Et le féminisme dans tout ça ??

Il a bien fallu que des femmes se déclarent "féministes" et lancent le combat en allant jusqu'à l'extrême pour qu'on se décide à les écouter ou même à seulement les entendre. Le mot fait peur à ceux qui voient une furie armée de ciseaux (ou de sécateurs) image qui a largement été colportée afin de masquer la légitimité des réclamations des femmes. Comme il était facile de traiter de "mal baisées" celles qui osaient élever la voix ! Comment oublier les insultes subies par Mme Simone Weil en pleine Assemblée nationale ? Il y a bien longtemps que les excès du début du mouvement sont passés, la lutte continue pourtant, et on continue à dire : le mot "féminisme" fait peur. À qui fait-il peur ? Et quel mot devons-nous inventer qui dirait la même chose sans "faire peur "? égalitaro-sexisme ?

Citation :

raison pour laquelle je me permets de te contredire sans arrêt

moi aussi, et ayant fait lire à mon "Darcy", il a bien ri
Analysant la situation, nous avions déduit que d'après tes petites touches genre jeu de piste, ce que tu vis dans ta profession ..... tu étais une décideuse

Dans la fonction publique, pour accéder aux postes à responsabilités, il faut passer des concours, et là règne l'égalité parfaite. Documentaliste, hommes ou femmes, nous faisons le même travail, donc même salaire. Dans "la silicon valley" du Graisivaudan, les industries sont modernes et égalitaires (je connais assez bien, ) Certains hommes sont plutôt méfiants, vis à vis de la gent féminine, mais si il s'avère qu'elles sont professionnelles, ils les estiment.

J'ai commencé dans un bain familial, ou les femmes, avaient tenues à ce que leurs filles face des études, et deviennent institutrices, puis professeurs, et ingénieurs et médecins. Elles se disaient de "conviction" et égalitaires. J'ai dû lire Simone de Beauvoir et Françoise Sagan, sans oublier que nous avions aussi des qualités et de dons artistiques à cultiver, elles étaient modernes et vieilles France, libres et fières, mais pas exclusives, elles se comparaient à des femmes de marins (pourquoi pas). Je ne suis pas exclusive, mais, côté éducation familiale, comme dit mon mari, il faut compter avec les filles, ce sont des rebelles, et le mot féministe, me paraît exclure les hommes. C'est pourquoi je préfère femme de conviction, qui face à un homme ne l'exclue pas

clinchamps a écrit:

et on continue à dire : le mot "féminisme" fait peur. À qui fait-il peur ? Et quel mot devons-nous inventer qui dirait la même chose sans "faire peur "? égalitaro-sexisme ?

Il fait peur aux gens qui ne se sont pas assez renseignés et qui préfèrent, par paresse intellectuelle, les stéréotypes. Je ne pense pas qu'il faille changer de mot. L'idéal serait de montrer au quotidien ce que le féminisme a apporté et quelles incarnations modernes il revêt. Montrer aussi que les caricatures que peuvent être des mouvements comme les chiennes de garde (et leur incarnation médiatique Isabelle Alonzo) ne sont pas représentatives du féminisme !

J'aime beaucoup la remarque de Clinchamps sur les femmes "mal baisées": ça m'a toujours fait sourire que des hommes puissent dire ça à des femmes comme une insulte alors que si elles le sont ce n'est jamais que par des hommes...

Sinon ce débat est vraiment très intéressant et je trouve étrange cette peur du mot féministe/sme, un peu comme si encore une fois il ne fallait pas se faire remarquer. Que crier et dire que ça ne va pas ce n'est pas le rôle des femmes. Heureusement qu'il y a eu des féministes un peu extrêmistes, elles ont permi au balancier de se réequilibrer un peu, et ces mouvements ce sont d'ailleurs éteints bien souvent d'eux même. Encore un fois le féminisme n'est pas une lutte pour prendre le pouvoir sur les hommes mais pour une égalité. Ce qui n'est pas pareil que certaines théories que l'on entend parfois à la télé sur le retour du machisme et le fait de rendre à l'homme son "vrai" rôle. Et Bexounet, je suis à 100% d'accord, l'égalité ça veut dire la garde des enfants au père aussi, et non systématiquement à la mère.
Mais certaines femmes ont encore du progrès à faire, une anecdote vieille de quelques années: mon père nous a élevé seul après le décès de ma mère, et certains soirs il avait le temps d'aller chercher mes petites soeurs à la maternelle. Un soir il a été convoqué par la directrice (qu'il avait eu comme instit) qui lui a dit voilà je vous préviens que certaines mères de famille se sont plaintes qu'un homme vienne chercher ses filles et se demandent ce que fait votre femme. Il était abasourdi, c'était en 1985/1986, hier quoi.

Citation :

Un soir il a été convoqué par la directrice (qu'il avait eu comme instit) qui lui a dit voilà je vous préviens que certaines mères de famille se sont plaintes qu'un homme vienne chercher ses filles et se demandent ce que fait votre femme. Il était abasourdi, c'était en 1985/1986, hier quoi.

Nougatine je suis désolée, mais toutes ces femmes ont-elles eut le courage de s'excuser ? c'est une honte. Ou est le respect de leur part ?

Je ne me souviens pas qu'il y ait eu excuses, et vu qu'elles n'avaient rien dit en face...
Mais tout ça pour dire que j'entends encore trop souvent ce genre de clichés dans la jeune génération: le féminisme c'est n'importe quoi, c'est prendre la place des hommes... Mes élèves qui sont plutôt de milieux défavorisés voire très défavorisés n'ont que ce schéma en tête: jouer à la bobonne avec leur copain, la plupart sont déjà fiancées à 17 ans et ne veulent surtout aucun métier à responsabilités. Ca me rend folle d'entendre ça !

Nougatine, ça me rend folle aussi

Je n'ai pas participé à la conversation mais je suis ce topic avec intérêt

Dans ma famille les rôles "traditionnels" sont inversés puisque c'est ma mère qui travaille et mon père qui reste à la maison. Je ne vous explique pas les commérages dans le quartier quand j'étais petite, comme si nous étions des bêtes curieuses. Heureusement on n'en est jamais arrivé à la situation qu'a vécu ton père Nougatine

Fée clochette a écrit:

Analysant la situation, nous avions déduit que d'après tes petites touches genre jeu de piste, ce que tu vis dans ta profession ..... tu étais une décideuse

En partie seulement. Ayant travaillé pratiquement uniquement à temps partiel et ayant arrêté 6 ans pour m'occuper de mes enfants, je n'ai pas atteints le tout dernier échelon. Je me considère plutôt maintenant comme une sorte d'éminence grise. Je me sens tout de même souvent écoutée, ce qui n'est déjà pas si mal. Si tu veux en savoir plus sur mon job, je crois avoir donné pas mal de détails dans le topic Quelles études avez-vous faites?

Citation :

J'ai dû lire Simone de Beauvoir et Françoise Sagan, sans oublier que nous avions aussi des qualités et de dons artistiques à cultiver, elles étaient modernes et vieilles France, libres et fières, mais pas exclusives, elles se comparaient à des femmes de marins (pourquoi pas). Je ne suis pas exclusive, mais, côté éducation familiale, comme dit mon mari, il faut compter avec les filles, ce sont des rebelles, et le mot féministe, me paraît exclure les hommes. C'est pourquoi je préfère femme de conviction, qui face à un homme ne l'exclue pas

Je ne vois personnellement aucune exclusion dans le mot "féminisme", simplement une spécificité, c'est peut-être finalement cette toute petite nuance qui explique nos avis divergents sur l'appellation. Est-ce bien Simone de Beauvoir que tu qualifies de "vieille France"? Il me semble pourtant qu'elle n'aurait pas renié la qualification de "féministe", mais je peux me tromper. Le deuxième sexe est la bible de nombreuses féministes pures et dures. Simone de Beauvoir y a âprement combattu les traditions et institutions qui opprimaient selon elle les femmes, dont le mariage.

Nougatine et Chinchilla, vos exemples démontrent que les changements de mentalité ne sont pas encore entrés dans les moeurs, même si bien sûr on peut noter des progrès. Je suis cependant optimiste pour l'avenir : les femmes ont déjà franchi un énorme pas, celui de l'accès égal à l'éducation. Les progrès pour tout le reste sont lents, mais bien concrets.

Citation :

elles étaient modernes et vieilles France,

les femmes qui nous élevaient

Ah! je comprends mieux maintenant, merci pour la précision.

Donc pour revenir à Simone de Beauvoir, elle a tout de même vécu avec Sartre et fréquentait des cercles littéraires majoritairement masculins. Est-ce que tu considères que son message est un message d'exclusion des hommes?

J'apprends sur ce topic des choses que je n'aurais jamais imaginées, comme le fait que des mères de familles se plaignent qu'un veuf vienne chercher ses enfants à l'école. C'est abominable.

Merci Bexounet d'avoir répondu au sujet de la galanterie. Je comprends ton point de vue et je le partage. A notre époque, la politesse suffit largement. C'était juste la phrase qui m'avait fait tiquer.

Je suis d'accord au niveau de la garde des enfants. J'ai entendu une fois à la radio l'histoire d'un père qui après un divorce n'avait pu avoir la garde de son/ses enfant(s) et s'était pendu par désespoir, après une grève de la faim. Ça m'avait vraiment rendue triste.

Finalement, le féminisme touche aussi beaucoup les hommes...

Lise Bennet a écrit:

Finalement, le féminisme touche aussi beaucoup les hommes...

La sagesse de notre Lise Bennet est infinie.

Simone : Inventez votre vie de femme, n'imitez personne, affranchissez-vous, ne soyez pas des esclaves, réfléchissez.

Sagan dit la même chose autrement, mais, auraient-elles employées le mot féministe ? Après tout certainement puisqu'elle est à l'origine du mouvement Choisir et que Gisèle Halimi et Elisabeth Badinter l'épaulaient.
Le message de Simone n'est surtout pas un message d'exclusion, mais celui d'une femme qui veut sa part de liberté, elle veut le partage, donc l'égalité, et je pense qu'elle a réussit. Comme Simone Weill a réussit... mais je ne vais pas faire une liste d'épicerie !

Après elles, les femmes diplômées sont apparues en très grand nombre ... Mais la libération ne se fait pas en un jour, le début du 20e est encore un monde d'hommes et Beauvoir naturellement les fréquente, s'impose, et Sartre élevé par des femmes n'a pas cet à priori qu'on la majorité des hommes de l'époque envers une femme intelligente.

Marie Curie aussi était seule aux milieux d'hommes scientifiques, et elle a aussi encouragée les femmes dans la voie scientifique avec sa fille Irène. Pour une même famille deux femmes et trois prix Nobel.

Je pense que (homme ou femme) lorsque l'on a la volonté de satisfaire une passion, comme celle d'écrire, chercher, construire ou créer, on ne pense pas que l'on est d'un sexe ou d'un autre, on accomplit.



Donc je suis pour l'égalité (liberté, égalité, fraternité )

J'ai tardé à intervenir sur ce topic, parce que j'ai du mal avec la définition de "féministe". Comme Damien, j'ai de l'admiration pour ces femmes qui se sont battues pour obtenir des droits qu'on considère comme acquis aujourd'hui. Je suis également d'accord avec Bexounet en ce qui concerne la galanterie et l'égalité homme-femme (sauf le service militaire, car je le considère complètement inutile pour un pays comme la Suisse ). Est-ce que ça fait de moi un féministe ? Je n'en sais rien

Fée clochette a écrit:

Le message de Simone n'est surtout pas un message d'exclusion, mais celui d'une femme qui veut sa part de liberté, elle veut le partage, donc l'égalité, et je pense qu'elle a réussit.

N'est-ce pas le combat des féministes ? Celles qui prônent l'exclusion des hommes sont minoritaires à mon avis. Les mouvements féministes prônent plutôt le genre de message que tu viens de donner !

Citation :

Je pense que (homme ou femme) lorsque l'on a la volonté de satisfaire une passion, comme celle d'écrire, chercher, construire ou créer, on ne pense pas que l'on est d'un sexe ou d'un autre, on accomplit.

C'est très beau comme message mais malheureusement ce n'est pas tout à fait vrai à mon avis. Depuis un moment je pense faire un topic sur les femmes écrivains françaises. Un jour j'ai lu un message d'un nouveau membre qui disait qu'on n'avait que George Sand et Collette comme femme écrivain ! Et bien non ! On ne connait pas les autres parce que justement l'histoire littéraire et l'enseignement universitaire oublient souvent les femmes. Elles écrivent pourtant. Notre littérature regorge de femmes qui ont écrit avec passion mais malheureusement on ne parle plus d'elles. Bien souvent ce n'est pas parce qu'elles manquent de talent.

Les femmes artistes ont dû se réfléchir en femme. La société les a forcé à le faire. Aujourd'hui moins, mais il ne faut pas oublier le passé. Une femme qui voulait écrire, peintre ou créer devait s'imposer dans des domaines dominés par les hommes. Et même s'il elles arrivaient à s'imposer, elles ne peuvent pas lutter contre l'histoire qui met en avant des noms, et en laisse d'autre dans l'ombre.

Sait-on aujourd'hui qu'il y avait des femmes parmi les impressionnistes ? Certaines d'entre elles ont même participé à toutes les expositions. L'une d'elle a abandonné son art parce que son mari était jaloux. Une autre ne s'est jamais mariée pour être libre de créer comme elle le voulait. Le fait d'être femme l'a donc poussé à faire un choix qu'un homme n'avait pas à faire.

Aujourd'hui c'est grâce au féminisme que dans des universités américaines des femmes écrivains sont enfin étudiées et reconnues ! Des Françaises (totalement ignorées en France) font l'objet de recherches.

S'intéresser aux femmes artistes, c'est s'intéresser aux combats qu'elles ont mené dans des sociétés qui ne permettaient pas aux femmes d'être aussi libres que les hommes. La passion ne suffit pas à mon avis.

Fée Clochette, tu admettras tout de même qu'il est difficile de comprendre ton admiration pour Simone de Beauvoir et ton rejet de l'idée de féminisme, non?

Damien, copain de moi.

Citation :

La passion ne suffit pas à mon avis.

C'est la passion qui nous mène à vouloir s'imposer. Sans la passion, la vie est tellement plate, ordinaire.

Citation :

ton rejet de l'idée de féminisme

je ne rejette pas, curieusement je n'y songe jamais. Mais je participe à des actions dans une association qui font que je m'implique dans certain combats (aide aux femmes battues, mais il y a aussi des hommes battus). Je le fais parce que la cause est juste et que la violence me révolte (Tiens, je fais partie d'un assos féministe il n'y a que des femmes ) alors là, je suis vraiment ébahie de le reconnaître

Je n'adhère pas à tout ce qu'a dit ou fait Simone de Beauvoir, je fais mon marché chez elle et chez d'autres encore et parfois, elle m'agace un peu, mais pas grave tout ça

Mais celle que nous admirons le plus dans la famille, c'est Marie Curie, à -tel point qu'hier j'ai acheté un nouveau rosier, une splendeur, à la fragrance irrésistible, je le sentais à 6 mètres dans la jardinerie. Je n'ai pas pu résister à son nom : Marie Curie de chez Meilland. Il est là, chez moi, et toute la famille (ils sont tous fous) s'est pâmée, "ah, en plus il porte le nom d'une femme exceptionnelle" complètement fous

cat47 a écrit:

Fée Clochette, tu admettras tout de même qu'il est difficile de comprendre ton admiration pour Simone de Beauvoir et ton rejet de l'idée de féminisme, non?

Je pense que Fée Clochette est un peu comme Monsieur Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir, elle est féministe sans le savoir

Fée Clochette est un peu cloche

Fée clochette a écrit:

Citation :

La passion ne suffit pas à mon avis.

C'est la passion qui nous mène à vouloir s'imposer. Sans la passion, la vie est tellement plate, ordinaire.

Lorsque Damien dit que la passion ne suffit pas, il n'affirme pas non plus qu'il faut vivre sans passion.

Les féministes, les modérées comme les pures et dures, sont d'ailleurs des passionnées. Et nous les sommes aussi, nous qui participons avec cette dsicussion avec tant d'enthousiasme.



Serendipity, ta constatation n'est pas dénuée de bon sens.

On devrait pouvoir en tirer un rang spécial pour notre Fée Clochette dans quelques centaines de messages. Fée Clochette, A Ghost Feminist.

bye

cat47 a écrit:

Fée Clochette, A Ghost Feminist.

j'adore

Fée Clochette, sans rancune j'ai succombé au plaisir de faire un bon mot

Je ne suis rancunière qu'avec Wendy

Citation :

Je pense que (homme ou femme) lorsque l'on a la volonté de satisfaire une passion, comme celle d'écrire, chercher, construire ou créer, on ne pense pas que l'on est d'un sexe ou d'un autre, on accomplit.

Je trouve ça vrai. Une personne passionnée accomplit quelque soit son sexe et ce depuis longtemps. Ce qui est plus dur pour une femme, c'est de parvenir à se faire (re)connaître, sur ce point là je rejoins Damien Tilney. C'est pour pouvoir être connues que George Sand et les Soeurs Brontë avaient adopté des pseudonymes masculins.