Scientifiques : des écrits et des hommes

Nous vivons dans un modèle libéral, qui dit en gros que chacun peut faire ce qu'il ou elle veut de son argent.

Je défends totalement ce modèle, qu'on soit clair.

Mais tant que nous vivrons dans un tel monde, nous ne ferons jamais que quelques concessions à l'écologie.

Le meilleur exemple est un reportage sur Nicolas Hulot et sa compagne en train de faire du Kite-Surf sur une plage déserte du nord de la France. Il a un énorme SUV avec tout son matériel, matériel fabriqué uniquement avec des produits composites ( = 100% issus de la chimie du pétrole).

C'est au moment où il est ministre d'ailleurs que ce reportage est réalisé et ce n'est que sur place qu'il se rend compte à quel point c'est surréaliste.

Mais le problème est que si on considère la moindre restriction de liberté ( hormis bien sûr des taxes et des incitatifs positifs), l'alternative c'est une forme ou une autre de totalitarisme avec toutes les dérives de ces systèmes.

Je suis profondément écolo, qui par chance dans mon pays est relayé au niveau politique par un parti qui peut parfois compter (résultats électoraux en dent-de-scie). Mais je suis totalement rétif à toute idée de restriction des libertés alors que je suis convaincu que s'il y a une seule approche qui a une chance de réussir, c'est bien celle-là.

Je rejoins sur ce point Etienne Klein qui dit qu'on va tout brûler.

j'ai parlé d'Aurélien B. car il est un lanceur d'alerte, et s'il n'est pas écologue, il a le mérite de nous remuer et c'est un scientifique brillant doublé d'un philosophe et poète à ses heures. Il est dans la même région que moi et voit les mêmes résultats, peu importe donc ce qu'il est politiquement, cela n'influe pas mes opinions. Je fais ce que je veux de ma vie, lui aussi  

Christian Lévêque, certes cat47, j'ai beaucoup de respect pour lui, pour ce qu'il a accompli,  il tempère beaucoup ses opinions et cela n'a pas toujours été le cas, je regrette. Son expérience est surtout sur les milieux aquatiques et  cela t'interpelle car tu as un magnifique lac dans ta région. Je suis en phase avec lui cependant, je ne veux pas d'une nature sauvage idéalisée contre une nature que nous façonnons, pas du tout, cela fait des millénaires que nous modifions notre environnement. Je veux simplement pouvoir avoir encore des papillons dans mon jardin, des mouches, des hannetons, des sauterelles grosses ou minuscules    parce que les oiseaux et les chauves souris s'en nourrissent   et même les petits mammifères, lorsque les grosses proies manquent.

D'ailleurs, toutes les années depuis 10 ans nous achetons des oeufs de papillons en Angleterre pour faire naître des chenilles qui deviennent de beaux papillons que mes petits enfants relâchent dès qu'ils ont eu la joie de voir leur ailes se déplier et sécher.

Sylvie Brunel,    ....................................        j'aime beaucoup la regarder à la télévision lorsqu'elle y est, elle a l'art de nous mettre des lunettes roses, elle fait son show et à la fin, j'ai envie de lui glisser du glyphosate dans sa tasse de café le matin, tellement c'est bon.    Je suis d'accord avec elle qu'il faut détruire les punaises de lit parisiennes, mais pas les coccinelles, et c'est bien tout    je suis d'accord aussi que j'espère ne plus voir ni entendre parler de famine, que nous vivons plus vieux....

Enfin, oui, la Suisse se porte mieux que la France et que c'est un modèle à suivre en écologie, tout simplement peut-être parce que vous n'avez pas trop d'industries lourdement polluantes sur le territoire, Suren Erkman de l'Université de Lausanne abonde dans ce sens : «Quand la Suisse importe des métaux précieux pour l’horlogerie de luxe, elle crée beaucoup de valeur ajoutée en utilisant peu de ressources. Mais c’est sans compter les tonnes de déchets produites en Afrique du Sud pour extraire l’or.»

Sinon actuellement je suis avec intérêt les études menées par Jean Baptiste Bosson sur les glaciers :

https://podcast.ausha.co/rouge-et-blanc/podcast-3-r-b-jlb-jbb


Enfin j'ai une bonne quinzaine de scientifiques purs et durs vieux et jeunes dans ma famille (je suis le vilain petit canard du lot)  ils sont ingénieurs ou chercheurs (chimistes, physiciens, agronomes, sécurité sanitaire) certains sont pour, d'autre contre le glyphosate. Pourtant, lorsqu'une de mes nièces leur a fait part de ses expériences sur les souris dans son  labo, l'intérêt des débats a été au maximum  et comme avec l'affaire Dreyfus dans le temps,  j'ai été inquiète des réactions. Vraiment, le jour où tous seront d'accord, sera à marquer d'une pierre blanche.

Bonne nouvelle, le prix Nobel de chimie 2019 récompense John B. Goodenough, Stanley Whittingham et Akira Yoshino  pour le développement des batteries au lithium-ion. Elles ont révolutionnées nos vies et sont utilisées partout, des téléphones portables aux ordinateurs en passant par les voitures électriques et les bicyclettes ou les trottinettes”, Cette découverte  nous libére des énergies fossiles, mais en attendant, que feront nous de toutes ces batteries usagées bientôt  ?    Bravo - maintenant aux jeunes générations de se pencher sur le problème du recyclage  

Fée clochette a écrit:

Bonne nouvelle, le prix Nobel de chimie 2019 récompense John B. Goodenough, Stanley Whittingham et Akira Yoshino  pour le développement des batteries au lithium-ion. Elles ont révolutionnées nos vies et sont utilisées partout, des téléphones portables aux ordinateurs en passant par les voitures électriques et les bicyclettes ou les trottinettes”, Cette découverte  nous libére des énergies fossiles, mais en attendant, que feront nous de toutes ces batteries usagées bientôt  ?    Bravo - maintenant aux jeunes générations de se pencher sur le problème du recyclage  

De toutes les batteries, je pense que ce sont celles au Lithium qui sont les moins polluantes. Je ne suis pas spécialiste mais je suis quand même chimiste de formation.

Ensuite, avec l'énergie (utile), il y a deux problèmes : la produire et la stocker.

Pour la production qu'on l'utilise tout de suite ou pas, ne change rien. Pour recharger une voiture électrique, il faut bien soit de l'éolien, du solaire, de la biomasse, de l'hydro-électrique, du nucléaire ou du thermique (charbon, pétrole, ...), ...

Pour le stockage, c'est une autre paire de manche. Et là, effectivement, un Prix Nobel pour de la chimie appliqué est une très bonne nouvelle.

Par contre, il ne faut jamais oublier que toute cette énergie (utile) se trouve concentrée dans un espace restreint. Une batterie n'est jamais rien d'autre (d'un point de vue chimique) qu'un obus qui n'a pas (encore) explosé.

Fée clochette a écrit:

Enfin j'ai une bonne quinzaine de scientifiques purs et durs vieux et jeunes dans ma famille (je suis le vilain petit canard du lot)  ils sont ingénieurs ou chercheurs (chimistes, physiciens, agronomes, sécurité sanitaire) certains sont pour, d'autre contre le glyphosate. Pourtant, lorsqu'une de mes nièces leur a fait part de ses expériences sur les souris dans son  labo, l'intérêt des débats a été au maximum  et comme avec l'affaire Dreyfus dans le temps,  j'ai été inquiète des réactions. Vraiment, le jour où tous seront d'accord, sera à marquer d'une pierre blanche.

Ici "ma" réponse à cela, car honnêtement, il n'y a rien à ajouter.

Je ne résiste pas au plaisir de citer un extrait : ""Vous devez pouvoir distinguer, dans le discours de l'adversaire, ce qui est recevable et ce que vous pensez pouvoir réfuter", enseignait notre professeure de Français. Et elle ajoutait : "Si le débat est honnête, vous ne penserez plus tout à fait la même chose à la fin, quelle que soit votre thèse de départ." Admirable précepte, qui allie écoute, raison et quelque chose de plus qu'on pourrait appeler l'humanisme.".

https://www.lalibre.be/debats/opinions/enseigne-t-on-encore-l-art-du-debat-de-nos-jours-on-ne-dirait-pas-5d47e7119978e254e24e61c7

Je viens juste dire que je lis vos échanges avec beaucoup d'intérêt sur ces sujets si actuels et passionnants.
Merci !

Sethy a écrit:

Nous vivons dans un modèle libéral, qui dit en gros que chacun peut faire ce qu'il ou elle veut de son argent.

Je défends totalement ce modèle, qu'on soit clair.

Mais tant que nous vivrons dans un tel monde, nous ne ferons jamais que quelques concessions à l'écologie.

Le dirigisme n'a pas encore fait ses preuves en ce qui concerne l'écologie. Deux exemples :

1) l'assèchement de la mer d'Aral, sous le gouvernement soviétique

2) le nombre de centrales à charbon encore en construction en Chine et en Inde, deux pays qui sont loin d'être libéraux.

Dans un système libéral, on a non seulement le droit de dépenser son argent à peu près comme on l'entend (compte tenu des taxes, incitations et subventions diverses ^^) mais on a aussi le droit de se battre publiquement pour des causes, et même de manifester de manière contre productive, à la manière du mouvement Extinction Rebellion. On a aussi le droit de dire n'importe quoi à la télé, dans les journaux, dans des livres ou dans de grandes réunions où l'on adore pratiquer la langue de bois. Et on a même le droit d'inciter les jeunes à ne pas aller à l'école. On a aussi heureusement le droit et l'accès à toutes les informations nécessaires pour se faire sa propre opinion, voter et surtout agir de manière responsable. Rappelons-nous cependant que ceci est un luxe de riches et que l'absence de liberté, en particulier, de liberté économique, n'a jamais enrichi personne.

Bon, je suis peut-être un peu HS, là, mais en fait... non! car je viens vous parler d'un livre qui est tout à fait en rapport avec l'écologie et de celui qui a en quelque sorte lancé l'idée du toutélié    :  L'Invention de la nature, Les aventures d'Alexandre von Humbolt, de Andrea Wulf. Il s'agit d'une biographie de  l'homme qui a inspiré Darwin et qui a été le premier scientifique à voyager à l'intérieur de l'Amérique du Sud, en compagnie du botaniste français Aimé Bonpland. Profondément imprégné par l'esprit des Lumières, Humbolt s'est très jeune passionné pour tout ce qui touchait à la nature. Esprit cosmopolite et curieux, il a d'abord fait de nombreux voyages en Europe mais il a surtout marqué les esprits par son Voyage aux régions equinoxiales du Nouveau Continent et en particulier par le premier tome, intitulé Essai sur la géographie des plantes, dans lequel il présente une nouvelle vision de la nature, inspirée par son voyage d'exploration en Amérique latine. Lors de son périple, il a eu l'occasion de s'immerger dans divers milieux (forêt amazonienne, Andes volcaniques) et comme il n'a pas fait les choses à moitié, il en est ressorti transformé, avec une vision totalement nouvelle de la nature. Son ascension du Chimborazo (à l'époque le plus haut sommet connu, de nos jours la montagne dont le sommet est le plus éloigné du centre de la terre - 2km de plus que l'Everest, quand même) a été particulièrement marquante. Il n'est pas arrivé tout en haut mais lui et ses compagnons ont battu un record,  personne n'avait jamais atteint une telle altitude.

Il s'était déjà intéressé auparavant à de nombreux domaines scientifiques mais cette expérience lui a donné l'intime conviction que toute la nature qui l'entourait faisait partie d'un système complexe et interconnecté. Il ne s'agit plus seulement de classifier et de trouver des lois physiques mais aussi d'étudier en détails les relations et les influences, de l'infiniment petit à l'infiniment grand. Une vision qu'il essaiera de résumer à la fin de sa vie dans Cosmos. Essai d'une description physique du Monde. En temps, il voyagea encore un peu (Mexique et Etats-Unis, où il fit une profonde impression sur Jefferson), puis en Europe et plus tard en Russie et Asie centrale. Mais il passa surtout sa vie à échanger avec ses nombreux amis, correspondants et admirateurs. Sur la science, bien sûr, mais aussi sur la politique (il était profondément anti-esclavagiste, grand admirateur de la révolution française et il a inspiré Simon Bolivar, qu'il a rencontré à Paris). Une vie extrêmement riche et très longue, qu'il est donc difficile de résumer ici.

La biographie d'Andrea Wulf est très agréable à lire. Ecrite dans un style délié, elle comprend de belles illustrations et on y rencontre une galerie de gens illustres, aussi bien Goethe, que Darwin, Thoreau, Cuvier, Bonaparte, Coleridge, Frédéric-Guillaume IV de Prusse ou Gay-Lussac, pour n'en citer qu'un petit échantillon. Elle nous fait découvrir un personnage aux multiples facettes, extrêmement attachant malgré ses nombreux défauts.^^ On y voyage au travers d'un XIXème siècle foisonnant, en constante ébullition, en particulier au niveau des idées. Bref, on ne s'y ennuie pas un instant.

Humboldt était reconnu comme le père de la science moderne et célébré partout jusqu'à la première guerre mondiale, après quoi il est tombé un peu dans l'oubli, peut-être à cause de son origine prussienne. Cette biographie redonne un peu de lustre à un homme dont le parcours et les idées méritent d'être mieux connues.

cat47 a écrit:

Humboldt était reconnu comme le père de la science moderne et célébré partout jusqu'à la première guerre mondiale, après quoi il est tombé un peu dans l'oubli, peut-être à cause de son origine prussienne. Cette biographie redonne un peu de lustre à un homme dont le parcours et les idées méritent d'être mieux connues.

Le résumé que tu en fais donne envie de s'y plonger. Je te rejoins aussi sur l'importance de l'impact de la première guerre mondiale sur la perception des allemands jusqu'en Belgique d'ailleurs (alors que l'allemand y est langue nationale avec le néerlandais et le français). La population de Liège, jusqu'à cette date était franchement germanophile et les élites y parlaient la langue de Goethe et envoyaient volontiers leurs enfants étudier en Allemagne.

Même actuellement, notre perception est toujours tronquée et l'impasse est faite sur l'humanisme allemand par exemple.

Contente de t'avoir donné envie de lire cette biographie, Sethy. Je suis tout à fait d'accord avec toi en ce qui concerne l'humanisme allemand. Et la culture allemande en général. En Suisse nous avons un peu mois ce problème car nous devons étudier la littérature allemande dans le cadre des cours de langue allemande. Mais c'est largement insuffisant. En tout cas, effet secondaire de la lecture de ce livre, j'ai mis sur ma PAL deux livres de Goethe qui y sont évoqués : Les Souffrances du jeunes Werther et Les Affinités électives.

Je poste ici à propos de Néandertal nu, comprendre la créature humaine, de Ludovic Slimak paru début 2022.

Ludovic Slimak est un archéologue depuis 1991, directeur de recherche au CNRS, dont les thèmes de recherche sont : les dernières sociétés néandertaliennes, les processus d'évolution culturelle, et les émergences de l'homme moderne.

Voici la présentation du livre faite par l'éditeur, Odile Jacob :

Citation :

Et si nous nous étions fourvoyés sur ce que fut l’homme de Néandertal ?
Dans un véritable récit de voyage, Ludovic Slimak retrace son parcours de chercheur et nous entraîne dans une étonnante enquête archéologique. Pendant trente ans, il a inlassablement traqué ce qu’il appelle la créature. Créature, comme l’un de ces êtres qu’on apercevrait de loin, dans les brumes, sans vraiment savoir ce qu’il est, sans vraiment savoir le qualifier.
Son périple nous emmène en mille détours depuis les étendues glacées du cercle polaire jusque sur les traces d’étonnants cannibales vivant dans de profondes forêts tempérées méditerranéennes. Se confrontant aux vestiges de l’homme de Néandertal, il décrit une créature inattendue et dont la nature pourrait bien nous avoir totalement échappé. Constat d’échec ? Serions-nous incapables de concevoir une intelligence trop divergente de la nôtre ?
La créature humaine est décryptée d’une plume vive, parfois sarcastique, qui affronte sans détour nos fantasmes et nos projections sur cette humanité éteinte.

Je dois dire que j'ai toujours été passionnée par les origines de l'humanité, et aussi par ce qui fait de nous des humains par rapport à nos collègues mammifères les chimpanzés par exemple, qui rient, font des outils, peuvent dessiner, etc ... je me suis toujours demandée également si notre espèce homo sapiens continuait à évoluer, quelles étaient les nouvelles mutations génétiques qui nous affectent, etc ...
Bref, ce livre se focalise sur l'homme de Néandertal, cherche à caractériser sa spécificité, nous met en garde contre tout créationnisme, et toute interprétation hâtive (sur le cannibalisme évoqué par certains spécialistes par exemple), et se pose également la question de sa disparition brutale vers -40 000 ans, alors qu'il prospérait en Eurasie depuis presque 350 000 ans.
C'est vraiment très intéressant, la lecture ne nécessite pas de connaissances techniques particulières, et le texte est souvent assez caustique, et suggère vers la fin une piste très probable de son extinction définitive.
Le livre pose aussi pas mal de questions philosophiques sur notre futur, et notre relation à la différence.

On peut écouter Ici l'émission Carbone 14 de France Culture consacrée à ce livre.

Merci Petit Faucon, je note cet essai dans ma PAL, je suis passionnée par l'évolution de nos ancêtres préhistoriens

Je suis intéressée par ton retour si tu le lis, Marganne !
Je l'ai fini il y a plus d'une semaine, et je continue de l'avoir en tête 

Je ne l'ai pas précisé non plus mais le lien vers l'émission de France Culture est une interview de l'auteur et dure une vingtaine de minutes. Ça permet d e se faire une idée 

Ton avis donne envie Petit Faucon, je me le note aussi