J'ai terminé
la route des Indes il y a quelque jours, et j'ai beaucoup aimé.
C'est le deuxième livre de Forster que je lis, et clairement, c'est beaucoup moins léger que
Avec vue sur l'Arno. Amateurs de romance et de légèreté, passez votre chemin, vous trouverez surtout dans ce roman de la critique et de la désillusion!
J'ai commencé ce livre presque uniquement pour la jolie sonorité du titre (mais un peu aussi, il faut bien l'avouer, parce que c'est un Forster : j'avais adoré
Avec vue sur l'Arno !
)
Ce qui est rigolo, c'est que ce roman raconte l'histoire de 2 anglaises cherchant à connaître l'âme véritable de l'Inde, et que j'ai abordé ce livre un peu avec le même état d'esprit : j'aimerais aller en Inde un jour, mais c'est un pays qui m'attire et qui m'effraie un peu en même temps, et je préfère essayer de me renseigner avant de plonger un jour dans le grand bain !
En positif : Les relations entre les différents personnages sont très finement observées, avec les convenances et les partis pris de chacun en fonction de son origine indienne ou anglaise. On retrouve dans ce livre une grande part de suggestion, de non dit, qui permet d'imaginer les situations comme bon nous semble.
L'écriture de Forster est magnifique (ou tout au moins la traduction de Charles Mauron; dans mon édition Omnibus!) très vivante dans les relations humaines, et en même temps imagée et symbolique.
J'ai aimé la façon dont Forster critique cette société anglaise bourgeoise et pleine de convenances, certaine de son bon droit, et condescendante envers les Indiens.
Et ces même Indiens, si différents les uns des autres en fonction des castes, des ethnies, de l'éducation, incapables de s'entendre entre eux, promettant tout et son contraire, très cultivés mais... qui restent impénétrables pour les Anglais.
Deux civilisations qui ne parviennent pas à se comprendre...
Au niveau des personnages:
Mrs Moore, qui dans sa simplicité fait connaissance du Dr Azziz, et le considère comme un ami dès le début. Et la légende qui se crée petit à petit autour de cette femme.
Adela, qui cherche à découvrir l'Inde véritable et à rencontrer des Indiens, au grand désespoir de son fiancé, qui préférait qu'elle garde sa position sociale de future Mrs Heaslop.
Les incompréhensions qui naissent entre les 2 fiancés, dont le point de départ est toujours l'Inde et la façon dont le caractère des gens se trouve affirmé en bien ou en mal par un séjour en Inde.
Mr Fielding, un anglais plus indianisé que les autres, et se trouvant un peu à cheval entre les 2 communautés.
J'ai été moins marquée par Godbole.
Les relations parfois orageuses entre anglais et indiens, avec l'incident des grottes de Marabar qui en vient à prendre des proportions énormes !
En négatif : J'ai moins aimé la deuxième partie du livre, plus descriptive. J'ai eu l'impression d'un montée en puissance de l'agitation jusqu'au moment des grottes et du procès, puis ensuite d'un appauvrissement progressif des relations humaines entre anglais et indiens qui s'achève par des malentendus difficilement éclaircis et par un goût un peu amer.
Forster est assez cynique dans sa vison de l'Anglo-Inde, et j'imagine que le livre a du scandaliser à sa sortie tellement il est critique et politisé dans sa vision de l'Inde !
Bref, encore une excellente découverte.
Je prendrais plaisir à relire ce livre, qui est dense et riche. Et pourquoi pas le film, qui a l'air de vous avoir enthousiasmées !