Une auberge pour les admirateurs de Jane Austen, et bien plus encore... |
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| Hannah Kent | |
| | Auteur | Message |
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junie Préceptrice
Nombre de messages : 25 Localisation : Auvergne Date d'inscription : 30/07/2011
| Sujet: Hannah Kent Sam 6 Juin - 16:16 | |
| Hannah Kent est un autrice australienne, née en 1985 à Adélaïde. Alors qu'elle doit trouver pour sa thèse un sujet qui la passionnerait assez pour y consacrer 4 ans de sa vie, elle se souvient qu'un fait divers qui lui a été raconté alors qu'elle était étudiante en échange en Islande : la mort par décapitation d'Agnes Magnúsdóttir en 1830, condamnée pour meurtre, et dernière personne à avoir été exécutée en Islande. Fascinée par Agnes, et brulant de raconter son histoire, elle se documente pendant 2ans sans trouver beaucoup d'informations sur elle. Elle devra attendre d'obtenir une bourse et de retourner en Islande pour finalement dénicher les informations qu'ils lui manquaient pour écrire sa biographie spéculative comme elle l'appelle. Burial Rites (A la grâce des hommes en France) sera publié en 2013 et traduit dans une trentaine de langues. L'émission Australian Story a consacré un épisode à Hannah Kent, je vous le conseille je l'ai trouvé passionnant. Cette histoire voulait, devait être racontée. Côté ciné, un film avec Jennifer Lawrence dans le rôle d'Agnes est en préparation. En 2016 elle publie son deuxième roman The Good People (Dans la Vallée en France) Également inspiré d'un fait divers, l'histoire se déroule cette fois en Irlande. Hannah Kent y invoque le folklore local puisqu'une femme est convaincue que son petit-fils, devenu infirme, a été enlevé et remplacé par un Changeling. (Je vous déconseille la page Wikipedia si vous ne voulez pas être spoilé.e.s)Elle est également cofondatrice du magazine en ligne Kill Your Darlingshttps://www.killyourdarlings.com.au/
Dernière édition par junie le Sam 6 Juin - 17:15, édité 2 fois |
| | | Vavyala Wood Full Of Song
Nombre de messages : 4634 Age : 40 Localisation : Entre une forêt francilienne et celle des pages des livres qui m'entourent Date d'inscription : 27/08/2018
| Sujet: Re: Hannah Kent Sam 6 Juin - 16:32 | |
| Merci junie pour l'ouverture du topic! A la grâce des hommes pourrait m'intéresser! L'as-tu terminé? Si oui, qu'en as-tu pensé dans son ensemble? |
| | | junie Préceptrice
Nombre de messages : 25 Localisation : Auvergne Date d'inscription : 30/07/2011
| Sujet: Re: Hannah Kent Sam 6 Juin - 17:06 | |
| - Vavyala a écrit:
- Merci junie pour l'ouverture du topic!
A la grâce des hommes pourrait m'intéresser! L'as-tu terminé? Si oui, qu'en as-tu pensé dans son ensemble? Oui je l'ai terminé, ça va être long mais je vais copier ce que j'ai mis sur mon blog A la grâce des hommesPour le dire tout de suite : j’ai aimé A la grâce des hommes, l’histoire se lit très vite et j’étais contente tous les soirs de reprendre ma lecture. Le livre nous en apprend beaucoup sur le mode de vie des fermiers islandais à l'époque -et autant dire que c’était un monde qui m’était totalement étranger- sur les mœurs des habitants de l’île, sur ce qu’il convenait, ou pas, de faire. Hannah Kent s’est visiblement beaucoup renseignée pour retranscrire au mieux cette époque. Une vie difficile au cœur d'une nature impitoyable. Il semble difficile de toucher les habitants de la vallée qui nous est présentée, ils ne s'ouvrent que difficilement aux étrangers. Ou à ceux qu'ils estiment coupable d'un crime quelconque. Le style de l’auteure est simple mais efficace, la lecture est agréable. Elle s’en donne à cœur joie pour dévoiler les paysages islandais avec des descriptions imagées ; si les analogies ont plus ou bien moins fonctionné sur moi, elles sont souvent très jolies, voir parfois poétiques. - Hannah Kent a écrit:
- Il ne neige plus. Le monde s’est arrêté. Les nuages se sont figés dans le ciel comme des cadavres
Hannah Kent mélange dans le roman différents points de vue, avec des passages à la 3ème puis la 1ère personne. A cela s'ajoute les confessions d’Agnes aux autres personnages, et ses monologues intérieurs, sans transition, sans prévenir, compliquant parfois la compréhension de l'intrigue. Les noms des personnages peuvent également perturber la lecture : certains noms se répètent, notamment Jón, et parfois je ne savais plus qui était qui. Mais dans l’ensemble, et surtout parce qu’on a pas à prononcer les noms, ce n'est pas plus dérangeant que ça. C’était même intéressant d'en découvrir encore plus sur la culture islandaise, et savoir par exemple comment on nomme les enfants. On découvre une société patriarcale puisque le nom de famille de l’enfant est littéralement fille/fils de *prénom du père*. Ex : Steina Jónsdóttir. Nom de famille : Jónsdóttir, dóttir = fille, donc le nom de famille de Steina est littéralement : fille de Jón Ou encore Jón Jonsson, son = fils, donc Jón, fils de Jón On remarque ici des racines communes entre l’anglais et l’islandais : dóttir/daughter - son/son - s/’s En conséquence, les membres d'une même faille peuvent ne pas porter le même nom de famille, ici Steina ne porte pas le même nom de famille que son père, Jón. - Hannah Kent a écrit:
- Deux gamines gobant des œufs au bord de la route, les jupes tachées de boue. Un chien efflanqué poursuivant son ombre dans les flaques d’eau. Un ciel immense et gris. Trois corbeaux volant, un derrière l’autre.
Un bon présage.
Le premier réel reproche que j'ai à faire au roman concerne la narration et certains facilités d'écriture : Agnes se confie à un révérend sur ordre du roi (l’Islande est alors sous domination Danoise) et lui raconte son histoire depuis sa naissance. Une linéarité un peu facile, pas dérangeante, mais qui ne sort pas des sentiers battus. A côté de ses confidences au révérend, Agnes nous confie, via des monologues intérieurs, des instants plus intimes sur sa vie. Nous apprendrons seulement à la fin, juste avant l’exécution, ce qu'il s’est passé le soir du meurtre. Et c'est là le bât blesse pour moi : je n’ai pas trouvé les circonstances décrites (interprétées par l’auteure) convaincantes. C’est presque incohérent de mon point de vue. - Spoiler:
Agnes nous dit clairement, et ce plusieurs fois, qu’elle trouve Fridrik inquiétant et dangereux. Quand Natan se moque de lui, elle lui dit de se méfier. Elle n’est d'ailleurs pas rassurée de le voir manier le couteau et égorger des moutons. Mais quand il arrive au milieu de la nuit chez Natan armé d’un couteau et d’un marteau, après avoir appris que ce dernier voulait épouser la femme qu’il aime, et après que sa mère lui ait dit que la seule façon pour lui d’être tranquille et de pouvoir épouser Sigga était de tuer Natan… elle ne s’inquiète pas et va se recoucher ? C’est une blague ? On aurait pu croire qu’elle voulait, inconsciemment, qu’il le tue après ce qu’il lui avait fait, mais elle agit comme une victime, comme si elle était surprise de ce qu’il a fait, et même Margrét lui dit qu’elle est innocente… non je suis désolée ce n’est pas crédible. Du tout. Pour moi les circonstances créées par l’auteure ne sont pas viables, et dans ses circonstances Agnes serait coupable de complicité de meurtre. Elle n’a rien dit quand la mère de Fridrik a conseillé à son fils de tuer Natan. Elle l'a entendue pourtant. Il aurait été facile pour elle de tenter de les raisonner. De tenter, au moins. Là non, elle va juste se coucher et se dit après coup qu’ils ont du préméditer le meurtre de Natan pendant qu’elle dormait (rappelons qu’ils dorment tous dans la même pièce). Je marche pas. Peut-être que tout pointait vers la culpabilité d’Agnes Magnúsdóttir et que Hannah Kent a voulu à la fois rester fidèle aux preuves et l’innocenter, mais même dans ce cas ce n’est pas logique : si à la rigueur elle s’était réveillée au milieu de la nuit aux cris de Sigga, et avait découvert les corps, là oui, elle aurait été innocente. Était-ce pour créer une ambiguïté ? Je ne sais pas. Pour moi c’est incohérent, et en relisant certains passages au début du livre, notamment lorsqu’elle parle de Natan, sachant ce qu’on sait à la fin du livre et la façon dont il l’a traité… ça ne colle pas. Ça rend bien c’est sûr, c’est joli, c'est mélancolique, elle pense à lui, elle l’aime, mais ça ne colle pas.
A quoi je m’attendais avant de lire le livre?
A un livre ouvertement féministe, voir militant, ce qui n'est pas le cas (je me rends compte maintenant que c'est du à la traduction du titre en français, en version original c'est Burial Rites, ce qui littéralement donnerait "les rites funéraires"). - Spoiler:
Je pensais que Agnes était innocente et condamnée parce que c’est une femme célibataire, intelligente et indépendante (rappelant les sorcières de Monet Chollet). Qu’elle était victime de l’injustice d’une société dominée par les hommes. Certes elle est décrite comme innocente du meurtre, et le commissaire de police ne lui fait pas confiance (contrairement à Sigga qui est jeune, jolie et « simplette») parce qu’elle est instruite, débrouillarde et qu’il pense qu’elle ment. Mais c’est le cas. Elle ment à plusieurs reprise. Elle dit avoir raconté la vérité à la police mais rien ne nous le prouve, au contraire, puisque c’est bien elle qui a poignardé Natan (comme le pensais le commissaire, même s’il pensait que c’était par jalousie et non par compassion) alors que Fridrik à assumer les deux meurtres. Elle n’a donc pas dit toute la vérité. Le livre repose beaucoup sur le fait qu’elle ait dit la vérité, mais que cette vérité se soit retournée contre elle. Elle le dit d’ailleurs au début du livre. Mais c’est faux il me semble. Erreur ou volonté maladroite de l’auteure de semer le trouble ? L’amour rend aveugle à ce qu’on dit, et c’est démontré ici, car Natan est vraiment un sale type. Un connard qui abuse de sa position, se moque des gens, profite des femmes. Un égoïste instable et parfois cruel. Aujourd’hui on dirait peut-être un pervers narcissique, mais je ne m’y connais pas assez en psychologie pour l’assurer. Même quand elle est confrontée à la vérité, elle la refuse et lui cherche des excuses. C'est terriblement agaçant, on voudrait la secouer et dire : « mais qu’est-ce que tu fais ??? » Mais quand l’amour s’en mêle, il est facile de perdre une partie de sa raison. Même quand l’homme aimé profite d’une adolescente dans le lit d'à côté. Et n'a aucun remords. Yes. - Hannah Kent a écrit:
- Tout ce que j’ai dit m’a été volé ; tous mes mots ont été altérés jusqu’à ce que cette histoire ne soit plus mienne.
Malgré tout, je continuais d’espérer.
Il y a tout de même des touches de féminisme dans le roman; ainsi la position de la femme dans la société islandaise est remise en cause par le personnage principale : le rejet des femmes enceintes hors mariage, les viols subits pour survivre dans un monde d'hommes, leur manque d'indépendance,... Les femmes trouvent leur seule possibilité d’être « tranquilles » et respectées, dans le mariage. Malgré tout elles sont décrites comme fortes au quotidien : elles s’occupent de la maison et travaillent également aux champs. Tous les membres de la famille doivent d'ailleurs mettre la main à la patte pour la survie de la famille. La misère sociale est là également : l’abandon des enfants à cause de la pauvreté, la mort en couche. Elle est présente en filigrane. Enfin, dans une note explicative à la fin du roman, Hannah Kent nous informe qu’Agnes Magnúsdóttir est la dernière personne à avoir été exécutée en Islande. Je trouve dommage que ce ne soit pas évoquer dans la roman car ça implique plusieurs questions : est-ce que la fin des mises à mort était en discussion ? Depuis quand ? Qui l’a décidé ? Comment ? Est-ce qu’Agnes le savait ? Est-ce qu’elle espérait être graciée ? Ce sont des choses qui auraient pu avoir leurs places dans le roman, je trouve. - Spoiler:
J'ai lu après coup qu'il était à priori rare que des prisonniers soient exécutés à cette époque, et que le commissaire qui aurait voulu "faire un exemple". Si la dernière partie est bien exprimée dans le roman, il ne me semble pas qu'il y ait des détails sur la première alors que ça change énormément de choses, je trouve. Aussi certains habitants étaient contre l'exécution, justement parce que ce n'était plus quelque chose d'habituel. Dommage que cet aspect n'est pas plus été développé dans le roman.
Pour finir je dirais que j’ai apprécié ma lecture, même si j'avais des choses à lui « reprocher », c’était un très bon roman, et je lirais le second livre de l’auteure : Dans la vallée! |
| | | Juliette2a Tenant of Hamley Hall
Nombre de messages : 29119 Age : 27 Localisation : Entre l'Angleterre et la Thaïlande ! Date d'inscription : 06/03/2012
| Sujet: Re: Hannah Kent Sam 6 Juin - 18:22 | |
| Merci pour cette jolie présentation et pour ton avis, Junie ! A la grâce des hommes me tente depuis sa sortie, merci donc d'en avoir parlé ! |
| | | Vavyala Wood Full Of Song
Nombre de messages : 4634 Age : 40 Localisation : Entre une forêt francilienne et celle des pages des livres qui m'entourent Date d'inscription : 27/08/2018
| Sujet: Re: Hannah Kent Dim 7 Juin - 8:21 | |
| Merci beaucoup pour le retour junie, très complet! Je n'ai pas lu les spoilers, pour me laisser la surprise à la lecture. Je te remercie néanmoins d'avoir bien développé les points forts et ceux plus faibles du texte afin de ne pas avoir d'attentes trop grandes et mieux apprécier ma lecture quand je le découvrirai! |
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| Sujet: Re: Hannah Kent | |
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| | | | Hannah Kent | |
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