Lecture de groupe n°19 : Partie 1 : Doris LESSING, Dans ma peau Autobiographie 1919-1949

Voici l'endroit où poster vos commentaires, ressentis et critiques sur la première partie de

Dans ma peau / Under my skin - autobiographie 1919-1949 de Doris Lessing

Première partie : chapitres 1 à 7

du 1er au 07 mai, ou après ...

J'ai d'abord regardé l'album photographique.

Classique, des origines au mariage, photos soigneusement libellées, l'exotisme temporel du début du XX^e siècle. Une enfant charnue, souriante, une mère plus évanescente, en retrait.
Ça me donne envie de lire.

Les dédicaces mettent en avant la nécessaire dépendance -de l'individu comme des groupes- des forces de coercition de leur époque, forces qui modèlent fondamentalement leur psychologie. L'esquisse d'un projet d'écriture auquel j'adhère bien sûr.

Le premier chapitre finit de me convaincre, je crois que je vais aimer lire ce lire. Le style est sans fioritures ni lourdeur, merci aussi à la traduction, sans doute. Un chapitre classique dans les modes d'écriture de soi.

De la généalogie (il faut s'accrocher un peu) qui annonce la couleur: une famille de petite bourgeoisie, de style victorien, plusieurs vies "bridées".

Puis l'épreuve de 14-18, pour le soldat, les autres, des générations inexorablement marquées. Une guerre qui est à la racine de l'enfant, aussi.

J'ai lu les 3 premiers chapitres et pour l'instant j'adhère bien, le style est fluide et agréable. Petit bémol pour le 1er chapitre car la généalogie est compliquée mais indispensable. Les interrogations sur la mémoire sont tres intéressantes.
Dans mon édition de poche pas d'album photo comme Selenh, je suis frustrée!

Chez moi non plus, pas de photos, mais je le savais ...
J'ai la même édition que toi, Nat2a.

J'ai lu déjà 6 chapitres, un peu trop vite, donc je vais soit relire, soit ralentir très sérieusement.

En préambule, j'ai été frappée par la citation de la chanson de Cole Porter qui donne son titre au livre : I've got you under my skin (je t'ai dans la peau), et je trouve que le titre français "dans ma peau" détourne complètement le sens original, je trouve.
Pourtant je ne saurais pas dire ce qu'elle a dans la peau : l'Afrique, la brousse, l'outremer ??? ou autre chose ?

Je reviendrai quand j'aurai terminer cette partie, et essayé de classer mes impressions.

Petit Faucon, moi j'ai relié non à des personnes mais à ces contraintes d'époques, ces systèmes de coercition qui sont intrinsèquement partie de la psychologie des contemporains. Du coup je ne trouve pas la direction prise par le titre français si mauvaise: elle a son époque dans la peau, c'est incontournable, et ça la détermine, y compris par inversion, parce qu'elle va se rebeller contre ces déterminations-là

Ah Selenh, je ne voyais pas les choses ainsi, mais ton interprétation est très séduisante, et en effet, ça semble tout à fait plausible   

Je sens que je vais adorer cette lecture de groupe ...

Tant mieux, moi aussi je la sens bien partie.

Mon hypothèse est fortement appuyée sur la confrontation avec l'autre citation, celle d'Idriss Shah.

Nat, bien d'accord en tout point avec toi sur la généalogie, et sur:

Citation :

Les interrogations sur la mémoire sont tres intéressantes.

Cette réflexion sur l'impossibilité d'être objectif sur soi-même, et sur la partialité de la mémoire, qui ne retient que certains souvenirs, qui grossit un évenement qui n'aura laissé que peu ou pas de traces chez un autre témoin, c'est une vision honnête de son propre travail et ça relativise son ambition d'écrire son autobiographie.
Elle explique bien dans le chapitre 2 qu'elle se décide à écrire ce livre parce qu'elle est horrifiée devant le nombre de biographies ("une mode anglo-saxonne") d'elles qui paraissent, dont une écrite par quelqu'un qu'elle n'a jamais rencontré.
J'aime ce côté : il n'y a que moi qui suis qualifiée pour écrire sur moi, et aussi cette honnêteté intellectuelle et cette soif d'intégrité.

Je comprends le chapitre sur ses origines maternelles et paternelles comme une tentative de comprendre ses relations avec ses parents ; quand on nait, on porte l'histoire de ses parents, de ses grands-parents, leurs blessures, leurs peurs, leurs fiertés.

Je viens aussi de lire le chapitre 2.  D'accord avec toi sur beaucoup de choses, mais pas tout.

Petit Faucon a écrit:

Elle explique bien dans le chapitre 2 qu'elle se décide à écrire ce livre parce qu'elle est horrifiée devant le nombre de biographies

Je n'ai pas compris ça, pour moi elle ne dit pas vraiment POURQUOI elle écrit cette autobiographie.

Citation :

J'aime ce côté : il n'y a que moi qui suis qualifiée pour écrire sur moi

là non plus je n'ai pas vu cette affirmation, ni cette impression de supériorité. Plutôt qu'elle reste abasourdie devant des gens qui prétendent procéder à sa biographie sans la connaître ni lui avoir même fait signe, ou pour certains en s'appuyant sur des documents improblables. À la limite elle établit que cette autobiographie mettra les pendules à l'heure, mais valorise surtout la position de ceux qui, ayant vraiment vécu au cœur des choses et saisi leur complexité choisissent de se taire, tout simplement.

J'espère qu'elle continuera ainsi à faire des chapitres "spécialisés", qui forment un tout à cogiter en soi: cela me conviendrait vraiment de poursuivre à un chapitre par jour.

Dans ce chapitre 2 elle oppose autobiographie et biographie: "pourquoi une autobiographie? Par autodéfense:on écrit actuellement des biographies. "Elle se sent plus légitime que des inconnus pour écrire sur elle-même.
Mais en même temps elle reste lucide sur les pièges de notre mémoire:" et nous fabriquons notre passé".

Nat2a a écrit:

Dans ce chapitre 2 elle oppose autobiographie et biographie: "pourquoi une autobiographie? Par autodéfense:on écrit actuellement des biographies. "Elle se sent plus légitime que des inconnus pour écrire sur elle-même.

Oui, je suis bien d'accord sur le fait qu'elle écrive cela, ainsi. Mais pour autant est-ce qu'on peut prendre cela pour un motif suffisant? D'autant qu'elle philosophe ensuite sur le fait que les gens vraiment concernés... se taisent. Posture qu'elle trouve la plus authentique, qui correspond à sa philosophie et qu'elle ne prend pas.

Voilà, j'ai terminé cette première partie,

Je me suis laissée emporter par le flux de l'histoire.
J'ai aimé cette petite fille qui voit tout à sa hauteur de petit enfant, cette insistance sur les goûts et les odeurs si forts de la petite enfance, sa maison de Kermanshah en Iran au pied des monts Zagros toujours enneigés ; j'ai été frappée par le jeu qu'elle décrit comme traumatisant, où je suppose qu'on la lançait en l'air pour la rattraper, et dont elle dit faire des cauchemars encore des années plus tard.
J'ai ri quand elle parle des monceaux de vêtements pour bébé, des douzaines de tout (!), qui nous parait si étrange, nous qui lavons à la machine à laver.
J'ai aimé la peinture des sentiments ambivalents des parents envers la mère patrie Angleterre, vue comme un pays étriqué et triste, comparé à la vie plus libre et plus intéressante socialement menée en Perse. Entre parenthèses,

Spoiler:

On voit aussi les attentes différentes de ses parents face à la vie : sa mère aspire à une vie sociale brillante avec soirées bridge, soirées dansantes conformiste (style les adaptations de Hercule Poirot), son père rêve d'être fermier, et on anticipe déjà la catastrophe que va devenir l'installation de la famille en Rhodésie du Sud pour acquérir une parcelle à cultiver.
J'ai adoré à partir de là les souvenirs de la brousse, de la maison qui se construit avec les matériaux locaux, les histoires que raconte Doris à son petit frère, les caméléons, le koodoo, les insectes ...
J'ai beaucoup aimé aussi, bien qu'avec un pincement au coeur, le personnage de Tigre qu'elle se crée pour mettre en scène de façon décalée ses angoisses, ses petites tragédies, lors de sa vie au couvent en particulier ; comment transformer une tragédie en comédie, et on se demande si ses parents jouent vraiment leur rôle de parents protecteurs vis à vis de leur fille.
Vraiment une très bonne lecture, pour moi, avec beaucoup d'émotions.

Un peu comme toi, sur les choses que j'aime (je ne suis qu'au chapitre 5). Mais ce que je lis de façon centrale c'est la mise à jour plus analytique de la souffrance et du manque de cette enfance, cette mise à distance permanente qui fait que je vois le récit sous l'angle de la critique (ou plutôt, encore, l'analyse très scrupuleuse) sociale, psychologique et pour tout dire politique de tout un monde dont elle l'enfant est à la fois et en même temps le centre et le produit.

Si bien que je suis plus passionnée et fascinée par la subtilité, l'intelligence et la force de cette analyse qu'émue par l'identification biographique.

Comment elle arrive, par exemple, à faire comprendre tout ce qu'est réellement, sous ses dehors de jovialité,  la bousculade qui précède le coucher des enfants, me laisse pantoise d'admiration.

Selenh a écrit:

(...) Mais ce que je lis de façon centrale c'est la mise à jour plus analytique de la souffrance et du manque de cette enfance, cette mise à distance permanente qui fait que je vois le récit sous l'angle de la critique (ou plutôt, encore, l'analyse très scrupuleuse) sociale, psychologique et pour tout dire politique de tout un monde dont elle l'enfant est à la fois et en même temps le centre et le produit. (...)

Ce que tu ressens, Selenh, est la substance de la quasi-totalité des livres de Lessing que j'ai lus, une petite voix en toile de fond, qui est très reconnaissable.

Fort bien... J'en suis donc au chapitre 6, où le style se rapproche du récit autobiographique classique (plus de nostalgie, d'émotion), ce qui est sans doute dû au relatif éloignement du thème des personnes et au rapprochement de celui des animaux et des paysages. J'aime beaucoup la description de sa chambre et de sa façon de l'habiter.

J'ai fini cette première partie   

J'avoue que j'ai eu du mal au début. La généalogie familiale m'a perdue et je ne voyais pas l'intérêt de nous balancer tous ces noms   

Puis Doris Lessing commence à nous raconter sa propre vie et là, je me suis laissé portée par le rythme de ses mots. Elle a une manière formidable de nous raconter ses petits rien de sa vie, sa conception d'une biographie, sa façon de nous obliger à mettre de coté notre conception "moderne" du monde pour adopter un point de vue de l'époque.

J'ai beaucoup apprécié le dépaysement que son récit procure, tout en restant très familier au travers des anecdotes qu'elle nous relate.

Donc je vous laisse pour la suite   

J'en suis à la description apocalyptique de sa rencontre avec le monde catholique au Couvent. Un morceau d'anthologie, macabre et drôle.  

Elle communique particulièrement bien, aussi, la hantise de la guerre qui habite les adultes autour d'elle. Dans notre esprit, historiquement, cett guerre de 14-18 se fait lointaine (particulièrement cette année, bien sûr!). Dans son texte, qu'est-ce qu'on ressent bien la "présence" de cette force mauvaise, qui n'en a pas fini,  à l'œuvre dans l'esprit et la chair de tous ces gens qui sont, avant-toute autre identité, des survivants -comme le père- ou des rescapés -comme tous les autres adultes civils-, de cette inimaginable horreur.

Je passe seulement dire que même si je ne participe pas à cette lecture, je vous lis avec intérêt   
Merci   

J'ai fini ces 7 chapitres, et je suis définitivement conquise. C'est à la fois concret et intelligent, charnu et conceptuel, pas narcissique ni complaisant, engagé mais nuancé. Un auteur qui fait à la fois réfléchir et ressentir. L'envie me vient de lire ses nouvelles qui se déroulent en Afrique du Sud.

J'ai fini moi aussi les 7 premiers chapitres.
Je retrouve dans cette lecture le ton de Doris Lessing que j'aime beaucoup, c'est sérieux, subtil, sensuel, intelligent.
Je suis très contente que cette lecture plaise à Selenh, à Ludi et à Nat   

Je vous rejoins avec un peu de retard   .

J’ai lu les trois premiers chapitres. La démarche suivie est intéressante. Elle commence par nous présenter sa généalogie (jusque là, rien que de très classique, mais j'ai apprécié de connaître les origines sociales de sa famille), puis dans le deuxième chapitre s’interroge sur les motifs d’une autobiographie. Ce qui permet de justifier sa démarche avec intelligence.

Je suis aussi frappée par la subtilité du récit. Ce n’est pas un simple retour en arrière sur ses premières années, mais une fine réflexion sur ses premiers souvenirs et ses rapports – plutôt complexes apparemment – avec ses parents. Elle ne se contente pas d’exposer ses tous premiers souvenirs. Elle s’interroge sur leur vraisemblance, sur la version donnée plus tard de tel ou tel détail par ses parents, et sur les traces que ses souvenirs ont laissées en elle. Mais elle s’interroge aussi sur la toute première éducation reçue – et son adéquation ou non.

Elle a dû être très tôt une enfant observatrice, concentrée sur le monde qui l’entourait. Sa personnalité semble d'être forgée très tôt dès sa petite enfance.  Je pense en particulier à une phrase où il est question sa mère, et de la meilleure relation qu'elle aurait eu avec sa fille si celle-ci avait eu un caractère différent, moins combatif, plus soumis.

Je suis intriguée par sa relation avec sa mère, nulle doute développée ultérieurement. Elle semble l’avoir blessée par certaines des réflexions de cette femme dotée d’une forte personnalité, et n’a pas su lui donner toute l’affection demandée par l’enfant de 2 ou 3 ans qu’elle était. Même s’il n’entre pas de rancune dans ses propos, j’ai le sentiment que cette blessure est toujours à vif. L'entente était meilleure avec son père, même si elle y met quelques bémols (le rituel des "jeux" du soir qu'elle a si mal vécu).

La finesse de la réflexion et la volonté de décortiquer la mémoire me rappellent l’autobiographie de Simone de Beauvoir, d’ailleurs citée dans le deuxième chapitre.

En vo c’est une lecture agréable bien qu’un peu ardue de temps à autre, à cause de la complexité de certaines phrases.

Enfin, je suis aussi frappée par la précision de certains de ses souvenirs. Elle dit, tout en relativisant, que son premier souvenir remonte à ses 2 ans et demi. C'est extrêmement tôt, j'ai beau me creuser la cervelle, mes propres premiers souvenirs sont plus tardifs.

J'ai pris un peu de retard et il me reste le chapitre 7 à lire. Après les 3 premiers un peu plus ardus peut être, mais passionnants sur le rapport avec la vérité de notre mémoire, les souvenirs s' enchaînent. J'ai trouvé beaucoup d'émotion dans le chapitre 6 qui décrit ,entre autres,le temps du couvent avec cette idée de la tristesse qui l'accable encore lorsqu'elle y pense.
La relation avec sa mère est finement montrée mais semble compliquée. Elle a de l'admiration pour cette personnalité énergique qui lui a apporté une ouverture d'esprit dans bien des domaines mais on sent bien aussi une part d'incompréhension entre elles (l'épisode de la sieste m'a beaucoup frappé).
Pour finir je trouve l'écriture très agréable même en français, très fluide.
Je me remets au chapitre 7!

Cette lecture de Dans ma peau est en fait pour moi une relecture, j'avais déjà lu ce livre il y a quelques années. Je l'avais d'ailleurs davantage dévoré que lu, tant il m'avait passionné  

Selenh et Petit Faucon, j'ai lu avec intérêt vos commentaires, et cette fois-ci j'ai davantage prêté attention aux citations du début du livre, leur importance m'avait échappé. Et pendant la partie où Doris Lessing expose sa généalogie, j'ai dessiné l'arbre généalogique sur une feuille, calculé les années de naissance de ces parents, etc. Tout m'est apparu plus clairement que lors de ma première lecture, où j'avais un peu survolé ce passage. J'avais oublié à quel point ses parents ont eu des relations douloureuses avec leur famille.

Mon impression générale est la même que lors de ma première lecture : c'est passionnant, émouvant, on apprend beaucoup de choses, et c'est très sensuel, j'aime beaucoup quand Doris Lessing parle des odeurs en particulier.

Une chose m'a frappée, c'est que l'auteur parle de la vie de son père avant et après la guerre, mais pratiquement pas de ce qui lui est arrivé pendant la guerre. Je pensais avoir lu, puis oublié après ma première lecture, où et quand il avait été blessé à la jambe, mais lors de cette relecture, je me suis rendu compte que Doris Lessing ne donne pas ces informations. Nous n'avons pas davantage la date à laquelle il s'est engagé, les endroits où il a combattu, etc., ce qui renforce l'impression que la guerre est comme une espèce de trou noir d'une horreur indicible. Le peu de choses qu'elle nous dit sur le vécu de son père pendant cette période (il est le seul survivant de son régiment, l'horrible pressentiment qu'il a eu peu de temps avant d'être blessé...), et son silence sur le reste, m'a semblé bien plus bouleversant qu'une narration détaillée.

Tiens, c'est vrai, tout à fait...

Et concernant la citation liminaire sur les circonstances qui conditionnent la vie et la personnalité, apparaît clairement à l'adolescente (je ne sais plus quel moment de cette première partie) le projet de vie explicite, présent implicitement depuis l'enfance, d'échapper à cela par opposition à ses parents et rejet de leur poids douloureux dans son identité à elle.

Miss Trotwood a écrit:

Une chose m'a frappée, c'est que l'auteur parle de la vie de son père avant et après la guerre, mais pratiquement pas de ce qui lui est arrivé pendant la guerre. (...) Le peu de choses qu'elle nous dit sur le vécu de son père pendant cette période (il est le seul survivant de son régiment, l'horrible pressentiment qu'il a eu peu de temps avant d'être blessé...), et son silence sur le reste, m'a semblé bien plus bouleversant qu'une narration détaillée.

Tout à fait d'accord. En l'occurrence, son silence est très éloquent sur le traumatisme qu'il a ressenti.

Pour ma part j'ai été frappée par un autre élément lié à son vécu de la guerre. Arrivé à la fin de ce cauchemar, elle dit qu'il en a voulu profondément à son pays, s'est senti trahi par toutes les belles promesses des dirigeants. Cette réaction farouche, qui l'a manifestement conduit à quitter l'Angleterre pour un pays éloigné (le Moyen-Orient, puis, dans des conditions plus difficiles, l'Afrique) est très forte. Il tourne le dos à son pays (mais non à ses colonies, qui vont lui permettre de vivre) après un conflit dévastateur. C'est comme s'il avait voulu tirer un trait sur sa vie en Angleterre, avant et pendant la guerre.