Une auberge pour les admirateurs de Jane Austen, et bien plus encore... |
| | Eugène SUE - Les mystères de Paris | |
| | Auteur | Message |
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Petit Faucon Confiance en soie
Nombre de messages : 11782 Age : 59 Date d'inscription : 26/12/2011
| Sujet: Eugène SUE - Les mystères de Paris Ven 21 Nov 2014, 15:29 | |
| J'ouvre un topic à Eugène SUE (1804-1857) et à son ouvrage le plus connu : Les mystères de ParisQuelques éléments biographiques, tirés de wiki et de cet article de Esprits nomades : Marie-Joseph Sue dit Eugène Sue a été chirurgien dans la marine jusqu'à ses 26 ans, et voyage aux Antilles, en Asie, en Grèce Sa marraine dont il porte une partie du prénom est Joséphine de Beauharnais. Il vient d'une famille de chirurgiens et de professeurs d'anatomie. A 26 ans il mène à Paris une vie de dandy, on l'appelle le "beau Sue" : - Citation :
- « Des yeux admirables, dit son ami Legouvé ; une forêt de cheveux noirs comme le jais, des sourcils pleins de caractère, des dents charmantes dans une bouche très fine. » Eugène le savait. « Dommage, j’ai le nez canaille… » ajoutait-il.
A 34 ans, il a dilapidé entièrement sa fortune et se met à écrire. Il écrit et publie de nombreux romans, dont Les mystères de Paris en 1842-43, qui parait en feuilleton quotidien sur 15 mois, dans le Journal des Débats. En 1851 à l'avènement de Napoléon III (le petit-fils de sa marraine Joséphine), il doit s'exiler à Annecy, qui fait partie alors du royaume de Sardaigne, et il y meurt en 1857. - Citation :
- Et c’est vraiment le génie de cet homme, égoïste, orgueilleux, écrivain vulgaire et médiocre politicien, que d’avoir su mener jusqu’au bout, avec une déroutante virtuosité, cette triple existence.
D’un côté, il s’encanaille, apprend l’argot, se fait passer pour peintre en décors et fréquente les bas quartiers de Montparnasse. De l’autre, il fait de la politique : du socialisme, il évolue peu à peu vers le fouriérisme absolu et Le Juif errant, qui paraît en 1847, est un tableau idyllique de la société communautaire. Le succès égale celui des Mystères. Les mystères de Paris (1843)Ce roman fleuve de 1350 pages a marqué profondément son époque. - Citation :
- Le feuilleton est un genre nouveau, inventé par Eugène Sue lui-même, semble-t-il, pour la parution, en 1838, dans Le Siècle, de son Journal d’un inconnu. La publication des Mystères durera jusqu’en octobre de l’année suivante. Ce n’est plus du succès, c’est du délire. De Louis-Philippe aux ouvriers, tout le monde lit les Mystères. L’ouvrage devait avoir la valeur de deux volumes : publié en librairie, il en occupera dix. Le Journal des débats décuple son tirage. Une pluie d’or tombe sur l’auteur, qui depuis 1838 ne vivait plus que de sa plume.
Balzac s’indigne d’une telle richesse, « moi qui en aurait tant besoin… » soupire-t-il. - Citation :
- Théophile Gautier en dira : « Tout le monde a dévoré les Mystères de Paris même les gens qui ne savent pas lire : ceux-là se les font réciter par quelque portier érudit et de bonne volonté ».
- Citation :
- Alexandre Dumas raconte que, jusqu’à sa mort, Sue recevra des lettres anonymes accompagnées d’argent qu’on lui demandait de confier à quelque bonne œuvre. Il reçoit aussi de temps en temps des requêtes qu’on le charge de transmettre à Rodolphe, le héros du roman, car beaucoup sont convaincus que ce prénom cache en fait une personnalité existante, quelque grand prince…
Le mot de "pipelette" qui veut dire concierge ou bavarde vient du couple de concierges M. et Mme Pipelet. Je suis en pleine lecture du livre, si vous souhaitez faire un résumé ou donner votre avis ... |
| | | Ju Gone With The Books
Nombre de messages : 12467 Age : 33 Localisation : In the Tardis, with Ten Date d'inscription : 15/05/2010
| Sujet: Re: Eugène SUE - Les mystères de Paris Ven 21 Nov 2014, 16:26 | |
| Merci pour l'ouverture de ce topic Petit Faucon, mon père m'en avait parlé un jour (il ne les a pas lu mais ça le tentait), donc je serai intéressée pour avoir ton avis à la fin de ta lecture |
| | | Petit Faucon Confiance en soie
Nombre de messages : 11782 Age : 59 Date d'inscription : 26/12/2011
| Sujet: Re: Eugène SUE - Les mystères de Paris Ven 21 Nov 2014, 16:40 | |
| Merci Ju. En fait on peut le lire à 2 niveaux : au premier degré, c'est pathétique ; c'est plein de jeunes filles exposées aux vices de la misère et aux noirs desseins des méchants ; de ce point de vue, c'est assez daté, mais aussi parfois surprenant. au deuxième degré, il y a toute une peinture de Paris, de la société des années 1830, encore très rurale, et très loin des luttes sociales, proche des Misérables ; en revanche, le style de Sue n'a pas le souffle épique de Victor Hugo, à mon sens, on est au niveau de l'émotionnel pur. Mais l'esprit est le même : "venez, vous qui vivez dans un confort relatif, je vais vous montrer où et comment vivent les petits artisans, les ouvriers à façon, les prostituées, les voleurs, les prêteurs sur gages ; je vais vous emmener dans des endroits tellement sales que vous n'en avez pas idée, etc ..." |
| | | Cassandre Sweet Indian Princess
Nombre de messages : 58212 Age : 62 Localisation : entre deux livres Date d'inscription : 22/08/2009
| Sujet: Re: Eugène SUE - Les mystères de Paris Ven 21 Nov 2014, 18:18 | |
| Merci pour l'ouverture de ce topic Petit Faucon, sur cet auteur que j'ai beaucoup aimé, il y a fort longtemps |
| | | serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12323 Date d'inscription : 31/05/2007
| Sujet: Re: Eugène SUE - Les mystères de Paris Ven 21 Nov 2014, 19:52 | |
| Merci pour cette ouverture de topic Petit Faucon. Comme beaucoup de monde, j'ai entendu parler de cette oeuvre sans jamais la lire HS : J'ignorais totalement que Napoleon III était le petit-fils de Joséphine |
| | | Tatiana A view from the past
Nombre de messages : 14170 Age : 39 Localisation : Quelque part dans l'Angleterre du XIXe... Date d'inscription : 26/02/2010
| Sujet: Re: Eugène SUE - Les mystères de Paris Ven 21 Nov 2014, 21:29 | |
| Je plussoie serendipity, c'est un roman-fleuve dont j'ai entendu parler sans jamais encore m'y être plongée. La phrase de Théophile Gautier est éloquente sur le succès incroyable qu'il a connu à sa publication, y compris chez les illettrés. Merci pour les informations biographiques sur l'auteur. Il a eu l'occasion de voyager étant jeune, ce qui n'était pas donné à tout le monde à cette époque. Il est intéressant qu'il était le filleul de l'impératrice Joséphine : sa famille devait avoir des relations haut placées. Sur le côté daté des propos, c'est le cas dans pas mal de romans du XIXe siècle, y compris chez Dumas Dickens, ou, plus tard, Michel Zévaco. Il importe de les remettre dans leur contexte, faute de quoi tout cela peut paraître quelque peu ridicule... dans ce type de romans, c'est surtout la peinture de la société qui m'intéresse. Et il paraît qu'il y a aussi une dose de suspense et de tension ce qui n'est pas pour me déplaire . J'ignorais l'origine du mot "pipelette", ce roman a donc laissé des traces dans le langage de tous les jours (HS suite : oui, la fille de Joséphine ayant épousé un frère de Napoléon, leurs enfants étaient à la fois les petits-enfants de la première et les neveux et nièces du second ). _________________ |
| | | MissAcacia DerbyCheshire Cat
Nombre de messages : 7646 Age : 51 Localisation : Perched on a hot sound tree Date d'inscription : 26/10/2007
| Sujet: Re: Eugène SUE - Les mystères de Paris Lun 24 Nov 2014, 17:46 | |
| J'ai lu ce roman fleuve l'été dernier pendant les vacances. J'en profite pour donner une autre citation attribuée à Théophile Gautier: - Citation :
- “Des malades ont attendu pour mourir la fin des Mystères de Paris.” (Théophile Gautier).
Et pour vous donner le lien vers un excellent article de télérama sur cet ouvrage: Je me retrouve dans l'avis partiel de PetitFaucon: la trame de l'histoire est datée, pleine d'héroïnes (enfin au moins d'une héroïne) palissante, défaillante, à la vertu attaquée*... mais d'autres personnages féminins s'en sortent nettement mieux, comme Rigolette, qui est un vibrant hommage à la débrouillardise et au bon sens pratique de la grisette parisienne (excellent scène de rhabillage de rodolphe sur les marchés de fripes des quartiers populaires et excellent cours d'économie domestique avec trois fifrelins gagnés à coudre des chemises). Et effectivement, le grand intérêt du roman est son approche détaillée du petit peuple parisien, sa misère mais aussi sa gouaille. Et au final, c'est assez vrai qu'on ne peut pas le lâcher (si on ne fait pas d'allergie fulgurante aux personnages un peu datés), tant on veut connaître le fin mot des aventures de Rodolphe et de Fleur-de-Marie. * l'héroïne m'a rappelé, toutes proportions gardées, Evelina, l'héroïne de Fanny Burney dans le roman éponyme. Référence de Jane Austen, elle campait toutefois une héroïne victime des évènement défaillante et palissante, bien loin de la dynamique Elizabeth Bennet. Evelina s'en sortait tout de même mieux que Fleur de Marie (mais vous ne saurez pas pourquoi si vous ne lisez pas les romans... hin hin hin.) Et pour ceux ou celles qui ne sauraient toujours pas lire et qui ont été abandonné(s) par leur portier érudit, voici le lien vers un audio-livre collectif et gratuit: . Et en prime il y a des notes pour comprendre les mots d'argot pour ceux qui n'auraient pas encore de dictionnaire haddock. Vous n'avez décidément plus d'excuses |
| | | Tatiana A view from the past
Nombre de messages : 14170 Age : 39 Localisation : Quelque part dans l'Angleterre du XIXe... Date d'inscription : 26/02/2010
| Sujet: Re: Eugène SUE - Les mystères de Paris Lun 24 Nov 2014, 18:30 | |
| Quelle superbe citation, encore plus forte que la précédente . Merci pour le lien vers l'article de Télérama, il semble passionnant. Je vais le garder sous le coude pour le jour où j'aurai lu cette oeuvre fleuve, non que je redoute les spoilers mais comme en général j'ai envie de creuser mes lectures une fois finies, ce sera l'occasion de m'y plonger. Je viens de penser que ce roman est situé dans le Paris d'avant les gigantesques travaux haussmanniens qui ont complètement changé Paris, d'où son intérêt sur le plan de la capitale des bas-fonds. _________________ |
| | | Petit Faucon Confiance en soie
Nombre de messages : 11782 Age : 59 Date d'inscription : 26/12/2011
| Sujet: Re: Eugène SUE - Les mystères de Paris Mar 25 Nov 2014, 09:57 | |
| Merci MissAcacia pour l'article de Télérama, qui est très bien fait J'ai révisé favorablement mon jugement sur ce bon Eugène Sue après avoir avancé dans ma lecture, et lu en particulier certaines pages qu'il a écrites, avec lyrisme et aussi courage , sur les abus des maîtres sur les servantes, et sur la justice humaine qui fait 2 poids 2 mesures. Si vous êtes motivés, lisez ce morceau un peu long, mais qui vous donnera une idée du style et du ton de notre ami - Spoiler:
(4e partie - chapitre XI La folie - Louise Morel est arrêtée pour infanticide après avoir été violée par son maître et avoir accouché d'un enfant mort-né ; Rodolphe fait un alors long monologue)
«Rien de plus fréquent, se disait-il, que cette corruption plus ou moins violemment imposée par le maître à la servante : ici, par la terreur ou par la surprise ; là, par l’impérieuse nature des relations que crée la servitude. «Cette dépravation par ordre, descendant du riche au pauvre, et méprisant, pour s’assouvir, l’inviolabilité tutélaire du foyer domestique, cette dépravation, toujours déplorable quand elle est acceptée volontairement, devient hideuse, horrible, lorsqu’elle est forcée. «C’est un asservissement impur et brutal, un ignoble et barbare esclavage de la créature, qui, dans son effroi, répond aux désirs du maître par des larmes, à ses baisers par le frisson du dégoût et de la peur. «Et puis, pensait encore Rodolphe, pour la femme quelles conséquences ! presque toujours l’avilissement, la misère, la prostitution, le vol, quelquefois l’infanticide ! «Et c’est encore à ce sujet que les lois sont étranges ! «Tout complice d’un crime porte la peine de ce crime. «Tout receleur est assimilé au voleur. «Cela est juste. «Mais qu’un homme, par désœuvrement, séduise une jeune fille innocente et pure, la rende mère, l’abandonne, ne lui laisse que honte, infortune, désespoir, et la pousse ainsi à l’infanticide, crime qu’elle doit payer de sa tête... «Cet homme sera-t-il regardé comme son complice ? «Allons donc ! «Qu’est-ce que cela ! Rien, moins que rien... une amourette, un caprice d’un jour pour un minois chiffonné... Le tour est fait... À une autre ! «Bien plus, pour peu que cet homme soit d’un caractère original et narquois (au demeurant le meilleur fils du monde), il peut aller voir sa victime à la barre des assises. «S’il est d’aventure cité comme témoin, il peut s’amuser à dire à ces gens très curieux de faire guillotiner la jeune fille le plus tôt possible, pour la plus grande gloire de la morale publique : «–J’ai quelque chose d’important à révéler à la justice. «–Parlez. «–Messieurs les jurés. «“Cette malheureuse était vertueuse et pure, c’est vrai... «“Je l’ai séduite, c’est encore vrai... «“Je lui ai fait un enfant, c’est toujours vrai... «“Après quoi, comme elle était blonde, je l’ai complètement abandonnée pour une autre qui était brune, c’est de plus en plus vrai. «“Mais en cela j’ai usé d’un droit imprescriptible, d’un droit sacré que la société me reconnaît et m’accorde... «– Le fait est que ce garçon est complètement dans son droit, se diront tout bas les jurés les uns aux autres. Il n’y a pas de loi qui défende de faire un enfant à une jeune fille blonde et de l’abandonner ensuite pour une jeune fille brune. C’est tout bonnement un gaillard... «–Maintenant, messieurs, les jurés, cette malheureuse prétend avoir tué son enfant... je dirai même notre enfant... «“Parce que je l’ai abandonnée... «“Parce que, se trouvant seule et dans la plus profonde misère, elle s’est épouvantée, elle a perdu la tête. Et pourquoi ? Parce qu’ayant, disait-elle, à soigner, à nourrir son enfant, il lui devenait impossible d’aller de longtemps travailler dans son atelier, et de gagner ainsi sa vie et celle du résultat de notre amour. «“Mais je trouve ces raisons-là pitoyables, permettez-moi de vous le dire, messieurs les jurés. «“Est-ce que mademoiselle ne pouvait pas aller accoucher à la Bourbe... s’il y avait de la place ?
«“Est-ce que mademoiselle ne pouvait pas, au moment critique, se rendre à temps chez le commissaire de son quartier, lui faire sa déclaration de... honte, afin d’être autorisée à déposer son enfant aux Enfants-Trouvés ?
«“Est-ce qu’enfin mademoiselle, pendant que je faisais la poule à l’estaminet, en attendant mon autre maîtresse, ne pouvait pas trouver moyen de se tirer d’affaire par un procédé moins sauvage ? «“Car je l’avouerai, messieurs les jurés, je trouve trop commode et trop cavalière cette façon de se débarrasser du fruit de plusieurs moments d’erreur et de plaisir, et d’échapper ainsi aux soucis de l’avenir. «“Que diable ! ce n’est pas tout, pour une jeune fille, que de perdre l’honneur, de braver le mépris, l’infamie, et de porter un enfant illégitime neuf mois dans son sein... il lui faut encore l’élever, cet enfant ! Le soigner, le nourrir, lui donner un état, en faire enfin un honnête homme comme son père, ou une honnête fille qui ne se débauche pas comme sa mère... Car enfin la maternité a des devoirs sacrés, que diable ! Et les misérables qui les foulent aux pieds, ces devoirs sacrés, sont des mères dénaturées, qui méritent un châtiment exemplaire et terrible... «“En foi de quoi, messieurs les jurés, livrez-moi lestement cette scélérate au bourreau, et vous ferez acte de citoyens vertueux, indépendants, fermes et éclairés... Dixi !” «–Ce monsieur envisage la question sous un point de vue très moral, dira d’un air paterne quelque bonnetier enrichi ou quelque vieil usurier déguisé en chef du jury ; il a fait, pardieu ! ce que nous aurions tous fait à sa place, car elle est fort gentille, cette petite blondinette, quoiqu’un peu pâlotte... Ce gaillard-là, comme dit Joconde, “a courtisé la brune et la blonde” ; il n’y a pas de loi qui le défende. Quant à cette malheureuse, après tout, c’est sa faute ! Pourquoi ne s’est-elle pas défendue ? Elle n’aurait pas eu à commettre un crime... un... crime monstrueux qui fait... qui fait... rougir la société... jusque dans ses fondements.» «Et ce bonnetier enrichi ou cet usurier aura raison, parfaitement raison. «En vertu de quoi ce monsieur peut-il être incriminé ? De quelle complicité directe ou indirecte, morale ou matérielle, peut-on l’accuser ? «Cet heureux coquin a séduit une jolie fille, ensuite il l’a plantée là, il l’avoue ; où est la loi qui défend ceci et cela ? «La société, en cas pareil, ne dit-elle pas comme ce père de je ne sais plus quel conte grivois : «--Prenez garde à vos poules, mon coq est lâché... je m’en lave les mains ! » «Mais qu’un pauvre misérable, autant par besoin que par stupidité, contrainte, ou ignorance des lois qu’il ne sait pas lire, achète sciemment une guenille provenant d’un vol... il ira vingt ans aux galères comme receleur, si le voleur va vingt ans aux galères. «Ceci est un raisonnement logique, puissant. «Sans receleurs, il n’y aurait pas de voleurs. «Sans voleurs pas de receleurs. «Non... pas plus de pitié... moins de pitié, même... pour celui qui excite au mal que pour celui qui fait le mal ! «Que la plus légère complicité soit donc punie d’un châtiment terrible !... «Bien... il y a là une pensée sévère et féconde, haute et morale. «On va s’incliner devant la société qui a dicté cette loi... mais on se souvient que cette société, si inexorable envers les moindres complicités de crimes contre les choses, est ainsi faite qu’un homme simple et naïf qui essaierait de prouver qu’il y a au moins solidarité morale, complicité matérielle entre le séducteur inconstant et la fille séduite et abandonnée passerait pour un visionnaire. «Et si cet homme simple se hasardait d’avancer que, sans père... il n’y aurait peut-être pas d’enfant, la société crierait à l’atrocité, à la folie. «Et elle aurait raison, toujours raison... car, après tout, ce monsieur, qui pourrait dire de si belles choses au jury, pour peu qu’il fût amateur d’émotions tragiques, pourrait aussi aller tranquillement voir couper le cou de sa maîtresse, exécutée pour crime d’infanticide, crime dont il est le complice, disons mieux... l’auteur, par son horrible abandon. «Cette charmante protection, accordée à la partie masculine de la société pour certaines friponnes espiègleries relevant du petit dieu d’amour, ne montre-t-elle pas que le Français sacrifie encore aux Grâces, et qu’il est toujours le peuple le plus galant de l’univers ? »
Edit : pour compléter l'offre de MissA sur l'écoute audio, il existe également ce lien du livre audio en version intégrale , plus de 62 heures, quand même !!! |
| | | MissAcacia DerbyCheshire Cat
Nombre de messages : 7646 Age : 51 Localisation : Perched on a hot sound tree Date d'inscription : 26/10/2007
| Sujet: Re: Eugène SUE - Les mystères de Paris Mar 25 Nov 2014, 21:48 | |
| Les illettrés n'ont vraiment plus aucune excuses... Merci de souligner cet aspect social de l'oeuvre Petit Faucon, ça me rappelle qu'il y a aussi un passage très fort sur les prisons, l'adéquation plus ou moins bonne entre le délit et la peine infligée ainsi que la réinsertion des anciens prisonniers (à peu près impossible on s'en doute). Comme j'ai indignement parasité ce topic que tu as pris la peine d'ouvrir, je ferai un ou plusieurs petits résumés de l'histoire comme tu l'as demandé dans ton premier post (en évitant les spoilers puisqu'il ne faut surtout pas dévoiler les "mystères" ni couper l'élan des nombreux rebondissements de ce monument du roman feuilleton), dès que j'aurai un peu de temps c'est à dire certainement ce week-end. |
| | | Petit Faucon Confiance en soie
Nombre de messages : 11782 Age : 59 Date d'inscription : 26/12/2011
| Sujet: Re: Eugène SUE - Les mystères de Paris Mer 26 Nov 2014, 09:19 | |
| Parasite indignement, MissAcacia !!!! Au contraire, c'est toujours intéressant d'avoir plusieurs points de vue sur un livre ... J'en suis aux 2/3 du livre, et autant j'ai eu du mal au début avec le ton trop pathétique et les situations des personnages que je trouvais outrées, autant maintenant j'ai du mal à lâcher le livre, chaque fois qu'un nouveau personnage apparait, j'attends de voir comment il va être lié aux autres ... Et pour l'instant mon préféré c'est Cabrion et le couple Pipelet est merveilleux |
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