Lecture de groupe Jane Eyre semaine 3

J'aime aussi beaucoup la partie des retrouvailles et de la déclaration et surtout de l'affrontement des amoureux tous les soirs au coin du feu Le décalage entre Rochester "tout feu tout flamme" et la sage Jane, c'est tout particulièrement savoureux!!!

Ca ne doit quand même pas être une période super facile pour notre Jane: elle ne sait pas toujours à quoi s'en tenir avec Rochester, qui la teste souvent (comme la rendre jalouse en lui annonçant son mariage avec Blanche) et qui est son employé, la différence de condition et de fortune etc.

Peut être pourrions nous parler maintenant de la période après la découverte de la 1ère femme de Rochester.

D'abord le départ de Thornield. Là encore nous avons un bon aperçu du caractère affirmé de Jane. Face à un tel coup de massue, elle est d'abord abattue puis rapidement se raisonne et finit par comprendre qu'elle n'a pas le choix et qu'elle doit partir. Malgré la discussion avec M. Rochester, ses multiples tentatives pour la convaincre de rester, toutes les possibilités de futur qu'il lui donne, elle décide de partir parce qu'elle sait qu'elle ne peut pas rester avec lui de cette façon.

Ce que je trouve intéressant c'est que finalement elle ne discute pas le passé de Rochester. Elle ne le blâme pas pour ça, esaye de comprendre son geste, elle ne lui en veut pas, elle lui répète qu'elle l'aime. Malgré tout, ses valeurs lui interdisent de rester.
J'avoue que plusieurs fois je me suis dit "mais tu es folle ?? reste avec lui !!! Reste là où est ta seule famille !!"

Qu'en pensez-vous ? Qu'est ce que cela signifie selon vous ? A quoi faut-il le rapprocher dans son parcours ? Est ce à voir au regard de la morale chrétienne ? Au regard de la société ? Croit-elle vraiment à ce moment que Rochester peut se lasser d'elle ?

Par ailleurs, l'étape suivante est très déroutante. Je ne m'en rappelais pas du tout. Les trois jours passés à errer sans savoir où aller, presque aux portes de la mort. Le fait que tous la rejettent parce qu'ils pensent que c'est une mendiante.
Là encore, que faut-il en déduire ?

Et finalement son choix de ne pas donner son nom, de commencer une autre histoire, quels sont vos commentaires ?

elle pèse le pour et le contre, elle hésite quand même, une vie en Europe avec Rochester mais la culpabilité au fond d'elle même, elle ne sera que la maitresse et se lassera t'il d'elle ? elle évoque cette possibilité!
je pense qu'il y a sûrement de la morale chrétienne, peut être pas de la société car en Europe personne ne les connait, mais elle veut pouvoir se regarder en face et ne le pourra plus si elle part avec lui (enfin c'est comme cela que je le ressens, j'attends les autres avis

Au vu de la morale de cette époque, il n'est même pas envisageable pour Jane de rester; chapitre 27 "il faut quitter immédiatement Thornfield". En même temps elle a tellement peur que M. Rochester la retienne qu'elle s'enfuit comme une personne qui a quelque chose à se reprocher. Et je constate que dans chaque partie que nous avons lue, elle doit quitter un lieu,d'abord Gateshead puis Lowood et maintenant Thornfield. Sa vie jusqu'à présent n'est qu'une longue errance et cette dernière errance la conduit presque à la mort. Ses ressources intérieures lui ont toujours permis de rebondir mais cette fois on sent bien que M. Rochester lui a infligé une épreuve quasi-insurmontable. Laquelle d'entre nous aimerait apprendre le jour de son mariage que son futur époux a déjà une femme fût-elle folle?

Je pense que c'est vraiment une question de "moral" !

Dès le début Jane est décrit comme un personnage recherchant l'indépendance et ce n'est pas en restant au près de Rochester alors qu'elle est consciente qu'elle ne serait que sa maitresse et pas vraiment plus à cause de sa femme toujours vivante ne lui laisse pas trop de choix. Si elle reste, elle ne sera plus un être indépendant comme elle dit avant
"I am no bird; and no net ensnares me; I am a free human being with an independent will." et ça, elle n'acceptera jamais déjà que pendant toute sa vie elle a recherché l'indépendance. Toute cette situation est complètement contraire à elle moralement ...

Enfin c'est ce que je pense ...

Jane ne peut que partir, ce qui ne l'empêche pas de nourrir de brûlants regrets. Plusieurs fois elle va évoquer la vie facile et le bonheur qu'elle aurait pu connaître dans le Sud de la France avec l'homme qu'elle aime, mais à chaque fois immanquablement son esprit la ramène au seul choix honorable : la séparation ! Elle fait d'ailleurs à un moment une comparaison entre le climat émollient de la Provence et le climat astringent de l'Angleterre, où on retrouve encore le peu d'estime qu'elle éprouve pour la France qui ne peut aller qu'avec une vie de dissipation hors de la morale, l'Angleterre seule et ses rigueurs permettant de rester dans le droit fil de la bonne conduite. Pourtant elle a vu Bertha, elle sait bien que le mariage de Rochester n'est qu'un mot vide de sens, mais la rigidité de sa morale ne lui permettra jamais de transgresser sa loi. De plus il y a en arrière plan le fait que pour elle maîtresse égale possibilité d'être abandonnée si l'amour s'en va, alors que mariage égale sécurité, ce qui est à mes yeux une idée assez puérile, mais Jane a 19 ans à peine !! Elle peut croire que le mariage garantit l'amour éternel !!

C'est intéressant cette comparaison entre le climat français et le climat anglais, cette idée d'une certaine image de la rigueur morale.

Effectivement Jane à chaque fois est obligée de quitter les lieux où elle se trouve. Après des moments difficile, à chaque fois finalement la vie reprend ses droits. L'idée est-elle de dire qu'il faut affronter toutes les épreuves sans se retourner sur son passé ?

Aldae a écrit:

Effectivement Jane à chaque fois est obligée de quitter les lieux où elle se trouve. Après des moments difficile, à chaque fois finalement la vie reprend ses droits. L'idée est-elle de dire qu'il faut affronter toutes les épreuves sans se retourner sur son passé ?

Il y a sans doute un peu de ça!!! Mais je ne pense pas que ça soit aussi simple!
Je voyais plus cette succession de lieux que l'on doit quitter comme autant d'étapes d'un parcours initiatique. Dans chaque lieu où Jane passe, elle acquiert des savoirs, mûrit et quitte ce lieu, lorsqu'elle ne peut plus évoluer, pour un autre lieu dans lequel elle apprendra autre chose, etc. jusqu'au moment où son initiation sera finie.

Pour moi l'idée serait donc plutôt qu'il faut avancer, malgré les épreuves, en tenant compte de son passé et en se servant de toute l'expérience qu'on en a retiré, mais sans oublier que ce passé est révolu!

Elianor a écrit:

Je voyais plus cette succession de lieux que l'on doit quitter comme autant d'étapes d'un parcours initiatique.

Je pense comme toi Elianor. Ce roman est aussi un roman d'initiation , de la petite fille à la femme qui trouve sa place dans ce monde après bien des épreuves et des expériences. A ceci près qu'à aucun moment Jane ne semble naïve ou candide comme c'est souvent le cas des héros de romans initiatiques.

Tout à fait d'accord avec cette idée de roman initiatique. Ballotée d'un lieu à l'autre et d'un personnage masculin à l'autre, Jane trouve sa voie dans la 4e partie du roman.

Lady Prisca a écrit:

A ceci près qu'à aucun moment Jane ne semble naïve ou candide comme c'est souvent le cas des héros de romans initiatiques.

Tout à fait d'accord et c'est ce qui fait que Jane Eyre , n'est pas tout à fait un roman initiatique!!!!

Je poste ce message après avoir fini de lire le roman at je peux donc dire que c'est ma partie préférée. J'ai adoré tout particulièrement le moment du mariage , lorsque la cérémonie est interrompue et que Rochester ne veut pas lâcher Jane , il ne renonce pas facilement , il se bat. De même quand il "monte la garde" des heures durant devant la porte de sa chambre et la scène qui suit quand elle en sort. Je crois que c'est mon moment préféré du roman.

J'ai été très touchée aussi par les 3 jours d'errance de Jane après sa fuite. On souffre avec elle , ce sont des pages très fortes.

Tout comme toi Lady prisca, je trouve cette partie riche en événements marquants. La scène du mariage est à la fois, un début et la fin d'une étape. Jane se trouve après cela confrontée à des pensées tumultueuses ou le combat entre l'amour et les convenances est très rude! Elle passe de la béatitude la plus intense à une chute terrible et une réalité des plus cruelles. Elle montre sa force là où la plupart auront flanché tant Rochester est convaincant et débordant d'amour! Elle ne choisi jamais la facilité, notre Jane, et quitte à ce que cela lui fasse endurer des épreuves de plus en plus pénibles à endurer.
Les trois jours d'errance sont également des plus durs à vivre. C'est une épreuve qui aurait pu la faire changer d'avis et repartir vers tant de promesses d'amour et de richesse. Mais elle va encore montrer une résistance presque surhumaine!