes sur un vélo", mais je ne l'ai pas lu. C'est une négligence grave de ma part, car j'ai adoré "Trois hommes dans un bateau" et son humour faussement sérieux.

Des moments mémorables :
-laver sa chemise dans la Tamise, ce qui rend la chemise plus sale mais la Tamise beaucoup plus propre.
-tous ces endroits où on ne pouvait pas faire un pas sans tomber sur Monsieur Henri VIII en train de courtiser une dame.
-le type qui prend une formule "repas compris" durant une traversée en bateau.
-le type qui ramène des fromages chez lui et finit par les enterrer
-l'oncle qui veut planter un clou

etc etc...

Ce livre est souvent conseillé à la jeunesse, mais personnellement je ne trouve pas que son humour soit vraiment adapté aux enfants.

Je viens de commencer Three Men in a Boat et effectivement, c'est vraiment très drôle Je n'ai pas encore beaucoup avancé dans l'histoire, mais le style narratif du personnage principal, avec ses anecdotes et digressions complètement loufoques (l'épisode du fromage et l'accrochage de tableaux ont failli m'étouffer ) me plaît beaucoup Je reviendrai poster un avis plus complet mais pour l'instant je ne regrette pas du tout d'avoir entamé ce roman

Fauvette!
Je réalise que je n'ai pas posté d'avis sur ce livre, que j'ai découvert il y a quelques années! Je me souviens de fous rires quasiment à chaque page, d'un humour très anglais et complètement saugrenu. Le début, où le héros lit une encyclopédie médicale et croit être atteint de toutes les maladies existantes sauf une, m'a conquis: c'est maintenant un livre que je relis de temps en temps, un livre anti coup de blues parfait!
Merci pour la présentation, Rosalind!

J'en ai entendu parler à l'école quand j'étais petite, mais je ne l'ai jamais lu. Vais-je me laisser tenter??
Vos avis me donnent envie

Un bijou d'humour (anglais), de causticité et de savoir vivre, dans tous les sens du terme. Le voyage est en cela une métaphore de l'existence, avec ses attentes, écueils, aveuglements et détours. Ses renoncements aussi... sous un déluge salvateur.
Le chapitre évoquant la production XIXème de china dogs et l'héritage culturel à venir est épouvantablement drôle...

J'ai fini ce livre la semaine dernière, et je dois dire que je n'ai pas beaucoup apprécié.
C'est plaisant, mais parfois un peu lourd au niveau de l'humour, et puis les longs passages de description de la Tamise m'ont complétement endormie. De plus il y a de long moment de références à des lieux historiques, qui, quand on ne connait pas trop l'histoire du pays, n'ont pas tellement d'intérêt (d'ailleurs, même quand on les comprend en fait)...
Néanmoins je ne peux pas mentir, j'ai parfois bien rigolé, surtout, comme je le disais sur un autre topic, lors du passage de la théière/bouilloire qui ne fonctionne que lorsque l'on se retourne/lorsqu'on fait dos à elle. Le moment avec l'oncle Podger qui doit accrocher un tableau est également inoubliable ! Bref, ça reste quand même un livre sympa, pas trop prise de tête... mais dont je ne conseillerais pas spécialement la lecture.

Edit: Je viens de lire l'avis d'Elizabeth-Bennet... et je suis totalement d'accord la fin de son message !

Moi aussi j'ai achevé il y a peu ma lecture et mon avis est tout aussi mitigé que celui de JS : la plupart du temps, je me suis ennuyée .
C'est vrai qu'il y a de nombreuses scènes d'humour absurde, typiquement british, mais...si certaines m'ont fait sourire, j'ai souvent trouvé qu'elles devenaient, pardonnez moi l'expression, "lourdes" à force d'insistance de la part de l'auteur. Ainsi j'ai trouvé vraiment longuette la description de la pose du tableau par l'oncle du narrateur.
Quand à la structure de la narration, elle n'est effectivement pas évidente à suivre : les scènes d'humour alternent avec des envolées lyriques de description de paysages ou des scènes qui se sont déroulées lors de voyages en barque réalisés précédemment par l'auteur. Du coup, il arrive que l'on ne sache plus vraiment où l'on en est dans l'histoire.
Ceci dit, je suis contente d'avoir enfin lu ce roman et je ne regrette pas cette découverte qui reste intéressante

Cette semaine et la semaine prochaine la BBC diffuse une adaptation radio de "Trois Hommes dans un bateau"
A écouter ici  

J'ai lu et aussi bien apprécié ce roman, référence en matière de littérature comique anglo-saxonne et que j'avais envie de découvrir depuis longtemps. Je m'attendais à un récit très drôle, et effectivement, les épisodes cocasses ne manquent pas au cours du périple du trio (et du chien Montmorency le nom à lui seul me fait rire, sans compter qu'il constitue en fait un personnage à part entière) qui ne se déroule pas tout à fait comme prévu. Vous avez cité les séquences inoubliables, parmi lesquelles l'ouverture de la boîte de conserve, auxquelles je rajoute l'épluchage des pommes de terre et - peut-être ma scène préférée - le dialogue imaginaire et hilarant entre Montmorency et un chat croisé en cours de route .
Les digressions et autres séquences historiques m'ont parfois semblé un peu longues, mais je n'ai pas boudé mon plaisir. Il y a une suite, qui se déroule en Allemagne, mais elle est réputée moins drôle, donc je ne pense pas poursuivre.

J'ai rarement autant rigolé en lisant un bouquin !!! L'oncle Podger et son tableau, j'en pleurais ! C'est ma maman qui me l'a fait découvrir, donc on peut dire que l'humour anglais est immortel !

clinchamps a écrit:

J'ai rarement autant rigolé en lisant un bouquin !!!

Comme moi et toute ma famille

Je ne connais pas cette œuvre, mais ce que vous en dites me pousse à l'ajouter à ma wish-list ! Ce roman semble être incontournable !