Babylon Berlin (2017)

Malgré une histoire qui se déroule sur huit épisodes, les intrigues ne sont pas totalement dénouées. Le dernier épisode, le plus intense, ne permet que de retrouver le film, et à Rath de tirer un trait sur sa vie à Cologne. Il y a tellement de choses qui restent en suspens qu'on est content de savoir que la 2ème saison a déjà été diffusée et que la troisième est en préparation.  

dans une scène impressionnante où je n'aurais pas voulu être à la place de Gereon et son collègue photographe  

que j'ai eu de la peine à voir disparaître .

et même la médecin emprisonnée avec Greta).

L’histoire de Greta se clôt sur une note plus surprenante et ô combien triste pour cette figure attachante mais c’est tout à fait cohérent avec les manœuvres de Wendt et consorts   .

avec celle entre Helga et Nyssen - ou plutôt avec le trio Helga/Gereon/Nyssen étant donné que Gereon peine à faire le deuil de sa relation avec sa belle-sœur - qui s’étire un peu trop sur la longueur.

Les séries allemandes souffrent encore en France d’une forme d’indifférence, conséquence de décennies de polars poussiéreux. Elles ont pourtant tourné la page Derrick depuis un moment et suivent de plus en plus souvent la voie ouverte par l’œuvre pionnière de Fassbinder, Berlin Alexanderplatz, diffusée en 1980 par la télévision ouest-allemande [et dont les 14 épisodes sont disponibles jusqu’au 7 août sur Arte.tv, ndlr].
Babylon Berlin, son héritière la plus remarquable, met en scène les enquêtes du commissaire Gereon Rath (Volker Bruch) et de son assistante Charlotte Ritter (Liv Lisa Fries) dans le Berlin de la fin des Années folles, en 1929. Entre thriller, drame sentimental et fresque historique, cette création, adaptée pour ses deux premières saisons du roman de Volker Kutscher Le Poisson mouillé (éd. Points), débute le lundi 6 juillet sur Canal+ sa troisième saison, inspirée elle de La Mort muette (éd. du Seuil), suite du premier. (...)

Un polar noir aux intrigues sophistiquées
Fidèle au livre inspirateur, Babylon Berlin utilise comme principal moteur narratif le polar, avec une nouvelle enquête de son héros flic à chaque saison. Des crimes, des suspects, des interrogatoires, des filatures, des fausses pistes… Ses trois créateurs, Henk Handloegten, Achim von Borries et Tom Tykwer, maîtrisent sur le bout des doigts les ressorts de la série policière moderne et respectent ses figures imposées sans jamais formater leur récit. Ils ménagent leurs effets tout en osant le romanesque, comme dans cette troisième saison dont le principal antagoniste est un « fantôme » à la Belphégor, qui hante les célèbres studios de cinéma de Babelsberg.

Une fresque historique romanesque
Les scénaristes glissent dans leur récit enlevé, aux multiples pistes narratives, une passionnante réflexion sur une époque tiraillée entre conservatisme et modernité, obscurantisme et avant-gardisme culturel – Babylon Berlin rend hommage au cinéma, à la peinture, au stylisme… à tous les aspects de la révolution intellectuelle et culturelle des « années vingt dorées » allemandes. Cette troisième saison débute en septembre 1929, à la veille du krach boursier, et traite notamment des liens entre la crise économique et la montée du nazisme, des menaces qui commencent à peser sur la liberté de la presse ou encore du sexisme persistant d’une société qui affiche si ostensiblement son progressisme.

Une riche reconstitution du Berlin des années 1920
Série la plus chère de l’histoire du petit écran allemand (2,5 millions d’euros par épisode en moyenne), Babylon Berlin impressionne par la qualité de ses décors, de ses costumes et par l’élégance de la mise en scène de ses créateurs, également derrière la caméra. Ils ont reconstitué, à Babelsberg, le Berlin des années 1920, ses rues sillonnées par les trams, ses hôtels luxueux, ses cabarets bondés et ses quartiers populaires. La série offre ainsi le panorama d’une ville tentaculaire où se concentrent la beauté, les excès et les inégalités d’un pays en pleine effervescence culturelle. Elle nous plonge brillamment dans une époque en clair-obscur, parvenant à en exploiter la richesse dramatique sans en simplifier les enjeux historiques.

Des personnages archétypaux mais contrastés
Gereon Rath, vétéran des tranchées hanté par ses souvenirs, dépasse peu à peu l’archétype du flic solitaire, torturé et impulsif. Son assistante Charlotte Ritter, aux allures de garçonne virevoltante, d’abord contrainte de se prostituer pour nourrir sa famille, se découvre un talent d’enquêtrice hors pair. Chaque personnage de Babylon Berlin représente un aspect de l’Allemagne des années 1920 : le traumatisme de la Première Guerre mondiale, les inégalités sociales, la mafia, la politique… Mais aucun n’est limité à sa fonction et tous gagnent en complexité à chaque saison, faisant voler en éclats les idées reçues. Même les principaux antagonistes de la série, le nazi Alfred Nyssen (Lars Eidinger) et le truand Edgar Kasabian (Misel Maticevic) sont traités avec nuance. Babylon Berlin reste toujours à la hauteur de ses personnages, n’oubliant jamais que ce sont des humains, emportés dans le maelström de l’Histoire et les rebondissements du polar.