Naguib Mahfouz, égyptien, prix Nobel de littérature 1988

Naguib MAHFOUZ, écrivain égyptien, cairote.

Né au Caire en 1911 - mort au Caire en 2006
Prix Nobel de littérature en 1988



Naguib Mahfouz, écrivain du XXe siècle, a écrit 34 romans et plus de trois cents nouvelles, 5 pièces de théâtre, et des scénarios de films, qui se passent pratiquement tous à l'époque contemporaine, dans les quartiers populaires du Caire, mettant en scène des citadins ordinaires, aux prises avec les changements politiques et économiques de l'Egypte, et avec les influences occidentales et conservatrices.
Il ressort de ses livres beaucoup d'humanité et de tendresse pour ses personnages.
Il a également toute sa vie eu des problèmes avec la censure politique et religieuse de son pays.

Ici un résumé de sa vie


Ses livres les plus populaires sont :
* la Trilogie du Caire (1957) : Impasse des Deux-Palais / Le palais du désir / Le jardin du passé
* Dérives sur le Nil (1966)
* Les fils de la Médina (1959)


Et je viens de lire : Propos du matin et du soir (écrit en 1987) publié chez Actes Sud
Ce livre est en fait le portrait de 67 personnes, classées par ordre alphabétique, de leur naissance (le matin) à leur mort (le soir).
Il n'y a pas de narration générale, ce qui fait que j'ai été un peu déstabilisée au début ; d'autant que la 4e de couverture (reprise dans la présentation d'Actes Sud ci-dessus), donne à penser qu'on va lire un récit.
ce livre dépeint le destin de 3 amis au début du XIXe siècle, qui fondent une famille, et celui de leurs descendants qui se mélangent, et vivent dans des maisons proches les unes des autres, jusqu'aux années 1980.
J'ai donc souvent relus certains portraits, et consulté les arbres généalogiques en annexe.
De ces portraits, il ressort une espèce de tranche de vie familiale, avec les bonheurs conjugaux, les enfants turbulents, les filles qui veulent étudier et qui doivent choisir entre travailler ou se marier, la corruption en toile de fond de la réussite de certains, les vies sacrifiées des veuves, les dissensions familiales dues aux remariages, ...
C'est un livre serein et plein de sagesse, qui m'a beaucoup plu.

Merci pour ce topic !

Quel merveilleux conteur ! J'avais lu La Trilogie il y a à peu près dix ans, en été je me souviens, ça m'avait beaucoup marquée ! Je conseille cet auteur sans hésitation, bien que je n'ai pas lu d'autres livres, j'en ai plein dans ma Pal, manque de temps ! 

Quelle excellente idée d'avoir ouvert ce topic!

Naguib Mahfouz est réellement l'un des meilleurs écrivains arabophones des temps modernes, avec quelques autres intellectuels qui ont marqué politiquement et socialement cette époque.

Je n'ai lu que quelques nouvelles de cet écrivain plus un roman: "Le Karnak". Je l'ai au programme cette année en cours d'arabe, on va étudier dès la semaine prochaine son roman intitulé le Mendiant, (Al-Shahhad en arabe), que j'ai vraiment hâte de commencer.

J'éditerai éventuellement mon post pour donner un avis construit sur ce roman =)

Je lirai avec plaisir ton avis Elizabeth Hale, car je n'ai pas lu le Mendiant.

Merci Petit Faucon pour ce topic qui me va droit au cœur!  C'est un écrivain que je vénère même si je n'ai pas lu toutes ses œuvres, très nombreuses.
J'en ai lu quelques unes dans le passé et maitrisant l'arabe, j'ai eu le plaisir de les lire dans la langue d'origine. J'en ai relu quelques unes en français aussi, notamment la trilogie du Caire.
Khan al-Khalili, (Le Cortège des vivants). Une histoire placée au cœur du vieux quartier, considéré aussi comme le poumon du Caire, durant la seconde guerre Mondiale
Khan El Khalili. Un de mes quartiers préférés. Dans ce quartier se côtoient intellectuels, artisans de toutes sortes, se discutent autour du Narghileh et du café sada (café turque sans sucre), tous les sujets touchant le pays: Politique, économie, société... C'est l'histoire de Ahmed, intellectuel, mal dans sa peau qui déménage avec ses parents à Khan El Khalili. Sa vie va changer. Il y rencontre l’amour, la jalousie, la déception,…côtoie différents personnages, qui vont influencer sa vie et ses convictions
Les personnages de Naguib Mahfouz sont souvent, d’ailleurs, à l'image d'Ahmad, tourmentés, en conflit perpetuel avec leurs désirs et les convenances.
J'ai aussi lu :
Hams al-junoun, nouvelles (Le Murmure de la folie)
Al-Sarab  (Chimères)
La Trilogie du Caire : Bayn al-Qasrayn, Qasr al-Chawq (Le Palais du désir), Al-Sukkariyya, (Le Jardin du passé)
Al-Liss wa-l-kilab,
- Al-Simman wa-l-Kharif, (Les Cailles et l'Automne), magistralement interprété dans l’adaptation (drama) du même titre, par Le beau Kaml El Chinnawi et la divine Chirine. Il y a eu une adaptation précédente en film, que je n'ai pas vue
Bayt sayyi' al-sumaa, (Une maison mal famée)
Mîrâmâr, …

Dans ses romans, Naguib Mahfouz pénètre au cœur des différentes souches de la société égyptienne, décortique lutte de classes et de pouvoir, relations sociales souvent complexes du fait des composantes hétérogènes (religions et appartenances), et aussi la misère, peint le mal être de personnages souvent livrés à des conflits internes, phantasmes sexuels refoulés…  Ce qui lui a valu d’être accusé d’apologie à la débauche et à l’athéisme. Ainsi, il échappera à une tentative d’assassinat.

Je ne me rappelle pas du roman "Le mendiant", et tout comme Petit Faucon, je serai ravie de lire ton avi, Miss Hale  

Merci Ysabelle pour ce long post : la liste des oeuvres de Mahfouz que tu as lues est impressionnante !!!

Du coup ça me donne envie d'en lire d'autres, moi aussi.

Et, après ce que tu as écrit,  j'ai jeté un coup d'oeil aux adaptations ciné de certaines de ses oeuvres car j'étais persuadée que Youssef Chahine avait adapté Mahfouz, et finalement il semblerait que non
Ça aurait pourtant eu de l'allure

Je double-poste car je voudrais vous parler de 2 autres livres de Naguib Mahfouz lus récemment.

D'abord : Les mille et une nuits publié en 1981
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Le livre commence à la fin des 1001 nuits, lorsque Shéhérazade a fini de raconter et qu'elle se retrouve seule avec Schariar ; elle est profondément amère, malgré sa "victoire", car elle réalise qu'elle est mariée à une homme sanguinaire, qui n'a pas hésité à faire massacrer des centaines de femmes innocentes avant elle, et qui a érigé l'arbitraire en méthode de gouvernement.

Dans la ville se produisent des évenements inexplicables, dus à l'intervention de génies, l'un bienfaisant, les autres malfaisants ; les hommes de pouvoir de la ville, et particulièrement le chef de la police, sont mis à l'épreuve, avec par exemple un bonnet qui donne l'invisibilité ; tous succombent à l'abus de pouvoir, sauf un, qui doit changer d'apparence pour survivre.

C'est un livre profondément réaliste, qui explore l'idée qu'un gouvernement corrompu ou incapable génère une administration corrompue et incapable, et le malheur de tout un peuple, soumis à l'arbitraire et à l'injustice. Il y a bien sûr une analogie évidente avec la situation de l'Egypte, car Mahfouz écrit pour maintenant, et c'est un écrivain engagé dans la vie politique, la vie de sa cité, Le Caire.
Le livre se termine sur une note optimiste, car Schariar comprend que de son sage gouvernement dépend le bonheur des petites gens.

Ce roman est très intéressant. Je ne l'ai pas lu et ça me tente bien de replonger dans le monde de Naguib Mahfouz. Je vais tenter de voir s'il l'ont chez Amazon.
La référence aux Mille et nuit ne lasse pas d'inspirer en ce moment. Il y a dans le même style, Shéhérazade et son romancier de Réza Barahéni.
Merci pour cette présentation, Petit Faucon.  

Merci Ysabelle, pour la présentation de cet écrivain iranien Réza Barahéni, que je découvre ; j'ai fait quelques recherches et j'ai trouvé la présentation de Schéhérazade et son romancier chez Fayard.
Du coup, je vais voir si la médiathèque chez moi n'a pas des ouvrages de cet auteur ...

Je voulais présenter aussi La Belle du Caire / Al Qahira al Jadida, de Mahfouz, écrit au début des années 1940.

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Le Caire, 1930 C'est l'histoire de Mahgoub, jeune étudiant en lettres, fils unique de parents pauvres qui se saignent aux 4 veines pour lui payer ses études ; lui est un jeune homme plein de vie, d'ardeur, d'appétit pour le bonnes choses de la vie.
Ses amis étudiants sont tous issus de la bourgeoisie cairote, et ils savent qu'une fois leur diplôme obtenus ils seront pistonnés pour entrer dans des postes de fonctionnaires bien payés. Mahgoub, lui, sait qu'il lui faudra user de tous les moyens pour arriver, car il ne peut rien attendre de ses relations familiales.
Soudain son père tombe malade (un AVC) et tous ses espoirs d'études à venir sont ruinés ; il est désespéré, accepte des travaux de traductions pour se payer ses livres scolaires, vend sa plume pour rédiger des articles sur une association de bienfaisance.
Et voilà qu'une relation lui propose d'épouser la plus belle femme du quartier, Ihsane, à condition qu'il accepte qu'elle soit la maîtresse d'un ministre, Qasim Bey, et qu'il "cède sa place" un jour par semaine.
Mahgoub se vend pour le confort d'un appartement du quartier européen, pour le corps de Ihsane, pour un poste du 5e échelon au ministère, comme Ihsane se vend pour nourrir ses petits frères et ses parents, pour de belles tenues, et pour accéder à un monde qu'elle aurait sinon toujours regardé de loin.
Autour d'eux deux, c'est le royaume de l'hypocrisie sociale, de la médiocrité, de l'argent qui achète respectabilité et notoriété ("l'honneur c'est pour les pauvres" dit-il).



C'est un livre coup de poing, plein de rage, féroce, dans une veine très sociale. Il n'y a pas de bons et de méchants, c'est la lutte pour la survie, et tous les coups sont permis.
J'ai beaucoup aimé ce livre, qui reste d'actualité.