Troisième partie : Le cahier à deux guinées, sous-titré "de juin à octobre"

Suite et fin des discussions sur le roman.

Je suis larguée dans ma relecture (manque de temps en ce moment), mais j'ouvre quand même le topic pour vous permettre de continuer ces discussions décidément très intéressantes

Je vous ai rejoints en cours de route et j'ai fini le livre.

Je l'ai lu avec plaisir, mais lentement, sans enthousiasme.
Ceci dit j'aime ces rythmes lents...

Je vais attendre vos discussions pour intervenir peut être plus en détail.

Pour commencer je dirais que je suis déçue par ce qui est dit de Stephen. Je reste sur ma faim. J'aurais aimé le connaître plus en profondeur.
Même ses interventions importantes de la fin de l'histoire ne lui donnent pas d'épaisseur.

Quant au livre de Mortmain....Un peu tiré par les cheveux.

J'aime la chute du bouquin et cette fin incertaine qui correspond parfaitement à cette période de l'adolescence où tout est découverte et parfois erreur d'aiguillage. Une période où on est souvent plus amoureuse de l'amour que de l'autre, où on découvre, parfois avec un peu d'inquiétude, ses émois.

Bon, j'attends avec impatience de vous lire pour pouvoir rebondir.

Autant le dire tout de suite, cette troisème partie est celle que j'ai le moins aimée.

Je ne peux pas dire que je me suis ennuyée, puisque j'ai enchaîné aussitôt la deuxième terminée et fini très rapidement le livre, mais franchement, j'avoue que j'ai été la plupart du temps agacée par l'attitude de Cassandra et que j'ai trouvé finalement l'histoire assez banale.

Les deux choses qui m'ont le plus dérangées sont le baiser et l'attitude de Cassandra par rapport à Stephen, deux points qui m'ont rendu l'héroïne franchement antipathique, ce qui a contribué à ruiner l'histoire pour moi.

Mais revenons d'abord à cette fameuse soirée de la Saint-Jean. Les rituels, l'atmosphère un peu gothique, tout cela était très engageant. Je peux encore tolérer l'irruption de Simon, mais malgré le fait qu'il partage avec enthousiasme ce moment privilégié avec Cassandra, je n'ai pas pu m'empêcher de ressentir une certaine contrainte, comme si la jeune fille ne pouvait plus se laisser aller complètement car dépendante d'un regard extérieur. Et la fin de la soirée m'a tout bonnement exaspérée, surtout le fait que Rose soit totalement oubliée (il me semble que ce n'est qu'après plusieurs dizaines de pages que Cassandra se pose enfin la question de savoir dans quelle position les événements la mettent par rapport à sa soeur). Bref, le baiser n'a eu qu'un effet sur moi : Non mais c'est quoi ce type qui se prétend amoureux d'une fille et qui embrasse sa soeur simplement parce que ... je ne sais même pas pourquoi, en fait. Suis-je vraiment la seule à trouver qu'un baiser n'est pas anodin et représente en l'occurrence une trahison? Et le "Vous êtes plus jolie qu'il n'est permis à une fille de votre intelligence", j'ai cru rêver, quel muffle. Bref, Simon et moi, c'est pas une affaire qui roule.

Le coup des cadeaux et ensuite l'escapade dans les bois. Cassandra ne sait plus trop bien où elle en est mais tout de même, je trouve qu'à ce stade, les dés sont jetés. Un peu tard pour nous faire le coup du je te désire mais ce n'est pas toi que j'aime. Heureusement que Stephen est un garçon droit et sincère, lui. Mais il n'empêche que Cassandra fait encore sa jalouse, elle préférerait que le jeune homme trouve un bonheur simple avec quelqu'un qui ne lui ferait pas trop d'ombre, c'est pousser le bouchon un peu loin à mon goût. Mais lorsqu'on a besoin d'aide après avoir agi sans réfléchir, qui appelle-t-on à la rescousse?

Bref, tout cela m'a grandement gâché la plaisir de la lecture, avec comme bouquet final la capture du père, ou là j'ai vraiment cru me retrouver chez Enid Blyton (raison pour laquelle j'avais affirmé la semaine dernière que Malethane m'avait coupé l'herbe sous les pieds en parlant du Club de Cinq pour l'épisode de l'ours ). Dommage, car le personnage de Thomas était intéressant et méritait mieux que cela.

Bon, on dirait que je suis assez remontée. Il y a pourtant du positif. Je dirais que ce livre se lit très facilement, le style est alerte et soigné (parfois trop car souvent on frise l'exercice de style), les décors pittoresques, certains personnages attachants et certaines situations plutôt drôles. Tout comme toi, Majeanne, j'ai apprécié que la fin soit ouverte, je dirais que c'est un des rares points positifs de cette dernière partie. Mais on reste dans le conte de fées moderne et je suis désolée de devoir l'affirmer, sans grande profondeur.

L'idée de cette lecture de groupe était de choisir quelque chose de léger afin de ne pas trop se prendre la tête durant l'été, je pense que c'est réussi. La comparaison qui me vient à l'esprit est celle d'une bulle de savon : c'est frais, divertissant et léger. Est-ce que ça laisse par contre plus de traces?

P.S. : au sujet du baiser, je me suis tout de même posé pas mal de question, je me suis dit que j'étais trop traditionaliste, que j'étais choquée pour rien. J'ai par la suite parlé du livre avec Helis (elle l'a lu il y a quelques années et ne l'a pas fini) et elle m'a dit que c'est à ce moment qu'elle avait laissé tomber, trop énervée par l'attitude de Cassandra. Ouf, ce n'est pas parce que je suis vieille que je ne comprends rien à rien (et ouf, je continue à avoir les mêmes goûts en matière de livres que ma filles ).

Cat a écrit

Citation :

Autant le dire tout de suite, cette troisième partie est celle que j'ai le moins aimée.

J'ai le même sentiment!

Dans cette troisième partie, je n’ai plus l’impression de lire tout à fait la même chose : Cassandra évolue, ses préoccupations changent, l’enfance s’éloigne et avec elle cette fraîcheur et cet humour, pas toujours volontaire, dans le regard porté sur le monde autour d’elle.
La narration devient plus classique, avec moins de fantaisie, plus prévisible.

Le passage sur la thérapie freudienne appliquée au père est encore plus outré que celui de l’ours dans la seconde partie…. Et inutile ! Je ne vois pas ce qu’il apporte au récit, sinon que les relations entre le père et ses enfants témoignent d’une certaine distance…. Décidément, je ne vois pas d’affection paternelle chez Mr Mortmain, il est plus un « génie » comme se plaît à le répéter Topaz, qu’un véritable père.

Finalement c’est un « happy end » que nous avons là, même s’il n’est que suggéré en ce qui concerne Cassandra.

Le seul personnage dont je regrette l’avenir est celui de Stephen : il est celui qui perd tout…. Sa famille adoptive, son foyer, sa vie, son amour…. Même si un avenir sinon glorieux du moins prometteur semble s’ouvrir à lui, il ne s’y engage que par défaut, d’abord poussé par la volonté de Cassandra puis par son refus de l’aimer.
Il est déjà sans illusion sur cette société, sur les femmes qui lui tournent autour, et dont il a une piètre opinion : il pourrait bien s'en servir pour assouvir sa déception. Sa liaison avec Leda, il n’en est pas fier, ni heureux : il ne lui aurait jamais cédé si Cassandra lui avait laissé entrevoir, même qu’un peu, que ses sentiments pourraient être un jour payés de retour. Cette relation ne ressemble pas au personnage qu’on a vu évoluer dans le récit : est-ce que cela ne constituera qu’un accident de parcours, comme le pense Thomas ? ou est-ce une orientation plus profonde, plus noire ?
Stephen est le mal-aimé de cette histoire, et de cette famille : peu de respect, de reconnaissance, lui sur qui la famille a pu compter jusqu’au bout…. Même si les sentiments, et l’amour, ne se commandent pas, Cassandra ne l’apprécie jamais vraiment à sa juste valeur.

Au final, à la fin de cette lecture, j’éprouve comme un sentiment d’irréalité : malgré les marques temporelles précisées ici ou là, il reste difficile de rattacher le récit à une époque bien définie…. Les nombreuses allusions littéraires à des œuvres du 19ième y sont peut-être pour beaucoup…. De même que le cadre, ce château , ces vieilles pierres, ces brumes, cette campagne …. Tout prend un aspect fantomatique.
Et, malgré les descriptions nombreuses, finalement rien n’est jamais très précis dans le journal de Cassandra : il en est de sa vision du monde comme d’une vie plus rêvée que réellement vécue…. Peut-être est-ce cette disposition d’esprit qui fait que Cassandra ne sent pas vraiment la pauvreté, la faim, et n’éprouve pas la nécessité d’y remédier…. Par sa façon de raconter, nous avons accès à cette espèce d’aura, issue des livres et des héroïnes qui peuplent son imagination, et qui laisse finalement au lecteur l’impression d’avoir rêvé lui aussi.
Ce n’est pas par hasard qu’elle choisit d’écrire.

Nul doute que ce roman m’aurait enchantée lorsque j’avais 12-14 ans !


je ne pourrais participer plus avant à la discussion car je pars en vacances et je n'aurai pas accès à internet avant une quinzaine de jours.
Je pense néanmoins vous rejoindre pour la deuxième lecture... en cours de route!
Merci à tous pour ces moments de vrai plaisir de vous avoir lu et d'avoir pu échanger: vive la lecture de groupe!!!!! [b]

Tout d'abord, je dois reconnaître que je n'avais rien vu venir du tout de tous ces méandres amoureux !! J'étais persuadée que Stephen et Cassandra finiraient ensemble et que Rose était sincèrement amoureuse de Simon, alors autant dire que je suis tombée des nues !!

Nous disions, dans la discussion sur la 2e partie, que Cassandra était très instable dans les "sentiments" ou "fantasmes" qu'elle pouvait développer envers les hommes. Et ça continue bien dans la 3e partie ! Elle commence par penser à Neil, en s'imaginant mariée à lui, puis vient le baiser de Simon, qui bouleverse un peu tout, et le passage dans les bois avec Stephen... pffffffft, pour moi, ça fait beaucoup tout ça !!

Je trouve son attitude vis-à-vis de Stephen complètement incorrecte. C'est un jeune homme sincère, qui travaille pour sa famille à ELLE, qui économise pour lui offrir un beau cadeau, et Cassandra, qui n'éprouve pour lui rien d'autre que de l'amitié (et encore ?), se permet d'être jalouse, de ne pas le repousser lorsqu'il lui fait des avances et plus si affinités, et finit même par lui demander de l'embrasser lors des adieux !! Je suis désolée, dans mon code de conduite, ça ne passe pas !
Quant au fameux baiser, je suis tout à fait d'accord avec ce qu'à dit Cat :

Cat a écrit:

Et la fin de la soirée m'a tout bonnement
exaspérée, surtout le fait que Rose soit totalement oubliée (il me
semble que ce n'est qu'après plusieurs dizaines de pages que Cassandra
se pose enfin la question de savoir dans quelle position les événements
la mettent par rapport à sa soeur). Bref, le baiser n'a eu qu'un effet
sur moi :
Non mais c'est quoi ce type qui se prétend amoureux d'une fille et qui
embrasse sa soeur simplement parce que ... je ne sais même pas
pourquoi, en fait. Suis-je vraiment la seule à trouver qu'un baiser n'est pas anodin et représente en l'occurrence une trahison?

Je n'ai pas vraiment aimé la fin... Je suis assez déçue de l'attitude de Simon en fait, je crois, et je ne comprends pas bien pourquoi Cassandra décide de ne pas partir avec lui, après avoir tant et tant répété qu'elle ne rêve que de lui... Même si je pense qu'elle a raison de refuser, parce qu'il ne lui propose pas de l'accompagner pour les bonnes raisons.
J'ai eu l'impression que Dodie Smith ne savait pas plus comment conclure son roman que Cassandra son cahier... "I love you, I love you, I love you" ??

malethane a écrit:

Le passage sur la thérapie freudienne appliquée au père est encore plus outré que celui de l’ours dans la seconde partie…. Et inutile ! Je ne vois pas ce qu’il apporte au récit, sinon que les relations entre le père et ses enfants témoignent d’une certaine distance….

Cat a écrit:

comme bouquet final la capture du père, ou là j'ai vraiment cru me retrouver chez Enid Blyton
(raison pour laquelle j'avais affirmé la semaine dernière que Malethane
m'avait coupé l'herbe sous les pieds en parlant du Club de Cinq pour
l'épisode de l'ours ). Dommage, car le personnage de Thomas était intéressant et méritait mieux que cela.

C'est vraiment les 2 choses avec lesquelles j'ai le moins accroché... Le coup de Mortmain qui se remet à écrire parce qu'il est coincé dans un donjon par ses enfants... c'est un peu gros, non ??

Mon personnage préféré est et restera Stephen. Je crois que j'ai un peu mal pour lui, même. Il a l'air complètement perdu, entre Cassandra, Ivy, Leda (pour qui se prend-elle celle-là d'ailleurs ? ). Pour moi, il est fragile et vulnérable et tout le monde en profite. Comme Maléthane, je serais curieuse de savoir ce qu'il advient de lui par la suite.

Quant au couple Rose-Neil... What a surprise to me!! Que Rose révèle son absence de sentiments profonds pour Simon ne m'a pas tant étonné. Je me sus juste dit que j'avais été bien naïve et j'ai espéré qu'elle renonce au mariage. Mais jamais, ô grand jamais, je ne l'ai pensé amoureuse de Neil ni Neil amoureux d'elle !

malethane a écrit:

Cat a écrit

Citation :

Autant le dire tout de suite, cette troisième partie est celle que j'ai le moins aimée.

J'ai le même sentiment!

Idem pour moi, mais, tout est relatif, j'ai passé un très bon moment
quand même ! Je garde une bonne impression générale du livre. Je suis
ravie d'avoir participé à cette lecture de groupe, et j'ai hâte de
passer à l'adaptation dans le courant de la semaine.

Je vous rejoins totalement pour le baiser entre Simon et Cassandra je n'ai pas du tout aimé! Et il aime sincèrement Rose, ca ne concorde tellement pas, embrasser sa soeur parce que Rose lui manque (je crois que c'est l'excuse que trouve Cassandra pour se déculpabiliser) Quelle mentalité!

Pareil pour Rose et Neil on voit souvent dans les romans des personnages qui ne s'aiment pas finirent ensemble mais là ca ne venait meme pas l'esprit, ca paraissait improbable!

Oh lala cette troisième partie!!! Je trouve que c'était quand même (un peu) du grand n'importe quoi!

Le coup du père qui se met à réecrire m'a bien plu, mais le tour joué par Thomas et Cassandra, j'avoue que je suis tombée des nues. Autant pour le plan lui même que pour le fait que ça ait fonctionner! No comment ...

Je n'ai été nullement suprise par le couple Cassandra/Simon, je me doutais depuis longtemps que ces deux là finirait ensemble. Ceci dit, je suis navrée pour le pauvre Stephen, comme quelqu'un l'a si bien dit, il perd tout ce qu'il a aimé et au final on ne fait pas bien grand cas de lui, alors que c'est sans doute l'un des personnages les plus nobles de l'histoire. Tout le monde se joue de lui, l'utilise, et personne ne s'en trouble... Ce n'est pas la vague culpabilité de Cassandra qui va arranger quoique ce soit!

Le fait que Rose et Neil se soient échappés ensemble? Je vous avouerais bien qu'au milieu de tout le reste, ça m'a presque paru normal

Conclusion de lecture, pas mal, mais je ne pense pas que je le relirai. j'ai passé un bon moment mais ça s'arrête là.

Je reste quand même curieuse de voir ce que peut donner l'adaptation! je devrais pas tarder à la recevoir d'ailleurs

Alors, cette troisième partie... je vais essayer de ne pas me laisser influencer par vos messages.

Je reste moi aussi sur une impression mitigée, mais pas forcément pour les mêmes raisons que plusieurs d'entre vous.
Cassandra n'est pas remontée dans mon estime, loin de là. Cet espèce de fond d'égoïsme et de condescendance qui me gênait dans le deuxième cahier s'est aggravé d'une approche très superficielle des gens qui l'entourent, qui l'amène à les sous-estimer ou à les juger assez sommairement. Première victime Stephen, bien sûr... deuxième victime, Rose (qui, elle a plutôt progressé sur l'échelle de Richter).
Et je n'ai pas compris l'amour aussi subit qu'immodéré de Cassandra pour Simon. Dans cette histoire, j'ai vraiment l'impression que les hormones sont au pouvoir et en pleine ébullition. Et certains passages sonnent un peu artificiels à mes oreilles.

Je trouve d'ailleurs que Simon est un personnage assez inconsistant. On ne sait pas par quel bout le prendre. Un instant il est amoureux perdu de Rose, l'instant d'après il nous fait un sketch ultra romantique avec la petite soeur "baiser compris". Ce baiser ne m'a pas particulièrement choquée, je peux comprendre qu'il se laisse porter par la magie du moment, mais ça ne cadre pas du tout avec son soi-disant "amour fou" pour Rose. J'ai par ailleurs beaucoup de mal à croire qu'il demeure inconsolable, vu la faible profondeur manifeste de son désespoir lorsqu'elle le quitte avec fracas, malgré tout ce que peut s'imaginer Cassandra. Je n'arrive pas une seule seconde à imaginer qu'un homme désespéré, prêt à partir au milieu de la nuit pour retrouver sa fiancée enfuie, s'arrête à savoir ce que Mortmain a bien pu écrire dans sa tour, attende tranquillement deux heures dans sa voiture que Cassandra et son frère jouent les espions, puis traverse tout aussi tranquillement l'Angleterre endormie en mangeant des sandwiches et en devisant naturellement avec sa compagne de voyage sur les bienfaits des matins brumeux pour l'âme poétique, et enfin se résolve à abandonner Rose à Neil sans mot dire et avec un triste regard d'épagneul. Je suis désolée mais ça ne colle pas.
Ou Cassandra n'a pas tout compris ou ce personnage est assez informe.

J'ai trouvé cette course poursuite beaucoup plus invraisemblable que l'enfermement du père dans la tour par Thomas et Cassandra (qui se repent bien trop vite de son idée géniale).
J'ai bien aimé ce passage. Thomas est sorti de son néant (quand on n'a rien à dire sur lui, il fait ses devoirs, j'ai rarement vu un garçon de quinze ans faire autant de devoirs) et je me suis dit qu'il aurait pu donner quelque chose de vraiment intéressant, si toutefois sa narratrice de soeur s'était intéressée à lui. Là, comme avec Stephen, elle entrevoit qu'elle est passée totalement à côté de son frère (il a lu des tas de livres et elle n'a rien vu... il ne faisait peut-être pas tant de devoirs que ça finalement) mais cette mini-prise de conscience reste sans suite.
Pour revenir à la scène de l'enfermement, je peux assez bien comprendre que ce garçon de quinze ans, qui est intelligent, qui a tout de même souffert (franchement sous-alimenté en "vrai" ça ne doit pas être super agréable tous les jours) sans pouvoir rien faire, qui a été un peu négligé par ses soeurs et totalement par son père, que ce garçon donc, trouve un malin plaisir à enfermer son père dans sa tour "pour lui secouer les puces"*.

Sinon, j'ai trouvé l'évolution de Rose intéressante. Il me semble qu'elle s'est révélée avoir plus de fond et d'épaisseur que sa sœur. Je regrette que du fait du choix du journal à la première personne, on n'ait pas accès à cette évolution (ni à celle de Neil ). D'autres auraient été gâtées et perverties par ces fiançailles luxueuses, elle, elle finit par se révéler en choisissant les meilleures de ses qualités plutôt que les pires de ses défauts, alliance bizarre qui lui donnait une allure si contradictoire au début. Mais nous devons nous contenter, à quelques bribes près, d'un récit de seconde main...
Pourquoi Héloïse occupe-t-elle plus de place que Rose ? Ah, cette Cassandra et son chien...

J'arrête car sinon, je sens que je vais pousser des cris de chat frustré...

Et, puis non, tant pis pour vous, je vide mon sac jusqu'à la lie .

Stephen.
Il perd tout, certes. Mais quelque part, je me suis sentie soulagée pour lui, qu'il ait la possibilité de quitter cette ambiance et Cassandra-qui-ne-sait-pas-ce-qu'elle-veut ("j'aime pas Stephen, mais je ne veux pas qu'il soit à quelqu'un d'autre et surtout j'apprécie bien d'être son alpha et son oméga et qu'il me soit entièrement dévoué à moi et à personne d'autre"... ses remords ne durent pas longtemps).
Léda Fox-Cotton (que Cassandra éreinte à longueur de journal, elle en prend vraiment plein les naseaux), même si elle cherche à "séduire" Stephen, me semble avoir bien compris ce que cette relation a de destructeur pour lui. Et pour cela et la figure de femme indépendante qu'elle introduit, elle m'est assez sympathique.
Bref, le sort de Stephen est injuste mais en même temps, je ne peux que me dire qu'il a "échappé au pire" en étant rejeté par Cassandra (ouh, que je suis méchante ). Je me dis qu'elle n'aurait pas pu ne pas profiter de lui.

J'en veux pour preuve cette phrase:

Citation :

Si je vais m'installer un moment dans l'appartement des Cotton, je pourrais sortir de temps en temps avec lui, et être très très gentille à son égard, mais comme une soeur, pas plus

Elle n'a rien compris ? ou ce qui est pire, elle n'en a rien à faire ? Il lui a fait une déclaration en bonne et due forme (et avec Stephen, on sent que c'est du lourd), elle sait ce qu'il ressent et c'est tout ce qu'elle en fait ?

L'attitude de Stephen vis-à-vis de Neil est remarquable. Et Neil aussi est remarquable

Bref, j'ai apprécié cette lecture (oui, je sais on ne dirait pas comme ça) pleine d'endroits fascinants et de personnages intéressants, même si je me suis plus attachée aux personnages secondaires.

J'avoue que quand Cassandra dit, tout à la fin

Citation :

Je n'ai pas l'intention de poursuivre ce journal, j'en ai assez d'écrire sur moi

Je suis assez d'accord avec elle

* il m'a fait penser à Georges Bouillon faisant sa potion et la donnant à son horrible grand-mère.

J'ai envie de réagir sur vos commentaires, ce qui me permettra de compléter sur certains aspects que j'avais laissés de côté lors de mon précédent post.

malethane a écrit:

il en est de sa vision du monde comme d’une vie plus rêvée que réellement vécue….

C'est exactement comme cela que je le ressens. On est un peu hors du temps, ce qui est bien évidemment accentué par le décor, d'où cette impression de conte de fée.

cecilou41 a écrit:

Je trouve son attitude vis-à-vis de Stephen complètement incorrecte. C'est un jeune homme sincère, qui travaille pour sa famille à ELLE, qui économise pour lui offrir un beau cadeau, et Cassandra, qui n'éprouve pour lui rien d'autre que de l'amitié (et encore ?), se permet d'être jalouse, de ne pas le repousser lorsqu'il lui fait des avances et plus si affinités, et finit même par lui demander de l'embrasser lors des adieux !! Je suis désolée, dans mon code de conduite, ça ne passe pas !

Entièrement d'accord, je crois que c'est ce qui m'a le plus énervée dans l'attitude de Cassandra.

Citation :

J'ai eu l'impression que Dodie Smith ne savait pas plus comment conclure son roman que Cassandra son cahier... "I love you, I love you, I love you" ??

Je plussoie également sur ce point. Même si j'ai aimé la fin ouverte, cette dernière phrase m'a achevée. Mais j'aurai l'occasion d'en reparler lorsque nous évoquerons l'adaptation, ceux qui l'ont déjà vue comprendrons sûrement pourquoi.

angealyn a écrit:

Le fait que Rose et Neil se soient échappés ensemble? Je vous avouerais bien qu'au milieu de tout le reste, ça m'a presque paru normal

Je n'ai pas vu venir la chose, je l'avoue, car j'ai été aussi naïve que Cassandra et je l'ai crue lorsqu'elle affirmait que Rose disait toujours la vérité. J'aurais pourtant dû avoir la puce à l'oreille avec la première lettre de Rose, lettre que j'ai beaucoup aimée d'ailleurs, dans laquelle on sentait énormément de nostalgie. Par contre je me doutais bien qu'il y avait anguille sous roche chez Neil, son soi-disant rejet de Rose suintait la jalousie. En tout cas, je suis contente que ces deux-là finissent ensemble.

MissAcacia a écrit:

Sinon, j'ai trouvé l'évolution de Rose intéressante. Il me semble qu'elle s'est révélée avoir plus de fond et d'épaisseur que sa sœur.

Tout à fait le même ressenti. Sur la longueur, j'ai trouvé le personnage plus intéressant.

Je te rejoins aussi entièrement en ce qui concerne Simon, un personnage impossible à cerner non pas parce qu'il est mystérieux mais simplement parce que son portrait manque de substance.


Je voulais également ajouter deux citations afin de démontrer que si le style est alerte, il connaît des hauts et des bas.

Autant j'aime :

Citation :

Il s'était montré extrêmement courtois et indulgent avec ma cuisine, ce qui est assurément un signe de maîtrise de soi,

autant je reste perplexe en lisant :

Citation :

La ligne de ses épaules était harmonieusement parallèle à celle de sa mâchoire.

A part cela, j'attends impatiemment d'autres commentaires, j'espère que nous aurons l'occasion de lire des avis divergents, une petite polémique serait la bienvenue.

Bon alors, je n'ai même pas encore fini le livre. Plus j'avance, plus il me déçoit. Il me reste 3 chapitres mais j'ai vraiment la paresse de les lire
Cassandra a vraiment un comportement étrange (mais pourquoi elle est amoureuse de Simon ) et ça m'énerve. Même les chiens commencent à m'insupporter, ils sont partout

N’étant pas très douée pour les analyses, je n’ai pas participé mais j’ai lu avec grand intérêt vos posts. C’est très agréable de lire un livre et d’avoir en même temps le ressenti d’autres personnes.

Je me contenterai de donner mon impression finale : je suis assez déçue par cette lecture. Cela s’annonçait plutôt bien et puis finalement, bof.
Je n’aime pas du tout Cassandra. Je trouve certaines situations rocambolesques (merci Clinchamps !) et je ne comprend pas certaines réactions de Cassandra et de Simon.

J’avais peut être mis la barre trop haut, vu les avis positifs dans le topic consacré au livre. Je ne sais même pas si c’est un livre que je relirai.
Attention, je n’ai pas détesté, loin de là (la preuve : j’ai fini le livre).

C'est bizarre mais j'ai l'impression que les gens qui l'ont lu pour la lecture de groupe ont beaucoup moins aimé le roman que ceux qui l'avaient lu avant..parce qu'il n'y avait que des avis plutot positifs sur le topic du roman! Peut etre le fait de lire les impressions négatives pendant une lecture fait qu'après on remarque beaucoup plus les défauts?

C'est vrai que j'ai aussi cette impression là, mais je pense que c'est parce que discussion entraîne débat et réflexion en fait. Je crois que lorsqu'on lit seul un roman, on a beaucoup moins tendance à le décortiquer et à l'analyser. En tout cas, c'est vrai pour moi !

Je poste brièvement mes impressions sur cette IIIème partie, terminée il y a un bout de temps, et qui pourraient se résumer par deux de vos citations :

Miss Accacia a écrit:

Je n'ai pas compris l'amour aussi subit qu'immodéré de Cassandra pour Simon.

Testifly a écrit:

Mais pourquoi elle est amoureuse de Simon ?

Comme moi non plus, je n'ai pas vraiment compris les raisons de ce béguin qui prend quand même les proportions d'une tragédie racinienne, j'ai assez vite décroché.

Je crois profondément que Cassandra fait fausse route ; qu'elle est bien plus attirée par Stephen qu'elle ne veut l'admettre, même si à mon avis elle est loin d'en être digne, et que son amour éclair pour Simon est une chimère : n'est-ce d'ailleurs pas la raison pour laquelle, d'une certaine manière, elle le rejette à la fin ? Simon n'était intéressant que parce qu'inaccessible, étant fiancé à Rose ; devenu accessible, et de surcroît n'étant apparemment pas transi d'amour pour Cassandra, il apparaît à celle-ci comme beaucoup moins intéressant qu'elle ne se l'était imaginé...

Ce qui est sûr, c'est qu'au fond, Cassandra n'est pas mûre du tout.

Globalement, j'ai trouvé cette dernière partie beaucoup trop sentimentale (les émois de l'héroïne m'ont gonflée), même si certains passages ont retenu mon attention, en particulier ceux relatifs au père et à son livre, qui peuvent paraître loufoques, mais Dodie Smith semblait être assez au fait d'une littérature moderne se concentrant apparemment plus sur la forme plus que sur le fond (Proust, Joyce, Virginia Woolf), et qui sera étudiée en France dans la seconde moitié du XXème siècle par les structuralistes (Barthes et Cie).

Voilà, pas grand chose de plus à ajouter, 1°) parce que mes souvenirs remontent à trop loin, 2°) parce que vous avez bien décrypté ce qui ne collait pas dans cette IIIème partie.

J'ai cependant trouvé cette lecture, dans son ensemble, agréable ; d'autant plus que peu auparavant, j'avais lu un roman dont j'attendais beaucoup et qui m'avait fortement déçue et exaspérée : Le château de Cassandra s'est donc révélé une belle source de Jouvence, même si certains aspects du texte et de l'héroïne sont effectivement criticables.

@ Nathy's : Peut-être en effet a-t-on un point de vue plus critique au cours d'une lecture de groupe. Si j'avais lu le livre pour moi seule, je me serai sans doute beaucoup moins prise la tête, parce qu'il s'agit d'une lecture assez "légère". Peut-être y a-t-il aussi le problème de l'âge qui joue : j'aurais sans doute davantage apprécié le roman avec quelques années de moins, alors qu'en est-il des personnes qui ont dépassé depuis longtemps l'âge de Cassandra ? Je ne crois pas me tromper en affirmant que ce sont elles qui se sont montrées les plus critiques.

Comme Cécilou, je me demande si mes attentes n'étaient pas trop grandes. Entre les avis positifs postés sur le topic du roman et le fait que ce livre est cité dans les favoris de J.K. Rowling, au même titre que To Kill a Mocking Bird, que j'ai adoré, je crois que je m'attendais à quelque chose de beaucoup plus fort. Et puis il y a aussi l'article de wiki en anglais, qui n'hésite pas à faire des comparaisons avec Austen, les Brontë, Vanity Fair ou même A la recherche du temps perdu ou Guerre et Paix. J'ai cru tomber de ma chaise en lisant cela. Oui, il y a des références littéraires dans le texte, mais je trouve le rapprochement un peu fort de café.

Sur le fait de lire d'abord des avis négatifs avant de poster : j'ai posté sans lire les avis des autres. Tout ce que je savais, c'est qu'Helis n'avait pas fini le livre, mais je ne connaissais pas ses raisons et n'ai pas voulu en discuter avec elle avant d'avoir fini. Je pense effectivement que lorsqu'on lit en sachant que l'on va écrire un commentaire, on s'attarde plus sur les détails dérangeants, on se laisse peut-être moins emporter.

Popila a écrit:

certains passages ont retenu mon attention, en particulier ceux relatifs au père et à son livre, qui peuvent paraître loufoques, mais Dodie Smith semblait être assez au fait d'une littérature moderne se concentrant apparemment plus sur la forme plus que sur le fond (Proust, Joyce, Virginia Woolf)

Ce qui m'a paru le plus loufoque, ce n'est pas que le père ait un style d'écriture moderne, mais que ses enfants parviennent à ranimer sa veine créatrice par leur mise en scène puérile.

Citation :

d'autant plus que peu auparavant, j'avais lu un roman dont j'attendais beaucoup et qui m'avait fortement déçue et exaspérée

Disons que j'ai vécu un peu l'inverse. Tout d'abord, je n'ai pas pu m'empêcher de comparer constamment à La poursuite de l'amour de Nancy Mitford, étant donné la similitude du décor et de l'époque, et ceci toujours au détriment de Doddie Smith. Par ailleurs, je lisais en parallèle des nouvelles de James et de Maugham, ainsi que Maurice, de Forster, malheureusement encore une fois sans comparaison avec le roman choisi pour la lecture de groupe (dommage, Maurice était sur la liste des suggestions et j'avais voté pour ) .

Je me permet encore une autre comparaison. Nous avons assez vite abordé le thème de la littérature jeunesse, or j'avais fini peu auparavant Slam, de Nick Hornby, classé dans cette catégorie et qui a été un vrai coup de coeur, et je me suis donc retrouvée à comparer un roman abordant un thème sérieux avec fantaisie et humanité avec un autre dans lequel je ne parvenais pas à m'identifier à l'héroïne parce que rien ne me semblait vraiment réel.

Citation :

Peut-être y a-t-il aussi le problème de l'âge qui joue : j'aurais sans doute davantage apprécié le roman avec quelques années de moins, alors qu'en est-il des personnes qui ont dépassé depuis longtemps l'âge de Cassandra ? Je ne crois pas me tromper en affirmant que ce sont elles qui se sont montrées les plus critiques.

Oui, c'est vrai, mais je relativise comme je l'ai dit plus haut car ma fille a encore moins aimé que moi. En tout cas, si on considère cela comme une explication, cela veut dire que le classement en littérature jeunesse est justifié.

Citation :

Peut-être y a-t-il aussi le problème de l'âge qui joue : j'aurais sans doute davantage apprécié le roman avec quelques années de moins, alors qu'en est-il des personnes qui ont dépassé depuis longtemps l'âge de Cassandra ? Je ne crois pas me tromper en affirmant que ce sont elles qui se sont montrées les plus critiques.

Je n'ai pas encore posté sur cette partie mais je l'ai finie, et je dois dire que dans l'ensemble j'ai été assez déçue par ce roman... Et je ne pense pas avoir dépassé l'âge de Cassandra depuis si longtemps !!! (d'ailleurs, j'adore lire de la littérature jeunesse )

De plus, je ne pense pas que j'aurais été moins critique si je l'avais lu dans un autre contexte. J'ai découvert "The painted veil" de Maugham grâce à la précédente lecture de groupe de l'Inn (encore merci pour cette belle découverte) et j'ai littéralement adoré ! Et je crois que je l'ai encore plus apprécié par le biais des discussions qu'on a pu avoir !

Dans l'ensemble, je trouve que les personnages sont survolés, les références littéraires sont assez grossières (dans la manière dont elles sont faites j'entends !!) et Cassandra m'est plutôt antipathique (encore plus à la fin !). Je ne suis pas vraiment entrée dans le roman, d'ailleurs, j'étais parfois un peu perdue : époque incertaine (si on avait enlevé les références aux voitures, etc et déclaré qu'on était au XIXe siècle, je ne me serais pas posée de question), et j'étais même perdue par rapport à la personnalité de Cassandra : parfois, j'avais l'impression d'être face à une adolescente de 13-14 ans. D'ailleurs, Simon la considère souvent comme une enfant ("child" est employé souvent). Ca m'a aussi choqué dans la scène du baiser en parlant de cela : "you astonishing child" lui dit-il, puis "no, it was a kiss in your own way, my child". Je conçois que ça soit utilisé dans un sens affectif, mais ce "child" me gêne ... De toute manière, à partir de ce moment, Simon lui aussi m'a été antipathique à partir de cette scène

Cat a écrit:

Et la fin de la soirée m'a tout bonnement
exaspérée, surtout le fait que Rose soit totalement oubliée (il me
semble que ce n'est qu'après plusieurs dizaines de pages que Cassandra
se pose enfin la question de savoir dans quelle position les événements
la mettent par rapport à sa soeur). Bref, le baiser n'a eu qu'un effet
sur moi :
Non mais c'est quoi ce type qui se prétend amoureux d'une fille et qui
embrasse sa soeur simplement parce que ... je ne sais même pas
pourquoi, en fait. Suis-je vraiment la seule à trouver qu'un baiser n'est pas anodin et représente en l'occurrence une trahison?

Je plussoie totalement : son attitude est vraiment horripilante
Sans parler de Cassandra qui tombe amoureuse de lui complètement sur un baiser (et en dehors de ça, pas d'autre justification sur le changement de son regard à son égard ...)

Au passage, j'adore ces lectures de groupe ! C'est génial de pouvoir discuter ainsi d'un roman

J'essaierai de revenir poster des impressions plus complètes (et un peu plus structurées !!!)

Moi, j'ai plutôt bien aimé cette partie. Faut dire que j'ai renoncé à chercher un réalisme quelconque dans ce roman depuis longtemps ! Je me suis donc laissée porter par le récit sans me soucier de la vraisemblance.

Le baiser que donne Simon à Cassandra m'a gênée, comme vous, parce que ce ne sont pas des choses qui se font quand on est fiancé à une autre (et surtout à la sœur)...

En fait, je pense que le personnage qui manque le plus de maturité dans ce roman, c'est Simon. Il est intelligent, sans doute, mais il est incapable de se rendre compte que ce qu'il aime chez Rose, c'est un ensemble de rêves qu'il a faits et qui ne correspondent pas à la réalité. Rose est pour lui l'incarnation vivante de la jeune fille anglaise telle que les romans la décrivent (et c'est d'ailleurs la fille d'un romancier). Quand on y regarde de plus près, il est évident que Simon ne discute de choses sérieuses qu'avec Mr Mortmain et Cassandra. Il ne sait même pas que Rose chante très bien et joue de la musique, parce que sa relation avec Rose est aussi faussée qu'une relation peut l'être. Son grand problème est d'avoir toujours considéré Cassandra comme une petite fille alors qu'il est évident que c'est avec elle qu'il avait le plus de points communs.

Du coup, je trouve que Cassandra a raison de ne pas l'encourager. Quelques années de plus et un peu de jugeote supplémentaire ne feront de mal ni à l'un ni à l'autre...

J'ai beaucoup aimé l'évolution de Thomas, en ado blasé qui prétend tout comprendre à la littérature, et le livre de Mr Mortmain. Quant à la façon dont ses enfants le traitent, elle m'a plu, surtout parce qu'elle montre une vraie réaction de leur part. Ce n'est pas si ridicule que cela : pendant des années, les deux femmes successives de Mortmain ont entretenu l'idée que c'était un grand génie qu'il ne fallait surtout pas bousculer et lui-même a réprimé les mouvements d'humeur qui faisaient partie intégrante de son processus de création. Ça ne lui fait pas de mal d'être secoué par d'autres et du coup, de se mettre dans une colère noire. Certes, ça en fait un personnage assez timbré, mais je ne trouve pas que l'idée elle-même soit complètement délirante. Évidemment, l'évocation de la psychanalyse est très superficielle, mais ça m'a plutôt amusée de voir le thème revenir sans cesse sous la plume de Cassandra sans qu'elle comprenne jamais vraiment de quoi il s'agissait.

Une chose qui m'a horripilée chez Cassandra, c'est son refus d'aller à l'université. Qu'est-ce que c'est que cette théorie idiote qu'apprendre des choses ne sert à rien pour devenir écrivain ? D'accord, un grand sens de l'observation est plus important, mais les études, c'est bien aussi ! Et ce n'est pas Jane Austen, qui a lu tant de livres, qui me contredirait, je crois. Pour ses sentiments, il est vrai qu'elle est très incorrecte vis-à-vis de Stephen mais il est tout aussi vrai que ce n'est pas parce que c'est un charmant garçon amoureux d'elle qu'elle devrait en tomber amoureuse aussi.

Stephen aime Cassandra qui aime Simon qui aime Rose qui aime Neil... C'est presque un résumé d'Andromaque ! (Oreste aime Hermione qui aime Pyrrhus qui aime Andromaque qui aime Hector qui est mort) Et d'ailleurs, Hermione se sert de la dévotion d'Oreste pour elle avec autant d'égoïsme que Cassandra (mais des conséquences moins tragiques pour tout le monde, heureusement).

Sinon, c'est dans cette partie que Cassandra évoque enfin Le petit Lord Fauntleroy, auquel j'avais pensé bien avant : l'histoire d'un domaine anglais dont doit hériter un gamin venu d'Amérique à cause d'un fils chassé...

Pour le contexte historique, à cause des livres de Mortmain (Jacob Luttant avec son fameux chapitre de l'échelle et surtout le deuxième livre sans fin et sans titre), des discussions intellectuelles qu'on entraperçoit (Mrs Cotton relit Proust), de l'évocation des romans policiers comme genre populaire répandu (on est en plein dans la période où écrivait Agatha Christie), je ne me suis jamais sentie perdue. L'aspect complètement décalé du mode de vie de la famille ne m'a jamais fait penser que l'action pouvait se dérouler au XIXe siècle, justement parce que ce caractère décalé est constamment souligné.

Un autre point qui m'a un peu déçue : le côté matériel de l'écriture intervient un peu moins souvent au début de cette dernière partie. On a de longs récits continus. Heureusement, l'aspect "journal" revient davantage vers la fin, avec des interruptions et des indications des moments et des endroits où Cassandra écrit. J'aime bien savoir où se trouve la narratrice !

Une question pour ceux qui l'ont lu en français : quelle est la traduction de la première phrase du nouveau livre de Mr Mortmain ? En anglais, c'est The cat sat on the mat, qui est apparemment l'exemple type fourni à tous les petits écoliers qui apprennent à écrire. Chez nous, à cette époque, on aurait employé un truc comme "la pipe de papa". C'est drôle car ça montre que l'apprentissage de la lecture se faisait de manière opposée des deux côtés de la Manche : les Anglais font varier les consonnes autour d'une voyelle, et nous, nous faisons varier les voyelles autour d'une consonne.

Dans la traduction française, il est dit que le roman de Mortmain débute par 7 "b a ba", la première formule qu'un enfant qui apprend à lire est amené à connaître.

emmaD a écrit:

Pour ses sentiments, il est vrai qu'elle est très incorrecte vis-à-vis de Stephen mais il est tout aussi vrai que ce n'est pas parce que c'est un charmant garçon amoureux d'elle qu'elle devrait en tomber amoureuse aussi.

Personnellement, ce que je lui reproche n'est pas de de pas tomber amoureuse de Stephen, ce qui ne se commande pas, mais d'avoir envers lui comme un sentiment de propriété qui la rend jalouse de sa relation avec Leda. Elle ne serait pas dérangée si Stephen s'amourachait d'une jeune campagnarde, par contre, ce qui donne l'impression qu'elle est surtout jalouse de l'influence qu'elle a sur lui.

Merci, Popila ! Évidemment, écrire sept fois de suite the cat sat on the mat est plus drôle que B A BA (enfin, à mon humble avis).

Cat, c'est vrai que Cassandra a une attitude détestable envers Stephen à plusieurs reprises. Néanmoins, à la fin, on sent quand même qu'elle cherche à lui laisser vivre sa vie. J'aurais aimé qu'on en sache plus sur son avenir, car les choses ne s'annoncent pas très joyeuses pour lui.

Cette partie n'est guère mieux passée pour moi :

Spoiler:

Stephen disparaît dans un brouillard vaguement cinématographique

Spoiler:

Il se passe peu d'action, sauf à la fin, dans cette partie, et les introspections de Cassandra ne m'ont pas convaincue, je les trouve assez embrouillées. J'ai trouvé le passage des petits rituels de la saint-Jean manqué, comme si l'auteur était passé à côté de ce qui aurait pu être une très belle scène : Cassandra a envie d'y renoncer, puis elle les pratique quand même à la demande de Simon, mais sans vraiment y mettre de cœur, d'une façon étriquée. Elle comprend que c'est la dernière fois qu'elle les fera, et c'est normal : elle devient adulte, mais justement, la dernière fois aurait pu avoir un peu plus de conviction, comme un adieu à son adolescence.
J'en reviens à ma première impression : j'ai tout le temps pensé : "voilà une personne qui joue à l'adolescente", et à part quelques éclairs ça et là, je n'ai jamais été convaincue par Cassandra. Je trouve affreux ce qu'elle dit, se rapportant à la mort de sa mère qui leur a permis de faire un plus grand feu l'année suivante. Elle se rattrape plus ou moins dans les phrases suivantes, mais, la première impression reste la plus forte.
C'est dommage qu'elle ne se décide à mettre Rose devant la réalité de ses actes (courir le mari riche) que lorsqu'elle même est amoureuse du futur mari. Au lieu de tout faire pour l'aider elle aurait vraiment dû le savoir depuis le début, même n'ayant que 18 ans.

Spoiler:

Avec ce système de journal, on ne sait rien de son évolution,

Spoiler:

Il n'y a pas à dire, un journal intime ne peut pas cadrer avec une narration d'évènements, on ne sait que le point de vue de l'auteur, et dans le cas présent, c'est un point de vue assez pauvre.
Bon, je suis désolée, j'aurais aimé aimer ce roman !! Il ne me laissera aucun souvenir, sauf le fait que nous en avons discuté, et que maintenant je vais litre tous les posts précédents !
Je ne dirai rien du film : je ne l'ai pas dans ma DVDthèque !

Edit : je viens de lire vos posts, et je suis tout à fait d'accord avec Cat quant au baiser, avec missAccacia au sujet du frère, qui aurait mérité qu'on s'y intéresse de plus près ! L'évolution de Rose aurait été intéressante si nous l'avions suivie, mais comme elle est expédiée à Londres, et que nous sommes cantonnés au château, eh bien, on n'en verra que le résultat : Simon arrivant comme une âme en peine pour demander où est sa fiancée, partie sur la côte. J'ai trouvé le coup de l'enveloppe tombée derrière le meuble assez "rocambolesque" (je vais demander un copyright ! )
juste pour que Simon ait une raison de venir au château chercher des nouvelles ! Je ne vois pas la fin si ouverte que ça : le retour de Simon et Cassandra qui l'attend semblent tout à fait dans le fil de l'histoire !! Ah ! ce n'est pas tout le monde qui écrit une fin ouverte comme "GWTW" ! maintenant on peut imaginer tout ce qu'on veut, mais il dit "je reviendrai" et même dans pas longtemps d'après moi !

emmaD a écrit:

Cat, c'est vrai que Cassandra a une attitude détestable envers Stephen à plusieurs reprises. Néanmoins, à la fin, on sent quand même qu'elle cherche à lui laisser vivre sa vie. J'aurais aimé qu'on en sache plus sur son avenir, car les choses ne s'annoncent pas très joyeuses pour lui.

Alors là, je n'ai pas la même interprétation que toi. A la fin, elle dit qu'elle sortira avec lui l'hiver à Londres mais comme une soeur pas plus - en attendant le retour de Simoooon - et je trouve que c'est la pire chose qu'elle puisse lui faire.
Je considère ça comme une volonté de maintenir l'emprise qu'elle sait avoir sur lui, sans plus s'engager qu'auparavant puisque son graaand amûûûr, c'est le falot Simon.
Or, si ce qu'elle dit de Stephen est vrai (on ne peut pas vraiment savoir avec l'écriture en journal), il aura déjà du mal à surmonter son amour pour elle si elle le laisse tranquille. Je ne sais pas pourquoi mais quand Stephen dit qu'il aimera toujours, j'ai tendance à croire que c'est irrémédiable.
Pour lui donc, perspectives d'avenir sans doute bonnes sur le plan professionnel (il a trop les pieds sur terre pour se laisser séduire par les paillettes) mais peu joyeuses.
A moins que, en côtoyant un peu le monde et notamment le monde du spectacle, il se rende compte de ce que l'attitude de Cassandra a de malsain et d'égoïstement manipulateur et qu'il finisse par la renvoyer dans les 22 mètres réglementaires taper à la machine pour devenir écrivaine. Let's dream
Sur ce dernier point, je suis d'accord avec toi EmmaD, ce rejet de l'Université et cet espèce de rêve non abouti de devenir secrétaire et d'apprendre la sténo et la dactylo, pour devenir écrivain, me paraît très étonnant (non que je conteste l'utilité de ces deux disciplines...). Serait-ce une excuse à pas cher pour continuer ses "petites manigances" au château et tirer au flanc tranquillou ?
Pour revenir au parallèle avec JA, qui n'est pas non plus allée à l'Université, je dirai que la différence réside dans le génie, qui ne se décrète pas... Je n'ai pas franchement été convaincue par la finesse d'observation de Cassandra. Ceci restant pure spéculation s'agissant d'un parallèle entre personne fictive et personne ayant réellement existé...

@Clinchamps, je regrette aussi que l'on ait si peu de détails sur l'évolution (assez radicale) de Rose. Ce sujet m'aurait beaucoup intéressée.
Cassandra aurait-elle sous-estimé totalement sa soeur ? L'amour profond a-t-il des vertus rédemptrices ? Le luxe s'est-il révélé trop étouffant et donc peu susceptible de valoir le prix à payer (à savoir supporter "à vie" l'affection d'une personne que l'on n'aime pas) ? A-t-elle compris qu'elle ne pourrait à terme résister à Neil ce qui aurait signifié de trahir sa parole envers Simon (les hommes, la société et la religion) en cas de mariage ?
Autant de questions qui resteront en suspens. Dommage.

MissAcacia a écrit:

A moins que, en côtoyant un peu le monde et notamment le monde du spectacle, il se rende compte de ce que l'attitude de Cassandra a de malsain et d'égoïstement manipulateur et qu'il finisse par la renvoyer dans les 22 mètres réglementaires taper à la machine pour devenir écrivaine. Let's dream
Sur ce dernier point, je suis d'accord avec toi EmmaD, ce rejet de l'Université et cet espèce de rêve non abouti de devenir secrétaire et d'apprendre la sténo et la dactylo, pour devenir écrivain, me paraît très étonnant (non que je conteste l'utilité de ces deux disciplines...). Serait-ce une excuse à pas cher pour continuer ses "petites manigances" au château et tirer au flanc tranquillou ?

Les 22 mètres réglementaires !! j'adore ! On voit la culture sud-ouest !!
Ceci dit je suis tout à fait d'accord : Cette Cassandra ne se prend pas pour une crotte de chien : elle lui fera la grâce de sortir avec lui "comme une sœur", quelle arrogance !
je pense comme toi, MissAccacia, elle va la jouer comme son père : dire qu'elle écrit pendant des années ! J'ai appris la dactylo il y a trente ans pour être secrétaire médicale, et je peux vous confirmer que de s'asseoir devant un clavier ne fait pas de vous un écrivain, quel que soit le désir que vous en ayez, même si vous maîtrisez parfaitement AZERTYUIOP !!!

Avec un peu de retard, voici mes impressions sur cette troisième partie.
Déjà elle m'a nettement moins plus que la première et la deuxième partie.

Certains comportements des personnages m'ont laissé un peu dubitative (notamment le baiser de la St Jean et Rose alors). J'ai trouvé que Cassandra devenait un peu égoïste et agaçante (elle aime Simon, mais quand Stephen qui l'aime et qu'elle n'aime pas va voir Leda, elle n'accepte pas la situation), Simon qui ne sait pas trop choisir et que dire de Mortmain qui retrouve l'envie d'écrire dans la tour!

Cette partie fait aussi nettement moins journal intime, c'est dommage, j'avais bien aimé la première scène du roman lorsqu'elle décrit son environnement.

Cela fait un petit temps que je l'ai lu donc je n'ai plus trop tout les élements en tête.

J'ai fini le livre il y a déjà quelques jours, je viens donc faire mes "devoirs de vacances"

majeanne a écrit:

Je l'ai lu avec plaisir, mais lentement, sans enthousiasme.

Je l'ai lu moi aussi assez lentement. Quant à l'enthousiasme... J'en ai eu quelques pointes au cours de ma lecture, mais jamais rien de bien violent...


Même si moi aussi le baiser entre Cassandra et Simon m'a choqué (plutôt côté Simon d'ailleurs), j'ai plutôt bien aimé la fin, surtout à partir de la séquestration de Mortmain


Je n'ai d'ailleurs pas trop trouvé cet épisode tiré par les cheveux, du moins pas si on le met en regard du reste du roman... Je ne suis pas certaine que ce soit véritablement la cause du renouveau de Mortmain, c'est plutôt la cerise sur le gâteau. Et puis comme cela a déjà été souligné, cet épisode a l'avantage de mettre en avant Thomas, dont finalement sa soeur se rend compte qu'elle le connaît bien peu, et qui s'avère plutôt intéressant.
J'ai adoré la description du roman de Mortmain, ça ne me paraît pas du tout extravagant mais bien dans la lignée de ce qui se faisait à l'époque, notamment chez les surréalistes, et là je pense très fort à Desnos avec Rrose Sélavy qu'il a reprise à son compte .
J'ai bien aimé I capture the castle, mais c'est le livre de Mortmain que j'aurais adoré lire !!


Stephen... Ah, Stephen... Comme beaucoup, mon personnage préféré dans le livre, auquel je rajoute Topaz et même Neil, dans une moindre mesure.
J'ai été mortifiée pour lui à l'anniversaire de Cassandra, toutes ces longues semaines de sacrifice et pouf, Simon lui vole la vedette !
Au final, il s'avère être quelqu'un de bien, juste quelqu'un de bien, comme dans la chanson, un de ces héros ordinaires envers qui la vie ne sera jamais tout à fait juste... Et je rejoins tout à fait MissAcacia sur Leda Fox-Cotton :

MissAcacia a écrit:

Léda Fox-Cotton (que Cassandra éreinte à longueur de journal, elle en prend vraiment plein les naseaux), même si elle cherche à "séduire" Stephen, me semble avoir bien compris ce que cette relation a de destructeur pour lui. Et pour cela et la figure de femme indépendante qu'elle introduit, elle m'est assez sympathique.

Que Rose finisse avec Neil ne m'a pas surprise plus que cela. Je ne m'y attendais pas, mais après réflexion, cela tombe sous le sens, ils sont bien plus proches que Rose ne pouvait l'être de Simon... Simon qui m'a d'ailleurs fortement déçue, j'attendais beaucoup plus de lui... A croire que sa consistance s'est évanouie avec les poils de son menton Et là je plussoie complètement EmmaD :

emmaD a écrit:

En fait, je pense que le personnage qui manque le plus de maturité dans ce roman, c'est Simon. Il est intelligent, sans doute, mais il est incapable de se rendre compte que ce qu'il aime chez Rose, c'est un ensemble de rêves qu'il a faits et qui ne correspondent pas à la réalité. Rose est pour lui l'incarnation vivante de la jeune fille anglaise telle que les romans la décrivent (et c'est d'ailleurs la fille d'un romancier). Quand on y regarde de plus près, il est évident que Simon ne discute de choses sérieuses qu'avec Mr Mortmain et Cassandra. Il ne sait même pas que Rose chante très bien et joue de la musique, parce que sa relation avec Rose est aussi faussée qu'une relation peut l'être. Son grand problème est d'avoir toujours considéré Cassandra comme une petite fille alors qu'il est évident que c'est avec elle qu'il avait le plus de points communs.

Au final, je garde néanmoins un bon souvenir de cette lecture. Je n'ai pas trouvé Cassandra si inspportable que cela, c'est juste une jeune fille au sortir de l'adolescence et qui se cherche encore. Et en cela, le livre est un bon roman d'apprentissage. Je ne sais plus qui l'a dit, mais pour moi aussi, il est certain que si j'avais lu ce livre à l'adolescence, je l'aurais a-do-ré !