Une auberge pour les admirateurs de Jane Austen, et bien plus encore... |
|
| Julie Otsuka (1962). | |
| | Auteur | Message |
---|
serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12420 Date d'inscription : 31/05/2007
| Sujet: Julie Otsuka (1962). Dim 9 Déc 2012 - 20:51 | |
| J'ouvre un topic à cette auteur américaine d'origine japonaise. A ce jour elle a publié deux romans : - "Quand l'Empereur était un dieu" (2004 en France) - "Certaines n'avaient jamais vu la mer" (2012) qui a reçu le prix Faulkner et le prix Femina étranger (titre en VO "The Buddha in the attic"). Après avoir entendu parler de ce roman à la radio, et de son sujet (le sort des «picture brides» japonaises, épouses recrutées sur photo et amenées aux Etats-Unis par bateaux pour épouser des compatriotes déjà installés sur la côte ouest), j'ai eu très envie de le lire. C'est chose faite, d'autant qu'il est très court (139 pages). Quatrième de couverture : - Citation :
L’écriture de Julie Otsuka est puissante, poétique, incantatoire. Les voix sont nombreuses et passionnées. La musique sublime, entêtante et douloureuse. Les visages, les voix, les images, les vies que l’auteur décrit sont ceux de ces Japonaises qui ont quitté leur pays au début du XXe siècle pour épouser aux États-Unis un homme qu’elles n’ont pas choisi. C’est après une éprouvante traversée de l’océan Pacifique qu’elles rencontrent pour la première fois celui pour lequel elles ont tout abandonné. Celui dont elles ont tant rêvé. Celui qui va tant les décevoir. À la façon d’un chœur antique, leurs voix se lèvent et racontent leur misérable vie d’exilées… leur nuit de noces, souvent brutale, leurs rudes journées de travail, leur combat pour apprivoiser une langue inconnue, l’humiliation venue des Blancs, le rejet par leur progéniture de leur patrimoine et de leur histoire… Une véritable clameur jusqu’au silence de la guerre. Et l’oubli. C'est un pan de l'histoire américaine peu connu en France que l'on découvre en lisant ce roman. Le style de l'auteur est très particulier (elle recourt à la première personne du pluriel pour donner la parole à toutes ces femmes). C'est un roman très fort que je recommande. Pas forcément un coup de coeur, mais un livre dont je me souviendrai assurément Pour en savoir plus, voir l'article que lui a consacré Libération |
| | | mimidd Aki no Hoshizora
Nombre de messages : 15717 Localisation : with a Japanese man singing for Rotterdam Date d'inscription : 17/04/2006
| Sujet: Re: Julie Otsuka (1962). Dim 9 Déc 2012 - 22:25 | |
| Merci beaucoup pour cette présentation, Serendipity ! Je ne connaissais pas du tout ce roman, mais j'avais déjà entendu parler de ces picture brides dans une mini série japonaise consacrée justement à l'immigration japonaise aux Etats Unis pendant toute la première moitié du XXème (avec bien sûr toutes les difficultés supplémentaires rencontrées pendant la 2ème GM ) Ce sont des thématiques - et une période historique - qui m'intéressent tout particulièrement, donc je vais noter de ce pas le titre de ton livre _________________ ずっと続く道 これからも変わらずに 同じことで笑っていよう 一人じゃないよ アホな仲間と =☆= In a road that keeps going without change, let’s keep laughing about the same things. =☆= =☆=☆=☆= You’re not alone. You’ve got this stupid friend with you (道, 丸∞すばる) =☆=☆=☆= |
| | | esperluette Magnolia-White Ampersand
Nombre de messages : 9312 Date d'inscription : 11/07/2009
| Sujet: Re: Julie Otsuka (1962). Dim 9 Déc 2012 - 22:43 | |
| Merci pour le topic serendipity, j'avais repéré ce livre en librairie et il me tente bien. |
| | | serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12420 Date d'inscription : 31/05/2007
| Sujet: Re: Julie Otsuka (1962). Lun 10 Déc 2012 - 12:23 | |
| Merci pour vos réponses mimidd et esperluette Ce que j'ai lu dans l'article de Libé me donne envie de lire son autre roman (qui chronologiquement se passe après "Certaines n'avaient" et qui aborde la question du traitement des japonais pendant la 2è Guerre Mondiale aux USA). - Libération a écrit:
- Dans son premier roman très remarqué et plusieurs fois primé aux Etats-Unis, Quand l’empereur était un dieu, Julie Otsuka mettait déjà en scène ces camps de la honte où furent parqués, après l’attaque de la base américaine de Pearl Harbor en 1941, tous les citoyens américains d’origine japonaise, considérés désormais comme des ennemis. Son propre grand-père avait été arrêté par le FBI au lendemain de Pearl Harbor et sa famille internée pendant trois ans au camp Topaz, dans l’Utah.
|
| | | MissAcacia DerbyCheshire Cat
Nombre de messages : 7646 Age : 51 Localisation : Perched on a hot sound tree Date d'inscription : 26/10/2007
| Sujet: Re: Julie Otsuka (1962). Lun 10 Déc 2012 - 18:55 | |
| Je viens d'acquérir Quand l'Empereur était un roi lors d'un passage éclair en librairie.
Le deuxième a l'air intéressant. L'utilisation de la première personne du pluriel est un positionnement peu fréquent. picture brides ont été un phénomène bien plus large, lié à l'immigration, non ? de nombreuses femmes européennes ont aussi vécu cette expérience qui est le thème initial de La leçon de piano |
| | | MissAcacia DerbyCheshire Cat
Nombre de messages : 7646 Age : 51 Localisation : Perched on a hot sound tree Date d'inscription : 26/10/2007
| Sujet: Re: Julie Otsuka (1962). Dim 6 Jan 2013 - 0:18 | |
| Je viens de terminer Quand l'Empereur était un roi. J'ai bien aimé cette lecture et le style dépouillé de l'auteur. Elle ne prend pas parti et se contente de relater les faits, du point de vue de différents membres de la famille. Au final on ne sait pas vraiment pourquoi ce traitement a été infligé à l'ensemble de la communauté: représailles ? arrière-pensée de protection (minimaliste) contre une certaine vindicte populaire à craindre ? punition collective ? assimilation forcée ? Ce qui est sûr c'est que c'est une histoire qui n'est pas souvent racontée (comme celle des bombardements alliés sur les villes allemandes), qui apporte une petite pierre de plus à l'horreur collective de cette deuxième guerre mondiale dont les populations civiles ont fait les frais d'où que l'on se tourne (ceci dit sans minimiser les crimes de guerre ou contre l'humanité perpétrés par les forces de l'Axe). Souvent les "petites histoires", racontées à hauteur d'homme, m'aident à mieux comprendre la réalité de certaines périodes de la Grande. C'est de cas de ce court roman. |
| | | clinchamps Oshaberi Sensei
Nombre de messages : 72653 Age : 81 Localisation : Dans les bois du Fushimi Inari-taïsha Date d'inscription : 09/01/2007
| Sujet: Re: Julie Otsuka (1962). Dim 6 Jan 2013 - 10:46 | |
| J'avais raté ce topic(en passant merci à toi, Serendipity !! ) et figurez-vous que j'ai reçu en cadeau de Noël d'une amie "Certaines n'avaient jamais vu la mer" c'est du toutélié pur sucre lambtonien, non ? Il est sur ma PàL juste après " Kosaku" de Yasushi Inoue !!! Donc je repasserai dire ce que j'en pense !! Mais déjà le thème m'intéresse fortement !! |
| | | serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12420 Date d'inscription : 31/05/2007
| Sujet: Re: Julie Otsuka (1962). Dim 6 Jan 2013 - 12:03 | |
| Je serais ravie d'avoir ton avis Clinchamps MissAcacia : cela donne envie de compléter la lecture par cet opus |
| | | clinchamps Oshaberi Sensei
Nombre de messages : 72653 Age : 81 Localisation : Dans les bois du Fushimi Inari-taïsha Date d'inscription : 09/01/2007
| Sujet: Re: Julie Otsuka (1962). Mer 16 Jan 2013 - 18:32 | |
| Je viens de finir " Certaines n'avaient jamais vu la mer ..." le début du livre est consacré aux femmes japonaises qui partaient se marier aux USAaprès 1900 et jusqu'à la seconde guerre mondiale. Elles partaient épouser des Japonais déjà émigrés. Il est ensuite question des maris, de la vie de labeur très dure que ces Japonais menaient (ouvriers agricoles, en Californie pour la plupart) , des blancs qui les emploient, puis viennent les enfants et au fil du récit on devine l'enracinement, le meilleur (un peu meilleur) niveau de vie, la petite maison, le petit commerce, puis arrive la guerre et tout cela va disparaître car les Japonais vont être emmenés dans des camps dans les montagnes, et la toute fin est le récit de leur disparition par les gens au milieu desquels ils ont vécu ... Il n'y a pas d'histoire à proprement parler, mais de nombreuses vies qui s'entremêlent et se tissent pour former une fresque, un peu comme ces peintures chinoises étroites et longues de plusieurs mètres où des dessins s'enchaînant décrivent la vie quotidiennes avec un luxe incroyable de détails. Ici, le récit est fait le plus souvent à la première personne du pluriel, "Sur le bateau nous étions presque toutes vierges" incipit qui donne le ton ... Les cas particuliers sont toujours décrits en utilisant le "nous"afin, je pense, de donner la sensation du nombre, et que justement il n'y avait pas de cas particulier, chaque misère se croyant unique, mais étant en réalité tristement multipliée ... Seules quelques phrases en italiques donnent des détails d'individualité, comme des ilôts sur l'océan du nombre ... Le récit est composé d'une accumulation de situations : "Ce sont leurs femmes qui nous ont enseigné les choses dont nous avions besoin. Comment allumer le cuisinière.Comment faire un lit. Répondre à la porte. Serrer la main. Ouvrir un robinet, car beaucoup d'entre nous n'en avaient jamais vu de leur vie .Comment répondre au téléphone. Comment cuire un œuf. Peler une pomme de terre. ......"C'est une suite d'énumération à travers laquelle transparaissent à la fois la misère et aussi le choc culturel que cette émigration a du être dans ce pays où le moindre objet leur était étranger ... Ce système d'écriture pourrait devenir lassant, et parfois c'est un peu juste, mais le livre est très court, (140 pages)et cette plongée au cœur même de ce peuple d'émigrés est si passionnante que on a du mal à le lâcher ... J'espère vous avoir donné envie de le découvrir Un autre extrait : "Certains des nôtres sont partis en pleurant. Et certains en chantant. L'une avait la main plaquée sur la bouche parce qu'elle avait le fou rire. Certains étaient ivres. D'autres sont partis en silence, tête baissée, pleins de gêne et de honte. ...... La plupart d'entre nous ne s'exprimait qu'en anglais pour ne pas exciter la colère des foules massées sur notre passage...." |
| | | serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12420 Date d'inscription : 31/05/2007
| Sujet: Re: Julie Otsuka (1962). Mer 16 Jan 2013 - 22:34 | |
| - clinchamps a écrit:
- Ce système d'écriture pourrait devenir lassant, et parfois c'est un peu juste, mais le livre est très court, (140 pages)et cette plongée au cœur même de ce peuple d'émigrés est si passionnante que on a du mal à le lâcher ...
Tout à fait d'accord clinchamps, je suis contente que tu aies apprécié cette lecture Le style tout particulier de ce livre (ainsi que son thème) en font une lecture marquante, assurément |
| | | zoju Romancière anglaise
Nombre de messages : 1666 Age : 51 Date d'inscription : 21/11/2011
| Sujet: Re: Julie Otsuka (1962). Mar 12 Avr 2016 - 9:27 | |
| Je viens de terminer : Certaines n'avaient jamais vu la mer. J'avoue que j'ai eu un peu de mal , à la longue , avec le style particulier de l'auteur. Comme vous l'avez précisé , l'auteur parle au nom d'un groupe de personnes toutes anonymes. Dans un premier temps, au nom d'un groupe de femmes japonaises qui arrivent aux États Unis pour s'y marier, puis, il me semble que cela s'élargit aux japonais installés aux États Unis, puis, en toute fin de livre, l'auteur parle au noms des américains qui s'interrogent sur la dispartion des japonais . Je pense que les 140 pages de lecture m'ont suffi Néanmoins, cela n'ôte rien à l'intérêt du sujet traité: qui est tout à fait passionnant. Effectivement, j'ai également découvert un pan de l'histoire américaine que j'ignorais totalement, et dont on n'entend jamais parler Mais là encore, j'ai été frustrée, puisque l'auteur ne fait qu'effleurer le thème en fin de livre (,à savoir l'enfermement de la population japonaise intégrée aux États Unis dans des camps durant la 2 e guerre mondiale ) sans le dévoiler, et en nous laissant sur notre faim . Bref, le fond est passionnant, mais la forme, m'a moins convaincu |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Julie Otsuka (1962). | |
| |
| | | | Julie Otsuka (1962). | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|