Jose Maria ARGUEDAS (1911-1969) - écrivain péruvien

Spoiler:

José Maria ARGUEDAS est un écrivain et ethnologue péruvien né en 1911 à Andahuayllas près de Cuzco, d'un père avocat itinérant et d'un mère d'origine indienne quechua.
Il est ballotté dans son enfance, fait des études de lettres, puis d'ethnologie à plus de 40 ans.

Il a écrit 6 romans dont 5 sont traduits en français :
= Yawar fiesta / La fête du sang (1941)
= Diamantes y pedernales / Diamants et silex (1954)
= Los rios profundos / Les fleuves profonds (1956)
= El sexto (1961)
= Todas las sangres / Tous sangs mêlés (1964)
= El zorro de arriba y el zorro de abajo (1971)  - non traduit en français
Il a publié également plusieurs recueils de poèmes, et des études sur la culture précolombienne.

Je cite wiki :

Citation :

Toute l’œuvre de José María Arguedas est marquée par la dualité linguistique et culturelle entre l’espagnol et le quechua. Toujours fidèle à la tradition quechua de son enfance, il a vécu l’expérience du Pérou divisé entre monde andin indien et dominé et monde côtier hispanophone et dominant. N’étant jamais tout à fait parvenu à surmonter ce déchirement culturel, malgré sa réussite professionnelle et souffrant de dépression nerveuse, il se suicide en 1969. Sa fin tragique en a fait le symbole à la fois de tous les clivages de la société péruvienne et de la nécessaire réconciliation qu’il a prônée dans son œuvre, mais si difficilement vécue dans sa chair.

Pour ma part j'ai entendu parler de lui comme d'un grand écrivain il y a une dizaine d'années en visitant le Pérou, et j'ai cherché (avec difficulté) des livres de lui en français.

Je viens de lire Les fleuves profonds, un livre qui m'a beaucoup émue.

C'est l'histoire d'un garçon de 14 ans, Ernesto, qui est laissé par son père dans un pensionnat catholique de Abancay, et qui se retrouve seul dans une ville inconnue, entourée de camarades aussi malheureux que lui.
L'écriture de Arguedas est très poétique, et ses personnages évoluent dans une nature animiste.
Il y a au début du livre une évocation des pierres énormes aux lignes sinueuses , socles des temples quechua de Cuzco que les conquistadores n'ont pas réussi à détruire, et sur lesquels ils ont bâti les cathédrales de la ville, ces pierres parlent au jeune homme, et elles lui semblent vivantes, avec leurs jointures sinueuses.
Le fleuve Pachachaca est un être vivant, le garçon lui parle et il emporte ses paroles vers son père, qui vit à des dizaines de kilomètres de là ; il emporte aussi les gardes armés qui veulent mater la révolte des péons.
Le petit oiseau pique-fleur qui niche sous le toit du pensionnat réchauffe le coeur d'Ernesto.
Il se dégage de ce livre beaucoup de joie de vivre dans la nature, l'amour de la musique, et aussi la tristesse de voir les pauvres gens asservis par les propriétaires d'haciendas.

A titre personnel j'ai aimé aussi retrouver la sonorité des mots en quechua, comme zumbayllu, que j'avais adoré lors de ma visite.  

Merci Petit Faucon, malgré ma réponse tardive, j'ai lu avec intérêt ta présentation de cet auteur que je ne connaissais pas. Dès que j'aurai un créneau j'essaierai de trouver ses romans. Jusqu'à présent mes rencontres avec des écrivains péruviens (pour l'essentiel Mario Vargas Llosa et Alfredo Bryce Echenique) ont été très agréables. C'est d'autant plus tentant.

Merci pour tes encouragements, MissAcacia ! je me sens moins seule ...

Arguedas n'est pas un écrivain prolixe, mais je vais essayer d'en lire un deuxième.
Je sais que esperluette a cité Diamants et silex qu'elle a lu, j'aimerais bien avoir son ressenti sur ce livre

Merci pour l'ouverture du topic et ce résumé des Fleuves profonds qui donne envie de se pencher dessus.

Petit Faucon a écrit:

Je sais que esperluette a cité Diamants et silex qu'elle a lu, j'aimerais bien avoir son ressenti sur ce livre

En fait je ne l'avais pas encore lu, il était sur ma PAL mais du coup, en découvrant ce topic hier, je l'ai attaqué. Il est très court donc je vais repasser par ici très bientôt pour vous faire part de mes impressions (positives pour l'instant).

Merci Esperluette ! je suis très contente que ce topic ait joué le rôle de "détonateur"

Je viens de réaliser que je n'étais pas repassée sur ce topic après ma lecture de Diamants et silex.

Je n'ai pas entièrement adhéré à ce texte, mais je pense que je n'étais pas dans le bon état d'esprit pour cette lecture.

Comme l'histoire est déjà un peu floue dans ma tête, voici la présentation de l'éditeur :

Citation :

Diamants et silex raconte, sur un fond d’orchestre rural, la confrontation sociale des seigneurs avec leurs serfs indiens dans un village de la cordillère andine. Dans cet univers féodal sans pitié, une autre bataille se livre entre les puissances de la vie et celles, délétères, de la mort.

Le Pérou des Andes, où la musique joue un rôle clé, y surgit dans sa troublante et confuse intensité. Le lecteur y découvre son cortège de croyances et de rites confronté à la logique rationnelle occidentale, importée dans le sang plus de cinq siècles auparavant. José María Arguedas, l’un des plus grands écrivains latino-américains, met ici en scène la passion et la sexualité des hommes dans leur versant le plus sombre, là où la raison est entravée, inutile, perdue face à l’incontrôlable dynamique de l’amour et de la mort.

Merci esperluette  

Si je lis entre les lignes, tu n'es pas entrée dans l'histoire, c'est ça ?

(Désolée pour le temps de réaction, j'ai mille ans de retard sur le forum ces temps-ci ).

Oui j'ai eu un peu de mal à entrer dans l'histoire, c'est un récit assez poétique et qui m'a parfois semblé obscur.

  pas de souci Esperluette !

Arguedas a une écriture un peu exaltée, et très poétique effectivement.

C'est justement ce qui m'a plu chez lui, ça m'a rappelé cette sorte de connexion que j'avais ressentie quand j'étais allée au Pérou.