Michel Jean, auteur québécois et innu

Suite à ma lecture de Kukum, j'ouvre un topic pour présenter Michel Jean, né le 22/03/1960   .

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Quelques éléments biographiques :

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Dans le cadre du Challenge Wentworth, j'ai donc fait une escale au Québec, avec Kukum, sorti en 2019 !

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Mon avis ?
Première étape du Challenge Wentworth, mon incursion dans la littérature innue fût une nouvelle réussite !   En près de 220 pages, Kukum m’a bouleversée en nous contant le destin exceptionnel de l’arrière-grand-mère de l’auteur, Almanda, québécoise d’origine irlandaise   . Orpheline depuis son enfance, Almanda a été recueillie par une famille de paysans. Un jour, elle rencontre un jeune innu qui ne la laisse pas indifférente. C’est le début d’une longue histoire d’amour qui mènera Almanda au plus près de la famille Siméon ; famille que la jeune femme intègrera par sa persévérance, son courage et son amour pour Thomas. Dès lors, la culture innue n’a plus aucun secret pour elle. Mais l’arrivée du 20ème siècle signe le début d’une nouvelle ère qui pourrait bien transformer le quotidien tranquille de toute une population innue…
Si Kukum m’a autant chamboulée, c’est avant tout car le roman est tiré d’une histoire vraie ; celle d’une civilisation si pure, en communion avec la nature, privilégiant un rythme de vie nomade, souvent intense, mais où la joie, la solidarité, la reconnaissance sont exprimées par chacun, dans une atmosphère propice à la paix, sans superficialité ni artifice   . J’ai profité de chaque étape de mon voyage en compagnie des Siméon, des premiers pas d’Almanda chez les innus, à la naissance de ses 9 enfants (!), en passant par les moments de convivialité et de partages intergénérationnels. Comme Almanda, j’ai frémi durant les dernières pages, tout simplement poignantes ; effrayée d’assister aux horreurs commises par les Hommes,  au nom du soi-disant « progrès », de la destruction d’une forêt millénaire à l’enlèvement d’enfants innus afin de les placer dans des pensionnats catholiques où l’ADN innu sera dépouillée de toute son essence…
Vous l’aurez compris, Kukum est un précieux témoignage d’une culture incroyablement riche qui n’a hélas pas été épargnée par l’avidité humaine. A lire !  

Merci Juliette pour l'ouverture de ce topic!
Je me réjouis de lire ce retour positif, cela promet une belle première escale du Challenge 2024!
Je ne sais pas encore quand je placerai cette lecture dans ce premier trimestre. Mais je reviendrai venir partager mes impressions dès que ce sera fait.

J'espère que le roman te touchera également !

Merci Juliette, ta présentation me donne vraiment envie de découvrir cette oeuvre.

Merci Juliette pour la présentation ! Je vous rejoindrai probablement fin mars

Avec plaisir, les filles ! Je lirai vos futurs retours avec intérêt !

Après ma lecture, je plussoie totalement le commentaire de Juliette sur ce roman.

C'est un très beau témoignage sur le mode de vie innu avant que la colonisation ne les sédentarise et n'affecte leurs libertés et modes de vie. Un beau récit de tolérance, en lisant la patience et le respect qu'ils ont fait preuve envers Almanda pour qu'elle apprenne leurs us, gestes, langue,..., et de vie en communion avec la nature, que ce soit dans les périodes fastes mais aussi dans les moments où la nourriture se fait plus rare et les plus faibles succombent. Ce que j'en retiens, c'est que l'entraide demeure malgré les aléas, comme le moment où la famille Siméon partage sa chasse avec un couple âgé.
Un témoignage aussi des désastres de la colonisation canadienne sur les peuples autochtones amérindiens. Sous l'argument de les "civiliser", la porte a été ouverte à la destruction de l'environnement et des peuples qui y vivaient. Les "civilisés" se sont avérés les plus sauvages dans leur comportement destructeur...
Et pour finir, un bel hommage d'un arrière-petit-fils à son arrière-grand-mère et à ses ancêtres plus largement ! J'ai été touchée par la photo de famille partagée et le texte de l'auteur l'accompagnant.

J'ai beaucoup aimé ce texte et je suis ravie que la première lecture du challenge Wentworth 2024 me plaise autant !

Quel plaisir de te voir aussi enthousiaste, Vavyala ! Je vois que nous avons été touchées de la même façon par cette œuvre et j'en suis ravie

Merci pour l'ouverture du topic Juliette et pour vos avis Juliette et Vavyala Cela me fait penser qu'il faut que je me préoccupe de l'acquérir ! Je lirai vos commentaires après ma lecture

J'ai terminé hier soir Kukum  

Je l'ai dévoré et plus j'avançais, plus cela me plaisait. C'est un livre très habilement construit. Découvrir tout d'abord les Innus, leur mode de vie et leur rapport à la nature à travers le regard d'une sédentaire issue d'un milieu pauvre. Prendre conscience du contraste entre la vie des colons pauvres qui s'échinaient à cultiver cette terre et qui se nourrissaient le plus souvent de galettes (alors que son passage chez les Innus est marqué par un changement de régime alimentaire et un sentiment nouveau de liberté). Voir aussi la place occupée par la littérature pour elle, complétée par les récits oraux qui se transmettaient de génération en génération chez les Innus.. Puis assister, impuissants, toujours à travers son regard à la fin de ce monde. Voir ce monde disparaître petit à petit. C'est un livre à la fois instructif, émouvant, et qui suscite la réflexion.

Le dernier chapitre est très fort lui aussi

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Bref une très jolie découverte grâce au challenge Wentworth et de la part de Michel Jean un bel hommage à ses ancêtres

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J'espère que d'autres membres auront l'occasion de lire ce très joli livre

je viens également de terminer ce livre que j'ai beaucoup aimé, mais qui m'a aussi beaucoup touchée, et beaucoup mise en colère...
Oui, la colère de la "coloniale" que je suis qui supporte de moins en moins l'arrogance de ces Blancs qui se sont cru autorisés à venir civiliser des peuples qui n'en demandaient pas tant, qui se sont permis de détruire leur mode de vie sans se poser la moindre question sur ce que ces peuples pouvaient en penser !
Et pourtant c'est un livre qui n'est en rien polémiste, car l'auteur parle au nom de son arrière grand-mère sur le ton d'une femme qui constate avec tristesse et chagrin mais aussi avec fatalisme car l'équilibre des forces est trop inégal ! Et pourtant

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J'ai beaucoup aimé l'écriture, on sent le journaliste dans la simplicité de l'énoncé des faits, et pourtant la poésie est là, qui nous fait partager le profond amour de la nature et aussi la symbiose avec elle de ce peuple qui à la fois en dépend et la régule...

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La simplicité du style met en relief la violence de l'enlèvement de ces enfants, et surtout la condition épouvantable qu'ils ont connues dans ces pensionnats... Ce sentiment de révolte, je l'ai connu aussi dans les récits Kanaks, ou Aborigènes, ou même Irlandais et Anglais, ou Français (voir la Réunion...)

Pour finir j'ai vraiment aimé ce livre mais il m'a rendue triste. Et pourtant je le conseille fortement !

Lire vos beaux retours, Serendipity et Clinchamps, me fait tellement plaisir !
J'ai également été révoltée à la fin de ma lecture, en raison de tous les ravages du colonialisme...

Michel Jean fait partie des auteurs invités du festival du livre de Paris le week-end prochain. Il sera aussi l'invité d'une rencontre (gratuite celle-là) le 12 avril ici  

Il présentera son dernier livre Tiohtiá:ke [Montréal]

Citation :

Elie Mestenapeo, un jeune Innu de la Côte-Nord, au Québec, a tué son père alcoolique et violent dans une crise de rage.
Il a fait 10 ans de prison.
À sa sortie, rejeté par les siens, il prend la direction de Montréal où il rejoint rapidement une nouvelle communauté : celle des Autochtones SDF, invisibles parmi les invisibles.
Il y rencontre les jumelles innuk Mary et Tracy, Jimmy le Nakota qui distribue des repas chauds au square Cabot, au cœur de la ville, mais aussi Mafia Doc, un vieil itinérant plus ou moins médecin qui refuse de quitter sa tente alors que Montréal plonge dans le froid polaire…

Dans ce roman plein d’humanité, Michel Jean nous raconte le quotidien de ces êtres fracassés, fait d’alcool et de rixes, mais aussi de solidarité, de poésie et d'espoir.

Ah j'aurais bien aimé y aller !! Mais Michel JEAN a "aimé" mon commentaire sur Goodreads ! J'en suis touchée !

J'ai terminé il y a quelques jours Kukum et j'ai aimé ma lecture, malgré la tristesse qui s'en dégage. J'ai aimé suivre le destin d'Almanda qui retrouve dans le peuple innu une nouvelle famille. Elle s'approprie totalement leur façon de vivre comme si elle était née innue, en gardant quand-même une partie de ses propres origines à elle. J'ai trouvé touchant par exemple son rapport à la lecture et aux livres et son envie de transmettre cela à ses enfants et petits-enfants. Tout est raconté avec une grande sensibilité  et, à travers le destin de son arrière-grand-mère, Michel Jean arrive à nous immerger totalement dans cette culture faite d'entraide, de respect, de simplicité, d'harmonie avec la nature.
J'ai aimé aussi que, malgré la disparition progressive de tout ce qu'elle a connu et tous les bouleversements provoqués dans le but de les "civiliser" ( la déforestation, l'enlèvement des enfants, l'arrivée de l'alcool, du chemin de fer, etc.) elle continue à garder une forme d'espoir en maintenant et transmettant  autant que possible les coutumes, les traditions, les souvenirs.

Merci Juliette d'avoir proposé cette première escale

J'ai terminé aussi Kukum depuis plusieurs jours, et suis encore dans l'émotion après cette lecture bouleversante, qui commence presque comme un conte de fées avec la belle rencontre d'Almanda et Thomas, puis se poursuit comme une fable écologique, avec la découverte par Almanda de la culture innue, avant le choc brutal de la destruction de leur mode de vie par la déforestation, les obligeant à une sédentarisation forcée.

Les deux premiers tiers du roman sont emplis de charme et de poésie, et nous font comprendre toute la bienveillance du peule innu, et leur richesse de communion avec la nature, pourtant âpre et hostile.
Puis les titres des chapitres suivants sont révélateurs : la nausée, brisure, le mal ... j'ai poursuivi ma lecture les larmes aux yeux.

Michel Jean a choisi le ton juste pour ce sublime livre témoignage, un hommage vibrant à son arrière grand-mère et au peuple innu.

Pour une fois j'avais pensé à me munir de post-it pour noter les passages marquants. Le problème c'est que mon livre est bien décoré avec des dizaines de petits papiers colorés, et je ne peux pas tout citer

Je me contenterai de la citation en exergue, j'aurais aimé la copier en innu car j'imagine que la langue est chantante. Il s'agit d'un poème de Joséphine Bacon, extrait de Tshissinuashitakana / Bâtons à message

Citation :

Je ne me souviens pas toujours d'où je viens
dans mon sommeil, mes rêves me rappellent qui je suis
jamais mes origines ne me quitteront.

clinchamps a écrit:

Ah j'aurais bien aimé y aller !! Mais Michel JEAN a "aimé" mon commentaire sur Goodreads ! J'en suis touchée !

Quel honneur ! Je suis ravie pour toi !

Merci d'avoir pris le temps de partager vos retours, Elianor et Roz ! Je vois que nous avons toutes été touchées par ce si beau roman

Merci à toutes pour vos avis !

Si vous voulez prolonger votre lecture par un podcast original : la chanteuse Elisapie revisite ses classiques en langue Inuktituk sur RFI  

Je recommande

Et pour écouter Michel Jean parler de son dernier livre ici

Je n'ai pas tout lu mais vos avis fort positifs m'ont incité à me pencher sur le livre, je devrai pouvoir le lire dans quelques semaines, il est à l'équipement dans ma bibliothèque
Je ne suis plus le challenge Wentworth donc j'étais passée à côté

J'espère que le livre te plaira, Ju !

Je suis contente de lire vos retours positifs sur ce beau roman, avis que je partage totalement !  

Ce roman réussit le tour de force d'être doux et apaisant tout en mettant en lumière les cruautés de la colonisation (sur le peuple Innu et l'écosystème).

serendipity a écrit:

Michel Jean fait partie des auteurs invités du festival du livre de Paris le week-end prochain. Il sera aussi l'invité d'une rencontre (gratuite celle-là) le 12 avril ici  

Il présentera son dernier livre Tiohtiá:ke [Montréal]

Citation :

Elie Mestenapeo, un jeune Innu de la Côte-Nord, au Québec, a tué son père alcoolique et violent dans une crise de rage.
Il a fait 10 ans de prison.
À sa sortie, rejeté par les siens, il prend la direction de Montréal où il rejoint rapidement une nouvelle communauté : celle des Autochtones SDF, invisibles parmi les invisibles.
Il y rencontre les jumelles innuk Mary et Tracy, Jimmy le Nakota qui distribue des repas chauds au square Cabot, au cœur de la ville, mais aussi Mafia Doc, un vieil itinérant plus ou moins médecin qui refuse de quitter sa tente alors que Montréal plonge dans le froid polaire…

Dans ce roman plein d’humanité, Michel Jean nous raconte le quotidien de ces êtres fracassés, fait d’alcool et de rixes, mais aussi de solidarité, de poésie et d'espoir.

serendipity a écrit:

Si vous voulez prolonger votre lecture par un podcast original : la chanteuse Elisapie revisite ses classiques en langue Inuktituk sur RFI  

Je recommande

Et pour écouter Michel Jean parler de son dernier livre ici  

Merci serendipity pour les infos, le partage et la présentation de cet autre roman, qui a l'air tout aussi intéressant !

clinchamps a écrit:

Ah j'aurais bien aimé y aller !! Mais Michel JEAN a "aimé" mon commentaire sur Goodreads ! J'en suis touchée !

La classe clinchamps !

Rosalind a écrit:

Je me contenterai de la citation en exergue, j'aurais aimé la copier en innu car j'imagine que la langue est chantante. Il s'agit d'un poème de Joséphine Bacon, extrait de Tshissinuashitakana / Bâtons à message

Citation :

Je ne me souviens pas toujours d'où je viens
dans mon sommeil, mes rêves me rappellent qui je suis
jamais mes origines ne me quitteront.

Merci beaucoup Rosalind pour la citation !
On trouve des recueils de poèmes innus édités par la maison d'édition Mémoire d'encrier.

Je ne sais pas où mettre cela alors je le poste ici pour attirer un peu plus l'attention : jeudi 23 mai commence sur Arte la série "little bird" sur les enlèvements d'enfants autochtones (des milliers) dans les années 60 (pas au Moyen-Âge) pour "tuer l'Indien dans le cœur de l'enfant". Cette phrase est le titre sur le documentaire sur le même sujet qui suit la série... 3 TTT dans télérama...
Bon, je sais déjà que je ne regarderai pas, je suis trop vieille pour me mettre encore en colère contre la colonisation et ses méfaits, j'ai eu mon compte avec l'Algérie, maintenant la Calédonie, et "Kukum" m'a déjà bien fait râler ! mais vous, les jeunes, allez-y, soyez furieuses et vigilantes !!

Je viens de tomber sur l'article de Télérama et j'ai immédiatement pensé à Kukum ! La série m'intéresse fortement, même si je suis refroidie par une phrase du magazine nous alertant que les larmes couleront -même chez les plus endurcis-

Avant tout, merci à Juliette pour l’ouverture de ce topic et pour cette belle découverte.  
J’ai beaucoup aimé cette lecture que j’ai bue à petites gorgées, aidée par le génial découpage des chapitres, courts mais très riches. Ca me donnait la satisfaction d'avancer et d'arrêter à chaque étape, en sentant que j'avais fait un pas de géant   Celles qui connaissent ma difficulté à lire depuis quelques mois vont comprendre ce que je dis.

Pour revenir au roman, j'ai aimé tous les personnages, bien présents ou en arrière-plan. Ils étaient forts attachants, chacun à sa façon. En dehors d’Almanda et Thomas, Malek était fascinant.

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J’ai aimé cette façon de vivre en harmonie avec la nature et dans un respect absolu de cette dernière.   Certes, ils ne sont pas allés à l’école mais ils avaient tant à apprendre aux pauvres sédentaires que nous sommes.
J’ai trouvé admirable cet instinct de liberté pur et dépourvu de celui de propriété. Ils vivaient partout sans contester à l’autre le droit de fouler et utiliser les mêmes espaces et les mêmes ressources; Tout en restant dans le respect, le partage et la bienveillance les uns envers les autres. Pour contredire Rousseau, personne n'a jamais planté un grillage et dit : cela m'appartient  

Ce qui m’a marqué aussi, c’est la force d’Almanda, sa lutte contre ses faiblesses, qu’elle taisait pour pouvoir avancer et adhérer à cette communauté. Almanda était d’instinct faite pour vivre parmi les Innus. S’ils l’ont acceptée avec une grande bienveillance, elle a aussi sans rechigner, démontré et mérité le droit d’appartenir à leur communauté, en y adhérant sans jamais contester ou critiquer leur mode de vie ou tenter de les changer.

Spoiler:

Le fait que ce roman s'inspire d'une histoire vraie, le rend encore plus émouvant.  

Enfin, j'ai aimé le fait qu'à travers les changements qu'a vécu cette famille, c'est un pan de la grande Histoire que nous avons découvert.

Je vais maintenant lire vos échanges

Merci pour ce si bel avis, Ysa ! Je suis ravie de lire que cette escale t'a plu