Lecture de groupe n°18 : La pluie avant qu'elle tombe, 1e partie

J'ouvre d'ors et déjà le sujet consacré à la première partie de notre lecture de groupe, mais je sais que vous êtes disciplinées et que vous ne posterez pas avant le jour J, c'est-à-dire demain   .

Rappel du découpage pour cette première semaine :

Citation :

Edition française (Folio Gallimard)

Première partie (photos de 1 à 5) : de page 11 à 86

Edition anglaise (Penguin Classics)

Première partie (photos 1 à 5) : pages 1 à 80

Non seulement j'ai attendu pour poster, mais je mets mon avis sous spoiler   

Le voici donc, pour lancer le débat   En résumé, je ne suis pas bouleversée par ce livre, mais j'ai lu cette première partie d'une seule traite, et j'ai envie de savoir la suite.

Spoiler:

Début de lecture très confortable, effectivement, traduction française simple et alerte. J'ai apprécié le rythme du début qui installe Gill et sa famille assez longuement pour que je ne perde pas le fil quand les collatéraux se sont multipliés.

Miss Trotwood lève un lièvre qui m'a aussi donné à songer: quid des hommes?.
Ce n'est pas toujours le cas chez JC (le peu d'importance du masculin), donc cela mérite d'être relevé comme délibéré: on part sur un roman «de femmes», à priori. Les hommes ne sont pas seulement absents mais subtilement disqualifiés en ce qui concerne la prise en charge de tout ce qui est deuil et famille étendue. C'est même explicite par endroits: Gill signale d'emblée que son époux est soulagé de ne pas être disponible pour l'enterrement de Rosamund, et elle se retrouve seule à gérer le contenu de la maison de sa tante, alors que son propre frère n'habite qu'à une heure de ladite maison... Dans la génération suivante on voit surtout des filles, et les personnages dont l'absence nécessite un décryptage sont encore de sexe féminin...

Je m’attendais à ce que ça se lise vite mais pas que ce soit aussi rapide ! Après avoir lu le premier chapitre d’introduction dimanche soir, j’ai fini la première partie hier en rentrant du boulot. Pas grand-chose à en dire en fait, sans dire que ce soit spécialement prenant, j’ai envie de connaître la suite et l’histoire d’Imogen.
Comme vous le dites, c’est vraiment une histoire de femmes pour le moment, les rares hommes présents sont soit antipathiques soit totalement absents…

Ju a écrit:

Je m’attendais à ce que ça se lise vite mais pas que ce soit aussi rapide !

Indeed. Alors ne pourrait-on ouvrir tous les topics en même temps pour que chacune puisse réagir à chaud dans sa progression de lecture?

Ju a écrit:

les rares hommes présents sont soit antipathiques soit totalement absents…

En fait je trouve qu'ils ne sont même pas antipathiques. Ils sont absents ou muets, présentés comme peu fiables ou pas très futés, et cantonnés à des tâches utilitaires : porter une personne évanouie dans les escaliers, prendre des photos, servir de chauffeur à la petite Rosamond... J'ai vraiment l'impression que les hommes sont mis à l'écart, repoussés sur les bords de l'histoire. Par exemple le père de Gill vit chez sa fille et son gendre, dans une "self-contained annexe which he had lately, and reluctantely, learned to regard as his home".

Je vous rejoins dans cette lecture, je n'ai pas encore fini la première partie (j'en suis à 3 photos je crois) et ça se laisse lire agréablement pour l'instant je suis curieuse de savoir la suite et j'aime bien le principe des photos même si pour l'instant ça ne dévoile pas grand chose

Étant à la traîne dans ma lecture de cette première partie je n'étais pas encore venue lire vos commentaires.

Selenh a écrit:

Ju a écrit:

Je m’attendais à ce que ça se lise vite mais pas que ce soit aussi rapide !

Indeed. Alors ne pourrait-on ouvrir tous les topics en même temps pour que chacune puisse réagir à chaud dans sa progression de lecture?

Je ne sais pas trop quoi répondre, je suis partagée. Si j'ouvre tous les topics en même temps je trouve qu'on perd le rythme d'une partie par semaine. Mais je m'inclinerai devant l'avis de la majorité. Qu'en pensent les autres lectrices ?

J'en suis à la moitié et pour le moment je suis séduite. C'est une lecture très confortable en effet (cet adjectif correspond bien à mon état d'esprit au cours de ma lecture   ), le style simple et l'histoire attachante. Le retour dans le passé d'une famille n'est pas le sujet le plus original qui soit, mais je le trouve mieux abordé et mis en valeur que dans d'autres romans que j'ai pu lire sur un thème similaire (le premier qui me vienne à l'esprit est Chimères de Nuala O'Faolain, je ne sais pas pourquoi je fais le rapprochement). J'essaierai de détailler mes impressions après avoir lu les pages sur la photo 5.

Super que tu te joignes à nous Nathy's !   

Personnellement, comme le livre n'est pas plus passionnant que ça, j'ai fait une pause depuis lundi et je viens d'attaquer Zweig donc ça ne me dérange pas d'attendre, je ne compte pas commencer la deuxième partie avant ce week-end ou lundi et je pense tenir ainsi le rythme tranquillement (sauf si le suspense arrive ensuite^^)

Je n'ai pas encore fini cette première partie mais ce sera chose faite ce soir ou demain. Pour l'instant j'apprécie toujours le style de Jonathan Coe, je détaillerai davantage demain.
Pour le rythme, j'aime bien l'idée qu'on est plusieurs à lire la même partie en même temps mais si vous préférez ouvrir tous les topics maintenant, pas de problème!

Je suis comme Ju, je lis un autre livre en parallèle, j'ai lu la première partie le week-end dernier et je comptais lire une partie par week-end.
Mais si tous les topics sont ouverts en même temps, ça ne me dérange pas du tout.   

Nat2a, Nathy's et Tatiana, on attend vos avis détaillés !  

Je viens de finir ma lecture et reviendrai détailler mes impressions, mais je me suis aperçue que j'ai commis une petite erreur dans le découpage de l'édition anglaise : le chapitre sur la photo n°5 prend fin à la page 80 et non 86 comme je l'ai indiqué. Désolée pour celles qui seraient allées plus loin. Je corrige le découpage en début de topic.

Oui j'avais remarqué, je n'ai plus pensé à le signaler^^
Je ne me rappelle même plus où je m'étais vraiment arrêté d'ailleurs   

J'ai fini la première partie et j'ai apprécié ma lecture   

Sans être hyper emballée, je trouve que c'est une lecture très prenante, rapide et j'ai vraiment eu du mal à m'arrêter.   

Les personnages masculins sont quasi inexistants, ils ne servent pour l'instant que de toile de fond à l'histoire. Dans le retour en arrière, les femmes ne sont pas vraiment attachantes voire assez désagréables, seuls les enfants semblent réels. Dans le présent, Gill et ses filles semblent n'être qu'un prétexte, ou un support à l'histoire de Rosamond, histoire qui commence tout juste à s'ébaucher à partir de ses souvenirs d'enfance.

Bon, je pars pour continuer   

Ah mince j'ai continué jusque la page 86 pour ma part, pas grave j'ai un peu d'avance comme ça!

J'ai bien aimé cette première partie mais ça devient vraiment interessant lorsqu'il faut s'arrêter  le personnage de Beatrix me plait bien et j'ai hâte d'en savoir plus sur elle....sinon ça reste assez plat c'est agréable à lire mais pas très marquant j'espère un changement ensuite

Je viens de terminer cette partie, c'est une relecture pour moi donc je prends mon temps et j'ai fait un petit arbre généalogique pour ne pas perdre de personnages en cours de route.
J'aime bien l'écriture de Jonathan Coe parce qu'il donne l'impression de se lire vite et qu'en même temps il aborde pas mal de thèmes différents. Ici en plus du secret de famille qui semble sous jacent, il est question de la guerre, de la mémoire, de la transmission entre générations, de l'importance des femmes dans cette transmission, des relations mère-fille, de l'homosexualité.
Grâce au procédé des photos, on a l'impression qu'un immense puzzle se met en place, que la montée en puissance est imminente et que les personnages forts qui se détachent pour l'instant nous réservent des émotions fortes.

Ben voilà, j'ai craqué j'ai tout lu (ce n'est pas très long). J'ai beaucoup aimé.

Reste à nous dire pourquoi Selenh!

Désolée Nathy's, je vais vérifier que je ne me suis pas trompée sur les découpages suivants.

Puisque plusieurs d'entre vous ont continué voire déjà fini   je vais ouvrir les autres sujets (en plus ça m'évitera d'avoir à le faire chaque dimanche   ).

Je suis sous le charme de cette lecture très agréable et fluide. J'aime aussi le principe du dévoilement de l'histoire au fur et à mesure de la description des photos, tout en nous laissant entraîner dans quelques digressions somme toute naturelles puisqu'il s'agit d'un récit oral. (j'aimerais d'ailleurs essayer de lire certains passages à haute voix pour voir ce que ça donne). La construction de l'enfance de Rosamond par ce biais est intéressante, même si j'avoue avoir parfois un peu de mal à visualiser exactement chaque photo telle qu'elle est décrite. Les souvenirs d'enfance sont parfois très précis mais aident à pénétrer au plus près de l'univers de la narratrice. Beatrix m'intrigue aussi beaucoup, tout comme le secret qui entoure manifestement sa petite-fille Imogen. J'aime aussi la description des sensations ressenties au cours du séjour forcé chez la tante Ivy (personnage a priori froid qui n'est pas sans un certain humour involontaire, par exemple lorsqu'elle devient hystérique après ce qui arrive à son chien chéri   ) et l'oncle Owen. Vivement la suite   .

Nat2a a écrit:

Reste à nous dire pourquoi Selenh!

Bien sûr, mais dans chaque sujet de partie, pour la 1^re c'est déjà fait.

Comme prévu, je passe lire les impressions de lecture sur ce roman et ... je me rends compte que j'ai totalement oublié la trame de ce roman lu il y a un an et demi à peine   

Du coup, j'ai dû rechercher un résumé sur Internet pour suivre vos commentaires (et encore, je n'arrive pas à tout me remettre en mémoire    si j'avais le temps, je le relirai   ).

Dans une critique sur ce roman, j'ai lu que The Guardian avait indiqué, au moment de sa publication, que si le nom de Jonathan Coe ne figurait pas sur la couverture, on n'aurait pas songé à attribuer ce roman à cet auteur   
(pas faux).

@ Miss Trotwood : je suis surprise par ta comparaison avec l'univers de Ruth Rendell/ Barbara Vine    je n'y avais pas pensé mais la comparaison est bien vue (d'ailleurs, je ne sais pas si tu as eu l'occasion de voir le topic que j'ai ouvert à cet auteur -oui, moment d'autopromo   - c'est ici   

@ Selenh, ravie de constater que tu as apprécié cette lecture   

Serendipity, je viens d'aller voir le topic sur Ruth Rendell, et il a grandement besoin d'être étoffé ! Mais je n'ai pas beaucoup de temps pour poster.

J'ai pensé à Ruth Rendell dès les premières pages de "La pluie avant qu'elle tombe" : la scène du début, où Gill et son mari sont dans leur jardin et apprennent la mort de Rosamond, m'a un peu fait penser au début de "A fatal inversion/L'été de Trappelune". Mes réminiscences rendelliennes se sont renforcées quand on découvre que Rosamond n'a pas un seul CD chez elle, uniquement des vinyles, des cassettes et même un magnétophone antédiluvien. J'ai trouvé que ce n'était pas très vraisemblable, car Rosamond n'a que 73 ans, semble mélomane, et nous sommes dans les années 2000. On trouve souvent ce genre d'invraisemblance, et ces personnages qui semblent vivre dans le passé, chez Rendell.

Ensuite j'ai pensé qu'on s'écartait vraiment de l'univers rendellien, mais j'ai lu la deuxième partie de "La pluie avant qu'elle tombe" hier, et je trouve qu'on revient en plein dedans   Il ne manque plus qu'un ingrédient pour que ce soit une histoire rendellienne... ce sera peut-être dans la deuxième moitié du livre   

J'ai lu vos commentaires que j'ai trouvé très intéressants car ils ont soulevé des questions auxquelles je n'ai pas pensé. C'est pour ça que j'aime les lectures de groupes.   Ainsi, je suis très impatiente de découvrir Ruth Rendell    Ma CB est fâchée, elle!
Concernant cette première partie:
On constate d’emblée que le décor est posé pour nous introduire progressivement dans l’histoire. J’ai été frappée par la description de la maison de Rosamond, lorsque Gill s y retrouve seule. Elle active toutes les sources de chaleurs possibles, partout dans la maison mais le froid semble installé définitivement. Comme si après la mort de Rosamond, la maison s’éteint aussi. Gill décide de partir chez son frère.
Analogie entre le temps, l’hiver et la mort. Est-ce voulu ?
Commence ensuite l’histoire de Rosamond, celle qui donne ensuite naissance à celle d’Imogen. Personne autour de laquelle vont s’articuler les événements, pour construire le roman, l’histoire d’une famille.
La construction du roman est très originale, comme vous l’avez constaté et signalé dans vos commentaires. Cette façon de plonger dans le passé à travers des images et du son. Les photos servant de trame, alimentée par une voix qui va leur donner vie, à travers des descriptions détaillées du contexte ayant donné lieu à ce moment, pourtant figé dans le temps. Les personnages prennent place petit à petit, s’animent, tissent la fresque d’une famille.
Dans ce récit, les personnages liés par les liens du sang, semblent pourtant étrangers les uns aux autres, du moins certains d’entre eux.
Dès la première photo, on sent la différence d’ambiance en fonction des personnages qui s’y trouvent. Dans cette photo, en dépit des événements (La guerre) nous ressentons moins de morosité, moins de tension,  presque une joie de vivre.
La deuxième photo réunit toute une famille, sensée passer un bon moment, (pique-nique, journée ensoleillée et lumineuse malgré le froid), cependant, un malaise règne. Ici commence l’histoire de Beatrix, Grand-mère d’Imogen. Notre curiosité est éveillée en douce grâce à ce personnage énigmatique. Sur la photo, une gamine souriante, semblant être heureuse, mais on  découvre que c’est une personne tourmentée et silencieuse. Une personne toute en gris, dont la touche de couleur, n’est que façade.
Arrive la narratrice, Rosamond et un lien se crée entre elles, très solide en dépit de leurs différences.
La relation de Beatrix avec sa mère, Ivy, est assez troublante. Elle suscite déjà des questions. On cherche d’emblée à connaitre l’origine de tout cela. L’événement ou incident qui a déclenché cette haine d’Ivy envers sa fille. Le terme "haine" est confirmé par la narratrice
L’incident du chien, est très déstabilisant. Comme s’il avait volé tout l’amour qu’Ivy aurait du avoir pour sa fille   .   Il est d’ailleurs étrange que Beatrix ne lui en veuille pas. Au contraire, elle cherche à se rapprocher de lui pour créer un lien avec sa mère.
La cinquième photo, termine cette partie avec une scène émouvante, mystérieuse, la disparition du chien qui semble creuser à jamais l’écart entre Beatrix et Ivy. On ressent une anxiété, car le personnage de Beatrix nous plonge dans une grande détresse. Le cri qu'elle a poussé, sa course effrénée, désespérée ensuite derrière le chien, ...Elle semble de plus en plus énigmatique, isolée, rejetée.
Cette première  partie, je l’ai lue en une seule fois. J’ai adhéré au style, simple mais efficace de J C, puisque, il réunit les ingrédients qui nous poussent à vouloir plus. A savoir des personnages ambigües, semblant porter en eux un mal être dense. Des secrets de famille, un flou autour des relations qui les lient. Les décors portant des événements extérieurs qui servent à rendre les situations plus complexes (Guerre, déportations,…). Bref, je suis conquise. L’histoire est distillée goute à goutte, nous plongeant progressivement dans l’ambiance
Ce qui m’intrigue aussi, c’est cette analogie entre le temps et les photos : L’hiver première photo, l’automne, un an presque entre les deux, puis l’hiver la cinquième photo. Toujours le froid, la seule différence est la lumière, d’une photo à l’autre. Allégeant ou densifiant l’ambiance. Je ne sais pas si ça va continuer ainsi, si c'est voulu par l'auteur? Les parties suivantes vont nous éclairer peut-être   

@ Miss Trotwood et Ysabelle, je serais ravie que vous fassiez remonter le topic rendellien car je m'y sens un peu seule   

Parallèle très intéressant Miss Trotwood   et Ysabelle, merci pour ce commentaire détaillé qui me remet en mémoire les temps forts de ce roman