Lecture de groupe n°23: Les Boucanières, 3eme partie

C'est déjà l'ouverture du post de la 3e partie (chapitre 20 à 32 inclus) !

Je sais que certaines sont dans les startings-blocks : a vos posts donc !!

J'ai un léger souci pour intervenir dans ce topic entraînée par l'intrigue, j'ai terminé le roman ce week-end et j'avoue ne pas me souvenir de la limite entre les parties 3 et 4

Pour le moment, de peur de spoiler les autres lectrices, je me contenterai de dire que le début de cette partie a été un véritable choc. Edith Wharton m'a littéralement bluffée ... je pensais qu'elle allait nous balader jusqu'à la fin du roman pour enfin savoir si Nan épouserait le duc ou Guy Thwarte mais elle accélère son récit et nous propulse 2 ans plus tard

J'avoue que j'ai été soufflée par cette audace et que cela n'a pas été sans me déplaire (je parle bien entendu du choix de narration d'Edith Wharton parce que s'agissant de l'intrigue, retrouver Nan en duchesse de Tintagel, je me suis dit que cela n'augurait rien de bon ).

J'aurais pu être confrontée au même problème que toi Serendipity, car si je n'ai pas encore fini le roman j'ai entamé la 4e partie. Mais j'ai pris quelques notes en arrivant à la fin de celle qui nous intéresse cette semaine.

Je crois aussi pouvoir dire avoir ressenti un choc dans les premières pages. Grâce à mes quelques souvenirs de l'adaptation je savais qu'Annabel épousait Tintagel, mais j'ignorais que le mariage intervenait si tôt dans l'histoire. En fait, j'ai surtout été très frappée par le changement d'ambiance. Nous avions laissé une Nan gaie et insouciante, attentive aux demeures anglaises où elle était invitée et intéressée par leur histoire (contrairement à ses amies qui n'en voyaient sur la splendeur et le luxe), voilà qu'Edith Wharton nous dépeint une femme malheureuse, meurtrie presque, triste, qui semble avoir pris 10 ans bien qu'elle ne soit âgée que de 20 ans. On apprend bien sûr le pourquoi de son malheur et l'épisode qui l'a éloignée de son mari. Elle m'a beaucoup touchée dans sa tentative de venir en aide aux plus démunis qui vivent sur le domaine familial, et j'en ai voulu à Tintagel de refuser d'accéder à sa demande. C'est très cruel de sa part. On comprend qu'elle se sente très à l'aise chez Lady Glenloe, plus ouverte et plus attentive aux autres, où il fait bon vivre.

De par son inconfort dans un monde si éloigné de celui qu'elle a connu aux États-Unis, aux traditions immuables, vivant dans un château immense où elle étouffe et constamment observée par un personnel muet, elle m'a rappelée la Marie-Antoinette arrivant à Versailles de Sofia Coppola.

Je reviens un peu sur mon jugement de Conchita. Au cours d'une très belle scène avec Nan, elle craque et apparaît sous son vrai jour, elle aussi malheureuse en ménage et de plus très endettée. Encore un mariage arrangé où l'amour n'est pas entré en compte. Cela dit, si la terrible Blanche Tintagel est très antipathique, Ushant ne l'est pas, et il me fait plus pitié qu'autre chose. Son geste discret au sujet des 500 £ demandées par Nan prouve qu'il l'aime et aimerait désespéremment qu'ils se rapprochent. Il ne fait toutefois rien pour que cela ait lieu. Je ne peux m'empêcher de penser que Nan aurait juste besoin d'un peu de tendresse de sa part pour l'aimer, du moins jusqu'à ce qu'elle se rende compte que son coeur est pris .

J'ai aimé toutes les scènes entre Guy et Nan, leur complicité fait plaisir à voir. A présent que chacun est conscient de ses sentiments, la situation s'est éclaircie tout en étant bloquée par la situation de Nan.

Laura Testevalley continue d'être une femme très attachante. Je me doutais que Sir Hemsley finirait par la demander en mariage ils forment un couple un peu improbable mais mignon comme tout (enfin, elle ne l'a pas encore acceptée officiellement).

Mon enthousiasme ne baisse pas, j'ai l'impression de lire un chef d'oeuvre, et suis déjà attristée à la pensée de finir ma lecture tout en étant bien sûr curieuse d'en découvrir le dénouement.

Je m'étais promis de prendre des notes Tatiana et puis je me suis laissée entraîner par ma lecture et j'ai eu la flemme de me lever pour prendre de quoi noter

Tatiana a écrit:

Elle m'a beaucoup touchée dans sa tentative de venir en aide aux plus démunis qui vivent sur le domaine familial, et j'en ai voulu à Tintagel de refuser d'accéder à sa demande.

J'ai eu l'impression que Tintagel essayait de modeler sa femme à l'image de sa mère. On sent qu'il n'est vraiment pas à l'aise avec sa propre fonction et il lui est donc difficile d'aider sa femme en dehors de la pousser à être une réplique, en plus jeune, de sa propre mère.

L'épisode de la visite à cette famille pauvre et malade -et son dénouement tragique pour la jeune femme- m'a rappelé le sort de Beth dans "Les quatre filles du Docteur March". Décidément, dans la littérature américaine, une femme d'une couche sociale supérieure qui vient en aide aux plus déshérités, même si l'entreprise est louable, est finalement punie par l'auteur  

Tatiana a écrit:

On comprend qu'elle se sente très à l'aise chez Lady Glenloe, plus ouverte et plus attentive aux autres, où il fait bon vivre.

Oh oui, cette famille est une fenêtre sur le monde    et j'aurais pensé que

Spoiler risquant d'évoquer la partie 4:

Tatiana a écrit:

Mon enthousiasme ne baisse pas, j'ai l'impression de lire un chef d'oeuvre, et suis déjà attristée à la pensée de finir ma lecture tout en étant bien sûr curieuse d'en découvrir le dénouement.

On m'a dit que l'adaptation prenait des libertés sur certains aspects du roman :

Spoiler concernant l'adaptation:

Je crois me souvenir que tu lis ce roman en VO ?

De mon côté, j'ai parfois été frustrée par la traduction que j'ai trouvée inégale. Certains passages donnaient l'impression d'être encore à l'état de brouillon (certes de qualité, mais brouillon quand même quand le texte en français contenait des calques comme "payer attention à"  mais bon, je pinaille )

Oui je le lis en VO

Au sujet de ton spoiler sur l'adaptation, c'est effectivement le cas.

Spoiler:

Le début de cette 3e partie m'a prise au dépourvu tout comme vous. Et du même coup c'est toute l'atmosphère du roman qui change. On passe d'une certaine frivolité incarnée par nos américaines, à une ambiance pesante et figée.

Nan est en quête d'identité, ne se reconnaît plus, ne reçoit rien de ce qu'elle attendait de son mari. Et pourtant c'est elle qui a fait le plus beau mariage mais son ascension sociale ne rime pas avec bonheur c'est le moins qu'on puisse dire.

Edith Wharton ne nous offre pas une vision très positive des aristocrates anglais, on est loin de Darcy! Et Nan découvre les contraintes de la vie d'une duchesse anglaise pour lesquelles elle n'est pas préparée. Je pense comme vous que le duc voudrait qu'elle soit à l'image de sa mère et que le fossé entre eux est irréconciliable.

J'ai trouvé touchantes les scènes de retrouvailles avec sa gouvernante, ces deux-là se comprennent et s'estiment mutuellement. L'ambiance chez Lady Glenloe était tellement plus légère et correspondait bien mieux à la personnalité de Nan. Le rapprochement avec Guy Thwarte est perceptible dès son arrivée dans cette maison, on sent que nan découvre des sentiments inconnus jusque là;

Oh une partie qui commence fort et qui nous laisse à la fin totalement dans le doute!
On suit énormément Nan (chouette!) mais dans quelles circonstances (oh non! pauvre Nan!)
Le duc m'a fait beaucoup de peine, enfin de compte il n'a fait que plier à la pression exercée sur lui, il devait épouser une femme, la première qui a répondu à ses critères a eu la bague au doigt. Mais peu habitué à s'écouter, il a agit comme ses ancêtres, comme sa mère lui dicte. C'est un malheureux... A deux ou trois reprises, comme pour l'histoire des 500£ (et plus tard dans la quatrième partie), Tintagel s'écoute et puis essaye de réagir "comme les autres".

Cette 3ième partie voit le retour de Guy Thwarte! J'avoue avoir été plutôt attristée par ce retour car il augure une catastrophe: Nan va immanquablement tombée amoureuse de lui, deux raisons à cela on connait la nature romantique et vive de Nan et Guy qui avaient débuté une idylle deux ou trois ans plus tôt et, deuxième raison, Nan a besoin de cette histoire d'amour pour survivre.
Aucune solution ne semble possible et nous le roman nous laisse dans le flou! De plus Guy part!

A ce moment-là, impossible d'arrêter sa lecture pour venir poster sur Lambton, vous aurez donc mes avis sur les parties 3 et 4 en même temps!

Je viens de finir la 3^ème partie.

Je n'ai pas vraiment été étonnée de retrouver Nan duchesse de Tintagel. Dans la seconde partie, le duc semble voir en elle la fiancée idéale, et leur rencontre est teintée d'un romantisme telle que Nan ne pouvez que succomber et ce d'autant plus que Guy Thwarte partait pour l'Amérique du sud au même moment et ne voulait pas se lier avant son départ.

Ce qui est plus étonnant , c'est le désespoir qui transparait des premiers chapitres. On pouvait se douter que le duc et Nan seraient incapables de se comprendre l'un l'autre. Car pour moi, c'est l’incompréhension et le manque de communication qui les éloignent, chacun me semble capable de faire les efforts pour que leur mariage fonctionne mieux.

En comparaison, la seconde partie avec le séjour chez Lady Glenloe est une bouffée d'air frais Nan semble s'épanouir dans cet univers. Le retour du Guy et le développement de leurs sentiments l'un envers l'autre fait planer un menace sur l'avenir de Nan.

Je vais donc lire la dernière partie (plus courte) assez vite je pense

J'ai ressenti beaucoup de tristesse dans cette troisième partie. La pauvre Nan est malheureuse et mal à l'aise dans son rôle de duchesse, mais il aurait suffi d'un peu moins de rigidité de la part du duc pour que cela se passe mieux.

Mais il est trop introverti, et inféodé à sa mère, pour le moindre essai de compréhension de son épouse. Il l'avait choisie pour son innocence et son indifférence à l'argent et aux honneurs, et pensait pouvoir la façonner à son idée ! mais comme sa mère l'en avait averti Les femmes ne sont pas aussi simples que des pendules.

De son côté Nan est trop entière pour accepter des compromis, et on sent bien que la situation va dégénérer. Finalement c'est la demande d'argent de Conchita qui précipiter les choses, et j'ai été navrée pour Nan de la voir injustement soupçonnée. On a envie de la voir contre attaquer, se justifier !

Les pensées secrètes de la douairière, lorsque son fils lui raconte la scène, sont intéressantes. Sa première réaction est de penser qu'elle aurait été bien aimé oser disposer d'une telle somme, mais qu'elle n'aurait jamais osé en faire la demande. Et la seconde, qu'elle n'a jamais osé fermer sa porte à son mari. Le devoir de duchesse avant tout ! résultat, un fils et huit filles en essayant d'avoir un second fils  Nan Sauve-toi vite !

Le séjour à Champions est une bouffée d'oxygène, et lady Glenloe une femme moderne et originale. Elle incarne ce que Nan aurait pu être.

Tout à fait d'accord avec toi Rosalind. Pour moi Lady Glenloe, , c'est certainement un peu Edith Wharton elle même, une femme moderne, ouverte aux autres et indépendante, tout ce que Nan a manqué en épousant le duc.