Persuasion, troisième partie (chapitres 17 à 24)

Quelques remarques sur cette dernière partie, à la lumière de ma relecture. Comme quoi, il est toujours fort intéressant et enrichissant de revenir à un texte qu'on connaît déjà.

- Je ne me souvenais plus du rôle, providentiel et central, de Mrs. Smith dans la révélation de la vraie personnalité de Mr Elliot, qu'elle a très bien connu du vivant de son défunt mari.
- J'avais également oublié la scène d’explication qui suit la déclaration de Wentworth : JA permet au lecteur de suivre leur conversation pour mieux saisir l’attitude de Wentworth. Dans mes souvenirs il restait un héros insaisissable dont on comprend l'attitude et les ressentis uniquement grâce à sa lettre à Anne, alors qu'en fait JA ménage un temps de "confession" après leur réconciliation, où tout s'éclaircit, pour les personnages comme pour le lecteur.
- Petite séquence amusante : chez les Musgrove à Bath, pendant que Wentworth écrit ses lettres, Mrs Musgrove est censée chuchoter ses propos à Mrs Croft par souci de discrétion mais s’arrange en fait pour qu’ils soient parfaitement audibles par les autres personnes présentes   .

Dans la préface de mon édition (Penguin Classics) il est expliqué que JA a mis un certain temps à trouver une réconciliation entre Anne et Wentworth qui la satisfasse. Ainsi, elle avait d'abord rédigé une première version où il lui déclarait ses sentiments de vive voix après qu'il ait été envoyé par l'amiral Croft pour l'informer qu'en cas de mariage avec Mr Elliot les Croft s'arrangeraient pour leur laisser Kellynch Hall (elle lui assurait immédiatement de la fausseté des bruits courant sur son union prochaine). Il était alors comme incapable de contenir sa joie et donc ses vrais sentiments. Dans la version initiale, Wentworth n'avait pas recours à l'écrit, alors que dans le texte définitif, il prend la plume pour réagir à ce qu'il entend entre son ami Harville et Anne.

J'ai pris énormément de plaisir à relire ce roman, peut-être mon préféré de JA, et à retrouver sa plume si fine.

Désolée Tatiana, de ne pas rebondir (je suis en retard dans ma lecture ), mais chapitre 24, tu sais à quoi ça correspond, en fonction des "volumes" ?

Léti, c'est la fin du roman

Moaurf, pardon, je croyais que le découpage avait été fait en 4 parties Toutes mes excuses.

Merci pour cette anecdote sur une ébauche d'autre version Tatiana, je ne la connaissais pas.

J'ai pris également beaucoup de plaisir à cette relecture, et je peux affirmer que ce roman est bien mon préféré de l'auteur.

Et je me suis rendue compte que je connaissais ma lettre de Wentworth par coeur

Voilà, j'ai mis du temps, mais j'ai terminé ma lecture

Mon avis général est très positif, et comme pour beaucoup d'entre vous, ce roman est un de mes préférés de J.A. Son héroïne, Anne, joue beaucoup dans cette appréciation. Et, bien sûr, la lettre du beau capitaine

Mon seul regret est le traitemnt de Mme Clay. Alors bien sûr, vous allez me dire qu'il ne faut pas lire avec les yeux d'aujourd'hui, tout ça. Il n'empêche, elle est d'emblée présentée très négativement, comme une arriviste, sans que l'auteur ne lui laisse en placer une pour sa défense (je veux dire, par exemple, les Elliot père et filles (sauf Anne) sont beaucoup moqués, mais comme on les voit agir, effectivement, on peut voir de nous-mêmes qu'ils sont ridicules. Mme Clay n'a droit à presque aucun dialogue, on n'a pas accès à ses pensées, mais voilà, elle est cataloguée, puisque, bien sûr, on ne pouvait pas mélanger les deux mondes (et en même temps, Mme Smith, qui est un peu Mme tout le monde (sauf pour son histoire) a, elle, un rôle très positif, bien sûr.)

Mon autre regret concerne Lady Russel : elle non plus n'a pas beaucoup de dialogue, finalement. On nous la présente du point de vue d'Anne, comme une grande amie (en fait, plutôt une sorte de marraine, non ? C'était une amie de sa mère avant d'être celle d'Anne), mais finalement, elle n'a pas une très bonne "vision" des gens (entre Wentworth et M. Elliot, cela fait au moins deux personnes qu'elle "juge" mal), et est-elle de si bon conseil ? Cela reste à prouver.

A part ça, la scène de la lettre est toujours magnifique J'ai particulièrement aimé la phrase "Elle fut sur-le-champ plongée dans le bonheur d'une telle souffrance, ou dans le malheur d'une telle joie"

Je trouve aussi que la "morale" est un peu moins claire que dans d'autres romans de J.A.  Orgueil et Préjugés, Raison et Sentiments, dans lesquels le message semble assez clair. Là, Anne a-t-elle eut raison de se laisser "persuader" dans son jeune âge ? Et finalement, qu'importe, puisqu'elle est heureuse à la fin ?
Comme tout le monde (dans le roman), je trouve étrange que Louisa épouse finalement Bentwick, mais je suppose qu'il fallait une happy end pour eux aussi, tout en dénouant l'intrigue du capitaine qui était plus ou moins lié à elle sans l'avoir vraiment voulu ?

Mon édition contient le fameux chapitre modifié par J.A. par la suite. Je ne l'ai pas encore lu, mais je crois que la version finale est plus réussie.

En y repensant je suis assez d'accord avec toi Léti, quant à Mrs Clay ! Finalement la seule raison qui fait qu'Anne soit horrifiée par la place qu'elle prend dans la famille, c'est qu'elle n'est pas de son monde et je me demande bien pourquoi ! c'est la fille du notaire, ce n'est pas comme si elle sortait du ruisseau ! Mais les nuances de classe des Anglais m'ont toujours interrogée et passablement agacée !! Elle est un peu comme un meuble dans l'histoire, en fait on ne sait rien d'elle !
Le mariage de Louise et Benwick, c'est peut-être pour libérer définitivement le capitaine ?? Mais ce n'est pas si invraisemblable, les deux étant (pour des raisons différentes) à la recherche d'un objet sur lequel fixer leur besoin d'amour !
La lettre ? Je n'en suis pas fan il lui aurait écrit "Anne, je n'ai pas pu vous oublier, je vous aime toujours, j'ai l'impression que j'ai toujours une place dans votre cœur, dites-moi vite si nous pouvons être heureux ensemble" ça aurait été bien plus simple et clair, et d'ailleurs, il aurait pu le lui dire plutôt que l'écrire ! ! Mais les sentiments d'Anne à la lecture sont comme tout au long du roman si bien décrits, si justes, si vrais, que le vecteur (écrit, oral, ) n'a pas d'importance car c'est le cœur et l'âme du roman : les sentiments d'Anne !

Clinchamps, je plussoie l'ensemble de ton commentaire   Et principalmnt ceci :

clinchamps a écrit:

Mais les sentiments d'Anne à la lecture sont comme tout au long du roman si bien décrits, si justes, si vrais, que le vecteur (écrit, oral, ) n'a pas d'importance car c'est le cœur et l'âme du roman : les sentiments d'Anne !

Sauf pour la lettre, je la trouve très mignonne, pour ma part, et le fait de passer par le support écrit ne me dérange pas du tout