The Loudest Voice, Showtime 2019

On voyait venir le phénomène Trump à la télé d'une manière ou d'une autre, et c'est justement par le côté "petite lucarne" que l'on a un premier traitement du sujet, ma foi plutôt réussi, malgré le côté scabreux et terriblement dérangeant. Réussi pour autant que je puisse en juger pour l'instant, vu qu'il me reste encore deux ou trois épisodes.

The Loudest Voice, mini-série en 7 épisodes diffusée sur Canal+ en juillet dernier, est un biopic de Roger Ailes, l'homme qui a fait le succès de Fox News et qui est derrière la campagne victorieuse de Donald Trump. Comme je suis restée sidérée par les élections américaines de 2016 et que depuis j'ai passé de longues heures à essayer de comprendre ce cataclysme, j'avais déjà une bonne idée de la trajectoire de cet homme et des controverses qui ont accompagné sa fin de règne. Néanmoins la série met en lumière de nombreux points, souvent laissés de côté par les médias, qui se concentrent trop souvent sur les aspects les plus spectaculaires (les plus nauséabonds, aussi) et laissent de côté les détails plus politiques. Ici on voit de près comment s'articulent communication opportuniste, société sclérosée et divisée, frustrations multiples, manipulations, influences et emprise. Bref, on plonge dans le marigot, et c'est pas beau à voir.

Russel Crowe, magistral, écrase le reste de la distribution, un peu falote, de tout son poids, c'est le cas de le dire. Pour en savoir plus, un article du Monde et un commentaire très intéressant (en anglais) de Slate .

Merci pour cette présentation, Cat ! Je n'avais même pas reconnu Russel Crowe

Bon, série terminée, et mon avis n'a pas changé : malgré le thème dérangeant, c'est très réussi.

J'ai été particulièrement impressionnée par le fait que le scénario parvient à garder à Ailes une parcelle d'humanité, malgré la déchéance morale. On est ici dans le contraire du voyeurisme, avec regard de chirurgien plus que de journaliste.

Quant aux acteurs, je n'aurai pas de mots assez fort pour qualifier la prestation de Russel Crowe et de Sienna Miller. Ils sont sidérants de réalité.