Alice Munro canadienne, prix Nobel de littérature 2013

C'est un auteur canadien, Alice Munro, qui vient d'obtenir le prix Nobel de littérature 2013.
J'ai lu cette information ICI

Je ne connais pas du tout cet écrivain.
L'un(e) d'entre vous a-t-il déjà lu l'un de ses livres ?

J'ai déjà entendu parlé d'Alice Munro, mais je n'ai lu aucune de ses oeuvres.  
D'après ce que j'ai lu, elle a surtout écrit des recueils de nouvelles (un seul roman) qui n'ont pas tous été traduits en français.
J'ai quand même bien envie de me laisser tenter, pour voir ce que cela donne  

Moi aussi, je note son nom.
Je note aussi les noms de ceux qui étaient en lice, mais qui, eux, me sont plus connus : Haruki Murakami, Carol Joyce Oates, Assia Djebar ...

Jamais lue non plus, mais c'est un nom que j'ai noté dans un coin de ma tête depuis un moment, ses livres me tentent bien.

Shame on me!   Je les connais de nom aussi mais sans avoir rien lu d'eux ...

Edit : je viens de me rendre compte qu'en fait j'avais déjà lu des nouvelles d'Alice Munro  Cela ne m'avait pas marqué, c'était en cours d'anglais mais je n'avais pas aimé .... 

Merci pour l'ouverture du topic Petit Faucon, tu m'as ainsi appris le nom du prix Nobel 2013  (la "Tchékhov de l'Ontario"  )

Je connais Ms Munro de nom seulement, le fait qu'elle soit auteur de nouvelles est une bonne nouvelle, cela permet de jeter un oeil à son style assez facilement

C'est drôle, son nom m'évoque immédiatement une homonyme, la jeune sœur de Cora du Dernier des Mohicans  , incarnée par Johdi May dans le film de Michael Mann. Ce que c'est que de connaître un film presque sur le bout des doigts  .

Je ne la connais pas non plus, je n'avais jamais entendu son nom auparavant, et comme serendipity j'apprends par la même occasion qui est la lauréate. J'espère avoir l'occasion de découvrir l'une ou l'autre de ses œuvres, pourquoi pas une nouvelle justement pour commencer par quelque chose de court.

Je n'ai encore rien lu d'elle, mais hier soir j'ai regardé Julieta de Pedro Almodovar, et j'ai été surprise de voir au générique que le film s'inspirait d'une nouvelle d'Alice Munro.

Oui Rosalind, il s'agit même de trois nouvelles de mémoire (je les ai lues il y a quelques années). Je suis surprise que nous n'ayons pas parlé de ce film ici ...mais peut-être existe-t-il un topic Almodovar
J'ai vu ce film lors de sa sortie en salles et j'avais eu un énorme coup de coeur. Pour moi c'est un chef d'oeuvre. Qu'en as-tu pensé Rosalind ?

Merci Rosalind ! moi aussi j'ai vu Julieta, et moi aussi j'ai réservé direct un recueil de nouvelles de ALice Munro à la biblio : Les fugitives, je crois .
Super film, très intéressant, très riche, j'ai beaucoup aimé

Petit Faucon a écrit:

j'ai réservé direct un recueil de nouvelles de Alice Munro à la biblio : Les fugitives, je crois

Je crois que c'est celui où figurent les 3 nouvelles dont Julieta est l'adaptation

Mais parfaitement !!! je me suis renseignée avant

serendipity a écrit:

J'ai vu ce film lors de sa sortie en salles et j'avais eu un énorme coup de coeur. Pour moi c'est un chef d'oeuvre. Qu'en as-tu pensé Rosalind ?

Grand coup de coeur également   j'ai vu qu'il existe un topic Almodovar je vais aller voir.

Petit Faucon a écrit:

Merci Rosalind ! moi aussi j'ai vu Julieta, et moi aussi j'ai réservé direct un recueil de nouvelles de ALice Munro à la biblio : Les fugitives, je crois .
Super film, très intéressant, très riche, j'ai beaucoup aimé

J'ai repéré deux recueils de nouvelles disponibles à ma médiathèque : Trop de bonheur, et Rien que la vie.

Fugitives (Runaway) recueil de 8 nouvelles d'Alice Munro publié en 2004.

J'ai choisi ce recueil car je voulais lire les 3 nouvelles : Hasard / Bientôt / Silence qui ont servi au scénario de Julieta de Almodovar.
J'ai aimé ces 3 nouvelles, qui se déroulent entre Toronto et Vancouver, et dont la tonalité est un peu différente de celle du film, mais dont j'ai bien reconnu la musique quand même. La fin en effet est différente de celle choisie dans le film.
Les autres nouvelles m'ont beaucoup plu.
ALice Munro a une écriture assez prégnante, je continuais à avoir ses histoires en moi bien après avoir finir de lire.
J'ai trouvé qu'elle a des points communs avec JC Oates, car ses personnages sont féminins et souvent solitaires ; également j'ai pensé à Toni Morrison, pour la ténacité de ses personnages.
Ces huit histoires-là ne sont pas gaies, elles parlent du quotidien, du poids des gestes quotidiens, des liens que l'on forme avec les êtres et les choses, et de la tentation de la fuite ; aussi beaucoup de solitude, et du fait que l'autre reste toujours un étranger insondable.
Mais j'ai beaucoup apprécié ma lecture.

Je vais poursuivre je pense.

Merci pour ton avis, Petit Faucon ! Alice Munro m'intrigue depuis mon visionnage de Julieta

Merci pour tes impressions, Petit Faucon. J'ai beaucoup apprécié Julieta de Almodovar et ce que tu décris du style de l'écrivain me touche et j'ai envie de découvrir son écriture. Reste un peu l'aspect "mélancolique" qui me retient un peu, du moins en ce moment. Mais, comme ce sont des nouvelles, je me laisserai peut-être tenter

Ysabelle, je ne peux que t'encourager à découvrir cette auteur, de grande qualité.
Je ne dirais pas que c'est mélancholique, car la mélancolie peut être charmante ; le ton est plus énergique, et il se dégage de l'énergie et de la volonté de ses personnages.

Contente que tu aies aimé Fugitives, Petit Faucon. J'avais bien aimé ce recueil même s'il avait fallu m'habituer au ton très distancé d'Alice Munro. J'ai le souvenir d'une lecture pas toujours évidente, mais quelques années après je me rends compte que ces nouvelles m'ont marquée (plus par l'atmosphère que par les histoires). Julieta d'Almodovar avait dû sortir un ou deux ans après ma lecture et j'avais beaucoup aimé cette adaptation.

J'ai ensuite commencé un autre recueil, Rien que la vie, mais avec celui-ci j'ai un rapport plus compliqué, cela fait trois ans que je le ressors parfois, mais ces nouvelles me parlent moins. Une difficulté que j'ai avec cet auteure (il me semblait que quelqu'un l'avait déjà évoqué, mais c'était peut-être dans "Que lisez-vous en ce moment ?") c'est que je n'arrive jamais trop à savoir à quelle époque se passent ses histoires. C'est à la fois plaisant et très déroutant dans certains textes. Et contrairement à toi Petit Faucon, je trouve ses textes ultra mélancoliques. C'est d'ailleurs ce qui me parle le plus dans ses nouvelles je crois. Il va falloir que je finisse ce recueil un jour quand même.

esperluette a écrit:

(...)  Et contrairement à toi Petit Faucon, je trouve ses textes ultra mélancoliques. C'est d'ailleurs ce qui me parle le plus dans ses nouvelles je crois. Il va falloir que je finisse ce recueil un jour quand même.

Sur les époques, ça ne me dérange pas ; en effet j'ai eu l'impression que c'était plutôt censé se dérouler dans la 2e moitié du XXe siècle, mais sans plus de précision ; il y a je pense une volonté de ne pas être trop marqué dans l'époque ni dans le lieu non plus.

Et sur la mélancolie, je pense que nous n'en avons pas la même définition ; j'ai trouvé la tonalité générale "pas gaie", les histoires sont racontées à hauteur du personnage, là ce sont des femmes ; elles vont de l'avant, elles se prennent les épreuves de la vie dans la figure, mais elles ne s'apitoient pas, elles ne se lamentent pas, elles agissent. A mon sens la mélancolie a une douceur et un goût de regret que je n'ai pas trouvé ici.
Mais ton ressenti semble différent, il faudrait que je lise d'autres livres d'elle pour en avoir une idée plus précise .

C'est drôle comme les ressentis diffèrent parfois. J'ai le souvenir d'avoir trouvé ses textes presque décourageants par moments, mais ce ressenti me vient peut-être plus du deuxième recueil dont je parlais ; la lecture de Fugitives est plus lointaine dans ma mémoire !

Merci pour vos avis/commentaires sur Munro, c'est intéressant

Je ressens aussi ce flou temporel dans beaucoup de ses récits mais j'ai l'impression que c'est quelque chose qui peut être assez fréquent dans les nouvelles d'auteurs du milieu 20e
Cependant je trouve aussi que Munro a justement un talent pour percevoir et analyser le déroulement du temps, le changement d'époque, ce que ça induit dans les relations sociales entre les gens, entre générations, sur les pensées, habitudes et émotions de tout un chacun.

Je ne qualifierai pas non plus immédiatement ses nouvelles de mélancolique (en effet à cause de cette douceur méditative plutôt absente dans l'ensemble) mais c'est vrai que ce n'est pas gai pour autant et assez décourageant.

Mais il y a aussi une sorte d'acidité franche assez déroutante chez elle (en particulier en ce qui concerne la sexualité par exemple). Elle n'hésite pas à creuser au fond des esprits de ses personnages ce qui donne de l'énergie, du mouvement à ses histoires. Je pense que c'est en grande partie cela qui fait tout le sel de ses nouvelles et les distingue de récits plus ordinaires. Du coup je ne m'étonne pas qu'elle ait reçu le prix Nobel (même si je n'ai pas d'avis sur cette distinction) car j'ai l'impression que cela a pu étonner certaines personnes (je parle en général) car ses livres sont réellement puissants et originaux.

Quels livres de Munro as-tu lus, Dulcie ?

Et sinon, je trouve qu'elle parle de sexualité de façon directe et naturelle, sans hypocrisie religieuse, "à la scandinave" je trouve.
Par exemple, dans "Hasard" la jeune fille est confrontée à un choc émotionnel et ça lui provoque ses règles de façon assez forte ; en le lisant je me suis fait la réflexion que je n'avais pas souvent lu d'histoires où une héroïne a ses règles   ; cela vient naturellement dans l'histoire, et ça parait tout naturel ... c'est la vie

J'ai commencé avec L'amour d'une honnête femme (relu récemment et qui demeure pour l'instant mon préféré).
Puis j'ai lu Fugitives ; Trop de bonheur ; Rien que la vie ; La danse des ombres heureuses (celui que j'ai le moins apprécié)

Super ! merci Dulcie

Du côté de Castle Rock / A view from Castle Rock de Alice Munro (2004)

Ce livre comprend 12 histoires réparties en 2 parties, et explore les racines des Laidlaw (nom de jeune fille de l'auteure), en Ecosse, dans la vallée d'Ettrick, entre Edinburgh au Nord et Carlisle au Sud. Le Castle Rock du titre fait référence au piton rocheux sur lequel est construit le château d'Edinbourg. Puis le départ d'une partie de la famille vers l'Amérique et l'installation dans l'Ontario canadien et dans l'Illinois américain.
La deuxième partie évoque des souvenirs personnels, des grandes-tantes, du père et de la mère, de son premier mariage, et de la recherche faite sur le tard de ses origines.
Les textes son à caractère autobiographiques, mais la frontière entre la fiction et les "vrais" souvenirs est imperceptible, et ce n'est la sujet ; j'ai lu sur Babelio que ça a gêné certains lecteurs en quête de "vérité".

J'ai beaucoup aimé les réflexions de l'auteure sur la vie, sur les traces qu'on laisse d'une génération à l'autre, sur le temps qu'il faut à un être humain pour se débarrasser des scories de son éducation pour devenir soi-même et apprendre à se trouver.