Une auberge pour les admirateurs de Jane Austen, et bien plus encore... |
|
| Le Tour d'Ecrou (1898), le livre. | |
| | Auteur | Message |
---|
serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12420 Date d'inscription : 31/05/2007
| Sujet: Le Tour d'Ecrou (1898), le livre. Ven 12 Fév 2016 - 13:38 | |
| - rotko a écrit:
- Henry James, Le tour d'écrou, livre de poche.
Un récit volontairement déconcertant. Une fois plusieurs serrures déverrouillées, le lecteur a droit au manuscrit d'une jeune fille employée comme préceptrice. Certes son employeur n'avait pas entièrement caché la difficulté de sa mission. La voilà donc dans la propriété de Bly, mais je ne vous raconte pas l'histoire (rire) !! Cette histoire fait sans cesse basculer l'opinion du lecteur. A qui se fier ? la narratrice oscille d'une interprétation à l'autre, et semble elle-même déraper. Les ambiguïtés abondent, et les dialogues des protagonistes sont pleins d'allusions et de malentendus avec un sens différent pour chaque interlocuteur, et une autre signification pour le lecteur. Henry James est le sujet d'un livre de David Lodge : "L'auteur" Chez Rivages. Le tour d'ecrou est aussi un très bel opéra voici une presentation du tour d'ecrou de benjamin britten cliquer sur les mots soulignés - Artemis a écrit:
- Ca y est ! J'ai lu Le Tour d'Ecrou. Difficile de me faire une opinion sur le style d'Henry James juste sur ce roman. Il faudra que je lise autre chose de lui pour me faire une opinion. Car cette histoire du tour d'écrou (le titre d'ailleurs est assez énigmatique) est une sacrée manipulation (c'est le sentiment que j'ai eu) : l'auteur nous emmène où il veut ...
@ Clelie : je comprends pourquoi tu as été impressionnée. Moi aussi (surtout que je l'ai lu d'une traite l'autre nuit, pendant une insomnie... j'étais vraiment dans des conditions parfaites ). C'est très dérangeant, comme histoire...
- Popila a écrit:
- Lunaë a écrit:
- Emjy a écrit:
- Je viens de terminer Le Tour d'écrou de Henry James (la nouvelle + la BD) et je ne suis pas sûre d'avoir tout compris
Petit HS: Je me sens moins seule! Gros HS (désolée ) :
- Spoiler:
J'ai lu ce livre vers l'âge de sept-huit ans (j'étais tombée sur ce livre par hasard, la couverture et le titre me plaisaient), et j'ai été absolument terrifiée et fascinée par cette histoire. (Petite parenthèse : c'est d'ailleurs bien le seul bouquin d'Henry James au cours duquel je ne me sois pas ennuyée, car je n'aime pas son style alambiqué, mais peut-être est-ce dû à la traduction). Plus tard, j'ai compris que c'était une réécriture de Jane Eyre - ainsi qu'une déconstruction fantastique de ce roman : les fantômes sont-ils réels, ou la gouvernante est-elle folle ? Impossible de trancher, d'où le titre (Henry James serre la vis au fur et à mesure qu'il avance dans son roman et joue avec les nerfs de son lecteur, créant ainsi un climat d'angoisse de plus en plus croissant). L'opéra de Britten, qui est une adaptation de ce livre, est remarquable (la musique est très dérangeante). J'espère que nous aurons l'occasion d'en reparler plus longuement dans le topic ad hoc, surtout que l'adaptation BBC qui va bientôt voir le jour m'a parue bien (si on se fie au trailer posté par Clélie).
Comme vous, je n'ai pas tout compris ... Car au final, Henry James nous emmène et nous angoisse tout au long de sa nouvelle, mais
- Spoiler:
on n'a strictement aucune réponse à la fin ! On ne sait pas si les fantômes sont réels, on ne sait pas pourquoi l'enfant a été renvoyé ; d'ailleurs a-t-il été renvoyé ? seule la gouvernante a lu la lettre ... Et cette gouvernante, est-elle folle ??? Finalement, on est complètement manipulé par l'auteur ! C'est vraiment incroyable, cette manière de maintenir le suspens et de nous laisser dans cette incertitude, c'est très déconcertant Je suis impatiente à présent de voir l'adaptation et surtout voir les choix de scénario et de mise en scène : les ambiguïtés vont-elles être maintenues ? Et vous ? comment avez vous compris ce livre ? J'aimerai beaucoup continuer à en discuter avec vous, car cette nouvelle m'a bien intriguée. - Artemis a écrit:
J'étais en train de reparcourir la nouvelle pour faire un billet pour mon blog, et plusieurs choses m'ont sauté aux yeux, que je n'avais pas remarquées... Le prologue a son importance car
- Spoiler:
il mentionne la gouvernante, celle qui va être "l'héroïne" comme quelqu'un que le narrateur connaît. Cette femme a aussi été la gouvernante de sa petite soeur, et il s'est lié d'amitié avec elle. Et elle n'a présenté aucun signe de folie ! On est influencé par ce début, car il nous présente la gouvernante dans un autre cadre et une autre situation, bien différente de celle que l'on va rencontrer à Bly. Si on n'avait rien lu sur cette femme, on aurait pu se dire tout de suite, bon eh bien c'est elle qui est folle et qui imagine tout ça. Mais là, on ne sait pas, car apparemment le narrateur l'a bien connue ! Mais ce prologue m'a fait pensé aussi à autre chose, qui serait une explication rationnelle de cette histoire !
- Spoiler:
En effet, on nous dit que c'est un texte écrit. Et si c'était un roman, une histoire que cette gouvernante avait écrit et raconté au narrateur ? Ou, plus simplement, est-ce que ce n'est pas le narrateur l'écrivain, qui teste son histoire sur un auditoire ? Car n'oublions pas qu'il insiste pour lire le texte, et non pas le raconter directement !
- mimidd a écrit:
- Je viens de finir de lire Le tour d'écrou, et çà m'a barbée . Autant j'ai aimé le style (la traduction ?), que j'ai trouvé plus fluide que celui de Washington Square (que j'avais lu en anglais et en français, et que j'avais adoré), autant l'héroïne m'a exaspérée du début à la fin
- Spoiler:
ce qui fait que j'ai tout de suite marché à fond pour l'explication rationnelle et la folie progressive de la gouvernante. J'ai bien conscience que l'ambiguité est présente, mais le personnage m'a tellement énervée, avec ses crises d'hystérie, ses "fantasmes", ses séances d'auto-congratulation (je suis trop intelligente, trop courageuse etc), son attitude de miss-je-sais-tout et son leitmotiv par rapport aux gamins (rhhhhooooo, ce sont des petits anges angéliques parfaitement parfaits ), que voila quoi Et je n'ai pas ressenti la montée de la tension autrement que "oh punaise, elle nous remet çà" Mais le côté"réecriture de Jane Eyre" m'a bien plu et m'a même fait sourire J'ai dans ma PAV la dernière adaptation et celle avec Colin Firth, mais je crois que je vais attendre un peu avant de les voir - Queen Margaret a écrit:
- J'ai terminé Le tour d 'écrou à l'instant et OMG, c'était assez laborieux. Je suis très mitigée sur cette oeuvre. J'ai trouvé parfois que c'était long, parfois prenant, notamment lors des "apparitions", j'ai trouvé que l'admiration de la preceptrice pour les enfants était un peu too much pour moi, les enfants sont décrits d'une telle façon au début qu'on a l'impression d 'avoir des anges...démoniaques pour le coup , dans les dialogues, j'avais l'impression qu'il manquait quelque chose, il y avait trop de sous-entendus.
J'ai vu l'adaptation cette année et il y a de sacrées differences entre les deux d'ailleurs, je dirai que l'adaptation (dans mon souvenir) est inspirée du roman. Je n'ai pas accroché au style de l'auteur, j'en suis désolée - Fauvette a écrit:
- Quasiment un an jour pour jour après avoir dit (quelques pages plus haut) que j'allais lire un roman d'Henry James, j'ai enfin tenu ma promesse en dévorant Le tour d'écrou aujourd'hui. Je ne connaissais ni l'histoire ni le style de l'auteur, et j'ai plutôt bien accroché même si l'héroïne m'a quelques fois exaspérée avec ses envolées au choix lyriques ou dramatiques sur la perfection de ses petits élèves ou leur corruption irréversible J'ai cependant été happée par l'intrigue et le suspense psychologique étouffant, mené de main de maître par Henry James, qui réussit à faire douter le lecteur à maintes reprises au cours du récit :
- Spoiler:
y a-t-il vraiment des fantômes, ou la gouvernante affabule-t-elle, voire est-elle carrément folle ? Que savent vraiment les enfants, et quelles étaient leurs relations exactes avec Quint et leur ancienne gouvernante ? Pourquoi le petit Miles a-t-il été renvoyé de l'école ? Sa soeur est-elle aussi sournoise que la gouvernante le croit à la fin ?... Bref, j'ai fini ma lecture avec une quantité de questions sans réponses, mais bizarrement, ce n'est pas si frustrant que ça car chacun peut imaginer sa propre version de l'histoire ! (et on a loisir d'imaginer les choses les plus glauques au cours du récit, ça fait froid dans le dos ). Je n'ai pas saisi tout de suite le parallèle avec Jane Eyre, mais une fois le rapprochement effectué, on ne peut que s'intéresser au "jeu des sept erreurs" entre les deux ouvrages ! Maintenant, j'ai encore plus envie de regarder les adaptations qui ont été faites de ce court roman, même si les avis sur la dernière en date postés dans ce topic m'ont un tout petit peu refroidie (notamment à cause de la perte de la subtilité du roman au profit d'une approche délibérément fantastique ). Je pense tout de même la regarder dès que possible, ne serait-ce que pour Michelle Dockery, Dan Stevens et Nicola Walker |
| | | ludi33 Fairest of all elves
Nombre de messages : 29502 Age : 45 Localisation : Bordeaux Date d'inscription : 21/06/2012
| Sujet: Re: Le Tour d'Ecrou (1898), le livre. Lun 15 Fév 2016 - 12:04 | |
| J’ai fini le roman. J'avoue ne pas avoir été plus que çà emballée. Je trouve que l'histoire élude bien trop de choses pour être intéressante. L'histoire est racontée du point de vu de la gouvernante, qui la raconte comme si on été déjà au courant de tout. Du coup, il y a énormément de sous-entendus pas très clairs. L'histoire s'arrête un peu brutalement et laisse pas mal de question sans réponse. Au final, je pense que l'histoire aurait gagné à être un peu plus explicite. J'ai quand même bien envie de voir une adaptation |
| | | serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12420 Date d'inscription : 31/05/2007
| Sujet: Re: Le Tour d'Ecrou (1898), le livre. Lun 15 Fév 2016 - 21:18 | |
| Merci pour ton avis Ludi les avis sont vraiment partagés sur ce roman Je suis également tentée par une adaptation (plutôt celle des années 50 que la contemporaine au vu des avis exprimés dans le topic ), laquelle as-tu prévu/envie de visionner ? |
| | | ludi33 Fairest of all elves
Nombre de messages : 29502 Age : 45 Localisation : Bordeaux Date d'inscription : 21/06/2012
| Sujet: Re: Le Tour d'Ecrou (1898), le livre. Mar 16 Fév 2016 - 10:57 | |
| En fait, je ne sais pas, j'ai la version avec Michelle Dockery, mais l'adaptation des années 50 me tente bien aussi |
| | | clinchamps Oshaberi Sensei
Nombre de messages : 72616 Age : 81 Localisation : Dans les bois du Fushimi Inari-taïsha Date d'inscription : 09/01/2007
| Sujet: Re: Le Tour d'Ecrou (1898), le livre. Mar 16 Fév 2016 - 12:24 | |
| Celle avec Deborah Kerr est vraiment excellente !! Elle fait référence, d'ailleurs ! Quant au roman, je l'ai commencé mais je l'ai laissé de côté, tant j'ai été rebuté par le style de l'auteur, qui m'a semblé lourd et appuyé, sûrement parce que c'est tout le contraire du film, lui extrêmement sobre et d'autant plus inquiétant. |
| | | ludi33 Fairest of all elves
Nombre de messages : 29502 Age : 45 Localisation : Bordeaux Date d'inscription : 21/06/2012
| Sujet: Re: Le Tour d'Ecrou (1898), le livre. Mar 16 Fév 2016 - 13:14 | |
| Merci pour le conseil Clinchamps |
| | | Zakath Nath Romancière anglaise
Nombre de messages : 4814 Age : 41 Date d'inscription : 04/11/2007
| Sujet: Re: Le Tour d'Ecrou (1898), le livre. Jeu 18 Fév 2016 - 18:19 | |
| J'avais lu une première fois le livre il y a quelques années et j'avais beaucoup aimé mais je gardais le souvenir d'une histoire délibérément ambiguë, avec plusieurs interprétations possibles, les principales étant: - Spoiler:
- Quint et Jessel hantent vraiment les lieux et les enfants et la gouvernante en est vite consciente, et on peut imaginer le pire sur l'influence que Quint a eu sur Miles et les raisons de son renvoi (on apprend juste à la fin que celui-ci tient à "des choses qu'il aurait dites".
- C'est la gouvernante qui est folle et s'imagine des choses.
Alors qu'avant je ne tranchais pas entre les deux, à la relecture, j'ai pourtant tout de suite penché pour la seconde et une fois qu'on commence avec cette grille de lecture, il est difficile de s'en détacher, son comportement n'étant dès le départ pas rationnel: - Spoiler:
- elle est totalement excessive vis-à-vis des enfants, qu'elle voit soit comme des êtres parfaits, soit comme des monstres corrompus par Quint et Jessel, capables de la pire duplicité. Alors qu'ils peuvent être tout simplement des enfants, certes très beaux et intelligents, mais capables de faire des bêtises et qui peuvent aussi avoir leurs secrets et envie de ne pas avoir la gouvernante sur le dos en permanence (elle a peur des apparitions, d'accord, mais on a toujours l'impression que c'est la catastrophe dès qu'un des enfants échappent à sa surveillance et ne sont pas là où ils devraient être. Par exemple vers la fin quand Flora s'échappe: ça ne peut pas être juste une gamine qui a le tort de vouloir se promener sans prévenir, c'est un coup monté avec son frère qui a distrait la gouvernante pour que Flora s’éclipse et si elle prétend ne pas voir Jessel et que c'est la gouvernante qui lui fait peur, c'est forcément un mensonge. Miles a vraiment été renvoyé, c'est un fait, mais même s'il peut avoir des problèmes il n'est pas forcément diabolique pour autant. Les deux enfants ont perdu leurs parents récemment, deux des personnes qui les entouraient ont été au centre d'un scandale étouffé et sont morts aussi, les pensionnats pour garçon à l'époque pouvaient être assez durs. Ils ont toutes les raisons de ne pas être sages comme des images en permanence sans qu'on aille chercher plus loin. Il y a un passage où elle est réfléchie aux raisons possibles du renvoi de Miles: - Citation :
- "Pour méchanceté. Pour quoi d'autre, puisqu'il est si intelligent, si beau, si parfait? Est-ce qu'il est stupide? Désordonné? Infirme? Est-ce qu'il a mauvais caractère? Il est exquis, donc ça ne peut être que ça; cela expliquerait tout".
Il est parfait, a bon caractère, est exquis, donc on l'a renvoyé pour méchanceté. Logique imparable devant laquelle on ne peut que s'incliner . - Elle est extrêmement satisfaite d'elle-même, ce qui n'en fait pas une folle pour autant mais il n'y a aucun recul alors qu'elle raconte une histoire qui a eu lieu il y a des années. Elle n'est pas en mode "je pensais tout savoir, j'étais jeune et naïve en ce temps-là", du coup, cela ne contribue pas à en faire une narratrice très fiable. Elle est extrêmement condescendante vis-à-vis de son "amie" Mrs Grose mais vue la vanité qui transparait de ses propos, on peut supposer qu'elle interprète de travers la conduite de celle-ci: quand Mrs Grose ne la contredit pas, elle a l'air d'en conclure qu'elle se range à son opinion, quand Mrs Grose l'accompagne après une hésitation, la retient par la main, elle est convaincue que c'est parce qu'elle a peur de Quint et Jessel, alors qu'on peut surtout penser que Mrs Grose se dit juste "elle est dans son délire, ne la contrarions pas, mais restons quand même avec elle pour être sûre qu'elle ne va pas complètement partir en vrille". - Vis-à-vis de Quint et Jessel. Ce qui transparait des propos de Mrs Grose, c'est que les deux ont eu une liaison que Miss Jessel a dû partir précipitamment et qu'elle est morte ensuite, et que Quint passait beaucoup de temps avec Miles, qui devait être au courant. Alors on peut imaginer qu'il y a eu bien pire, mais si on s'en tient à ça, Quint et Jessel ont eu une conduite jugée scandaleuse pour l'époque où la barrière entre les classes sociales était bien plus importante qu'aujourd'hui, mais ça n'en fait pas des monstres capables des pires turpitudes pour autant. Or la narratrice se presse de les qualifier d'horribles et de vils. Elle a l'air de savoir immédiatement ce qu'ils veulent, à peine au courant de leur "existence". Il y a un passage où Miss Jessel lui apparait, sans ouvrir la bouche, la narratrice la traite d'"affreuse, misérable femme" et Jessel s'en va... et le chapitre d'après, elle dit à Mrs Grose qu'elle a eu une conversation avec Miss Jessel, élude quand Grose lui demande si elle a parlé pour ensuite raconter que Miss Jessel avait dit souffrir mille tourments et voulait Flora pour les partager... alors que rien de ce qu'elle avait raconté à la fin du chapitre précédent ne rend cette interprétation évidente. bref, on a vraiment l'impression qu'elle se monte le bourrichon.
Cela dit, on peut imaginer une combinaison des deux: - Spoiler:
Ce qui fait douter de la théorie de la folie, c'est que la gouvernante est capable de décrire précisément Quint alors qu'elle ne l'a jamais vu et qu'elle n'en a pas entendu parler (on peut imaginer que si mais que James ne le dit pas mais ce serait un peu de la triche, donc partons du principe qu'elle n'en a pas entendu parlé et n'a jamais vu une image de lui.
Mais plutôt que de s'en contenter comme preuve que la gouvernante a raison et que Quint et Jessel existent vraiment et en veulent aux enfants, on peut émettre la théorie que les fantômes sont bien là mais que la gouvernante est aussi folle et interprète leur présence comme une menace alors qu'elle est le seul danger. Un peu comme dans les films de fantômes de Del Toro, où les lieux sont vraiment hantés mais les revenants ne sont pas les méchants, ceux-ci sont bien vivants.
|
| | | serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12420 Date d'inscription : 31/05/2007
| Sujet: Re: Le Tour d'Ecrou (1898), le livre. Mer 24 Fév 2016 - 8:56 | |
| J'ai écouté l'émission "La Compagnie des auteurs" diffusée hier sur France Culture et le traducteur et adaptateur du "Tour d'Ecrou", Jean Pavans, y livre son interprétation de cette histoire mystérieuse. Selon lui, cette histoire combine à la fois - Spoiler:
l'inceste et les histoires de fantôme
. Ce roman trouverait son origine dans une commande d'écrire une histoire de Noël, un peu comme le "Christmas Carol" de Dickens. On y sent l'influence de la psychologie de William James, le frère ainé d'Henry, qui était en relation épistolaire avec Freud. Toujours selon Pavans, - Spoiler:
les fantômes ne sont pas ici à prendre au pied de la lettre mais il s'agirait plutôt des fantômes de l'inceste commis par un valet sur le petit garçon et par la précédente gouvernante sur la petite fille.
Je ne sais pas si cela va dans votre sens ou vous éclaire Ludi et Zakath Nath, mais j'ai trouvé cela intéressant Pavans indique aussi que la version opéra du Tour d'Ecrou (par Britten évoquée ci-dessus) a privilégié une interprétation et fait le choix de faire apparaître - Spoiler:
visuellement les fantômes. |
| | | Zakath Nath Romancière anglaise
Nombre de messages : 4814 Age : 41 Date d'inscription : 04/11/2007
| Sujet: Re: Le Tour d'Ecrou (1898), le livre. Mer 24 Fév 2016 - 9:27 | |
| Merci pour le retour ! Je me demande quand même - Spoiler:
comment il peut y avoir inceste quand les personnages ne sont pas apparentés . Cela dit, il y a tellement de non-dits, de sous-entendus sur la monstruosité des deux personnages qu'on peut effectivement comprendre que Quint et Jessel ont abusé de Miles et Flora, ce qui expliquerait que Miles en soit perturbé et que cela ait entraîné son renvoi. C'est une hypothèse qui se défend et à la première lecture j'avais pas mal pensé à cela également, parce que malheureusement c'est la première chose à laquelle on va penser quand on évoque un gros scandale tellement horrible qu'on n'ose pas donner de détail, impliquant des enfants. Néanmoins, ça laisse la gouvernante totalement en dehors de l'équation, or je ne pense pas qu'elle ne soit là qu'en simple témoin pour narrer l'histoire. On ne peut pas se fier vraiment à elle et donc à ce qu'elle ressent à la vue de Quint et Jessel et c'est peut-être plus des traumatismes à elle qui seraient au centre de l'intrigue plutôt que ceux des enfants. Elle a l'air davantage hanté que ces derniers en fait.
Je verrais dans quelques années si à la relecture j'interprète encore les choses différemment mais pour l'instant je suis vraiment dans la perspective où - Spoiler:
la narratrice est la source du problème.
|
| | | serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12420 Date d'inscription : 31/05/2007
| Sujet: Re: Le Tour d'Ecrou (1898), le livre. Mer 24 Fév 2016 - 9:39 | |
| - Zakath Nath a écrit:
- Je verrais dans quelques années si à la relecture j'interprète encore les choses différemment mais pour l'instant je suis vraiment dans la perspective où
- Spoiler:
la narratrice est la source du problème.
Jean Pavans ne la décrit pas comme la source (sauf erreur de ma part car je n'ai pas lu l'histoire) mais comme - Spoiler:
partie prenante, au sens où -si j'ai bien compris- elle harcèlerait les enfants. Il évoque un dialogue ambigu entre elle et le petit garçon où celui-ci finit sa phrase par "you devil !"
S'agissant de - Spoiler:
l'inceste, tu as raison Zakath Nath, j'ai un doute peut-être que Pavans a parlé de pédophilie plutôt que d'inceste
|
| | | Zakath Nath Romancière anglaise
Nombre de messages : 4814 Age : 41 Date d'inscription : 04/11/2007
| Sujet: Re: Le Tour d'Ecrou (1898), le livre. Mer 24 Fév 2016 - 9:51 | |
| Merci pour les précisions - Spoiler:
C'est vrai qu'elle se montre très étouffante vis-à-vis des enfants. Évidemment elle est responsable d'eux, ils ont subi des drames et elle est encore jeune, donc on peut comprendre le stress même sans ajouter les fantômes au tableau, mais sa conduite a l'air quand même très malsaine. Du coup, je me demande à quel point elle projette sur Quint et Miss Jessell (qui ne sont/étaient pas forcément des anges) quelque chose qui vient d'elle-même.
|
| | | Aradia Ready for a strike!
Nombre de messages : 971 Age : 50 Localisation : Lille Date d'inscription : 28/01/2015
| Sujet: Re: Le Tour d'Ecrou (1898), le livre. Mar 8 Mar 2016 - 0:28 | |
| J'ai écouté l'adaptation radiophonique de cette histoire sur France Culture. Je n'ai pas lu le livre. C'est vraiment très très spécial comme récit. Comme tout le monde ici, il est difficile de savoir quel est le fin mot de l'histoire. J'ai tranché: - Spoiler:
Je penche pour l'idée que la gouvernante cherche à protéger les enfants du souvenir dangereux et destructeur des deux domestiques. Il est dit à un moment que le valet avait fait du mal au petit garçon. Elle est touchée par ces deux enfants que même l'oncle a abandonnés.
C'est une histoire angoissante, lourde, étouffante. J'ai bien aimé. Même si je regrette la fin: - Spoiler:
En essayant de protéger l'enfant et de le déposséder de l'emprise du valet, il meurt. Pourquoi ? On peut imaginer qu'il n'avait pas la force de faire face.
Je lirai le livre plus tard car ça m'a bien donné envie. |
| | | serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12420 Date d'inscription : 31/05/2007
| Sujet: Re: Le Tour d'Ecrou (1898), le livre. Mer 9 Mar 2016 - 14:55 | |
| Comme toi Aradia, j'ai écouté cette adaptation sans avoir lu le livre (mais je ne pense pas lire le livre, cette histoire me mettant mal à l'aise). J'ai trouvé l'adaptation très réussie et, comme pour celle des "Papiers d'Aspern", très bien interprétée S'agissant des zones d'ombres du roman, l'adaptation est en effet plus orientée (j'ai trouvé le petit Miles très manipulateur et malsain). |
| | | ludi33 Fairest of all elves
Nombre de messages : 29502 Age : 45 Localisation : Bordeaux Date d'inscription : 21/06/2012
| Sujet: Re: Le Tour d'Ecrou (1898), le livre. Mer 9 Mar 2016 - 16:47 | |
| - serendipity a écrit:
- (j'ai trouvé le petit Miles très manipulateur et malsain).
C'est aussi le cas dans me livre. |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Le Tour d'Ecrou (1898), le livre. | |
| |
| | | | Le Tour d'Ecrou (1898), le livre. | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|