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| | Jeu littéraire pour chasser les idées noires : les textes ! | |
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Fauvette Bluebird on a White Cliff
Nombre de messages : 5730 Age : 36 Localisation : Paris Date d'inscription : 29/04/2009
| Sujet: Jeu littéraire pour chasser les idées noires : les textes ! Mar 21 Avr 2020 - 10:29 | |
| Vous trouverez ici le récapitulatif des textes produits par la communauté lambtonienne au cours du "Jeu littéraire pour chasser les idées noires" organisé par Cassandre durant le Grand Confinement 2020 Les résultats sont classés par ordre chronologique et précédés de la liste de mots qui leur servait d'inspiration. Le texte vainqueur est coloré en bleu. Merci de m'envoyer un mp si vous souhaitez que je supprime un ou plusieurs de vos textes, quelle qu'en soit la raison Et un grand merci à clinchamps qui a commencé la fastidieuse tâche de récapituler tout ça et à Rosalind qui a pris le relais cet été ! 23 mars 2020 - Cassandre a écrit:
- virus, peur, train, lune, route, fleur, amitié,confiance
- Spoiler:
- ludi a écrit:
- Virus est un chat. Un félin dont les ancêtres ont un glorieux passé de chasse. Mais lui avait trop peur pour pointer son nez dehors. Alors il passait son temps à la fenêtre, à regarder les trains passer. Mais depuis quelques jours, il est intrigué. Il a senti une drôle d'odeur. Çà vient d'à côté. Il passe le museau sur le balcon. Oui, c'est çà, un autre chat. Un tout petit en plus. La curiosité est trop forte. Virus prend son courage à deux mains et prend la route la plus courte pour rejoindre ce nouveau voisin. Il se frotte au passage au pot de fleur de sa maîtresse pour marquer son territoire. Maintenant, Virus est en confiance, l'autre est trop petit pour l'embêter. L'autre qui le surveille alors qu'il s'approche. C'est une fille. Elle s'appelle Lune. Elle aussi s'ennuie un peu, alors elle espère que Virus vient en toute amitié pour qu'ils puissent s'amuser ensemble quand leurs humains ne sont pas là.
- clinchamps a écrit:
- Un méchant virus genre rhume m’embrumait le cerveau. Cependant il avait fallu prendre la route, par amitié pour une lointaine cousine, et malgré l’heure tardive, nous voilà partis. Un clair de lune brillant éclairait la campagne, je somnolais à l’arrière. La voiture, s’arrête, j’entrouvre les yeux et un monstre hurlant, ferraillant aux écailles de lumière surgit et traverse l’espace sous le nez de la voiture… je crie, ma mère me serre sur la fleur de soie qui orne son corsage. « Ce n’est rien, c’est le train, tu me fais confiance ? N’aie pas peur, nous serons bientôt chez nos amis ».
24 mars 2020 - ludi a écrit:
- Moulin, Voiture, Clé, Caillou, Arbre, Vache, Soleil, Bravo
- Spoiler:
- clinchamps a écrit:
- Jojo est sorti comme une bombe de la bijouterie, et j’ai démarré la voiture. Le moulin tournait comme une horloge. Jojo est monté et nous voilà partis.
- Tu as les cailloux ? - Oui ! la vache ! le mec a résisté, j’ai dû lui faire une clé au bras ! On a entendu les sirènes qui arrivaient ! - Accélère que m’a dit Jojo ! Tourne ! et paf ! L’arbre était là ! -Ah ... Bravo, adit Jojo avant de tourner de l'œil Sur la route, les diamants étincelaient au soleil… - Fée clochette a écrit:
- Arrivée au pied de la colline, je garais la voiture et montais le raidillon qui menait au moulin des ayes en ruine vers la cascade de Craponoz. Sa roue à aube gémissait un peu mais ne tournait plus malgré la force de l'eau. Je m'installais sous l'arbre bicentenaire qui diffusait une ombre agréable en ce jour de canicule pour lire. Il avait dû en voir des meuniers tout au long des siècles !
Ai-je vraiment lu ? Je n'en suis plus si sure, j'étais plutôt en mode "le sous-préfet aux champs", au moment où je pensais à retourner vers ma voiture, un jappement bref et un appel tintèrent dans l'air et cognèrent contre la falaise. Joyeuse, je fis un signe à Riri le vieux berger qui à l'aide de Signor son vieux chien, rassemblaient son troupeau tout en touchant de sa baguette de noisetier les vaches récalcitrantes qui voulaient encore gambader dans le pré. Comme toujours, La Marguerite était la plus rétive et agitait sa cloche de dépit, Signor d'un léger grognement la força à prendre le chemin. Bravo Signor, pensais-je ! Je descendis la pente vers ma voiture, mais j'avais perdu ma clé. Je remontais le chemin caillouteux et raide. Heureusement, la clé m'attendait, brillante dans un éclat de soleil sous l'ombre variable de mon vénérable chêne. Quand on n'a pas de tête..... il faut avoir des jambes - Cassandre a écrit:
- En allant au moulin, Joseph fut attaqué par des garnements qui lui jetèrent des cailloux. Une fois que ses vaches furent calmées, le petit garçon s'installa sous un arbre pour prendre son déjeuner, une tranche de pain et un oignon. Le soleil était au firmament, il grimpa dans l'arbre et vit la voiture du maire, Monsieur Bravo aller chez le serrurier, il devait avoir besoin d'une clé. Ensuite il redescendit et comme il faisait très chaud, le petit garçon s'endormit à l’ombre.
- Rosalind a écrit:
- Etrange ... une voiture garée devant le moulin abandonné.
Je traverse le pré où mes vaches broutent au soleil printanier, et m'approche en prenant garde aux cailloux qui roulent sous mes pas. C'est que je ne suis plus si alerte qu'autrefois ! Je vois une camionnette, portières ouvertes, la clé sur le contact, à l'ombre du micocoulier. Comme j'aime cet arbre sous lequel nous jouions enfants, il y a bien longtemps ... Un jeune couple vient à ma rencontre, ils vont restaurer le moulin et s'y installer. Bravo, le village va enfin revivre ! 25 mars 2020 - clinchamps a écrit:
- Tapis, dragée, trottoir, gants, orange, papier, casserole, nuage, rivière
- Spoiler:
- Cassandre a écrit:
- Par un ciel dans nuage, Christina foula le tapis, posé sur le trottoir avec une robe magnifique, de longs gants blancs et une rivière de diamants. Elle pensait à la soirée à venir, avec distribution de dragées, des décorations en papier et à son départ en lune de miel, dans sa voiture orange, avec des casseroles accrochées au pare choc arrière.
- Fée Clochette a écrit:
- Cette nuit là, les enfants enveloppés de draps blancs courraient partout dans la ville, tous munis de casseroles qu'il battaient avec des cuillères, quel tintamarre ! Pour le dernier soir de l'année, les voisins, la famille, les amis, s'étaient rassemblés sur l'herbe de la berge de la rivière, ils avaient allumés des feux et sautaient par-dessus en criant "je te donne mes maladies, je prends ta vigueur, ta couleur rouge, ô feu". Tous mangeaient des gâteaux qu'ils partageaient. Les enfants tapaient toujours, encore, et encore, il fallait bien chasser le malheur de l'année passée.
Ils fêtaient le printemps, Norouz. Tous célébraient la nouvelle année, joyeux et parés de leurs habits neufs. La veille, les trottoirs de la ville ou les prés de la campagne avaient été recouverts par les tapis bariolés pour les laver, les brosser, et ils sécheraient plusieurs jours au soleil avant de regagner leur place dans la maison. De temps en temps, un voisin arrivait avec un panier de cornets de papier orange remplis d'amandes entourées de sucre blanc qu'en France nous appelons dragées. Des mères, se faisaient une joie, ce jour là de faire goûter à tous leurs baklavas à la pistache, croustillants et croquants, alors, pour ne pas refuser, et d'ailleurs je n'en avais pas envie, j'ôtais mes gants pour me servir. Je mangeais la pâtisserie arrosée de miel parfumé, en remerciant la vie qui m'était donnée. Epuisée, entraînée par mes amis, frissonnante de fatigue, nous courions dans le petit matin blafard pour sacrifier au rituel de l'eau comme le veut la tradition, même si le ciel était toujours obscurci par les nuages. Riant, nous sautâmes tous dans l'eau froide de la rivière. Puis chacun rentra chez soi pour manger le premier repas en lisant le le Shâh Nâmâ. Au loin, le Hadji Firuz jouait encore de la trompette et je m'endormis heureuse. Quelle nuit ! Je m'en souviens encore. - Ysabelle a écrit:
- Ayham traversa la rue pour se diriger vers le trottoir en face. Les marchands étaient là depuis l'aube à préparer leurs étalages. Là, posés à même le sol, étaient exposés les plus beaux tapis persans qu'elle ait jamais vu. Elle ôta son gant pour mieux apprécier la matière. Elle demanda au marchand de lui mettre un de côté après en avoir bien négocié le prix. C'était une bonne affaire. Les couleurs, un mélange de vert, ocre et orange devraient faire un bel effet dans son lumineux salon. Ayham aimait beaucoup les marchés. Elle compte passer une bonne partie de la matinée à flâner. Elle ne doit pas oublier d'acheter de nouvelles casseroles. Les siennes étaient encore belles, mais cela fait des années qu'elle les a. Elle avait envie de changement. Depuis qu'elle a emménagé dans sa nouvelle maison, elle était comme sur un nuage. Elle ne rêvait pas d'une meilleure situation. La maison était belle et lumineuse, située dans une zone calme, juste au bord de la rivière qui séparait les deux principaux quartiers de la ville. L'ensemble était pratiquement neuf. Elle avait tout de même préféré changer le Papier peint qui lui semblait un peu désuet. Ayham continua ses emplettes. Elle se dit qu'elle avait pratiquement tout. Ses courses finies, elle appela l'homme à tout faire pour venir les chercher. Elle va renter chez elle à pied. Elle avait encore le temps. Elle va profiter encore un moment de cette belle journée printanière, les mains dans les poches. Une dragée était nichée au fond de l'une d'elles. Elle la mit dans sa bouche et telle une madeleine de Proust, elle fondit sous sa langue, ramenant les souvenirs de son enfance, lorsqu'elle accompagnait sa grand mère au marché.
- ludi a écrit:
- Chloé avait été obligée de s'arrêter au bord de la rivière. Sa voiture faisait un bruit de casserole. Alors qu'elle ouvre le capot, un nuage de vapeur s'échappe. Elle décide d'attendre un peu avant de voir ce qui ce passe. La boite orange de son coffre renferme tous les outils dont elle va avoir besoin. Mais avant d'enfiler ses gants de mécanicien, elle décide de s'allonger sur le tapis d'herbe. Elle a le temps. Après tout, le papier qu'elle doit rendre sur la propreté des trottoirs peut bien attendre un peu. Alors elle croque une dragée du mariage de sa meilleure amie en contemplant le ciel.
- Rosalind a écrit:
- J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans...
J'abandonne dans l'évier la casserole et mes gants de plastique orange Et je repense aux moments de joie Le mariage, le mois dernier, cela paraît si loin J'attrape maladroitement le sachet de dragées qui s'éparpillent sur le tapis. Les larmes coulent sur mon visage et je m'essuie les yeux dans un mouchoir en papier Confinée dans cet appartement obscur, d'où par la fenêtre j'aperçois le trottoir désert Avec le caniveau comme unique rivière Un nuage noir de désespoir me submerge. 26/27 mars 2020 - ludi a écrit:
- Bijou, Cavalier, Méchant, Famille, Librairie, Éventail, Dispute, Banc
- Spoiler:
- clinchamps a écrit:
- Le shogun Toyotomi Hideyoshi glissa son éventail de parade dans sa ceinture, et enfouit dans sa manche le bijou qu’il destinait à sa concubine en récompense de ses bons services. Un cavalier était arrivé, et, quittant la librairie pour la salle de réception, il s’installa sur le banc cérémoniel dans l’attente du message. Celui-ci émanait de la famille Mori, qui faisait encore des siennes, entretenant les disputes des vassaux à des fins de domination. « Ce seigneur est plus bête que méchant », glissa-t-il dans l’oreille du seigneur Tokugawa, qui se permit un sourire en coin.
- Ysabelle a écrit:
- Quand je suis entrée à la libraire, une dame était en pleine discussion avec un Monsieur. Elle lui racontait qu'il s'agissait d'un méchant cavalier qui avait arraché son éventail et ses bijoux à une femme tranquillement assise sur un banc dans le jardin. La famille est intervenue, s'en est suivi une grande dispute qui a attiré une foule des voisinages. J’aurais aimé connaitre le début de l'histoire, mais hélas, je n'ai pas osé demander.
- Rosalind a écrit:
- L'homme assis sur un banc se remémore cette méchante dispute hier soir en famille.
Tout cela parce qu'il lui avait pris son cavalier aux échecs ... Il pense à un cadeau de réconciliation. Un éventail ? pas facile à trouver. Un bijou ? il n'en a pas les moyens. Il lève les yeux et voit qu'il est devant une librairie. Il a trouvé, il va lui offrir ce roman dont elle rêvait. 27 mars 2020 - Rosalind a écrit:
- fusée, danse, poisson, timbre, secret, épingle, cri, chocolat
- Spoiler:
- ludi a écrit:
- Adia retira l'épingle qui retenait ses cheveux et pris un carré de chocolat, prête à affronter ce qui l'attendait. Sa planète, Lusinia était en danger et elle seule connaissait le secret du rituel pour la sauver. Une partie de la population lui faisait confiance, mais quelques uns avait pris des fusées pour fuir. Elle commença sa danse. Ses pieds dans l'eau accomplissaient des mouvements complexes qui faisaient fuir les poissons. Adia se mit à chanter, avec son timbre de voix si particulier. Alors que la lumière revenait, des cris de joie s’élevèrent dans la foule.
- clinchamps a écrit:
- Un bal musette s’était improvisé, le timbre nasillard d’un accordéon de quartier soutenait la danse endiablée de quelques couples.
La première fusée du feu d’artifice s’éleva dans le ciel nocturne, immobilisant tout le monde, à chaque explosion les cris s’élevaient parmi les spectateurs.- « ne vous bousculez pas ! » « tu as marché sur ma jupe ! Qui a une épingle ? » Le bouquet final illumina le ciel éclairant jusqu’aux recoins secrets de la prairie d’où s’enfuit un couple. « C’est fini ! si on allait manger une soupe de poissons ? » « Ah ! Non ! Je préfère un chocolat chaud ! » Quelques instants plus tard le pré déserté était rendu à la paix nocturne. 28 mars 2020 - clinchamps a écrit:
- Patinoire, guirlande, crampon, pain, gilet, romarin, jus, orage
- Spoiler:
- ludi a écrit:
- Jeanne enfilait son gilet. L'orage avait fait baisser la température. Elle espérait que la pluie ne transforme pas la route en patinoire. Les autres devaient arriver pour le déjeuner. Elle retourna dans la cuisine pour aider sa grand-mère. Nanouche l'avait gentiment accueillit quand elle avait quitté son crampon de petit-ami. Une bonne odeur de pain frais l'accueillit dans la cuisine. Elle ouvrit le four pour arroser le gigot avec le jus parfumé au romarin. Elle n'avait plus qu'à accrocher quelques guirlandes lumineuses avant qu'ils arrivent et tout serait prêt.
- Rosalind a écrit:
- Elle jette ses chaussures à crampons à l'arrière de la voiture, vite faire les courses avant l'orage qui menace.
Où a-t-elle mis sa liste ? elle fouille dans sa poche de jogging. Ah la voilà. Pain, jus vitaminé, tisane au romarin, guirlande électrique ... Hein ? Flûte c'est une vieille liste qui date d'avant Noël, le jour où les gilets jaunes avaient bloqué le rond-point avant la patinoire ! 29 mars 2020 - ludi a écrit:
- Montre, Monde, Point, Vélo, Pomme, Gravité, Monocle, Clarinette
- Spoiler:
- clinchamps a écrit:
- Au point du jour, Thomas enfourcha son vélo pour une balade hygiénique.Les écouteurs lui envoyaient dans les oreilles le concerto pour clarinette de Mozart. Après avoir pédalé une heure, il s’assit près d’une fontaine, croqua la pomme qu’il avait dans sa poche et sortit son téléphone pour lire la dernière édition du Monde. La gravité de la situation mondiale lui donnant des envies de distractions, il jeta un coup d’œil aux programmes télé. Tiens, la 6 rediffusait un vieux film en noir et blanc : « le monocle vous salue bien ! » « Il faut que je montre ça à Julie » se dit-il et il repartit dans le petit matin d’été.
- Ysabelle a écrit:
- Raphaël regarda sa montre, puis rassuré, enfourcha son vélo et se dirigea vers la sortie. Il a encore le temps. Il devrait être là à point nommé pour chercher son frère aîné. Il ne doit pas oublier d'aller chercher le monocle commandé chez l'antiquaire, pour compléter sa collection. Il était très satisfait de cette dernière acquisition.
Cela fait deux ans qu'il gère les affaires familiale, depuis le décès de son père. Il aurait bien aimé suivre son rêve et laisser son frère Pierre s'en occuper. Il sourit à l'idée de ce dernier, physicien chercheur, s'occupant des affaires familiales, lui qui n'était même pas capable de se faire un café. En revanche, à l'instar de Newton, il était capable de se poser des questions sur la gravité et se demander pourquoi les pommes tombent lamentablement par terre, au lieu d'aller vers le haut ? Pierre était plus soucieux des affaires de l'humanité que de s'occuper de son petit Monde. Comme pour soutenir ses pensées, le son d'une Clarinette retentit au loin - Fée Clochette a écrit:
- Charles Antoine de Sayes scruta attentivement sa montre chronomètre. Il laissa choir son monocle de surprise : le temps de course de sa jeune pouliche Clarinette des Talweg, dépassait ses espérances...
Son jockey, guida la précieuse demoiselle vers un endroit plus calme, un large sourire éclairait son visage. Demain, le monde serait à leurs pieds, ils tenaient leur championne ! Avec gravité, Charles Antoine s'avança vers sa pouliche, lui tendit une pomme qu'elle prit avec délicatesse entre ses lèvres veloutées. Vers la barrière, un homme, monta sur son vélo et s'éloigna en souriant, il allait faire le point avec ses copains, car Clarinette des Talweg sur laquelle ils avaient pariés, leur avait fait gagner un vrai pactole. - Rosalind a écrit:
- Son habit noir, son chapeau haut-de-forme, sa montre à gousset et son monocle lui confèrent un air de gravité.
Juché sur un vélo à une roue, il joue un air de clarinette en faisant le tour de la piste. Puis il commence à jongler avec des pommes, deux, puis trois, puis quatre. Il est le point de mire, tout le monde l'applaudit. 30 mars 2020 - Fée Clochette a écrit:
- Odin, exsurgence, halo, hubris, ruse, flèche, engoulevent, gouleyant
- Spoiler:
- clinchamps a écrit:
- - C’est toi, Odin ?
- Oui, dit-il en maudissant intérieurement une fois de plus sa marraine pour l’avoir affublé de ce nom ridicule. Tu veux quelque chose ? - Non, j’appelais juste comme ça, tu sais… - N’essaie pas la ruse, je te connais tu veux quoi ? - Tu fais les mots croisés de Télérama, en ce moment ? - Comme tous les mardis, pourquoi ? - En 6 vertical, en 10 lettres, « l’origine" je ne vois pas - Exsurgence, c’est la source, l’origine… - Et en 4 horizontal « un paon grec » en 6 lettres ? - Hubris, c’est quand on est orgueilleux… Dis, tu pourrais te décarcasser un peu, non ? Tu n’es vraiment pas une flèche, dis-donc ! Je raccroche, et j’allume la radio. Beyoncé donne toute sa voix, je reconnais « halo » son dernier tube. Pas mon truc. Je sors dans le jardin, un verre de cidre nouveau à la main. Mmmm il est bien gouleyant ! Je m’appuie à la barrière, le soir tombe, un engoulevent pousse son cri lugubre dans le bois voisin… - ludi a écrit:
- Drôle d'endroit pour une cave à vin. Je suivais le halo de la lampe de poche du propriétaire des lieu... Une grotte, dont l'entrée est marqué par les armoiries portant un engoulevent. Nous avançons lentement, j'espère que le jeu en vaut la chandelle. Quelle humidité ! Sur ma droite, une exsurgence jaillit. Mais enfin, après un dernier embranchement, le trésor apparait. Des bouteilles de vins à perte de vue. Et sur une étagère, comme promis, les crus aux noms insolites : La ruse d'Odin, La flèche au cœur, l'hubris des hommes,... Maintenant, c'est parti pour la dégustation de crus gouleyants.
- Rosalind a écrit:
- Sacré défi Fée clochette ! il va falloir employer la ruse et faire flèche de tout bois.
La nuit portant conseil, je vais me coucher. Mais que se passe-t-il ? les livres de ma bibliothèque sont pris de folie, ils voltigent en une sarabande endiablée. J'en saisis deux au hasard et je lis les titres. "La ballade et l'exsurgence", "Hubris et préjugés" ... Je me réveille en sursaut, le front brûlant et les tempes douloureuses. Ce petit vin si gouleyant a dû me monter à la tête. J'ouvre la fenêtre pour me rafraîchir, la lune est cernée d'un halo diffus, et j'entends le chant étrange de l'engoulevent. Quel cauchemar, par Odin ! ou par Toutatis, restons français ! - Cassandre a écrit:
- Akila courait dans le froid glacial. Son pauvre châle élimé ne la protégeait pas et elle tremblait d'épouvante et de froid. Elle se cacha dans une exsurgence mais la pleine lune faisait un halo qui la rendait visible, alors elle repartit dans sa course folle.
Le seigneur qui se disait inspiré par Odin mais était empreint d'hubris et surtout enivré par les verres de vin gouleyant, lança son cheval à sa poursuite. Akila jeta des pierres sur des oiseaux. Les trilles des engoulevents firent ralentir sa monture au chasseur. Mais cette ruse ne la sauva pas et atteinte d'une flèche, elle rendit son dernier souffle en se disant que son sang était bien chaud et lui permettait de mourir d'une douce façon. 31 mars 2020 - Rosalind a écrit:
- Chorégraphie, Pèlerin, Casque, Musée, Signal, Modestie, Jeu, Fraise
- Spoiler:
- ludi a écrit:
- La gare s'éveillait peu à peu. Le départ des trains s'affichait sur le grand panneau. La chorégraphie des voyageurs commençait. Là, le pélérin qui partait pour Lourdes. Ici, l'ado avec son casque qui écoutait la musique un peu trop fort. Plus loin, la jeune femme qui rougissait avec modestie sous les compliments de son compagnon. Une odeur de fraises me chatouille le nez, alors qu'une grand mère passe à côté de moins une barquette à la main, péniblement suivi son petit fils, trop accaparé par son jeu sur téléphone. Une scène digne de figurer sur un tableau accroché dans un musée. Mais çà y est, le signal de départ est donné.
- Fée Clochette a écrit:
- J'ai coutume d'aller au pied de la falaise du faucon pélerin de mon village, sous le signal de la Dent de Crolles. L'endroit est sauvage et j'ai pu observer, assise dans le serpolet odorant en dégustant les fraises des bois qui mûrissent ici et là, son jeu de chasse.
Il est irrésistible coiffé de son petit casque brun-gris de soldat médiéval. En toute modestie, je sais tout de cet oiseau. Ce bel oiseau est fidèle à sa compagne toute sa vie jusqu'à ce que la mort les sépare. Pour la séduire, il invente une chorégraphie complexe fait de piqués vertigineux et de tournoiements dangereux vers le sol. Allez le voir dans le Musée des sciences si votre ville en possède un, même si empaillé et dans une vitrine, l'oiseau perde beaucoup de son charme. - clinchamps a écrit:
- « Aïe ! Mon dos! » Martine se redressa et considérant son panier plein de fraises, jugea que ça suffisait. Le ciel était pur et bleu et elle prit le temps d’admirer la chorégraphie d’un faucon pèlerin qui cherchait sa proie. Dans la cour son fils poursuivait le jeu du gendarme et du voleur, la passoire lui servant de casque. Le minuteur envoya son signal depuis la cuisine, la tarte devait être cuite, pourvu qu’elle soit bonne ! Sa belle-mère venait déjeuner et sa présence était toujours une leçon de modestie ! Comme sa maison, un vrai musée dédié à la femme parfaite !! Ah ! Quelle patience il fallait avoir parfois !
- Sethy a écrit:
- Ce soir, comme tous les vendredis soirs, ils étaient réunis, habillés tels des pélerins et attendant son signal. Lui, c'était le maître, mais tout emprunt de modestie, c'est lui qui avait fait le repas et qui servait ses invités et point de fraises au menu, c'était une simple plat de pâtes.
Il était là, dans son coin sur sa petite chaise, portant son petit bonnet blanc immaculé, qui n'avait rien de commun avec un casque mais laissait au contraire paraître son visage buriné par le sable, le vent et le soleil, bien visible aux yeux de tous. Mais qu'attendaient-ils donc de lui ? Qu'il entonne cette litanie envoûtante, presque musée, pour réaliser enfin cette chorégraphie maintes fois répétées. Non, ce n'était pas un jeu, c'était sérieux mais très apaisant en cette fin de semaine qui aurait pu paraître comme une fin du monde ! - Cassandre a écrit:
- Il était allé au musée pour se détendre. Il descendit de sa moto et enleva son casque, repensa à sa prestation d'hier en toute modestie. Sa chorégraphie avait été plutôt piteuse, son jeu dans le lac des cygnes avait été passable et aurait davantage ressemblé au lac des pèlerins. Nerveux, il entra dans le cabinet et attendit le signal pour entrer. Quand il entendit le bruit de la fraise, il se mit à claquer des dents.
1er/2 avril 2020 - clinchamps a écrit:
- armoire, porte-plume, trottinette, gomme, raquette, pissenlit, genouillère, annuaire
- Spoiler:
- ludi a écrit:
- Annabelle leva les yeux de son ordinateur. Son regard se posa sur l'annuaire de son entreprise qu'elle devait mettre à jour. Elle regarda ensuite le porte-plume que sa grand-mère lui avait offert à son entrée en sixième. Une bouffée de nostalgie l'envahit. Elle regarde par la fenêtre et voit son fils souffler sur des pissenlits. Puis la panique la saisit quand elle regarde l'heure. Elle doit l'emmener au tennis et ils sont en retard ! Il va falloir mettre la gomme. Ni une, ni deux, elle l'appelle, sort la raquette de l'armoire où elle était rangée. Elle lui enfile c'est genouillères et vite, direction le tennis, en trottinette !
- Fée clochette a écrit:
- Ce matin, prise d'une frénésie de rangement, munie d'un grand sac plastique, j'ouvrais enfin la vieille armoire bancale entreposée dans la grange où je stockais tout et n'importe quoi.
Avec détermination, je jetais dedans un annuaire de l'année 1950, un porte-plume en bois tout taché d'encre violette avec sa plume sergent major rouillée que ma maman utilisait dans sa jeunesse et une gomme Mallat à moitié usée. J'ajoutais pour faire bonne mesure, une vielle raquette de ping pong aux couleurs fanées et un cadre en bois de l'ancêtre d'une trottinette. Fort satisfaite de mon début de matinée, j'ajustais mes genouillères et à genoux dans le pré, je cueillais les pissenlits pour la salade du jour. Sauf, qu'en passant de nouveau devant l'armoire, prise de remords, je saisis le sac poubelle et je rangeai de nouveau tous les objets sur les étagères ! il m'était impossible de jeter ces souvenirs, même usagés. Mes enfants, un jour, n'hésiteraient certainement pas ! Ainsi passent les souvenirs dans la mémoire des temps... - Cassandre a écrit:
- Le temps était gris et froid. Amélie devait cependant sortir pour faire ses courses car son armoire commençait à se vider. Soudain elle pensa que l'épicier pourrait peut-être la livrer. Elle chercha son numéro dans son répertoire préhistorique comme sa fille appelait son annuaire. Malheureusement ce brave homme ne livrait pas. Elle mit sa genouillère, écrivit sa liste de commissions, non avec son porte-plume mais au crayon papier et avec sa gomme, elle effaça ses erreurs. Car avec son arthrite, elle avait de plus en plus de mal à écrire.
Elle sortit et s'apprêta à affronter tous ces bambins qui la faisaient sursauter avec leur trottinette, lancée à toute vitesse. Elle vit des enfants écraser des pissenlits à grands coups de raquette. Comme son monde avait changé ! - Rosalind a écrit:
- Cette semaine je garde mon petit-fils. Il a bien grandi, plus besoin de l'annuaire pour le rehausser.
Il faut l'occuper ce bambin ! en ce moment il s'amuse dans le jardin à souffler sur les fleurs de pissenlit, un jeu dont il ne se lasse pas. Puis il poursuit en riant un porte-plume qui volette de fleur en fleur. Je surveille afin qu'il ne s'approche pas des dangereuses raquettes des figuiers de Barbarie qui poussent près du vieux mur. A présent dessin. Je cherche papier, crayons et gomme dans l'armoire. Après le repas nous irons au parc avec la trottinette qu'il a reçue à Noël, sans oublier les protections, genouillères et protège-coudes. - Sethy a écrit:
- Tiens, c'est moi qui suis choisie, j'aurais pourtant cru … qu'à cela ne tienne, elles vont en prendre pour leur grade. Hubris, exsurgence, non mais …
Tiens oui, que me manquait-il tout à l'heure. Ah oui, de la gomme-laque. Trop facile le second pour des femmes, ne gardons que le premier. Quoi d'autre se dit-elle alors à mi-voix en faisant des yeux le tour de la pièce : armoire, tableau aux marguerites, bureau, stylo, … Gardons armoire, pissenlits c'est plus marrant que marguerites et porte-plume, c'est plus classe que stylo se dit-elle tout en arborant un petit sourire sadique. Bon, cela nous en fait combien ? Quatre, seulement, quelle plaie ce jeu, quoi que … La genouillère, ça fait six semaines que je me la farcis, chacune son tour d'en baver, héhé. Cela nous en fait cinq, plus que trois à trouver. Ah oui, ne pas oublier le smiley et la petite phrase qui va bien pour leur mettre un peu la pression "Il y en a bien 8 et vous avez 24 heures jusqu'à demain minuit !". Cela fera l'affaire … dommage que je ne puisse pas voir leurs têtes quand elles découvriront ma liste. Aucune chance d'avoir une réponse ce soir, attendons demain matin ! Alors que m'ont-elles pondu se dit-elle au réveil. Le petit-déj' attendra, je suis trop impatiente ! Le porte-plume rouillé, je l'aurais gardé … j'ai parlé trop vite, j'adore cette chute ! Répertoire préhistorique pour annuaire, ça sent le vécu ! Tiens, moi aussi, j'aurais utilisé raquette dans le sens de petits petons. Bon, espérons que l'une des suivantes aura une bonne idée pour caser la trottinette ! - Ysabelle a écrit:
- Thomas avait besoin de compléter la petite somme que lui donné sa Grand-mère pour acheter la trottinette qu'il convoite depuis un moment. Il ne lui reste qu'à faire un inventaire de ses maigres biens pour aller participer à la brocante à la fin du mois. Il pouvait aussi regarder dans l'annuaire pour repérer les antiquaires dans sa ville. Il scruta son armoire et entassa pèle-mêle ses trouvailles : Un porte plume, une gomme, sa vieille raquette, quelques objets qui pouvaient avoir un peu de valeur, mais ce n'est pas avec ça qu'il va pouvoir atteindre son objectif. D'un air pensif, il alla s’asseoir dans le jardin. Le chat de la maison sautillait autour d'un pissenlit, se tordant dans tous les sens pour attraper un insecte. Ce tableau l'amusa et il éclata de rire. Sa sœur attirée par sa voix, se précipita pour voir ce qui l'amusait. Elle boitait, la jambe ornée d'une genouillère. Ils rirent ensemble de bon cœur.
- Bonnie a écrit:
- Joséphine ouvrit les yeux, et, pendant quelques fractions de seconde, se demanda où elle était. Et puis la mémoire lui revint. A sa droite, l'armoire dressait sa sombre masse. Elle s'assit et enfila sa genouillère : cette chute en trottinette avait réveillé la vieille blessure due à son seul week-end au ski de sa vie. La loose. Elle n'avait vraiment pas besoin de ça. Face au lit, sur la table bancale calée avec un annuaire, un rayon de soleil faisait miroiter le porte-plume abandonné là, au milieu des pelure de gomme. La veille, prise d'un élan créatif, elle avait tenté de dessiner. Un pissenlit. Mieux valait les dessiner que les bouffer par la racine, non ? Mais c'était vraiment raté, objectivement, totalement raté : personne n'aurait pu déterminer si elle avait voulu représenter une fleur ou bien une raquette de badminton.
3 avril 2020 - Bonnie a écrit:
- amibe, lac, quotidien, cinéma, thé, hérisson, sieste, verre
- Spoiler:
- ludi a écrit:
- Je laissais Paul faire sa sieste. On était aller voir ce film sur les amibes tueuses hier soir, et on s'était couché tard. Je décidait d'aller lire le journal avec mon thé au bord du lac qui bordait notre jardin. Alors que je le traversais, j’aperçus un petit hérisson. Quelle chance, ils deviennent si rares. Je m'installais au bord de l'eau. Le quotidien était rempli de nouvelles sensationnelles un peu trop aguicheuses à mon goût. Je tournais les pages jusqu'à attendre les horaires de cinéma. On voulait voir "La tour de verre" avant la fin des vacances. Chouette ! Il passait ce soir.
- Fée clochette a écrit:
- Hier après midi, Sire Hérisson fort grincheux m'interpelle d'une voix caverneuse :
- Sachez ma chère amie que je déteste être dérangé pendant ma sieste. En ce moment c'est quotidien et les livreurs laissent choir vos colis sur ma hutte ! - Merci pour mon précieux paquet, Sire Hérisson. Me pardonnerez-vous cette contrariété si je vous invite à mon dernier divertissement ? Je l'ai intitulé "La danse des amibes du lac " ? Dame Fouine et les Damoiselles Puces du Renard des fourrés seront aussi présentes. - Vraiment ! Le frac et gibus s'imposent ! C'est plus chic que d'aller au cinéma de Dame Araignée . Aurons-nous un verre de bière à l'entracte ? - Certes non très cher ! je ne veux pas vous voir gésir le ventre en l'air comme un gueux dans notre fossé ! Nous dégusterons un thé vert, absolument divin et les croquettes minou que vous aimez tant. Penaud, Sire Hérisson grogne dans ses piquants : wouaip, moi je préfère la bière.... ! - clinchamps a écrit:
- Justine fit glisser la lamelle de verre sous le microscope, afin d’observer en gros plan les amibes dans la goutte d’eau prélevée dans le lac. Ce travail de contrôle quotidien était fastidieux mais la survie de la faune en dépendait, en particulier celle des hérissons, fragiles, et pourtant si charmants. Elle les imaginait roulés en boule, faisant leur sieste dans leur tanière, en attendant le crépuscule, ou l’aube. Sa journée finie, elle irait avec Paul voir un vieux film d’Ozu, « le goût du riz au thé vert », ils partageaient la passion du cinéma japonais de la grande époque.
- Sethy a écrit:
- Il se réveilla, pensant être dans une barque sur un lac, mais non c'était son lit qui tanguait comme ça. Une quinte de toux le laissa sans souffle, la gorge irritée comme s'il avait avalé une famille entière d'hérissons. C'était là, son triste cinéma quotidien d'alcoolique. Il se leva pris le premier verre qui lui tomba sous la main et l'avala cul-sec. Pouah, mais c'est du thé ! Ses entrailles lui faisaient un mal de chien et il se dit qu'il avait dû se chopper des amibes dans ce bouge. Une sieste n'y changerait rien, il le savait !
- Rosalind a écrit:
- Pierre (le frère de Paul) termine son repas en solitaire et rêvasse devant sa tasse de thé, il a horreur du café !
Son téléphone sonne. C'est son ami Bertrand, affectueusement surnommé l'amibe, qui lui propose d'aller au cinéma d'art et d'essai voir un film brésilien dont il a entendu grand bien, et pourquoi pas boire un verre après. Bonne idée ! la séance n'est qu'à 18h, ya pas l'feu au lac ! il a le temps de finir les mots croisés de son quotidien habituel, et même de faire une petite sieste. Il faut qu'il pense à se raser, il pique comme un vrai hérisson. Avec un peu de chance l'amibe viendra avec sa jeune soeur si jolie, il tient à faire bonne impression. - Cassandre a écrit:
- Marie-Claude ne sortait plus de chez elle, ni pour aller boire un verre avec sa nièce Pauline qui était ouvreuse au cinéma, ni pour faire son exercice quotidien. Elle avait pris la décision de rester chez elle, quand elle avait entendu parler d'une amibe dévoreuse de cerveaux, nichée dans le lac proche de son immeuble. Elle faisait sa gym tous les jours, ensuite thé et sieste. Malgré tout, elle était heureuse de vivre et aimait à se comparer à un hérisson piquant à l'extérieur et doux à l'intérieur.
4/5 avril 2020 - Rosalind a écrit:
- dune, esperluette, panda, évasion, champ, fée, camomille, sérénité
- Spoiler:
- clinchamps a écrit:
- Pierre et Paul dévalèrent la dune en faisant la course à qui serait le premier pour tirer l’ « Esperluette » à l’eau. Il y avait eu un week-end de beau temps, la plage avait été très fréquentée, mais le paysage avait retrouvé sa sérénité. Cependant un panda en peluche oublié dans les touffes de camomille devait bien manquer à quelqu’un !
« Pierre, donne du champ à la corde, que je puisse tirer ! » s’exclama Paul, « ça ne se fera pas tout seul, on n’a pas la baguette d’une fée, il faut de l’huile de coude ! » Enfin, la barque atteignit l’eau et commença à danser sur les vagues. « On embarque, matelot, en route pour l’évasion ! »s’écria Pierre en sautant dans l’esquif et en prenant les rames ! - Fée Clochette a écrit:
- A l'Inn at Lambton, Dune, Esperluette et Panda, trois locataires de cette Auberge, ayant des fourmis dans les jambes à force de rester confiner dans leurs chambres, tentèrent une évasion ! Mal leur en pris, elles furent rattrapées par l'aubergiste, qui les accompagna manu militari à leurs chambres. Cependant, une fée passant par là, les pris sous sa protection et à la barbe du terrible tenancier qui veillait à l'entrée avec un chien cruel et un fouet, elle les transporta dans un champ de camomille. Là, vives et tournoyantes, elles purent enfin retrouver une certaine sérénité.
- Sethy a écrit:
- La fée se baladait et autour d'elle rien de ce qu'elle voyait n'était en accord avec son état d'esprit. Elle fit décrire à sa baguette une rapide esperluette qui transforma la dune en champ, la sérénité dont elle était empreinte en camomille et le désir d'évasion qu'elle ressentait se matérialisa soudainement sous la forme d'un Panda ! Voilà qui est bien mieux se dit-elle !
- Bonnie a écrit:
- Jane fit défiler les albums sur son écran jusqu'à celui de Julien Doré "&" - à prononcer esperluette - et lança la musique. C'était un de ses albums favoris, parmi ceux qu'elle écoutait dès qu'elle avait besoin de retrouver un peu de sérénité, bien trop nerveuse pour qu'une camomille puisse prétendre jouer les placebos.
La voix du chanteur envahit l'espace de son petit appartement. Immédiatement, on se sentait transporté ailleurs, se prélassant sur le sable chaud d'une dune balayée par l'air iodé, ou marchant au milieu d'un champ de blé doré - comme Julien, tiens - par une belle journée d'été... parfait sentiment d'évasion. Elle repensa en souriant à ces images de l'artiste déguisé en panda pour Coco Câline, et se dit que, pour un prochain album, le costume de fée serait plutôt seyant sur lui. La fée de beaux rêves. Une fée Clochette aux bras tatoués, pourquoi pas ?! Jane se sentait à nouveau bien et, pour un temps, ne pensait plus à tout le reste. - ludi a écrit:
- J'essayais de faire mes courses avec sérénité. Au rayon des fournitures scolaires, une petite fille hésitait entre un sac à dos panda et un décoré de fées. Zut, j'avais oublié ma tisane à la camomille. Demi-tour pour aller la chercher, mais un démonstrateur m'interpelle pour me faire goûter une nouvelle marque de café, Esperluette. Quelle idée de nom pour du café ! Enfin, je paie et sors du magasin. Je ne rêvais que de rentrer chez moi, pour me replonger dans Dune, le livre qui me faisais rêver de champs de sables et d’évasion.
5/6 avril 2020 - ludi a écrit:
- Amphitryon, Palindrome, Armistice, Betterave, Chlorophylle, Magie, Montgolfière, Callipyge
- Spoiler:
- Sethy a écrit:
- Professeur de français dans un lycée professionnel … pour sa première affectation … Alors qu'elle écrivait au tableau, dos tourné à la classe, elle entend un élève s'exclamer : "quel cul !". Ce n'est qu'après plusieurs secondes qu'elle comprit que c'était de sa personne dont il était question !
Elle fit volte-face et s'exclama : Ah non, c'est un peu court jeune homme ! On pouvait dire… Oh ! Dieu !… Bien des choses en somme… En variant le ton, par exemple, tenez : Aérien : Dommage qu'il faille ce pantalon pour le lester, sans cela il serait pris pour modèle de montgolfière. Rustique : "l'est si bien dodu qu'on eut dit une betterave, ma bonne Dame !" Bienveillant : Votre mari ne doit point avoir peur d'être comparé à l'Amphytrion ! Avec vous, Madame, quand il y en a pour un, il y en a pour deux ! Érudit : Madame, je cours vous écrire un palindrome pour mettre en exergue la parfaite symétrie de votre accorte anatomie ! Distingué : Les grecs vous eussent assurément choisie pour modèle de Vénus Callipyge. Guerrier : Madame ! Si vous vous assoyez sur moi, immédiatement, je demanderais l'Armistice ! Alors qu'elle butait sur chlorophylle, elle s'éveilla comme par magie de ce mauvais rêve … espérant qu'il n'était en rien prémonitoire pour sa première journée de cours du lendemain ! - clinchamps a écrit:
- - Papa ! C’est quoi un palindrome ?
- Quoi ? Un Quoi ? - C’est un tour de magie ? - mais j’en sais rien, moi ! mange tes betteraves, Jules, j’écoute la course ! La voix du commentateur montait dans les aigus : « Amphytrion mène, mais belle remontée de Callypige ! Elle remonte, et elle passe !! Victoire d’une tête de cette jolie pouliche ! » Furieux Paul éteignit la télévision. En voyant Jules avaler péniblement, il décida de signer l’armistice et lui enlevant l’assiette, lui tendit un chewing-gum à la chlorophylle. « Allez, viens, on va aller au parc, il y a une ascension en montgolfière, on essaiera d’y monter ! » - Rosalind a écrit:
- Hannah déprime, elle ne supporte plus les quolibets liés à son anatomie callipyge. Ras le bol de se faire traiter de montgolfière, et j'en passe. Au boulodrome à côté de chez elle, on lui propose de faire la Fanny pour les perdants.
Que n'est-elle née du temps de Ingres, si seulement elle pouvait y être transportée par un tour de magie ! Elle a tout essayé, régime betterave et chlorophylle, rien n'y fait. Elle refuse toutes les invitations, et fait une croix sur son restaurant favori l'Amphytrion le bien nommé. Elle va finir par capituler, signer un armistice avec sa nutritionniste et passer au Xanax, tiens c'est un palindrome comme son prénom. 6/7 avril 2020 - clinchamps a écrit:
- rideau, pavé, buisson, clochette, clou, tomate, fil, gamelle
- Spoiler:
- ludi a écrit:
- J'attachais les pieds de tomates avec un fil. Certains ne voulaient pas s'accrocher aux tuteurs. J'entendis la clochette que Minouchette portait autour du cou. La chatte s'était cachée derrière un rideau d'herbes pour guetter les oiseaux qui avaient fait leur nid dans les buissons. Je me levais, accrochais mon chapeau au clou et secouait la gamelle pleine de croquettes pour détourner son attention. Gagné ! Elle avait compris qu'un tien vaut mieux que deux tu l'auras et avançait en trottinant sur le chemin de pavés pour ne pas se mouiller les pattes avec la rosée. Quel chat délicat !
- Sethy a écrit:
- La clochette tinte ... cinq minutes avant le levé de rideau. Il a l'impression d'avoir tout oublié alors qu'il sait au fond de lui que "La guerre des Buissons", ce pavé, il l'a mémorisé !
A peine entrée en scène, qu'il se prend une gamelle... au sol avant même qu'il n'ait pris la couleur d'une tomate il pensa successivement "celle-là, c'est sûrement le clou de ce spectacle !", "que n'ai-je dit fil tout à l'heure plutôt que corde !". D'un bond, il se releva et "Show must go one !" ! - Ysabelle a écrit:
- "Elle tire ses rideaux et puis, ma voix se perd dans la nuit,..."
Ah cette chanson! Combien de fois l'a-t-elle écoutée en boucle. Émue, elle reposa le pavé qu'elle lisait. De toute façon, elle avait perdu le fil. Depuis un moment elle n'arrivait plus à se concentrer sur ce qu'elle lisait. Elle n'en tirera plus un clou. Elle se leva et se dirigea vers la baie vitrée grande ouverte en cette belle journée printanière. Son regard se posa sur un buisson dense qui offrait un spectacle des plus curieux. Au milieu de la végétation sauvage habituelle, poussaient des grappes de tomates, et des clochettes d'un beau jaune orangé. "Je reviens bientôt", disait la chanson. Quel gâchis! Pour elle c'était bien fini et il ne reviendra malheureusement pas. C'était difficile de recoller les morceaux dans une telle situation. Comme disait son amie Laurette, cette gamelle lui a bien cassé les incisives; Elle sourit en évoquant le franc langage de son amie. - Cassandre a écrit:
- Lydia somnolait nue et languissante derrière les rideaux de son lit. Elle repensait à la première fois où elle avait vu, cachée derrière un buisson, George, mince comme un fil dans son uniforme d’officier rouge tomate, sa gamelle accrochée à se ceinture et ses chaussures à clou battant le pavé. Soudain la clochette de la porte d’entrée de l’hôtel retentit et son cœur battit à l’unisson. C’était lui !!
- Rosalind a écrit:
- Le pavé que je viens de commencer me tombe des mains. J’ai déjà perdu le fil de l’histoire, pas la peine de continuer, ça ne vaut pas un clou.
J’écarte le rideau et entrouvre la fenêtre. Un bruit de feuilles froissées dans les buissons, c’est mon ami le hérisson qui vient boire dans la gamelle que j’ai laissée à son intention, derrière les plants de tomates et le muguet qui prépare ses jolies clochettes. / Un fin rideau de pluie humecte les pavés de l’allée. Je prends le vieil imperméable accroché à un clou pour aller retendre le fil qui soutient le rosier ployant sous l’ondée. Des perles irisées glissent sur le feuillage des buissons, brillent sur les tomates mûrissantes et font un doux son de clochette en tintant sur la gamelle en fer-blanc oubliée dehors. 7/8 avril 2020 - Cassandre a écrit:
- hier, lettre, table, qualité, silence, voyage, nerfs, confort
- Spoiler:
- ludi a écrit:
- Jeanne pointait sur le tableau les lettres de l'alphabet en les citant pour les apprendre à ses élèves. Ils avaient joué avec ses nerfs hier, mais aujourd’hui, ils avaient été sages, chacun assis à sa table. Elle avait hâte que vendredi arrive car c'était les vacances. Elle allait retrouver le silence et le confort de la maison de ses parents, qu'elle occupait pendant qu'ils étaient en voyage. Elle allait pouvoir goûter à une autre qualité de vie que dans son studio parisien !
- Sethy a écrit:
- .. il faut connaitre ses tables ... Bien, à vous ... Consonne ... Voyelle ... puis le silence parfois brisé par quelques raclements de gorge, nerveux.
La partie était serrée, les nerfs étaient mis à rude épreuve. Hier déjà pour la première manche, la lutte avait été acharnée mais de qualité. Le voyage était au bout pour l'équipe gagnante. Confort, 7 lettres ... pas mieux ! Un soulagement, la salle soupire. - Ysabelle a écrit:
- "Hier que j'aimais"! Voila, c'était bien ce titre que je cherchais. Le livre de Germaine Acremant qui manquait à ma collection! J'ai pensé le commander sur Internet, mais en cette période de confinement, la Boite aux lettres lance des SOS, tant elle ne voit que le soleil qui poudroie. Pitié pour mes pauvres nerfs! Un coup de poing sur la table fait sursauter le chat qui file en courant dans le jardin. Déjà un voyage que j'attendais avec impatience a été annulé, je travaille à la maison comme une dingue, ce qui bouscule mon confort, le téléphone qui n'arrête pas de sonner,... Et maintenant, cet imbécile de journaliste qui parle de la qualité de l'air et des bienfaits du confinement!! Non, mais oh! Il y a des gens qui écoutent?! Je rejoins le chat dans le jardin pour profiter d'un peu de silence.
- clinchamps a écrit:
- Hier, aujourd’hui, demain, rien ne change : plus de voyage, à peine des lettres, il ne reste que les plaisirs de la table, le confort du canapé, le silence de la rue peuplée de chants d’oiseaux, quelques émissions de qualité à la télé,et une lente usure des nerfs.
- Fée Clochette a écrit:
- Fenêtres ouvertes, dans le confort de ma maison, j'écoute la qualité du silence lié à l'absence de circulation sur la route.
Fini les voyages, même les plus courts, les nerfs de certains sont mis à rude épreuve. Confinement ! Les nouvelles n'arrivent que par internet, la radio ou la télévision, et elles sont mauvaises.... Hier prise d'une frénésie de rangement, j'ai trouvé une lettre sous la grande cuve de la grange ! Intriguée, je l'ai posée sur la table, puis ouvris délicatement le papier humide, taché et dévoré par le temps... "Chérie, nous menons des vies monotones,................ confinés dans les tranchées... ......... posé... ... mines... tir ennemi ! ciel ! chemin des dames - avril 1917 !" ! A la radio, comme pour me répondre, une chanson de Gérard Manset fait écho. - Rosalind a écrit:
- Cela fait presque un mois que les nerfs de Clara sont soumis à rude épreuve. Le fils de ses voisins étudie la "lettre à Elise", et le moins qu'on puisse dire c'est que la qualité première du gamin n'est pas le sens musical.
Hier elle a étalé sur la table du salon des brochures d'agences de voyages, et envisage sérieusement de quitter le confort de sa chère demeure pour un lieu tranquille où régnera le silence. - Elianor a écrit:
- Assis sur la table basse, je jaugeai d'un regard le confort de ma chambre d'hôtel et la qualité de sa décoration. Dire qu'hier matin, avant de recevoir LA lettre qui allait changer mon destin, j'étais encore ce médiocre employé, les nerfs constamment en pelote à cause de la pression, qui ne trainait que silence et désapprobation sur son passage. Mais ma vie avait pris nouveau tournant, le voyage ne faisait que commencer.
Dernière édition par Fauvette le Dim 23 Aoû 2020 - 21:00, édité 3 fois |
| | | Fauvette Bluebird on a White Cliff
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| Sujet: Re: Jeu littéraire pour chasser les idées noires : les textes ! Mar 21 Avr 2020 - 18:10 | |
| 8/9 avril 2020 - Ysabelle a écrit:
- magnolia, bleu, traversée, élégance, curieux, désuet, gare, equinoxe
- Spoiler:
- Sethy a écrit:
- Équinoxe, drôle de nom pour un drôle de chat aux yeux vairons, orange et bleu. La voie de la petite gare désuète traversée avec élégance, notre ami, curieux huma un moment le magnolia puis se tapis sous lui.
Ce tableau eut fait le bonheur d'un impressionniste, à n'en point douter. - Rosalind a écrit:
- C'était une belle journée de septembre, et pour une fois le ciel au-dessus d'Édimbourg était d'un bleu sans nuages.
Nous nous sommes mariés en petit comité et avons réussi à éviter les curieux. J'étais vêtue avec une élégance discrète, et Max avait piqué une superbe fleur de magnolia au revers de mon tailleur. Lui portait son éternel costume un peu désuet, il ne s'est jamais soucié de son apparence. Dans quelques jours nous embarquerons à Douvres, j'espère que la traversée sera calme. Puis à Paris nous prendrons l'Orient -Express à la gare de l'Est , direction Venise. Nous y serons pour l'équinoxe d'automne, avant de poursuivre notre voyage de noces vers la Grèce. Destination obligée quand on a épousé un archéologue ! - clinchamps a écrit:
- « C’est l’équinoxe de ma vie », me disais-je devant mon miroir, le matin de mes quarante ans.
« Ce pull bleu me va plutôt bien, il a l’élégance de faire ressortir mes yeux ! » Oui, on peut s’accorder un compliment, quand la première traversée est derrière soi ! C’est tellement désuet de penser que la jeunesse est finie ! N’est-ce pas maintenant qu’on devient plus curieux de tout vivre encore plus vite ? « Ah ! Gare au promenades au clair de lune, dans l’ombre des magnolias ! » - Elianor a écrit:
- L’Équinoxe tanguait avec élégance sur la mer bleue, prêt à la traversée. Soudain, une automobile s'avance sur le quai dans un vrombissement, fend la foule des curieux et se gare brusquement. Un petit bonhomme au charme désuet en descend, costume impeccable et fleur de magnolia à la boutonnière.
- Cassandre a écrit:
- Par une nuit d’équinoxe,
Le jeune homme se souvenait D’un café de la gare désuet Où était installé un jukebox Diffusant la chanson de Massenet « ouvre tes yeux bleus ». La nuit sentait bon le magnolia Et il se sentait vraiment très frileux De devoir effectuer la traversée Et curieux de découvrir Béjaïa Dont on vantait l’élégance Et aussi la magnifique flamboyance. - ludi a écrit:
- La traversée au milieu de tout ce bleu lui laissait une curieuse impression. Il y avait bien longtemps qu'elle n'était pas retournée sur son ile natale. Elle se souvenait avec nostalgie des fêtes d'équinoxe de son enfance, où les villageois se réunissaient dans des costumes désuets. Une fois descendue du bateau, elle devrait prendre le train dans la petite gare qui n'ouvrait que l'été. Elle avait peur de revoir Paul. Elle se rappelait ce jour, où il était venu l'accompagner le jour de son départ, de son élégance dans son costume du dimanche et du baiser échanger sous les magnolias et de la promesse de se revoir rapidement... qui n'était jamais arrivée.
- Fée Clochette a écrit:
- C'était l'heure bleue de l'équinoxe de printemps, l'heure de tous les possibles.
L'assistance curieuse, patientait au-dessus des chutes sacrées de la rivière Kaveri, Un char de triomphe magnifiquement orné et fort désuet pour un européen, portait la déesse. Les porteurs lentement, effectuaient la traversée du peuple et criaient : "gare"" gare"," gare" pendant que la procession des jeunes filles, lançaient avec élégance vers les adorateurs, des fleurs de magnolia, fraîchement cueillies. Les jeunes gens suivaient, agitaient les crécelles de la pluie. Tous se déchaîneraient bientôt et arroseraient leur voisin de couleurs variées : Holi entraînait toujours l'Inde dans une transe collective. 9/10 avril 2020 - Sethy a écrit:
- entraide, couvert, baume, lumière, mouvoir (conjugaison libre), laurier, balance, marche
- Spoiler:
- Ysabelle a écrit:
- Mue par un élan de générosité, Theresa mis le cap sur l'Egypte, ce pays où la lumière et la gaieté des gens, se moquaient de la misère du quotidien depuis des décennies. Comme si, ces deux éléments constituaient un baume contre la tristesse. Bravement et en partant de rien, elle créa un large réseau d'entraide à travers le monde. Le tapis d'Aladin n'est pas arrivé jusqu'ici, on dirait. Il aurait songé au moins, à balancer d'en haut quelques richesses qui n'auraient pas été de trop. Sans rechercher des lauriers pour ce qu'elle faisait, elle continua son chemin sans jamais fléchir .
- Fée Clochette a écrit:
- Madame se mouvait douloureusement depuis trois jours, et bien qu' Angèle l'herboriste-parfumeuse du château, la massa avec son baume d'huile de laurier et de lilas, il n'y avait aucune amélioration.
Dans l'officine du château, la lumière pénétrait à flot. Devant sa balance de pharmacie, elles réunit ses fioles, puis s'agenouilla avec la souplesse de ses vingt ans vers l'étagère basse. Pour un meilleur soin, elle ajouterait de l'huile de calendula et aussi de camomille. Satisfaite, elle remplit deux pots de la composition. Une marche rapide sous le couvert des charmilles et des aubépines, elle franchit le seuil de la chaumine de la vieille Mathilde, amie et contemporaine de Madame. Elle aussi bénéficierait de son baume, Madame n'était pas contre l'entraide heureusement. - ludi a écrit:
- Mue par l'ennui, Anna regardait par la fenêtre. Le temps était couvert et allait tourner à l'orage. La lumière était toujours étrange quand il faisait ce temps. Dans la rue, une vieille dame montait péniblement les marches de l'immeuble d'en face pour rentrer chez elle. Une branche de laurier dépassait de son caddy. Ouf, elle était revenue avant la pluie ! Un jeune homme qui allait sortir lui a proposé de monté ses courses. Çà lui mettait du baume au cœur de voir que l'entraide fonctionnait bien dans le quartier. C'est décidé, Anna allait faire un gâteau, çà l'occuperait. Elle rassembla les ingrédients et sortit la balance de cuisine pour tout peser. Elle était prête !
- Rosalind a écrit:
- Est-ce que ce monde est sérieux ?
Il quitte le couvert de l'ombre et marche vers la lumière. Il se meut avec légèreté et balance sa cape écarlate en saluant la foule. Les applaudissements lui mettent du baume au coeur. Pas question d'entraide, il récoltera seul les lauriers de la gloire. Est-ce que ce monde est sérieux ? - clinchamps a écrit:
- La grimpette sera rude jusqu’à la grotte de la Sainte Baume, sur les sentiers pierreux, mais une jolie brise balance les branches de lauriers roses et exalte l’odeur pénétrante du tapis de thym et de sarriette de la garrigue. La lumière éclatante souligne d'ombres noires les roches où les couleuvres se meuvent en silence… Quand le pèlerinage était quotidien, l’entraide était utile entre les pèlerins pour arriver à la grotte !
- Lily of the valley a écrit:
- La lumière… Elle était là, sur la première marche, mais elle a encore bougé. Comment arrive-t-elle à se mouvoir ainsi ? Il est sûr que l’humain est à l’origine du phénomène. Ce dernier a couvert son crâne dégarni d’une vieille casquette. Il dort, installé au pied du laurier. La lumière est prisonnière de la petite fiole de liquide ambré qu’il a posée au sol. L’humain balance lentement une jambe sur le côté de la chaise longue. Cette jambe est rouge. Laide et rouge. Ça lui met du baume au cœur de voir comment la lumière fait du mal à l’humain. Faire tomber la fiole et reprendre la lumière. Il ne faut pas compter sur l’humain, l’entraide et le partage il ne connaît pas. La fiole se brise sur le ciment. La lumière est maintenant sur la lavande au pied du mur où le chat va enfin la retrouver en se lovant dans les tiges odorantes.
/ version longue : La lumière, il lui faut trouver la lumière… Elle était là, sur la première marche, mais elle a encore bougé. Comment arrive-t-elle à se mouvoir ainsi ? Il est sûr que l’humain est à l’origine du phénomène. Il jette un œil à l’humain, effectivement, ce dernier a pris la lumière. Il a couvert son crâne dégarni d’une ridicule casquette publicitaire décolorée et effrangée. Il s’est installé au pied du grand laurier qui occupe presque toute la place dans la minuscule cour. Le laurier porte les odeurs des autres, ça le gêne, il n’aime pas s’en approcher, mais ça ne gêne pas l’humain dont l’odorat a depuis longtemps été détruit par la fumée âcre qu’il avale toute la journée. L’humain est dans une chaise longue en plastique grisâtre et a volé la lumière. Il la voit, la lumière, prisonnière de la petite fiole de liquide ambré que l’humain porte à sa bouche de temps à autre. L’humain balance une jambe sur le côté de la chaise, une jambe qui vole aussi la lumière. Elle est rouge. Laide et rouge. Ça lui met du baume au cœur de voir comment la lumière fait du mal à l’humain et le rend hideux. Il s’avance vers lui. La fiole est posée sur le ciment près de la chaise. L’humain a fermé les yeux sous les franges de la casquette. Quelques pas encore pour faire tomber la fiole et répandre, reprendre, la lumière. Il ne faut pas compter sur l’humain, l’entraide il ne connaît pas, le partage il ne connaît pas. La fiole se brise sur le ciment, le liquide ambré se répand, la lumière est partie, elle est maintenant sur la touffe de lavande au pied du mur. L’humain a à peine remué, il ronfle et le chat, enfin, retrouve la lumière. IL se love dans les tiges sèches et odorantes. 11 avril 2020 - ludi a écrit:
- Sable, Escalier, Prédire, Camembert, Linotte, Pâquerette, Livre, Cabane
- Spoiler:
- Fée Clochette a écrit:
- Paquerette, vive et gracieuse, sortit de la cabane de la linotte, elle avait rendez-vous avec Jonas le guide du manoir de Beaumoncel où Marie Harel avait donné à une longue lignée d'artisans en créant le fleuron d'un des fromages normands : le camembert.
Maintenant, elle foulait le sable de l'allée qui menait au grand escalier du manoir, la visite commençait ! Elle se coula dans le groupe, puis tendit un livre à Jonas. "Alors", interrogea-il, -"Passionnant" répondit Pâquerette, vraiment ! Il lui fit un clin d'oeil et s'adressa aux visiteurs. "Aprés votre visite, si vous passez par notre boutique, non seulement vous pourrez acheter le vrai camembert, mais aussi ce livre sur Marie Harel, je peux déjà vous prédire un moment de lecture, passionnant et instructif". - clinchamps a écrit:
- Près de Vimoutiers, en pays d’Auge le petit hameau de Camembert se targue d’être le berceau du fameux fromage. Si vous allez jusqu’au sable des plages de Deauville ou Trouville, en traversant le bocage, vous entendrez la linotte chanter dans les pommiers en fleurs et les pâquerettes et les boutons d’or brilleront dans l’herbe des vergers. Je vous prédis que vous aurez envie de devenir un Iroquois qui cabane dans les bois, de planter votre tente sous un arbre et même d’utiliser l’escalier de ses branches pour revivre le souvenir heureux des livres de votre enfance.
- Rosalind a écrit:
- Petite fille, un de mes plaisirs favoris était de lire en me régalant d'une tartine de camembert bien coulant, assise sur une marche de l'escalier qui menait au grenier.
Aujourd'hui, bien des années plus tard, et sans camembert hélas ! tête de linotte que je suis, j'ai oublié d'en racheter ... mais toujours avec un livre, je me prélasse sur la chaise-longue, au milieu des pâquerettes qui parsèment le gazon devant la cabane. Je suis plongée dans Les Sables de Mars, dans lequel Arthur C. Clarke prédit la colonisation de la planète rouge. - Sethy a écrit:
- Tôt en ce dimanche de Pâquerette, elle descendit l'escalier sur la pointe des pieds. Tête de linotte se dit-elle arrivé en bas, tu as oublié de vérifier que Son Camembert faisait bien une demi-livre. Tu ne L'abuseras pas, tant pis ! Une fois à couvert, elle courut, les cheveux couleur de sable au vent. Arrivée à Sa cabane, elle reprit son souffle, se réajusta et sortit son offrande. Qu'allait-Elle lui prédire pour cette année ?
- Lily a écrit:
- Pablo observe ses orteils qui remuent dans le bac à sable sur le bord duquel il est assis. Il pense qu’ils ressemblent à de gros vers blancs. Il sourit, son livre de français sur les genoux et essaie de se concentrer sur le texte. A la fenêtre de la cabane en plastique jaune, sa sœur Olga le regarde, une couronne de pâquerettes sur la tête. Pablo hurle se tournant vers la maison : « Maman, c’est quoi une linotte ? »Du haut de l’escalier où elle lit, sa mère lui crie : « Prends un dictionnaire ! »Olga éclate de rire.
« Quoi ? Tu ne sais pas ça ! -Oh, toi, camembert, hein ! Et tu fais quoi d’abord avec tes jumelles ? -J’observe tes pieds ! J’essaie de prédire l’avenir dans ta crasse ! » Le livre de français vole comme une linotte vers la couronne de pâquerettes. - Ysabelle a écrit:
- Il y a des jours où le moral est aux raz des pâquerettes. Telle fut la pensée de Lucy dont les pas laissaient des traces sur le sable, tandis qu'elle se dirigeait vers la Cabane, construite autrefois, par son grand-père. Elle doit trouver rapidement sa sœur. Cette tête de linotte va encore rater son cours de musique. Il faut la retrouver avant que son père ne s'en rende compte. En ouvrant la porte, elle fut happée par une odeur forte et nauséabonde. Cela sentait le camembert ou les chaussettes d'un soldat, pensa t-elle en souriant. Le lieu n'a pas été visité depuis des mois. Comme elle s'y attendait, elle était là, endormie sur la vieille banquette, un livre traînait à côté d'elle. Nul ne peut prédire l'avenir mais, on peut toujours faire preuve d'un peu de bon sens. Elle la réveilla. Ensemble, elles empruntèrent les escaliers qui mènent vers la ville.
12 avril 2020 - Lily of the Valley a écrit:
- miel, caresser, tomette, roulotte, Big Ben, concombre de mer, ébène, saxophone
- Spoiler:
- ludi a écrit:
- Laura ajoutait une touche de miel à sa tisane quand son chat vint s'installer sur ses genoux. Elle le caressa rêveusement. Son regarde s'était posé sur la carte postale qu'elle venait de recevoir de Londres. Big Ben s'y dressait fièrement. Alors elle se leva pour aller chercher son album à souvenirs. Elle avançait pieds nus sur les tomettes. Çà y est, elle l'avait trouvé ! Il était caché derrière le saxophone de son fils, remisé là après une tentative adolescente de devenir un grand musicien. Elle trouva aussi le vieil échiquier de son père, avec ses pièces ébène et ivoire. Elle retourna s'assoir pour feuilleter l'album. Il commençait par leur virée familiale en roulotte. Ils avaient parcouru la campagne, visitant au passage différents musées, monuments, et même un aquarium. Les enfants avaient été émerveillés par les concombres de mer , vraiment de drôle de bestioles. Un été merveilleux !
- clinchamps a écrit:
- Big Ben résonna dans les couloirs du lycée Osaka gakuen, ce qui signifiait la fin des cours. Misuki se précipita hors de la classe, elle caressait l'idée de retrouver Sano à la cafétéria ! Pourvu qu’il y ait du concombre de mer au menu ! Les slippers obligatoires glissaient sur les tomettes du couloir, attention à la chute ! Ah ! Elle aperçut la haute silhouette de Sano, ses cheveux d’ébène, et une douceur de miel envahit son cœur ! Nakatsu la bouscula, la ramenant à la réalité ! « Mitsu-kun, (oui, il croyait qu’elle était un garçon, mais c’est une longue histoire !)tu te dépêches, j’ai mon cours de saxophone après ! Et souviens-toi que ce soir on se retrouve à la Roulotte, la boîte de mon cousin ! »
- Ysabelle a écrit:
- L'apiculteur s'approcha de la ruche, en caressa les rebords avant de sortir les cadres de cire pour en extraire le miel. C'est étrange, la forme lui rappelle des tomettes. Il chargea la roulotte pour acheminer le tout vers le hangar. Il a faim et mangera n'importe quoi, tant que ce n'est pas une salade au concombre de mer. Il devra retourner pour finir son travail avant ce soir car sa femme et lui doivent assister à un concert. Leur fils jouera du saxophone. Il en était fier, de son Big Ben comme l'appelaient ses copains. A la maison sa femme l'attendait tranquillement. Elle lisait "La Tour d'ébène" de John Fowles.
- Fée Clochette a écrit:
- Tout réussissait à Big Ben le pêcheur de homards depuis qu'il avait rencontré son Aïna ; Elle recueillait de l'eau de mer dans des fioles qu'elle étiquetait minutieusement. A chaque rencontre, ils se racontaient. Elle aux yeux d'ébène, au teint de miel étudiait la reproduction des holothuries. Lui, gaspésien de la baie des chaleurs, impressionnant de carrure, yeux de mer et cheveux de sable, avait sa peau tellement tannée qu'elle avait pris une couleur comparable aux tomettes de briques du sol de sa maison.
ll s'était senti profondément timide devant cette fine et jolie femme érudite, venue d'ailleurs, surtout lorsque son regard caressant le contemplait. - Tu devrais essayer la pêche des concombres de mer, dit-elle un jour, l'Asie en raffole. Depuis le premier pas d'Aïna, les soirs d'été, ils s'asseyaient sur les marches de la vieille roulotte de bain de sa grand-mère, et il jouait "Petite fleur" sur son saxophone en regardant Aïna. Il l'aimait, elle l'aimait. Ils s'aimaient........... - Rosalind a écrit:
- Il fait trop chaud pour continuer la route.
L’homme a garé à l’ombre des aulnes la roulotte peinte en couleurs vives, rouge tomette et jaune soleil. Il a caressé affectueusement son cheval d'un noir d'ébène avant de le dételer. Tandis que l’animal broute paisiblement au bord de l’eau, l’homme assis sur les marches écoute un vieil enregistrement. "A taste of honey "avec Paul Desmond au saxophone. Cette canicule est éprouvante. Si le réchauffement climatique persiste, un jour des concombres de mer remonteront la Tamise jusqu'à Big Ben … - Cassandre a écrit:
- Le soleil caressait les tomettes de la belle maison. Kalia l’admira tout en préférant vivre dans sa roulotte, tirée par la vieille rosse, couleur de miel, surnommée Big Ben par Pépé. Celui-ci sommeillait tout en rêvant à un cabaret enfumé où des musiciens d’ébène jouaient du saxophone. De son côté, Kalia avait un idéal, devenir une sirène pour nager avec les concombres de mer.
13/14 avril 2020 - Rosalind a écrit:
- illusion, flamme, cheval, coquille, refrain, porridge, atmosphère, rose
- Spoiler:
- Fée clochette a écrit:
- Regarde maman, ce matin ce nuage donne l'illusion d'être une coquille st Jacques, il se transforme en flamme et le soleil levant le teinte de rose. Pendant ce temps, indifférent aux beautés changeantes de l'atmosphère céleste, mon frère mangeait son porridge en susurrant toujours le même refrain en contemplant la photographie d'un cheval blanc sur le calendrier des postes: " il s'appelait Stewball... la la la la….."
- Sethy a écrit:
- Il avait du mal à le croire quand son grand-père machiniste lui disait que ce monstre d'acier pouvait se briser comme une coquille de noix si la pression dépassait les trente atmosphères. Il ne comprenait pas très bien, pas plus que cette histoire de "cheval-vapeur", mais pour le moment il n'avait d'yeux que pour les flammes aux bouts roses qui dansaient dans le foyer et d'oreilles que pour ce refrain insistant que la machinerie entonnait.
L'excitation était à son comble et il failli remettre son porridge du matin. Il se pinça pour être sûr que ce n'était pas une illusion. Non, lentement la locomotive enfin s'ébranlait ! - clinchamps a écrit:
- Seule la flamme du réchaud éclairait la cuisine, sous la casserole où mijotait le porridge. Accoudée sur la table, le front dans les mains, elle se laissait bercer par le refrain délicat du bouillonnement léger. Devant elle, le tas des coquilles des palourdes qui parfumaient le riz donnait à la pièce une atmosphère maritime. Le pas d’un cheval lui fit lever la tête ! Etait-ce lui ? Non, ce n’était qu’une illusion, encore une fois… La rose des vents indiquait toujours l’Ouest, quand reviendrait-il ?...
- Ysabelle a écrit:
- "Je n'aime pas le porridge!" répétait inlassablement Gabriel. "J'ai bien entendu", répondit calment sa maman. "Tu vas arrêter ce refrain et le manger quand-même". "C'est pour prendre des forces, si tu veux monter à cheval, demain". Elle diminua la flamme du réchaud; disposa les coquilles Saint-Jacques dans un plateau, mit les roses fraîchement cueillis dans un vase. Il régnait une douce atmosphère dans cette maison de campagne. Non, le bonheur n'est pas une illusion. Il faut juste le saisir quand il se présente.
- ludi a écrit:
- Anna s'installa à la table du petit-déjeuner. Aujourd'hui, c'était porridge. Un bouquet de roses était posé sur la table. Elle adorait l’atmosphère des chemins de Saint Jacques. Tous les ans, elle profitait de ses vacances pour en faire une partie. Elle mit sa coquille autour du cou. Un cheval courrait dans le pré au bord du chemin. Le soleil était déjà haut dans le ciel et tapait fort, jetant sur le monde ses flammes brulantes. Encore un peu et elle verrait des illusions d'optique devant elle. Elle croisa un petit groupe d'enfants chantant "un kilomètre à pied...". Sans doute une colonie de vacances. Zut, ils lui avait mis le refrain dans la tête, elle aurait toutes les peines du monde à s'en débarrasser.
15 avril 2020 - Ysabelle a écrit:
- Écureuil, Peau, Escabeau, Lac, Cathédrale, Lumière, Fissure, Saule pleureur
- Spoiler:
- Sethy a écrit:
- Perché sur son escabeau, le contre-maître les observaient, la peau bien protégée de la lumière par l'ombre du Saule pleureur. Eux, c'étaient les écureuils dans leurs cages, chargés de hisser à la force des jambes les lourdes pierres qui allaient bientôt rejoindre les flèches de la Cathédrale. La pause se terminait tandis qu'ils devinaient aux travers des fissures de la roue la barge suivante glissant calmement sur l'eau comme un cygne sur un lac.
- Bonnie a écrit:
- Matilda glissa La fissure de Didierlaurent dans son sac avant de rejoindre Paul, qui lui avait donné rendez-vous au bord du lac. Son ami partageait avec elle sa passion pour les romans déjantés et pour les écureuils roux. Elle traversa la pelouse en direction du saule pleureur, où Paul avait dressé un pique-nique bucolique sur une nappe à carreaux. Matilda s'approcha et se retrouva sous la voûte d'une véritable cathédrale de verdure, qui laissait passer la lumière à travers le feuillage en dessinant des motifs changeant sur la peau. Bouche bée, elle leva les yeux et vit Paul qui, juché sur un escabeau, était en train d'accrocher des lampions colorés dans les branches. Son fantasque ami ne faisait jamais les choses à moitié !
- clinchamps a écrit:
- Le gamin se faufila en un clin d’œil par la porte latérale de la cathédrale. « Il est vif et roux comme un écureuil » se dit l’abbé Paul qui avait failli tomber de son escabeau. Il alla vérifier l’état de la serrure du tronc. Pas la moindre fissure, ce que le gamin avait sans doute dérobé n’était pas là. Il prit un instant pour contempler encore une fois les lacs pourpres et bleus que la lumière jetait sur le pavé usé. L’abbé retourna à son travail interrompu. Il se remit à lustrer de sa peau de chamois les sculptures des stalles du chœur. Il eut une pensée au delà du temps pour l’homme qui avait ciselé un délicat saule pleureur abritant un berger et son agneau.
- Lily of the valley a écrit:
- Les doigts fins du saule pleureur effleurent la surface du lac. Sebastian lève les yeux vers l’autre rive. Il sourit au loriot et à la tourterelle des bois qui chantent, invisibles, leur ode à la lumière de ce début d’été. L’air tremble et vibre sous la chaleur. Sebastian choisit, dans le vieux mug de porcelaine ébréché posé sur un escabeau près de lui, un pinceau de petit gris. Ce sont ses préférés, il aime la façon qu’ils ont de caresser le papier, leur énergie comme si le petit écureuil avait transmis son caractère à l’objet. Il passe la douce brosse sur sa peau déjà brunie par le soleil et pense. Comment transposer sur la feuille les vibrations de l’air, la légère brume, l’impression que la surface de l’eau est vue à travers un verre cathédrale? Un léger son le sort de ses pensées, il regarde à ses pieds. Dans une fissure du sol, un grillon le fixe de ses gros yeux ronds. Sebastian lui fait un clin d'oeil et plonge le pinceau dans la couleur.
- Fée Clochette a écrit:
- Papa taillait les branches de notre saule pleureur.
- "il résistera mieux au vent, ne soit pas triste, c'est comme tes cheveux, les branches repoussent" me dit-il souriant. Avec un peu de mastic il colmata la fissure du tronc : "L'écorce c'est un peu comme ta peau chérie, fragile si tu la blesses, mais résistante si tu la soignes." Il descendit de son escabeau, sorti du panier une collation et mon écureuil en peluche. L'herbe était douce, le lac ondulait imperturbable. - J'aime être ici dit-il après un long silence, regarde cette lumière. Qui ne pourrait pas être heureux en ayant le ciel pour cathédrale. Puis, il chanta "Hey Jude, don’t make it bad. Take a sad song and make it better." ...... - ludi a écrit:
- Le saule pleureur formait comme une cathédrale de verdure. Elle adorait s'y réfugier de temps en temps. La lumière qui filtrait à travers les branches dessinait sur la peau de son bras des ombres mouvantes fascinantes. A ses pieds, les eaux du lac clapotaient doucement. Peut-être allait-elle voir un écureuil ? Bon, assez paresser, il fallait qu'elle aille chercher l'escabeau pour réparer la fissure du mur de la cuisine.
- Rosalind a écrit:
- Paul ne manquerait pour rien au monde le festival de musique ancienne de Maguelone. Assis sur son petit escabeau, il ressent à fleur de peau l'émotion de l'interprétation de Jordi Savall.
Levant les yeux, il voit la lumière filtrer à travers les nouveaux vitraux représentant l'onde de choc d'un caillou tombé dans l'eau. Comme chaque fois il songe aux ricochets dans le lac de son enfance, bordé de saules pleureurs. Il a une pensée émue pour les lointains bâtisseurs de la cathédrale, au 12e siècle, et imagine les ouvriers manœuvrant la grande roue à écureuil pour hisser les lourdes pierres. De la belle ouvrage, pas une fissure apparente dans l'imposant édifice. - Cassandre a écrit:
- Akila nettoyait ses vitres sur un escabeau et admirait la cathédrale d’en face, sa fissure et sa lumière. Avec son corps meurtri par les coups de son mari, elle aurait voulu changer de peau et devenir un écureuil. Elle aurait ainsi pu retourner au village de son enfance, au bord du lac sous le saule pleureur et pleurer sur sa misérable vie.
- Elianor a écrit:
- Les cloches de la cathédrale venaient de sonner 7 heures et la lumière du soleil brillait sur les eaux calmes du lac. Tom, l'enthousiasme à fleur de peau, sauta de son lit et grimpa sur l'escabeau pour observer l’écureuil qui nichait dans une fissure du saule pleureur centenaire.
- ami de Rosalind a écrit:
- Le compagnon finissait de peindre l’écureuil sur le blason en peau de sanglier de son Seigneur, perché sur l’escabeau sa palette à la main, un pinceau à la bouche. Ébloui par le reflet du lac aux travers des meneaux de la fenêtre du château, il devine la flèche de la cathédrale au loin par delà les forêts. Quelle lumière, il reste figé devant tant de beautés. C’est comme une fissure du temps, rien ne bouge, pas un bruit, pas de vent, même le saule pleureur n’ose frémir.
16 avril 2020 - Fée Clochette a écrit:
- Didjeridoo, Espadon, Termite, Fiançailles, Jardin, îles Aléoutiennes, Hibiscus, Voile
- Spoiler:
- ludi a écrit:
- Hélène caressa le voile fin du bout des doigts. Que de souvenirs il faisait remonter... Ses fiançailles avec Jean. Le mariage dans un jardin paradisiaque. On avait servi de l'espadon aux invités. Les mutations successives de son mari vers les endroits les plus exotiques, comme les îles Aléoutiennes pour finir ici, en Australie, où leur première maison avait été envahie de termites. Mais vite, elle finit son thé à l'hibiscus, avant de filer rejoindre Jeanne pour voir l'exposition consacrer au Didjeridoo, instrument ô combien fascinant.
- Annwvyn a écrit:
- L’âge venant, ses souvenirs s’estompaient. Dans le jardin de la maison de repos, ne lui revenaient à l’esprit que quelques images de sa vie. Une vie comme les autres. Sa souffrance, quand son premier navire avait sombré mangé par les termites. Ses fiançailles rompues sous la pluie diluvienne d’une nuit tropicale. Mais aussi une vie d’horizons lointains. Il se rappelait le claquement de la grand-voile dans le vent. L’éclat des espadons dans les reflets de la mer Noire. Le son vibrant, rond, et chaud des didjeridoos d’Australie. Le froid piquant des îles Aléoutiennes et le parfum de la toundra. Et puis les souvenirs s’effaçaient, et ne restait plus que l’attente. L’attente de son dernier voyage. De son vieil herbier, montait un ancien parfum d’hibiscus.
- Fauvette a écrit:
- La nuit tombe sur les rivages de Vanuatu, et Fareani offre son visage à la brise marine, l'odeur des hibiscus une douce caresse dans la pénombre étoilée.
Derrière lui, la fête de fiançailles de sa sœur Vaitea se prolonge dans le jardin partagé par le voisinage : le kava traditionnel a depuis longtemps été versé au sol pour honorer les ancêtres, et l'heure est maintenant à la dégustation de l'énorme espadon qui grésille sur les braises, au son du didgeridoo du cousin australien rentré au pays spécialement pour l'occasion. Fareani, appuyé sur la rambarde de bois heureusement encore épargnée par les termites, fixe une voile à peine visible dans les eaux profondes de Port-Vila : l'amour de la mer coule dans ses veines et il se promet, ce soir de fête, d'embarquer un jour pour parcourir enfin les océans, qui sait ? Peut-être jusqu'aux lointaines îles Aléoutiennes. Il sait déjà que le parfum des hibiscus n'en sera que plus enivrant à son retour. - Lily of the valley a écrit:
- Matt leva les yeux vers la devanture rouge de la petite boutique d’antiquités. Elle ne lui inspirait pas confiance. D’ailleurs, Portobello ne lui inspirait jamais confiance. Je suis sûr que c’est infesté de termites ici, grommela-t-il dans sa barbe alors que son meilleur ami et futur témoin, Scott, le trainait à l’intérieur. A peine entré, Scott courut partout, tâtant, soulevant, examinant, s’exaltant. Scott était déjà à l’autre bout de la pièce caressant suggestivement un didjeridoo, son regard bleu pétillant de malice. Matt leva les yeux au ciel.
« Eh, relax, Matt, on va la trouver. cette bague de fiançailles !" -Sûrement pas dans les ouïes d’un espadon empaillé ou dans une toque en peau de phoque des îles aléoutiennes. My God, c’est le British Museum ici !» Scott revint vers lui et lui passant un bras autour de l’épaule lui souffla : « Viens voir par ici… et arrête de faire cette tête sinon ta fiancée, c’est le voile qu’elle va prendre et pas celui de la mariée, crois-moi. » Matt se laissa entraîner vers l’arrière du magasin donnant sur un jardin microscopique où s’épanouissaient des feux d’artifice d’hibiscus. Là, le vieil antiquaire leur sourit, veillant sur les vitrines de bijoux comme un hibou sur sa couvée. « Que puis-je pour vous ? -Une bague de fiançailles pour celui-là, que je sois enfin débarrassé de lui. » répondit Scott en éclatant de rire. - clinchamps a écrit:
- Ras le bol ! Qu’est-ce que j’en sais, moi, du son du didjeridoo, de la période de frai de l’espadon, du climat des Aléoutiennes (d’ailleurs, c’est où, ça ?)Des fiançailles, j’en ai jamais eues, ni de voile de mariée, et alors ? J’ai pas de jardin, et tout ce que je sais de l’hibiscus, c’est qu’il est l’emblème de la Corée (merci les dramas ! ) et qu’il fait une fleur par jour ! Y manquerait plus que j’ai des termites dans la toitures ! Ras le bol, je vous dis !
- Elianor a écrit:
- Un voile de nostalgie dans les yeux, Alice regardait les photos de ses fiançailles l'été dernier dans les iles Aléoutiennes. Que de bons souvenirs! Les danses au son du didjeridoo dans les jardins, les succulents tartares d'espadon et les fous-rires quand une table rongée par les termites s'était effondrée sous le poids des victuailles. Et que dire de ces merveilleux baisers à l'ombre des hibiscus…?
- Rosalind a écrit:
- La fête de fiançailles était très réussie. Ils étaient tous là, dans le jardin luxuriant planté d'hibiscus et de frangipaniers, les cousins de Brisbane et ceux d'Unalaska dans les îles Aléoutiennes.
Ils avaient prévu de rester un mois ici à Hawaï, afin de profiter des beautés de l'île. Et pourquoi pas faire un peu de voile, en faisant attention aux requins, et dans l'espoir d'apercevoir un espadon... La fête battait son plein, un des cousins d'Australie avait apporté un véritable didjeridoo traditionnel, en bois d'eucalytus creusé par les termites, et en tirait des sonorités étranges. - Ami de Rosalind a écrit:
- Didjeridoo, un tuyau pour ceux qui pratiquent le bouche à oreille, comme me fait remarquer mon ami aborigène qui préfère la pêche à l’espadon à la musique chamanique. Il m’invite souvent dans sa pirogue mangée par les termites où je crève de peur. Comme si j’allais fêter mes fiançailles avec Perséphone prête à m’inviter dans ses jardins bien loin des îles Aléoutiennes. Je préfère le pays des vahinés aux couronnes d’hibiscus et de fleurs de frangipaniers plutôt que mettre les voiles pour le royaume d’Hadès.
- Cassandre a écrit:
- Akila était heureuse car elle avait pris sa décision. Elle avait connu de belles fiançailles dans le jardin de ses parents et ensuite, sa vie était devenue une tragédie. Elle aurait tellement voulu partir à la voile vers les îles Aléoutiennes, apprendre à jouer du didjeridoo, pêcher l’espadon et surtout sentir le parfum des hibiscus. Mais voilà elle vivait dans une maison mangée par les termites et savait que cette belle journée serait sa dernière.
17/18 avril 2020 - clinchamps a écrit:
- marcel(sans majuscule), Galapagos, Barbe à papa (le groupe), carabine, métro, oriflamme, coffret, cierge
- Spoiler:
- Sethy a écrit:
- Concentré. Il est la flamme du cierge à 30 pas. Un coup part. Elle s'éteint.
Méthodique. Il replace l'arme dans le coffret et passe en revue ses déguisements. Le marcel, trop voyant, il opte pour la salopette et la casquette. Systématique. Il pense au trajet : métro, arrivée au parc d'attraction, oriflammes à l'entrée, profiter de l'attroupement au stand de Barbe à Papa, prendre la carabine, viser la cible, tirer. Extatique. Choisir la peluche tortue des Galapagos… - Fée Clochette a écrit:
- A l'embranchement métro Chatelet-les Halles, le torse moulé dans un marcel bleu vif et jaune citron, il fait son numéro d'illusionniste, avec en fond sonore la musique du groupe Barbapapa. Les pièces tombent dans son chapeau.
Son show terminé, il plie son oriflamme, démonte l'estrade, range tout dans le coffret ou repose déjà sa carabine. Avant d'aller à son club de tir, il allumera un cierge à l'église St Eustache, son voeux, visiter un jours les Galapagos ! - Fauvette a écrit:
- Le confinement s'éternise et les enfants s'ennuient.
Leurs parents regardent, désabusés, un documentaire sur les iguanes des Galapagos, et Zazie dans le métro, au programme de français du cadet, gît abandonné sous le coffret DVD. Soudain, l'aînée bondit et entraîne son frère récalcitrant au grenier pour une représentation théâtrale improvisée : en deux temps trois mouvements, l'un chevauche un vélo crevé et l'autre un cheval de bois poussiéreux, deux chevaliers s'en allant en croisade ; un vieux marcel de papa sur une carabine en plastique faisant guise d'oriflamme. Un cierge de communion oublié et les allumettes empruntées à la cuisine parachèvent l'ambiance fantasmagorique de la scène ; la fumée qui s'effiloche telle une barbe à papa laisse présager une fin dramatique à la Jeanne d'Arc. Mais l'illusion est vite rompue lorsque des chaussons parentaux font craquer les marches de l'escalier. "Les enfants, qu'est-ce que vous fabriquez ? Ça sent le brûlé jusqu'au salon !" Lesdits enfants, penauds, comprennent alors qu'ils seront certainement confinés dans leur chambre pour une durée indéterminée. - Annwvyn a écrit:
- Le mousse était sur le pont, direction les Galapagos. Il faisait grand soleil, il était en marcel, et monté, pour mieux voir la mer, sur le coffret contenant ses quelques affaires. Au diable, cette existence rangée, enfantine, parisienne. Adieu le métro brinquebalant, les cours de chasse à la carabine, les cierges du dimanche, et les barbes à papa des kermesses de fin d’année. A lui la liberté ! Au-dessus de sa tête, tout en haut du grand mât, l’oriflamme claquait dans le vent. L’air était vif, l’aventure était partout.
- Elianor a écrit:
- Je refermai d'un coup sec le coffret après y avoir placé la carabine achetée aux Galapagos et le cierge béni (deux précautions valent mieux qu'une). J'enfilai rapidement mon marcel rose barbe à papa et filai en direction de la station de métro la plus proche. J'avais rendez-vous à L'Oriflamme et il fallait que je me dépêche pour y arriver à temps !
- Ami de Rosalind a écrit:
- Près d’une roulotte, sur fil à linge, un marcel danse au gré des vents, de noroît, de suroît, d’alizé, que sais-je peut-être vient il des Galapagos ? De la barbe à papa plein les lèvres je déambule entre les stands et sursaute aux claquements des carabines.
Non, décidément ce n’est pas pour moi. Mon ticket de métro en poche, pauvre oriflamme des voyageurs suburbains, je regagne ma chambre sous les toits, ouvre grand ma fenêtre, sort mon coffret à rêves, puis étale sur la table mes trésors. Une rose des sables et son chant de muezzin, une conque des îles et ses cris de pêcheurs, un cierge pascal et sa lumière de Rome, et encore et encore. - Lily of the Valley a écrit:
- Grand papy les attendait au pied du phare qui dominait la petite crique comme un grand cierge pâle protégeant les marins. La peau du vieil homme était tannée par le soleil et le sel, et ses longs cheveux blancs ondoyaient comme une oriflamme dans le vent de la marée montante. Gabriel attendit à peine que la barque ne s’arrête et sauta sur les rochers sans attendre ses parents, courant de toute la force de ses petites jambes. Aussitôt, le vieux Labrador, Galapagos, dansa autour de lui. L’enfant se précipita dans les bras de son arrière-grand-père, s’accrochant au marcel un peu jauni et troué du vieil homme, caressant les joues burinées de ses mains potelées.
« Ta barbe, grand papy, elle est plus douce que la barbe à papa. » s’exclama l’enfant. « La barbe DE papa. » corrigea son père qui arrivait derrière lui portant les valises. « Bonjour grand-père. Tiens, pas de chasse au lapin aujourd’hui ? La carabine est remisée ? » Demanda-t-il en embrassant le vieux breton. « Eh, d’après toi, mon gars, qu’est-ce qu’on mange au dîner ? » rit le vieil homme. « Allez donc vous changer tous les deux, tenues de vacances obligatoires. » ordonna-t-il aux parents de Gabriel. « Pas de métro, boulot, dodo, pour deux semaines ! » « Grand papy, tu veux voir mon coffret à trésor ? » demanda l’enfant, entraînant le vieil homme vers la maison. Les vacances promettaient d’être aussi douces que de la barbe à papa. - Rosalind a écrit:
- Paul, en maillot de bain et marcel pique un foulard comme oriflamme sur son château de sable. Puis il ramasse des coquillages qu'il met dans son coffret en pensant aux Galapagos. Maman lit Zazie dans le métro, et pense qu'elle devrait brûler un cierge à l'église pour sa grand-mère. Ce soir ils iront tous à la fête foraine tirer à la carabine et manger de la barbe à papa.
- Ysabelle a écrit:
- Il n'aime pas porter la chemise à même la peau. Tant pis s'il va passer pour un ringard, mais il va mettre un marcel avant de l'enfiler. Il regarda sa montre. Il en a à peine pour un quart d'heure par Métro. Ce n'est pas comme s'il allait aux Galápagos! Il décida néanmoins de prendre la voiture. Ça lui permettra de déposer au passage, le coffret que son grand-père lui a demandé. Un bruit venant des bois lui fit pousser un juron! Ça doit être encore ces maudits chasseurs avec leurs carabines. Le jour ou il déménagera d'ici, il ira allumer des cierges à la chapelle St Augustin. A la station, Alice était déjà là. Il sourit. Il n'avait pas besoin de dresser un Oriflamme, elle l'a tout de suite reconnu. Comme elle a grandi! Il se rappela quand petits, ils engloutissaient des quantités de barbe à papa.
- ludi a écrit:
- Elle avait revêtu son marcel sur un pantalon de jogging pour débarrasser le fatras du grenier. Qu'est-ce qu'elle avait pu accumuler en si peu d'années. La machine à barbe à papa qu'elle avait acheté alors que ce genre de machine était à la mode, la vieille carabine de son père, un oriflamme qui datait des festivals médiévaux auxquels elle assistait, un vieux coffret vide que sa mère lui avait offert pour cacher ses trésors, un cierge, vieux souvenir d'une visite à Lourdes. Elle allait pouvoir vendre quelques trucs à la brocante de quartier de ce week-end. Mince, elle était en retard. Elle devait voir son frère avant qu'il parte aux Galapagos . Où étaient passé ses fichus ticket de métro ?
18 avril 2020 - Sethy a écrit:
- rond(e), bois, accent, épingle , dominante, fierté, eau, touche
- Spoiler:
- Ysabelle a écrit:
- L'enfant jouait avec un morceau de bois rond. Un trou au milieu lui a permis de l'attacher à un fil à l'aide d'une épingle. Il ressentit une grande fierté, tandis que l'eau lui touchait les pieds, d'un doux chatouillement. Ne t'éloigne pas trop, Alessandro, le rappela une voix dominante, qu'adoucissait pourtant, un accent chantonnant.
- Fée Clochette a écrit:
- Une ronde joyeuse d'enfants chantaient "nous n'irons plus au bois.." avec le fort accent des Alpes. Sur leur polo, une épingle fixaient l'étiquette à leur nom. Dominant le torrent, une petite fille échappée du groupe, lançait des pierres, sa fierté était sans limite lorsque d'un jet son cailloux traversait l'eau et atteignait l'autre rive d'une touche ferme.
- Lily of the Valley a écrit:
- Les ronds dans l’eau s’élargissent autour des jambes nues. De la rive, il admire ce corps qui s’avance dans le lac où se reflètent les teintes chaudes des grands bois qui le bordent. La peau, embrassée par le soleil, s’accorde avec les couleurs dominantes de métal chaud apportées par la fin de l’été, ces touches d’or, ces accents de cuivre, ces reflets de bronze. Il voit peu à peu l’eau envelopper les jambes, caresser les cuisses, enserrer la taille. Les muscles du dos ondoient dans une nage souple et puissante. Il tend alors la main, comme pour fixer d’une épingle, sur le tableau de sa mémoire, cette image qu’il pourra contempler plus tard, comme un entomologiste accroche avec une fierté teintée d'amertume, le majestueux papillon qu’il vient d’ajouter à sa collection. Une larme glisse au coin de sa paupière, l’image se trouble, il tourne le dos et remonte le sentier…
- Annwvyn a écrit:
- La jeune fille avait ravalé sa fierté. Ce n’était pas comme si elle n’avait jamais su qu’elle resterait sur la touche. Alors elle se concentrait sur son travail. De sa main dominante, elle retenait l’étoffe, fluide comme l’eau. De l’autre, elle piquait les épingles dans le mannequin molletonné à tête de bois. La soie moulait la taille ronde, il était convenu que la robe mettrait l’accent sur le buste de la mariée.
- Rosalind a écrit:
- Vêtue sobrement dans une dominante de noir, avec comme seule touche de fantaisie un collier de perles de la plus belle eau, elle s'avance avec fierté dans le rond de lumière pour prendre place parmi les bois de l'orchestre.
Oubliés les coups d'épingle des concurrents jaloux se moquant de son accent étranger, elle a gagné son pari. - Fauvette a écrit:
- Le soleil pointe à peine derrière l'horizon, et déjà l'orchestre des bois s'éveille. Sous la voix dominante des merles délimitant leur territoire avec fierté, se devinent l'accent chantant des pinsons et les notes rondes de la chevêche. La bergeronnette au bord de l'eau apporte une touche métallique à l'ensemble, un tic-tic semblable à une épingle tombée sur un caillou. La forêt s'étire et se réveille, le printemps n'attend pas !
- clinchamps a écrit:
- Quand j’étais enfant, on faisait la ronde dans la cour de récréation ! Les petits, le mouchoir accroché par une épingle sur la blouse, chantaient « nous n’irons plus au bois, les lauriers sont coupés.. » On jouait au loup, une touche sur la plus proche passait le loup. Quelle fierté de faire les cases de la marelle sans une faute ! Les accents chantaient des musiques de bien des horizons ! Aucun ne venait de l’autre côté de l’eau ! Aujourd’hui le smartphone est la dominante, et a tué tout ce charme et cet héritage de comptines ancestrales.
- Ami de Rosalind a écrit:
- Ha, cette tournée des Grands Ducs, quelle nuit, vautrés dans la tire, imbibés, ronds comme des queues de pelles.
- Tu bois trop, qu’il me dit, dans un accent pâteux. Joe, mon vieux pote, faut rentrer à pieds avant que la Rousse nous épingle. - La rousse, c’est pas ma pensée dominante surtout au petit matin, et d’abord la maréchaussée je l’emm... - Tais-toi qu’il me répond, on a sa fierté, je ne veux pas finir au violon au pain et à l’eau. Et pis avant d' descendre coupe la radio d’la bagnole, ça me casse les oreilles. - Touche pas à mon poste ! Que j’hurle, la tête dans le volant. Mais euhhh ... il est où Roger ? On l’a oublié dans quel rade ???? - Elianor a écrit:
- Il tournait en rond depuis des heures dans les bois à la recherche de son épingle et de sa fierté. "Ma gourde d'eau est presque vide..., murmura-t-il un accent de panique dans la voix, Je touche vraiment le fond... Il faut absolument que je trouve une position dominante pour me repérer !
Dernière édition par Fauvette le Mer 22 Avr 2020 - 21:08, édité 2 fois |
| | | Fauvette Bluebird on a White Cliff
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| Sujet: Re: Jeu littéraire pour chasser les idées noires : les textes ! Mar 21 Avr 2020 - 19:41 | |
| 19 avril 2020 - Elianor a écrit:
- talisman, résidence, pastel, souffle, tailleur, siège, rire, gypserie
- Spoiler:
- Lily of the valley a écrit:
« Asseyez-vous là, sortez le livret pédagogique et écoutez le guide. » Le professeur suait à grosse gouttes autant à cause de la chaleur qui régnait ce jour maudit de sortie scolaire –bon sang, pas un souffle d’air !- que du groupe d’ados qu’il venait de parquer dans l’église de Mainau après les avoir trainés le long de la résidence des Bernadotte. Assis en tailleur ou vautrés comme des otaries déshydratées, les ados peinaient à garder les yeux ouverts excepté pour prendre quelques selfies « en scred ». Le professeur se glissa -lui aussi en scred- vers le seul siège qu’il trouva à l’arrière du groupe, une chaise pliante dont la présence était aussi incongrue qu’inespérée. Le guide commença : « Bien, comme vous l’avez sans doute vu, les tons pastels et les dorures sont typiques du mouvement rococo, de même que les stucs et gypseries, tel que vous pouvez en voir ici. » Le guide brandit une petite lampe laser qu’il portait, telle un talisman, autour du cou, pour désigner lesdites sculptures. La grosse voix de Brandon s'éleva « Ouais, ben c’est du plâtre quoi, mais du plâtre pour gon… » « Brandon, ta bouche ! » interrompit le professeur par-dessus les rires plus ou moins étouffés. - Fée Clochette a écrit:
- Numa, Lou Gipié, avait fait diligence pour créer de délicats ornements, puis son apprenti les avait enduits de pastel aux couleurs variées.
Aucun besoin de talisman pour l'inspirer, Numa, compagnon du devoir avait juste laissé s'épanouir son souffle créateur. Plus loin, le tailleur de pierre achevait les sculptures d'un siège de fenêtre. Demain le vitrailliste, parachèverait l'ensemble. Nul doute que tous entendraient la réminiscence du rire de la dame blanche dansant une ultime Volta, le voile de son hennin flottant sous les hautes arches de gipseries restaurées de la grande salle de sa résidence d’Aix. - Annwvyn a écrit:
- La chaleur suffocante, et le souffle du vent qui faisait voler la poussière, avaient poussé le garçon à trouver refuge au pied du talisman, dans sa grande résidence de chaux, de bois et de nacre. Assis en tailleur, un coussin en guise de siège, les yeux fermés, le garçon écoutait murmurer au-dessus de sa tête la gypserie des voûtes. Derrière ses paupières, la lumière du soleil prenait des teintes pastel. L’air chaud du dehors lui caressait les côtes, et il se retenait à grand-peine de rire aux éclats.
- Ysabelle a écrit:
- Son tailleur pastel enfilé, elle était enfin prête. Elle ajusta le siège de sa voiture et quitta la résidence. Dehors, le calme régnait. On apercevait à peine le souffle d'une légère brise caressant les feuilles des arbres et le rire moqueur d'un pivert. Au centre ville, elle trouva le magasin qu'elle cherchait. L'entrée ornée de décorations en gypserie était prometteuse. Devant la porte, une fillette vendait des talismans. Elle lui donna une pièce, puis entra.
- Fauvette a écrit:
- Résidence du sultan, intérieur nuit. Assis en tailleur dans un recoin de la charpente, le voleur retient son souffle : sous les luxueuses gypseries du plafond, le dîner princier touche à sa fin et les rires des convives montent à ses oreilles, entre deux loukoums pastel parsemés de sucre. Mais son attention est rivée sur le maître de céans, alangui sur son siège en bout de table : encore quelques instants avant que le sultan ne se retire pour la nuit, et le talisman que son Excellence ne quitte jamais sera alors à portée de doigts…
- clinchamps a écrit:
- Mon ami Park Seo Joon m’avait promis de me faire rencontrer une chamane, quand j’irai le voir à Séoul, afin d’obtenir un talisman contre les entorses, vu que je me tords toujours les pieds. Nous voilà donc sur nos sièges (pour Occidentaux) devant une femme assise en tailleur derrière une table basse. Ses soieries rouges flamboient, les jaunes scintillent, pas de pastel ici ! Elle agite ses grelots, je me pince pour ne pas rire ! « Chut ! » me souffle Seo Joon. En échange de quelques billets, je reçois un papier calligraphié de rouge à accrocher dans ma résidence. C'est l'heure sacrée du repas, au restaurant je remarque de belles frises de gypseries, pas du tout du style local, l’Occident a encore frappé !
- Rosalind a écrit:
- Le négociant enrichi dans le commerce du pastel est satisfait. Ce soir il donne une grande fête dans sa nouvelle résidence. Les rires résonnent déjà dans la grande salle où de nombreux sièges sont disposés le long des murs.
Son costume confectionné par le meilleur tailleur d'Albi est à couper le souffle. Il lève les yeux vers la gypserie en forme de feuille de pastel décorant le porche d'entrée, c'est son talisman. - Ami de Rosalind a écrit:
- Les roulottes se suivent à la queue le leu, à chacune son talisman, au dessus de l’entrée. Résidences portées par les vents, peu de tons pastels, non, mais rouges, verts, bleus, tapants.
Le camp est levé, tôt le matin, un souffle nouveau court entre les Manouches, Roms, tziganes, enfin entre gens du voyage. Assis en tailleur sur son siège, il harangue sa mulassière du bout de son fouet, la caresse plus que ne la cingle, la cigarette au coin de la bouche, répond aux rires des enfants qui suivent à pied. Ils se rassemblent lentement pour les Saintes - Maries - de - la - Mer, la grande « Gypserie » de l’été. - Lily of the valley a écrit:
- Un léger souffle agite les feuilles du Bois d’amour. Deux hommes se sont installés près de l’eau. L’un d’eux, assis en tailleur, se penche vers l’autre, attentif, absorbant les paroles de son aîné. Ils ont élu résidence dans le village dont les artistes ont fait le siège il y a peu. Les rires des lavandières flottent jusqu’à eux. La boîte se couvre de couleurs vives, oubliés les pastels académiques, les gypseries guindées du siècle précédent. Le Talisman ouvre une nouvelle ère.
- Sethy a écrit:
- La résidence d'un Génie … ce bonimenteur croyait-il vraiment nous vendre ce talisman protecteur ? Maintenant que nous avancions dans le dédale, éclairés de nos seules torches, les profils des colonnades et les gypseries projetaient d'inquiétantes ombres enturbannées. Toute envie de rire avait disparue de nos gorges … Dans un souffle, une forme lumineuse couleur pastel apparut. "Il" était là, assis en tailleur flottant au-dessus de son siège, ses deux yeux perçants rivés sur nous …
20 avril 2020 - Annwvyn a écrit:
- Mascarade, Scène, Pangolin, Tulipe, Couette, Dictionnaire, Symphonie, Carton
- Spoiler:
- Sethy a écrit:
- Hier elle avait recyclé les déguisements du Carnaval pour une petite mascarade mais aujourd'hui que faire pour les occuper ? L'idée lui vint quand la plus jeune évoqua l'animal du jour. Aussitôt, elle chargea la plus grande de consulter le dictionnaire. Entre-temps elle confectionna un décor en carton et piocha dans ses disques de symphonies classiques. Saint-Saëns ! Bien sûr ! Va pour les tortues !
Aux premières notes, elles étaient assises toutes les deux, le menton dans les mains, des couettes dans les cheveux. En scène pour "Le Pangolin et la Tulipe" (on fait ce qu'on peut se dit-elle). - Lily of the valley a écrit:
- Encore une heure sous la couette, est-ce trop demander ? Après tout, le dictionnaire Larousse dit que confiner quelqu’un est « le tenir dans d’étroites limites ». Il est assez étroit son clic-clac de mère célibataire ? Elizabeth aperçoit dans la kitchenette, sous la lumière zébrée des persiennes de son F1 bis, les trois artichauts qu’elle s’est promis de faire manger à ses deux rejetons. Elle les a trouvés au petit magasin bio, la veille … les artichauts, pas les gosses. Elle a refusé les tulipes qu’un enfant malingre lui tendait dans la rue sans se soucier des gestes barrières, car la misère n’entend pas les recommandations. Elle le regrette, pas pour les tulipes, pour l’enfant. Elle jette encore un œil aux artichauts, assis sagement dans leur carton « Happy Organic », comme trois bébés pangolins. La scène la fait sourire et elle pense à Pierre Desproges. Quelque part, quelqu’un écoute la symphonie du Nouveau Monde. Est-ce un Nouveau Monde qui naitra de tout ça ou une nouvelle mascarade ? Qu'en dirait Pierre Desproges ?
- Fée Clochette a écrit:
- La forêt bruissait de mille bruits, c'était soir de fête, la mascarade commençait avec le combat des grillons sur la scène montée au milieu de la clairière. Le petit Pangolin s'était déguisé en tulipe rouge, il était Mr Loyal, le rôle de sa vie - la foule du petit peuple des herbes et arbres, regardait attentif, chacun avec sa couette, car les nuits pouvaient être fraîches dans ce coin de paradis. Montée sur un épais dictionnaire, la célèbre souris verte, la chevelure toute ébouriffée, d'un geste autoritaire, intima l'ordre à l'orchestre des grenouilles vertes d'attaquer sa dernière composition, le prélude de la Symphonie Fantastique.
Puis pour accueillir l'aube, d'un carton, s'éleva la voix que tous attendaient, le chant divin de la guoguo des prés. - ludi a écrit:
- Alors qu'à l'extérieur, le calme plat a remplacé la symphonie habituelle des klaxons, l'ennui nous a poussé à la mascarade. Paul a installé un carton au milieu de la pièce, faisant office de scène. Puis il a grimpé dessus, drapé de la couette en guise de toge, quelques tulipes dans sa main tendue au dessus de la tête, un dictionnaire ouvert dans l'autre. Difficile de ne pas deviner la statue de la liberté. A mon tour, je pioche un papier dans la coupelle. Zut, pangolin, comment je vais m'en sortir pour faire deviner un truc pareil !
- Ami de Rosalind a écrit:
- - Mascarade, mascarade, tout cela n’est que mascarade ! s’écrie Arlequin, bondissant sur scène.
- Espèce de pangolin d’opérette, Fanfan la Tulipe de banlieue ! Pangolin ? Dans les coulisses, Colombine couettes en bataille, feuillette vivement son dictionnaire de poche. Arlequin prend toujours son monde au dépourvu en improvisant à tour de bras, flamboyant dans son habit rapiécé, une vraie symphonie de couleurs. Oui mais, chaque sortie déchaîne applaudissements, cris, vivats. Un vrai carton le bougre, dans sa Commedia dell'Arte ! - Rosalind a écrit:
- Bien au chaud sous la couette, avec en bruit de fond la symphonie inachevée de Schubert, je relis avec bonheur La tulipe noire de Dumas.
J'ai récupéré mon vieil exemplaire défraîchi au fond d'un carton, au milieu de dictionnaires de latin, au cours des rangements lancés pour oublier la triste mascarade qui se joue sur la scène internationale. Je serre contre mon coeur les peluches retrouvées par la même occasion, mon pangolin et mon koala chéris. - Fauvette a écrit:
- Silhouettes fantomatiques dans la nuit noire, les mâts décharnés de l'Erebus et du Terror craquaient lugubrement, prisonniers des glaces.
Seuls les brasiers allumés sur la banquise par les deux équipages éclairaient la nuit arctique ; une symphonie de scies dominait le brouhaha des marins comme les charpentiers du bord s'activaient à monter une scène improvisée pour la grande mascarade, organisée par les capitaines pour la plus grande joie de l'équipage. C'est qu'il fallait remonter le moral des troupes, et chacun fouillait avec hilarité dans les coffres débarqués pour l'occasion ; même les effets personnels des officiers avaient été mis à contribution, dictionnaires de marine oubliés pour un soir. Les matelots s'en donnaient à cœur joie, qui enveloppé d'un vieux châle brodé de tulipes, qui improvisant un costume de pangolin avec quelques bouts de carton. Le mousse, lui, aurait bien aimé piquer quelques fleurs en tissu dans sa longue chevelure de marin buriné, mais il n'avait guère que de quoi faire une misérable couette ! - Uly a écrit:
- Quelle vaste mascarade !
Quelle symphonie assourdissante sur la grande scène du monde ! Voilà le coupable ! Nous ne sortons plus de dessous nos couettes, nous préférerions même nous cacher dans des boîtes en carton ! Et tout ça à cause de lui ! Lui ? Cherchez bien dans le dictionnaire, son nom se trouve avant tulipe... C'est le pangolin bien sûr ! - clinchamps a écrit:
- Un pangolin ? C’est quoi, ce truc ? le dictionnaire cale l’armoire, je vais voir Google. Et c’est ça que les Chinois, qui mangent tout ce qui a 4 pattes sauf les tables et tout ce qui vole sauf les avions, ont mangé ? Faut avoir une cervelle en carton, quand même ! C’est pour ça, la mascarade des masques, la symphonie des casseroles et applaudissements à 20 h ? Enfin, chez moi, à 20 h, le silence est assourdissant ! La scène est désespérément vide ! Ils doivent déjà être sous la couette mes voisins ! Ils devraient se rappeler que les tulipes de leurs jardinières sont symbole de l’amour ! De la fertilité aussi ! Attention au babyconfinement !
- Elianor a écrit:
- Carton à dessin dans une main, dictionnaire dans l'autre, il observait la scène d'un air sceptique : " Quelle mascarade ! Ils avaient déjà remplacé la rose du Chevalier par une tulipe, les tresses de la Walkyrie par une couette et le Nain Mime par un pangolin, ce qui était déjà beaucoup, mais voilà qu'aujourd'hui ils ont décidé de supprimer tous les premiers mouvements des symphonies au programme !"
- Ysabelle a écrit:
- "Your masquerade! I don't wanna be a part of your parade,..." chantait la voix à la radio. Tiens, je me demande comment cette phrase est mise en scène dans le Clip? Il faut essayer de le trouver. En attendant, il faut sortir de sous la couette et aller faire les cartons. Ce n'est pas en lézardant comme un Pangolin, qu'elle va faire son déménagement. Cet emploi dans le commerce des Tulipes était vraiment inespéré. A partir de maintenant, sa vie va couler comme une douce symphonie. Elle trébucha sur le dictionnaire qui traînait à ses pieds. Ce n'est pas le moment d'avoir une fracture! Quelle tête en l'air.
21 avril 2020 - Fée Clochette a écrit:
- devin(eresse), brillant(e), voie lactée, castagnette(s), cyclopède, mélancolie, torrent, fragile
- Spoiler:
- Sihaya a écrit:
- La devineresse de la déesse-mère Ishtar avait enfin atteint l’état de transe, ses yeux, brillants d’une lueur éthérée, contemplaient avec fixité le feu sacré. Les flammes ondulantes et rougeoyantes éclairaient férocement le décor plafonnant du temple d’Uruk, une voie lactée mouchetée de lapis et d’or. Le dos courbé, fragile et anxieux, le roi Narâm-Sîn attendait le dévoilement de l’oracle. L’avenir de l’Empire dépendait de l’issue de cette bataille… En ressortirait-il victorieux ? Une soudaine mélancolie se peignit sur son visage endurci à la pensée de sa bien-aimée. La devineresse laissa jaillir un torrent de paroles sibyllines, et les servantes du feu exécutèrent une danse rituelle, rythmée par le son martelé des castagnettes. Enfin, elle s’adressa au roi d’une voix d’outre-tombe :« Akkadien, ta victoire sur les Lullubi dépend d’une chose ultime : trouve l’ancestral cyclopède, chevauche le et le monde sera à tes pieds!"
- Cassandre a écrit:
- Depuis le petite fenêtre de sa cellule, Andréa essayait d'apercevoir la brillante voie lactée, d'entendre le grondement du torrent ou l'écho des castagnettes. Pleine de mélancolie, elle se sentait parfois fragile, elle aurait voulu savoir ce qui se passait dans le monde extérieur. Sans être devineresse, elle se doutait qu'on ne faisait plus de cyclopède. Soudain,, sonnèrent les matines et Soeur Andréa se replongea dans ses prières.
- clinchamps a écrit:
- Le soleil noir de la mélancolie possédait Nerval, Giono chantait la brillante voie lactée dans le ciel du Chant du monde, les castagnettes de Carmen claquaient chez Mérimée, la fragile Marie Du Plessis mourait chez Dumas, Emily lâche le torrent de la haine dans le cœur de Heathcliff : les écrivains, devins des âmes, emplissent nos vie. C’était la minute de Madame Cyclopède.
- Annwvyn a écrit:
- Cyclopède était emmitouflée dans son plaid. Un froid pénétrant montait des eaux vives du torrent, et le murmure du vent dans les arbres la berçait de mélancolie. Derrière elle, réunis autour du feu, ses compagnons de voyage jouaient des castagnettes, et la devineresse se tirait les cartes. Mais Cyclopède avait préféré s’isoler. Au-dessus d’elle, dans la nuit limpide et parfumée, la voie lactée fuyait à travers le ciel, comme un sentier fragile de petits cailloux brillants.
- Uly a écrit:
- La devineresse était frappée de mélancolie.
Elle semblait même fragile, assise au bord du torrent. Il était donc parti, le brillant guerrier que la voie lactée guidait pour retrouver son royaume, quitté depuis si longtemps. Polyphème, avant elle, avait bien essayé de le rattraper avec sa nouvelle machine, la cyclopède. Mais en vain. Oui, tenter de retenir l'homme aux mille ruses était décidemment aussi vain que jouer des castagnettes au sommet de l'Olympe... - Sethy a écrit:
La mélancolie le gagnait toujours lorsqu'il observait ce spectacle, combien de devin n'avaient-ils pas tenté de percer ces mystères ? Il était immobile. Il sourit à cette idée. Immobile … alors qu'à chaque seconde sans se mouvoir, il se déplaçait de plusieurs centaines de mètres … Mais ce n'était rien en comparaison de ce que ces yeux contemplaient sans voir. Il les imaginait là au cœur de la voie lactée brillant dans le ciel, ces trous noirs avalant matière comme autant de torrents infernaux, ces étoiles jumelles tournoyant plus vite que castagnettes, … Même Einstein avait cru devoir corriger son équation. Immobile. Comme nous sommes fragiles. La lune se levait. Immobile … Un moment il cru voir un cyclopède passant devant elle.
A force de rêver éveillé il avait fini par rêver endormi ! - Fauvette a écrit:
- La silhouette du berger se découpe sur fond de montagnes alors qu'il observe, immobile, la lente progression de la caravane du Tour, telle une infinie voie lactée de klaxons et gadgets en plastique précédant les coureurs.
Il est fini le temps du cyclopède, et nul besoin d'être devin pour savoir que des technologies bien plus avancées sont désormais à l’œuvre sur les pentes du Tourmalet. Et tous ces camping-cars garés sur les bas-côtés, qui écrasent les fragiles iris des Pyrénées... Mais le torrent derrière lui, jouant des castagnettes sur les galets brillants, lui fait vite oublier son accès de mélancolie passager. - Elianor a écrit:
- Le devin admirait le ciel brillant. Que la voie lactée était belle ! Que dire de la constellation des castagnettes et de celle du cyclopède, magnifiques à cette époque ! Un torrent de mélancolie l'envahit : il se sentait si fragile.
- Lily of the valley a écrit:
- Mes dents jouent des castagnettes, les rouages de mon cerveau tournent en un cycle affolant, hémicycle, bicyclette, cyclopède, encyclopédie, mes pensées s'envolent, tourbillonnent et se perdent, j'ai le tournis. Je lève les yeux. Ce minuscule point brillant, infime soleil disparu depuis longtemps qui vibre et clignote dans le tulle de la voie lactée, fait un clin d’œil à mon esprit fragile. Je ne me noie pas dans un torrent de larmes, ce serait céder à la panique et je m’y refuse. Je laisse mes pensées flotter sur les ondes de la mélancolie vers un avenir flou qu’aucun devin n’a encore su dessiner.
- ludi33 a écrit:
- Le masque que Lyra enfila semblait fragile, mais elle le savait à toute épreuve. Elle venait de temps en temps dans cette boutique de rêves, Le devin. Elle aimait échapper à la furie de son quotidien et à la surpopulation terrienne. Elle avait choisi de se promener dans l'histoire de sa ville. Tient, elle ne savait pas qu'un torrent coulait ici autrefois. En levant virtuellement la tête, elle aperçut la voie lactée, si brillante, mais maintenant définitivement occultée depuis la Terre. Mais le paysage changeait à toute vitesse devant ces yeux. Qu'est-ce que c'était que cette drôle de machine. Cyclopède lui murmura une voix à l'oreille. Mais déjà, le bruit des castagnettes retentissait à ses oreilles, annonçant la fin du rêve. Une vague de mélancolie la submergea comme d'habitude, à la pensée de toutes ses richesses disparues.
- Ysabelle a écrit:
- Bon, il n'était surement pas devin, ni ne savait lire dans la voie lactée, mais il était sur de sa brillante idée. Pourquoi donc avait-il déclenché ce torrent de réactions! Le modèle cyclopède pourrait être la réponse à leur projet. Il ne comprenait donc pas tout ce bruit de castagnettes que déclenchaient ses collègues depuis ce matin. Pris par une soudaine mélancolie, il sortit faire un tour. Il n'était pas si fragile habituellement. Demain, il fera une bonne démonstration pour expliquer son idée.
- L'Ami a écrit:
- Sur ce chemin, nul n’est besoin d’être devin, d’avoir de brillantes idées pour savoir où il mène. La nuit, suivre la Voie Lactée, le matin, tourner le dos au soleil, le soir, y faire face. En passant par le pays des castagnettes, pas forcément en cyclopède, on porte d’où qu’on vienne, un sac d’espoirs, de joies, mais aussi de mélancolie. De plateaux arides, de montagnes pluvieuses, de torrents impétueux, il faudra affronter.
Sur mon chapeau, une fragile coquille Saint-Jacques, oui c’est le Chemin. Ultreïa ! - Rosalind a écrit:
- La minute nécessaire de mélancolie.
Salut à toi Monsieur Cyclopède, si brillant mais si fragile. Un devin aurait-il pu prédire que le torrent de ta vie se tarirait si vite ? Je me plais à t'imaginer jouer des castagnettes avec LA MORT tout là-haut dans la Voie lactée... Etonnant, non ? 22 avril 2020 - Fauvette a écrit:
- Menthe, Pieuvre, Pinceau, Calendrier, Lampadaire, Amande, Jaune, Appareil-photo
- Spoiler:
- Sethy a écrit:
- La scène paraissait étrange. Il s'était d'abord arrêté près du lampadaire se saisissant de l'appareil-photo qu'il portait autour du cou. Il prit un instant pour se positionner dans la lueur jaune blafarde. Maintenant qu'il était entré, voici qu'il s'intéressait au calendrier mural. Il était là, debout, en combinaison quasi intégrale, plusieurs objets à la main.
Ensuite, il s'approcha d'un meuble et après avoir versé une poudre, il l'éparpilla à l'aide d'un pinceau. Celle-ci voleta et dessina un modèle de pieuvre en retombant. Enfin, il sentit au-dessus d'un récipient et recula instinctivement. De la menthe se demanda-t-il, non une odeur d'amande amère … du cyanure. Au moins tenait-il déjà l'arme du crime. - Fée Clochette a écrit:
- - qu'est-ce donc ? dit-elle, en agitant son bouquet sous le nez.
- de la menthe, chérie - je parle de cette espèce de pot en forme de pieuvre. - une barbotine de maman - dis-je en posant mon pinceau sur le bord de ma palette. - hideuse ! de plus avec le calendrier du Crédit Agricole orné d'un lampadaire en fond, à peine née, ta nature morte est déjà morte à la postérité !
Elle piocha, gourmande, dans mon sac d'amandes, disparut pour surgir à nouveau. - trop jaune ce tableau ! ne bouge pas, avec l'appareil-photo je vais vous immortaliser.
Puis, d'un geste subtil, elle fit tomber le vase... - L'Ami a écrit:
- Sous le vent, face à la mer, il dépose son chevalet sur un parterre de menthe aux effluves musquées, puis cale un tableau vide. L’esprit disponible mais attentif, sa main autonome, esquisse de longues lignes mouvantes comme une pieuvre languissante. Le pinceau, la couleur, plus tard.
Quel jour sommes nous? Ici l´heure est plus importante que la date du calendrier. Un lampadaire déficient clignote sur le port, capte son regard, ça l’agace. Soudain, une odeur d’amandes grillées et de café l’envahit, elle vient de la maison jaune, derrière lui. Surpris, encore, un bruit discret d’un appareil-photo. Il comprend qu’il est devenu à son tour, le sujet d’un autre tableau. - Sihaya a écrit:
- Le calendrier astral affichait la date galactique du 22 avril 4020 : ce jour devait sceller sa rencontre, tant désirée, avec le captif des mers. Ses yeux en amande, cernés de fatigue, luisaient d’une impatience enfantine. Elle venait, enfin, d’achever l’inventaire de la myriade d’artefacts exhumés sous les strates glaciaires de cette planète enténébrée : appareil-photo, lampadaire, téléphone et autres objets nébuleux jonchaient le laboratoire. A l’heure indiquée, elle se téléporta dans une pièce abyssale où un bassin magnétique, emplit d’eau, encerclait une créature antédiluvienne, irisée de vert-menthe, de jaune de Naples et d’un profond bleu cobalt. Tel un peintre, des temps anciens, maniant son légendaire pinceau, la pieuvre ondoyaient ses sinueux tentacules dans une chorégraphie immémoriale.
- Annwvyn a écrit:
- Basile était trempé jusqu’aux os, mais il ne s’était jamais senti aussi heureux. Les quais étaient baignés de la lueur jaune des lampadaires, qui rayonnait en halos flous dans la nuit humide. Le voyage avait été mouvementé, mais quelle aventure ! Basile avait fait des merveilles avec son appareil photo, et il ne comptait plus les jours où il s’était précipité à terre le pinceau entre les dents, le chevalet sous le bras. Est-ce qu’on se rendait compte ? Il avait même pu voir une pieuvre ! Le jeune homme sautait par-dessus les flaques d’eau. S’il avait bien en tête le calendrier, il arrivait à point nommé pour la récolte des amandes. Son grand-père allait être fou de joie. Basile hâta le pas. Sous l’orage, la terre se parfumait davantage. Pin et menthe fraîche. Il faisait bon vivre !
- Uly a écrit:
- Dans ton ciré jaune tu traînes ton ennui sur la plage, ton appareil-photo à la main, cadeau de ce père que tu ne vois plus guère.
Tu rêves à la date entourée sur le calendrier sous le lampadaire de l'entrée. Promesse d'une nouvelle année, encore inconnue... Auras-tu celle que toutes appellent "la pieuvre" tant sa rapidité à confisquer pinceaux de maquillage et autres colifichets donne l'impression qu'elle est dotée de bras tentaculaires ? Peu importe, ce sera prétexte à rire, après, toutes ensemble, attablées devant une coupelle d' amandes et des diabolos-menthe. - clinchamps a écrit:
- « Je déteste les bonbons à la menthe ! »se dit-elle en jetant les deux derniers à la poubelle ! Le livre sur la pieuvre de la mafia sicilienne lui avait bien plu, et l’avait rendue heureuse de vivre en France ! Le pinceau de lumière tombant du lampadaire sur sa couverture jaune le lui rappelait. En croquant une amande salée (bien meilleure que les bonbons ! )elle consulta le calendrier des expositions et se dit qu’elle devait accélérer un peu ! Enfilant ses bottes, elle passa l’appareil-photo en bandoulière et sortit travailler.
- Rosalind a écrit:
- Will déambulait sur Portobello Road, l'appareil photo en bandoulière. Le calendrier des saisons défilait devant ses yeux, le printemps et ses senteurs poivrées de menthe, l'été avec les pinceaux indiens des fleurs de Castilleja, l'automne et les fruits secs, noix, amandes et noisettes, enfin l'hiver, la lueur jaune du lampadaire tel l'oeil glauque d'une pieuvre.
- Lily of the valley a écrit:
- Le satin menthe à l’eau enserre sa taille fine et dénude son dos. La robe suggère plus qu’elle ne dévoile, mais elle se sent malgré tout vulnérable. Elle s’appuie au lampadaire. Au contact du métal glacé sa peau se couvre d’une vague de frissons. Lève les yeux, lui dit-on. Elle obéit. Elle lève ses grands yeux en amandes, son regard lointain, vers le pinceau de lumière jaune. Approche-toi, lui dit-on. Elle obéit. Des mains la touchent, l’obligent à se plier à la volonté d’un homme-pieuvre dont les doigts-tentacules la manipulent. Regarde-moi. Elle obéit. Tourne la tête. Elle obéit. Détache tes cheveux. Elle obéit. Le flash de l’appareil photo l’éblouit, cinq, dix, quinze fois. Enfin tout s’éteint. Bon boulot, lui dit-on. Elle enfile son imperméable et rassemblant ses affaires, elle se demande en quels lieux et sous quels regards finira le calendrier où restera figée sa silhouette de papier glacé.
- Elianor a écrit:
- Il avait posé son appareil photo sous le calendrier. La nuit était tombée et tout était devenu sombre autour de lui. Même le pinceau jaune du lampadaire s'était tari. Seuls quelques relents subtils de menthe et d'amandes grillées le ramenaient parfois quelques instants à la réalité. Ses émotions étaient comme les tentacules d'une pieuvre qui étreignait et enserrait son cœur, toujours un peu plus, presque jusqu'à l'étouffement.
- Ysabelle a écrit:
- Utilise donc ton pinceau pour me dessiner des pieuvres! Je préfère ça que lorsque avec ton appareil photo, tu sillonnes le monde! Je n'ai alors de cesse de regarder le calendrier et guetter le bruit de ta jeep jaune. Je me languis de ces soirées où sur la terrasse, nous causons tambours battants pendant des heures, sirotant du thé à la menthe, accompagné de gâteaux aux amandes, sous le regard complice du vieux lampadaire.
23 avril 2020 - L'Ami a écrit:
- compas, générosité, calvaire, braise, horde, indigo, inuit, chinchilla
- Spoiler:
- Sihaya a écrit:
- Le ciel est un champ de feu et de braise. Des spectres diaphanes, rouge sang et indigo, ondulent follement sur la voûte céleste rubescente. Je reste mutique devant cette œuvre du Malin, mon âme damnée et ma chair tiraillée par les morsures du froid. Mon calvaire s’éternise, sans début ni fin, dans cette incommensurable immensité, un enfer de flamme et de glace. Mes doigts ankylosés se resserrent, fiévreusement, sur un petit objet circulaire: le compas de mon contremaître…Relique d’un passé chéri, à jamais révolu…Le front brûlant, les tempes battantes, mon esprit entre en débâcle, une horde de pensées m’emporte vers des horizons obscurs...Des cris et des brames confus me réveillent de ma torpeur mortifère. Emmailloté, avec générosité, dans une fourrure de chinchilla, me voici ballotté sur un traineau, conduit impérieusement par un inuit de l’Arctique.
- Sethy a écrit:
- Le calvaire se terminerait bientôt. Son compas cassé, tout espoir l'avait abandonné. Il s'emmitoufla encore plus dans son manteau en fourrure ton chinchilla, fit quelque pas et tomba lourdement. La neige ne tarderait pas à le recouvrir.
Soudain la lumière, il lutta pour ouvrir les paupières. Deux yeux de braises virevoltaient frénétiquement. Le ciel fut traversé par un intense éclair indigo mais l'appel à la horde surpassa encore les roulements du tonnerre. Sauvé. Quelle générosité chez ces chiens inuits ! - Fée Clochette a écrit:
- Sous la voix lactée, la transe du Grand Prêtre avait exacerbée les cris de détresse des Arpenteurs de la Galaxie du Compas.
- "Générosité, humilité, humanité", scandaient-il sur le chemin creusé dans la roche, "cela seul nous permettra d'affronter le calvaire du chemin de braises." - "Il faut du courage pour affronter son destin et parcourir indemne les pays du passerin indigo et des inuits. Ô dieux, recevez nos offrandes." La horde des pénitents déambulait sur le chemin rituel du temple du soleil, au son aigrelet des ocarinas. Ils déposaient près de la pierre aux sacrifices, des cages où de mignons chinchillas grignotaient, des noix, inconscients de leur sort futur. - clinchamps a écrit:
- « Bon sang où est-ce que j’ai bien pu perdre ce compas ? J’ai ramassé de la patte d’oie au pied du calvaire, du Vieux Chemin, j’ai d’ailleurs dérangé une horde de fourmis très agressives ! A cause de La Fontaine, je n’aime pas leur manque de générosité ! J’ai apporté ma cueillette aux chinchillas de la voisine, j’adore son vieux fichu indigo, que son petit-fils lui a ramené de chez les Inuits. Elle se baisse difficilement, et pour ça je l’ai aidée à gratter les braises de sa cheminée. Ah ! en me penchant mon sac s’est vidé, la trousse ouverte, il doit être là-bas, dans un coin de sa cuisine.
- Fauvette a écrit:
- Les chiens sont roulés en boule autour des braises du bivouac, repus et rêvant de galopades dans la nuit indigo.
Dans les mains de leur musher, la boussole s'affole, telle un compas pris de frénésie subite. L'exploratrice sourit et la range dans son pochon de chinchilla, souvenir d'une précédente expédition dans les Andes... Celle-ci a bien failli tourner au calvaire, n'eût été la générosité du campement inuit croisé plus tôt, alors que tout espoir était presque perdu. Mais elle n'a jamais été aussi proche du pôle Nord, elle le sait ! Soudain, un murmure d'excitation fait frémir les truffes et dresser les oreilles des chiens : au loin, une horde de loups hurle à la lune, sauvages cousins n'ayant jamais connu ni lignes de trait ni harnais... /
- Hors-catégorie:
L'aube diluait peu à peu le bleu indigo de la nuit septentrionale et Lyra tremblait de peur et de froid, les doigts gourds alors qu'elle tentait de déchiffrer le golden compass, sa boussole d'or aux symboles oniriques. La grande aiguille ciselée venait justement de passer sur la minuscule silhouette d'un inuit, avant d'effleurer la délicate cigale. Qu'est-ce que cela pouvait bien signifier ? Insouciance, générosité...? Une horde de pensées s'entrechoquait dans son esprit et la jeune fille ferma les yeux pour se concentrer, essayant d'oublier le calvaire qu'avaient subi les enfants prisonniers de Bolvangar. Pantalaimon, son daemon encore changeant, avait senti sa détresse et se lova dans sa capuche, sa fourrure de chinchilla plus réconfortante que la braise autour de son cou.
- Rosalind a écrit:
- Depuis deux jours l'explorateur avait vécu un véritable calvaire. Il avait perdu quelque temps auparavant une partie de son paquetage mal arrimé sur son traîneau et qui contenait son fusil et son compas. Depuis il errait sous le ciel indigo dans l'immensité arctique du territoire inuit .
Grelottant de froid, il s'enroule dans son épais manteau de chinchilla offert avec grande générosité par le chef d'une tribu indienne lors d'une précédente expédition dans les hauts plateaux de la Cordillière des Andes. Il entend les hurlements d'une horde de loups, de plus en plus proche. Soudain plus un bruit... des yeux de braise le fixent intensément ... /
- Hors-catégorie:
Rassemblement, crie Chinchilla chantant, le chef scout qui a toujours un refrain aux lèvres. Une horde de petits Indiens peinturlurés de couleurs vives, magenta, curcuma et indigo, déboule dans le campement, abandonnant le cairn en forme d'inukshuk inuit qu'il étaient en train de construire. Il leur distribue avec générosité barres de céréales et de chocolat. A présent, couvrez-moi ces braises, et à l'assaut de la colline ! Ses grandes jambes tricotant un compas régulier, il suit les gamins bondissants qui sont déjà arrivés à la croix du calvaire au sommet de la butte.
- Annwvyn a écrit:
- La Générosité s’était abritée dans le port de Fáskrúðsfjörður, et l’équipage profitait du répit. C’était la dernière escale avant le grand-nord, le pays des Inuits, et les hordes de renards polaires. On entendait sur le marché le troc se faire, les fourrures de chinchilla bradées pour des bouchées de hareng, cuites à la braise. Basile n’avait plus de repères. Il s’était effondré de fatigue contre la croix du calvaire, et regardait d’un air absent et réjoui osciller l’aiguille de son compas, éclat d’argent dans le bleu de l’air. La brume noyait tout dans un dégradé d’indigos, et on ne distinguait plus la terre de la mer.
- Lily of the valley a écrit:
- « Il faut ça ! » piaille Pierre du haut de son mètre vingt-cinq en me tendant un compas en plastique, et une boussole du même matériau.
« Non, mais loulou, on fait une randonnée en Auvergne, pas au milieu du désert. Et puis tu sais, papa a un GPS de randonnée, ce sera plus efficace. D’ailleurs ça c’est un compas pour faire des cercles. » Le petit me regarde avec des yeux implorants, façon Chat Potté. Il me fait penser à un Inuit avec la capuche de sa doudoune en faux chinchilla. Il aura un regard qui fera fondre les minettes, celui-là, me dis-je en regardant les iris bleu sombre tirant sur l’indigo . « Allleeeez » gémit-il encore, ses mains potelées brandissant toujours ses trouvailles. « Allez où ? » demande son père en entrant. J’ai envie de rire, il ressemble à un Indiana Jones du grand nord et commence à m’expliquer le circuit pour arriver au Pariou ainsi que le fonctionnement du GPS. « Merci de votre grande générosité les garçons, mais vous savez quoi, on va y aller avant la nuit, compas, boussole, GPS et tout le toutim. » Je regarde à regret les braises qui rougeoient dans la cheminée et pense que finalement, tout va bien se passer. On devrait échapper aux hordes d’Arvernes belliqueux (« Non, Pierre, tu laisses ton sabre au gîte. ») et avec un peu de chance, on retrouvera notre chemin vers la civilisation (« Oui, Pierre, tu peux prendre ta boussole. »). Allez, que la montée au calvaire commence ! - Elianor a écrit:
- - Quel calvaire ! Le compas donné par ton ami inuit ne fonctionne pas du tout ici ! On est perdu, sans braise pour faire le feu et poursuivis par une horde de chinchillas ! La générosité c'est bien beau, mais une technologie adaptée, c'est mieux !
- Tais-toi et admire plutôt ce magnifique ciel indigo, tu me déconcentres ! - Uly a écrit:
- Le compas de ses jambes arpente la route.
Ses mains sont bien au chaud dans le manchon en chinchilla, vestige d'une époque où le calvaire des animaux n'était rien comparé aux diktats d'une mode transformant toute femme en inuit... Elle est enfin seule, loin des hordes de touristes, et savoure la générosité de cette nuit d'hiver dont le ciel indigo se pare d'une multitude de petites braises étoilées. - Ysabelle a écrit:
- - Ah ce confinement! Que ne donnerais-je pour revoir ces aurores couleurs indigo!
-Tu parles des aurores boréales? Elle ne sont pas de cette couleur! - Oh, toi, tu verras les braises en bleu, répondit-il. - Ce n'est pas moi qui ai pris une horde de sangliers pour des bœufs espagnoles, en tout cas! - Mais qui croyait que les chinchillas étaient des lapins? Ah, moi qui croyait que mon calvaire était fini, je préférerai être chez mes amis Inuits, en ce moment, dit-il en riant. - Et moi, entrain d'écouter Recuerdos de la Alhambra, sur une rythmique Compas. Je t'inviterai pour faire la paix, dit-elle. - Je baisse les bras devant tant de générosité! - L'Ami a écrit:
- Peu à peu, le compas pointait le ponant, pas de générosité dans ce paysage dévasté, un calvaire pour noter ses relevés. Quelques braises fument encore après le passage de cette horde, bardée de fer et folie. Le ciel indigo se ferme doucement sur cette terre écorchée. L’Inuit contemple l’horizon, murmurant le chant de ses ancêtres, quand la neige recouvrait la lande, quand la haine vaquait sous d’autres cieux.
Il ferme son col d’anorak, surpris par la douceur du chinchilla, puis reprend sa course, résigné. 24 avril 2020 - Annwvyn a écrit:
- Militaire, Pastèque, Vert, Basalte, Martin-pêcheur, Volcan, Luciole, Jonque
- Spoiler:
- Sethy a écrit:
- J'avais entendu parler de ces orgues vomis par les volcans, mais de les découvrir au milieu de nulle part rendait le spectacle encore plus époustouflant. Elles étaient là, comme autant de militaires de basaltes au garde à vous. Entourées de verdure aux tons presque surnaturels, depuis les lézardes vertes de la pastèque jusqu'à rappeler la subtile lumière des lucioles.
Il ne manquait rien pour compléter ce tableau, ni un couple de martins-pêcheurs se disputant, ni quelques nuages semblant glisser dans l'azur tels d'immenses jonques éthérées. - clinchamps a écrit:
- Grand-père, qui était militaire au Tonkin, avait ramené une jonque miniature qui trônait sur le basalte veiné de vert de la cheminée. La première pastèque que j’avais vue m’y avait aussitôt fait penser ! Paul, mon grand cousin étudiant, m’avait expliqué que cette pierre venait d’un volcan, de la lave refroidie, et la cheminée m’avait paru soudain un peu dangereuse. Ces souvenirs d’enfance me revenaient, marchant à pas lent le long d’un ruisseau, quand l’éclair bleu d’un martin-pêcheur me fit sursauter. Et là, au tombeau du jour, je vis la première luciole.
- Lily of the valley a écrit:
- Certains parviennent à maintenir une dignité toute militaire, le regard lointain, les jambes légèrement écartées avec l’assurance vacillante de vieux ivrognes. D’autres ont abandonné toute humanité, le haut du corps pendant au-dessus des vagues, les jointures blanchies sur le bastingage sous la pression de la nausée. Le petit bateau vert ressemble à une demi-pastèque qui aurait été jetée sur les flots houleux hérissés d’écume, tellement minuscule sur la mer en furie. Le rugissement des vagues se fait soudain plus puissant, comme si le volcan qui donna naissance aux sombres basaltes de Staffa était à nouveau en éruption. Ouvrir une paupière, puis l’autre, se dire qu’elle n’a pas souffert pour rien et qu’elle l’aura vue cette île maudite… L’image est fugace, ça y est, elle l’a vue, mais sa gorge se noue à nouveau, la nausée la guette alors elle tente de s’endormir en pensant à une jonque voguant sur les eaux paisibles d’un lac d’Asie accompagnée de la danse flamboyante d’un martin-pêcheur. Elle pense à des lucioles dans une sereine nuit d'été… Le sommeil l’enveloppe, la protège.
- Fée Clochette a écrit:
- Vivant ! Il était vivant ! Souffle et bruit avaient été terrifiants ! L'aube blafarde révélait un monde chaotique au silence assourdissant.
Avant le désastre, il admirait tous les soirs le scintillement des lucioles sur la colline. Maintenant elle apparaissait boueuse, jonchée de débris de jonques, de madriers de bois, de plaques vertes ou bleues, d'arbres broyés. c'était comme si un volcan avait explosé.
Des cadavres gisaient partout, dont ses chers martin-pêcheurs, le long de son ruisseau fracassé, détourné, perdu...
Il ne restait de sa cabane que le morceau de basalte qui lui servait de siège et bizarrement, une pastèque finement zébrée, ovale, intacte, s'était posée délicatement dessus ! Dans la rade sans mer, un bateau militaire éventré, souffrait, au milieu des débris.
Tsunami ! - Uly a écrit:
- Dans la jonque à une heure d'affluence.
Un militaire dans les 26 ans. Il a le cou long comme un martin-pêcheur, un chapeau comme une pastèque sur la tête. Soudainement il explose de fureur comme un volcan et hurle des vertes et des pas mûres à la cantonnade : on l'a soi-disant bousculé !
Je le retrouve plus tard, sur le basalte du quai. Il parle à un ami qui lui offre une épingle en forme de luciole pour fermer son pardessus. - Fauvette a écrit:
- "Vendredi 24 avril, 07h48. Étude d'impact préliminaire sur l'ancienne base militaire de la Jonque (Haute-Loire). Parcelles de friche reconverties en carrière de basalte (intéressants vestiges de l'éruption d'un volcan ancien). Cultures vert pastèque autour de la zone d'exploitation : lentilles du Puy ?
Martin-pêcheur entendu dans la ripisylve du cours d'eau délimitant la carrière à l'ouest, et Grand Rhinolophe aperçu chassant les lucioles au crépuscule : vérifier statut Natura 2000 et mettre en place des mesures compensatoires." La naturaliste referme son carnet de terrain et soupire : la partie la moins passionnante de son travail commence, il faut maintenant saisir ces notes dans la base de données. /
- Hors-catégorie:
Le public trépigne d'impatience, la salle grondant comme un volcan pour réclamer la diffusion du film le plus attendu du festival. Pour donner le change, le commissaire et Serge dansent une carioca langoureuse sur fond de soleil couchant : il ne manque plus qu'une jonque voguant sur les mers du sud, on n'est plus à ça près pour la cohérence géographique. Simon, lui, est si content que son teint devient d'un vert plutôt préoccupant ; dans le couloir menant à la salle de projection, un néon clignote telle une luciole anémique, et le crissement de la faucille et du marteau résonne entre les murs noirs comme du basalte. Fast forward de quelques minutes et la scène change du tout au tout : Odile, attifée telle un martin-pêcheur mal peigné, est à la merci du preneur d'otage tandis que le commissaire tente de la libérer avec un flegme tout militaire. Kara, lui, perd le fil : "Il dit 5-4-3-0 et après, paf, pastèque. Je sais, c'est un peu décousu mais moi je vous retranscris ça pèle-mêle aussi... "
- Annwyn a écrit:
- Le battement des ailes des martins-pêcheurs, qui cognait contre l’air chaud, accompagnait le travail de Monsieur et Madame. Ils avaient passé la journée dans le potager, au creux du volcan, dans un repli de terre fertile et de végétation luxuriante. Il était temps désormais d’empiler les pastèques sur la jonque, avec un soin tout militaire. Le voyage de retour se ferait au couchant, au pied des falaises de basalte, et l’embarcation glisserait en silence dans les transparences vertes des eaux du fleuve. Ça-et-là, sur la rive, les lucioles commençaient de flotter au-dessus des roseaux.
- Tsukiyo a écrit:
- Agatha redressa son corsage et plaqua ses seins dix bons centimètres au dessus de leur altitude habituelle. Il allait voir, ce militaire, si elle n'avait plus d'répondant à son âge. 42 ans, 47, admettons, c'était peut-être bien l'âge mûr dans les boîtes de nuit, mais elle aurait vite fait d'rafler un coeur TCHAK ! Technique martin-pêcheur ! Ahah ! Il n'aurait rien vu v'nir, ce vieux caporal-chef bedonnant avec son déguisement d'homme de devoir couleur pastèque, pour sûr ! Quand elle lui aurait rendu la pareille, pour une fois, il serait bien vert et du bon vert ! Foi d'Agatha. Et dire qu'il lui avait promis la Grande Muraille, la Cité Interdite, une croisière fluviale en jonque pour leurs noces de porcelaine... "Comme la porcelaine de Chine !" avait-il ajouté en écrasant son mégot. La porcelaine, ça casse. C'est joli, c'est fin, c'est délicat, mais ça casse. Un peu comme elle, tout compte fait... Agatha s'étudiait dans le miroir de sa salle de bain défraîchie. Comme elle. Le volcan de la revanche venait de s'éteindre. Le vent des rapides fins de colère soufflait les dernières fumerolles de rancoeur dans ses poumons basalte. Elle ralluma une cigarette. La lumière venait encore de s'éteindre. La pointe incandescente de son cancer en tube gigotait comme une luciole épileptique dans le reflet de la glace. Son vieux caporal-chef de mari jouait avec l'interrupteur extérieur pour la faire sortir. "Mais puisque j'te dis que tu es plus belle que Lucy Liu ! Allez, Agatha. Viens voir la fin du film."
- Envolée a écrit:
- La jonque glissait sur les eaux transparentes de la baie des Lunes, emportant dans son sillage des nuées de martins-pêcheurs qui disparaissaient dans l’écume. La fin de journée baignait le pont d’une lumière chatoyante. Le vieux militaire s’adossa au mat, le corps fourbu de lassitude. Trois ans s’étaient écoulés et il la cherchait encore. Trois longues années… Il soupira et tourna entre ses doigts raidis la carte postale écornée qui ne le quittait plus. Le seul indice qu’elle avait consenti à lui donner. « Retrouve-moi. » Mais le temps s’étirait, peignant de rides et de courbatures ses paysages. Il n’avait pas traîné, pourtant. Il avait montré ces traînées vertes enchanteresses où brillaient la nuit des milliers de lucioles à tous les guides de voyage dont il avait croisé la route. Il avait rendu visite à tous les volcans que la Terre portait, maudissant en silence ces basaltes au cœur froid qui restaient indifférents à sa solitude. « M’sieur, faut pas broyer du noir comme ça dans vot’ coin. V’nez donc partager un bout de pastèque avec l’équipage. On n’mord pas. » Il leva la tête. Oui, pourquoi pas. Il avait tout son temps.
- Elianor a écrit:
- Le corps fourbu, il s’arrêta un instant pour souffler. La pastèque pesait lourd dans son sac militaire. Les yeux fermés, il se laissa envahir par l'harmonie de la nature : le bruissement des feuilles au loin, le chant du martin-pêcheur tout près... Doucement, comme pour préserver cette magie élémentaire, il rouvrit les yeux : le volcan se dressait face à lui, géant de basalte dans sa jonque verte. Quelques lucioles dansaient déjà autour de lui. Il se remit en route, le cœur ardent.
- Panda a écrit:
- Il était difficile de croire que sa vie de militaire l'aurait un jour conduit dans un endroit aussi paisible que celui-ci. Les longues tiges de bambous se balançaient doucement autour de lui et la jonque avançait doucement le long de la rivère, le laissant profiter du dernier chant des martins-pêcheurs avant la tombée de la nuit. Bientôt les lucioles prendront la relève, guidant leur traversée et illuminant leurs voiles. Pour le moment, il profitait de la chaleur du soleil et, mordant pleinement dans une pastèque, laissa s'échapper un soupir de contentement en sentant la fraîcheur du fruit glisser le long de sa gorge.
Suivant les mouvements de la rivière, leur embarcation tourna et son cœur manqua un battement. Devant lui s'élevait, majestueux, le volcan dont on lui avait tant parlé. Le noir du basalte tranchait avec le vert luxueux de la forêt qui les entourait. Dans plusieurs heures, lui et ses compagnons dormiraient à ses pieds, emmitouflés sous les étoiles. Oui, qui aurai pû croire que sa dure vie finirait ici ? - Sihaya a écrit:
- Le ciel étoilé, enfanté par Nout, se reflétait en une danse nocturne de lucioles, sur les eaux troubles et tumultueuses du Nil. Au loin, une felouque aux voiles de jonque s’estompait dans les profondeurs du delta, guidée par le chant lancinant des martins-pêcheurs. Le crâne rasé, le corps purifié et ceint de sa pardalide, le prêtre traversa religieusement le majestueux pylône. Son pas, militaire et cadencé, se répandait en échos grandissants au cœur du sanctuaire endormi. Il pénétra dans le naos sacré, aux parois d’or, où la figure simiesque du Dieu Thot le toisait ardemment du regard : son effigie en basalte noir trônait en majesté, ses yeux incrustés d’agate, d’un vert profond. Il plaça rituellement les pléthores de victuailles et d’offrandes au pied du Dieu – encens, pain, pastèque, viandes, etc. Ses libations achevées, il leva ses mains vers Thot, et psalmodia : « Éveille-toi, grand dieu, éveille-toi en paix ! ». A ces mots, un puissant grondement, à l’image d’un volcan en éruption, ébranla la surface de la terre.
- L'Ami a écrit:
- Le militaire arpentait la montagne au sommet perdu dans les nuages. Sa gourde vide ne lui apporte aucun secours. En longeant la paroi rocheuse il découvre une magnifique pastèque sauvage d’un vert émeraude, poussant sur un promontoire de basalte. Un coup de sabre, il l’ouvre, dévore la pulpe sucrée et gorgée d’eau. Face à lui, Un Martin-pêcheur curieux vole sur place puis disparaît soudainement. Son carnet enrichi de notes à la main, il reprend sa progression à la recherche d’une source, sur le flanc du volcan de cette île inconnue.
À cette latitude la nuit tombe brutalement, à peine le soleil disparu le sous-bois s’illumine de lucioles dans un bal endiablé. Il est temps de rejoindre la plage où son capitaine l’attend à bord de la jonque. - Rosalind a écrit:
- C'est à regret que je referme mon livre. Audur m'a encore une fois transportée en Islande. Je ferme les yeux et revois les champs de lave recouverts de mousse verte, le violet des lupins qui se répand comme un tsunami coloré.
Les légendaires trolls marins de Reynisdrangar, figés dans le basalte vomi par le volcan Katla. L'éclair bleuté du martin-pêcheur qui plonge dans les eaux limpides de la Faxaflói, non loin du Sólfar aux lignes épurées comme celles d'une jonque. L'occupation militaire américaine n'est plus qu'un lointain souvenir, et aujourd'hui les serres chauffées grâce à la géothermie produisent des bananes et des pastèques. Etonnant, non ? Il me manque les lucioles ....elles sont dans mes yeux ... - Ysabelle a écrit:
- Le site était quasi vierge. Les entrailles rouge pastèque du volcan avaient laissé place aujourd'hui, à des étendues vertes et des rocs de basalte. Un paysage fascinant, autour duquel serpentait un grand lac. Des Martins pécheurs intrépides, côtoyaient de redoutables rapaces et la nuit, des lucioles transformaient la terre en un immense ciel étoilé. Seuls témoins d'une vie passée, un bunker militaire et une carcasse de jonque échouée sur la rive.
Dernière édition par Fauvette le Lun 27 Avr 2020 - 11:09, édité 2 fois |
| | | Fauvette Bluebird on a White Cliff
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| Sujet: Re: Jeu littéraire pour chasser les idées noires : les textes ! Dim 26 Avr 2020 - 11:39 | |
| 25/26 avril 2020 - Lily of the valley a écrit:
- enfer, menhir, peste, scriban, mandoline, Wedgwood, encrier, dédicace
- Spoiler:
- Uly a écrit:
- L'enfer est pavé de bonnes intentions !
Pourquoi m'avait-il offert cet egg-coddler en Wedgwood ? Une horreur à nettoyer après utilisation ! Bon, la dédicace qui l'accompagnait était amusante : " Va te faire cuire un oeuf ! " Cela dit j'aurais préféré un bel encrier à poser sur mon scriban. Scriban, quel mot présomptueux pour un simple secrétaire. Comme s'il on comparait les menhirs de Carnac aux statues de l'ile de Pâques... Pour en revenir à ce cadeau empoisonné comme la peste, je vais l'enfouir au fond du buffet de la cuisine à côté de la mandoline coupeuse de doigts ! - Fauvette a écrit:
- "Enfer et damnation !" peste l'auteur, réfrénant à grand peine l'envie de laisser tomber son front sur le bois délicat du scriban devant lequel il est plus affalé qu'assis, la tête entre les mains.
Dans la cuisine, quelqu'un joue de la mandoline et le bruit lancinant de la râpe à légumes ajoute encore à sa déconcentration. La page blanche sous ses yeux le nargue sans relâche et sa plume, dans l'encrier Wedgwood, lui semble aussi lourde qu'un menhir. Et dire qu'il n'en est encore qu'à la dédicace de son roman... - ludi33 a écrit:
- Ella recula sa chaise pour regarder par sa fenêtre. Elle avait une vue imprenable sur un champs de menhirs à Carnac. Son scriban était couvert des papiers qu'elle essayait de mettre en ordre pour son prochain roman. Peste soit de ce chat qui avait renversé la pile de son tapuscrit... Il avait au passage renversé l'encrier sur les feuilles et cassé sa tasse Wedgwood qui s'était brisée sur le sol. Un enfer pour tout remettre en ordre. Elle avait trouvé la page de dédicace sous l'armoire, de l'autre coté de la pièce. Il y avait même un feuillet qui avait volé jusqu'à sa reproduction du Joueur de mandoline... Et ce coquin qui revenait se frotter contre elle en ronronnant comme si de rien n'était !
- Sethy a écrit:
- Il s'assit devant son scriban, déplaça l'encrier pour y déposer le précieux objet et tenta de se calmer. Pour se détendre, il regarda ses eaux-fortes préférées, Stonehenge et une quelconque allée de menhirs de France, des reproductions improbables de la peste d'Italie, du jugement dernier et sa descente aux enfers, …
Il fut tiré de sa rêverie par le bruit familier de râpe sur la mandoline provenant des cuisines. Enfin, il ouvrit le livre et lu la dédicace qu'il savait y trouver. A mon ami Josiah Wedgwood, signé Equiano. - Elianor a écrit:
- Peste soit de Wedgwood et de son sucrier-mandoline en porcelaine ! Où vais-je bien pouvoir le mettre ? Entre le menhir en argent et l'encrier en coquillages ? Ou bien dans ma bibliothèque devant le livre de dédicaces ? Je sais ! Je vais l'enfermer ni vu ni connu dans le vieux scriban du grenier. Quel enfer décoratif d'avoir des amis excentriques !
- Annwvyn a écrit:
- « On a fui l’enfer », pensaient les deux enfants, tremblants de peur et de froid sous leur abri de fortune. Une grosse toile tendue entre deux menhirs, de quoi se protéger de la pluie qui tombait dru. Les enfants s’étaient échappés de la ville fortifiée, avant que les lourdes portes ne se referment. La peste noire était là. Auguste avait embarqué sa mandoline, et sa dédicace de Verdi sur un petit papier jauni. Octavie avait ouvert son scriban, et fourré à la hâte dans sa sacoche de cuir, ses carnets d’écriture, sa plume et son encrier. Ils se tenaient à présent pelotonnés l’un contre l’autre, Wedgwood, le vieux chat de la famille, blotti sur leurs genoux.
- clinchamps a écrit:
- « Ces gamins, c’est la peste et le choléra ! » La voisine n’aimait pas le chahut dans les escaliers ! Je me réfugiais dans mon bureau, pour travailler à deux livres en cours: « Menhir de mon cœur », et « Mandoline, mélodie d’amour » Mon rêve serait d’être digne de l’Enfer d’une bibliothèque raffinée, ou d’être cachée de la censure dans le scriban d’une jeune fille de bonne famille ! Un jour, je ferai une séance de dédicaces, avec devant moi la longue file de mes lecteurs ! « Mais tous ces rêves sont encore dans l’encrier », me dis-je en ouvrant mon ordinateur, et paf ! Je fais tomber la bonbonnière en Wedgwood qui vole en éclat ! Pas grave, je ne l’aimais pas !
- Sihaya a écrit:
- « Diantre, quelle peste de femme !» s’écria Lord Reynolds en s’engouffrant prestement dans son antre de pacha. Ce lieu hédoniste, voué aux plaisirs des sens, était formellement prohibé à sa mégère d’épouse. Il avait aménagé la pièce de telle sorte que les trivialités nauséeuses de sa vie domestique soient durablement annihilées. Son goût d’esthète suintait dans tous les recoins tapissés: un scriban, estampillé Chippendale, laqué et décoré de volutes; une myriade de faïences Wedgwood exposées aux côtés de précieux bleu &blanc chinois ; un fragment de menhir trônait fièrement près d’une amphore, portant la dédicace votive de la célèbre Cité de Delphes,…Lord Reynolds s’affala langoureusement sur sa méridienne, et pensa à reprendre encrier et manuscrit pour achever son poème aux effluves byroniens : hélas, la muse Erato l’avait déserté…A la place, il saisit à la volée un ouvrage aux images lascives, de l’Enfer de sa bibliothèque, et s’imbiba lentement d’opium : le poison coulait délicieusement dans ses veines, le rêve opiacé l’entrainait, aux sons de la mandoline et de la lyre, vers son paradis artificiel.
- Rosalind a écrit:
- L'enfer c'est les autres, nous martèlent les médias, confinez-vous.
Ok mais faut s'occuper. - décaper et revernir le vieux scriban en palissandre - fait - classer les dédicaces dans un album - fait - épousseter la collection d'encriers - fait - recoller le couvercle de la théière Wegwood de l'arrière grand-mère - fait - arracher le chiendent cette peste végétale - fait
Projets: - commencer la méthode" j'apprends à jouer de la mandoline en ligne". - s'entraîner au lancer de menhirs ... - L'Ami a écrit:
- Non mais quel enfer, m’obliger à compter les menhirs de Carnac pour me punir d’être monté à bord après dix huit heures. Quelle peste ce capitaine. Il se la joue, attablé à son « Scriban colonial en camphrier » comme il aime le préciser à tous ceux qui entrent dans sa carrée. Déjà qu’il faut supporter son concert de mandoline chaque soir, « pour détendre les matelots » qu’il dit. Il faut en plus lui servir son thé dans sa tasse en Wedgwood ! Pfffft,une cale en bois, parce que c’est bien ce que ça veut dire wedgwood.
Il faut le voir tremper sa plume dans son encrier, toujours en porcelaine de machin, puis poser sa dédicace sur le livre de bord avant de vous envoyer en fond de cale ! - Ysabelle a écrit:
- Il était si visionnaire des décennies plutôt, en rédigeant "La peste", assis à son scriban ! Ce n'était pas un menhir, l'enfant de Belcourt, mais l'intelligence brilla dès le moment où il trempa sa première plume dans l'encrier. Écorché vif, l'âme vagabonde, il vécut l'enfer, le déchirement entre le sol qui le vit naître et celui qui devint son refuge. Elle referma le livre portant sa dédicace. Un son de mandoline accompagnait le chanteur El Anka, un autre enfant de son quartier. Que de mélancolie! se dit-elle, en trempant ses lèvres dans la tasse Wedgwood contenant son troisième thé de la journée.
- Fée Clochette a écrit:
- Quel enfer, cette page blanche, je peste, accoudée à mon scriban, je le caresse mais peine perdue. Mes doigts s'attardent légèrement sur la mandoline de mon oncle Albert. J'admire la délicatesse des décors à l'antique bleu et blanc du compotier en Wedgwood acheté sur ebay, l'encrier de cristal luit dans le soleil. Suspendu au-dessus du petit meuble, la dédicace d'Emile Zola est encadrée avec son article sur le Journal l'Aurore. Mon grand-père l'admirait, c'était son repère, son menhir sa référence.
26/27 avril 2020 - Sihaya a écrit:
- Banian, Obsidienne, Anneau, Panthère, Serment, Neige, Lotus, Vérité
- Spoiler:
- clinchamps a écrit:
- Sur l’autel du temple, la rarissime sphère « œil céleste » d’obsidienne rose reposait sur le velours pourpre d’un coussin. Il étendit la main droite au dessus d’elle et prononça le serment de ne jamais trouver de repos avant d’accomplir sa mission, dût-il aller pour cela des neiges du Kilimandjaro aux banians de l’Indonésie. Il déposa la somptueuse fleur de lotus, symbole de pureté, au pied de l’autel. Le prêtre assistant passa à son bras l’anneau de jade symbole de vérité et lui donna sa bénédiction. Sur les marches du temple, sa panthère feula, il la rejoignit et ils s’enfoncèrent dans la forêt primaire.
- Fauvette a écrit:
- Baloo et Bagheera oscillaient paresseusement dans leurs hamacs de lianes, la lumière poudrée du soleil de la mi-journée tombant à travers la canopée de banians telle une neige chaude et dorée.
Le regard d'obsidienne verte de la panthère se posa sur Mowgli, qui barbotait parmi les lotus quelques mètres plus bas ; avec l'ours, ils avaient fait le serment de le protéger des mortels anneaux de Kaa le serpent et des autres dangers de la jungle, mais il faudrait bien lui dire la vérité un jour ou l'autre... - Annwvyn a écrit:
- Il était assis en tailleur, dans cet espace hors du temps, laissant la Vérité venir à lui. Au pied des banians parfumés, l’étang reflétait les mille étoiles du ciel dans ses eaux noires aux éclats d’obsidienne. La neige n’était pas froide, et tombait en pétales caressants sur les fleurs de lotus, piquetant la surface de l’eau d’anneaux éphémères. La panthère lui en avait fait le serment : l’autre monde ne s’ouvrait qu’aux âmes pures.
- L'Ami a écrit:
- Dans sa famille, on naît Banian depuis la nuit des temps. Nuit d’obsidienne, noire et brillante.
Toujours sur les routes du Bengale pour vendre ses épices, aucune traverse, sa caste lui interdit. Il doit marcher dans les pas de sa destinée, pesamment une corde à sa main reliée à l’anneau de son buffle. Difficile de savoir qui conduit l’autre. Le soir, juste un petit feu pour éloigner les tigres ou les panthères. À chaque feulement il renouvelle son serment: arrêter ce métier. Les neiges du Cachemire l’attendent. Comme le lotus, il naît dans la fange « ôm mani padme hum » comme lui, il fleurira tel un soleil. Il en fait sa vérité. - Lily of the valley a écrit:
- Percy se pencha sur le frêle plan de banian blotti dans son berceau de jute. Il huma la terre ocre et caressa les feuilles vernissées. La coque du navire qui les ramenait vers l’Angleterre craquait doucement, sa cale gonflée d'échantillons prélevés sur le sol indien. La chaleur était suffocante dans l'étroite cabine. Il ne savait plus ce qu’était la brûlure glacée de la neige qui lui avait tant manquée au début. Ouvrant son carnet à la couverture de cuir embossée d’un lotus, il trempa sa plume dans l'encrier d'obsidienne afin de noter ses observations. C’est alors qu’un verre de cognac, chatoyant dans la lueur de la bougie, fut déposé sur la table.
"Tout va bien ?" chuchota Philip, s’asseyant près de lui. Percy ne répondit pas, le geste suspendu, il observait l'avant-bras de son ami que la manche de la chemise blanche roulée jusqu'au coude dévoilait. Il frissonna à la vue de la cicatrice rosâtre qu'y avait laissé une panthère trop affectueuse, il suivit les muscles nerveux jusqu’à l’annulaire portant l'anneau d'argent et turquoise gagné aux dés dans une obscure taverne de Calcutta. Philip lui posa la main sur le poignet et le questionna à nouveau, une note d'inquiétude dans la voix. Percy délogea brusquement la paume dont la chaleur l'étourdissait. Il avait fait le serment de nier ses sentiments mais ses vérités revenaient sans cesse le torturer dans le huis clos de la cabine. - Elianor a écrit:
- Elle plongea ses yeux dans l'obsidienne immobile du lac. Un lotus couleur de neige absorbait dans ses pétales immaculés tous les rayons lunaires. Sous l'effet d'une légère brise, quelques feuilles de banian tombèrent sur le miroir devenu mouvant, ridant sa surface. Elle serra instinctivement dans sa main l'anneau du serment. Sa décision était prise. Elle devait connaître la vérité. Avec la souplesse d'une panthère en chasse, elle disparut dans la nuit.
- Ysabelle a écrit:
- Trouver la vérité, un serment devenu dur à tenir, tant l'affaire se multiplie et s'enchevêtre telle des banians. Rien ne l'a arrêté jusqu'à maintenant, qu'il neige ou qu'il vente. Il était prêt à exploiter le moindre indice. Il examina pour la énième fois les quelques objets trouvés dans son sac : Un anneau byzantin, une broche en forme de panthère, une pierre obsidienne et un foulard sur lequel étaient brodées des fleurs de lotus. Le mèneront-ils, un jour, à la source du mystère?
- Rosalind a écrit:
- Qu'elle était belle, une fleur de lotus piquée dans ses cheveux sombres, et ses yeux à l'éclat d'obsidienne.
Ils avaient prêté serment sous le banian sacré, et échangé les anneaux de mariage. Mais cette femme panthère l'a trahi. Quand il a appris la vérité, il l'a tuée ... Cela fait maintenant vingt ans qu'il purge sa peine, et ses cheveux sont devenus blancs comme neige. - Fée Clochette a écrit:
- Le grand banian, baignait de son ombre l'entrée du temple.
Le maître des moines, Kalaï, officiait devant l'hôtel. Avec un bol d'obsidienne rouge marbré de vert, pierre la plus rare, il répandait des libations aux dieux. Des anneaux d'argents cliquetaient à ses chevilles, une fourrure de Panthère des neiges, chassée aux confins de l'Himalaya, étalait sa splendeur. Ségan l'intrépide avait tenu son serment : le magnifique félin n'attaquerait plus les villages du nord. En vérité aucun des moines n'avaient douté de sa réussite. Humblement courbé devant les dieux, Segan faisait tourner les moulins à prière. Sur le lac, les fleurs de lotus s'épanouissaient sous les rayons bienfaisants du soleil.
27/28 avril 2020 - Elianor a écrit:
- féerie, cahier, soirée, chemin, piano, lunettes, retour, silhouette
- Spoiler:
- Uly a écrit:
- François prit son cahier pour y consigner le souvenir de la soirée au château des De Galais.
Il revoit la féérie des lumières, le piano qui jouait des valses et surtout son ami, captivé par la vision d'une frêle silhouette dansant. Sur le chemin du retour il s'etait demandé quel serait le destin de ce couple. Fatigué, il posa ses lunettes et songea...Yvonne et Augustin... - Annwvyn a écrit:
- La soirée était bien entamée, et le vent marin faisait éclater les pissenlits dans une féérie de petits flocons. Au sortir de son cours de piano, la fillette s’était précipitée sur la falaise. A plat ventre dans la bruyère au bord du chemin, ses grosses lunettes sur le nez, son cahier sous le menton, elle scrutait l’horizon. Son papa était de retour, elle le sentait. Au loin, la silhouette de la goélette se dessinerait contre les rayons rougeoyants du soleil couchant, et tout serait bien.
- Lily of the valley a écrit:
- Je me doutais que je le trouverais là, malgré l’heure plus qu’improbable. La soirée avait été longue et pénible, je tombais de fatigue. Mais la sensation de froid près de moi m’avait fait sortir du lit et de la féerie si douillette de mes rêves. Pressentiment. J’avais tout fait pour l’éloigner de ce lieu mais nous avions atteint un point de non retour sur le chemin de cette addiction qui rongeait ses jours et ses nuits. Nos jours et nos nuits, devrais-je dire. J’observais un instant sa haute silhouette vêtue de blanc se détachant sur le noir du vieux piano. Sa tête était penchée, une mèche ondulée s’échappant du cordon de cuir qui attachait ses cheveux. Il enleva ses lunettes qu’il détestait tant, se pinça l'arrête du nez et saisit quelques petites feuilles odorantes qu’il avait déposées dans un bol de porcelaine. Je n’osais m’approcher. Il remit ses lunettes et griffonna quelque chose dans le vieux cahier noir qui ne le quittait jamais. Sans se retourner il m’appela doucement, presque timidement comme pour ne pas déranger la nuit :
« Viens goûter. » Je ne pus m’empêcher de le rejoindre devant le piano où mijotait l’invention culinaire qui ferait encore de lui le chouchou des critiques gastronomiques et moi, l’allégorie de l’épuisement… mais de la fierté aussi. - L'Ami a écrit:
- Elle avance prudemment dans cette salle immense, une féerie de lumières, de cristaux, de glaces et d’ors.
Son cahier de bal serré sous son bras, elle le découvre là, face à elle, en dolman blanc brodé de brandebourgs d’argent, figé lui aussi. Ils sont seuls, parmi cette foule bruyante, virevoltante. Seuls, quand ils dansent les yeux dans les yeux, seuls dans cette soirée de promesses. Des quadrilles, des polkas, des marches plein la tête, sur le chemin de sa maison. Elle entre chez elle, s’assoit directement à son piano, prend ses lunettes, se concentre quelques minutes puis attaque sa « Sonate au Clair de lune ». Non pas le premier mouvement pour jeunes filles en fleurs, mais le troisième, celui de l’orage de la passion, au rythme de son cœur en folie. Deux accords plaqués, le retour au calme. À travers la fenêtre ondule la silhouette d’un arbre sur fond d’étoiles - Fauvette a écrit:
- La fête de Lady Reynolds battait son plein et le maître de céans cherchait désespérément un peu d'air frais, navigant à vue entre les fracs de vieux messieurs à lunettes et les encombrantes crinolines de ces dames. Les invités se succédaient au piano et les jeunes filles rivalisaient d'inventivité pour trouver des cavaliers, carnets de bal à la main. Cela lui fit penser à ses cahiers de botanique débordant de plantes séchées. God, il aurait tellement préféré rester dans son antre fraîche et silencieuse !
Heureusement, la terrasse donnant sur le jardin était enfin à sa portée ; appuyé sur la balustrade, il huma avec délices l'air encore tiède de ce beau soir d'été. Sur le chemin de gravier se découpait une silhouette, cigare à la bouche ; Philip, peut-être ? La soirée lui parut d'un coup plus lumineuse que la féerie de lustres en cristal de la salle de bal, même s'il aimait sans espoir de l'être en retour. - clinchamps a écrit:
- L’activité était intense autour du piano. Les lunettes embuées grimpées sur le front , sa silhouette trapue enveloppée des vapeurs des marmites, le Chef, bras croisés, dominait la cuisine, vérifiait le retour des assiettes (bien vidées ?), les yeux tantôt sur le cahier des commandes, tantôt sur le chemin suivi par le ballet des serveurs. La soirée s’avançait, la chaleur et le bruit s’intensifiaient. On était loin de la féerie des cristaux et des porcelaines de la salle de restaurant à l’atmosphère feutrée.
- Ysabelle a écrit:
- Le retour dans cette maison était comme dans ces souvenirs couchés dans le vieux cahier d'adolescente. Il y a toujours cette féerie qui inonde la vallée à cette époque de l'année. Le chemin bordé de figuiers de barbarie en fleurs, les oliviers centenaires jetant sur le sol leurs silhouettes protectrices, la femme aux lunettes, sculptée à même le rocher, veillait encore sur les hauteurs de la ville. Ses reliefs s'accentuent dans la soirée, quand la lumière du jour commence à s'estomper. Tout était là. On croirait presque entendre Pénélope à son piano, jouant un extrait de La Flûte enchantée.
- Sihaya a écrit:
- Les fumerolles d’haschich enveloppaient, d’une brume opaque, la cabale réunie pour l’occulte soirée de spiritisme. Lady Reynolds toisait, avec dégoût, le prétendu Spirite aux pouvoirs supranaturels : sa tête enturbannée et ses yeux reptiliens, cerclés de lunettes écaillées, ne lui inspiraient guère confiance. Elle s’était empêtrée dans cette farce, sans retour, dans le vain espoir d'attirer l'attention de son cher Percy. Pensait-il être le seul à pouvoir suivre le chemin de la perdition ? La voix cassante du Spirite coupa court à ses divagations : « Ce soir, le voile séparant le monde des Vivants et des Morts sera levé ! ». Progressivement, les ténèbres se firent, un relent nauséabond envahi le boudoir, un vent glacial dispersa, dans sa fureur, les feuillets d’un cahier. Tremblante, Lady Reynolds crut entendre, à proximité, les sons purs d’un piano inexistant. Soudain, son regard apeuré se fixa sur une silhouette évanescente, une créature de féerie…A la vue de cette apparition des limbes, elle sombra dans une profonde inconscience.
- Envolée a écrit:
- Elle serra contre elle le petit cahier bleu dont les pages jaunies respiraient la féérie de son dernier voyage en pays imaginaire. La soirée était moite et silencieuse, elle était enfin seule. Un coup d’œil à l’horloge du salon. Elle disposait de deux heures avant leur retour en fanfare, les joues collées de barbe-à-papa et des bobos plein les genoux. Deux heures, rien que pour elle. Elle se servit une tasse de thé noir, s’installa à son bureau et remonta ses lunettes sur son nez. Stylo plume calé entre les doigts, elle traça les courbes de quelques mots qui aussitôt, dessinèrent un chemin vers ailleurs. Elle s’y jeta, écartant d’une main leste les lianes et les fougères qui poussaient en travers de son passage. À chaque pas qu’elle esquissait, le piano laissait échapper des notes mystérieuses, dissonantes. Ce n’était pas grave. Elle savait qu’une mélodie finirait par émerger de ce chaos créatif. Elle but une gorgée de thé qui lui brûla la gorge. Écrivit des impressions. Un caractère. Lorsqu’elle leva les yeux, une silhouette floue se tenait devant elle. « Je t’ai tant attendu. »
- Rosalind a écrit:
- Ronald se hâtait dans l’obscurité sur le chemin du retour. Il avait passé une excellente soirée à discuter de philologie avec ses collègues d’Oxford, mais à présent il lui tardait de retrouver la chaleur de son foyer.
Au salon Edith jouait une sonate au piano, les enfants étaient couchés. Il monta à son bureau, chaussa ses lunettes et ouvrit son cahier couvert de dessins et d’écriture elfique. Il retrouva avec bonheur la féerie de l’univers qu’il avait créé, et finit d’esquisser la silhouette du petit personnage s’inclinant devant le dragon couché sur son or. 28/29 avril 2020 - clinchamps a écrit:
- compotier, crinoline, crapaud, katana, tabouret, enceinte, lampion, miroir
- Spoiler:
- Sethy a écrit:
- Il jeta un dernier regard au miroir et la goutte qui lui perlait sur le front ne lui plut pas. L'assistant était déjà en place, il ne perdit pas de temps et s'installa sur le petit tabouret rituel. Il donnait l'impression d'être un crapaud et d'ici peu, cela n'allait pas s'arranger. Tandis qu'il ouvrait son vêtement de crinoline, il remarqua un lampion rappelant la fête des 3-5-7.
Il se demanda tandis qu'il voyait son sang se répandre tel le jus de groseille pressé dans un compotier si la douleur de la femme enceinte était comparable. Le katana ne lui laissa pas le temps de répondre à cette épineuse question. - Fée Clochette a écrit:
- Des volets mi-clos, la lumière filtrait et illuminait le compotier chargé de fruits.
Assise sur un petit crapaud bleu vintage, elle posa sa tasse de thé macha sur un tabouret lustré comme de l'or ancien. Un mannequin de couturière, revêtu d'une cage m'intrigua.
- souvenir d'une grand-tante, c'était au temps des robes à crinoline dit-elle en suivant mon regard. Mes yeux s'habituant à la pénombre, je découvris sur la desserte une enceinte qui diffusait une musique douce, sans doute pour atténuer l'ensemble redoutable des katanas. Suspendu à une poutre, un lampion japonais orné de grues faisait pendant à un magnifique paravent. (- Mais où l'avais-je déjà admiré ? pensais-je).
- Pourquoi, voiles-tu ce magnifique miroir ? - Besoin d'un coiffeur... confinement... bois, ton thé refroidit. - Lily of the valley a écrit:
- Les mains sur le visage, Léna se tourne dans l’approximative direction du miroir de son arrière-grand-mère dont les taches dues à l’usure du tain ont au moins l’avantage de cacher celles de son teint à elle. Non mais sérieusement, accepter une invitation à un mariage quand on est enceinte d’au moins deux ans -si, si, un ventre comme ça, c’est presque surnaturel- quelle folie ! Elle écarte doucement les doigts et aperçoit sa volumineuse silhouette, comme une grosse glace italienne… et oh, non, pitié, cette robe c’est une horreur… un peu comme si elle portait une crinoline… mais autour du cou ! Elle est gigantesque. Déjà ça fait deux mois qu’elle a renoncé à loger son po...tentiel dans le fauteuil crapaud du salon qu’elle affectionne, tant à cause de son emplacement stratégique près du compotier Henriot et sa ration de survie de galettes Penven, que du petit tabouret assorti qui est une bénédiction pour ses pieds de baudruche. Elle n'essaie même pas d'enfiler les chaussures nacrées qui lui ont coûté un bras (et au moins la moitié de l'autre) chez Miss Katana. Après tout, si elle est en tongs, sous l’abat-jour qui l’enveloppe, ça ne se verra pas. Soupirant, elle se traîne vers sa coiffeuse, ajoute un peu de gloss, accroche de jolies boucles d’oreilles et allons-y pour les lampions, les serpentins et le bouquet de la mariée … qu’elle regrette d’avoir un jour attrapé.
- Sihaya a écrit:
- L’enceinte impériale, drapée de lampions aux mille couleurs, dévoilait aux yeux des mortels, le château du héron blanc. La célébration, commémorant la naissance de l’Empereur, battait son plein. Pour l’occasion, Elizabeth avait sacrifié crinoline et baleine, afin de se vêtir d’un somptueux kimono, brodé de phénix empanachés. Juchée sur un tabouret, elle jubilait devant une représentation de théâtre Nô : visages masqués, guerriers armés de katana et démons grimaçants s’affrontaient, aux sons de funestes tambours, dans une lutte éternelle.
Enivrée par les senteurs, elle déambula, avec délice, au cœur du jardin fantasmagorique, fait de roches, de pins et d’eaux. Les floraisons majestueuses de sakura se reflétaient dans les cieux, ce miroir céleste, en une myriade de fleurs de feu. Le murmure éthéré des cascades et les croassements aigus du crapaud rendaient Lizzie extatique. Un compotier de fruits en main, elle se délecta d’un savoureux nashi, les sens aux aguets. - Fauvette a écrit:
- L'artiste-peintre arrangea les drapés du tissu qui recouvrait son tabouret bancal et recula de quelques pas, satisfaite. Finis les portraits de ladies en crinoline, son prochain sujet serait une nature morte de sa composition ! Le compotier en céramique, au moins, ne lui cassait pas les oreilles pendant qu'elle peignait, et le katana - offert en paiement par un client féru d'Extrême-Orient - se contentait de réfléchir sur sa lame la lumière vacillante d'un lampion posé sur le mur d'enceinte de l'atelier.
Un joli miroir parachevait l'ensemble et reflétait habilement l'arrière de chaque élément. Parfait ! Mais tout cela manquait un peu de vie... qu'à cela ne tienne : quelques coups de pinceau vifs et un petit crapaud caché parmi les fleurs transforma l’œuvre en nature pas si morte. - Annwvyn a écrit:
- Le lampion se balançait dans la pénombre, sous la brise nocturne venue du dehors, avec un petit bruit de papier froissé. Le mari et son épouse se regardaient en chiens de faïence. Tout autour d’eux, épars sur le tapis persan, s’étalaient les débris de leur mariage. Les éclats du compotier de porcelaine. Les brisures du grand miroir mural, dans lesquelles par éclairs on voyait se refléter l’écarlate du lampion. L'épouse avait baissé les yeux, et s’était recroquevillée dans le fauteuil-crapaud, suffoquant dans le corset de sa robe à crinoline. Le mari était assis, raide sur le tabouret, et la regardait sans ciller, les yeux noirs et perçants, le visage sévère. Entre ses longs doigts blancs, un grand sabre affûté, ce katana du diable qu’elle avait toujours craint. « Oui, murmura-t-elle, dans un souffle timide, je suis enceinte ». La lueur de la lune courut un instant sur le plat de la lame.
- Ysabelle a écrit:
- Allongés sur le dos, ils contemplaient les nuages qui s'amoncelaient. "Tiens, dis la grande, tu vois celui-là, on dirait une dame en crinoline avec un miroir à la main!" Le petit se mit à rire et dit : "Moi, je vois un crapaud assis sur un tabouret!" "N'importe quoi, dit sa sœur. Regarde, j'ai repéré un guerrier portant un Katana!" Le petit se mit à rire de plus belle. "Je te parie qu'il va écrabouiller les fruits dans le compotier". "Non, il ne va pas faire ça! Tu vois la dame enceinte qui arrive, c'est à elle". "Elle porte un lampion, on dirait".. C'est toi le lampion, lui dit sa sœur en lui chatouillant le nez.
- L'Ami a écrit:
- Il précède son épouse devant la magnifique porte du salon, marque un temps d’arrêt pour assurer la surprise, ouvre grand d’un geste théâtral les deux battants.
La jeune femme avance de deux pas, découvre cette vaste table avec en son centre une série de compotiers de Baccarat étincelants à la lumière des lustres. Un bruissement de crinoline ponctue ses déplacements. Ses yeux pèsent, s’approprient un à un ce qu’ils découvrent; un piano crapaud pour concerts intimes, un katana sur son présentoir, mais la poignée à droite, surprenant. Sur un tabouret, un persan au regard sombre la suit de la tête. Les chats la haïssent. Passant devant une baie vitrée, elle remarque le mur d’enceinte du manoir tout éclairé de lampions multicolores, se reflétants sur la grande pièce d’eau. Un miroir de la nuit. - Maintenant tout ça m’appartient, murmure-t-elle. - Elianor a écrit:
- À la lueur des lampions dorés, le katana fendit l’air à plusieurs reprises dans un ballet fascinant de gestes. « L’exercice est encore plus ardu en crinoline, mais cela fait partie du test. Le Maître l’a décidé ainsi ». Ada observa encore une fois sa silhouette incongrue dans le miroir. « J’ai l’air d’un crapaud ou d’une femme enceinte avec ces toutes ces fanfreluches ». À nouveau concentrée, elle brisa d’un mouvement le compotier posé en équilibre sur un des tabourets. Les morceaux de porcelaine tombèrent sur le sol dans un bruit sec. Ada quitta la pièce, satisfaite.
- Rosalind a écrit:
- Paris 1867.
La foule est dense dans l'enceinte du parc de l'exposition, messieurs en habit et dames en crinolines déambulent dans l'immense palais aux verrières faisant miroir. Dans le parc on se presse à l'entrée du pavillon du Japon, les estampes, paravents et katanas suscitent l'admiration. Dans le secteur français les vases et compotiers en cristal Baccarat, exposés sur des tabourets capitonnés, concourent pour remporter les médailles. On croise des visiteurs prestigieux, comme Andersen, auteur de contes célèbres ( La reine des neiges, la petite sirène, le crapaud ...) La nuit venue, les visiteurs peuvent continuer un tour du monde gastronomique dans l'un des nombreux restaurants décorés de lampions le long du promenoir. 29/30 avril 2020 - Fauvette a écrit:
- Engrenage, martinet, lumineux, hésitation, bas(se), ciseaux, crème, extérieur
- Spoiler:
- Annwvyn a écrit:
- Quand le capitaine était contrarié, c’était un engrenage de violences. Malgré ses années passées en mer, Basile s’était laissé surprendre. Un instant d’hésitation avait suffi, et il s’était retrouvé attaché au mât, torse nu, les coups de martinet lui brûlant la peau. Après avoir coupé la chemise en lin, de la pointe de ses petits ciseaux, le médecin appliquait avec délicatesse la crème sur le bas de son dos. A l’extérieur, on entendait l’équipage vociférer. Tous ces marins qui le défendaient faisaient chaud au cœur de Basile, c’était un encouragement lumineux et doux.
- clinchamps a écrit:
- Les martinets rasent le sol de la rue, quand ils volent si bas, c’est signe d’orage ! Le ciel est encore lumineux, mais je sens l’hésitation du temps. Dans son coin, l’engrenage de la comtoise grince, l’heure va sonner, il est temps que je mette ma crème renversée à refroidir à l’extérieur du four. J’ai encore perdu mes lunettes, j’accroche les ciseaux ouverts pour les retrouver, tradition familiale !
- Sihaya a écrit:
- Les cruelles paroles d’Auguste châtiaient et meurtrissaient son corps de coups de martinet invisibles. Camille se sentait prise, malgré elle, dans un engrenage infernal, la consumant à petit feu. Enragée, elle se saisit de son ciseau et lacérait furieusement le marbre, d’un blanc crème : elle ciselait, creusait, dégrossissait la matière sans l’once d’une hésitation. Au gré de ses gestes, le monde extérieur s’évaporait, sa cage se dissolvait, sa liberté rejaillissait. Elle mit bas d'une œuvre lumineuse et révoltée, l’expression sculptée de ses profonds tourments .
- L'Ami a écrit:
- Ça y est, ils sont tombés dans le piège, mis le doigt dans l’engrenage. On va pouvoir sortir les martinets pour mater cette racaille. Le plan est lumineux, ils ont plongé sans hésitation. D’accord c’est un coup bas, se dit-il en rectifiant sa moustache devant sa glace, à petits coups de ciseaux. Un peu de crème pour lisser ses cheveux, et voilà.
Vidocq sort tout guilleret rejoindre ses sbires qui l’attendent à l’extérieur. - Elianor a écrit:
- Le martinet était posé sur une branche basse. Il avait lancé, dès l'aube, un concert de trilles enthousiastes et chantait maintenant avec plus d'hésitation. L'engrenage maléfique qui s'était mis en place piégerait à coup sûr le malheureux oiseau. Un chat d'un blanc crème lumineux se tenait à l'extérieur de la maison, à l'affut de la moindre occasion, les dents aiguisées comme des ciseaux de tailleur...
- Panda a écrit:
- Le ciel semblait plus lumineux que ce matin, pensa-t-elle en regardant en direction de la fenêtre. Assise dans ce qui lui servait de chambre, elle se demandait quoi faire. Il était facile de tomber dans l'engrenage de l'ennui et d'accumuler les tâches répétitives et inutiles. Assis devant elle, son chat noir et crème la regardait d'un air impérieux. Depuis quelques temps, il pouvait entendre beaucoup plus d'oiseaux et tournait paresseusement l'oreille quand il entendait un nouveau chant. Mésange, martinet, pigeon ? S'il pouvait aller à l'extérieur alors, les fesses basses, il bondirait sans hésitation sur une de ces proies innocentes pour lui rapporter à manger. Il l'avait déjà fait. Elle se leva paresseusement et appela son chat. Il la suivit avec enthousiasme dans la cuisine où, munie de ciseaux, elle lui ouvrit un nouveau sachet de pâtée. Elle lui caressa le dos pendant qu'il ronronnait de contentement. En voilà un qui était ravi du confinement.
- Lily of the valley a écrit:
- La crème de la haute société est présente. On s’esclaffe, on se « Oh, my God! », on se « Oh, dear! », on se « Indeed! ». Ursula Reynolds vogue avec aisance, cygne gracieux et glacé, sur la jalousie des unes et l’admiration des autres. Elle accompagne ses babillages de frétillements d’éventail, frémissements de taffetas et souffles de jasmin. A l’extérieur, le soleil est déjà bas sur l’horizon, éclairant le ciel entre les colonnes de la folie sur la colline, d’un rose orangé lumineux . Un suraigu « Ah, my dear, dear Philip! » parvient à ses oreilles. Le cœur soudain se loge dans la gorge. Percy s’échappe vers la terrasse, son habituel havre de paix. A peine une hésitation et il descend les marches pour grimper vers la folie, sa folie. L’image le fait sourire amèrement. Là-haut, il ôte sa veste, dégrafe son col et s’allonge dans l’herbe déjà fraîche de rosée. Frissons de menthe et de chèvrefeuille, danse étourdissante des martinets, les ciseaux de leurs ailes coupant l’air enivrant. Il vole avec eux pour oublier l’engrenage infernal qu’est devenu sa vie. Soudain, en un mouvement fluide, un corps s’allonge près de lui, si proche qu’il en sent la chaleur. Bouffée de cigare. Un doigt frôle le sien. Innocent.
« Je t’avais perdu. » chuchote la voix familière. - Fée Clochette a écrit:
- L'Huma titre ce matin : "Dans l'engrenage de la violence", j'abandonne le journal sur la table basse, il y a souvent des événements extérieurs qui vous plombent la journée, malgré un soleil radieux !
Sans hésitation, j'installe les tapis du salon sur le fil d'étendage dans le coin le plus lumineux de la cour. Je saisis le martinet accroché au même clou que les ciseaux et je frappe longtemps, de toutes mes forces.
Calmée, je me sers une tasse de chocolat avec une cuillerée de crème..... Violente moi ? - Rosalind a écrit:
- Des cris plaintifs venant de l’extérieur m’attirent vers la fenêtre.
Là-haut sous le toit, un martinet pend tête en bas, une patte accrochée dans un ruban de cassette audio, qu’il a dû apporter pour garnir son nid. Je distingue la tache blanc crème de sa gorge qui palpite de frayeur. Avec hésitation, craignant de le blesser, je coupe avec des ciseaux le lien qui le retient prisonnier, et mets fin à cet engrenage fatal. Alors, avec un cri farouche, il plonge dans l’espace lumineux de sa liberté. 30 avril/1er mai 2020 - Rosalind a écrit:
- marin, âme, échelle, regain, transsibérien, préjudice, tourbillon, gentiane
- Spoiler:
- clinchamps a écrit:
- Son long voyage terrestre par le Transsibérien l’avait conduit jusqu’à la limite du continent, il n’y avait plus que la mer ! Alors il s’était fait marin, mais Zachary ne rêvait que de revoir la colline aux gentianes ! En nettoyant machinalement l’âme du canon il revoyait le regain des prairies ondoyer dans le vent, le tourbillon des nuages au dessus des falaises de Cornouailles. Il était marin, serait-ce un préjudice aux yeux se son père ? Mais on pouvait gravir l’échelle sociale dans ce métier, et cet homme avait le cœur bon.
- Lily of the valley a écrit:
- Sur l’échelle d’intensité des bleus à l’âme, Victor savait qu’il avait atteint l’échelon ultime. Un pas de plus et ce serait le vide. Emmitouflé dans son manteau de drap gris, il avait plié sa longue silhouette dans un coin du compartiment, le dos bien calé par l’inconfortable dossier de bois, le regard perdu dans les tourbillons de fumée et d’escarbilles qui s’échappaient de la locomotive. Il rentrait chez lui. Enfin. Il retrouverait les siens. Pas tous, bien sûr, mais c’était ainsi. Le petit train alpin avait des airs de transsibérien. Très tôt, l’hiver avait feint son départ mais il était remonté à l’assaut avec un regain d’arrogance et le paysage monochrome qui défilait derrière la vitre givrée faisait écho à l’humeur du jeune homme. Le froid ne lui faisait pas peur, la guerre l’y avait habitué. Les douleurs physiques et tous les préjudices qu’un corps humain peut connaître, il les avait subis ou en avait été témoin. Mais ce que cette guerre avait fait subir à son âme, il n'y survivrait pas. Son regard se brouilla alors qu’il repensait à ceux qu’il avait laissés. Qui l’avaient laissés, lui, le corps en vie. Pierre, l’étudiant en arts qui avait fait son portrait, Youenn, le marin pêcheur aux yeux d’océan à qui il avait fait découvrir la gentiane, Ernest, le secrétaire de mairie tourangeau tout juste fiancé… Ils étaient là, ses bleus à l’âme. Bleu horizon.
- L'Ami a écrit:
- Marin, quand la tempête a raison de ton âme, ce n’est pas avec une échelle de cordée que tu récupères un regain de vie. Elle parcourt comme le transsibérien d’autres espaces, sans préjudice de liberté, abandonne le tourbillon des flots pour un vent léger, pour caresser la gentiane des prés.
- Fée Clochette a écrit:
- - "Que fais-tu sur cette échelle comme un marin sur la hune de la Pinta ?"
- "Je range, rends-toi utile, présente-moi les livres." - "De l'âme de François Cheng ! tu lis ça toi !" - "Oui, je ne lis pas que boule et bill - la suite, cousine," - "Regain, Giono - je n'ai jamais lu. Est-ce bien ?" - "même dans le transsibérien pour Vladivostock il peut se lire, profite donc de te cultiver" - "Ouai, mais ça ne me dis rien. oh la la, ça craint - Priiii-deu an-de Preu-ju-di-ceu - bizzarre ce titre !" - "Pride and prejudice - Jane Austen - jamais entendu parler cocotte ? c'est de l'anglais." - "Poseuse, va ! tu fais tout pour me complexer" et elle sort dans un tourbillon de jupe imprimée de gentianes bleues. Elle hurle, "mamiiiiiiie, Bédi me cherche !" - Fauvette a écrit:
- Oiseaux exotiques et soieries brodées d'or, parfums musqués et bijoux étincelants, cannelle entêtante et liqueur de gentiane enivrante... un tourbillon de nouveautés avait assailli les sens de Phileas Fogg depuis le début de son périple. Mais l'heure n'était pas aux déambulations touristiques : le moindre retard pouvait porter un préjudice fatal à son défi insensé.
A cet instant précis, cependant, notre héros n'en menait pas large : volonté de fer et force d'âme de gentleman ne pouvaient rivaliser avec son pied qu'il n'avait hélas pas très marin, à bord de l'embarcation vermoulue qui le transportait sur les eaux mouvantes du golfe du Bengale. Peu de choses à l'échelle de son tour du monde, mais déjà beaucoup trop pour son estomac mal accroché ! Un voyage en transsibérien lui aurait épargné cette épreuve, n'eût-il eu la déveine de précéder icelui de quelques décennies. Un regain d'énergie le saisit enfin aux cris de l'équipage : terre à l'horizon ! - Annwvyn a écrit:
- Basile avait cinq ans, et se sentait une âme de marin. Son grand-père était revenu de Vladivostok par le chemin de fer transsibérien, et Basile avait décidé que c’était un grave préjudice porté à la cause maritime. L’aventure c’était joli, mais il fallait que ce soit en bateau. Basile, déjà d’un naturel enthousiaste, en avait ressenti un regain de motivation. Il avait cousu des fleurs de gentiane sur les épaules de sa chemise — sa maman ferait des merveilles pour les trous, et avait appuyé une échelle contre le vénérable platane de la cour de l’école. Il était à présent officier de marine, dans la hune de sa goélette, bousculé par les tourbillons d’une tempête sibérienne. L’heure était grave.
- Sihaya a écrit:
- Cédant aux prières de son ami, Philip accepta de se faire portraiturer par Lord Reynolds. Il posait, tel un Adonis des temps modernes, alangui sur une ottomane aux motifs de gentiane ; sa nudité voilée par une fourrure de Yak des plaines transsibériennes. Percy contemplait rêveusement ce corps musculeux aux modelés si gracieux, un regain de désir refoulé le saisit impérieusement. Enivré, il esquissa, dans un tourbillon de couleurs, les traits de ce visage aimé : ses yeux bleu marine dévoraient son âme, sa bouche rosée, au tracée sensuelle, l’ensorcelait. Son corps divin se livrait enfin à lui, sans préjudice ni artifice, dans toute sa splendeur virile. Ce portrait, à échelle humaine, aurait une place de choix dans son antre d'esthète: Philip trônerait ainsi à ses côtés ad vitam !
- Elianor a écrit:
- L'air marin apaisait un peu son âme tourmentée. Après tant de préjudices, un tourbillon d'émotions contradictoires bouillonnait en lui. A la vue de la gentiane qu'il tenait en main, un regain d'espoir le saisit. Après tout, l'échelle de transcription était à portée de main et ce n'était pas un voyage en transsibérien qui allait l'arrêter.
- Rosalind a écrit:
- Elle se souvient.
Son arrivée à Moscou, le tourbillon de la vie mondaine, ils étaient alors en haut de l'échelle. Le préjudice subi, la ruine et le suicide de son mari. L'interminable voyage de retour en Transsibérien vers la ville de son enfance, pour apaiser son âme tourmentée. Elle s'était laissée persuader et avait fait un mariage de raison, mais n'a jamais oublié son premier amour, le marin aux yeux de gentiane. Lui pardonnera-t-il ? un regain d'espoir fait battre son coeur. 1er/02 mai 2020 - L'Ami a écrit:
- Samovar, Pluie, Route, Jade, Sourire, Gong, Bol, Chagrin
- Spoiler:
- Fauvette a écrit:
- Serpents, araignées velues, défis physiques et énigmes à tiroir... les épreuves s'enchaînent sans répit pour les candidats, et la route vers le succès est encore longue !
Au son du gong, tout est suspendu et l'équipe retient son souffle, à mi-chemin entre sourire vainqueur et chagrin d'avoir échoué. Les tigres aux yeux de jade tournent la tête dans un grincement et victoire ! C'est une pluie de pièces dorées. Vite, il faut en amasser le plus possible, mais un candidat téméraire tente l'aller-retour de trop. Coup de bol, il réussit à s'aplatir in extremis sous la grille et l'équipe s'enlace, exultant de joie. Dans la salle des gardes du fort, transformée en cantine pour le tournage, un samovar sifflant attend de réchauffer enfin les participants exténués. - clinchamps a écrit:
- Las d’attendre un téléphone qui ne sonnait pas, Paul se dirigea vers la fenêtre dont il écarta d’une main lasse les rideaux de brocart terni. La pluie ruisselait toujours aux carreaux, le bitume de la route luisait au pieds des lampadaires. Personne. Il se retourna et contempla sa chère bibliothèque, qui serait vidée demain. Les reliures de chagrin à lettres dorées s’alignaient, le clair obscur cachait leur usure. Le feu jeta une lueur sur le sourire d’un bouddha de jade dans sa niche. Une gong résonna quelque part dans la maison presque vide… L’heure du thé, encore servi avec le grand samovar, et dans des bols de céramique japonaise, mais dans la cuisine maintenant…Grandeur et décadence !
- Sihaya a écrit:
- Le samovar fumait, sauvagement, au milieu des soucoupes et des bols en jade blanc, translucide et veiné. Le service à thé vibrait furieusement sous les gongs rugissant du tonnerre, qui déchirait les nuages d’ébène, libérant une pluie torrentielle. Ce déchaînement de la nature, cette colère divine, seyaient au chagrin de Percy, la traîtrise de son Antinoüs ne lui insufflait que haine et désespoir. Son amour blasphémé, il devait désormais suivre la route de la Sainteté ou celle de la Perdition. Le sourire perfide de Philip, à l’annonce de son union sacrilège avec cette Harpie, le hantait jusqu’au tréfonds de son être.
- Annwvyn a écrit:
- Le gong de leurs amours avait sonné. Anton et Macha avaient fait route ensemble, sous la pluie qui tombait dru, sans parler ni se toucher, liés ensemble et à jamais par le chagrin. Macha serrait contre elle le samovar, et les petits bols, de leur bonheur perdu, forçant un sourire désespéré sur ses lèvres pâles. Au pied des bouleaux, la barque l’attendait, oscillant sous le vent, sur les ombres de jade du fleuve en crue.
- Lily of the valley a écrit:
- Lorna regarde la grande baie vitrée où la pluie printanière mais glaciale dilue le parc et la route du village en une aquarelle ressemblant à celles de Monsieur. Il la laisse parfois regarder lorsqu’elle entre dans la pièce où il se retire pour peindre. Madame n’apprécierait pas. Elle lui dirait, de sa voix de fiel : « Roberts, je ne vous paie pas pour bayer aux corneilles. » Monsieur, lui, l’appelle Lorna et il a toujours un petit mot gentil lorsqu’elle vient nettoyer l’âtre ou emplir le samovar. Elle pense que les yeux de Monsieur, qui ont les reflets de jade du petit bol chinois posé sur la cheminée, semblent contenir un immense chagrin qui menace de déborder.
Le gong du déjeuner vient de sonner, Lorna sursaute, ramasse à la hâte le seau de cendres et referme doucement le petit salon. Dans le couloir aux boiseries sombres garnies d’ancêtres menaçants, elle croise Monsieur qui lui adresse son sourire si triste, la tête légèrement penchée, une boucle de cheveux retombant sur son front pâle. Lorna rougit, rate une petite révérence et se précipite vers les cuisines. - L'Ami a écrit:
- Le samovar fume. Dans la yourte, à l’abri de la pluie, il pense à la route de demain. Jade, son épouse, prie d’un sourire forcé. Elle scande sur un petit gong de l’autel familial une litanie adressée aux esprits bienveillants, puis dépose un bol d’offrandes.
Elle lui tourne le dos. Cacher une larme discrète de son chagrin. - Elianor a écrit:
- La pluie s'accordait avec son chagrin. Les objets de l'étagère étaient les témoins palpables du fragment de route parcouru côte à côte. Chacun d'entre eux en racontait une partie. L'imposant samovar, le bol décoré de délicates fleurs bleues, la petite statuette avec son énigmatique sourire gravé dans le jade... Le gong sonna. Il était l'heure.
- Fée Clochette a écrit:
- Le gong du temple nous appelle, un lama au crâne rasé, luisant de pluie nous tend un bol de riz et verse le thé du samovar dans un gobelet. Le sourire aux lèvres, le moine offre le signe de paix à chaque pèlerin et murmure : "continue ta route mon frère, arrivé sur la montagne de jade tu comprendras que les chagrins d'hier sont passés et que demain n'est pas là. Tu seras alors ouvert à la connaissance."
- Rosalind a écrit:
- La route avait été longue, et la pluie incessante l’avait trempé jusqu’aux os. Il avait soupiré de soulagement à la vue de l'enseigne se balançant au vent "Auberge du dragon de jade."
Assis au chaud au coin du feu, il tient entre ses mains un bol de soupe fumante. Peu à peu son chagrin s’estompe. Il ferme les yeux, bercé par le chant du samovar et le rythme lancinant du gong de méditation, et un lent sourire éclaire son visage.
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| | | Fauvette Bluebird on a White Cliff
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| Sujet: Re: Jeu littéraire pour chasser les idées noires : les textes ! Mar 5 Mai 2020 - 14:54 | |
| 02/03 mai 2020 - clinchamps a écrit:
- chaise, marine, corbeille, égoïste, assiette, suspension, placard, buis
- Spoiler:
- Fauvette a écrit:
- Une assiette de moins à table, la chaise du bureau est vide et la corbeille de l'atelier ne se remplira plus de copeaux de buis ou de chêne. Dans ce temps en suspension, une vie s'est arrêtée ; la mort, égoïste, ne pense pas à ceux qui restent.
Le placard en formica bleu marine ne contient plus que des souvenirs et des papiers à trier. - Lily of the valley a écrit:
- Une assiette de scones en équilibre sur un genou, mon mug Burleigh dont le bleu fait écho au ciel, posé près de moi, j’observe les lentilles d’eau en suspension sur le petit bassin au bord duquel je suis assise. Les buis qui bordent la terrasse m’envoient leur odeur de pipi de chat -oui, le buis sent le pipi de chat-. Je m’emplis de sérénité matinale. Le parfums de mon Royal Blend se mêlent à celui entêtant de la corbeille de roses que j’ai posée sur une chaise en fer forgé rouillé. Je lève les yeux vers les martinets qui crient leur joie de vivre et la mienne. Comment réussissent-ils à éviter le choc frontal ?
« Mamaaaan, il est où mon short bleu marine, il est pas dans mon placard ! » Tiens, en parlant de choc frontal... Ma fille, les plis du drap imprimés sur la joue, vient d’ouvrir ses volets en les claquant. Ses cheveux de gorgone encadrent sa fureur d’adolescente. Elle me rappelle cette vieille publicité pour le parfum Egoïste sur une musique de Prokofiev. Le thé un peu amer me brûle la gorge. La journée ne fait que commencer. - Fée Clochette a écrit:
- J'ai plusieurs copies de marines de Turner, sur les murs, dons généreux de belle maman qui les tenait de sa belle maman aussi ! Si je pouvais, elles iraient à la corbeille, mais je ne suis pas égoïste au point de le faire cela attristerait son fils, et puis, je me connais, je les récupérerais avant la destruction ! C'est ainsi que je garde une vieille chaise de foyer bancale, l'assiette de Pise, où sa Tour n'en finit pas de pencher. Si vous levez les yeux, la suspension d'opaline rose laiteux était dans la chambre de jeune fille de maman ! et dans le placard du fond, il y a bien d'autres choses, comme ce crucifix de buis centenaire qui attend la lumière, ..... ...
- Annwvyn a écrit:
- Notre-Dame-de-la-Garde. Fête des Rameaux. Printemps frisquet et brise marine. A part un trentenaire, chauve et l’air à n’être pas dans son assiette, tous les fidèles étaient agenouillés sur leurs chaises, leur égoïsme au placard, tout pleins de pensées pieuses. L’assiette d’hosties avait été engloutie par les dévots, la corbeille de la quête débordait des générosités, et le buis avait été béni. Les chants s’élevaient dans la basilique, berçant de leurs ondulations les petites maquettes de navire en suspension sous les voûtes. L’air sentait bon l’encens, le romarin, et les appels à jouer à la pétanque.
- L'Ami a écrit:
- Assis à sa chaise, il pointe les relevés sur sa carte marine, tandis que sa corbeille roule au rythme de la houle.
Égoïste, indifférent, droit dans mon assiette, voilà ce que je suis devenu, pense-t-il à la vue de sa lampe à suspension montée sur cardan. Comme elle, j’absorbe tout sans bouger. De son placard il sort son livre d’embarquement pour noter les pertes journalières des nègres jetés à la mer. Encore dix... maugrée le capitaine John Newton en évitant de regarder son Christ en buis au dessus de sa couchette. - Sihaya a écrit:
- Octobre 1789. Les chaises de poste battent le pavé dans une course endiablée. Les murs de la ville royale sont couverts de placards haineux exhortant la mort du Roi. La débâcle commence, la cour déserte Versailles. Le temps en suspension, le Roi déambule, l’âme en peine, dans l’affreuse solitude de sa demeure. Il contemple, une dernière fois, les fastueux topiaires en buis de son jardin; son regard admire l’ultime jet d’eau jaillissant de Neptune et de ses créatures marines. Des chapiteaux à corbeille jusqu’aux assiettes de Sèvres, cet écrin splendide encapsule toutes ses joies et ses douleurs. La chute du Roi est inexorable, mais Versailles, immuable et égoïste, renaîtra de ses cendres.
- Rose Bleue a écrit:
- Elle était assise, prostrée sur sa chaise, le temps semblant en suspension dans l’air. Autour d’elle, éparpillés en mille morceaux, gisaient des objets, victimes innocentes de la dispute. Des bouts d’assiettes d’où on pouvaient encore apercevoir le monogramme fleuri, des débris de verre luisant telle de la poussière de fée, des couverts tordus sous la violence du choc. Elle le voyait debout face à elle, habillé d’un jean noir et d’un pull marine, saisissant tout ce qui passait à sa portée pour les jeter à travers la pièce. Ce n’était pas la première fois qu’il s’énervait, il avait toujours eu un tempérament violent. Mais il s’était contenté jusqu’ici d’hurler des injures, de faire valser les mots. Quelle serait la prochaine étape ? Elle se leva alors et, tel un automate, se dirigea vers le placard. Elle l’ouvrit, prit le balai et une pelle et commença à ramasser les morceaux. Il fallait jeter tout cela à la corbeille le plus vite possible. En passant devant la fenêtre, elle l’aperçut dans le jardin, devant la rangée de buis. Il fumait tout en marchant et semblait préoccupé. Peut-être regrettait-il son acte violent et égoïste ? Elle poussa un profond soupir et se mit alors à espérer.
- Rosalind a écrit:
- Jeanne n'est pas dans son assiette, cet égoïste de chat s'est encore sauvé et cela la contrarie.
Elle triture nerveusement les perles de buis de son collier, mais décidément l'inspiration ne vient pas, les mots restent en suspension. Elle n'arrive pas à se décider sur le sujet de son prochain livre. Une histoire d'amour, un roman sur la marine, ou un polar avec cadavre dans le placard ? Elle repousse sa chaise avec un mouvement d'humeur, froisse les feuilles raturées, les jette rageusement dans la corbeille à papier et part à la recherche de ce satané chat. 03/04 mai 2020 - Fauvette a écrit:
- Epices, parabole, opiniâtreté, fidèle, nuage, murmure, espoir, tapis
- Spoiler:
- clinchamps a écrit:
- Quelques moutons s’étaient égarés au milieu du tapis de garrigues dont le soleil exacerbait l’odeur d’épices. Le murmure du vent berçait ses pensées. Ses moutons lui rappelait la parabole de la brebis égarée, que son vieux pasteur de père aimait particulièrement. Elle symbolisait à ses yeux l’opiniâtreté, la préoccupation fidèle : on n’abandonne personne ! Celui qui est perdu garde l’espoir qu’on viendra pour lui ! Levant les yeux vers les nuages, il s’étonna de cette résurgence évangélique inattendue.
- Ysabelle a écrit:
- Ici vécut un homme qui cultivait des épices de toutes sortes avec opiniâtreté. Personne n'y croyait en ce sol aride, mais lui, plein d'espoir, fidèle à lui même, suivait le chemin de la montagne. A ceux qui essayaient de le dissuader, il murmurait un passage d'une parabole : "et si de sombres nuages viennent à cacher l'Astre d'Amour, le petit oiseau ne change pas de place, ..." Un beau jour, l'on vit se révéler aux yeux étonnés, un tapis multicolore et éblouissant.
- Annwvyn a écrit:
- Fidèle à lui-même, Basile enfournait tout dans sa besace, fruits étranges, plantes, bijoux, tissus, avec une opiniâtreté inversement proportionnelle à la taille de son sac. Le soleil baignait de paraboles de lumière les éventaires du marché, les épices montaient du sol dans des nuages de couleurs criardes, et les marchands, assis sur leurs tapis, comptaient leurs gains du jour, la barbe pleine de murmures. Avant le départ, Basile faisait le plein de goûts, d’impressions, et de senteurs boisées. Il était étourdi d’espoir.
- L'Ami a écrit:
- Penché au-dessus de ses sacs de jute grand ouverts, Ihsan choisit, compose, réinvente ses recettes, cinq parfums, quatre épices, zaatar... À chaque pelletée, une parabole de senteurs suit le geste de la main. Concentré, avec opiniâtreté, fidèle à son savoir faire, dans un nuage d’arômes il murmure un à un, le nom des ingrédients.
Le soir venu, sous la lanterne, ivre d’odeurs, Ihsan s’allonge avec l’espoir de bien vendre le lendemain au marché d’Ispahan, puis s’endort épuisé sur un vieux tapis d’Afchar. - Sihaya a écrit:
- Les épices aux mille senteurs embaumaient, de leurs doux parfums, l’antique souk de Bagdad. Le chant du muezzin retentissait en un suave murmure parmi le dédale des étales colorés. Perché sur le minaret, Idir contemplait, avec tristesse, sa belle cité aux coupoles dorées. Hélas, il devait l’abandonner et poursuivre, avec opiniâtreté, son sombre destin. Les mystérieuses paraboles du Djinn lui revenaient en mémoire : « Choisis le Chemin obscure. Trouve le fidèle Simorgh aux plumages sacrés. Les démons succomberont dans ta lumière et l’Espoir renaîtra parmi les Elus ». Prenant son courage à deux mains, Idir prit la voie des airs sur son tapis volant. En lévitation, il naviguait adroitement sur les nuages : sa quête pouvait débuter !
- Lily of the valley a écrit:
- Il dépose une carte sur le tapis vert sombre et laisse son esprit s’envoler vers la fumée des cigares qui monte en un nuage opaque vers les pampilles du lustre où ses volutes se perdent dans les reflets cuivrés des bougies. Il joue avec l’opiniâtreté instinctive du laboureur qui trace inlassablement ses sillons. C’est un réflexe semblable qui le pousse à continuer, à s’oublier dans les vapeurs de vieil armagnac, les notes d’épices orientales du tabac et les murmures étouffés des autres joueurs. Il ne joue pas avec l’espoir de gagner, mais avec la lassitude mécanique du fidèle qui se rend chaque dimanche à l’office sans en rien attendre que la fugace consolation d’une antique parabole où il se reconnaîtra immanquablement.
- Rose Bleue a écrit:
- Encore raté ! Enervé, il jeta sa mixture dans la poubelle. Le concours approchait à grand pas et il était toujours incapable de faire cette recette à base d’épices. Pourtant au moment de s’inscrire, il avait ri quand on lui avait expliqué les règles, certain de son succès futur. Fidèle à son image, il avait même fanfaronné d’avance auprès de tout son entourage. Mais il devait se rendre à l’évidence, ce plat était une véritable parabole, trop énigmatique pour lui. Il savait comment utiliser les ingrédients de base, comment les faire cuire, mais par un mécanisme incompréhensible, ne parvenait pas à obtenir la texture et la saveur demandée. Que se passerait-il s’il échouait ainsi le jour J devant tout le monde ? Les commérages iraient alors bon train. Cela commencerait par des murmures, puis des paroles blessantes et à la fin cela ferait carrément les gros titres. Son échec le poursuivrait alors pendant des années, des journalistes ne cesseraient de remettre cette histoire sur le tapis. Le nuage de la honte et de la peur planait au dessus de sa tête. Angoissé, il se mit à faire les cent pas dans sa cuisine et s’arrêta devant la photo accrochée au mur. Il la regarda longuement, sourit en pensant à tout ce qu’elle représentait pour lui et reprit espoir. Il était connu pour son opiniâtreté, il n’allait pas abandonner maintenant. Il retourna vers ses fourneaux et retroussa ses manches. Cette fois serait la bonne !
- Elianor a écrit:
- Le ciel était sans nuages et l'air fleurait bon les épices. La foule était aussi colorée que les tapis des étals. Les marchands discutaient prix avec opiniâtreté, n'hésitant pas à conter paraboles et fariboles pour mieux vendre leurs produits, parfois d'un air grandiloquent, parfois dans un murmure à peine audible, comme s'ils détenaient un secret millénaire. Les clients fidèles n'étaient pas dupes, mais les étrangers avaient toujours l'espoir de ramener avec ce qu'ils achetaient encore un peu de cette magie chatoyante.
- Fée Clochette a écrit:
- Avec forces paraboles et opiniâtreté, afin d'humilier les sénateurs de Rome, Caligula avait déclaré "Incitatus" son fidèle cheval, Consul.
Magnifique, le destrier, revêtu du tapis de pourpre impériale et d'un collier de pierres précieuses, avait avivé la haine des sénateurs durant son banquet d'investiture. L'Empereur avait exulté.
Cependant, dans Rome , des murmures s'étaient propagés et avaient pris de l'ampleur, le peuple à l'espoir perdu, voulait verser le sang de Caligula. Lassés de ses humeurs, ses deux préfets du Prétoire, l'avaient exécuté .
Maintenant, devant l'hôtel du temple de Castor et Pollux, les augures élevaient la coupe de vin aux épices vers les nuages pour diviniser Caius Julius Caesar Augustus Germanicus dit Caligula, le fou . - M. Rosalind a écrit:
- Fidèle aux coutumes du village, le paysan avait travaillé la terre avec opiniâtreté et semé les graines d'épices. Mais la sécheresse s'éternisait.
Il avait imploré le ciel, puis épuisé s’était endormi sur son tapis usé. Dans son sommeil il entend une voix qui lui murmure "Ne perds pas espoir !" A son réveil il aperçoit la parabole d'un arc-en-ciel luisant au travers des nuages, la pluie bienfaitrice était tombée pendant la nuit. - Rosalind a écrit:
- La parabole du bon grain et de l’ivraie, je la mets en pratique !
Agenouillée sur le tapis du gazon, mon fidèle désherbeur à la main, j’arrache le chiendent avec opiniâtreté dans une lutte sans espoir, environnée d’un nuage d’insectes qui murmurent leur avidité. Me relevant avec difficulté, je contemple le parterre d'escholtzias, du jaune lumineux des épices de safran et de curcuma. Oubliés le dos endolori et les piqûres qui démangent... 04/05 mai 2020 - Fée Clochette a écrit:
- chat, plongeoir, fouet, roue, baldaquin, edelweiss, nu, verrue
- Spoiler:
- Annwvyn a écrit:
- Célestine la sorcière se gratta le menton, duquel émergeait une verrue poilue comme il sied aux sorcières. Elle battait sa tambouille avec le fouet, et lançait dans le chaudron des ingrédients douteux. Des pétales d’edelweiss pour conter fleurette, une patte de lapin pour ne pas finir en cinquième roue du carrosse, et du sucre pour que le breuvage ait un goût de printemps. Socrate, le chat noir, était roulé en boule sous le baldaquin de velours mité, indifférent à la préparation du philtre d’amour. Au-bord de la marmite, un crapaud nu comme un ver regardait la cuillère posée sur le rebord, et lui trouvait des airs de plongeoir.
- L'Ami a écrit:
- Le chat à neuf queues siffle avant de s’abattre sur son dos. Il ne veut pas avancer sur le plongeoir surplombant la mer. C’est cher payé pour avoir giflé son supérieur.
Le fouet redouble de violence en le cinglant à nouveau. Il le sait la roue tourne. Des souvenirs se bousculent dans sa tête. Les nuits torrides sous le baldaquin de cette princesse Persane. Les chevauchées dans la Pusta avec ses frères d’armes, les Hussards de l’Empereur. Les longues balades dans les Carpates Slovaques à chercher des edelweiss pour fleurir les cheveux de sa mie. Nu, sanguinolent, il ne peut détacher ses yeux de cette infâme verrue sur le nez du quartier- maître. Serait-ce sa dernière vision, en sentant une main le pousser brutalement ? - Sihaya a écrit:
- Sorcière ! Succube ! Lilith ! On accablait Brienne de tous les maux, elle était coupable de tous les péchés de la Terre. Son visage ravagé de verrues, ses yeux de chat, sa crinière de Gorgone n’inspiraient que haine et dégoût. Elle était condamnée au purgatoire : les supplices du fouet et de la roue n’était pas suffisants ; le peuple, assoiffé de sang, quémandait le plongeoir de la mort, l’absolution par le feu. Le corps nu de Brienne, d’une blancheur d’edelweiss, trônait fièrement sur ce bûcher funéraire, les flammes l’auréolaient, tel un baldaquin infernal, sans la consumer.
- clinchamps a écrit:
- « Paul, réveille-toi, mon vieux ! Y a l’plongeoir d'la piscine à réparer ! Passe-moi les outils, la truelle langue de chat, elle est tombée derrière la roue de la brouette ! Et les gants ! Tu ne vas pas travailler à mains nues ! Y m’faudrait un fouet pour t'bouger, ma parole ! C’t une vraie verrue, c’te gars ! Tu la trouves pas ? Elle a dû rester chez la baronne, quand on lui a installé son baldaquin sur la terrasse ! Un plumard dehors, j’te d’mande un peu ! C’est comme une edelweiss dans un champ de poireaux ! »
- Fauvette a écrit:
- Pas un chat dans les ruelles désertes de la cité endormie ; le fouet du cocher claque dans l'obscurité et seules la lune et les étincelles jaillissant des roues cerclées de fer laissent parfois entrevoir l'étrange blason à l'edelweiss qui orne les portières du carrosse brinquebalant sur les pavés.
Son occupant, trempé comme une soupe, rit aux éclats alors qu'il se remémore sa soirée mouvementée : vin de Bourgogne et mets raffinés, danses endiablées dans le hall du château, regards langoureux échangés avec la maîtresse des lieux, baldaquin empli de fourrures et de fous-rires... et l'irruption, quelques délicieuses heures plus tard, du châtelain et de son infortunée verrue nasale dans les appartements de madame son épouse, forçant notre héros à prendre la fuite nu comme un ver ; une gargouille commodément placée sous la fenêtre de la dame de son cœur avait fourni un excellent plongeoir en direction des douves, et il ne peut retenir un autre gloussement d'hilarité en retirant une lentille d'eau de sa chevelure dégoulinante. - Rosalind a écrit:
- Virginie et Paul songent avec nostalgie à leur voyage de noces en Haute-Savoie, en juillet dernier.
Le chalet-hôtel 3 étoiles, la chambre nuptiale et le vaste lit à baldaquin, au couvre-lit matelassé brodé d'edelweiss. Le restaurant et son décor rustique, joug, râteau à foin, houe et fouet accrochés au mur. Ils s'étaient régalés d'une raclette, avec une demi-roue de fromage de Beaufort, et de la charcuterie locale. De la fenêtre de leur chambre ils apercevaient les traces d'un récent éboulis laissant le versant à nu, comme une verrue au flanc de la montagne. Par l'autre fenêtre ils avaient observé avec amusement le chat de l'hôtel, allongé paresseusement sur le plongeoir de la piscine, l'oeil aux aguets. Ils avaient prévu d'y retourner cet été, mais le pourront-ils ? - Lily of the valley a écrit:
- Le plongeoir est une verrue sur la paupière du lac, une horreur de béton qu’on a pris la peine de peindre en un vert improbable pour que la chose se fonde dans le paysage dont la palette ne contient absolument pas la nuance de cette croûte écaillée. Allongé sur la couverture qui grattouille ses jambes nues, Bastien sent la brûlure du soleil qui perce le baldaquin de charmes surplombant le petit coin d’herbe où ils se sont installés pour pique-niquer. Yann a usé et abusé de son art de la persuasion pour tirer son ami du micro appartement où il s’apitoyait sur son sort, et le traîner pour une semaine au camping de l’Edelweiss. Les « joies de la plage au cœur de la montagne, venez profiter de nos nombreuses animations », disait le site internet. A leur arrivée, l’affiche annonçant le concert du soir : Paulette à la vielle à roue accompagnée de René au fouet a donné à Bastien son premier fou rire en des mois de morosité et à Yann un sourire satisfait de chat du Cheshire.
- Ysabelle a écrit:
- Dans le seul équipage, à quatre roues, Edelweiss protégée par un baldaquin, était blottie au fond telle un chat. Le conducteur, perché comme sur un plongeoir, tirait sur les rennes. De temps à autre, il levait un fouet en l'air, pour faire avancer les chameaux. Le paysage nu défilait lentement. Soudain, elle aperçut au loin, un palmier dressé tel une verrue dans l'immensité du désert. On approchait de l'Oasis.
- Elianor a écrit:
- Il dérapa et la roue avant du vélo frappa de plein fouet le rocher nu et aussi massif qu’un baldaquin. Le chat qui était dans le panier vola dans l’air enneigé avec nombreuses acrobaties, un peu comme un nageur inexpérimenté saute d’un plongeoir. Il atterrit brutalement et avec maints feulements, sa fourrure ébène se détachant comme une verrue sur le tapis immaculé. Ernest jura de longues minutes, sans que cela change quoi que ce soit. « Ce n’est encore pas aujourd’hui que je vais ramener des edelweiss » bougonna-t-il, dépité.
- Rose Bleue a écrit:
- Sophie n’en crut pas ses yeux quand elle vit le chat sauter du plongeoir. On lui avait toujours dit que ces boules de poils détestaient l’eau. Elle décida de s’approcher de la piscine pour voir le résultat et commença à faire deux pas. Mais elle se rendit compte alors que le décor autour d’elle n’était plus tout le même. Elle se trouvait maintenant au milieu d’un trottoir et un vieux carrosse passait devant elle. Le cocher tenait son fouet à la main et exhortait les chevaux à aller plus vite. Complètement interloquée par la scène, Sophie resta immobile, ne sachant plus quoi penser. Soudain, une personne la bouscula en maugréant. Elle s’écarta rapidement et vit un homme entièrement nu la dépasser. Il tenait un bouquet d’edelweiss à la main et poursuivit son chemin comme si de rien n’était. Complètement perdue, Sophie se mit à marcher sans but le long des rues. En tournant le coin d’une allée, elle croisa une vieille dame promenant un paon en laisse. Elle avait une verrue sur le menton et quand elle s’arrêta devant une vitrine pour en admirer la devanture, le paon se mit à faire la roue. Sophie décida de s’approcher d’elle, bien déterminée à lui demander dans quel endroit étrange elle avait atterrie quand elle entendit un bruit très familier au loin. Le son semblait venir d’un baldaquin juste au dessus de sa tête. Elle cligna des yeux et se retrouva alors dans son lit le réveil hurlant dans ses oreilles.
05/06 mai 2020 - Rose Bleue a écrit:
- Coquelicot, renard, pensée, bague, livre, montagne, confiant, chant
- Spoiler:
- clinchamps a écrit:
- Au temps lointain de Joseon, au cœur de la montagne magique de Jirisan, là où dieux et démons cohabitent, le renard à neuf queues, le gumiho, a son domaine. Il est le suivant du dieu de la vallée, confiant en son pouvoir, et que son chant apprivoise et captive. Son maître souvent s’assoit, ferme les yeux, et par la pensée fait fleurir des coquelicots, ou des jacinthes, entre les rochers. Il possède le livre magique de sa famille, et la bague merveilleuse qui protège sa jeunesse et sa beauté éternelle.
- Annwvyn a écrit:
- Il était allongé dans l’herbe, le cœur brisé, doucement consolé par le chant du ruisseau. Au-dessus de lui, dans les profondeurs du ciel, les nuages moutonnaient, dessinant des montagnes de coton. Tout près, un renard au pelage flamboyant grattait timidement la terre. Lui pleurait, et les larmes lui roulaient dans le cou. Il avait fourré la main dans sa poche, et serrait le poing de toutes ses forces sur la bague de fiançailles qu’elle lui avait rendue. Ses pensées retournaient à leur rencontre, à leurs rires confiants dans les champs de coquelicots. Elle avait lu son âme comme un livre ouvert.
- L'Ami a écrit:
- Le coquelicot se doit d’être gentil, avoue Renard Junior, puisqu’on le dit.
Voilà une belle pensée que je devrai lui déclarer naïvement, en lui offrant ce bouquet de papavers, sa bague de fiançailles et ce beau livre de Monsieur de Lafontaine. Contournant la montagne, il remarque un vol de choucas à son sommet. Ils me rappellent un crétin de corbeau que j’ai connu, murmure-t-il en reprenant, confiant sa route et son chant favori. « Gentil coq’licot, Mesdames. Gentil coq’licot nouveau » - Fauvette a écrit:
- La tasse de chocolat fume sur sa coupelle décorée de coquelicots tandis qu'Aziraphale se perd dans ses pensées, tournant machinalement la bague qui orne son petit doigt à la manucure impeccable.
Il est confortablement installé, une montagne de livres à portée de main, mais son esprit ne cesse de s'égarer au beau milieu d'un paragraphe. Son alter ego infernal n'est pas encore là mais il reste confiant : ce n'est qu'une question d'heures avant que Crowley n'arrive, le cheveu roux et l’œil vif tel un renard sulfureux, une bouteille de vin sous le bras. Aziraphale sourit et se replonge dans sa lecture, le chocolat oublié à côté de lui. Au loin, le chant d'un rossignol se fait entendre depuis Berkeley Square... - Lily of the valley a écrit:
- Le chant s’élève comme s’il naissait de la terre, de la brume presque rose qui efface les silhouettes des arbres calcinés et des squelettes des fermes bombardées, noires griffures sur le ciel pâle de l’aube. C’est un chant de chagrin ponctué de sanglots, un grondement de colère contre ces hommes trop confiants qui les ont jetés à l’ennemi comme on jette de la viande aux chiens. La gorge de Victor se serre et il ferme les yeux. Il tente de laisser son esprit s’envoler vers sa montagne, vers les siens, mais lorsqu’il rouvre ses paupières brûlantes, les coquelicots qui s’épanouissent sur les tombes les plus anciennes se confondent dans ses pensées avec le sang qui a fleuri sur les poitrines de ceux qui étaient devenus ses frères. Il fait rouler inlassablement et mécaniquement autour de son majeur la bague que Joseph lui a fabriquée avec un morceau d’obus … Juste avant de … Joseph et son sourire en feu d’artifice, Joseph et sa tendre Lucie … Que deviendra-t-elle sa Lucie ? Qu’en a-t-elle à faire de cette bande de terre putride qu’ils ont conquises pour la patrie et reperdront dans quelques jours. Pour la patrie ... Cette phrase qu’il a lue, il y a des siècles, lui semble-t-il, dans un livre de Jules Renard, lui revient comme une évidence alors qu’il se tient au garde à vous devant les tombes de ses frères : « Au fond de tout patriotisme il y a la guerre : voilà pourquoi je ne suis point patriote ».
- Rosalind a écrit:
- Un chant joyeux aux lèvres, Jean finit de réparer le toit du chalet, là-haut dans la montagne. Ses pensées vont vers celle qui y vivra bientôt avec lui, sa bien-aimée.
Ce printemps, à la floraison des coquelicots, il a glissé à son doigt la bague de fiançailles transmise par sa mère, et mardi 4 août, dans trois jours exactement, leurs deux noms figureront dans le grand livre du registre des mariages. Il regarde autour de lui, dans l'alpage les petits renards s'aventurent hors du terrier, la marmotte lance un cri d'alerte. Des bruits diffus montent de la vallée. Confiant en l'avenir, il pose le dernier bardeau et s'apprête à descendre de son échelle. Soudain le tocsin. Puis comme en écho, les cloches de tous les villages alentour résonnent à l'unisson... - Elianor a écrit:
- La libraire disparut derrière une montagne de livres, toutes ses pensées tournées vers le roman " qui parle d'un renard et d'une fleur, peut-être un coquelicot" comme le lui avait demandé son jeune client. L'enfant était confiant sur l'issue favorable de sa demande. La réponse ne tarda pas : "Le voilà ! J'espère que tu ne seras pas déçu, la fleur en question est une rose !" Il haussa les épaules timidement, paya et sortit avec le chant mélodieux du carillon. De nouveau seule, elle jeta un coup d’œil radieux à la bague qui brillait à son doigt, signe de son bonheur futur.
- Ysabelle a écrit:
- Coquelicot le coq de ma voisine chantait bien fort ce matin. Il a l'air d'apprécier l'air de la Montagne. Il lui a été offert par sa sœur, lors de la foire du Livre à Paris. Depuis, son chant fait la joie des habitants. Reconnaissable à ses belles couleurs brillantes et sa bague sur la patte, il fait sa fierté. Elle est cependant inquiète à la pensée, qu'un renard qui rode souvent dans le coin, finisse par l'emporter, car il est très confiant et se ballade partout dans le voisinage.
- Fée Clochette a écrit:
- Dans la lumière de l'été, il dévalait confiant, les flancs de sa montagne. Lorsqu'elle était en vue, il se dissimulait, aussi furtif que le renard roux à l'affût d'une poule, derrière les prunelliers. Il l'observait penchée sur son livre, ses longs cheveux cascadaient jusqu'à la taille, ravissante dans sa robe rouge. Il était dans ses pensées car elle contemplait parfois sa bague en souriant. Alors, il sifflait le chant de leur rencontre, "comme un petit coquelicot... mon âme......... comme un petit coquelicot." ...... rieuse, elle s'élançait dans ses bras, et ils s'aimaient dans la lumière de l'été. Ils s'aiment encore.... mon âme...!
- Sihaya a écrit:
- Les étendards voltigeaient majestueusement au gré du vent, déployant les somptueux blasons des deux maisons rivales : le dragon des Atrides crachait son haleine de feu sur le fourbe renard des Orestres. Le chant des trompettes se mêlait allègrement au rugissement de la foule et aux cliquetis des épées. Le tournoi du Royaume des sept Montagnes battait son plein. L’heureux vainqueur aurait l’immense privilège de voir son nom consigné dans le Grand Livre de la Chevalerie.Toutes les pensées, tous les regards convergeaient vers le féroce combat opposant le prince des coquelicots au mystérieux Chevalier Noir. Confiants dans leurs gestes, les deux farouches combattants exécutaient une chorégraphie sans faute. Mais plus rapide et plus vif, le Chevalier noir transperça, d’un coup sec, le cœur de son adversaire. Sous les clameurs et les vivats, il brandit fièrement la bague du mourant et ôta son heaume, un visage de femme se dévoila sous les yeux ébahis de la foule. Une Chevaleresse ?!
06/07 mai 2020 - Lily of the valley a écrit:
- étain, thermomètre, souriant, tablette, angelot, orchidée, gratter, ajonc
- Spoiler:
- Annwvyn a écrit:
- Pour arriver chez la grand-mère, il avait traversé la campagne d’ajoncs, balayée par les vents et les trombes de pluie d’orage. Lorsqu’elle lui ouvrit la porte, il lui dit en souriant : « Eh bien grand-mère, vous m’avez fait demander ? ». Elle eut un léger rire, les joues roses comme un angelot rubicond, désignant du bout du doigt les petits boutons qui lui fleurissaient sur le corps. « Ne riez pas, je me donne des airs d’orchidée ». Il pinça les lèvres d’un air malicieux, et entra. « Dans mes tablettes, on appelle ça la varicelle. Grand-mère, vous savez qu’il ne faut pas vous gratter. » Avec calme, reprenant son souffle après sa course au grand-air, il sortit de sa besace son thermomètre et son stéthoscope en étain.
- clinchamps a écrit:
- Elle avait un thermomètre à graduation spéciale, pour l’eau du thé : le sencha, 70°, le genmaïcha, 75°… Mais du Diable si elle se souvenait où elle l’avait mis ! Michiko venait prendre le thé, elle voulait susciter son admiration pour sa connaissance du Japon. Elle s’était essayée à l’ikebana avec trois branches d’ajonc et une orchidée, et ma foi ! « ça jette ! » comme dirait Paul. Elle disposa les tasses sur la tablette d’étain martelé qui venait de sa tante (Michiko adorait l’ancien français, d’ailleurs elle avait sorti son Limoges à tête d’angelot, du pur XIXé bourgeois !)Elle entendit gratter à la porte (la célèbre discrétion japonaise),elle ouvrit : Konichiwa ! dit Michiko en souriant.
- L'Ami a écrit:
- Aujourd’hui, il fête ses noces d’étain, dix ans déjà. Il faisait plus froid à l’époque se dit-il, en détaillant le thermomètre fixé au volet.
C’est passé vite, il se souvient d’elle, toujours souriante, jusqu’au lendemain de la cérémonie où elle disparut, sans un mot, sans explications, son alliance déposée sur la tablette du vestibule. Comme chaque année, à la même date, il refait son pèlerinage, entre dans la nef, balaye du regard ici et là les angelots dorés aux sourires extatiques. Les orchidées ont remplacé les lys blancs sur les autels. Ses pas résonnent à travers un silence sépulcral. Son annulaire le gratte, son pouce vérifie la présence de l’alliance, toujours là. En la cherchant du regard, il y découvre posé un fragile Azuré de l’ajonc. À sa vue, pour la première fois, il s’effondre en larmes, sur les dalles froides. - Sihaya a écrit:
- Giovanni contempla, tout émerveillé, l’antre du Maître Da Vinci. Dans quel étrange songe avait-il atterri ? Etait-ce là l'atelier d'un peintre ou la tanière d’un mage ? Fasciné, il s'engouffra dans ce dédale de splendeur décadente. Une curieuse chimère en étain, aux ailes déployées, planait majestueusement dans les airs ; des tablettes d’argiles, gravées de mystérieux glyphes, côtoyaient de drôles d’inventions aux appellations barbares : « thermomètre », « scaphandrier », … Des écorchés d’orchidées et d’ajonc se mêlaient tous azimuts aux gravures de joyeux putti et angelots. Giovanni s’absorba, rêveusement, dans la contemplation de l'énigmatique toile du St Jean-Baptiste : souriant et vaporeux, son doigt levé semblait gratter, percer le voile des mystères de ce monde. Cet écrin, foisonnant de machineries et de fantasmes oniriques, irradiait l'esprit du Maître dans toute sa magnificence.
- Rosalind a écrit:
- Heureux qui comme Basile a fait un beau voyage,
Puis s'en est retourné, souriant, dans son petit village. Plus lui plaît l'ajonc breton que l'orchidée raffinée, Plus l'étain familier que l'or ou que l'argent, Bien plus sa simple tablette que la plus riche table. Plus lui plaît l'angelot que les statues de Pâques, Plus le thermomètre négatif que la touffeur tropicale, Plus gratter la terre que parcourir les mers, Et plus que l'air marin la douceur pastorale. - Ysabelle a écrit:
- Angelot observa en souriant, l'orchidée nichée dans l'élégant pot en étain. Elle faisait un bel effet sur la tablette murale qu'il venait de fixer. A la différence des plantes et fleurs sauvages telles que la marguerite ou l'ajonc, elle requiert beaucoup d'attention. Aussi, il est attentif au thermomètre, à la lumière, l'arrosage ... Il lui reste maintenant à gratter les résidus de résine sur le mur, et passer un coup de peinture pour finir.
- Fée Clochette a écrit:
- Machinalement, Numa grattait la lampe à pétrole en étain qui était sur la tablette de marbre de la desserte ! C'est fou ce qu'une famille entassait avec les années ! Le thermomètre mural "Banania" souriant à pleine dents le narguait depuis son enfance. Pourquoi le gardait-il ? Tout comme cette bizarrerie, achetée par une aïeule : une jardinière biscornue de Meissen qu'un angelot grassouillet ornait, une horreur ! Pour l'alléger, il y avait posé une orchidée, un phalaenopsis aérien : l'alliance parfaite pour illustrer "la belle et la bête..... Il sortit tondre le gazon et contourna les touffes d'ajonc qui ondulaient sous le vent pour rencontrer inopinément le crapaud familier des lieux : "salut Arthur, belle journée mon pote" oui, il les appelait tous ainsi, son grand père l'avait convaincu que tous les crapauds répondaient au prénom d'Arthur...................................... et la tradition dans la famille, .... comme les vieilleries, c'était sacré ! hélas...
- Elianor a écrit:
- Le thermomètre en étain affichait la bonne température et le taux d'humidité était parfait également. Souriant comme un angelot de Noël, il posa la clé sur la tablette et jeta un regard circulaire à sa serre. "Les ajoncs n'ont certes pas besoin de tels soins mais ils n'ont pas la délicatesse et la majesté de mes orchidées !". Il s'abandonna à la contemplation de son paradis humide et coloré. C'est ici qu'il se sentait le mieux. Il aurait pu rester des heures ainsi, sans bouger, si quelqu'un n'avait gratté à la porte. Le moment de grâce était terminé, il fallait retourner au monde!
- Fauvette a écrit:
- Le trappeur émerge de sa tente en frissonnant, les bras serrés autour de lui-même : les températures ont brusquement chuté pendant la nuit et le thermomètre affiche cinq bons degrés en-dessous de zéro, il va encore devoir gratter le pare-brise de la motoneige.
Sa bonne humeur revient quelques minutes et gorgées de café brûlant plus tard, alors qu'il repose son gobelet d'étain vide sur la tablette de sa chaise de camping ; souriant dans sa barbe, il observe avec intérêt les traces de prédation nocturne d'une chouette dans la neige fraîche, parfait angelot aux ailes déployées sans doute reparti avec un campagnol imprudent entre les griffes. A quelques mètres de là, une orchidée pointe le bout de ses fleurs violettes au pied des ajoncs dorés par le soleil levant, preuve définitive de l'arrivée du printemps septentrional. - Lily of the valley a écrit:
- Le petit regardait son grand-père en souriant, ses grands yeux bleus pleins d’émerveillement, ses boucles blondes tombant sur son front déjà doré par le soleil. Il ressemblait aux angelots du jubé de l’église du village. En le regardant, papy débordait d’amour et se réjouissait que ses parents l’aient confié à eux pour ces deux semaines. Depuis que le thermomètre avait donné son verdict et autorisé sa sortie, le petit ne lâchait pas son aïeul d’une semelle. Mamie jurait que la branche de buis béni piquée derrière les fesses du petit Christ en étain au-dessus de son lit avait eu raison du vilain microbe tandis que Papy riait dans sa barbe en disant qu’avec ou sans, un gros rhume, ça durait sept jours. Point. Ils contournèrent une touffe d’ajoncs et papy, à genou sur une tablette de bois qu’il emportait partout pour ne pas faire hurler mamie en abîmant ses pantalons, se mit à gratter dans les herbes, révélant délicatement une petite orchidée. Le petit s’agenouilla -ouille ça pique, papy- et observa le petit ophrys -papy attention c’est une abeille, elle va te piquer. Et il écouta papy lui dire murmurer de sa grosse voix tendre des noms latins et lui raconter la vie privée des fleurs.
07/08 mai 2020 - L'Ami a écrit:
- Hiver, Briquet, Violon, Pavé, Lumineux, Czardas, Escalier, Chérir
- Spoiler:
- clinchamps a écrit:
- Le cinéma du village passait « Princesse Czardas », et j’en étais ressortie complètement enthousiasmée autant par les costumes et les danses que par la musique et les violons tziganes… Je devais avoir douze ans, je me mis à chérir les « robes-qui-tournent » et les bottes rouges ! En descendant l’escalier du cinéma, je croisai un homme allumant une cigarette, et la flamme de son briquet rendit son profil lumineux dans l’obscurité de la rue. C’était l’hiver, le pavé était mouillé, mais je ne voyais que Marika Rokk tournoyant encore dans une envolée de jupons et de bottes rouges !
- Annwvyn a écrit:
- La Générosité glissait sur les eaux sombres et glacées de l’océan Arctique. Basile tenait contre son cœur son carnet de voyage – un pavé de deux-cent pages à présent, et l’émotion le brûlait de l’intérieur. Que d’histoires à raconter, comment ne pas chérir cette chance ? Au signal du sifflet, menu son dans le silence de la nuit d’hiver, l’équipage s’était réuni sur le pont, respectueux et grave, avec un émerveillement sacré. Les ondoiements de l’aurore boréale balayaient le ciel et la mer, en filins lumineux énigmatiques et délicats, comme des escaliers menant à d’autres mondes. On entendit le frémissement d’un briquet, puis le son du violon monta dans la nuit sous les doigts minutieux du capitaine, mélodie mélancolique d’une czardas de son pays natal.
- Fée Clochette a écrit:
- Olga lâcha le rideaux de la fenêtre de la cuisine en soupirant, que l'hiver était triste et noir dans cette ville aux pavés toujours glissants ! Dans les plaines de la puszta de son enfance tout était plus lumineux, les étoiles scintillaient dans la nuit en toute saison. Elle soupira, battit le briquet, les bûches de la cheminée flambaient enfin. Elle s'afféra autour du samovar pour préparer le thé fumé. Du bas de l'escalier elle appela ses fils qui dormaient toujours.
Elle tourna le bouton de son poste à galène, orienta l'antenne, mis les écouteurs ça grésillait un peu. Tôt, le matin, les concerts Petipa diffusaient des czardas, cela l'enchantait car elle chérissait le son des violons et sous la table, ses pieds esquissaient les pas de danses de sa jeunesse. Vôdya et Sacha entrèrent rapidement pieds nus en chahutant.
Olga dit : mettez les patins, il fait froid, et ça fait briller le plancher. Nous sommes pauvres, mais soigneux de ce qu'on a. Puis elle retourna a ses souvenirs. - M. Rosalind a écrit:
- L'hiver est très froid cette année. Pour le vieux musicien s'abritant sous un porche, son fidèle compagnon, un briquet fatigué, couché à ses pieds, les pièces se font rares. Ses doigts engourdis peinent à pincer les cordes du violon qu'il chérit, et il est affamé.
Soudain un rayon lumineux perce les nuages, réchauffant d'un coup la petite place pavée et le cœur du vieil homme. Serrant son instrument, il se met alors à jouer une czardas endiablée. Les escaliers alentour se remplissent de monde. Qu'il est heureux à présent ! - Rosalind a écrit:
- Ce matin lumineux de printemps, Kobus se réveille au son du violon. C'est Iôsef le bohémien, au pied de l'escalier, qui joue un air de czardas.
Dix ans auparavant, alors qu'il grelottait de froid et de faim, en plein hiver, ses souliers troués sur les pavés enneigés, Kobus l'avait sauvé de la prison et emmené chez lui. Il avait partagé son repas de Noël, battu le briquet d'amadou pour lui allumer une pipe, et fait dormir dans un bon lit. En souvenir Iôsef vient chaque printemps offrir à l'ami qu'il chérit une aubade au premier chant de l'alouette. - L'Ami a écrit:
- C’est un hiver glacial, il n’en peut plus de ce froid, dans la rue pas un rat. Il tâte son briquet au fond de sa poche. Plus un brun de tabac à fumer.
Doucement, il range son violon dans l’étui posé à même les pavés lumineux sous la lune. Regagnant son domicile, il se souvient des grands soirs de bals chez les Esterhazy, des czardas paysannes dans les villages de Transylvanie pendant sa jeunesse. Les fêtes de Vienne. À pas lourds il monte son escalier de meunier, ouvre sa chambre, s’assoit sur le lit, pose le violon qu’il chérit de toute son âme, sur ses genoux, le caresse de ses doigts gourds, longtemps dans l’obscurité. - Elianor a écrit:
- Il s'arrêta au pied de l'escalier, tapa des pieds sur le pavé pour se mettre en jambes, saisit son violon qu'il chérissait plus que tout et se lança dans l’exécution d'une czardas. Puis d'une autre. Puis d'encore une autre... Malgré le froid de l'hiver, son regard resplendissait d'un éclat lumineux et bien plus ardent que les maigres flammes des briquets de ces messieurs en beaux habits qui passaient près de lui sans le regarder.
- Ysabelle a écrit:
- Donne moi ce violon car, aujourd'hui je veux chanter! Je veux danser! Je veux battre le pavé! Tango ou Czardas, animerons mon corps, emporterons l'hiver! Demain, L'aube surgira lumineuse du haut de la colline oubliée. De cette lucarne en haut des escaliers, je la guetterai. Cette amie tant attendue, je voudrai la chérir. Demain, du bout de mon briquet, j'allumerai un feu de joie.
- Lily of the valley a écrit:
- Le chant d’un violon de l’autre côté de cette bande de terre immonde hérissée de barbelés qui scintillent sous le feu des fusées éclairantes, fait remonter à sa mémoire un autre jour d’hiver, un autre soir de Noël. Il revoit le pavé luisant de neige fondue où se reflétait l’or des becs de gaz, il entend encore le son de ses pas sur le marbre de l’escalier du théâtre. Il sent le parfum entêtant des femmes, l’odeur écœurante de la brillantine. Il sent encore sous ses doigts le velours rouge du balcon. C’était sa première fois. Lui, le jeune homme maladroit de la montagne mettait pour la première fois ses pieds, serrés dans des bottillons neufs et brillants, dans un théâtre. Chérir ces instants lumineux. Effacer la nuit.
« Alors, mon Victor, où donc que t’es parti ? » lance Edmond, le plus âgés des soldats regroupés dans le trou à rat de terre gluante sur lequel Victor refuse pour l’instant d’ouvrir les yeux. « Ah, ça s’amuse de l’autre côté, mais qu’y s’y fient pas, c’est pas parce que c’est la nuit au gars Jésus, qu’on leur foutra pas une déculottée demain ! » Victor soupire et ouvre les yeux sur un briquet et un bout de cigarette noirâtre que lui tend Edmond. « Allez, gars, fais pas c’te tête ! Les autres là-bas, y se privent pas pour danser la polka. » « C’est une czardas. », murmure Victor. « Si tu le dis. » grommelle Edmond. - Sihaya a écrit:
- Des cataractes de pluie battaient le pavé. Le vent d’hiver hurlait et gémissait. Insensible aux émois de la nature, la demeure du Magyar se tenait droite et silencieuse, enveloppée d’une brume vespérale. Au cœur de ses sombres anfractuosités, un halo lumineux s’émanait d’un être étrange, à la beauté arachnéenne. Vêtu d’un antique uniforme, sa taille ceinte d’un sabre briquet, le Magyar exécutait une Czardas
endiablée, au pied d’un monumental escalier. Sa compagne chaloupait dans ses bras, les mélopées langoureuses des violons l’entrainant dans un songe crépusculaire. Il la dévorait des yeux, ses lèvres chérissaient ce cou virginal, ses dents aiguisées taquinaient cette peau tendre et molle. Il enfonça brutalement ses crocs dans sa voluptueuse chair. Telle une bête assoiffée, il s’abreuvait de son sang avec extase et douleur.
- Rose Bleue a écrit:
- L’hiver de Vivaldi ou une petite Czardas ? Thomas hésitait beaucoup entre les deux. Vivaldi lui rappelait l’époque où, enfant, son professeur de musique démarrait toujours la nouvelle année en leur faisant écouter ce morceau. Tout en se laissant porter par le violon, il regardait son professeur battre la mesure, le regard lumineux. Il avait l’air toujours tellement heureux quand il leur faisait écouter de la musique classique. Cet homme lui avait transmis sa passion et lui avait donné envie d’apprendre à jouer de cet instrument. La petite danse, d’un autre côté, lui rappelait cette jeune femme hongroise qu’il avait tant chérie. Il l’avait rencontré un jour où il fumait une cigarette en battant le pavé. Elle s’était approchée de lui et lui avait demandé du feu avec un charmant accent. Subjugué par son beau sourire, il s’était empressé de sortir son briquet. Plus tard, ils avaient monté ensemble l’escalier conduisant à son appartement pour discuter et surtout pour l’écouter jouer.
08/09 mai 2020 - Elianor a écrit:
- zéphyr, beauté, dragon, recherche, nuit, papillon, silence, retour
- Spoiler:
- Annwvyn a écrit:
- Ils étaient assis tous les cinq sur le nuage, en rang d’oignon et les jambes battant dans le vide, attendant en silence le retour du dragon. Autour d’eux les étoiles pétillaient dans la nuit, et un doux zéphyr à la recherche de la Grande ourse, léger comme le battement d’ailes d’un papillon, leur chatouillait les narines. « C’est d’une beauté… » murmura la toute petite, estomaquée.
- Lily of the valley a écrit:
- Le miroir ébréché au-dessus du lavabo de faïence lui renvoie une image un peu déformée. Dans le silence de sa chambre sous les toits, il recherche la faille, le défaut, il examine ses traits qu’on dit fins, ses yeux gris-bleu qu’il pense trop écartés, ses cils noirs qu’il trouve trop féminins, ses cheveux sombres dont il a discipliné les ondulations avec de la gomina. Dans la touffeur de cette nuit d’août, la chemise de zéphyr blanc le gêne, le col amidonné le fait suffoquer, les chaussures vernies le blessent. Il fixe avec délicatesse ses boutons de manchettes en or ornés d’un petit dragon de cinabre, cadeau d’une cliente fidèle, riche et sans doute un peu amoureuse. Il noue le nœud papillon de satin noir et sourit tristement. Tout est en place mais, ce soir, il se sent plus près de la chenille que de son imago. Pourtant, les femmes encenseront sa beauté et ce soir encore, sous le regard méprisant des hommes, elles paieront suffisamment les heures passées à tournoyer dans ses bras sur le parquet ciré, pour que, sur le chemin du retour, alors que la dernière étoile s’éteindra, il puisse s’offrir un croissant chaud et un café crème sur le boulevard. Et pourquoi pas un livre sur les quais.
- Ysabelle a écrit:
- Le Dragon, c'est e Grand-père avec sa stature imposante. C'est ainsi que les enfants l'appellent. Il est rentré ce jour avec un beau poney, qu'il leur présenta sous le nom de Zéphyr. Il était d'une grande beauté. Il s'approchèrent en silence, les yeux écarquillés, les joues roses. Ils étaient de retour, affamés, après une journée à courir à la recherche de papillons. La nuit commençait à tomber.
- L'Ami a écrit:
- Sous la douceur du Zéphyr appelé aussi vent des ténèbres, la beauté du pays d’Oc indiffère ces missionnaires de la haine, ces dragons marchant en colonne, à la recherche de parpaillots récalcitrants, à voler, violer, tuer ou convertir, éventuellement.
Errant toute la nuit après une assemblée du désert, il va de ferme en ferme comme un papillon perdu. Tout n’est que silence et ravage. Il ne croit plus au retour de ses frères, embarqués sur les galères du Roi Soleil. - clinchamps a écrit:
- - Non, mais ! Quel vieux dragon, cette bonne femme ! Elle m’a encore collé un papillon sur mon pare-brise !
- Tu t’es garé toute la nuit devant le Zéphyr, c’est le bistro de son oncle, t’étonne pas ! - Un peu de silence, là-bas ! On bosse, nous ! Faut qu’on fasse ce retour au travail en beauté ! - Qu’est-ce que tu fais ? - Je recherche le numéro de la Mairie pour râler ! - Rosalind a écrit:
- L'antique race des dragons était presque éteinte, trop pourchassée depuis la nuit des temps.
Le dernier survivant a recherché inlassablement une compagne, dans une quête impossible et sans retour. Vieux et fatigué, il s'allonge sur un escarpement rocheux, replie ses ailes, aussi fragiles que celles d'un papillon géant, et ferme ses yeux aux facettes de diamant. Son souffle aussi léger que le zéphyr s'affaiblit, le silence règne à nouveau sur la planète. Tant de beauté disparue à jamais... - Rose Bleue a écrit:
- Au cœur de la forêt d’Emeraude, Mélody attendait son ami. Depuis son retour du pays des Dragons, elle n’avait pas encore pu échanger avec lui. Elle savait qu’il était parti à la recherche de ses origines mais elle ignorait tout des aventures exceptionnelles qu’il avait dû vivre. Elle le voyait déjà, tout heureux et fier, en train de lui décrire la beauté des paysages qu’il avait traversé. Il pourrait également lui parler de la magie de cette contrée enchantée, de la noblesse de ces habitants majestueux et mythiques. Dans le doux silence de la nuit, Mélody trépignait, impatiente de tout connaitre. Ses petites ailes en forme de papillon battaient follement sous l’excitation de l’attente. Soudain, une ombre se glissa derrière elle. Elle se retourna. « Zéphyr ! Je suis tellement contente de te voir. »
- Fée Clochette a écrit:
- Allongés dans le pré, un doux zéphyr ondulait sur nos corps. Dans le silence sonore de la nuit, nous explorions le ciel pour trouver la constellation de la Grande Ourse.
- là, elle est là, dit-il joyeux, en levant haut le bras. La voit-on partout ? - partout dans l'hémisphère nord. - J'aimerais admirer le retour du soleil, y-a-t-il longtemps à attendre ? - nous allons dormir ici, j'ai apporté des couvertures. Quelle beauté ce ciel étoilé, pensais-je en l'entendant s'assoupir. En écho, sa petite voix ensommeillée balbutia. - c'est beau un ciel plein d'étoiles ! demain je lâche les papillons petites tortues que que j'ai élevé et un jour, je partirai à la recherche des fossiles de T.Rex, puis j'étudierai les dragons de Komodo et je .... ............
Il avait l'innocence de l'âge, des projets et des rêves.
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| | | Fauvette Bluebird on a White Cliff
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| Sujet: Re: Jeu littéraire pour chasser les idées noires : les textes ! Mar 19 Mai 2020 - 15:08 | |
| 09/10 mai 2020 - Annwvyn a écrit:
- pistache, romantique, nœud-papillon, fleuret, manque, hublot, Napoléon, transparent
- Spoiler:
- Annwyn a écrit:
- Napoléon était chafouin, étouffé par le nœud-papillon, engoncé dans son smoking pour enfants, et passait sa colère sur son sorbet à la pistache. Il aurait bien voulu se prendre pour un héros romantique, et les enfiler tous au fleuret, mais le courage lui manque. Parce qu’il avait quatre ans, il était condamné à être transparent, et à dîner dans la cuisine avec les autres petits, en regardant les adultes derrière le hublot de la porte.
- Fée Clochette a écrit:
- Avec son allure romantique à la Lamartine, il avait l'allure d'un poète. Son élégance était sublimée par un noeud lavallière de soie fleurie, plus souple que le noeud papillon noir, au col de sa chemise blanche. La mode, voulait qu'il portât une canne longue et mince comme un fleuret au côté.
En ce moment, il officiait. Les jaloux le disaient dédaigneux , ceux qui l'adulaient le trouvait transparent en amitiés. Pour lui, la pâtisserie était une science, un art proche de l'architecture.
Devant ses aides, il terminait à sa création : le croquenbouche d'amandes et de pistaches. Le Maître d'Hotel, surveillait à travers le hublot de la porte. Antonin Carême l'invita : Plus rien ne manquait, l'ornement de buffet de grand bal du couronnement de l'Empereur Napoléon pouvait trôner en son centre. - Elianor a écrit:
- M. Napoléon devina sa silhouette dans le hublot transparent plus qu'il ne la vit réellement. Il hocha cependant la tête, satisfait : aucun manque dans sa tenue de dandy-espion ! Un costume noir bien taillé, des chaussures italiennes flambant neuves, un nœud-papillon pistache du plus bel effet, une canne qui cachait un fleuret dans le creux de son bois et surtout son énigmatique sourire tour-à-tour romantique ou narquois qui le rendait totalement irrésistible aux yeux de ces dames.
- L'Ami a écrit:
- Et comme toujours, c’est au mousse que revient le privilège de ranger les sacs de pistaches, 40 kg chaque, et où ? Hé bien au fond de la cale !
Engagez-vous, qu’ils disaient, les voyages forment la jeunesse, c’est romantique à souhait. Faut p’être que je mette un noeud papillon et le fleuret au côté pour faire matelot de première classe ? Manque plus qu’ ça. Même pas un foutu hublot au pont inférieur, sous prétexte que dans nos hamacs, nos couchettes, avec l’aide du roulis, le paysage bouge tout le temps. J’aurais tout entendu sur ce rafiot. Vraiment pas de chance, je devais embarquer pour voguer vers Trafalgar, une idée de Napoléon. Ha ! J’aurais encore raté quelque chose, c’est sûr. Leurs histoires, c’est jamais clair. La Marine, c’est pas transparent ! - Lily of the valley a écrit:
- Rien ne manque à la salle. Désiré, debout dans un coin, en observe avec une animosité grandissante les détails. Les nappes vert pistache et les bouquets de lisianthus -beaucoup moins chers que les roses, avait affirmé Raymonde- dans des seaux de fer blanc -si bucoliques, avait susurré Chantal-, l’argenterie -parce que l’inox, non, tout de même, s’étaient exclamées Raymonde et Chantal, pour une fois en accord sur un point- et les verres de cristal comme de gros hérons transparents au bord de leurs étangs de porcelaine … Il y a aussi les guirlandes de fleurs fraîches -tellement romantique, s’était extasiée Chantal, hors de prix, avait grommelé Raymonde. Désiré avale une gorgée de champagne. Dieu que cette journée est longue ! Soudain il avise Bernard, le père de la mariée, engoncé dans une chemise blanche amidonnée comme un plastron de fleuret, le cou rouge et enflé sortant d’un nœud-papillon assorti aux nappes, les yeux déjà embués d’alcool derrière le hublot de ses lunettes de myopes. C'est lorsque l'homme, avec la fierté d’un Napoléon à Austerlitz annonce un toast, et tente de monter sur l’estrade, qu'il trébuche se raccrochant à la première nappe venue. Pour la première fois, dans un vacarme d’argenterie et de cristal, Désiré vient de trouver un intérêt au mariage de son frère.
- Rosalind a écrit:
- Le Napoléon a appareillé. La mer est calme et la traversée promet d'être paisible.
Pierre ajuste son noeud papillon. Il a commandé le champagne rosé et les pistaches, il ne manque rien à l'ambiance romantique. Il attend Olivia au bar, regardant par les hublots les côtes s'éloigner. Il repense à leur rencontre, aux joutes verbales à fleurets mouchetés qui ont soudé leur amour. Son épouse s'approche, sa robe à demi-transparente laissant deviner ses formes. Elle est toujours aussi belle après toutes ces années. Trinquons à nos noces d'or, ma chérie, lui dit-il en lui tendant une coupe. - Rose Bleue a écrit:
- Adeline sortit sur la terrasse, un bol de pistaches à la main, à la recherche d’un peu de solitude et de fraîcheur. Elle ne supportait plus d’entendre le brouhaha ambiant et les sons de cette soirée costumée. Pourtant elle pensait que ce serait une bonne occasion de s’amuser, d’oublier un peu les tracas du quotidien. A son arrivée, elle avait admiré les déguisements qui défilaient sous ses yeux. Elle avait même ri en voyant le chien de l’un des invités courir vers elle un beau nœud-papillon autour du cou. Mais comme à chaque fois qu’il y avait trop de monde, l’impression de devenir transparente avait fini par la gagner. Son manque d’assurance et sa grande réserve l’empêchaient de se mêler complètement aux autres. En regardant par le hublot de la porte, elle avait vu la terrasse vide et avait décidé de s’y réfugier. Elle soupira en regardant la belle nuit étoilée. Un ciel pareil lui donnait toujours des pensées romantiques. Soudain elle entendit une voix masculine appeler : « Napoléon, où es-tu passé ? » Un jeune homme brun, habillé en mousquetaire, un fleuret au côté sortit alors de l’ombre. « Excusez-moi, vous n’auriez pas vu mon chien ? » Devant son air inquiet, elle décida alors de l’aider à le chercher.
- clinchamps a écrit:
- La petite voix le fit sursauter « T’as une tache ! » Il baissa les yeux sur le gamin qui ajouta aussitôt, ravi « Pistache ! » « Tu ne manques pas d’air, toi ! » dit-il en souriant aux grands yeux derrière le hublot transparent des lunettes. Pauvre mioche ! Quel délire romantique des parents l’avait affublé du prénom de Napoléon ! Il lui allait aussi bien qu’un nœud-papillon à un poulet, ou qu’un fleuret à un pingouin !
11/12 mai 2020 - L'Ami a écrit:
- Chaire, Coeur, Oasis, Miel, Griffe, Soie, Candeur, Évanescent
- Spoiler:
- Fée Clochette a écrit:
- Longuement il avait médité devant la statue de l'aurige de son palais vénItien, son oasis, son refuge. Puis, de la partie basse formant coffre, de sa chaire gothique, il avait sortit une boule de soie miel. D'un geste assuré, il la fit flotter, sur le mannequin au milieu de la salle,
- mon coeur, c'est une invitation à la candeur, à la fluidité et au confort !
- d'un luxe suprême aussi ma chérie. Ce plissé de taffetas est unique, il épouse les formes libérées du corset, il magnifie la silhouette .
Mariano Fortuny et Henriette, fascinés, admiraient la Robe Delphos, leur création, une plongée dans une élégance subtilement évanescente. C'était sa griffe, une ode à toutes les femmes - clinchamps a écrit:
- Ma mémoire défaillante rappelle le souvenir évanescent d’une oasis au pays du lait et du miel, au cœur d’un désert brûlant. Sur le marbre des fontaine l’eau ruisselle, une jeune fille y mire sa candeur, les griffes de son chiot crissent sur la soie de sa tunique. Du minaret proche, descend l'appel du muezzin, et l’imam, du haut, de sa chaire psalmodie la sourate du coran pour la prière du vendredi.
- Lily of the valley a écrit:
- Percy lève les yeux vers la chaire où le gros homme rougeaud s’époumone en un sermon qu’on pourrait qualifier d’endiablé si cela ne sonnait comme un blasphème. Les grosses lèvres violacées s’ouvrent et se ferment comme la gueule difforme et avide d’oxygène d’une carpe tout juste pêchée. Percy étouffe un rire sous le regard réprobateur de son épouse. « Dieu, cher ami, ressaisissez-vous ! » murmure-t-elle, acide. Percy l'ignore et ignore l’officiant dont les paroles n’atteignent pas son esprit. Son regard se perd vers un tableau qui représente une scène se voulant biblique : une oasis, quelques dromadaires maladroitement peints, de belles femmes portant habilement jarres et amphores sur la tête ou sur une hanche ronde. Il revoit une autre oasis, loin de la rigidité vulgaire de cette société qu’il méprise. Il sent encore la brûlure du sable et l’intense soulagement de l’eau fraîche, l’écœurant plaisir des pâtisseries noyées de miel. Et la chaleur d’une présence aimée. « Très cher, mais levez-vous voyons, tout le monde vous regarde ! » l’admoneste à nouveau Ursula. Un coup de griffe de ce maudit éventail de soie chinoise qui ne la quitte jamais le ramène à l’ici et maintenant effaçant l’image évanescente d’un fantasme de bonheur. Alors que l’édifice se vide lentement, de l’autre côté de l’allée, un regard bleu pétillant, dont la candeur le fait frissonner, se porte sur lui. Il baisse la tête, et serre son étouffant secret au fond de son cœur.
- L'Ami a écrit:
- Titulaire de sa Chaire d’organiste, c’est toujours avec émotion qu’il s’assoit, face aux claviers.
Avant le premier accord, il se concentre longuement, son cœur au rythme métronomique d’un « Larghetto ». Et là, il pénètre dans une oasis de lumières sonores, le dos à la grande rosace. Il s’approprie chaque note, en fait son miel. Une main de griffes n’a pas sa place, il faut caresser l’ivoire des touches comme une fragile pièce de soie. Il faut de l’innocence, pas de la défiance, il faut de la candeur face à ces colonnes de plomb. Quand il lèvera les mains, la musique volera encore à travers la nef avant de disparaître dans ses évanescences de charmes. - Annwvyn a écrit:
- Le jour où elle avait planté ses griffes dans son cœur, Félix avait troqué la soutane, la chaire, et l’évanescence de sa foi, pour les pains au miel et le thé à la menthe. Dans les ombres chaudes de l’oasis, elle le regardait, alanguie dans ses drapés de soie, à des lieues de toute candeur.
- Rosalind a écrit:
- Comme chaque dimanche Jean s'ennuie pendant le sermon que le curé débite du haut de sa chaire, aujourd'hui l'histoire de Jean le Baptiste qui se nourrit de sauterelles et de miel sauvage. Il n'en faut pas plus à l'enfant pour que son esprit s'évade. Seul au coeur du désert, il tente de se protéger des coups de griffe des vautours, rampe à la recherche d'une oasis ...
Sa mère le rappelle à l'ordre d'une petite tape de ses gants de soie, lui faisant momentanément quitter ce monde évanescent. Jean sourit avec un air de feinte candeur, puis repart dans son rêve éveillé. - Ysabelle a écrit:
- L'inspecteur avait la chaire de poule. Son cœur s'est serré à la vue du corps de la jeune fille étendue dans la boue. Elle doit avoir l'âge de sa propre fille. Les bras portaient des traces de griffes. La chevelure de soie, couleur miel, couvrait un visage dont l'horreur n'a pas réussi à en effacer la candeur. Non, la vie n'est pas une Oasis de paix, pensa t-il en regardant tristement l'aube évanescente.
12/13 mai 2020 - Rosalind a écrit:
- muraille, girouette, alliance, loup, héritage, téméraire, ritournelle, cavalcade
- Spoiler:
- Lily of the valley a écrit:
- Le loup et le renard se fusillent du regard sur la tourelle, à moins qu’au fil des siècles ils n’aient fait alliance, oubliés Renart et Ysengrin, le loup et le renard de Monsieur de La Fontaine. On n’entend pas non plus « le loup et le renard chanter », oubliée aussi la bonne vieille ritournelle. On les entend grincer sur leur girouette rouillée et c’est horripilant. C’est dommage, car c’est là-haut que les rayons du soleil sont les plus généreux, léchant les vieilles ardoises, séchant le lichen jaune de la toiture. Il a décidé d’ignorer le bruit, la chaleur est trop tentante. S’accrochant aux vieilles pierres qui s’effritent sous ses longs doigts, il commence à grimper, vers se but, ce havre de chaleur auquel un instinct reçu en héritage lui ordonne d’accéder. Soudain une cavalcade au-dessous de lui, une bête gigantesque, un monstre. Il glisse, se rattrape. La peur. Il glisse à nouveau. Finie l’aventure, étouffé dans l’œuf, l'esprit téméraire. Il avise un trou dans la muraille, espérant que rien ne l’y attend. Il s’y précipite. Trop tard. Une douleur intense, de la poudre de pierre en pluie dans les yeux... Tant pis. Mieux vaut perdre la queue que la vie, se dit le lézard en voyant le chat s’éloigner, un petit bout de lui s’agitant encore entre les mâchoires.
- L'Ami a écrit:
- Ha mais pourquoi dans chaque famille faut-il supporter un beau-frère ?
Comment voulez-vous qu’on puisse se fier à ce type aussi ringard ? Un passe muraille, une vraie tête à faire faner l’oseille, une girouette qui se laisse guider par le vent. Essayer une alliance avec ce mec, faut faire gaffe. Il y a toujours un loup avec lui. Il a refusé d’anticiper l’héritage de la grand-mère, bon d’accord elle n’est pas encore morte, mais presque ! Y a pas un Ehpad qui en veut. On aurait pu s’arranger avec le Notaire, il était ok et pourtant c’est pas un téméraire celui là. C’est toujours la même ritournelle, elle est fatiguée, elle n’a pas sa tête, j’en connais d’autres. En quoi ça l’empêche de vendre son château en viager ? Nous on l’a notre tête ! Ça va encore être la cavalcade pour se réunir et prendre une décision. À propos, qui se souvient comment on rejoint les oubliettes ? - Annwvyn a écrit:
- La jeune femme, les yeux charbons masqués par le velours du loup, était une silhouette sur la crête effilée de la muraille, alliance téméraire de ténèbres et de grâce. Son regard accrochait la girouette, frémissant au loin sur le faîte du toit. A ses pieds, la cavalcade des hussards noirs s’annonçait dans les vibrations du sol. C’était la ritournelle de mort du royaume, héritage de temps ancestraux. Sans pitié, elle leur tomberait dessus, la dague tirée, et elle viserait juste.
- Rosalind a écrit:
- En haut du donjon la girouette grince sa ritournelle entêtante, et fait écho aux sombres pensées de la comtesse. Le vent a tourné depuis la mort de son époux, et les loups de toute sorte convoitent son héritage. Ils deviennent de plus en plus téméraires, et les épaisses murailles ne sont pas un rempart suffisant pour la protéger. Elle ne pourra plus refuser longtemps l’alliance que lui propose le seigneur son voisin.
Au loin un bruit de cavalcade annonce son arrivée. - clinchamps a écrit:
- « Chauffe, chaufferette, pire, pirouette, gire, girouette » chantonnait la fillette en suivant la muraille qui surmontait le fossé gelé, héritage d’un passé médiéval ancestral. Le bruit d’une cavalcade de l’autre côté de la glace interrompit la ritournelle. La fillette s’abrita derrière une buisson et les yeux écarquillés contempla le passage tumultueux des hommes du Téméraire, qui avaient fait alliance avec les Anglais contre le roi Louis. Le ferraillement des armures et le galop des chevaux s’éloigna, et soudain, le hurlement du loup pourchassé s’éleva dans l’air glacé.
13/14 mai 2020 - Lily of the valley a écrit:
- Bourgueil ou bourgueil (le nom ou le vin), pêche, brique, honte, influencer, bureau, bleu, larme
- Spoiler:
- Annwvyn a écrit:
- « Je ne veux pas t’influencer, petit », avait dit le vieux marin du bureau maritime, ses yeux noirs fixés sur Basile, un grand verre de Bourgueil à la main, « mais les gamins comme toi ne font pas long feu. Quand on est aussi chétif, on ne brique même pas le pont ! Je serais toi, j’aurais honte de faire l’école buissonnière ! ». Basile s’était contenté d’un sourire, puis il avait signé pour embarquer, et on lui avait donné un pantalon de grosse toile bleue et un bonnet à pompon. Jamais il n’avait navigué sur un aussi gros bateau – au moins dix fois le chalutier de pêche de l’oncle André ! Des larmes de joie lui montaient dans le cœur.
- Rose Bleue a écrit:
- Assis sur cette chaise devant le bureau du proviseur, Matthias attendait avec appréhension que la porte s’ouvre. Il regrettait amèrement tout ce qui venait de se passer. Il savait qu’il n’aurait pas dû frapper le premier, pas dû insister avec tant de violence. Il se revoyait encore au dessus de son adversaire, le frappant de ses poings pour lui faire ravaler son sourire suffisant, ses horribles mots agressifs. Il revoyait le visage de son ennemi devenir aussi rouge brique que son pull, entendait ses gémissements et ses supplications. Sur le moment cela lui avait fait du bien mais maintenant il était dévasté par la honte. C’est lui qui allait passer pour le monstre de service. Pourtant depuis des mois, il supportait tout : les remarques, les insultes, le harcèlement sur les réseaux... Même l’humiliation subi le mois dernier l’avait laissé de marbre. Mais aujourd’hui, il n’était pas d’humeur, aujourd’hui... Il refoula ses larmes et releva la tête. Il n’aurait jamais dû se laisser influencer par la haine qu’il éprouvait, ce n’est pas ce que sa mère lui avait appris. Il regarda fixement les murs couleur pêche en se demandant ce qu’elle dirait quand elle apprendrait son exclusion. Ses mains lui faisaient mal mais ce n’était rien à côté des bleus qu’il avait à l’âme. Soudain il entendit un bruit de porte qu’on ouvre. « Mr Bourgueil, veuillez entrer ! »
- Elianor a écrit:
- Il n’avait pas honte de l’avouer, il préférait aller à la pêche qu’au bureau ! Son rituel était toujours le même. Le samedi matin, il se levait de bonne heure sans regarder si le ciel était bleu ou gris pour ne pas se laisser influencer par le temps. Il partait à pied, son matériel sur l’épaule, et s’arrêtait au café rouge brique du lac pour manger un repas consistant qui lui tiendrait toute la journée. Parfois, il l’accompagnait d’un verre de Bourgueil, qui lui tirait toujours une ou deux larmes tant ses saveurs lui paraissaient exceptionnelles.
- L'Ami a écrit:
- Enfin tranquille, dès l'aube, il s'installe, pépère, calme.
D'abord avant quoique ce soit, deux bouteilles ficelées aux goulots, calées délicatement dans un petit clapotis qui laisse présager un moment délicieux de fraîcheur à venir. Du Bourgueil, petit vin de Loire fait pour une partie de pêche dominicale. Puis, bien caler le barbecue avec les briques ad hoc.Il laisse à sa femme le plaisir de la messe, à lui la honte du mécréant. Hier soir, il a amorcé généreusement son coin favori afin d'influencer le choix des poissons. Sûr, il a passé une bonne journée, bien bu, bien mangé, enfin tout ça pour deux gardons. Demain ce sera la reprise, le bureau, le bleu de travail. En attendant, il ne verse aucune larme pour autant. Deux tranches de colin décongèlent dans le frigo depuis ce matin, disons un pressentiment. Du Timut, un filet d'huile d'olive, un jus de citron, et, un Pouilly-Fuissé bien frais. C'est une bonne journée. - clinchamps a écrit:
- « Bon, je vais me laisser influencer ! Une larme, alors ! une larmichette ! » déclara Paul en tendant son verre.
« Cette bagnole vaut une brique et demie, faut pas que je risque de l’abîmer ! » La patronne du bistro lui versa une bonne rasade de son vin préféré, un joli Bourgueil chaleureux. « Dommage qu’elle soit de ce bleu criard », ajouta son mari, depuis la cuisine, en jetant un coup d’œil au véhicule garé devant la porte. « Oui, mais avec le cuir couleur pêche des sièges c’est trop classe ! » ajouta l’épouse qui se targuait d’avoir du goût. « Quand même, ça me gênerait de rouler là-dedans, comme mec ! »insista le bistrotier. « Bon, c’est pas le tout, les amis, mais là faut que je la ramène, et que je passe au bureau pour appeler le proprio ! A plus et merci pour le verre ! » S’installant au volant, il se dit « Si on la lui donnait, je pense qu’il boirait sa honte sans remords ! » - Rosalind a écrit:
- Jean a rassemblé son courage et invité sa charmante collègue de bureau à un repas en tête à tête. La cuisine n'étant pas trop son fort, le menu sera simple : magret de canard, salade, bleu des Causses, et pêche melba en dessert.
Il avait prévu un Beaujolais mais s'est laissé influencer par le caviste qui lui a suggéré ce petit Bourgueil de graviers. "Vous m'en direz des nouvelles ! mais ce serait une honte de ne pas le boire à la bonne température". Tout est prêt, la table est dressée , la bouteille fraîchit dans la brique à vin, plus qu'à allumer les bougies et choisir une musique douce. La sonnerie du téléphone. C'est elle, elle ne viendra pas. Il remplit son verre, ce soir il boira seul. Le Bourgueil a un arrière-goût de larmes. - Lily of the valley a écrit:
- Une fois encore il quitterait l’autoroute à Bourgueil et c’en serait fini pour un an des vacances, des rochers, des binious, du kig-ha-farz et du kuing amann. Les panaches joufflus de la centrale d’Avoine montaient haut dans le ciel d’un bleu déjà sombre. Dans la lunette arrière, le soleil descendait derrière la ligne d’horizon, grosse boule rouge brique, cachant sa honte d’être déjà moins présent en cette fin du mois d’août. Thomas attrapa sur le siège passager une pêche qu’il avait achetée aux halles avant de boucler ses valises. Une larme de jus sucré coula sur sa chemise. Sortie 5. Thomas poussa un énorme soupir. C’est fou ce que ces étapes sur son parcours avaient tendance à influencer le baromètre de son moral. Il était tellement plus près de son appartement et son bureau croulant sous les « à faire à la rentrée » que de la petite maison dans les Montagnes Noires où il venait de passer trois semaines.
14/15 mai 2020 - Rose Bleue a écrit:
- Rossignol, poussière, rire, pomme, intense, piano, miroir, main
- Spoiler:
- Lily of the valley a écrit:
- C’est l’heure intense, l’heure des sens. Cet instant où la lumière transforme l’air en poussière d’or, où les premiers rayons effleurent les pétales perlés de rosée, peignent de rose poudré les dernières ombres de la nuit. Il y a des rires dans les trilles du merle et la fraîcheur d’un ruisseau dans l’aria du rossignol, là-bas, de l’autre côté de la prairie. Il y a du bonheur dans la valse à douze temps des martinets au-dessus des toits, dans le scintillement de l’eau qui sort de la pomme d’arrosoir, dans le reflet d’un bouquet de roses sur le noir-miroir du piano du salon, dans le thé qui réchauffe la main à travers la porcelaine de la tasse que l'on pose sur la vieille table du jardin. C’est l’heure intense, l’heure des sens
- clinchamps a écrit:
- Paul poussa la porte du débarras au fond de la cour et un nuage de poussière s’éleva du ramassis de vieux rossignols entassés là ! D’un coup de pied décidé il commença à disperser les vieilleries, et avec un son aigrelet, le petit piano-jouet d’un Noël disparu dégringola du sommet du tas. Que de rires sa maman avait eus en l’écoutant essayer de retrouver « au clair de la Lune » ! Une pomme de douche rouillée dans une main, un miroir fêlé dans l’autre, il essaya de retenir un formidable éternuement, sans succès, et ce fut un soulagement intense d’éternuer violemment trois fois !
- Fauvette a écrit:
- Allongée dans les herbes folles du verger, elle savoure le chant du rossignol, véritable concerto pour cordes sans piano que lui offre la Nature. Au loin, comme un miroir musical, le rire intense d'un pic vert vient faire écho aux trilles du soliste vespéral.
L'air est chargé de l'odeur des pommes en devenir, et sa main aux doigts écartés laisse passer la poussière dorée du soleil couchant. - L'Ami a écrit:
- Il la connait bien cette maison, et revient toujours avec un profond plaisir. Le jardin en friche traversé, il s’assure, personne en vue, puis sort son rossignol, crochète délicatement la serrure de la porte qui finit par s’ouvrir. Un regard circulaire pour inspecter les lieux et vérifier la présence de poussières sur les meubles. Pas d’habitant murmure-t-il, avec un petit rire de bonheur. En place, comme d’habitude, à sa droite, la nature morte aux pommes. Et là, une joie intense, le piano Steinway D-274, la Roll Royce du roi des instruments, l’attend.
Il ouvre le couvercle respectueusement, s’assoit, ferme les yeux puis s ‘engage dans le Prélude en Do Majeur de J.S. Bach. Il se perd dans le grand miroir, en face, transporté à travers l’espace sonore qui le précède, il ne fait plus qu’un, son corps, ses mains, son âme. Voilà, ne pas s’attarder, se reprendre, ne rien casser, ne rien emporter si ce n’est cet instant qui l’aidera à grandir, lui le petit voleur, cambrioleur, la lie de la société. Il reviendra, peut-être pour une Arabesque. - Rosalind a écrit:
- La tête haute, Bianca entre avec majesté, sa robe vert pomme balayant le sol de la Grand-Salle du château de Moulinsart.
Le professeur amoureux s'incline sur sa main et lui murmure les vers du poète, "de tes pas adorés je baise la poussière". Elle s'approche du piano et de sa voix intense entonne l'air des bijoux qui l'a rendue célèbre "Aaah !!! je ris de me voir si belle en ce miroir !!! " Accablé, le capitaine soupire. Le rossignol milanais est de retour ... - Annwvyn a écrit:
- Il n’y avait pas un souffle de vent, et seul le chant du rossignol troublait le silence. La maison était déserte. Le temps était à l’attente inquiète. Les rayons du soleil perçaient le verre des fenêtres, et faisaient briller les grains de poussière. Ils s’enroulaient nerveusement autour d’une pomme oubliée là, au rouge intense. Le couvercle du piano était ouvert, mais aucune mélodie ne venait, et l’encre noire avait séché sur le sous-main de cuir. Seul le miroir semblait parler, reflétant dans ses profondeurs glacées des souvenirs d’éclats de rire.
- Elianor a écrit:
- Elle retint délicatement la trappe de la main et entra dans le grenier. La poussière dansait dans les raies de lumière. Le temps était comme suspendu. Elle s'avança de quelques pas, manquant de glisser sur une fausse pomme en cire qui avait roulé là... L'enfant qui sommeillait en elle s'éveilla soudain, ravivant d'intenses souvenirs. Les objets du grenier brillaient sous ses yeux de leur lueur d'antan : le miroir piqueté qui avait été témoin de tant de jeux, de secrets et de rires ; le piano, si vieux, qu'il ne jouait plus que faux ; l'antique horloge au rebut dont le rossignol n'avait jamais chanté...
15/16 mai 2020 - L'Ami a écrit:
- Souhait, Peine, Délice, Tendre, chant, Café, Chaîne, Embrasser
- Spoiler:
- clinchamps a écrit:
Il est dans mon cœur un souhait : Que celui qui cause ma peine, Mes amours et mes délices, Aux tendres yeux grain de café, Du chant de sa voix sereine Au delà des espaces tisse Une étincelante chaîne Pour, dans ses anneaux, m’embrasser. - Lily of the valley a écrit:
- « Ah ben, nom de Dieu !
-Léonce, langage !" cria une voix féminine depuis les cuisines. Victor sourit au cafetier d'un air complice. « Ah, ben mon gars, j’en ai vu des horreurs dans les tranchées, mais ça, mazette ! » Léonce se pencha pour observer le livre de Victor. Celui-ci humait son café. Le breuvage avait des accents de chocolat qui se mêlaient aux relents suaves et légèrement écœurants du lait fraîchement trait. C’était ces petits plaisirs que Victor s’était promis de savourer dorénavant. Il avait entrepris des études et ne savait pas quelle carrière elles lui permettraient d’embrasser mais après avoir passé des mois prisonnier des chaînes de sa mémoire, il avait accepté le fait que la peine serait toujours là. Sur les tombes aux coquelicots, il avait fait un souhait ou plutôt une promesse. Pour eux, il vivrait. Pleinement. Il écouterait le chant du monde. Son âme restait encore tendre comme une plaie à peine cicatrisée, mais chaque jour était une victoire. « Non mais regarde-moi ça çui-là il a un bouquet dans le c… -Léonce ! » cria à nouveau la femme du cafetier. Victor se retourna en souriant. Léonce haussa les épaules. « Comment qu’c’est-y que ça s’appelle ton machin ? -Le jardin des délices. -Délices, mouais… » soupira Léonce en secouant la tête. Victor avala une gorgée de café brûlant, reprit son crayon et son cahier et s’oublia dans la fantasmagorie de Jérôme Bosch. - Rosalind a écrit:
- Il faisait encore nuit quand il s'est éveillé, au premier chant de l'alouette. A peine le temps d'avaler quelques gorgées de café brûlant, et il s'est mis en route, l'esprit tendu vers le but qu'il s'est fixé.
Il a traversé la forêt, et les alpages, gravi à grand peine les éboulis, et arrivé au sommet il s'est assis avec délice sur une roche plate. De là son regard embrasse toute la chaîne de montagnes avec ses cimes encore enneigées, il peut toutes les nommer, il les connaît depuis son enfance. Maintenant, son souhait le plus cher serait de prendre son envol, tel un aigle, et planer indéfiniment. - L'Ami a écrit:
- Son souhait se cache dans son coeur, sa peine ne se montre pas, non plus. Pour l’instant, il ramasse, coupe, récolte le coton, de l’aube jusqu’au crépuscule.
Son seul délice, à la tombée de la nuit, s’allonger sur la paille, le corps rompu de fatigue, puis fixer l’étoile polaire, celle qui montre le chemin de Chicago en longeant le Mississipi à sa main droite. Il tend son doigt vers cet astre de liberté, accompagne son geste d’un chant grave, douloureux. Au petit matin, de nouveau l’odeur du café des gardiens armés, leurs cris, le bruit des chaînes de ceux qui se lèvent. Une dernière fois, il embrasse le ciel de son regard. __ Ce soir je pars. - Rose Bleue a écrit:
- L’odeur du café chaud lui emplit les narines au moment où elle ouvrit les yeux. Un heureux sourire illumina son visage quand elle entendit le chant lointain de son amoureux. La soirée d’hier avait été fantastique avec repas aux chandelles, mots doux murmurés, petits cadeaux échangés et pour finir tendres caresses partagées. C’était loin d’être leur premier anniversaire mais il avait cependant le même délice qu’autrefois, la même magie préservée. Avant lui elle n’avait connu que peines et chagrins. Mais depuis leur rencontre et le premier jour où ils s’étaient embrassés, le monde s’était soudain coloré. Elle se releva et porta la main à la chaîne et au pendentif qu’il lui avait offert et qu’elle s’était empressée de mettre contre son cœur. Heureuse, elle fit alors le souhait que rien ne vienne jamais entacher leur bonheur.
- Annwvyn a écrit:
- Toutes ces dames s’affairaient à la cueillette du café, les visages enturbannés de couleurs vives ; et leurs jupes aux pourpre, écarlate, indigo, et safran éclatants, formaient comme une longue chaîne bigarrée. Tandis qu’elles étaient à la peine, embrassant les plants à plein bras, leur chant rond et tendre montait vers le ciel. C’était le souhait d’une belle récolte, et d’un grain qui soit un délice aux papilles.
16/17 mai 2020 - clinchamps a écrit:
- Pignon, Buisson, Portail, Voiture, Hirondelle, , Mansarde, Bouleau, Lanterne
- Spoiler:
- L'Ami a écrit:
- Oui, c’est là, il me semble bien, le pignon nord caché par les buissons d’hortensias, le portail majestueux malgré l’usure du temps, il y avait ces voitures, toutes plus belles les unes que les autres, alignées non loin du perron.
Dans la nuit, les hirondelles tapies dans leurs nids sous le toit mansardé, à guetter les couples enlacés, les cris, les bouchons de champagne fusant ça et là. Oui, je reconnais maintenant, c’était ici dans ce bosquet de bouleaux, elle m’a offert ses lèvres, à l’abri des regards, au loin des lanternes, des lumières du château en fête. - Rosalind a écrit:
- Dans un grincement de pignons, les deux hirondelles pédalent en devisant tranquillement. On leur a signalé des séries de cambriolages dans la région, on parle d'Arsène Lupin.
- Si c'est lui, bougonne Albert, on risque pas de l'attraper, il est bien trop malin ! Mais quelle est cette voiture garée devant le portail entrouvert du château ? - C'est louche mon gars, marmonne Jules. Ils appuient leurs vélos contre le mur, et s'approchent pour observer. Dans le parc, à peine éclairé par la lanterne se balançant sous le porche, une ombre furtive. Un sifflement bref... Aussitôt une lumière s'allume dans la mansarde. La fenêtre s'ouvre, une échelle de corde se déroule. Une silhouette descend précautionneusement le long de la la façade envahie par le lierre, atterrit dans les buissons et rejoint l'individu adossé au tronc du bouleau au milieu de la pelouse. Tous deux courent vers la voiture. - On y va, murmure Albert. Je prends le plus grand, tu t'occupes de l'autre. Les deux pandores jubilent, leur avancement semble assuré. Jusqu'au moment où ils découvrent le visage de leurs prisonniers. - Oh ! c'est vous, chef ! désolés. Mademoiselle, toutes nos excuses ! / Dans un grincement de pignons, les deux hirondelles font leur ronde à bicyclette. Une voiture garée devant le portail entr'ouvert du château, c'est louche... Dans le parc, à peine éclairé par la lanterne se balançant sous le porche, une ombre furtive, un sifflement bref. De la fenêtre de la mansarde, une silhouette descend le long d'une échelle de corde, atterrit dans les buissons et rejoint l'individu adossé au tronc du bouleau au milieu de la pelouse. Surprise, c'est une jeune fille et son amoureux qui s'embrassent passionnément. - Lily of the valley a écrit:
Qu'est-ce qu'elle a donc fait La p'tite hirondelle Ils se rapprochaient, Louison entendait leur souffle rauque alors qu’ils chantaient cette comptine comme ils auraient prononcé une sentence de mort. Il y avait le gros Pierrot du boucher, Ernest et Henri, les jumeaux du maréchal-ferrant et François, l’aîné de la ferme où on l'avait envoyée chercher le lait. Louison courait. Elle nous a volé Trois p'tits sacs de blé Elle n’avait rien volé la petite Louison, qu’une poire tombée qui aurait fini écrasée par la grosse voiture à quatre chevaux de Monsieur le Comte. Louison courait, ses bas de laines s’accrochant dans les buissons. Nous la rattrap'rons La p'tite hirondelle Elle pouvait presque sentir leur souffle chaud dans son cou. Au détour du chemin, elle aperçut enfin le toit du château. La mansarde où elle avait ses maigres possessions de petite domestique. Et nous lui donnerons Trois p'tits coups d'bâton Leurs rires cinglaient le haut mur qui ceignait le parc, secs comme les coups de bâton promis. Elle avait perdu sa laitière. Et puis sa lanterne,mais la lune la guidait. Elle savait que passé le bois de bouleaux, elle verrait le grand portail de fer forgé et les hauts pignons couverts de lierre. Louison courait. Plus que quelques pas. Passe passera la dernière la dernière Sa jupe s’accrocha, elle tomba. La main s’abattit sur sa nuque. Passe passe passera la dernière y restera - Rose Bleue a écrit:
- « C’est quoi ce bruit ? demanda Anna angoissée.
- Ne t’inquiètes pas, c’est sûrement un oiseau une hirondelle peut-être répondit Florian d’une voix rassurante. -A cette heure ? Tu te fiches de moi ? » cria-t-elle. En effet, cela faisait maintenant des heures qu’ils marchaient dans cette forêt et le jour déclinait dangereusement, il ferait bientôt nuit. Depuis le point de départ de leur mésaventure, Anna était certaine que les choses ne pouvaient qu’empirer. En effet, alors qu’ils étaient partis faire une longue promenade à vélo, monsieur avait décidé de passer par les bois. Elle était certaine que c’était une mauvaise idée mais avait néanmoins accepté. Quand les pignons usés de son vélo avaient fini par lâcher et l’avait envoyé valdinguer dans les buissons elle avait tout de suite paniquée mais il lui avait assuré qu’il suffisait d’appeler quelqu’un qui viendrait les chercher. Quand ils s’étaient aperçus qu’il n’y avait aucun réseau elle avait hurlée mais il avait déclaré qu’il suffisait d’attendre, on était sur une route quelqu’un allait bien finir par passer. Au final aucune voiture n’était apparue et Florian avait alors eu cette idée géniale de couper par les bois. Il lui avait assuré qu’il connaissait bien le chemin et qu’ils arriveraient rapidement au prochain village. Mais maintenant elle se rendait à l’évidence, ils étaient perdus au milieu des bouleaux. « On aurait dû rester sur le chemin cria-t-elle exaspérée. On ne verra bientôt plus rien et on a rien pour nous éclairer même pas une vieille lanterne ! - « Calme-toi, il me semble apercevoir le toit d’une maison au loin » lui répondit-il. Elle leva la tête et vit qu’ils arrivaient enfin à la limite de la forêt. Au loin, on apercevait l’ombre d’un bâtiment. Ils accélérèrent et arrivèrent alors devant une vieille mansarde abandonnée. Seul le vieux portail semblait encore intact. « Décidément, on ne pouvait pas tomber plus bas lança Anna - Je suis d’accord! finit par avouer Florian. C’est la dernière fois que nous partons faire du vélo. » - Annwvyn a écrit:
- Dans le fracas de ses roues de bois, la voiture à quatre chevaux avait emporté ses voyageurs, fuyant le manoir et ses mansardes délabrées. Elle avait contourné le pignon ouvert, au coin de la bâtisse, et passé sous le portail de pierre avec la vivacité d'une hirondelle. Le cocher discernait mal la route, et la lanterne jaunâtre, qui oscillait au-dessus de sa tête, peinait à percer l'obscurité. Devant lui, les bouleaux s'étiraient comme des spectres pâles dans la nuit sans lune, et les buissons se massaient à leurs pieds, comme de petites créatures d'outre-tombe.
18/19 mai 2020 - Lily of the valley a écrit:
- alcool, masque, enclos, cour, roulement, chaîne, enfant, rappel.
- Spoiler:
- Annwvyn a écrit:
- James versa l'alcool sur son bras couvert de sang, et tamponna la plaie avec son mouchoir, en grimaçant de douleur. Le gros propriétaire ne l'avait pas raté. "Pour qu'il se rappelle sa place", qu'il lui avait dit, comme on corrige un enfant. La nausée le prenait, il avait envie de hurler d'être aussi impuissant. Juste-là, la cour était noire de monde, les esclaves étaient massés dans des enclos, et les marchands les faisaient venir sur l'estrade, leurs chaînes aux pieds, dans un roulement continu. C'était la grande braderie humaine, et personne n'y trouvait à redire. Seule l'odeur semblait incommoder les femmes, elles se masquaient le visage de leurs châles en dentelles, en poussant de petits cris de souris souffreteuses.
- Fauvette a écrit:
- Un soleil de plomb assomme la ville et le vaquero s'avance, indécis, dans la cour du ranch où seuls quelques poulets s'ébattent dans leur enclos mal grillagé. Une forte odeur d'alcool et de kératine brûlée flotte dans l'air, l'obligeant à plaquer son bandana sur le nez et la bouche. L'étranger soupire sous son masque rudimentaire ; il arrive trop tard, le marquage des bêtes a déjà été fait.
Un souffle de vent derrière lui et le mâtin des lieux, alerté, explose de rage au bout de sa chaîne tendue à se rompre ; au bout d'un interminable moment, la porte de la stabulation gémit sur son roulement à billes et une voix d'enfant rappelle le molosse, qui continue de gronder sourdement. Le vaquero réajuste son chapeau et passe son chemin, il n'est manifestement pas le bienvenu ici. - L’Ami a écrit:
La flasque d’alcool circule de main en main, juste le temps de soulever délicatement le masque pour une rasade et on fait passer rapidement avant que William ne s’en aperçoive. Dans l’enclos, derrière les coulisses, beaucoup de monde s’agite, mais dans un silence total. Côté jardin tout est prêt, on ne peut pas dire la même chose côté cour. À l’entrée du Globe, le public pressé par un roulement de tambour annonçant l’ouverture des portes, se bouscule. Les chaînes à peine tombées, les enfants se ruent au plus près de la scène. Ce sont toujours eux qui crieront le plus pour susciter les rappels. - Rose Bleue a écrit:
Seul dans cette toute petite geôle, il attend. Au loin retentit le roulement des tambours et les cris de la foule déchainée. L’enfant en lui se rappelle encore le bonheur des jours enfuis, l’adulte d’hier se remémore des soirées endiablées où l’alcool coulait à flots. Mais aujourd’hui, il ne peut que penser à son funeste destin, il sait ce qui va suivre. La porte va bientôt s’ouvrir, il avancera, chaînes au pied jusqu’à sa destination finale, la masse humaine sera rassemblée dans la cour telle des vaches dans un enclos. Il s’approchera alors du bourreau qui portera un masque et ensuite... - Clinchamps a écrit:
Administrer leur rappel de vaccin aux enfants, c’était par roulement, et c’était son tour aujourd’hui. Il mit le CD de la marche de Radetzky sur la chaîne HiFi, traversa la cour et ouvrit le portail de l’enclos du dispensaire. « Tout le monde en rang ! Allez ! On est de braves soldats ! on marche en cadence et on se range devant la porte !! » Les gamins trouvaient ça amusant de défiler en rigolant, oubliant la piqûre à venir. Après avoir fait le tour de la cour deux fois, « c’est bon, les petits ! on est courageux, ça va aller très vite ! » Il ouvrit la porte de l'infirmerie, s’assit en mettant son masque, saisit le flacon d’alcool et le tampon de coton et appela : « Au premier ! » - Rosalind a écrit:
En cette fin décembre 1897, la foule se presse dans la cour du théâtre de la Porte Saint-Martin. Les hommes sortent du café où ils sont allés boire un dernier verre d’alcool, le bruit est intense, tandis que tout le monde prend place. Le roulement des voix s’arrête brusquement au son des trois coups. Sur l’enclos de la scène, les acteurs donnent le meilleur d’eux-mêmes tout au long des cinq actes. Dernière réplique, les masques sont tombés, avec le rideau. Silence. Soudain un tonnerre d’applaudissements, la salle debout et en délire lui fait une ovation. Les rappels se succèdent dans une chaîne ininterrompue. Edmond est heureux comme un enfant. - Ysabelle a écrit:
"C'est un enfant abandonné", résonnait encore la phrase qu'il venait d'entendre dans la cour de récréation. Il essayait de cacher ses émotions devant les autres enfants. Un masque difficile à garder quand on n'a que 7 ans. La cloche vient de sonner le rappel et il va lui falloir tenir encore un peu. De retour à la maison, il passa par l'enclos. Ça sentait l'alcool, car Cheval-Fougueux venait de faire une chute. Un roulement de chaines indiquait toutefois qu'on le libérait. Ça ne devait pas être grave. Son père lui lança un regard affectueux. Il courut à sa rencontre. - Lily of the valley a écrit:
Il avait rêvé d’un manoir en Touraine loin des faux-semblants de la Cour. Il avait rêvé d’amour sincère, d’un enfant qui aurait eu d’elle les boucles auburn et de lui le gris du ciel dans les yeux. La déesse s’était révélée succube. Il avait tenté d'en dissoudre le souvenir dans les vapeurs d’alcool mais comme le sang sur les mains de Lady Macbeth, elle était réapparue. Le bruit des chaînes avec lesquelles ils l’ont entravée dans l’enclos des chevaux le ramène à la surface, sinistre rappel de ce qui l'attend. Il lève les yeux vers elle, vers sa beauté vénéneuse, vers la cicatrice de son cou qu’aucun ruban ne masque plus. L’exécution est imminente, sans roulement de tambour, sans foule de charognards, sans échafaud. Les regards des autres sont fixés sur lui, tristes, protecteurs, déterminés. Ils attendent. Sa vue se brouille. Il avait rêvé d’un amour sincère. 20 mai 2020 - Fauvette a écrit:
- festival, impatience, acide, été, feuille, reprise, chapeau, foule.
- Spoiler:
- Lily of the valley a écrit:
- Ce dernier dimanche de mai était un festival de couleurs, de sons et de parfums. Madeleine avait passé des heures à élaborer la plus belle des reprises pour rendre à nouveau présentable le chemisier qu’elle avait acheté avec ses maigres économies de lavandière l’été précédent. Elle avait ajouté à son petit chapeau de paille noire quelques bouts de ruban, un bouquet de cynorrhodons et quelques feuilles d’églantier. Ce soir elle aurait dû être heureuse, oublier que ses mains étaient presque à vif à cause du crésyl, que ses genoux étaient écorchés et enflés, que son dos la faisait souffrir et surtout qu’elle ne serait jamais qu’une pauvresse lavant la crasse des riches. Et dans son impatience et son exaltation, il avait fallu qu’elle se foule la cheville, mettant fin à ses rêves de valses. Ce dernier dimanche de mai faisait monter à ses lèvres le goût acide du regret.
- Ysabelle a écrit:
J'ai fait défiler les feuilles du roman lu et relu depuis mon enfance. Il n'a pas pris une Poussière ! Un festival d'émotions me saisit à chaque reprise, comme lors de l'été de mes 15 ans, ramenant à la surface une foule de souvenirs. Je me revois dans le jardin, mon chapeau sur la tête, le goût acide de la citronnade me chatouillant la langue, tandis que je guettais avec impatience, l'arrivée de mes jeunes voisins de la maison d'à côté. Je n'étais pas différente de Judith, l'héroïne du roman. - Annwvyn a écrit:
-
Elle avait les yeux mi-clos, sous son grand chapeau, et le soleil en perçait la paille, dessinant sur ses paupières une foule de billes de lumière. Un festival de saveurs explosait dans sa bouche, le pamplemousse acide, la douceur épicée des feuilles de menthe, la framboise timide et sucrée, et l’impertinence des citrons. La reprise de l’été avait un goût d’impatience et de perfection. - Clinchamps a écrit:
Le matsuri bat son plein dans la chaleur écrasante de l’été tokyoïte. Pour nous festival, c’est en fait une fête religieuse shintô, le jour où l'on sort le mikoshi doré à la feuille, sanctuaire portatif du dieu du quartier. Les porteurs vêtus du happi au couleur de leur rue scandent « yasha ! yasha ! » et avancent en sautant au milieu de la foule dense et joyeuse. C’est le moment de ressortir le yukata, kimono léger de coton, que les jeunes filles sont fières de montrer à leur petit ami. Mais la reprise des taïko, tambours rituels, attire vers la scène. Ils sont là, frappant en cadence, leur force, leur énergie et leurs gestes puissants en font presque une danse. Ils portent des masques de Yokaïs, ou des chapeaux coniques de paille de riz. Je remarque que maintenant les femmes ont le droit d’y participer ! Le battement pénètre jusqu’au cœur, donne des impatiences dans les jambes, mais on ne danse pas sur les taïko, c’est le langage qui parle au dieu. Autour du bassin de la place d’Ikebukuro, les stands de nourriture ou de boissons offrent les onigiri, ou le jus acide du yuzu, mais c’est surtout la bière qui coule à flot. La fête va durer jusqu’au crépuscule, moment tant attendu du feu d’artifice qui clôturera ce jour de fête. Si vous assistez à un matsuri, le souvenir vous en restera toujours, avec le rire des enfants, et l’écho dans le cœur du battement des taïko… - L’Ami a écrit:
Haaaaaa, ça va être un festival, je sens déjà ma lame fourmiller d’impatience, ils vont en tâter l’acidité. Cent disent-ils, excusez du peu. Certes c’est l’été, mais je vais les effeuiller comme un vent d’automne. Entre la botte de Lagardère, le coup de Jarnac, ils découvriront la reprise de Savinien qui se termine par une attaque d’estoc en dessous suivi d’une septime, redoutable. Les chapeaux ornent les rapières des cadets. La foule ne peut le retenir, il part vite, une lettre à écrire, Roxane attend. - Rosalind a écrit:
Pierre foule aux pieds le gazon, il vient de vérifier la reprise des boutures, tout va bien. Cet été le parterre d’impatiences offrira un festival de couleurs vives et acides. Un coup de sécateur sur une feuille dépassant du topiaire. Satisfait, il ôte son chapeau de paille et contemple son jardin à la française.
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| Sujet: Re: Jeu littéraire pour chasser les idées noires : les textes ! Lun 17 Aoû 2020 - 22:30 | |
| 21/22 mai 2020 - Annwvyn a écrit:
- Athos, éventail, merle, mousse, kimono, plaisanter, enchanté, vent.
- Spoiler:
- Rose Bleue a écrit:
- Vêtue d’un joli kimono bleu brodé de fleurs, Adeline se regarda dans la glace et décida de se passer un peu de mousse coiffante dans les cheveux. Elle avait vraiment hâte d’aller à cette soirée. Elle y avait pensé tout le jour depuis le moment où elle avait ouvert les yeux au son du merle jusqu’à cet instant. Elle savait qu’il serait présent. Elle se souvint de leur dernière conversation après qu’ils aient retrouvé son chien. Ils avaient plaisanté et beaucoup discuté. Cela avait été une parenthèse enchantée dans cette si longue soirée. Elle se demanda alors quel serait son costume. La dernière fois, il était habillé en mousquetaire aussi élégant que le noble Athos du roman. Le vent mugissant soudain contre sa fenêtre la sortit de sa rêverie. Elle prit son éventail, son sac et quitta l’appartement.
- Lily of the valley a écrit:
Athos se déplaça avec toute la grâce et la puissance qui le caractérisaient, foulant silencieusement la mousse qui couvrait le sol du petit bois bordant le jardin. Se dissimulant derrière les feuillages déjà denses de la charmille, il observa, son regard vert la cherchant parmi ses compagnes. Le soleil chauffait son habit noir, au-dessus de sa tête un merle entonna son aubade quotidienne dans les plus hautes branches. Milady était là, se déhanchant admirablement, faisant bouffer ses jupons, pépiant, jouant de cette séduction qui l’avait enchanté dès le début. Un léger coup de vent fit frissonner son ravissant éventail de plumes blanches. Il fit un pas en avant ... mais se figea au hurlement qui jaillit de la maison. « Athos ! Saloperie de bête au diable ! Tu plaisantes, là ! ». Il recula en voyant Gilberte, sa maîtresse, se ruer vers lui, resserrant son kimono de satin orné de chrysanthèmes roses sur fond vert pomme autour de sa bedaine engraissée à la rillette. Athos, se hérissant, repartit vers le bois. Une souris ferait l'affaire pour l'instant, mais la poule ne perdait rien pour attendre. - L’Ami a écrit:
Athos, le persan, rejoint sa maîtresse allongée sur l’ottomane, c’est sa place. Le mouvement de l’éventail l’agace ainsi que les gesticulations du merle dans sa cage. Le jeune mousse ne se décide pas à partir, cette journée restera la toute première du commencement de sa vie d’homme. Son coeur se calme petit à petit, il ne peut détacher son regard posé sur le kimono flamboyant de cette femme. Elle éclate de rire, plaisantant gentiment. Je suis enchantée de ta présence mais, n’entends-tu pas la sirène de ton navire, le vent se lève, ne tarde pas. - Rosalind a écrit:
Enchanté, il s’élance, oreilles battant au vent comme des manches de kimono, vers l’éventail de plumes qu’il a repéré sur la mousse au fond du jardin.
Athos ! au pied, je ne plaisante pas, crie une voix qu’il connaît bien. Laisse ce pauvre merle tranquille. - Clinchamps a écrit:
-
Laissant les autres hôtes du temple plaisanter entre eux, il resserra son obi sur son kimono classique gris, y glissa son éventail et sortit dans le jardin zen, au sol de sable et de mousse, planté d’arbustes artistement disposés. Il aimait plus que tout la sérénité minimaliste de ce lieu enchanté, et se dit que le merle piquetant les brindilles en détruisait l’harmonie, ainsi que les feuilles poussées par le vent. Il déplia la lettre de son correspondant grec, moine aussi, mais bien loin, sur le mont Athos. Irait-il un jour le voir, dans sa recherche perpétuelle de ce qui unit au-delà de ce qui divise ? - Elianor a écrit:
- Vêtue de son kimono léger d’intérieur, les pieds en éventail dans la mousse duveteuse, elle respira avec bonheur ce parfum de liberté. Elle se sentait si bien dans ce lieu enchanté. Elle aimait sentir le vent soulever ses longs cheveux, écouter les merles et les mésanges plaisanter dans leur langage musical et laisser son regard se perdre dans la profusion des couleurs que lui offrait la nature. Même son cher Athos ne connaissait pas l’existence de son jardin secret. Peut-être qu’un jour...
23/24 mai 2020 - Clinchamps a écrit:
- Miniature, mug, coupe-papier, icône, papillon, ballon, huile, chapelet.
- Spoiler:
- Lily of the valley a écrit:
« Mon petit ballon du matin, Germain ! » Fernand, l’icône du Bistrot du Bon Coin, vient d’en pousser la porte dans un grand concert de carillon. Un nœud-papillon rouge chiffonné à peine sorti de sa chrysalide fait ressortir la grosse fraise qui lui sert de nez. Il ôte sa casquette à la couleur incertaine, passe une main noueuse dans sa crinière blanche et regarde d’un œil critique la clientèle de ce 8 mai. Son regard se pose sur un «pas d’ici». « Quoi donc qu’y fait çui-là ? C’est-y un curé qui récite son chapelet ? -Non, répond Germain, il tape un message sur son téléphone. » Fernand pince les lèvres en un « pfff » méprisant, se demandant comment on peut écrire sur un truc qui ressemble à une miniature pour les drôles. A ce moment, le « pas d’ici» demande un autre mug de thé. « Un meugle, un meugle ! Peut pas dire une chope comme tout le monde ? grommelle Fernand. -Tu sais quoi mon Fernand ? C’est pas une langue que t’as, c’est un coupe-papier. Pire qu’une bonne femme ! » gronde Germain. Fernand détourne le regard -et la conversation- vers la porte vitrée et le défilé qui se disperse. « Tiens, regarde-donc, v’la les huiles qui s’en vont boire nos impôts au foyer rural. » Germain soupire et lève les yeux au ciel. - L’Ami a écrit:
Les yeux perdus dans sa miniature indienne, son mug fumant à portée de main, il saisit doucement son coupe-papier afin d’ouvrir la lettre. La réponse est là. Son regard glisse vers la petite icône aux reflets d’or, chamarrée comme un papillon, _je me déballonne, pense-t-il assis à son bureau. À la vue de la lampe à huile antique qu’elle lui avait offerte, il se ressaisit, sort du plumier son komboloï, égrène nerveusement les perles du chapelet, puis d’un geste vif ouvre la lettre. Et, il sait. Le parfum s’exhalant de la lettre a parlé. - Annwvyn a écrit:
Vassily travaillait à devenir une icône de la peinture, et passait ses journées au chevalet, le mug de thé fumant oublié sur la palette, la peinture à l’huile plein les doigts et jusque sur le nez. Sur un fond bleu électrique, un chapelet multicolore de ballons miniatures fuyait une farandole de triangles aux airs de papillons mathématiques. Et de-ci de-là, un estoc, de la pointe du coupe-papier, portait du relief à l’envolée de géométrie. - Rosalind a écrit:
-
Le corps est allongé sur le ventre sur le carrelage de la salle de bains, un coupe-papier planté entre les omoplates, en plein milieu du tatouage de papillon. Serrée dans sa main, une miniature à l’huile, le portrait d’une femme et d'un enfant. L’inspecteur observe les lieux. Sur la tablette du lavabo, un mug avec un fond de café. Relever les empreintes. Ôter l'arme du crime, la placer dans un sachet. Puis il retourne le corps avec précaution, et dévide un chapelet de gros mots en reconnaissant la victime. Il imagine déjà les gros titres à la une des journaux à sensation « Meurtre d’une icône du ballon rond » et pressent les ennuis à venir. - Ysabelle a écrit:
Son ami était bouche-bée d’admiration ! La chambre de Thomas était un véritable musée dédié à son Icone. Une miniature représentant la star était posée sur son bureau, le mur était orné d'une peinture à l'huile grandeur nature, à son effigie, un ballon signé par la star était posé sur une étagère ; Il y avait même ce coupe papier dont le poignet en était orné, ainsi qu'un mug pour son thé habituel. Fier et amusé, Thomas regardait son copain poussant un chapelet d'onomatopées, des papillons plein les yeux ! - Elianor a écrit:
Il entra furtivement, dans un souffle. Tout de noir vêtu, il avançait sans faire de bruit. Il repéra tous les objets de valeur d'un seul coup d’œil. L'ancien poignard coupe-papier sur le bureau, le chapelet de miniatures sur le rebord de la cheminée, le tableau de papillons rares et l’icône russe au mur, le ballon de chimiste contenant sans doute une huile de fleurs précieuses posé sur une table. Mais c'était autre chose qu'il recherchait... Le voilà enfin ! Le voleur se saisit du mug et disparut dans la nuit comme il était venu. 25/26 mai 2020 - Rosalind a écrit:
- Traîneau, félin, mission, survivre, impétueux, ambre, lien, temps.
- Spoiler:
- Ysabelle a écrit:
Yohann préparait le traîneau tandis que des pensées mitigées traversaient son esprit. Le lien avec la nature est toujours plus fort, mais allait-il survivre à cette mission périlleuse ! Il est révolu le temps, ou le félin qu'il était, pouvait survivre aux tempêtes les plus impétueuses. Sa main toucha machinalement l'ambre fixée à son pendentif. Ce bijoux transmis par ses ancêtres, était toujours capable de balayer son pragmatisme et lui donner la force d'aller de l'avant. - Annwvyn a écrit:
Qu’il était loin le temps où leur traîneau impétueux fuyait sur la banquise, leur mission tout juste accomplie ! A présent, la jeune femme se demandait si elle allait survivre. Sa peau était brûlée par les liens qui lui maintenaient les chevilles et les poignets. Lui s’était assis devant elle, sans dire un mot, et son regard d’ambre la détaillait toute entière, glissant sur son visage et le long de ses bras. Le félin, à leurs pieds, se pourléchait les babines. - Clinchamps a écrit:
- Mission du jour : le ménage du salon ! Désir impétueux du jour : continuer ce drama japonais dont l’acteur, à l’allure de félin sur ses longues jambes, permet de survivre au temps des corvées ! Une solution, emporter l’aspirateur traîneau devant la télévision, tant pis pour le son, la félinitude de Sanô se contentera de l’image ! Dix minutes plus tard... Ah ! Tant pis ! Aspirateur éteint, l’ambre du thé fumant dans une tasse, les liens du tablier à peine dénoués, Sanô, j’arrive ! Cours, cours... et saute !!
- L’Ami a écrit:
- Arseniev invective ses chiens, le traîneau ne file pas assez vite. Depuis la découverte de traces d’un félin, il maîtrise difficilement ses nerfs. Qu’importe sa mission de topographe, il a déjà survécu aux blizzards impétueux de la toundra grâce à son guide toungouse Dersou, et il a d’autres soucis que de rapporter un collier d’ambre depuis que sa maîtresse est au courant du lieu de son voyage.
D’ailleurs, tout en fouettant son attelage, il décide de rompre ce lien. Fuir cette femme serait plus salutaire, c’est une croqueuse de santé pire que le tigre qui le suit. Il est temps d’agir. - Lily of the valley a écrit:
- C’est mission impossible. J’aurais dû m’en douter, je n’ai pas le niveau. Mon jugement a certainement été quelque peu altéré par les vapeurs de l'ambre liquide et pétillant dont j’avais abusé le soir où j’ai cliqué sur ce maudit lien pour me lancer dans cette aventure, sans réfléchir. C’est mon côté impétueux de lion, m’aurait dit une de mes ex qui passait son temps la tête dans les astres avant de me quitter pour un capricorne pilote de ligne expert en 7e ciel. Bref, l’alignement des planètes ne doit pas m’être favorable alors que j’essaie de survivre à cette maudite audition, expulsant mon texte comme un chat une boule de poil, déambulant sur le parquet de la scène sans la grâce dudit félin mais plutôt avec la brutalité un peu lourdaude du chien de traineau enfoncé dans quatre-vingt-quinze centimètres de neige. J’aurais dû m’en douter, je n’ai pas le niveau ... Merci, on vous appellera.
- Rosalind a écrit:
- La tradition survit, le lien avec les enfants reste fort malgré les incrédules de plus en plus nombreux.
Il charge le traîneau, les rennes tournent vers lui leurs yeux d’ambre. Il claque le fouet d’un geste impétueux. - " Dasher, Dancer, Prancer, Vixen, Comet, Cupid, Donner et Blitzen, mes fidèles compagnons, en route ! " L’attelage décolle avec une grâce féline. Le temps presse, plus que quelques heures pour accomplir sa mission, une année encore… - Rose Bleue a écrit:
« De justesse ! » pensa Lily quand elle réussit à passer les Portes du Temps. Cette fois, elle avait bien failli rester coincée à cette époque de froid et de danger. Il faut dire que la mission avait été périlleuse et qu’elle avait craint de ne pas survivre. Elle revit en un éclair la course en traîneau dans le blizzard, le félin gigantesque qu’elle avait dû affronter, les Montagnes de Cristal dans lesquels elle avait failli se perdre… Pendant de terribles instants, elle avait eu peur que son caractère impétueux ne l’ait entraîné trop loin. Ses liens avec le danger et l’adrénaline avaient failli être tranchés à tout jamais. Mais comme toujours son ange veillait. Elle porta la main à sa poche et sortit la gemme magique qui l’avait amené à affronter tous ces périls. Elle était en ambre orangée presque cognac. « Quelle merveilleuse aventure ! » pensa-t-elle alors en souriant. 26/27 mai 2020 - Rose Bleue a écrit:
- présage, hiver, écharpe, guitare, cygne, perle, choisir, plume.
- Spoiler:
- Clinchamps a écrit:
Sous le maigre halo de la lampe à acétylène, le regard bleu du pêcheur, froid comme l’hiver glaciaire, semblait décourager d’approcher de ses quelques casiers. Il portait un bras en écharpe, et se tenait en retrait de sa femme, qui, elle, pouvait s’occuper d’éventuels clients. Paul s’approcha, et s’arrêta devant une étrange bête aquatique. « C’est une raie ? » « Oui, et non ! Une guitare de mer ! » répondit la femme. La peau gris pâle avait des reflets de perle. « Vous voulez choisir ? » demanda-t-elle. « Non, merci, je regarde seulement. » et il s’éloigna dans l’obscurité, le long de l’eau noire. Il s’assit sur une bite d’amarrage et levant les yeux contempla la grande croix du Cygne, la brillante constellation des ciels d’été. Il se mit à rêver à ce que pouvaient être les plumes de ces étoiles… Un trait de feu zébra le ciel nocturne. « Un bon présage », se dit Paul. « Je serai peut-être reçu. » - Ysabelle a écrit:
L'âtre flamboyant nargue une longue nuit d'hiver. Le son d'une guitare berce mon âme languissante, des notes enchantées du Lac des cygnes. Une silhouette diaphane danse avec la légèreté d'une plume. Je me souviens ; Ou étais-ce un rêve de l'éclat d'une perle ? Là, une écharpe oubliée signe pourtant une présence ! Serait-ce là, le présage d'un réveil brutal ? S'il m'était donné de choisir, je peuplerai, de songes, ma vie à jamais. - Lily of the valley a écrit:
Une perle de chocolat glisse le long du col de cygne de la chocolatière d’étain. Sur l’ébène brillant de la table, une guitare ventrue aux chauds reflets de châtaigne est allongée au milieu de quelques partitions éparpillées. Où est donc le musicien qui n’a su choisir entre la chacone et la pavane ? Est-ce lui qui a laissé choir de l’encrier de porcelaine la longue plume d’oie qui a éclaboussé d’un chrysanthème noir les portées abandonnées. Quelques raisins dans une coupe d’argent, le givre de leur pruine encore intact, intouché. Un petit crucifix d’ivoire. Une boussole dorée. Un livre d’heures laissant échapper un signet de velours. Une chandelle éteinte. Sur une écharpe de soie brodée d’or, bordée de dentelle, un chardonneret mort, comme un présage. A l’hiver de ta vie, humain, que restera-t-il de tes vanités ? - L’Ami a écrit:
Ce vent n’est pas un bon présage, il me rendra fou, l’hiver s’annonce froid, mon écharpe n’y fera rien. J’ai abandonné ma guitare, pour un nom qui chante, pour un nom qui vibre, qui résonne. Pour qui ? Pour Doña Sabine, blanche comme un cygne, pour Doña sabine et son chapelet de perles, pour Doña Sabine qui choisit un anneau d’or d’un Comte de passage, pour Doña Sabine autrement légère qu’une simple plume. J’ai abandonné une guitare pour une carabine, le vent m’a rendu fou. - Rosalind a écrit:
En ce matin d’automne, il est parti marcher en forêt pour chercher l’inspiration. Des écharpes de brume s’effilochent au-dessus de l’étang, et des perles de pluie humectent son visage. Les cygnes prennent leur envol en direction du sud, présage d’un hiver précoce. Une plume blanche voltige et se pose délicatement sur le sol détrempé. A cette vue une mélodie prend forme dans son esprit. Vite, il rentre, décroche sa guitare et choisit ses accords. - Elianor a écrit:
Adalie délaissa sa guitare et ouvrit la fenêtre pour mieux observer le ballet féérique de la neige. Les flocons tourbillonnaient, légers comme des plumes de cygne. On aurait dit qu'une Puissance céleste égrenait avec régularité des milliers de perles délicates et scintillantes. Prenant ce changement atmosphérique comme un bon présage, Adalie choisit avec soin une écharpe chaude et des chaussures imperméables puis sortit dans l'air vif de l'hiver. - Annwvyn a écrit:
Le vent d’hiver avait emporté la plume de cygne vers la droite, et Cicéron l’avait regardée filer dans l’air froid tourbillonnant, conscient que c’était là un heureux présage. Il était songeur pourtant, il est si difficile de choisir à quelle muse se vouer ! Le jeune homme resserra autour de lui son écharpe, brodée de perles aux couleurs éclatantes, et se laissa bercer un temps par les notes mélancoliques des guitares, que lui portait le vent des Sept Collines. 28/29 mai 2020 - Elianor a écrit:
- Imagination, rigueur, voyage, clarté, écrire, saule, cachette, jeu.
- Spoiler:
- Rosalind a écrit:
C'est le bout du voyage, Kenneth a retrouvé avec bonheur les lieux de son enfance, loin de la rigueur des conventions de la capitale. La sensation du vent dans les saules plongeant leurs rameaux dans la clarté dansante des reflets de la Tamise, au cours des promenades en barque. Sa cachette entre les branches du gros chêne, durant ses jeux en forêt, d'où il observait les animaux sauvages. Devenu adulte, grâce à son imagination débordante, il conte soir après soir à son fils pour le distraire, les aventures de Taupe, Rat, Crapaud, Blaireau... C'est décidé, il va les écrire et les publier. - Clinchamps a écrit:
Marie Lindsay cessa d’écrire, et s’approcha de la baie vitrée. Elle contempla le jardin, son bassin et le saule pleureur majestueux qui dominait la pelouse. Les branches vibraient légèrement, révélant la présence des enfants de la maison voisine. C’était leur cachette, le jardin leur territoire de jeu, Marie l’avait bien compris à l’hostilité non déguisée qu’ils lui avaient manifestée lors de son arrivée. Sa vieille cousine leur en avait permis l'accès, ils pouvaient y laisser libre cours à leur imagination, y rêver de voyages de pirates ou à la clarté des aurores boréales. Aurait-elle la rigueur de le leur interdire ? Elle se dit qu’un intelligent compromis meublerait agréablement sa solitude. - Lily of the valley a écrit:
Dissimulé dans les fourrés, il regarde le saule pleureur écrire de ses longues plumes pâles des mots invisibles à la surface de l’eau. L’adolescent avait rêvé de voyages, de sables brûlants et d’oasis flamboyantes, d’océans tumultueux et de navires à voiles, de ces contrées lointaines où l’on oublie la rigueur des hivers à la chaleur de l’amitié dans la clarté glacée d’une nuit qui ne finit pas. Il ne tremble plus maintenant. Il ne sent plus la brûlure des ronces et des orties, d’ailleurs cette douleur-là n’est rien. Il ne sait plus combien de temps il a couru pour trouver cette cachette, comme lorsqu’il était enfant et que porté par son imagination, il oubliait ceux qui le cherchaient. Mais cette fois, ce n’est pas un jeu et il n’oublie pas celui qui le cherche et qu’il fuit. La nuit se faufile qui engourdit les membres et l’esprit. Ce voyage-là est sans retour. - Annwvyn a écrit:
Elle s’était réfugiée pour écrire, dans la clarté de fin du jour, sous le vieux saule au fond du parc. Auprès d’elle, en imagination, le grand oiseau multicolore au parfum de voyages la regardait, attentif et sérieux. Dans leur cachette était tout un univers, de jeux, d’enthousiasmes, de rigueur et de poésie : elle racontait des histoires. - L’Ami a écrit:
L’imagination, connait pas, un truc pour les artistes. La rigueur, son école militaire a fait ce qu’il fallait. Les voyages lui ont appris à s’adapter, face à l’imprévu. C’est le cas maintenant, avec une grande clarté, il perçoit la situation. Les ouvriers arrivent en foule, hommes, femmes avec leurs enfants, ils viennent des manufactures Lyonnaises environnantes, en chantant. Il écrit, à l’ombre d’un saule, ses derniers ordres. Les canons pointés en tirs croisés, quelques chiffons rouges disposés en cachette, pour régler la hausse des pièces efficacement. Bienvenus les Canuts, le jeu commence. - Sihaya a écrit:
Ma nuit s’écoule sur une couche de douleur, et mes yeux las s’abîment dans un voyage stérile. Mon esprit vagabonde dans des contrées infertiles, assoiffé de fraîcheur et d’imagination. Mon cœur alourdi n’est pas prêt de rencontrer le matin, tout chargé de ses joies lumineuses et de ses jeux enfantins. Tirez un voile sur cette lumière trop nue, éloignez-moi de cette clarté fulgurante, cette danse infernale de la vie. Que le majestueux saule me recouvre et m'enlace de ses branches. Qu’il m’engloutisse entière au tréfonds de sa cachette enténébrée. Que ma peine soit, un instant, protégée de ce monde qui m’oppresse de sa rigueur. Que mon destin s’estompe au lieu de s’écrire. - Ysabelle a écrit:
La clarté et la finesse et de son style laissent matière à un jeu de mots des plus exquis. Des voyages sans frontières entre rhétorique et poésie. Pourtant, rien n'est laissé au hasard dans cette valse des mots. La rigueur est particulièrement maîtrisée. Petite déjà, elle passait des heures à écrire en cachette, adossée au saule derrière la maison. Elle avait une imagination exacerbée, rarement vue chez les enfants de son âge. 29/30 mai 2020 - Ysabelle a écrit:
- Ruban, Flots, Tresse, Tour, Regret, Lumière, Main, Prophétie.
- Spoiler:
- L’Ami a écrit:
- Elle danse, sa rage explose dans un tourbillon de rubans, de dentelles, dans un flot de déchaînements. Sa longue tresse fouette l’air, siffle à chaque tour piqué. Les chants des hommes la soutiennent, les cris des femmes scandent ses pas, sa transe répond aux claquements de ses escarpins.
Sans regret pour celui-ci, aveuglé par son propre habit de lumière, sans regret pour celui-là, préférant le son du clairon au souffle de la passion. Puis, elle s’immobilise la main tendue vers le ciel, sa paume offrant la prophétie de son destin. - Lily of the valley a écrit:
“Je vais faire un tour !” Ses mots claquent comme une gifle, sonnent comme un “je te quitte”. Alexandra plonge dans les flots multicolores de rubans de plastique qu’ils ont installés à l’entrée. Elle avait trouvé ça « tellement vintage », “comme chez ma mémée". "Tellement moche" avait pensé Gabriel. La lumière violente qui l’assaille en cette suffocante journée de juillet alors qu’il sort pour la regarder s’éloigner, lui fait perdre l’équilibre. Là-bas, Alexandra longe la lavogne et disparaît derrière les genévriers. Gabriel se penche et d’une main tremblante ramasse une tresse d’ail qui est tombée, dommage collatéral supplémentaire de la furie de sa jeune épouse. Il sait qu’elle reviendra, elle revient toujours. En attendant, Gabriel balaie les bris de faïence, termine la vaisselle puis va s’installer dans la fraîcheur du salon. Un livre ouvert attire son regard : « La prophétie du regret ». Le sourire qui effleure ses lèvres est amer. - Annwvyn a écrit:
Le désert déroulait ses flots de sable sous la lumière brûlante du soleil. La gamine avait déchiré de vieux tissus qu’elle avait enroulés en rubans autour de ses jambes et de ses pieds, pour les protéger. Elle avait piqué ses tresses en chignon sur sa tête, essuyé d’un revers de la main les traces de cambouis sur son nez, puis elle avait pris la route. Elle laissait sans regret la tour écroulée de débris métalliques où elle avait grandi. Elle ne courait pas après une prophétie, elle avait seulement un travail à accomplir. - Clinchamps a écrit:
- Le sang s’écoulait en ruban écarlate sur l’asphalte, la lumière du néon du bar laquait de rouge la flaque grandissante. L’homme, debout, la main le long du corps tenant encore l’arme, s’était figé, le regard vide. Le tour de ses lèvres, blême, indiquait son état de choc. Et, brutalement, la pluie se mit à tomber, à flots, diluant le sang, emperlant les tresses de ses dreadlocks, ruisselant en fausses larmes, en parodie de regret… Quelle macabre prophétie venait de s’accomplir ici ?
- Sihaya a écrit:
La haute tour d’Asgard planait dans les cieux telle une citadelle de nuages. A son sommet, les corbeaux du vieil Odin croassaient un flot de paroles inénarrables, emplies de secrets et de malices. Le beau visage du Dieu s’endurcissait, sa face ravagée de regrets et de tristesse. Ses sombres présages réveillèrent une douleur cinglante à l’annulaire de sa main gauche. L’anneau maudit du Nibelung – ce ruban moucheté, cette tresse de feu – étincelait d’une lumière funeste, son étreinte malfaisante était un rappel de l’antique prophétie. Le crépuscule des dieux approchait, le chant des augures sonnait l’heure du Ragnarök. - Rosalind a écrit:
Elle a coupé ses tresses, comprimé sa poitrine d’un large ruban. Sa main ne tremble pas tandis qu’elle ferme la porte à son passé. Sans regret, elle se met en marche vers sa mission. Sa lumière intérieure la guide, elle rejoint son escorte qui l’attend au pied de la tour. Elle va accomplir la prophétie et sauver le royaume, dût-elle pour cela marcher sur les flots. - Elianor a écrit:
Les flots de lumière qui entraient par l’unique fenêtre de la tour la réveillèrent. Elle se leva d’un bond, sa longue tresse décorée de rubans dansant dans son sillage. Si la prophétie disait vrai, c'est aujourd'hui qu’elle prendrait enfin son destin en main. Elle était prête à aller de l'avant sans un regard sur le passé, sans un regret. 31 mai/1er juin 2020 - L’Ami a écrit:
- Velours, Souffle, Aube, Ponant, Rubis, Charme, Lame, Élixir.
- Spoiler:
- Ysabelle a écrit:
- Le jour de ma naissance le ponant soufflait si fort comme s'il craignait l'arrivée d'un rival. A l'aube, vaincu pourtant, il a laissé place au velours d'une brise printanière. Le soleil étendait des lames rayonnantes sur les champs, faisant éclater le rubis, l'émeraude des boutons et le vert éternel des charmes. La rosée étincelait, élixir savoureux fêtant la fin d'un rude combat.
- Clinchamps a écrit:
- La voix de velours de Paolo Fanale dans l’Elixir d’amour s’éleva vers les cintres de la scène, « una furtiva lacrima… » et dans un souffle crescendo le ténor tint la note sur le dernier mot « amore »…. Le final de l’aria s'égrena dans un grand silence puis une vague d’applaudissements, telle une lame de fond, s’éleva dans la salle… La musique de Donizetti tint le public sous le charme, jusqu’à la chute du rideau avant les interminables rappels. Paul sortit du théâtre comme d’un autre monde, il se sentait à l’aube de la découverte d’un univers auquel sa vie dans les îles du Ponant ne l’avait pas préparé : la salle à l'ambiance rouge rubis, la musique, la voix, la scène… « Je veux chanter ! », se dit-il en riant aux anges, à l’étonnement d’une passante.
- Sihaya a écrit:
L’aube de sa jeunesse avait fui dans un souffle discret. Ses cheveux de velours noirs se parsemaient de fils d’argent, ses lèvres rubis, repues de tant de baisers et d’élixirs, se flétrissaient. La lame du temps entaillait et sculptait sa peau marmoréenne de profonds sillons et crevasses. Tel un serpent se muant, il se dépouillait lentement de ses lauriers et charmes artificieux. Au ponant, le soleil venait de disparaître. La nuit ne tarderait plus. - Lily of the valley a écrit:
L'aube se fait tendre à l'horizon, une caresse de rose poudré qui souffle doucement sur le bleu sombre de la nuit. Le chant du rossignol et le parfum du chèvrefeuille se mêlent en un prodigieux élixir pour les âmes meurtries. Comme mue par un étrange charme, la jeune femme tourne résolument le dos au Ponant et à sa maison, dirigeant ses pas vers la lumière naissante du Levant. Elle n’a pas pris la peine de se vêtir, elle est seule et ça ne servirait à rien. Elle foule les hautes herbes du verger, sa chemise de nuit blanche capturant quelques graminées au passage. Elle s’arrête, regarde vers le ciel. Elle semble hésiter puis elle lève la main et pose délicatement la lame étincelante d’un petit couteau sur cette peau offerte dont le jeune soleil effleure le velours. Elle appuie légèrement et regarde avec un émerveillement étonné, les perles aux reflets de rubis qui s’échappent de la chair tranchée. - Rosalind a écrit:
Le coffre est devant lui, les armes des Spada gravées sur une plaque d’argent. Il insère la lame de sa pioche, fait sauter le couvercle et retient son souffle, ébloui. Des pièces d’or, diamants, perles et rubis, qu’il fait couler entre ses doigts en une cascade étincelante. La tête lui tourne, il entrevoit le pouvoir dont il va disposer. L’idée le charme, comme un élixir vénéneux. Il sort de la grotte, boit une gorgée d’eau de sa gourde, du velours à sa gorge desséchée Demain à l’aube, la tartane reviendra le chercher, ils feront route vers le ponant et il accomplira sa vengeance. - Annwvyn a écrit:
Basile pleurait la perte de son premier navire. Le Ponant avait été englouti par l’océan, balayé par une lame de fond. L’aube venait, colorant les eaux limpides des Caraïbes d’un rougeoiement de rubis, et le souffle de velours de la brise naissante en caressait la surface ondoyante. Basile songeait qu’un capitaine sans son bateau n’est plus vraiment capitaine, à peine reste-t-il le charme et le prestige du titre. Ses larmes roulaient sur ses joues, aussi translucides et pures que l’élixir de vie des légendes de marins. - Elianor a écrit:
Le soleil précipitait sa course au ponant lorsque James arriva près du lac. L'astre en déclin enveloppait le monde dans un velours orangé qui prendrait bientôt la teinte des rubis sombres avant de disparait totalement. Il faisait lourd encore. Pas un souffle d'air ne ridait de sa lame le miroir du lac, dont les limites se confondaient avec le ciel coloré. James s’arrêta quelques instants. Comme sous le charme d'un puissant élixir, il laissa son esprit s’enivrer dans cette débauche de couleurs et de reflets. Sa conscience reprit soudainement le dessus : il avait encore du chemin à parcourir avant que l'aube n'éclose. - L’Ami a écrit:
Nul besoin d’un gant de velours pour masquer sa poigne d’acier, le souffle rauque, il marche de l’aube jusqu’au crépuscule, le regard toujours fixé au ponant, payé d’une poignée de rubis d’un rouge profond. Il méprise tout charme pour réduire sa proie. La pointe de sa lame jusqu’à la garde sera son élixir de mort. 01/02 juin 2020 - Lily of the valley a écrit:
- Orage, broderie, disque, ceinture, four, incendie, coussin, diligence.
- Spoiler:
- Clinchamps a écrit:
Un orage électrique zébrait le ciel nocturne d’une étrange broderie d'éclairs mauves et de bleus. Il devait y avoir des turbulences dans la ceinture d’astéroïdes. De l’autre côté de la station, les disques des deux soleils devaient incendier l’horizon, il y ferait bientôt une chaleur de four, que seuls les coussins d’une végétation aussi dure que du métal pouvaient supporter. « La vérification des thermostats : à faire avec diligence ! » lut le gardien du poste sur l’écran qui le reliait au vaisseau-mère en orbite. - Annwvyn a écrit:
L’orage grondait à travers la campagne, et la pluie diluvienne crépitait contre les fenêtres. La jeune fille, nuque à la blancheur d’albâtre, robe ajustée, ceinture étroitement nouée autour de la taille, se tenait raide, à peine appuyée contre les coussins, parfait modèle de fille à marier. Elle avait piqué sa broderie sur le petit disque de bois, et faisait aller et venir l’aiguille avec diligence, prenant garde de ne pas se blesser. Au-dehors, il faisait noir comme dans un four, et les éclairs déchiraient la nuit comme autant d’incendies flamboyants. - Rosalind a écrit:
L'orage menace, au loin le ciel flamboie comme dans un incendie. Faire diligence pour rentrer tout ce qui craint, chaise-longue, livre, coussins. De grosses gouttes s'écrasent déjà, vite à l'abri. Hélas c'est ceinture pour le farniente dans le jardin. Pas grave, ce sera après-midi broderie et musique. Je fouille dans mes vieux disques. Ah The Brothers Four, The green leaves of summer, exactement ce qu'il convient ! - L’Ami a écrit:
L’orage tonne, les broderies de sa chemise lui collent à la peau, dans son Charro Emiliano étouffe, mais qu’importe, celui ci lui a coûté très cher, pour ressembler aux hacendados. Le disque solaire disparaît absorbé par de gros nuages noirs. Sa ceinture le comprime, surtout avec les deux pistolets et les cartouchières en bandoulière. Le compartiment du train est un four, debout à sa fenêtre il entrevoit des champs de canne à sucre et des fermes incendiés par ses peóns. -C’est bien, se dit-il, en s’asseyant délicatement sur les coussins de la banquette. -Plus confortable que la diligence. Mais il sait qu’à l’arrivée, il va devoir enfourcher la selle de son cheval, pour le défilé en ville, alors que ses furoncles fessiers sont toujours à vif. - Rose Bleue a écrit:
Quand le premier éclair zébra le ciel, elle ne put s’empêcher de lever le nez de sa broderie. L’orage allait enfin éclater ! Elle ne supportait plus les températures de ces derniers jours, il faisait aussi chaud que dans un four. C’était sûrement à cause de cette canicule qu’elle passait ses nuits à rêver d’incendies. Elle se voyait toujours dans une maison embrasée, prisonnière de flammes crépitantes, prêtes à la dévorer tout entière. Après de tels cauchemars, elle se réveillait en sueur et préférait aller admirer à la fenêtre le pâle disque lunaire et imaginer la ceinture d’Orion moins visible dans le ciel d’été. Le premier coup de tonnerre la sortit de ses rêveries et fit bondir le chat de son coussin. De grosses gouttes de pluie arrivèrent en toute diligence. « Enfin » se dit-elle en souriant. - Ysabelle a écrit:
L'orage survenu soudain, couvrit le disque d'or qui brasait alors tel un incendie. Les éclaires zèbrent le ciel de fines broderies éphémères. Tandis que la pluie tombe lourdement sur les coussins verdoyants. Avec quelle diligence la nature peut changer le temps. Il n'est pas exclu qu'après ce déluge, apparaisse une belle ceinture multicolore à l'horizon. L'on assistera alors au fil des heures, à la température grimpante, transformant en four ardant, cette fraîche vallée. 04/05 juin 2020 - Annwvyn a écrit:
- Feuille, houppelande, grain, voler, austère, souricière, éclatant, murmure.
- Spoiler:
- Lily of the valley a écrit:
Le petit homme était venu à lui tremblant, le regard baissé. Sa femme avait enfoui son visage dans les boucles blondes de l’enfant qu’elle serrait contre elle. On ne le regardait jamais dans les yeux. Il a le mauvais œil, murmurait-t-on. Après son passage, on clouait, sur le bois des portes, une chauve-souris ou une patte de chèvre. Il fit battre, majestueux et sombre, les pans de son austère houppelande noire, et le petit couple se recroquevilla comme des rongeurs piégés au fond de leur souricière. Les feuilles frissonnèrent et le murmure de la forêt se fit plus intense. « Maître, ils ont encore volé deux de nos bêtes... et ... et ... et un sac de grain. » gémit le berger. La forêt fit ricocher le rire éclatant de l’homme en noir. Le petit couple se recroquevilla encore. « Que vous êtes méprisables ! » gronda-t-il en s’avançant, « Si ces nobles bêtes se nourrissaient de grain, vous n’auriez rien à craindre d’elles. » Le meneux de loups leva alors haut son bâton, siffla entre ses dents et la forêt alentour s’alluma de l’or de dizaines d’yeux. - L’Ami a écrit:
-
Un tourbillon de poussières, de feuilles, la précède, sa houppelande claque aux sauts des vents. Elle a du grain à moudre pour voler les âmes errantes dans ce paysage austère, il faut choisir les bonnes. Grandes gueules mais la peur au ventre, ils sont tombés dans la souricière. Elle fauche à grandes brassées sur le champ de bataille, éclatant de rire à chaque murmure des mourants qui appellent leurs mères. - Rosalind a écrit:
Une maison isolée au bord de la rivière. Sans un bruit, les hommes enveloppés de grandes houppelandes s’approchent, l’un deux colle son visage à la vitre. La jeune femme tremble comme une feuille en reconnaissant le visage de son époux. L’un après l’autre, d’un air austère, trois hommes profèrent leurs accusations. Dans un murmure elle tente de nier. Alors s’approche celui qui se tenait en retrait, vêtu d’un manteau d’un rouge éclatant. Quand il ôte son masque, elle frémit d’épouvante. Le grain de sa peau se hérisse, elle est perdue. La souricière s’est refermée, personne ne volerait à son secours. Tête baissée, elle attend la sentence. - Clinchamps a écrit:
Houppelande… Qu’est-ce que tu veux faire avec ça à part mettre un berger dedans !! Bon, on dira qu’il est vieux et qu’il a un air austère, ça fait deux… Voler… le vent du plateau fait voler le fameux manteau… Des grains de poussière lui pique le visage…et tant qu’on y est le vent murmure à ses oreilles le chant du monde… et de cinq ! Pas mal, ça, ça fait très Giono…Feuille … on va lui faire rouler une cigarette, tabac dans une feuille de papier… Mais il y a trop de vent, ça ne colle pas ! Allons-y pour le cliché : les feuilles d’automne tourbillonnent autour de sa haute silhouette… les pourchassent vers la souricière des blocs de granites aux lichens d’or éclatant ! résumons :
Sur le bord du plateau, le vieux berger se tient en vigie, le vent fait voler sa rude houppelande, et lui murmure à l’oreille le chant du monde. Il pousse le tourbillon des feuilles sèches vers la souricière des hauts rocs de granite aux lichens d’un or éclatant, où elles s’accumuleront et pourriront, humus de futurs printemps. L’homme est droit, face à lui, son visage austère indifférent à la piqûre des grains de sable et des brindilles, ne voyant que le rude paysage qui est sa vie et son sang. - Elianor a écrit:
Il tremblait comme une feuille, malgré la houppelande chaude qu'il avait volée dans une ferme. Enfermé dans l'austère grenier à grains, il lui semblait que le vent, tantôt murmure, tantôt tumulte éclatant s'infiltrait dans la moindre petite fente, le glaçant jusqu'aux os. Tout semblait contre lui. Il se sentait comme pris au piège dans une souricière. - Ysabelle a écrit:
Comment va-t-elle trouver l'inspiration en si peu de temps ! Elle se sent comme prise dans une souricière. Pourtant, un regard jeté sur le ballet qui s'offre à ses yeux en ce moment, lui fit comprendre que les mots sont une telle chanson ! Entre le doux murmure des feuilles bercées par le vent, les ailes déployées des oiseaux qu'elle voit voler, puis se poser à la recherche de grains, et ce magnifique saule pleureur qui balance majestueusement une houppelande d'un vert éclatant. Il n'y a là rien d'austère dans ce luxueux paysage.
Dernière édition par Fauvette le Jeu 20 Aoû 2020 - 21:51, édité 1 fois |
| | | Fauvette Bluebird on a White Cliff
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| Sujet: Re: Jeu littéraire pour chasser les idées noires : les textes ! Jeu 20 Aoû 2020 - 21:50 | |
| 06/07 juin 2020 - L’Ami a écrit:
- Oubli(er), Apaiser, Soulier, Pardon, Vétiver, Corsage, Plénitude, Alchimie.
- Spoiler:
- Annwvyn a écrit:
Alangui dans le moelleux du sofa, sa longue silhouette à l’élégance étudiée, depuis ses souliers vernis jusqu’à son haut front blanc, Oscar se laissait emporter dans le tourbillon de ses sens en quête de plénitude. Les songes cognaient douloureusement sous son crâne, impossibles à apaiser, écrasés par le parfum boisé du vétiver qui bouchait l’espace. Le dandy flottait dans une alchimie d’hallucinations, où la douceur de ses gants de nubuck se mêlait à celle des corsages ouverts de ses premières maîtresses. Il sentait son corps élastique, et aspirait au pardon, à l’oubli, et à la disparition de sa propre réalité. - Lily of the valley a écrit:
ELLE boutonne le chemisier turquoise qu’elle a commandé sur un coup de tête, la conscience apaisée par une forte réduction qui en ramena probablement le prix approximativement à sa valeur réelle si elle en juge par le fil qui s’échappe de l’ourlet. Elle s’asperge avec un manque certain de parcimonie d’Alchimie de Rochas, tresse ses cheveux et sourit au miroir. Dix-huit ans aujourd’hui, noces de turquoise. Elle n’est plus la jeune fille romantique qu’elle était. Elle ressent maintenant cette plénitude liée à la confiance et l’habitude et ne pique plus de colère à chaque faux pas de son grand ours de mari même si elle espère qu’il n’a pas oublié.
IL lève les yeux lorsqu’elle apparaît sur la terrasse, une bouffée de son parfum se mêlant à l’herbe qu’il vient de couper. « C’est un corsage neuf ? Tu vas où ?»
ELLE essaie d’étouffer sa colère. Corsage… pfff ! ça sent le soulier verni, l’eau de Cologne au vétiver et la naphtaline. Il a oublié, elle aurait dû s’en douter. Ses yeux de cocker lui demandent déjà pardon lorsqu’il réalise. Le romantisme pour les nuls sera le parfait cadeau-punition, pense-t-elle. - Rosalind a écrit:
-
Elle a sorti du coffre son costume de fête, la longue jupe et le corsage ajusté, bien pliés sous les fagots de vétiver. Les souliers légers ont remplacé les sabots, elle a relevé ses cheveux et épinglé sa coiffe de dentelle. Elle est dans la plénitude de sa beauté et attire tous les regards. Elle les ignore, car un seul lui importe. Celui de ce marin qui a fait chavirer son cœur par une mystérieuse alchimie. C’est le jour du Pardon des Islandais, demain il prendra la mer pour une interminable et dangereuse campagne de pêche. Elle sait qu’elle ne l’oubliera pas, et ce n’est qu’à son retour que ses craintes seront apaisées. - Clinchamps a écrit:
Elle ne remercierait jamais assez l’alchimie de sa marraine qui lui avait donné l’occasion de connaître la plénitude d’un bonheur tant espéré. En transformant un vulgaire caraco en corsage de soie avec jupe assortie, des espadrilles en souliers de satin, elle lui avait ouvert les portes du bal ! Oubliant ses sœurs, allant même jusqu’à leur accorder son pardon, apaisée par la sensation d’être enfin à sa place, elle se laissait griser par la valse et par le parfum de vétiver du prince… - Ysabelle a écrit:
La rage au ventre, elle mit ses souliers, ajusta son corsage, et descendit les escaliers. Pour se venger, elle prit tout son temps. Il fallait qu'il comprenne qu'elle était fatiguée de ces soirées mondaines, où elle était obligée de jouer un rôle. Qu'étaient devenues la plénitude et l'alchimie qui faisaient l'admiration de leur entourage ? Cette pensée loin de l'apaiser, ajouta à sa colère ! Elle traversa nerveusement le corridor, laissant derrière elle une délicate fragrance de vétiver. Debout près de la voiture, lui, l'attendait imperturbable. Une lueur d'admiration passa dans ses yeux lorsqu'elle franchit la porte. Alors, oubliant sa colère, elle lâcha un pardon presque inaudible. - L’Ami a écrit:
Comment oublier, comment s’apaiser, traité comme un vieux soulier souillé d’immondices. Pour accéder au pardon, il va falloir que je me gave de tisanes de vétiver aux vertus anti-dépressives pour retrouver le chemin. Tout ça pour une œillade juste un peu appuyée sur son corsage offrant une plénitude de formes généreuses. Est-ce de ma faute si mon alchimie naturelle transforme en objet de désir tout ce sur quoi mon regard s’attarde ? 08/09 juin 2020 - Rosalind a écrit:
- Sombre, perdre, œil, espoir, brume, héritage, mutin, brisant(s).
- Spoiler:
- Annwvyn a écrit:
« Capitaine, nous allons nous perdre ! ». Le capitaine n’avait qu’un œil (et qu’une jambe mais cela n’a pas d’importance pour notre histoire), et, la longue-vue dépliée, il scrutait les eaux sombres plongées dans une brume opaque. Les vagues déferlaient sur les brisants avec un bruit assourdissant. La voix sèche du capitaine couvrit le fracas, pourtant : « La ferme, Le tatoué ! Tu as été mutin, mais maintenant, cesse de moufter, je suis ton capitaine ! ». Le tatoué ferma la bouche. La mort en héritage, c’est tout ce qu’ils auraient gagné à leur révolte minable, il n’y avait aucun espoir de s’en tirer par un temps pareil. - Clinchamps a écrit:
-
Le craquement des cookies se brisant sous le rouleau à pâtisserie était le seul bruit audible, mis à part le léger ronflement du chat, roulé en boule sur sa chaise, dormant profondément malgré son œil entrouvert. La brume collait aux carreaux, « aucun espoir de soleil aujourd’hui » se disait Marthe, en préparant son crumble, « un temps à se perdre dans les bois. » . Les portes de merisier rouge sombre du buffet, héritage de sa famille normande, cirées au miroir, s’éclairaient du reflet du feu de la cheminée. En coupant les pommes, Marthe pensait à Paul, son gamin de quinze ans, qui aurait adoré le crumble, et revoyait son regard mutin et ses taches de rousseur. Elle écrasa une larme. - L’Ami a écrit:
Sombre à en perdre son âme, il vient de jouer les gains de sa saison de pêche. L’oeil fixé sur ses cartes maudites lui ôte tout espoir de rédemption. Il s’éloigne de la taverne du port dans une brume poisseuse, c’est l’héritage imbécile d’un espoir de jeune mousse. Yan doit quitter le sourire mutin de la Fanchon pour celui de l’Ankou, qui l’attend patiemment près des brisants. - Lily of the valley a écrit:
D’un héritage se grisant, à une flamme se vouant, Sur un rivage se brisant, à son âme renonçant.
D’un grand cheval bondissant sur les vagues, elle tombe Dans un chenal bouillonnant, sur les algues, elle sombre.
Ses yeux mutins à la brune, guident Les pieux marins dans la brume avide. Elle les perd dans l’ombre Des belles pierres sombres. Abandonné l'espoir, L'éternité dans le noir.
M'he c'hlevis o kanann zoken Klemvanus tonn ha kanaouenn. * - Elianor a écrit:
Son œil se perdait sans espoir dans la brume sombre au-delà des brisants. Un esprit mutin bouillait dans ses veines, mais face à la mer de mauvais temps il ressentait la désolation et les souffrances des naufrages d’antan. L’héritage de ses lointains ancêtres marins lui parvenait avec une rare intensité, c’était comme si sa vie prenait enfin sens ici, sur ce rocher battu par les vents. - Rosalind a écrit:
Il a perdu tout espoir d’héritage en brisant avec sa famille, qui ne voyait pas d’un bon œil sa liaison avec cette fille au regard mutin. Sera-t-il capable de subvenir à leurs besoins ? dans quelques mois ils seront trois, un grand bonheur et une bouche de plus à nourrir. Il chasse ses sombres pensées et court la rejoindre. La brume se lève et sa nouvelle vie l’attend. 09/10 juin 2020 - Clinchamps a écrit:
- Mot, volume, caractère, point, clavier, apostrophe(r), feuille, couverture.
- Spoiler:
- Lily of the valley a écrit:
Stephen porte comme une cape la lourde couverture qui protégeait le piano. Amusé, Frederick le regarde danser sur les dalles noir et blanc du corridor comme s’il achevait, sur le clavier de pierre, la mélodie ébauchée un instant plus tôt sur le vieil instrument. Il le suit le long de pièces au volume impressionnant, l’écho de leurs bottines bondissant sous les hauts plafonds. Il le regarde déshabiller les meubles de leurs linceuls de drap, le geste ample, faisant neiger la poussière dans la lumière du soir. Sur le perron, Stephen tend la main à son ami, viens, dit son regard encore enfant dans un visage déjà homme sur le front duquel l’encre d’une boucle brune dessine une apostrophe, viens voir. Sous un magnolia dont les feuilles vernissées éteignent la lumière du soleil comme si la nuit naissait là, Frederick pense que deux mois à voyager ensemble condamneront peut-être leur amitié. Leurs caractères sont si différents. Puis Stephen se tourne vers lui, la main tendue. Viens, dit son regard confiant, viens voir. Et Frederick sait qu’il le suivra partout, point n’est besoin de mots. - L’Ami a écrit:
Ah mais, il m’énerve grave celui-là, je le prends au mot quand il veut. Dire que mes compositions manquent de volume, de caractère ! Non mais avez-vous vu comment il traite le contre-point, lui ? Bien tempéré son clavier, qu’il dit, tu parles, cette façon de m’apostropher est insupportable, c’est lui qui est dur de la feuille. Et puis cette façon de tirer la couverture à lui, à chaque occasion. Kapellmeister de menuets, Kantor de Leipzig, pffft. Je lui donne, tiens, allez, cinq ans à ce Môssieur J.S.Bach, pour disparaître du paysage musical. - Annwvyn a écrit:
« Je n’ai pas de mot, c’est inqualifiable ! », l’apostrophe Renée du plein volume de sa poitrine profonde. « Et pourquoi pas une feuille de vigne tant que tu y es ? ». De rage, elle attrape la machine à écrire, et la fracasse au sol. Tout le clavier vole en éclat, il y a tous les petits caractères sur le tapis, la virgule, la parenthèse, et le point d’exclamation. Renée rugit : « C’est pornographique ton truc, donne-lui au moins une couverture ! ». - Rosalind a écrit:
-
Lui - Tu as encore fait trop cuire le gigot, tu sais bien que je le préfère à point.
Elle - Baisse un peu le volume, tu deviens dur de la feuille ! ça me dérange, je fais mes mots croisés.
Lui - On regarde quoi ce soir ? Les bronzés font du ski ?
Elle - Ah non je ne supporte pas Christian Clavier. J’aimais bien Apostrophes, quel dommage que ça n’existe plus. Tiens, ils repassent Elle et Lui, on ne l’a vu que cinquante-huit fois...
Lui - Arrête de t’enrouler dans la couverture, je vais encore me réveiller les fesses à l’air.
Elle - Quel sale caractère ! heureusement que je t’aime !
Lui - Oui mon amour, je t’aime aussi. - Elianor a écrit:
Quel mauvais caractère ! Avec lui point de repos, il a déjà eu des mots avec tous les voisins ! Il m'a déjà écrit pour se plaindre du bruit de mon clavier quand j'écris... Il apostrophe même les feuilles qui osent tomber sur sa terrasse ! Je ne vous raconte pas la fois où un guano est tombé sur la couverture qu'il faisait sécher dehors, les insultes dont il a accablé l'oiseau coupable n'aurait pas tenu dans un seul volume de dictionnaire ! 12/14 juin 2020 - Rosalind a écrit:
- Livre, choix, canon, ami, périlleux, cendre, altérer, liberté.
- Spoiler:
- L’Ami a écrit:
Soit, « La Princesse de Clèves » est un livre charmant, écrivait Madame de Sévigné, mais mon choix se porte sur d’autres canons par ces temps troublés, ma chère amie. Et puis, il me semble périlleux quand on prend un amant d’en informer le mari, ceci pour prévenir toute passion. J’imagine bien le goût de cendre, voire de bile en bouche, au risque de vous altérer la vie. En cette folie de l’An II, où la soif de liberté fait rouler nombre de têtes, je tiens à garder la mienne froide, en ne consolant que de jeunes veuves. - Annwvyn a écrit:
-
La sueur lui coulait sur le front, glissant dans ses yeux, altérant sa vue déjà trouble. Si on lui avait dit qu’il tiendrait un jour son ami en respect, le canon du revolver pointé sur son cœur, il ne l’aurait pas cru. Mais la vérité avait un goût de cendre. « Je n’ai pas le choix, dit-il d’une voix pâteuse, soit tu te rends, soit je te livre. » Le regard rieur, l’autre haussa les épaules, se détourna gracieusement, plongea par la fenêtre dans un vol plané périlleux, et roula souplement dans la terre humide, droit vers sa liberté. - Lily of the valley a écrit:
La vie “de pendant” n’avait rien eu à voir avec la vie d’avant, il en était de même pour la vie d’après. La liberté est un exercice périlleux auquel tentait de se livrer Victor. La guerre l’avait recraché comme on crache le noyau d’un fruit dont on a grignoté toute la pulpe. Et maintenant...? Au Café du Bon Coin où il se rendait presque quotidiennement, rien n’altérait jamais la bonne humeur de Léonce, le cafetier. Pour lui comme pour beaucoup ici, la guerre c’était un défilé en fanfare, la Madelon au bras de l’Ami Bidasse, une gerbe au pied d’un monument flambant neuf, une victoire sur les “frisés” qu’on n’avait jamais vus que dans les journaux. Au village, il n’y avait que deux noms sur le monument aux morts, ça arrivait, c’était la guerre, c’était la vie. On préférait ignorer les défigurés, les démembrés, les choqués. Tant qu’on ne les voyait pas, ils n’existaient pas.
“Allez, mon gars, un canon de rouge pour te faire oublier.”
Oublier l’inoubliable au fond d’un verre de vin, oui, Victor avait pensé faire ce choix, il avait même essayé. Mais le meilleur des vins avait un goût de cendres d’où ne renaîtrait probablement jamais son âme. - Clinchamps a écrit:
Quand Ki Yeong ouvrit le mail d’origine inconnue, il comprit tout de suite et son univers s’altéra brutalement, comme voilé de cendres. Il fallut retrouver le livre de code, enfoui au fond d’une malle, mais le message décodé ne fit que confirmer son intuition : il était rappelé. Allait-il obéir ? Avait-il le choix ? Là d’où il venait, personne ne l’avait jamais, le Grand Ordonnateur savait ce qui était bon et décidait pour chacun de son destin. Il avait été désigné, formé dans ce but, et depuis vingt ans maintenant il était agent infiltré au Sud. Il s’était cru oublié, mais sa liberté n’était qu’illusoire, oser y avoir cru était déjà périlleux. Il lui restait 24 h pour tout abandonner sans explication, amis, famille, et disparaître, sinon, un soir inévitable, le canon froid d’une arme se poserait sa nuque, car ils vous retrouvaient toujours. Allons, le sous-marin devait déjà l’attendre, il fallait partir… - Rosalind a écrit:
Peut-on écrire un livre altérant le sacro-saint canon ? c’est la liberté d’écriture, mais un choix périlleux. Les amis de l’auteur seront-ils choqués au point de jeter le roman au feu pour le réduire en cendres ? - Elianor a écrit:
Le choix d'un livre peut s'avérer périlleux, altérer ta vie ou t’entraîner avec tes amis vers un destin de canons et de cendres. Mais prendre parti et préférer c'est gagner sa liberté ! - Clinchamps (Hors concours) a écrit:
C’était le mercredi des cendres, et d’après le droit canon de l’Eglise, le premier jour du carême. Le sermon d’aujourd’hui serait sur le livre de Job, lecture propice à la préparation à la pénitence et au jeûne. Le thème était périlleux, suscitant des interrogations sur la liberté du choix d’obéir ou non à un Dieu qui imposait des épreuves inexplicables à ce pauvre homme, interrogations qui allaient altérer fortement la foi des fidèles, chacun se sentant tenté d’être l’ami de cette victime de l’injustice. - Alexandre (Hors concours) a écrit:
En accostant le capitaine nous laissa prendre nos quartiers libres. Je me baladai dans les rues de cette ville. Cela m'apporta un sentiment de liberté, après plusieurs jours en mers, à briquer le pont, lustrer les canons et ranger la cale. Pouvoir flâner au rythme du vent faisait plaisir. L'ombre de cet ami perdu planait encore, mais c'était moins dérangeant. C'était presque agréable de sentir cette présence. De rue en rue, les décors changeaient. Des maisons aux façades cendrées, des échoppes colorées et tellement d'autre merveilles. Une librairie m’attira, la décoration était "déboussolante". Des canons entre les étagères, des peintures amateurs et des lustres plus vieux que le propriétaire. Celui-ci me demanda ce que je cherchais comme livre. Il me montra plusieurs ouvrages, je n'eus pas besoin de faire un choix, l'un d'eux m'appelait. Ma vision se troubla, s'altéra. Que se passait-il ? Pourquoi tant de souvenirs embrumés. Je sais ce qu'il me reste à faire, aller à la recherche de mes souvenirs. Même si cela est périlleux. 14/15 juin 2020 - Annwvyn a écrit:
- Botte, noir, statue, femme, faramineux, boule, tourner, mine.
- Spoiler:
- Elianor a écrit:
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Sous sa mine noire qui tournait et retournait à une vitesse faramineuse naissaient de splendides dessins. Le décor apparut en premier : un jardin parfaitement entretenu avec ses buis taillés en boule et sa fontaine. Les personnages entrèrent en scène à leur tour : un homme, très grand et digne avec son costume de l’ancien temps et ses bottes de cavalier, puis une femme gracieuse et délicate qui semblait danser dans sa robe de mousseline claire. Entre eux, une statue d’archer ailé malicieux, figé en plein vol. Il me tendit la feuille : « C’est à toi de raconter la suite de l’histoire », me dit-il en souriant. - Lily of the valley a écrit:
Serrant son lourd panier contre sa poitrine maigre Lucie emprunte un long corridor voûté, noir de moisissures et vérolé de salpêtre. Derrière l'épaisse porte de chêne, les coups se font de plus en plus violents, vlan, tap, paf, clac, rythmés par des han rauques. Sa main tremble alors qu’elle soulève le loquet. Ce matin, en vidant l’âtre chez Madame, elle a entendu celle-ci dire à sa femme de chambre : “ Bathilde, même si c’est la statue du commandeur incarnée, abat un travail faramineux, hors de question de m’en départir.” Lucie ne sait pas ce qu’est un commandeur, mais le mot l’effraie. La scène qui s’offre à elle quand elle entrouvre la porte la fait reculer. Bathilde frappe avec une violence inouïe une énorme boule de pâte, qu’elle tourne, retourne, lance et étire dans un nuage de farine, faisant trembloter son imposante poitrine. La voix de Madame résonne dans la tête de Lucie. Faramineux… Farineux… Farine ? Discrètement, elle dépose ses bottes de radis sur la pierre d’évier et s’apprête à repartir. “Qu’est-ce que c’est que c’te mine de fouine, la nouvelle ? Amène ta couenne ici que je te voie,” tonne Bathilde. Commandeur… Abattre … Lucie ne s’est jamais sentie aussi minuscule. - Clinchamps a écrit:
Il enfila ses bottes en catastrophe et se précipita sur le toit de l’immeuble. La vague faramineuse avançait inexorablement, avalant tout sur son passage. L’énorme statue de la Femme Kolkozienne, renversée comme un fétu de paille, après avoir tourné sur elle-même, vint obturer la bouche noire de la mine, mais l’eau s’y était déjà engouffrée et une gigantesque boule de feu jaillit là où se trouvait le bâtiment du puits. Il sentit l’immeuble tout entier vibrer sous ses pieds et une lézarde menaçante zigzagua soudain sur la terrasse. - Rosalind a écrit:
- Vise un peu la statue en haut de l’escalier ! moi elle me botte, avec ses grandes ailes. - Mouais, pas mal, dommage qu’elle ait perdu la boule. Je préfère l’autre, celle de la femme qu’a plus ses bras. - Pourquoi tout ce monde devant ce petit tableau ? pas terrible la nana, elle a une drôle de mine. - Quelle horreur ces tableaux tout noirs ! ce peintre est faramineux. - Ah tu en connais des mots bizarres… ça veut dire quoi ? - Qu’il ne tourne pas rond. - Allez on en a assez vu, on se tire. Heureusement que c'était gratuit ! - L’Ami a écrit:
Debout, droit dans ses bottes noires, narquois devant la statue du commandeur l’impressionnant moins que certaines femmes à la beauté faramineuse croisées au cours de ses voyages, il conduit sa vie comme une boule de roulette, qui tourne, saute, rebondit pour gagner ou perdre. Mine de rien, le plaisir de l’attente est souvent plus fort que celui du gain. 17/19 juin 2020 - Elianor a écrit:
- Lampe, note(r), parc, enthousiasme, image, lueur, sophistiqué, mouvement.
- Spoiler:
- Annwvyn a écrit:
- Quand les vibrations du sol avaient ébranlé le parc, l’ingénieur avait exigé de descendre dans la mine. L’enthousiasme des convives n’avait pas été entamé, la fête battait son plein, et tous ces gens sophistiqués offraient l’image d’Epinal du bonheur industriel. Pendant ce temps, loin au-dessous, l’ingénieur avançait à mouvements inquiets dans les galeries charbonneuses baignées de la lueur jaunâtre de la lampe Davy, son carnet de notes coincé sous le bras.
- Lily of the valley a écrit:
« Cache ton enthousiasme, » grommelé-je. Le nez dans son assiette, CherEtTendre tente de cacher sa gêne ou … Quoi ? … Une lueur d’amusement ? Il n’oserait pas. Je n’aurais pas dû éteindre la lampe halogène au profit de la petite note romantique de deux bougies rouges, j’y lirais plus clair dans le regard de monsieur. « Tu n’aimes pas, c’est ça ? Quand je pense que j’ai littéralement décimé tout un parc à huîtres pour concocter un plat un peu sophistiqué et c’est tout ce que j’en ai. » Oui, okay, définitivement une lueur d’amusement. Et un rire ? C’est bien un rire que je vois naître là ? Je n’y tiens plus. « Ça t’amuses ? -Non, mais, je suis désolé, mais là j’ai l’image du génocide des huîtres… je … » Je frappe la table de ma serviette dans un mouvement exagérément dramatique et l’assiette bascule en projetant ses huîtres tièdes pochées et leur velouté glacé de basilic acidulé. CherEtTendre explose de rire en marmonnant quelque chose à propos du respect dû aux victimes du camp ennemi. Demain, jambon-salade, na ! - Rosalind a écrit:
La femme à l’allure sophistiquée s’engage dans le parc obscur. Elle avance à petits pas, trébuchant sur ses talons aiguille, une lueur d’inquiétude dans le regard. Soudain elle perçoit un mouvement dans les buissons. Une silhouette lui braque une lampe de poche dans les yeux, tout en sifflotant quelques notes. Epouvantée, elle reconnaît son agresseur, et se met à hurler. Coupez ! crie une voix avec enthousiasme. Pas besoin d’une autre prise, l’image est bonne. - L’Ami a écrit:
-
Tard dans la nuit, sa lampe éclaire ses feuilles sur lesquelles se succèdent une myriade de notes. Assis à son bureau, devant sa fenêtre ouverte, les fragrances du parc nourrissent son enthousiasme, l’envahissent d’images, de fantasmes. Au profond de son esprit naît une lueur grandissante, une mélodie de plus en plus sophistiquée. Enfin apparaît sous les mouvements de sa plume le thème sublime de son Requiem qui, il le pressent, sera son chant du cygne. - Ysabelle a écrit:
D'un élégant mouvement, il joua la dernière note de son répertoire, faisant exploser l'enthousiasme de l'auditoire. Il avait la grâce des êtres humbles, inconscients de l'image dévastatrice qu'ils renvoient. Une lueur énigmatique dans son regard, indiquait qu'il n'était déjà plus là. Comme pour souligner le contraste, les lampes s'allumèrent révélant l'éclat sophistiqué de la luxueuse salle. Il salua le public et s'éclipsa rapidement. Plus tard, je l’aperçus seul dans le parc, le pas allongé et la tête dans les nuages. 21/22 juin 2020 - L’Ami a écrit:
- Cadre, croire, terre, soupir(er), roman, tendresse, meurtrière, faim.
- Spoiler:
- Annwvyn a écrit:
Antonio risqua un œil au cadre de la fenêtre, et laissa échapper un long soupir blasé. On se serait cru dans un mauvais roman. Tout de même, il fallait le voir pour le croire ! Guidée par la faim, la meute de loups avait encerclé la chaumière où il s’était réfugié, et la horde meurtrière grattait la terre au pied de la porte. N’y avait-il donc aucune tendresse en ce monde ? Antonio roula les yeux, exaspéré, et retroussa ses manches. - Clinchamps a écrit:
La terre est plongée dans le calme profond de la nuit. Plus noire que le noir, la silhouette des cocotiers dessine un cadre aux myriades d'étoiles du ciel austral. Seul le soupir de la marée montante froisse le silence. Comment croire meurtrière la vague qui, pour l’heure grignote le sable d’une faim insatiable ? Seule la faible lueur tombant de la Voie Lactée dessine avec tendresse l’ourlet mobile et murmurant. L’homme se tient sur la varangue, écoute, et pense aux romans de Gustave. - Lily of the valley a écrit:
-
David caressa le bois, Suis la veine, c’est là que circule l’âme du bois, lui avait appris Roman. Il se souvenait avec tendresse des yeux presque transparents, comme deux lacs gelés au milieu du désert brun de son visage. Ces yeux avaient gardé l’innocence de l’enfance malgré la folie meurtrière qui lui avait fait fuir la terre de ses ancêtres. David souleva délicatement le cadre, le retourna et y fit lentement glisser le pinceau imbibé de brou de noix. Il faut nourrir le bois. Quand il a faim, il devient gris, comme nous. Un soupir d’air tiède fit voler ses cheveux. Il voulut croire que l’homme était là, dans ce souffle printanier, qui lui disait, les « r » roulant comme les cailloux dans un ruisseau, C’est bien mon grand, aie foi en toi, les autres ne savent pas. David effaça furtivement du dos de la main la trace de son chagrin et leva les yeux vers le portrait de son grand-père qu’il placerait bientôt dans cet écrin de noyer. Pour toi Granpa-Roman, murmura-t-il. - Rosalind a écrit:
Le cadre est austère, une chiche lumière filtre à travers les fentes des meurtrières. Les prisonnières soupirent, la faim les tenaille. Quel avenir pour elles sur cette terre hostile ? Marie ne renonce pas. Elle embrasse ses compagnes avec tendresse, les exhorte à l’espérance. Rien ne pourra les empêcher de croire, leur foi sera leur force. Elle a gravé en langue romane une inscription sur la margelle du puits. Résister. - Ysabelle a écrit:
Il a toujours tendance à croire qu'il était le nombril de la terre, se dit-elle dans un soupir ! Pourtant, c'est ce qui l'a attiré chez lui, se dit-elle avec tendresse. C'était une époque difficile. Il était soldat et elle infirmière. Une guerre meurtrière ravageait le pays, emportant des milliers de gens. Quand ils étaient épargnés par les bombes, la faim s'en chargeait à son tour. Le cadre n'était pas propice pour parler d'avenir, mais ils savaient que s'ils s'en sortiraient vivants, ils finiraient leur vie ensemble. C'est comme un roman, disait leur petite fille, à chaque fois qu'on évoquait leur histoire. - L’Ami a écrit:
Il choisit de naviguer sur un porte-cadres et non pas un « promène-couillons ». Entendre le bruit du moteur, lent, profond, à croire qu’on pourrait compter les tours. Ne plus voir la terre pendant des mois, être pleinement dans son travail quotidien sans soupirer après la pause du week-end. Juste un bon roman à déguster pendant ses quarts de repos, se souvenir, de la tendresse de celles qui l’attendent, d’autres à prendre au prochain port. Ne plus craindre la vague meurtrière ou scélérate. Mousse, peut-être, mais déjà une faim incommensurable de voyages à la dimension de l’horizon. 22/24 juin 2020 - Lily of the valley a écrit:
- Excitation, extraordinaire, brandir, douleur, bûche, continuellement, pâle, ignorer.
- Spoiler:
- Rose Bleue a écrit:
En lisant la lettre, elle eut l’impression qu’une bûche venait de lui tomber sur la tête. Après ces trois années partagées, il n’avait même pas le courage de lui annoncer sa décision en face. Certes au cours de leurs nombreux conflits de ces dernières semaines, il avait souvent brandi la menace d’une séparation. Mais elle n’aurait jamais cru qu’il mettrait sa menace à exécution et surtout de cette façon. En regardant la chambre autour d’elle, vidée de ses affaires, elle eut soudain une sensation de vertige et dut courir à la salle de bains. Elle se passa de l’eau sur le visage et vit son reflet pâle, hagard. Qu’il était loin le temps extraordinaire des débuts, l’excitation devant chaque petit plaisir partagé, l’époque de l’amour fou ! Bien sûr, elle avait senti le changement, compris face aux difficultés accumulées que leur couple était en danger. Continuellement, elle avait remarqué ses dérobades et sa tendance à fuir mais elle pensait que leur amour s’en sortirait. Maintenant, plantée devant son miroir, la douleur lui broyant le cœur elle ne pouvait plus ignorer la vérité. Tout était terminé ! - Clinchamps a écrit:
Elle est énorme, remplit entièrement l’âtre, vaste à l’image de la cuisine du château : la bûche de Noël, qu’on a couchée sur un lit de fagots et qu’on allumera à minuit avec un brandon de celle du dernier Noël. L’excitation de la veillée merveilleuse a gagné tous les habitants, particulièrement la troupe d’enfants qui dévalent et grimpent continuellement les escaliers en brandissant des rameaux de houx, sans souci de la douleur provoquée au passage à ceux qu’ils croisent et qu’ils ignorent superbement. Dans le salon, l’aristocratique comtesse douairière remarque d’un ton pointu « C’est extraordinaire ce que ces enfants ont d’énergie à perdre ! » Sa belle-fille, pâle et languissante, lui répond en soupirant « Quelle chance ils ont ! » - L’Ami a écrit:
Il est pris d’une excitation extraordinaire après un tour du monde sans revoir le pays, il boucle son paquetage et se présente à la passerelle de débarquement en brandissant sa permission. Un aréopage d’officiers bloque la sortie et annonce la mise en quarantaine du bâtiment et du personnel naviguant. La douleur consécutive à une bûche heurtant sa tête serait du même effet. Il a beau se répéter continuellement que c’est grande injustice, il n’a pas le prétexte de se faire porter pâle à l’infirmerie, bien au contraire. Aucune échappatoire, d’autant qu’il n’ignore pas que faire le mur, sur un bateau, ferait de lui le maître clown de l’équipage. - Rosalind (Hors concours) a écrit:
Je n’éprouve aucune excitation en lisant ces mots. Même en bûchant continuellement, j’ignore si j’arriverai à écrire un texte acceptable. Ce serait extraordinaire, et un accouchement dans la douleur. J’ai bien envie de me faire porter pâle, brandir le drapeau blanc et déclarer forfait.
Il place une nouvelle bûche dans la cheminée et contemple les flammes. La douleur est là, impossible de l’ignorer. Continuellement, de façon lancinante, le souvenir lui taraude l’esprit. Ce jour-là elle avait brandi l’étendard de la révolte, évoqué avec enthousiasme la nouvelle vie qu’elle voulait mener, les rencontres extraordinaires qu’elle imaginait. Son visage, d’ordinaire si pâle, était coloré par l’excitation. Le lendemain elle était partie. Depuis, jour après jour, il attend son retour. - Annwvyn a écrit:
« Terre en vue ! » hurla la vigie, brandissant avec enthousiasme le drapeau de La Générosité. Basile ignora la douleur qui lui cognait continuellement le crâne – il avait dormi comme une bûche, et même s’il était encore pâle, il ne se sentait pas plus mal. Il se redressa sur la civière, risquant la tête au-dessus du bastingage, le regard vif. Le vert des palmiers avait une tendresse extraordinaire, la mer clapotait doucement. Le cœur de Basile palpitait d’une excitation délicieuse. - Ysabelle a écrit:
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Éclairée par la pâle lueur d'une bougie, Elisabeth Bennet méditait aux derniers événements. Nul ne peut ignorer continuellement une vérité universellement connue ! Il fallait des circonstances extraordinaires pour que ce schéma soit quelquefois entravé. Etre d'une famille modeste, c'est être constamment confronté à la douleur de cette réalité, quand bien même cette famille Serait noble. Aussi, dans quelle excitation sa famille et elle étaient plongés lorsque M. Binglet commençait à manifester son intérêt pour sa sœur. Elle n'était donc pas étonnée de voir sa mère brandir tel un trophée, cette nouvelle auprès de l'entourage. Une fois la bûche jetée, le feu embrasa le paisible village pendant des semaines. 26/27 juin 2020 - Ysabelle a écrit:
- Soleil, Brume, Se déployer, yeux (oeil), chemin, inextricable, Mot(s), dédale.
- Spoiler:
- L’Ami a écrit:
Le soleil est absorbé par la brume. Envoyé dans le nid de pie du grand mât, le mousse déploie toute son attention, ouvre grand les yeux pour entrevoir le chemin à travers cette nappe de brouillard inextricable, se fiant au bruit du ressac signalant les récifs mortels. Tous les hommes sont suspendus au moindre mot de cette vigie, leurs vies ne tiennent qu’à un cri dans ce dédale de brisants. À quinze ans, il engage par son regard le destin de tout un équipage. - Clinchamps a écrit:
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Par le dédale des chemins et des routes l’armée s’était déployée dans la plaine où stagnait la brume du matin d’hiver. L’œil rivé à sa lunette, le petit Caporal scrutait le futur champ de bataille. La lumière gagnait en intensité, montait, et soudain il prononça le mot célèbre « Soldats ! Voici le soleil d’Austerlitz ! » Des heures plus tard, seul témoignerait de la victoire l’inextricable fouillis des armes et des corps ensanglantés… - Lily of the valley a écrit:
Les mots errent dans le dédale de ses pensées. Ils tentent de retrouver leur chemin, se cabrent et se heurtent, se brisent et se fondent dans l’entrelacs inextricable de sa mémoire. Il essaie de les saisir mais, comme les fils de la vierge au soleil d’automne, ils se désagrègent et se perdent dans la brume. Parfois, l’un deux se pose suffisamment longtemps, papillon déployant ses ailes, pour qu’il le reconnaisse et s’en saisisse, alors il ferme les yeux pour l’apprivoiser, mais le papillon s’envole. Un jour, lui a-t-on dit, soyez patient, l’a-t-on encouragé, cela reviendra, l’a-t-on rassuré, peut-être, a-t-on murmuré. - Rosalind a écrit:
Le vol de nuit a été long, l’aviateur a eu tout le temps de mettre de l’ordre dans le dédale de ses pensées, de tailler un chemin dans ce fouillis inextricable. Les mots se sont mis en place, avec clarté et évidence. C’est sa vie qu’il va raconter, et celle des pilotes qui affrontent le danger et acceptent de se sacrifier pour accomplir leur mission, acheminer le courrier. Un rayon de soleil déchire la brume, le paysage se déploie sous ses yeux fatigués, alors qu'il se prépare à atterrir. - M. Rosalind (Hors concours) a écrit:
Voilà de longues minutes que l’avion a décollé en direction du soleil, emmenant dans ses flancs une dizaine d’hommes harnachés. Dans le fracas du moteur, pas un mot n’est échangé. Dehors, des écharpes de brume se déchirent peu à peu. Tous ont les yeux fixés sur la lumière rouge. Vert ! chacun se précipite par la porte ouverte, dans un ballet inextricable de lanières. Une à une, les corolles se déploient majestueusement, freinant la descente des hommes vers une forêt dense. Dans ce dédale de troncs et de branches entremêlés, il leur faudra trouver leur chemin vers le but qui leur a été fixé. 28/29 juin 2020 - Clinchamps a écrit:
- Carillon, mouchoir, jusant, saline(s), rempart, exhaustif, exécution, dispendieux.
- Spoiler:
- Lily of the valley a écrit:
Un mouchoir noué aux quatre coins sur son crâne chauve, Fernand trône à la terrasse du Jusant sur une chaise en plastique qui lui rentre dans le gras de la fesse, les coudes sur une table un peu poisseuse, sirotant un Canada Dry. Si la Gisèle le chope à boire autre chose, elle va lui dresser une liste exhaustive des dangers de l’alcool, alors il s’en tient au « goût et à la couleur ». Le soleil tape mais Yvon, le patron, n’a pas encore sorti ses parasols Orangina parce que c’est pas encore la saison, qu’il dit. Au son des carillons, Fernand se redresse pour lorgner par-dessus le rempart des jardinières où fleurissent des bégonias en plastique. « Dis, Fernand, je vends pas de solution saline, alors te cuis pas le ciboulot ! -T’as qu’à mettre tes parasols ! -T’as qu’à poser tes fesses au bar. -Je verrais pas l’exécution. » L’exécution, c’est les noces du fils du maire qui n’y est pas allé de main morte dans esbroufe. Rien n’est trop dispendieux pour le rejeton de l’élu. « Je leur donne pas deux ans, siffle Fernand. -Vieux jaloux », rétorque Yvon en lui claquant une main sur l’épaule alors qu’une Simca 1100 enrubannée arrive devant la mairie. - L’Ami a écrit:
Mademoiselle Mancini n’entend pas le carillon de l’église Saint Pierre égrenant les heures dans ce lieu de culte grand comme un mouchoir. Le jusant éloigne la mer après avoir rempli les bassins de salines au pied de la forteresse. Marie erre le long des remparts, exilée, elle sait qu’elle n’est plus qu’un nom sur la liste exhaustive des maîtresses du jeune roi. L’exécution de son amour menée par son oncle au nom de la raison d’état l’a prise au dépourvu. Elle se sent complètement abandonnée comme cette citadelle aux coûts dispendieux, qui n‘a jamais servi et gît comme une épave loin du rivage. - Elianor a écrit:
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Dès que le carillon eut annoncé le départ du dernier client, ravi d’avoir acheté un lot de mouchoirs brodés main dont le coût dispendieux le réservait à une riche clientèle, Iris attrapa en vitesse son sac et son manteau, claqua la porte du magasin et se précipita dans la ruelle. Moins de cinq minutes plus tard, elle marchait sur les remparts, inspirant à pleins poumons l’air salin. Elle s’arrêta à son endroit favori qui permettait d’avoir une vue exhaustive sur la côte. Et dire qu’il y a quelques centaines années, c’est dans cet endroit si magnifique qu’avaient lieu, au plus fort du jusant, les exécutions de pirates. - Rosalind a écrit:
Il ne peut plus soutenir ce train de vie dispendieux. Il a dressé la liste exhaustive de ses dettes, le carillon d’une ruine prochaine tinte à ses oreilles. Ce soir il met son plan à exécution. Une barque l’attend sous les remparts, près des salins. Le jusant l’emportera vers un avenir incertain. Il laisse tout derrière lui à part ce mouchoir brodé, souvenir de celle qu’il quitte à jamais.
Dernière édition par Fauvette le Dim 23 Aoû 2020 - 22:04, édité 1 fois |
| | | Fauvette Bluebird on a White Cliff
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| Sujet: Re: Jeu littéraire pour chasser les idées noires : les textes ! Dim 23 Aoû 2020 - 22:03 | |
| 1er/2 juillet 2020 - Elianor a écrit:
- Heure, étincelle, mystérieux(se), cage, azur, satin, droit(e,) frôler.
- Spoiler:
- Ludi a écrit:
C'est l'heure ! Anna s'avança sur scène dans son beau costume de satin bleu azur, en veillant à rester bien droite malgré le trac. Le magicien tendit la main vers elle pour la présenter. Elle frôla les doigts de sa main tendue. Le public applaudit puis retint son souffle alors que s'installait une atmosphère mystérieuse. Avec l'aide du magicien, elle monta dans la cage. Il fit de petits mouvements avec sa baguette, prononça la formule consacrée et pfft... Elle disparut dans une pluie d'étincelles ! - Rosalind a écrit:
- Elle était d’une sombre beauté, vêtue de satin blanc. Pourtant, dès les premières heures de son mariage il sut qu’il avait commis une erreur. L’étincelle de folie est devenue un brasier, la confinant dans la cage de sa démence. Il a frôlé le désespoir, est devenu amer et désabusé.
Aujourd’hui, un mystérieux hasard a conduit jusqu’à lui cette douce jeune fille. Auprès d’elle il le sait, les ténèbres pourraient faire place à l’azur d’un pur bonheur. Mais en a-t-il le droit ? - Annwvyn a écrit:
L’étincelle crépita dans l’air, et le réchaud brûla bientôt de flammèches azur. A cette heure avancée de la nuit, tenant bien droit la casserole au-dessus du feu, les chauves-souris lui frôlant le dessus du crâne, le vieil Errol prenait les airs mystérieux des vagabonds des contes d’antan. L’eau frémissait, et la coquille de l’œuf, à la douceur de satin, cognait gentiment contre sa cage de ferraille. - Lily of the valley a écrit:
Lorsqu’il entre, l’azur du ciel d’été griffé du vol des martinets laisse déjà place à un velours sombre où étincellent les premières étoiles. C’est l’heure mystérieuse, l’heure du basculement, l’heure du songe. Les sons de la nuit émergeront bientôt derrière les larges baies, mais pour l’instant un silence feutré règne sous les hautes voûtes, juste entrecoupé d'à peine perceptibles bruissements. Il sent sa cage thoracique se gonfler du plaisir à venir, mélange d’appréhension et d’excitation. Il s’avance lentement, sa main se tend et frôle une courbe au satin parfait, caresse en tremblant la douceur offerte. Il s’assied sur le coussin de velours, parfaitement droit, figé dans l’attente. Il ouvre un bouton de sa veste, est tenté de faire de même avec sa chemise, la soirée est si étouffante. Puis, dans le silence maintenant attentif qui l’entoure, il pose ses longs doigts sur les touches d’ivoire. - Clinchamps a écrit:
Le livre d’heures est ouvert sur le lutrin, la lueur pâle du vélin satiné ressort dans le clair-obscur de la salle du trésor, à l’intérieur de la cage de verre qui le protège. Il est ouvert à la page d’une enluminure où s’entremêlent de mystérieux personnages dans de sombres entrelacs. Là, l’artiste a posé une étincelle d’or sur l’auréole d’un ange aux ailes d’azur, et là une goutte de pourpre figure la langue d’un démon grimaçant frôlant la tige droite d’un lys jaillissant vers la courbe de la lettrine que le copiste a transformée en univers de magie. - L’Ami a écrit:
Écoute-moi bien le mousse, ici il n’y a pas d’heure, c’est la gamelle du matin, du midi et parfois du soir. Ici on ne fume pas, trop de bois, l’étincelle c’est ce qui met le feu au canon, ou au pistolet. Le mystère, c’est de ne pas savoir jusqu’au dernier moment si tu finiras dans une cage en fond de cale, pendu au mât de misaine, ou de voir flotter notre pavillon sur un fond d’azur. Quant au satin, n’y pense pas, sauf si tu vas le chercher sur les galions espagnols. Puis une fois pour toute, la droite ça n’existe pas. C’est tribord ou bâbord. Dernier conseil : n’accepte jamais qu’on te frôle sauf si c’est une balle ou une lame de sabre. 03/04 juillet 2020 - Ludi a écrit:
- Parapluie, Papillon, Blé, Détour, Perdre, Charme, Main, Rire.
- Spoiler:
- L’Ami a écrit:
Sous un soleil de plomb il ne dispose que d’un parapluie pour se protéger. De retour du bagne Papillon redécouvre les champs de blé puis les châtaigniers de sa terre natale. Ce détour par l’Ardèche lui semble indispensable pour cesser de perdre ses souvenirs d’enfance. Accroupi à la source du Peschier, il lape comme un jeune chiot cette eau au goût métallique. Le charme libère soudain ses souvenirs de gamin. Il se redresse, la bouche, le nez, ses mains rouges de rouille, et son grand rire dévale les pentes du volcan pluri-millénaire. - Lily of the valley a écrit:
La petite gerbe de blé est déjà brunie par l’eau que l’ire des cieux déverse sur la clairière. La faveur bleue nouée autour des tiges ondule lourdement sous le vent violent comme l’aile d’un papillon agonisant. Katell a replié son grand parapluie, rassemblé ses épaisses jupes noires brodées de volutes couleur d’ajonc et s’est agenouillée en tremblant sur la tourbe détrempée. Elle sait que ce qu’elle fait est mal, le recteur l’a dit ce matin à l’office en tendant une main osseuse et sentencieuse au-dessus de la petite communauté, affirmant sans détour que les adorateurs païens rôtiront en enfer. Les grandes coiffes blanches ont alors frissonné de terreur et Katell a étouffé un petit rire. Elle sait que son âme n’a plus rien à espérer. Au-dessus d’elle, les charmes pleurent pour la fille perdue qui voue son destin aux pierres ancestrales. Au milieu du cromlech, elle lève son offrande vers le ciel tumultueux et entame la litanie antédiluvienne qui doit faire disparaître la trace de son péché. - Ysabelle a écrit:
Clinchamps était debout face à son chevalet. La main précise, laissait apparaître comme par magie, des champs de blé dorés sous le bleu éclatant du ciel. Au détour d'un geste, des créatures de rêve viennent s'y perdre avec délice. On aperçoit des papillons déployant avec charme des ailes multicolores, et on croit presque entendre le rire sonore des piverts. Comme une signature, gisait voluptueusement un parapluie rouge, au pied d'un olivier. - Rosalind a écrit:
Les épis de blé dorés ont été moissonnés, la récolte abondante engrangée. Après le dur labeur voici venu le temps des réjouissances. En cette chaude soirée d’été la fête traditionnelle rassemble tous les villageois sous l’immense parapluie de la voûte étoilée. Les mains se tendent pour former une joyeuse farandole dans les rues du village, devant le regard souriant des vieux assis sur les bancs de pierre. Au centre de la place, le feu de joie crépite et son charme dangereux attire les papillons de nuit qui viennent s'y brûler les ailes. Les garçons s’amusent à franchir le brasier d’un bond, il ne s’agit pas de perdre la face devant les filles dont les rires stimulent les moins audacieux. Pour certains la fête se terminera par un détour vers les meules de foin… - Clinchamps a écrit:
Un papillon est entré par la lucarne ouverte de l’atelier sous les combles. Vite, vite, dehors, je déteste ces bestioles ! Du coup je fais tomber le parapluie ouvert qui concentre le faisceau de la lampe orienté droit sur la toile. Un détour du chevalet, un peu d’exercice et tout est remis en place. Le pinceau en main, je m’imprègne du visage de mon modèle. Il n’est pas blond comme les blés, oh non ! il est d’un pays aux chevelures sombres et fournies. Mais quel charme dans son sourire, et comment ne pas se perdre dans le regard brun doré, le rire du coin de l’œil, la main élégante négligemment posée par le bout de l’index sur le menton au contour ferme, la colonne ronde du cou et l’attache parfaite des épaules… Allez, je me jette à l’eau et le pinceau trempé dans un beau bleu outremer, je trace d’un geste un peu tremblant la ligne de la pommette… 06/08 juillet 2020 - Lily of the valley a écrit:
- Dévoiler, carafe, chance, moite, sucre (ainsi que verbe ou adjectif), œuf, vaciller, chèvre.
- Spoiler:
- Ludi a écrit:
Elle allait devoir s'entrainer encore pour avec une chance au concours de crêpes. Elle avait les mains moites de trac. Son mari allait finir par la rendre chèvre avec ses encouragements, alors elle le renvoya un peu sèchement. Mais il ne lui en voulait pas, il savait qu'elle était stressée. Elle regarda la table devant elle : les œufs, le sucre, le lait. Parfait ! Et son secret, la carafe de cognac posée dans un coin pour apporter une touche en plus. Elle ne devait pas vaciller : c'était la recette de se grand-mère qu'elle dévoilait demain. - Rosalind a écrit:
Avec l’agilité d’une chèvre, le gamin bondit sur le sentier escarpé au flanc de la falaise. Puis, en rampant, il parvient au nid où la femelle couve. Elle s’éloigne de quelques mètres, dévoilant trois gros œufs tachetés de brun. Prestement, il en saisit deux qu’il enveloppe dans un mouchoir. Gare à l’oiseau qui se rapproche de façon menaçante, et manque de le faire vaciller. Il recule, s’enfuit vers sa maison et dépose fièrement son larcin dans un panier. Encore tremblant, les mains moites, il boit l’eau fraîche de la carafe. Peut-être se fera-t-il gronder pour son imprudence. Mais si par chance sa mère prépare des galettes sucrées ce soir, il espère avoir le droit d’y goûter. - L’Ami a écrit:
Ne pas dévoiler trop tôt ses projets, se dit-il en saisissant la carafe de vin étincelante sous les rayons du soleil couchant. De sa carrée, il fixe la dernière goélette du convoi, trop lourde, elle peine à la traîne. Avec un peu de chance ses hommes l’attaqueront brutalement dans la moiteur de la nuit. Chargée d’épices, de sucre et d’or, elle retourne vers Cadix. Les Espagnols ont réparti leurs richesses dans chaque bateau. C’est bien, de ne pas mettre les oeufs dans le même panier. Sa détermination ne vacille pas, une fois abordée et réduite à merci, ils transfèrent le tout par la chèvre du grand mât. - Ysabelle a écrit:
Les narines furent les premières à frémir. Une agréable odeur de sucre vanillé le tira de sa torpeur. Les yeux s'ouvrirent petit à petit pour se poser sur une table où étaient posés des plats qui semblaient appétissants, une carafe contenant du lait de chèvre probablement, des œufs brouillés, et des fruits. Il vacilla en essayant de se lever. Ses mains moites ne parvinrent pas à s'accrocher à la rampe du lit et il finit par se laisser glisser à nouveau sur l'oreiller. Un rideau tiré subitement dévoila une autre présence sur les lieux. Celui auquel il devait sa vie se présenta devant ses yeux. Il lui recommanda de se reposer encore et l'aida à s'alimenter. Il a eu une chance inouïe. Son aventure était plutôt du type périlleux. - Lzinzinule a écrit:
A l’odeur de chèvre, il restait 45 pas à découvert. Elle fit instinctivement une pause, antennes en l’air. Réfléchir ? Trop risqué. Ignorant les restes du plateau à fromages, elle contourna la carafe et s’avança. La partie la plus dangereuse de la cuisine était à l’instant baignée de soleil. Ses pattes martelèrent la lumière. Elles crépitaient sur le marbre de la crédence encore moite des vapeurs de la bouilloire comme sur un lac gelé. Ses minuscules empreintes allaient-elles dévoiler sa présence ? L’idée frôla sa conscience, manquant un instant de la faire vaciller. Par chance, elle aperçut en même temps l’oasis de la boîte à œufs. Dernier sprint pour s’y engouffrer, le cœur battant, l’exosquelette en écho. A quelques centimètres se dressait le graal : la montagne de sucre dont raffolait toute la fourmilière. 10/11 juillet 2020 - Ysabelle a écrit:
- Ardoise, Cathédrale, Parc, Églantine(s), Fiacre, Lac, pensif(ve,) déambuler.
- Spoiler:
- Lily of the valley a écrit:
L’orage a rendu les ardoises glissantes et les hirondelles semblent vouloir prendre Félix pour cible de leurs piqués vertigineux alors qu’il déambule avec grâce sur la toiture du manoir. Il les esquive et s’assied, respirant les bouffées suaves de l’églantine odorante qui enlace les tourelles Au-dessus du lac, au fond du parc, la brume se lève, l’air vibre, intense. Il baisse le regard vers les topiaires. Là, le nouveau jardinier, un jeune homme d’à peu près son âge, enveloppé dans le grand tablier de son prédécesseur, est accoudé sur une pelle et tient un cahier à la main, pensif. Il ressemble au Saint Fiacre de vitrail de la cathédrale. Félix se concentre sur lui, la main tendue. Alors il sent la chaleur qui vibre dans ses tempes. La lumière s’intensifie, un frisson le traverse et lorsque le flot brûlant atteint ses doigts, sa main confiante ondule, et d’un mouvement souple du poignet, il fait tomber le cahier. Un geste agacé le déséquilibre. Ce n’est pas assez, il doit apprivoiser le don. - L’Ami a écrit:
L’ardoise va être lourde, plus de cathédrale pour s’entendre prier, son parc plombé de cendres assassines. Mademoiselle Églantine et Monsieur de Saint Fiacre ne se marieront pas à Notre Dame du Lac. Pensifs, bras dessus bras dessous, ils déambulent avec tristesse, parmi les fumeroles et les braises moribondes. Hors compétition D’ardoises ou de lauzes, les toits sous la pluie prennent la couleur du deuil. Même la cathédrale de basalte reste terne sous le soleil, son parc de buis, de résineux absorbe la clarté. Il faut attendre la Saint-Jean d’été pour découvrir l’églantier des chiens enluminer la nature, pérorer avec les hortensias azurés. Toutes ces images se bousculent dans la tête de Blaise. Pour son expérience sur le Puy-de-Dôme il loue un fiacre, il retient la commodité, et l’idée d’un transport en commun au prix partagé par les bénéficiaires du trajet. Il longe un lac ? il s’intéresse aux ondes glissant sur l’eau, phénomène de fluide, murmure-t-il, à voir. Pensif, en déambulant dans les jardins de Port-Royal des Champs, il convient qu’il est urgent d’écrire, ses réflexions, ses pensées. - Rosalind a écrit:
Le frère herboriste déambule dans le parc du monastère, à la recherche de simples. La consoude contre les gerçures, l’achillée souveraine pour soigner les blessures et gerçures, l’herbe de Saint-Fiacre contre la toux. Arrivé au bord du lac, il contemple, pensif, les eaux calmes reflétant le ciel gris. Il lui tarde de se recueillir comme chaque année dans la paix de la cathédrale aux toits d’ardoise, s'il peut se joindre à un groupe de pèlerins.
Assez rêvé, il se hâte vers son herbarium, l’esprit déjà occupé aux nombreuses tâches qui l’attendent. En chemin il cueille quelques feuilles et fleurs d’églantine, sa tisane est fort appréciée par les frères. - Lzinzinule a écrit:
Les églantines semblaient déambuler de part et d’autre du parc comme pour mieux souligner les reflets scintillants du trésor qu’il abritait : un minuscule lac. Ou plutôt une ébauche de lac. Nul n’avait songé à parler d’étang, car un étrange et délicieux jeu de lumière effaçait et redessinait sans cesse les limites de cette nappe d’eau vivante qu’on aurait dit déposée par le vent une nuit de Noël. En contrebas, je distinguai l’océan d’ardoises recouvrant fièrement le toit de la cathédrale. Je crus soudain percevoir le bruit d’un fiacre derrière moi. Mais ce n’était que le crépitement des souliers des enfants sur le parquet du musée. J’avais l’air si apaisé, pensif, envoûté peut-être, qu’ils attendirent une bonne minute avant de m’inviter à les rejoindre pour le goûter. 12/14 juillet 2020 - Lzinzinule a écrit:
- drakkar, macarons, écho, teinter, bergamote, respiration, chahuter, magnétique.
- Spoiler:
- Ysabelle a écrit:
Elle sirotait lentement son thé à la bergamote, accompagné de délicieux macarons. Elle s'était autorisée une petite incartade au régime recommandé par son médecin. Son cerveau était obnubilé par ce que sa voisine lui a raconté ce matin. Elle réfléchissait dans le calme de son jardin, à peine perturbée par le passage d'un groupe de gamins qui chahutaient. Elle réussit à distinguer vaguement la respiration d'un chien qui les accompagnait. Comme par un effet magnétique, son regard était rivé sur la sculpture d'un drakkar teinté ocre. Elle faisait écho à ses pensées qui naviguaient bien loin en ce moment. Une jeune fille qui disparaît sans laisser de trace était un fait rarissime par ici. Voilà un bel exercice pour les cellules grises toujours alertes, de la vielle dame. - Rosalind a écrit:
Louise retient sa respiration et reste figée, sa tasse de thé à la bergamote tremble dans sa main. Elle repose le macaron qu’elle se préparait à savourer. Comme un écho lointain, une vision de drakkar flotte à la limite de son esprit. Elle secoue la tête, ses lunettes chahutent, son livre roule à terre. Ses joues se teintent de rose tandis qu’elle croise à nouveau le regard magnétique de l’homme à l’allure de guerrier viking. - L’Ami a écrit:
Son drakkar effleure les crêtes des vagues, Hilda, d’une main cramponne l’étrave tandis que l’autre libère prestement ses macarons malmenés par le vent de noroît. Au son de sa corne signalant l’iceberg, répondent en écho celles des autres bâtiments de la meute, noyés dans la brume. Sa cape teinte en rouge, brûlée par le sel, le soleil, exhale encore l’huile de bergamote qu’elle conserve dans une fiole rapportée des terres du sud. Une aubaine, pour masquer leurs haleines de hareng, le suint de leurs habits, leurs respirations, et la sueur de ces guerriers rameurs. Prêts à chahuter à longueur de journée, ils l’épuisent, toujours grandes gueules, bruyants. Mais, quand il faut partir au combat, elle savoure ce frisson envahissant, par le magnétisme qui émane de leur courage. - Clinchamps a écrit:
A sa fenêtre, elle écoute la grande respiration du ressac, le choc des vagues qui chahutent les galets, les roulent et soufflent en se retirant. L’écho d’une sirène de bateau déchire la brume que le soir teinte de rose. Elle pense que demain le macaron portant la silhouette d’un drakkar de l’agence de voyage sera collé sur la valise, car demain finira bien par arriver et elle partira pour accomplir son rêve. Ce pays lointain au pouvoir magnétique l’attire depuis toujours, son histoire millénaire, sa mer d’azur, sans brume, bordant des côtes où le parfum des fleurs d’oranger, de bergamote et de citronnier parfume la brise de l’aube. Demain… - Lily of the valley a écrit:
Alors que l’horizon se teinte de pourpre, un infime souffle effleure les hautes herbes. La terre exhale une fraîcheur humide presque insaisissable annonciatrice du crépuscule mais la touffeur de la journée serpente toujours entre les feuillages. A travers ses paupières mi-closes, la grosse branche du saule, calcinée par un orage, se déguise en proue de drakkar à la fois menaçante et protectrice. Après avoir chahuté comme des enfants, ils se sont affalés là, dans la fraîcheur de la berge, où l’air, étrangement, fleure la bergamote. Souvenirs de macarons et de lait frais, parfums d’enfance et d’innocence. Au loin, deux rossignols se font écho, se gargarisant d’été. Il tourne lentement la tête et l’observe. Sa respiration régulière fait voleter une petite mèche de cheveux, ses longs cils dessinent des ombres son ses pommettes. Il voudrait tendre un doigt vers ces ombres, ne serait-ce que pour entrapercevoir le bleu de ce regard magnétique, mais rien de doit interrompre la magie de cet instant. - Lzinzinule a écrit:
Comme à chacune de leur excursions, Sophie trempolinait d’un bord à l’autre de la poche du bon gros géant. Elle ne tremblait plus désormais d’être ainsi chahutée. Bercée par la respiration magnétique du BGG, elle voyageait comme un parfum de bergamote, aussi légère qu’une miette de macaron -ces croque en douce si moellissimeux ! - comme il les appelait. Soudain, elle retomba pour de bon au fond de la poche. Le BGG s’était figé. Ses oreilles immenses, capables d’entendre « tous les murmures du monde » avaient capté l’écho d’un vrombissement assourdissant. Le danger devait être à plus de 100 lieues. Mais il était réel. Le BGG décala ses pas vers l’ouest et s’enfonça prestement dans la forêt. Sophie sentit la démarche de son ami maintenant teintée d’un mélange de crainte et d’excitation. Elle comprit vite pourquoi. Sur le fleuve qu’on distinguait à travers les feuilles, un drakkar venait d’apparaître, glissant sur le courant avec majesté. 16/17 juillet 2020 - L’Ami a écrit:
- Masque, Allemande, Rugueux, Aurore, Âpre, Câlin, Faillir, Thé.
- Spoiler:
- Rosalind a écrit:
Âpre et dangereuse était la vie à l’heure allemande. Pas question de baisser les masques. Ceux qui n’ont point failli écoutent la radio anglaise à l’heure du thé. « L’écorce du chêne est rugueuse. » « La marquise a le hoquet ». « Le bébé aime les câlins ». Les messages sibyllins portent l’espoir, et présagent l’aurore d’un monde nouveau. - Clinchamps a écrit:
L’aurore est encore lointaine. Le moment des câlins est passé, elle a remis son masque qui la garde dans l’obscurité. Mais le sommeil a failli venir, et s’est enfui. Elle descend, pieds nus sur la natte rugueuse de l’escalier, son kimono d’intérieur en soie traînant sur les marches. L’eau bout, elle la verse sur la poudre verte, la fouette de bas en haut, comme le veut la tradition, met dans sa bouche la sucrerie qui en atténuera le goût âpre, et déguste son thé macha, assise sur le tatami du salon. Elle contemple rêveusement la gravure allemande ancienne, souvenir d’un séjour en Europe, qui orne le tokonoma, au-dessus d’un ikebana de chatons de saules. - L’Ami a écrit:
Au bal, porter un masque ne garantit aucunement l’anonymat, dansez une gavotte, une allemande, un menuet, vous révélez par votre grâce ou une attitude rugueuse, empruntée, le fond de votre personnalité. Même après la fête, aux aurores, le corps ne triche plus, l’âpreté à se coucher se fait ressentir, un câlin n’est plus de mise. Qu’importe le paraître, le bon goût, les bonnes résolutions. L’urgence, retirer ses chaussures, se réfugier sous les draps, faillir à toutes obligations de sa personne et surtout se laisser sombrer, lourdement, dans les bras de Morphée. Après, seulement après, viendra le temps du thé chaud, et de la brioche. - Ysabelle a écrit:
Dans ce coin de paradis perdu, les douces aurores jetaient leurs derniers câlins sur la vallée, tandis que commence à souffler l'âpre vent sur les collines. Les arbres emmitouflés dans les rares feuilles couvrant leurs branches rugueuses, tentent de préserver un semblant de dignité. Ce masque subsistera encore quelques semaines, mais ne pourra cacher une nudité inéluctable. Ce dépouillement extrême, épargnera toutefois, l'arbre à thé. Il gardera sans jamais faillir, ses belles feuilles duveteuses, dodelinant lentement au rythme de l'allemande. - Lily of the valley a écrit:
L’aurore jette ses feux de quartz rose sur la rivière d’où s’élève la brume d’été comme les volutes de vapeur au-dessus de la tasse de thé qu’il n’a pas pris le temps de boire. L’eau spirale silencieusement autour du bois de la pagaie, enveloppe la barque d’un câlin de fraîcheur. Sans faillir, l’homme avance dans l’ombre des grosses branches rugueuses qui plongent dans les profondeurs de véronèse. Le fond de la barque racle les pierres rougeâtres du fond de la rivière, tangue un instant puis s’immobilise. Il la tire un peu plus haut sur la berge puis s’enfonce dans le bois, ignorant le panneau de bois écaillé, où, presque masquée par les lichens, s’étale la menace en grande lettres allemandes : « propriété privée, danger pièges ». Il remarque à peine les girolles lovées au creux des racines d’un gros chêne, ni les quelques prunelles encore trop âpres pour être récoltées. Dans un coin de son cerveau, toutefois, l’endroit s’est gravé, pour plus tard, si jamais ... mais aujourd’hui, rien ne le détournera de son but. - Lzinzinule a écrit:
Aurore ignora les démangeaisons. Le contact permanent de ce masque âpre avait enflammé son eczéma en quelques heures. Mais son cerveau refusait toute information qui la détournait de l’essentiel : préserver la quiétude et le soulagement de ces moments post opération. « Toute infection pourrait lui être fatal » avait prévenu le chirurgien. Aurore souleva le plateau où reposait le thé et les tartines rugueuses couvertes de miel. Il n’était pas question de faillir. Elle inspira longuement, se dirigea vers la porte, ouvrit. Le sourire de l’enfant illumina la pièce tandis qu’il s’écriait : « oh, mes préférées ! », reconnaissant la marque allemande si gourmande. Aurore sourit à son tour et réclama : « et mon câlin ? » - Ludi a écrit:
Le thé trop infusé lui laissé un goût âpre dans la bouche. Elle leva la tête et regarda le visage figé tel un masque de la femme allemande assise en face d'elle. Elle faillit ajouter quelque chose, mais à quoi bon. Elle l'aurait bien prise dans ses bras pour un câlin consolateur, mais ça n'était leur genre, ni à l'une, ni à l'autre. Elle effleura de ses doigts le bois rugueux de la table, puis leva les yeux vers le ciel. L'aurore pointait déjà, pleine de la promesse d'un jour meilleur. - Elianor a écrit:
Accoudée à la balustrade rugueuse, elle observait le ciel se teinter des lueurs rosées de l’aurore, cachée derrière son masque. L’esprit embrumé par le manque de sommeil, elle faillit bousculer la petite bonne allemande qui apportait aux derniers convives des tasses de ce thé âpre qui est supposé dissoudre la fatigue. Sans la regarder, elle murmura quelques vagues excuses d’une voix câline avant de disparaître à l’intérieur de la maison. 18/19 juillet 2020 - Clinchamps a écrit:
- Douleur, sommeil, épaule, (s')évanouir, corbeille, cristallin, livide, ailleurs.
- Spoiler:
- Fée clochette a écrit:
La douleur m'habite et le sommeil me fuit. Furtive souvent, la réminiscence de leurs présences qui murmure à mon oreille ou effleure mon épaule s'invite, puis peu à peu la sensation s'évanouit. Je saisis ma corbeille, descends dans le jardin cueillir les fleurs semées par leurs soins. J'installe le splendide vase saint louis sur le centre de la table, l'eau des fleurs, cristalline sous les rayons du soleil, s'illumine. Je contemple l'oeuvre florale éphémère, curieusement triste, livide et heureuse aussi ! Mon esprit gamberge et lutte pour m'envelopper de souvenirs joyeux. Même s'ils sont partis, pour un ailleurs où je suis absente, tous les jours je change l'eau des fleurs... - L’Ami a écrit:
Un cauchemar suivi d’une douleur phénoménale, je suis attaqué en plein sommeil, à l’épaule, par un chat psychotique. Évanoui dans la maison, je le traque et finis par le débusquer dans la corbeille à linge sale, trahi par ses yeux cristallins entre un slip et une chaussette. Il a peur, livide. Oui, parce que c’est un Sphynx du Don, très laid, sans poil, du genre « type hyper actif » même au repos. C’est pas un cadeau, d’ailleurs si, de mon ex-femme qui a préféré partir, ne nous supportant plus, le chat ce cosaque d’opérette, et moi. - Ysabelle a écrit:
Ses frêles épaules semblent porter le poids des misères d'ici et d'ailleurs. Son visage livide, donne l'impression qu'il pourrait s'évanouir à tout moment. Pourtant, il possède une force extraordinaire ! Comme s'il avait le don d'ubiquité, il était présent partout où on avait besoin de lui. Le sourire éternel, une corbeille à la main, il distribue des victuailles, apaise les douleurs, apporte le réconfort... Parfois, quand il dispose d'un peu de temps, il se joint à la chorale, mêlant aux voix cristallines, une note chaude et bienveillante. Il dort peu, mais du sommeil des justes. - Rosalind a écrit:
Je m’éveille, l’esprit embrumé, encore dans le monde d’ailleurs où le sommeil m’a fait voyager. J’ouvre la fenêtre, trop vite, mon épaule heurte le battant. La douleur fuse, intense, puis s’évanouit. Pendant quelques jours une marque livide me rappellera ma maladresse. Une de plus, je les collectionne ! Bien cachée dans l’épaisseur du feuillage du micocoulier, la fauvette zinzinule, son chant joyeux s’égrenant en notes cristallines. De la cuisine me parviennent des bruits familiers. Le café passe en glougloutant, le thé infuse, une bonne odeur de pain grillé se répand. Ah des abricots tombés de l’arbre ! Vite avant que les fourmis ne les trouvent, remplissons la corbeille. Les cigales entonnent leur stridulation lancinante, une belle journée s’annonce. - Lily of the valley a écrit:
Vengeance. Le mot résonnait étrangement, il avait des accents rudes de combats ancestraux, des odeurs métalliques de sang versé au nom de l’honneur. Était-ce là l’unique façon mettre la douleur en sommeil ? Il avait cessé de penser raisonnablement, comme l’être civilisé et éduqué qu’il avait été avant de se retirer du monde si lumineux qu’un instant d’inattention, une ignominie, avait obscurci en quelques secondes. Cet ailleurs qui s’était évanoui et dont ne lui revenaient que des visages livides, la chaleur d’une main sur l’épaule, des mots de compassion maladroite. Il s’avança sous les branches basses, au milieu des ronces qui lui disaient de renoncer. Il atteignit le haut mur qui ceignait la propriété. Sur une table de fer forgé, une corbeille de brioches, une théière et une carafe de jus de fruit attendaient les convives. Il arma sa carabine et au clac sec qu’elle émit, se mêla le rire cristallin d’une fillette. Il sut, alors qu’il s’effondrait à genoux, qu’aucune vengeance n’effacerait jamais la douleur. 21/22 juillet 2020 - Fée clochette a écrit:
- chat ou chatte, turbulence, tuile, abricot(s), araucaria, source, fantaisie, luciole.
- Spoiler:
- Ysabelle a écrit:
- Thomas et sa sœur riaient aux éclats depuis un moment, dans le jardin ! Curieuse, je me suis approchée pour voir la source de cette gaieté. Ils visionnaient pour la énième fois, "La palette de tuiles" le sketch de Marc Jolivet. La petite tablette luisait telle une luciole dans le crépuscule. A côté d'eux, Abricot le chat, ajoutait à l'hilarité avec ses turbulences. Vite, Il faut que je protège le jeune Araucaria, si je veux voir grandir, ma dernière fantaisie.
- Lily of the valley a écrit:
Du haut de ses 155 centimètres et 95 ans -et demi-, Alice grogne. Elle fulmine, même. Il y a des turbulences dans sa cervelle et des chats enragés dans ses pensées. Désespoir des singes, désespoirs des voisins, oui, s’énerve-t-elle en fusillant du regard l’araucaria gigantesque, dragon hérissé dont les pattes ont encore poussé et qui tend des griffes menaçantes vers la fenêtre de sa chambre. Elle se hausse sur la pointe des charentaises et observe attentivement le jardin des nouveaux voisins. Des Parisiens, forcément. Y en a de plus en plus de c’t’ engeance-là, la source a pas l'air de tarir. Une tuile que la Josette ait cassé sa pipe avant d’avoir abattu ce fichu goupillon. Et les Parisiens ont l’air d’y tenir. Et puis c’est quoi cette fantaisie de l’entortiller de guirlandes électriques ? Dans le temps, quand on se promenait, on voyait des lucioles, maintenant, ils vont les chercher chez Giffi. Alice tire les doubles-rideaux, la cantonnière dansant un temps le cancan sous la force du geste, puis elle descend à la cuisine où les bouillons de sa confiture d’abricots font écho à sa colère. - Rosalind a écrit:
Les turbulences avaient duré toute la nuit, et des lueurs inquiétantes, comme des milliers de lucioles, avaient troué les ténèbres. Au matin, au dehors pas un chat, mais des branches, des tuiles arrachées et divers débris jonchant le sol. Dans le jardin les fruitiers ont souffert, ni cerises ni abricots l’été prochain. Quant à l’araucaria, il gît sur le flanc, déraciné tel le chêne de la fable. Quelle cruelle fantaisie de la météo a causé ce désastre ? de source autorisée, une violente tempête qui a traversé le pays en dévastant tout sur son passage. - L’Ami a écrit:
Oui, je suis un sphynx du Don, plus communément appelé chat sans poil (une idiotie de plus). D’une turbulence redoutable (encore une ineptie), juste boute-en-train, vivant, gai. Comme quoi ce serait une tuile, la fin des abricots, non, des haricots (comme disent les hommes, je crois), d’avoir cette espèce chez soi. Caressez un Araucaria (tenez, demandez aux singes), puis caressez-moi, vous verrez la différence. Cette douceur soyeuse de mon pelage quasi inexistant, un velouté, une source de sensations tactiles extatiques. Adoptez-moi, cédez à cette fantaisie. Et mon regard, profond, lumineux, deux belles lucioles dans la nuit. Haaargh, que je m’aime. 24/25 juillet 2020 - Lily of the valley a écrit:
- riz au lait, lièvre, vierge, miniature, gousset, mignon, approximation, (s') abandonner.
- Spoiler:
- Fée clochette a écrit:
J'ai toujours détesté le riz au lait et le civet de lièvre, mais lorsque je fus invitée chez ma future belle famille (fervents chasseurs) ces plats me furent servis ! courageusement, j'évitai de faire ma vierge effarouchée et je mangeai en pensant que ce n'était qu'un mauvais moment à passer. Fixant tour à tour une miniature persane suspendue au mur, puis l'antique montre de gousset assez mignonne qu'un vieil oncle arborait sur son gilet d'alpaga, j'absorbai la nourriture en espérant, que ce sacrifice ne serait pas vain. Las, je m'étais trompée dans mon approximation, car chaque fois que je mangeai chez eux, j'étais presque paniquée en pensant aux plats sur leur table et prête à abandonner l'invitation pour d'autres activités plus réjouissantes. - L’Ami a écrit:
J’abhorre le riz au lait, ma nouvelle propriétaire que j’honore de ma présence s’en fait une spécialité, tu parles. Je pense avoir levé un lièvre quant à ses qualités de cuisinière. Nourrir un chat de riz au lait, ridicule ! Elle est vierge, plus exactement du signe de la vierge, c’est à dire modeste et tatillonne. Je confirme, modeste en connaissances culinaires, tatillonne côté portefeuille, au regard des portions miniatures côté gamelle. C’est pas gagné, l’affaire est loin d’être dans la poche, voire juste dans un gousset. Toutes ses amies me trouvent mignon, non mais, pourquoi pas croquignolet pendant qu’on y est, c’est quoi cette approximation. Adorable oui, délicat oui, cela me semble plus approprié. Pensent-elles que je vais m’abandonner à ces caractéristiques emblématiques de chats de gouttières. - Rosalind a écrit:
Ce dimanche matin Marcel a rejoint Lili dans les collines. Au petit jour les fils de la Vierge, délicates miniatures emperlées de rosée, scintillaient aux premiers rayons du soleil, puis très vite la chaleur a gagné, exaltant les senteurs de thym et de sarriette. La veille Lili avait tendu des collets. Cette lièvre je l’aurai avait-il juré. J’ai vu ses pétouliés, dans le vallon sous la Tête ronde. Les deux amis, heureux d’être ensemble, n’ont pas vu le temps passer, et c’est un grondement de son estomac qui rappelle à Marcel le repas dominical. Par approximation il est plus de deux heures au soleil. Abandonnant son ami il dévale le sentier et arrive à bout de souffle. Son père consulte sa montre de gousset d’un air mécontent. Augustine dit d’une voix douce « Je t’ai gardé une part de riz au lait, je sais que c’est ton péché mignon. » - Ysabelle a écrit:
"Si tu arrêtes de courir plusieurs lièvres, à la fois, tu auras plus de temps pour tes révisions, Thomas !" Déclara sa sœur en déposant du riz au lait sur la table. Elle a encore oublié qu'il n'aimait pas ça. Promis, il va finir ce texte qu'il a commencé et retournera à ses révisions. Il y a le mot gousset dont il n'est pas satisfait. Il a résolu le problème par approximation, mais il va falloir trouver un autre plus adapté. Comme sensible à ses préoccupations, le chat s'est approché de lui. "Comme c'est mignon. Toi au moins tu me comprends" lui dit Thomas. Il replongea aussitôt dans ses pensées, ses doigts jouant avec un autre chat miniature accroché à son stylo. Il s'est encore une fois abandonné à ses "escapades lyriques" et oublié qu'il a son Bac à passer. Les pages vierges destinées initialement à ses exercices de maths, noircissaient à grande vitesse. 27/28 juillet 2020 - Ysabelle a écrit:
- Travers, (ou à travers) champs, marée, laisser, repos, temps, noce(s) Symphonie.
- Spoiler:
- Fée clochette a écrit:
Dans l'immensité des prés salés de la baie, quelques points noirs lointains, vaguaient çà et là à travers champs et sur les lagunes, que la marée avait laissé. Des flaques d'eau salée au repos, sans une ride, miroir du ciel abritaient toute une faune marine qui attirait les rares pêcheurs à pieds.
L'aube grise, puis rose, annonça le temps des noces du ciel et de l'eau dans une symphonie de clochettes argentines suspendues aux cous des brebis qui s'égaillèrent soudain, dans les vastes étendues de salicornes. Le Mont Saint Michel en gloire, me transporta dans un monde parallèle comme si Lang Lang jouait "La Campanella" de List - les brebis, broutaient avec avidité, indifférentes. Quant à moi, les pieds dans l'eau, le sel sur les lèvres, je me sentis humble en fixant l'infini. - L’Ami a écrit:
Ils reviennent au bout de cinq mois de mers septentrionales, de leur campagne de Terre neuve. Par vent de travers, le long défilé, cahin-caha, sillonne les chemins en bordure des champs, accompagné de senteurs iodées de la marée montante, des binious-kozh, des bombardes, des vielles. Laissés au repos, après une dure période de pêche vient le temps des accordailles puis des noces. Les jeunes marins s’impatientent, les belles languissent. Les coiffes d’une blancheur éclatante bien accrochées, les chapeaux enrubannés bien enfoncés bravent le vent. Les couples bras dessus, bras dessous, rejoignent la chapelle Saint Pierre, patron des pêcheurs. Les bruyères en fête les accompagnent dans une symphonie de pourpres. - Lily of the valley a écrit:
Travers regarde avec désespoir ses chaussures s’enfoncer dans la boue du champ. Depuis qu’il a quitté l’uniforme pour grimper les échelons de la police, il se fait un honneur d’être toujours tiré à quatre épingles : costume trois pièces impeccable, chaussures scintillantes, cravate de soie. Depuis le temps, son coéquipier, Owen, Mr baskets-hoodie, aurait dû renoncer à se moquer gentiment de lui avec des « Alors Travers, tu vas à la noce ? », « Tu diriges quelle symphonie aujourd’hui, chef ? ». Il le laisse dire comme un grand-frère subit avec résignation les petites taquineries de son cadet. Mais là, c’en est trop, quelle idée d’aller se faire découper en tranches au milieu des bouses de vaches ? Il a besoin de repos, ça c’est sûr, mais avec cette nouvelle victime du « déchiqueteur du Michigan, il n’est pas près d’être libéré. Au bord du champ où les épis ondulent comme la marée montante, Travers pousse un long soupir, et Owen le pousse d’une main dans le dos vers les rubans jaunes qui cernent la scène de crime. - Rosalind a écrit:
Depuis toujours les habitants de l’île ont vécu au rythme des marées. Ceux qui ne pêchent pas s’activent sans trêve ni repos à la collecte du goémon et aux travaux des champs. Ce jour-là Yann arpentait la grève, à la recherche de vestiges laissés lors de la dernière tempête. A travers la brume de mer il aperçoit une forme échouée, et s’approchant il découvre une femme d’une beauté stupéfiante. Envoûté, sans prendre le temps de réfléchir, il la saisit dans ses bras. Alors, au son d’une étrange symphonie, la Morgane l’entraîne au fond des flots, dans son palais d’aigue-marine, pour des noces sans espoir de retour. 30/31 juillet 2020 - Rosalind a écrit:
- Pierre, voile, nef, dauphin, fleur, risquer, fatal, anneau.
- Spoiler:
- Fée clochette a écrit:
- La Völva l'exilait pour son crime ! Le fier viking jeta un dernier regard sur son petit village aux maisons de pierres, il huma le parfum puissant de la fumée de tourbe qui s'échappait des toits de roseaux. Ses fidèles compagnons hissèrent les voiles, les nefs bondirent sur l'onde, surprenant les dauphins à l'affût.
Il jeta en offrande des fleurs d'Islande à Njörd le dieu de la mer et il risquerait la navigation en haute mer. "Si la tempête nous est fatale, les places au banquet d'Odin sont réservées." dit-il. Cependant, après des jours de navigation, la terre verte surgit. Erick le Rouge se dressa sur la proue de son drakkar, remercia Njörd, saisit le vieil anneau rouillé d'amarrage qu’il avait transporté avec lui d'Islande, le planta dans le sol. "Compagnons, ôtez les têtes de vos dragons, ils orneront nos maisons, cette terre verte sera notre terre, je la nomme Groenland" - Ysabelle a écrit:
La légende dit que la pierre noire qui gît sur La rive du Dauphin, était autrefois un homme. Il avait décidé d'épouser sa fille unique et personne ne réussit à lui faire changer d'avis. Le jour des noces, la mariée arriva en pleurs sous son voile, entra dans la nef où des curieux s'étaient agglutinés depuis des heures. Au moment où l'homme s'apprêtait à passer l'anneau à son doigt, un élégant jeune homme, surgit, prêt à risquer sa vie, pour empêcher ce mariage. Il n'eut miraculeusement pas à subir ce sort fatal, car au même moment, l'homme fut pétrifié. Maintenant, tout autour de la pierre, on aperçoit une multitude de fleurs et de Larmes de Job. - Lily of the valley a écrit:
Le petit garçon respire à peine dans ses vêtements si lourds. Ses yeux se portent le plus loin possible au-dessus des têtes dont les chevelures pesantes ondulent gravement. La main de sa mère tremble légèrement dans la sienne mais il n’ose pas risquer un regard vers elle. Du haut de ses cinq ans, il sait qu’il ne doit pas. Il pense à ses soldats de bois restés figés au milieu d’une bataille. Son esprit vagabonde. Des mots qu’il ne comprend pas vrombissent autour de lui et ses yeux se posent sur une fleur de soie noire fanée sur le voile d’une femme. Celle-ci ressemble à une sorcière qui se serait endormie en plein sabbat, sa tête dodelinant au rythme de la voix qui résonne sous la haute nef. Il a envie de rire mais il sait qu’il ne doit pas. L'anneau que porte sa mère s'enfonce dans la chair tendre de sa paume. Il s'accroche alors au regard très doux et rassurant d'un homme au premier rang. Ce dernier lui sourit, comme à l'enfant qu'il est et non comme au dauphin que le grand vaisseau de pierre emporte vers l’avenir fatal que lui a laissé son père. Il a soudain envie de pleurer, mais il sait qu’il ne doit pas. Alors il se perd dans le regard bleu de l'homme. - L’Ami a écrit:
Avec la bénédiction de la Vierge, le mousse embarque sur un des trois navires arrimés au quai de pierre de Palos. Partir à Cathay, pourquoi pas, il connait les mers d’ouest, quand il chassait la baleine avec les basques, là où des montagnes de glace glissent sur les flots, toutes ses pensées se bousculent, pendant qu’il hisse la grand voile de la nef. Le second du commandant, le « Dauphin », comme on dit dans la marine, semble un drôle de taiseux, souvent en conciliabule dans la cabine avec le patron, toujours des cartes sous le bras, jamais un mot plus haut que l’autre, mais un regard qui vous met les nerfs à fleur de peau. Il donne l’impression de connaître les risques d’un tel voyage et d’accorder à la fatalité le minimum incontournable. Le mousse se réjouit de cette nouvelle aventure, il se frotte l’oreille gauche, s’assure de la présence de son petit anneau d’or à l’image des vieux loups de mer dont il envie l’assurance. - Annwvyn a écrit:
Deux commères bavardent dans la nef, au lieu de prier. Il faut dire que c'est la Révolution, et le Dauphin risque sa tête. Chacune s'imagine le pire : la nuque tremblante du gamin, le bourreau qui dénoue la corde de l'anneau, le coup fatal et le sang qui éclabousse la pierre. La commère s'écrie, levant les bras au ciel : "Et pschitt, la fine fleur de la Royauté qui se fait la malle !". Son voile de dentelle noire sursaute rien qu'à l'idée. - Clinchamps a écrit:
Toutes voiles dehors, la nef de la ville de Paris trône en bonne place sur le fronton du restaurant le Dauphin. La fine fleur du Marais s’y est donné rendez-vous pour voir Pierre et Paul échanger l’anneau nuptial. Un invité murmure à l’oreille de son voisin, « S’engager pour la vie, c’est risqué ! » L’autre répond dans un murmure : « C’est fatal, quand on s’aime ! » - Rosalind a écrit:
Nicole relève son voile de mariée, fait tourner l’anneau d’or à son doigt, pour s’y habituer. Elle descend fièrement l’allée centrale de la nef, au bras de son époux. Une pluie de grains de riz s’abat sur le couple dès leur apparition sur le parvis. La voiture les attend, une Dauphine bleu clair, entièrement repeinte de fleurs style hippie. Ils démarrent sous les acclamations, dans un bruit de casseroles, direction Saint-Pierre-Quiberon. Un voyage de noces tributaire du bon vouloir du moteur fatigué, qui risque à tout moment une avarie fatale. Textes en cours d'ajout |
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| Sujet: Re: Jeu littéraire pour chasser les idées noires : les textes ! Lun 24 Aoû 2020 - 21:40 | |
| 02/03 août 2020 - Annwvyn a écrit:
- Grotte, perroquet, vendre, piédestal, pupille, muet, enchanteur, pot.
- Spoiler:
- Clinchamps a écrit:
Profond et obscur comme une grotte, le vieux bistrot vendait encore sa bière, son pastis, et parfois une querelle éclatait : « - Le perroquet c’est vert, sirop de menthe ! « -Non, andouille, c’est rouge, grenadine ! » Et on se réconciliait avec un « jaune », l’alcool, cet enchanteur qui charme puis asservit… Sur un piédestal poussiéreux, un trophée d’une équipe de foot disparue voisinait avec un pot de fleurs de plastique piquetées de chiures de mouche. Tassé derrière son comptoir, Bruno, le patron du « Tord Boyau » contemplait le monde d’un œil à la pupille en tête d’épingle sous la lourde paupière, muet les trois quarts du temps, éructant seulement un grognement sonore pour mettre fin à une querelle. - L’Ami a écrit:
Un ru sourd d’une anfractuosité assez large pour laisser passer le mousse. Se relevant, il allume une poignée de brindilles avec son briquet d’amadou. La lumière dévoile une grotte immense scintillant de mille feux de stalactites cristallines. Son perroquet, dressé et vendu par un frère de la côte, quitte son épaule et part en reconnaissance prêt à crier lors d’une présence étrangère. D’un piédestal rocheux il parcourt de ses pupilles grandes ouvertes cette nef naturelle, muet, sous une pluie fine de gouttelettes minérales rafraîchissantes après la touffeur de la jungle. Sa torche éteinte, il s’assoit, doucement, immobile, souriant au silence, s’abandonnant dans un rêve enchanteur. Puis en tâtonnant, sort de sa besace, un petit pot de tabac, son brûle-gueule en écume de mer, le regard fixé au foyer dont l’incandescence répond à son inspire. - Hors concours a écrit:
Dans la grotte de Lourdes, un perroquet vend des indulgences, perché sur le piédestal de la Madone à la pupille extatique, et toujours muette (la Madone, pas la pupille) devant les pèlerins enchantés de déposer leurs dons à la fortune du pot. - Lily of the valley a écrit:
La pluie se jette comme un loup enragé sur la porte que le jeune homme vient de refermer. Il s’adosse au bois épais qui le rassure. Enfin, il a rejoint sa grotte où il peut se terrer. Il ferme les yeux jusqu’à ce que se dessinent sous ses paupières des feuillages fantasmagoriques teintés de feu. Il écoute les battements de son cœur, compte lentement à reculons, dix, neuf, huit…, suit le cheminement dans ses poumons de l’air aux odeurs familières d’encaustique et de javel. Il ouvre les yeux, accroche sa veste trempée au perroquet, caresse le chlorophytum dans son pot de grès bleu, fait faire un tour sur lui-même au Merlin l’Enchanteur en bois qui lui adresse un encouragement muet depuis son piédestal -Tu devrais vendre cette horreur, lui répète sa mère-, ôte ses chaussures et les range sous la sellette, à exactement trois centimètres du mur. Sa main tremble. Il se redresse et caresse à nouveau la plante, fait encore tourner Merlin. Son cœur se calme. Dans le miroir, son visage est trop pâle et ses pupilles dilatées mais il sourit. Il a réussi à traverser la place, acheter une baguette. La prochaine fois, il pensera peut-être à la rapporter avant de fuir les humains trop nombreux. - Rosalind a écrit:
- Seigneur ! Holmes, vous devriez aérer plus souvent. Cette pièce est sombre comme une grotte, et l’air y est aussi confiné. - Mon cher Watson, vous savez bien que j’ai besoin de me concentrer. Je viens de résoudre un problème, vous pourrez le consigner pour vos lecteurs. Tenez, je vous suggère un titre : Le mystère du perroquet. Cela commença par un étrange télégramme. « Prière de m’attendre. Malheur épouvantable. Pot cassé et pupille disparu. » Quelque temps plus tard, un homme jeune, essoufflé, fut introduit. Il se présenta comme le secrétaire particulier de Lord X. Au matin, en ouvrant les rideaux du salon, il avait découvert le piédestal renversé, le précieux vase Ming brisé en mille morceaux, et le jeune William, pupille du lord, restait introuvable. Mon enquête démontra que le jeune homme, ayant succombé au charme enchanteur du jeu, était criblé de dettes. Il avait eu l’intention de vendre le vase, qui lui avait échappé des mains par maladresse. Atterré, il s’était enfui. Je l’ai retrouvé, à demi mort de faim, errant sur les docks. - Mais que fait le perroquet dans cette histoire ? s’étonna Watson. - C’est là le mystère, ce maudit perroquet est resté muet. - Elianor a écrit:
« Tout ce que vous désirez est à vendre ici » promettait le panonceau affiché sur la porte. Intriguée, Adèle décida de jeter un coup d’œil dans la boutique. Une fois à l’intérieur, elle fut d’abord décontenancée par l’obscurité du lieu. Puis elle remarqua une lueur vive derrière ce qui semblait être d’épais rideaux de velours. Avançant prudemment de quelques pas, elle passa la barrière de tissu et bascula dans un univers lumineux. Muette d’étonnement, les pupilles saturées par les couleurs chatoyantes et les éclats enchanteurs qui venaient de toutes parts, elle eut l’impression d’être entrée dans une grotte aux merveilles. La pièce était remplie du sol au plafond de breloques, de bijoux brillants, de dessins insolites, de pots de toutes les formes. Il y avait même un splendide perroquet posé sur un piédestal. Il semblait vivant. L’était-il ? 04/06 août 2020 - L’Ami a écrit:
- Baquet, Fougère, Nuée, Moulin(er), Rêche, Souffle(r), Rosé(e), Première.
- Spoiler:
- Annwvyn a écrit:
En ces temps anciens que racontent les légendes de nos campagnes, le voyageur solitaire devait se montrer prudent, dès les premières lueurs du crépuscule. Aux abords des rivières surtout, que survolent le soir les nuées de moustiques, il ne fallait pas se risquer. Les lavandières de la nuit, rassemblées en meutes sanguinaires, donnaient du battoir au-dessus des baquets, moulinant l’air de leurs grands bras musclés, frappant les toiles rêches pour mieux rincer le linge. Pas un jeune homme égaré dans les fougères ne leur échappait. Au matin, il ne restait plus de lui que des gouttes de rosée, bien vite soufflées par la brise de l’aube. - Clinchamps a écrit:
Bien calé dans son siège baquet, Jimmy a ouvert le toit de son cabriolet, et fait gronder le moulin qui tourne rond ! Une nuée de gamins entoure bientôt la voiture d’un beau vert fougère (le rouge est si vulgaire !) Jimmy passe la première, et les admirateurs se reculent prudemment. Sa veste en tweed Harris, un peu rêche, se marie avec le cuir tabac des fauteuils. Il accélère, et repense à la coupe de Champagne rosé qu’il a bu en l’honneur de cette merveille ! Le souffle puissant de la vitesse le grise, le champagne un peu aussi… Voilà un beau virage… Des graviers jaillissent… Ouf ! Il était moins une… - Lily of the valley a écrit:
« Les enfants, le bain, c’est la première et la dernière fois que je vous le dis ! » appelle la jeune femme. Adèle, sa belle-mère, sourit en préparant les rosés des prés que son mari a ramassés derrière la ferme. Par la fenêtre, elle aperçoit les nuées mauves qui bandent les yeux du soleil derrière le bois. Il pleuvra demain, pense-t-elle, le soleil se couche le cul dans la bouteille. « Les enfants, pour la dernière fois, le bain. » Adèle n’ose plus lui faire remarquer que le bain quotidien est une aberration. Flore, la plus jeune, entre dans la cuisine en soufflant sur un petit moulin multicolore, une fougère piquée dans ses boucles auburn. Elle se hausse sur la pointe des pieds et chuchote : « Mamie, c’est obligé le bain ? ». Adèle est tentée de répondre que non, qu’à l’âge de la petite elle lavait la figure de ville et la figure de campagne devant l’évier de la cuisine, qu’elle faisait la toilette en grand et au gant le dimanche et qu’à chaque grande lessive, sa grand-mère faisait chauffer l’eau dans le baquet de fer blanc où venait de bouillir le linge et qu’elle y prenait son bain avant d’être littéralement étrillée avec un grand drap de métis rêche. « Obéis à maman, ma puce. » dit-elle seulement, en maudissant le monde moderne. - Rosalind a écrit:
Éveillé aux premières lueurs de l’aube, il s’extirpe de son sac de couchage, en frottant son menton rêche d’une barbe drue. Dans la fraîcheur du matin, il perçoit le bruit d’un torrent, derrière les aulnes. Il s’approche, écrasant les fougères humides de rosée, trempe ses pieds endoloris dans un creux de roche en forme de baquet, et retient son souffle sous la brûlure de l’eau glaciale. Déjà des nuées de moucherons tournoient autour de lui avec avidité, il mouline des bras pour les éloigner. Hissant son sac à dos, il vérifie machinalement la présence de la coquille, et rejoint le chemin. Chaque pas le rapproche de son but. - Elianor a écrit:
Aux premières lueurs du jour, tapi dans les fougères près du moulin abandonné, Nicolas retenait son souffle. Malgré la fraîcheur de la rosée, une nuée de moucherons le taquinait déjà. La toile rêche de sa chemise l'irritait de plus en plus, mais il n'osait bouger d'un pouce les yeux fixés sur le vieux baquet de pierre. Soudain, elle était là, majestueuse, comme surgie de nulle part, entourée de ses deux petits faons. - L’Ami a écrit:
Après une pluie diluvienne, Mbali revient de l’arroyo, un baquet de linge fraîchement lavé sur sa tête. D’une poignée de fougères, elle s’évente de la chaleur et des mouches en nuées tourbillonnantes. À l’approche du Kraal, le bruit des moulins à pierres, rêches, broyant le mil se fait entendre. La fête commencera pour Mbali, impatiente, au coucher du soleil, au temps du vent de nuit au souffle brûlant, comme à l’époque où les femmes en chantant se joignaient aux hommes pour le combat. Alors ce soir, elle se contentera de danser, d’oublier son nom, son corps, sa fatigue, jusqu’à l’aube, quand le ciel se teinte de rose, quand les lionnes rentrent de la chasse, quand le moment de la première lune apparaît. - Lzinzinule a écrit:
Il s’était affalé instinctivement car l’assise de l’étrange fauteuil lui rappelait les sièges de sa vieille voiture de sport, en plus confortable. Le cuir était moins rêche et la forme baquet particulièrement enveloppante. Les accoudoirs s’étendaient comme de longues fougères et semblaient vouloir l’engloutir. « Jamais je ne parviendrai à m’en extraire » songea-t-il soudain dans un souffle de panique alors qu’une sueur moite commençait à perler sur son front telle la première rosée du matin. Une nuée de sombres pensées affluaient sous ses tempes. Il crut entendre grincer son cerveau comme un moulin abandonné. Pour la troisième fois, le marchand vint lui demander : « Alors cette peau de chagrin, vous la prenez ? Il sentit ses doigts se crisper et s’évanouit. 06/09 août 2020 - Rosalind a écrit:
- Bulle pied réunion tomber film flamboyant faucon domaine
- Spoiler:
- Clinchamps a écrit:
Rien de plus casse-pied que ces réunions, où, sous couvert de discussions interminables, on coince tranquillement la bulle, où l’on fait tomber son crayon pour admirer discrètement les jambes de la rousse flamboyante de la Compta, en évitant soigneusement de croiser l’œil de faucon du chef de service. Tranquillement réfugié dans sa tête, on se fait des films d’un domaine très privé… - L’Ami a écrit:
Écoute moi bien Robert, c’est pas une bulle du pape qui va m’empêcher de prendre mon pied, hein, alors je te le dis à cette réunion du conseil, c’est non ! Laisse tomber et arrête de te faire ton film. Tout maire que t’es, élu à 47% avec 4 voix, contre 3 pour l’opposition à 42 % ne t’autorise pas à sombrer dans le ridicule. Parce que ton idée de délocaliser le boulodrome dans la chapelle désaffectée c’est pas flamboyant sous prétexte de permettre d’organiser les concours à l’abri de la pluie. Ch’uis pas croyant, Dieu merci, mais un peu de respect pour les traditions. Et ton idée d’ouvrir un parc naturel pour protéger notre soi-disant couple de faucons maltais entre-aperçu après le pot de la victoire aux élections municipales c’est du domaine risible. - Lily of the valley a écrit:
Il était tombé amoureux par accident. D’ailleurs, tomber est généralement un accident. Voilà, il avait eu un accident d’amour et s’était fracturé le cœur en ne retombant pas sur ses pieds. Il avait suffi de quelques flûtes d’un obscur domaine Machinchose de Bidulechouette dont il avait oublié le nom -mais curieusement pas l’étiquette où un faucon noir piquait vers un bouquet de trois fleurs de lys dorées-. Les bulles du breuvage, agitées comme des fusées de feu d’artifice lui avait amolli les sens et altéré le jugement. Elle était là, adossée à un flamboyant, comme sortie tout droit d’un film en noir et blanc : longue robe de velours qui semblait cousue sur elle, ondulations d’ébène d’une chevelure outrageusement abondante, jambe ferme et pâle écartant avec une fausse candeur le rideau du vêtement… S’il avait eu plus de jugeote et moins de bulles, il aurait évité la chute, il aurait compris que leur couple ne pouvait ressembler qu’à la réunion d’une orchidée et d’un fenouil, d’une biche et d’un ragondin ou plutôt … d’une vipère et d’un pauvre crapaud. - Aquarelle a écrit:
Comme toujours, il était dans sa bulle, blotti au fond de la cabane qu’il avait construite dans les branches de l’arbre centenaire, à quinze pieds du sol. Chaque été, son grand- père, maître fauconnier, recevait au domaine ses petits- fils. Il tenait absolument à cette réunion de cousins, pour magnifier le spectacle aérien de ces rapaces rapides, éclatants de beauté. Mais les autres fatiguaient le garçon. Il se sentait bien mieux tout seul. Subrepticement il s’était éloigné et juché rapidement dans son arbre. Il ferma les yeux, adoptant une respiration plus lente... et le film de sa jeune vie se déroula en flamboyants souvenirs : bleus, rouges, verts, clignotements irréguliers qui le transportaient dans un passé qui n’avait perdu aucun éclat. Il paraissait regarder au loin, alors que ses yeux ne voyaient que l’intérieur de son coeur. Brusquement un chuintement le fit frissonner. Le premier faucon lancé du poing de son grand- père était tombé à côté de l’arbre. Puis s’élançant à la vitesse de l’éclair, le rapace dessinait déjà dans les airs une courbe gracieuse et légère. Le bal des oiseaux commençait. - Lzinzinule a écrit:
L’enveloppe à bulles était tombée dès que son pied avait heurté le coin du meuble. S’ensuivit un chapelet de jurons qui n’appartenaient qu’à lui. La douleur au niveau de son gros orteil disparut pourtant à la seconde où il reconnut le nom de l’expéditeur : Noélie Faucon, domaine sainte Anne, 974 Saint Denis, La Réunion. Neuf mois s’étaient écoulés depuis leur rencontre flamboyante sur la plage du Diamant. Huit mois et une semaine depuis sa disparition. Yan déposa en tremblant l’enveloppe qui ravivait tant de souvenirs. « Inutile de te faire tout un film » essaya-t-il de se raisonner. Il tourna les talons et décida d’avaler un café pour donner à son cœur un autre prétexte pour s’emballer. - Ysabelle a écrit:
La nuit venait de tomber quand la réunion prit fin. Mercedes était soulagée. Elle avait mal au pied. Elle n'aurait pas dû mettre ses nouvelles chaussures. Maintenant, elle a hâte de rentrer chez elle pour se reposer. Elle s'était préparé une soirée au calme et même prévu de revoir le film "Le Faucon maltais". Ce nouveau directeur a l'air d'être un bourreau de travail. Il semble plus compétent que son prédécesseur dans le domaine. En tout cas, il n'est pas pressé de quitter le bureau flamboyant qu'il s'était aménagé. C'est son affaire, mais il ne devrait pas les retenir tous en otage dans cette bulle qu'il a créée. - Rosalind a écrit:
Le cinéma c’est son domaine, sa passion la Nouvelle Vague. Mais aujourd’hui fini le noir et blanc, adieu les films d’art et d’essai, le space opera flamboyant, ça c’est le pied ! Oubliée Bulle Ogier, il est tombé amoureux de la princesse Leia, s’imagine aux commandes du Faucon Millenium, en route vers une réunion des forces de l’Alliance rebelle. - Elianor a écrit:
Fondant, tel un faucon sur sa proie, sur les personnes qui arrivaient à la réunion de famille pour leur proposer des petites bulles dans des verres à pied, il était partout à la fois, rapide et adroit, attentif à tous les détails, sans jamais rien faire tomber. Flamboyant dans son costume d’un autre temps, on l'aurait cru tout droit sorti d'un film. C'était véritablement lui l’âme du Domaine. 11/12 août 2020 - Elianor a écrit:
- Doux clochette carte élégance laisser ruse(r) brume inattendu
- Spoiler:
- Clinchamps a écrit:
Les hampes élégantes des clochettes des campanules, blanches ou azurées, se balançaient à la douce brise, au cœur du massif, où la crête-de-coq mettait une tache pourpre inattendue. La brume rose du désespoir-du-peintre nimbait les bordures, et les courtes corbeilles d’argent devaient ruser pour que les œillets d’Inde leur laissent une place au soleil. De sa fenêtre, le peintre contemplait la carte impressionniste de son jardin. - Rosalind a écrit:
Un doux tintement de clochette fait émerger la comtesse des brumes du sommeil. Son mari ronfle encore à ses côtés. Elle revoit sa soirée au théâtre, cette rencontre inattendue avec ce charmant jeune homme d’une élégance raffinée, qu’elle a laissé lui conter fleurette. Soudain elle étouffe un cri. Sur la table de chevet, son coffret ouvert, les bijoux disparus. A leur place une carte qu’elle déchiffre en tremblant. « Avec les compliments d’Arsène Lupin ». Par quelle ruse s’est-il introduit chez elle ? - Ysabelle a écrit:
Par une douce nuit, la brume s'est dissipée avec élégance pour laisser place à un beau spectacle inattendu. Une fascinante carte de constellation prit place, comme pour ruser et égarer le plus féru des scientifiques ! Une nuée de clochettes scintillantes célébrait le firmament. - Lily of the valley a écrit:
La carte m’est apparue entre les mains de manière presque inattendue. Ce qui est inattendu aussi, c’est l’absence de prix. Je jette un œil discret à mon rendez-vous mais je ne peux discerner son expression à travers la brume. Oui, la brume, car mes lunettes sont couvertes d’une buée qui s’accorde parfaitement avec l’humidité qui ventouse ma chemise à ma peau. La table me menace comme la vitrine d’un magasin d’artillerie avec ses trop nombreux couverts étincelants dont les formes et l’usage m’échappent totalement. Le doux murmure des convives est un vrombissement menaçant alors que je lis les noms des plats avec autant de résultats que si je lisais une tablette cunéiforme. Mon rendez-vous m’adresse un sourire, enfin, je crois. Un serveur amidonné apparaît, tel la Fée Clochette, et nous verse de l’eau glacée sur laquelle je me précipite avec toute l’élégance d’un sanglier myope, accrochant un bouton de manchette à la nappe impeccable. Mon rendez-vous laisse échapper un petit rire gêné et doit déjà chercher une ruse pour fuir. Moi aussi. Mais une autre Fée Clochette apparaît. Trop tard ! - Lzinzinule a écrit:
Le pays des fées ne figure sur aucune carte. Nulle ruse ne peut le dévoiler. Pour le trouver, il suffit de se laisser porter par le doux parfum de l’enfance. De guetter la brume de l’aurore ou l’élégance du rayon vert au coucher du soleil. Fermez les yeux, alors. Vous l’entendez ? Ce tintement aussi rieur qu’inattendu : c’est Clochette qui vous tend la main. - Aquarelle a écrit:
Le temps était doux, la légère brume du matin s’était dissipée. " certainement l’occasion d’enfiler ma robe « laitue » comme disent mes petits- enfants ". Cette robe au vert très doux avec des cordons noirs, un peu évasée sur les jambes la rendait d’une élégance rare, comme on pouvait admirer sur les magazines ou certaines cartes postales. " Oh tu ressembles à la fée Clochette" lui susurra sa dernière petite- fille, lorsqu’elle eut revêtu la jolie robe. Ce compliment inattendu la laissa pantoise. Au fond elle en était ravie. Pas besoin de ruser pour paraître plus jeune. L’éditeur aurait peut-être la même vision que ses petits -enfants... Et...qui sait, il lirait son manuscrit ? - L’Ami a écrit:
Ils avancent tous les cinq à la queue leu leu, une main sur l’épaule de celui qui le précède. Le premier, au doux visage, ouvre la voie, en agitant une clochette. Pas de carte, il connaît le chemin pour avoir conduit beaucoup de compagnons au fil des années. Il marche avec élégance à travers ces montagnes. Attentif aux odeurs des prés, aux sons des troupeaux, il ne laisse rien à la légère, c’est que la ruse ne suffit pas à apprivoiser les éléments, même les plus aguerris des bergers ne se risquent jamais quand la brume ou le brouillard tombent. Cela peut durer des heures, des jours, lui ne s’assoit pas pour attendre le soleil puisque ses yeux ne l’ont jamais vu. Pourtant de façon inattendue, il les mènera comme tous les autres. 13/14 août 2020 - Ysabelle a écrit:
- Culture, Ancienne, Résidence, Abriter, Village, Fort, Nouveau, Insulaire
- Spoiler:
- Lily of the valley a écrit:
Ce n’est pas nouveau : j’abhorre les soirées costumées. Ce qui est nouveau c’est que je viens de découvrir que j’abhorre encore plus les journées costumées. Le soleil tape comme sur un Fort Alamo post-réchauffement climatique et l’idée m’effleure d’entamer une danse de la pluie qui conviendrait parfaitement à mon déguisement, histoire de mettre un terme à ce calvaire. Loïc, insulaire breton et cow-boy refoulé dont je me dois de fêter les 40 ans déguisé en Village People, arrive vers moi avec un large sourire et un non moins large Stetson. Je lui souhaite un rapide très visage pâle Happy Birthday, renégat que je suis, car ma culture ne me permet pas d’utiliser une quelconque langue ancienne vaguement assortie aux plumes sous lesquelles je tente désespérément de m’abriter de la lumière éblouissante. Mais Loïc s'en fiche, il est déjà dans les bras d’une squaw, un shérif lui tapant virilement dans le dos. Je scanne du regard -appelez-moi Aigle Pragmatique- le camp indien de pacotille et avisant le buffet intelligemment situé sous un gros chêne, je décide, dans toute ma sagesse Sioux, de m’y auto-assigner à résidence pour la journée. Ugh. - Petit Faucon a écrit:
Louez dans notre résidence ! Venez profiter de notre climat insulaire doux et ensoleillé, visiter nos villages abrités ou les pieds dans l'eau, et vous imprégner de notre culture et notre art de vivre ancien ! Avec cette nouvelle annonce, Jeanne se faisait fort de de doubler le niveau des réservations ... - Annwvyn a écrit:
Basile avait le cœur léger. Le nouveau capitaine de la Générosité lui avait donné sa permission, et il avait devant lui une longue journée d’exploration des merveilles insulaires. Il y aurait d’abord le fort, bâti en des périodes anciennes où les pirates étaient légion. Puis le village, résidence des artisans les plus habiles de l’île, où il espérait trouver les petits pots de céramiques dont son grand-père lui avait parlé. Et lorsqu’enfin le soleil se ferait trop fort, Basile irait se perdre dans les cultures de palmiers et de bananiers, aux pieds des falaises qui abritaient des grottes profondes et mystérieuses. - L’Ami a écrit:
L’ethnologue envoyé par le Musée des Arts et Traditions Populaires, n’est pas un amoureux des Pygmées ou des Inuits, il traque plutôt les cultures anciennes dans les « Résidences » appelées plus prosaïquement foyers des vieux, où sont parqués, abrités des regards, les derniers témoins de ces villages ruraux qui sentaient fort le suint, la bouse, et le feu de cheminée. Disons que ce sont nos nouvelles espèces protégées, une sorte d’insulaires en voie de disparition. - Rosalind a écrit:
Rozenn se redresse avec difficulté, son arthrose la fait souffrir. Mais quelle satisfaction de voir les jeunes pousses de ses cultures. Ce printemps elle a semé d’anciennes variétés de légumes, abritées du vent d’ouest par un muret de pierres sèches. Groisillonne depuis des générations, fière de l’être, et attachée à sa vieille maison et son lopin de terre, telle une bernique à son rocher. Elle observe avec consternation l’afflux de ces nouveaux insulaires de pacotille qui s’y croient depuis qu’ils ont une résidence secondaire dans le village, et débarquent du ferry chaque fin de semaine en parlant haut et fort. - Clinchamps a écrit:
Insulaire, ça coule dans notre sang, mais nous y avons ajouté la culture de l’isolement total durant deux siècles et demi. Notre âme ancienne en fut marquée pour toujours. Nous avons lutté farouchement contre l’arrivée d’un monde nouveau, mais la tentation de l’Occident fut trop forte, les résidences traditionnelles disparaissent peu à peu des villes, même si les villages en gardent encore. Cependant, abrité au fond de notre cœur, nous gardons le nom du Pays où naquit le Soleil. - Aquarelle a écrit:
Yann grimpa jusqu’au fort qui se dressait tel un garde du corps en aplomb du petit village perché au-dessus de la Méditerranée. Epuisé, il s’assit sur le rebord d’un mur d’enceinte et laissa son regard dériver. Abritant ses yeux d’une main, il ne se lassait pas du spectacle des cultures de tournesols ondoyant là-bas très loin au soleil couchant. Il se sentait nouveau devant ce calme et magnifique paysage méridional. Mais l’insulaire qui dormait en lui ne put s’empêcher de faire ressurgir dans sa mémoire l’ancienne résidence de son île, battue par les vents, son "arche dans la tempête". - Fée clochette a écrit:
Ce soir, chez la Finette, tous mangeraient "la soupe au choux". Au fil des ans, elle était devenue la garante d’une culture ancienne car tout autour de sa ferme, des résidences cubiques s'éparpillaient dans les vieux vignobles. Abritée de la curiosité des passants du chemin par les hauts murs de son jardin proche du cimetière du village, elle cueillait les légumes. Les ruines du Fort du Dauphin rappelait un passé glorieux. Parfois elle détectait l’odeur des grillades, activité majeure des nouveaux venus avec la tonte du gazon. Au milieu des arbres et avec la Nine qui logeait de l'autre côté du ruisseau, elles riaient souvent lorsqu'elles se nommaient les dernières insulaires, ou mieux, les dinosaures du village avec le Toine perclus de rhumatismes.
Elle sourit aux nuages, une goutte de pluie perlait sur un de ses verres de lunettes.
Ah ! dit-elle, à son chien, ça va sentir la terre après la "pleu" bientôt. Elle ferma le portillon en fredonnant le générique de la soupe au choux. Toute sa jeunesse ! 16/18 août 2020 - Clinchamps a écrit:
- Rosacée, haies, racines, humus, granite, verdâtre, filet, ogive.
- Spoiler:
- Rosalind a écrit:
Depuis des heures le jeune homme avance dans une forêt inextricable, longeant un filet d’eau verdâtre qui serpente dans le sous-bois sombre et humide. Son cheval trébuche contre les racines noueuses saillant de l’humus. Peu à peu la voûte végétale s’éclaircit et fait place à des haies épineuses de rosacées, formant un labyrinthe naturel. Au-delà se dessine un château, dont les murailles de granite sont envahies par le lierre qui monte à l’assaut des fenêtres en ogive. Il franchit le porche, enjambe des corps allongés ici et là dans la cour. Gravissant l’escalier en courant, il parvient en haut du donjon, et réveille d’un baiser la princesse endormie. - Lily of the valley a écrit:
Des rosacées pour soigner la rosacée. Marie ricane en ouvrant le sachet qui est censé lui redonner un teint de jeune fille. Sur la boîte, une églantine s’épanouit au milieu d’une haie d’aquarelle, dont les racines forment le nom du produit : Pétales de jeunesse. Verser le contenu du sachet dans un bol propre, indique la notice française (24e sur vingt-sept). Comme si j’allais utiliser le bol du chat, grommelle-t-elle. Ajouter un peu d’eau pure. Comme si j’allais prendre l’eau de vaisselle, grogne-t-elle en laissant un filet d’eau du robinet couler dans un ramequin (propre). Remuer jusqu’à obtention d’une pâte onctueuse. Ah mais c’est que ça sent pas la rose, ce truc ! La pâte est verdâtre et a des relents d’humus et de pomme à cidre avancée. Elle a renoncé à ses seins en ogives depuis belle lurette et à ses cuisses de granite, mais sa figure, c’est ce qu’elle voit en premier tous les matins, alors si cette pâtée peut enlever ces éclaboussures de vinasses qui la constellent ... En étouffant un haut le cœur, Marie tartine sa joue droite et sursaute au son d’une petite voix : Mamie, tu ressembles à Shrek. - L’Ami a écrit:
De bonnes joues rouges ou la « rosacée » comme dit le docteur de la ville, voilà un signe de bonne santé. À courir à travers les haies, se prendre les boutou-coat dans les racines de bruyères, et respirer le varech toute la journée, ça nettoie la tête. La Fanchon, elle aime l’odeur de l’humus sous les chênes, escalader les murets en granite des champs. Elle adore retourner les pierres qui vous teintent les mains en verdâtre quand il faut débusquer les ormeaux. Et aux bals, elle en prend souvent dans ses filets des gars de la ville grâce à ses joues roses. Elle en amènera bien un, mais pas tout de suite, sous la croisée d’ogives, comme dit parfois Monsieur le curé. - Ysabelle a écrit:
Tout était étrange dans cette construction, depuis sa forme rosacée, jusqu'à l'ogive, entièrement couverte de verre pour inviter, la lumière du soleil, de la lune et des étoiles. Son histoire complexe trouve ses racines dans les multiples civilisations qui se sont succédé et avaient laissé chacune son empreinte. Le visiteur qui admire les murs en granite, se demande souvent qu'elle était leur couleur originale, car, ce n'est certainement pas ce ton verdâtre formé par l'érosion au fil des siècles. Un filet d'eau bordé de haies d'arbustes persistants, se faufile comme par magie à travers l'humus et crépite encore dans ce qui devait être autrefois, un beau jardin. 19/21 août 2020 - Lily of the valley a écrit:
- Aiguière, Coupole, Jaune, Dépendance(s), Faïence, Se déhancher ou déhanché, Lécher, Etouffant.
- Spoiler:
- Ysabelle a écrit:
Il n'était pas à son aise dans ce lieu étouffant où tout le monde se déhanche à qui mieux mieux. Le coup de grâce vint de ce couple qui le bousculait sans cesse. L'homme aux chaussures jaunes et sa compagne dansaient en se regardant en chiens de faïence. Quitte à être traité d'ours mal léché, il décida de laisser La Coupole pour aller respirer ailleurs. Dehors, un étrange décor le déconcerta. Posée sur un menhir, une aiguière en wedgwood trônait majestueusement. Décidément, l'établissement comme ses dépendances n'ont pas fini de le surprendre. - Rosalind a écrit:
L’homme sortit en chancelant, manifestement sous la dépendance de l’alcool. Il tenait d’une main tremblante son verre de cocktail, et tituba jusqu’au menhir. Il voulut se saisir de l’aiguière, qui bascula et lui heurta violemment le crâne. L’homme s’écroula, déhanché parmi les tessons de faïence. Le contenu de son verre se répandit au sol. De la Coupole fusaient des éclairs jaunes et rouges, et un vacarme étouffant ses appels au secours. Seul un chien arriva, pour lécher la flaque sirupeuse. - L’Ami a écrit:
De l’aiguière coule un filet d’eau sur les mains du Maître des lieux. Juste sous la coupole de la salle, les reflets jaune d’or des mosaïques scintillent aux feux des torches. Des dépendances vont et viennent les serviteurs présentant aux invités des plats de faïence garnis de divers mets raffinés. Sistres, tambours et flûtes accompagnent des nains acrobates, à la démarche déhanchée. Un lévrier lèche la pierre froide du sol pour se rafraîchir de l’atmosphère étouffante de la nuit. Derrière les tentures, les sicaires attendent le signe du Maître pour entrer en action. - Clinchamps a écrit:
Sous la coupole de sa boîte crânienne l’hématome s’infiltrait, étouffant peu à peu sa parole. L’aiguière brisée gisait au sol, son jaune soleil jurant sur la laine pourpre du tapis persan. Ses yeux d’un bleu de faïence se ternissaient peu à peu. La maison était vide, les dépendances fermées, l’assassin avait mis le feu aux rideaux et s’était enfui. Les flammes léchaient le parquet, silhouettes rouges et sifflantes au déhanché désordonné… Il se dit que c’était la fin, quand des coups retentirent à la porte d’entrée… 24/27 août 2020 - L’Ami a écrit:
- Fraîche, Glèbe, Innocence, Salle, Monter, Stagnant(e.s), Mordoré(e.s), Ravir
- Spoiler:
- Lily of the valley a écrit:
« Ce mordoré te va à ravir, ma chérie, avec une rose fraîche dans tes cheveux, pour le soir, ce sera divin !» Le salon d’essayage ressemble à un boudoir et sa future belle-mère à un gros biscuit. Oui, c’est pourri comme humour, mais les jeux de mots que Chloé fait dans sa tête ne sont rien que pour elle. C’est ça ou elle lui fabrique un anneau gastrique avec son « bangle » serti de trucs brillants de la place Vendôme, à la Geneviève. Au moins elle sera moins boudinée dans son tailleur rose poudré. Mordoré ! Une couleur de vieux qui lui va comme la glèbe au pauvre paysan, comme le noir au mineur de fond, comme la bouse à la vache. Sa colère, qui jusque-là était restée stagnante, commence à monter, à faire des remous et menace de déborder. Déjà elle a eu droit au « Non, ma chérie, aucune couleur sur ta robe, il te faut le blanc de l’innocence pour l’hyménée ». Sérieux, « hyménée », « innocence » ? Elle, elle voulait un PACS à la mairie, à la limite dans la salle des mariages s'il avait fallu. Si elle avait su que le pedigree d’Arnaud impliquait tout ce tralala ! Elle pousse un gros soupir et la fermeture mordorée émet un craquement fatal. - Annwvyn a écrit:
Comme le serf qui s’affranchit de sa glèbe, le perroquet aux mille couleurs avait ravi sa liberté. Il avait suffi d’une fenêtre entrouverte dans la salle des curiosités. Dans l’aube fraîche au parfum d’innocence, l’oiseau montait vers les nuées roses poudrées. A grands battement d’ailes éblouissants, il fuyait loin des eaux stagnantes aux reflets mordorés. - Clinchamps a écrit:
Le couchant mordoré crêtait d’or les sillons que la charrue venait de creuser dans la glèbe sombre et fraîche. Debout sur la porte de la salle commune de la ferme, il contemplait ce paysage immémorial de la terre dans son innocence, et il sentait monter en lui des sentiments stagnants et longtemps enfouis de colère contre ceux qui tenteraient de ravir cette beauté originelle. - Elianor a écrit:
Une multitude d'ailes mordorées apparurent soudain près de la flaque stagnante. Nuage léger et indécis, il tournoya un instant autour de la glèbe noire et monta d'une traite dans l'atmosphère fraîche du matin jusqu'à se confondre avec les premiers rayons de l'astre du jour. Depuis la fenêtre ouverte de la salle de bain, la petite, ravie, admira ce spectacle enchanteur avec toute la ferveur et l'innocence de son jeune âge. - L’Ami a écrit:
À la fraîcheur de l’aube, la glèbe fume dans l’innocence de l’automne, en attendant le soc et le grain. Déjà, la cheminée de la salle flambe de grands troncs de chêne, debout, posés sur l’âtre, presque verticaux, montés à dos d’hommes par les coursives du donjon. Dans les douves, l’eau stagnante se couvre d’une fine couche de glace. Entre deux merlons, les soldats vêtus de leurs brigandines mordorées entrevoient la fin des combats, des rapines. C’est le moment de poser les armes aux râteliers, de chasser le chevreuil, de souffler les braises, qui couvent dans les coeurs des servantes et de les ravir. - Ysabelle a écrit:
La glèbe abandonnée s'est couverte d'herbes folles. Çà et là, on voit monter de plus en plus haut, des espèces sauvages qui s'en donnent à cœur joie. Les eaux stagnantes, nourries par les crues abondantes ces derniers mois, libèrent une explosion de couleurs chatoyantes, allant du vert tendre, à des tons mordorés. Autour des sources fraîches autrefois taries, s'abreuve en toute innocence, une faune qui a oublié la peur. Devant un tel spectacle, Alice décréta comme une promesse à la nature : Anne, ma sœur, je suis ravie de te décevoir cette fois-ci. Ton projet de salle de sport ne verra pas le jour ici. Il te faut trouver un autre endroit pour planter tes rêves. - Rosalind a écrit:
Du marais jaillit un éclair bleuté et mordoré. Le martin-pêcheur a plongé dans les eaux stagnantes et saisi sa proie. Au loin les taureaux de la manade piétinent la glèbe desséchée, et dans la sansouïre les poulains bruns gambadent avec innocence autour des juments. Crin Blanc le fier étalon s’est fait capturer, mais il a réussi à s’échapper et fuit devant les gardians. Paul monte à cru et galope vers le rivage, puis le cheval se jette dans les eaux fraîches de la lagune, et tous deux s’éloignent vers leur destin. « Paul ! à quoi penses-tu, on croirait le ravi de la crèche. Peux-tu répéter ce que je viens de dire ? » Sous les regards moqueurs de ses camarades, Paul émerge de son rêve, étonné de se retrouver dans la salle de classe. 28/30 août 2020 - Rosalind a écrit:
- Port, grenat, sœur, avancer, fortune, poison, énigme, palme
- Spoiler:
- L’Ami a écrit:
Quel port de reine, ceinte de ta torque de grenats, ma soeur. Tu avances d’un pas si noble, fière. Ta fortune outrage ces princes, pressés, avides, de t’agenouiller devant l’autel ou tremblant devant ton mépris, suivi de tes subtils poisons. À l’énigme posée -moi je sais- nul n’en recevra ta palme. Hors concours Ma p’tite soeur, on l’appelle la poison à cause de son sale caractère. Elle a des yeux de lapin russe rouges grenats, et surtout les pieds palmés, ce qui est une bonne fortune pour avancer dans l’eau et ramasser les pièces que les touristes lui jettent dans la vase du port. Même maman dit qu’elle n’est pas d’elle quant au père, ça reste une énigme. - Clinchamps a écrit:
Ne pouvant se résoudre à la banalité, il m’a offert une bague en grenat changeant, allant du vert kaki ou rouge-marron. Le port de ce bijou assure ma fortune dans les soirées mondaines où je remporte la palme de l’originalité, évitant ainsi le poison de l’ennui. Le goût des humains pour ces réunions est une énigme pour moi, sœur de la solitude, qui aime avancer masquée d’un sourire de circonstance. - Lily of the valley a écrit:
Son port majestueux, dans sa robe de velours grenat, la distingue de ses sœurs. Elle s'avance avec élégance et confiance, la tête gracieusement inclinée. Les ogives Véronèse des palmes coiffant cette salle du trône de fortune écrivent en lettres d’ombre les mots d’une énigme antédiluvienne. Tout autour, à perte de vue, l’or brûlant du désert a consumé la vie, mais au cœur de l’oasis, une rose s’est faite reine, devant laquelle, même le scorpion s’incline et retient son poison.
Hors concours Au fond de la baignoire, la pomme de douche se promène le long de sa cuisse droite lui infligeant parfois une morsure brûlante. L’eau clapote et sloshes -oui, elle aime bien la voix de ce verbe britannique- au ras de la bordure de faïence. Elle lève les mains à hauteur de ses yeux et observe cette énigme de la science qui fait que les doigts deviennent des raisins de Corinthe après une heure d’immersion. Et si au bout de trois jours elle devenait un pruneau géant ? Et si au bout d’un an il lui poussait des palmes ? Elle avance un orteil à l’ongle grenat hors du bain et chasse une grosse bulle irisée qui s'en va éclater sur sa pince à épiler. Elle a poussé la conscience séductrice jusqu’à ajouter un dé à coudre de Poison à ses sels déjà fort parfumés. Elle n’a pas vraiment envie de sortir de son court-bouillon dont les effluves ont toute la délicatesse d’une parfumerie en panne de clim pendant une canicule, mais si elle veut que la bonne fortune amoureuse lui sourie, elle doit « virer sa mue de bonne-sœur aigrie en surpoids, avoir le port d’une grâce plutôt que la grâce d’un porc » lui a dit sa copine Marion en s’esclaffant. C’est beau l’amitié. - Rosalind a écrit:
Elle a fait fortune en écrivant des romans policiers, avec comme héroïne une bonne sœur résolvant des énigmes avec brio, malgré le port du voile. Son dernier roman, « Poison mortel » a été adapté à l’écran et on avance son nom pour la Palme d’or. Elle a déjà prévu la robe qu’elle portera à la soirée, noire pour faire ressortir son porte-bonheur, la broche de grenats héritée de sa grand-mère. - Ysabelle a écrit:
Le cadavre repêché ce matin au port a été identifié comme étant celui de la sœur d'une des plus grandes fortunes du pays. Elle a été vue pour la dernière fois la veille au gala de charité...Elle avançait avec grâce, dans une belle robe simple, mais surement l'œuvre d'un grand couturier ; Une parure sertie de grenat ornait son cou et ses poignets. Si l'énigme de cette étrange mort reste encore entière, la cause soupçonnée serait à priori, le poison. Elle portait un kit de plongée auquel il manquait une palme. 31 août/02 septembre 2020 - Ysabelle a écrit:
- Route, Soie, Lointain, Parfum, Convoi, vestige, tour, notable
- Spoiler:
- L’Ami a écrit:
La route se dévide comme un fil de soie, dans le lointain par-delà les montagnes. Les parfums de fleurs d’orangers, des forêts de cèdres accompagnent le convoi de l’élue à l’abri des regards. Elle abandonne derrière elle les vestiges de sa ville en flammes, sa famille en otage. Du haut de sa tour, son nouveau maître guette le butin de sa conquête. Aux portes de son nid d’aigle, les notables debout, accablés sous le soleil, le visage faussement réjoui, attendent d’acclamer la nouvelle du sérail. - Rosalind a écrit:
- Adieu, la ville, les bals et les soirées entre notables. Sa vie frivole, elle lui a tourné le dos après des
revers de fortune, et n’a gardé comme vestige que cette robe de soie, pliée au fond de la malle contenant toutes ses possessions. D’un air décidé elle place son chariot dans le convoi, la route sera longue mais recèle un parfum d’aventure. Chaque tour de roue la rapproche de l’ouest lointain dont sont tissés ses rêves. - Clinchamps a écrit:
Le souvenir d’un passé lointain est notable dans la vie de chaque jour, quelle que soit la route suivie par chacun, que l’on soit né dans la bure ou la soie. Chaque tour de roue du convoi des jours ramène à la mémoire des vestiges du passé, au parfum de déjà-vu, et pourtant tout recommence sans fin, et l'on n’apprend jamais rien. - Annwvyn a écrit:
Monsieur le Crabe suivait la route du casse-croûte, abandonné par des vacanciers pressés dans les vestiges de la tour écroulée d’un château de sable. Le parfum du pain croustillant venait des lointains, et derrière Monsieur le Crabe et son autorité de notable, s’organisait tout le convoi gourmand des crustacés. Tous avançaient avec douceur, traçant dans le sable un sillon léger comme un toucher de soie. - Lily of the valley a écrit:
Il fait chaud ce jour de juillet quand le convoi des notables luisants, précédés de leur ventre de notaire, arrive sur la petite place. Le maire s’installe sur l’estrade, décorations et écharpe tricolore le ceignant comme un gros vers à soie dans son cocon. Il lève les yeux vers le lointain, vers la route poussiéreuse qui mène au village, au-delà des vestiges des halles et de l’église dont seule la tour tient encore debout comme une quille manquée par un joueur maladroit. Un parfum de kermesse et de procession religieuse plane sur la petite assemblée. Le vers à soie lève une feuille tremblante à hauteur de ses yeux myopes et commence la longue litanie des noms. Le soldat de pierre s’effondrant sous les balles teutonnes, attend, dans une chute éternelle, que ces notables au ventre de notaire le libèrent de son linceul, pour qu’on se souvienne. C'est sûr, ce sera la Der des Der.
Dernière édition par Fauvette le Lun 28 Déc 2020 - 14:46, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: Jeu littéraire pour chasser les idées noires : les textes ! Lun 28 Déc 2020 - 14:42 | |
| 03/06 septembre 2020 - Annwvyn a écrit:
- Mordoré, macaque, mélodie, monter, mystifié, mou, malappris, mensonge
- Spoiler:
- Lily of the valley a écrit:
“Tu n’es qu’un malotru, un malappris, un macaque, un mou du bulbe …” Sur une mélodie connue de toute femme en colère depuis la nuit des temps, les noms venimeux ricochent sur le visage amusé de l’homme, comme les perles d’un chapelet sur les dalles d’une église. “Tu es un mielleux, un macaque… -Bis repetita, rétorque l’homme. -Un minable, un… un …” L'épouse est rouge, essoufflée et échevelée. L’homme a les bras croisés, un demi sourire, un sourcil levé et cette irritante petite fossette dans la joue gauche qui fait encore monter la rage de la femme. “Un ? -Un ouistiti, expectore la harpie, les mains sur les hanches. “Oh, c’est mignon, tu as sans doute été mystifiée par ma douce barbe mordorée.Mais ouistiti ne colle pas, tranche l'homme. -Un roi du mensonge -Non plus. -Quoi ? -Roi ne commence pas par un M.” Une gifle efface la charmante fossette. “Mornifle, ça commence par un M.” hurle la jeune épouse en quittant la pièce, ses hauts talons cliquetant sur le carrelage. - L’Ami a écrit:
Sur la commode aux reflets mordorés trônent trois macaques de porcelaine, une sorte de Limoges de fête foraine. Le premier les mains sur la bouche se retient d’hurler aux mélodies obsédantes du carillon Wesminster, à longueur de journée. Le deuxième, les doigts sur les yeux pour ne plus contempler les meubles Henri II sur fond de papiers peints aux motifs de muguet printanier qui lui font monter sa tension, quant au troisième mystifié par les inepties entendues à longueur de journée, il se bouche les oreilles. Dans cette maison de mous du collier, de malappris, on donne des cours particuliers de mensonges et de veuleries. - Ysabelle a écrit:
Sur cette route, des macaques, le geste mou, le regard de velours, guettent les passants, tels des enfants malappris, car habitués à leur générosité. Sous le soleil, leur pelage mordoré, fond avec la nature bariolée qui les entoure. On ne peut leur résister malgré l'interdiction de les nourrir. Quand un garde s'approche pour essayer de sensibiliser les passants, ils ont souvent recours aux mensonges les plus grossiers pour justifier leurs gestes. L'endroit a été longtemps mystifié par les habitants et les visiteurs, en raison des rideaux de vapeurs qui montent, formés par les eaux naturellement chaudes. Les cascades produisent de douces mélodies qui accompagnent le promeneur. - Rosalind a écrit:
Annwvyn tu nous as mystifiés avec ces mots en M. Que faire avec un macaque, mordoré ou non ? à part le faire monter dans un arbre. Je ne peux même pas le traiter de malappris, ce serait un mensonge, et de la médisance. Maudits mots, voici un texte mou, moche, minable et malencontreux, sans aucune mélodie, quelle misère ! 08/10 septembre 2020 - Rosalind a écrit:
Plume, écrin, couleur, hardi, saturer, manière, pinson, esprit. - Spoiler:
- L’Ami a écrit:
Chevauchant son aquilain, la plume du cimier s’aperçoit à une volée de flèches, dans le tumulte des combats. Durandal sortie de son écrin, frappe de taille et d’estoc le vascon. Fier de ses couleurs, hardi dans l’engagement, mais la lutte est âpre, sa monture s’effondre. Sous le nombre il sature, s’adosse contre un chêne de manière à préserver ses arrières. D’une branche, un pinson s’apprête à s’envoler, emportant son esprit au souffle de l’olifant. - Lily of the valley a écrit:
L’écrin de verdure dans lequel est nichée la demeure a des reflets d’indigo, des éclats d’argent sous la pleine lune. Les couleurs s’estompent et se perdent, les ombres se multiplient, mouvantes et trompeuses. Dans le salon aux lourds rideaux de velours dissimulant à la lune curieuse l’activité de la petite assemblée, le noyer de la table reflète la flamme des bougies. Dans sa cage dorée le pinson s’est tu, il ébouriffe ses plumes puis se fige à la manière d’un automate dont la clef se serait bloquée. L’air semble saturé d’une tension presque palpable. Les dos sont rigides, les yeux écarquillés, les moins hardis ont les mains qui tremblent et le front qui se couvre d’un voile de sueur leur donnant l’air de statues de cire. Les doigts gantés de dentelle noire de la maîtresse de cérémonie se serrent autour des mains moites de ses deux voisins, le cercle se forme, et les mots s’élèvent dans le battement des coeurs : “ Esprit, nous t’invoquons.” - Annwvyn a écrit:
Jane Austen sortit la plume de son écrin d’ivoire. Derrière la vitre saturée des couleurs de l’automne, elle écrivait à sa manière. Les mots avaient la gaieté du pinson, le ton était hardi, et son esprit vibrait d’une irrésistible espièglerie. - Elianor a écrit:
Plume légère, manières distinguées et esprit hardi, le pinson intrépide sautilla hors de l’écrin de son nid. Le soleil matinal irradiait déjà dans le ciel saturé de couleurs éclatantes. Une journée parfaite pour partir à l’aventure ! - Rosalind a écrit:
Légère comme une plume, de rire et chanter jamais elle ne sature. Pauvre mais toujours joyeuse, ses manières hardies cachent un cœur d’or et un esprit fier. Elle ne possède qu’une robe, qu’elle a parée d’une cocarde aux couleurs républicaines. Dans son écrin nul bijou, mais des aiguilles de grisette.
Son nom ? Mimi Pinson. 12/14 septembre 2020 - L’Ami a écrit:
- Amer, Nadir, Trouble,(er,ant...), Pose(er), Vermeil, Lumineux, Frémir, Quiétude
- Spoiler:
- Lily of the valley a écrit:
« Je … je m’appelle Nadir, » murmure-t-il en baissant les yeux. Elle voit ses lèvres trembler, ses joues dorées se teinter de vermeil, sur lesquelles ses longs cils dessinent des ombres délicates et palpitantes dans la lueur du couchant. Elle aimerait poser sa main sur la sienne, lui montrer qu’elle est aussi troublée que lui, mais sa jeunesse et la présence invisible d’un père et d’un dieu qui l’ont modelée depuis qu’elle a vu le jour, l’en empêchent. Elle se contente de chuchoter « Nahla », et sa voix se pose sur les feuilles d’oliviers qui frémissent au-dessus d’eux dans la quiétude du soir. Les fenêtres s’allument peu à peu. Nahla se lève et saisit le seau qu’elle a empli d’eau, Nadir l’a devancée et leurs mains se joignent sur l’anse. Son regard est lumineux lorsqu’il se pose sur elle, ses lèvres s’entrouvrent sur un espoir. Elle secoue la tête, il lâche le seau. Dans la mémoire de l’adolescente, cet instant sera comme une figue fraîche, une explosion de sucre gâchée par un arrière-goût amer. Celui d’un avenir déjà tracé pour elle. - Fée clochette a écrit:
Amer, le cycliste fatigué par la montée du Tourmalet pensait qu'à 20 ans il avait été au zénith de sa carrière, alors qu'à 33 ans, il en était déjà à son nadir. Cela le troublait, car jeune encore, il ne ressentait pas le besoin de se poser et d'aller cultiver son jardin pour être heureux. Cette année, il n'avait même pas gagné la coupe vermeil, et, son avenir dans le métier, ne lui paraissait plus si lumineux. Regarder celui qui avait gagné la course, le faisait frémir d'une légère déception mais il n'était pas encore fini pour ce sport qu'il aimait. Il allait s'entraîner encore plus durement et ne s'endormirait pas dans la douce quiétude de la retraite. - Ysabelle a écrit:
Les yeux posés sur le corps frêle et les lèvres qui frémissent à chaque trémolo ; Omar K était troublé par la voix ensorcelante de la chanteuse. Il méditait sur le sens de ses paroles. Elle est au Nadir de son bien aimé, astre lumineux inaccessible, son Amer dans les dédales de la nuit... Omar sortit de l'auberge et continua son chemin dans la quiétude de la nuit. Il pensa amusé, qu'elle avait surement touché le point le plus invisible à l'œil nu, qu'il était, n'a pas réussi à atteindre, même avec le performant instrument vermeil qu'il vient d'acquérir. - Annwvyn a écrit:
Le vieil astronome était amer. Il frémissait de fureur contenue, et des envies de meurtre naissaient dans ses pensées troubles. Comment donc ? Il aurait passé sa vie à de savant calculs, à tracer des horizons et des perpendiculaires du nadir au zénith, s’aveuglant chaque nuit l’œil à la lunette, pour qu’un bellâtre le coiffe au poteau ? En mathématiques, en astronomie, en physique quantique, le gamin était mauvais. Mais pour séduire ces dames, ça, il avait la quiétude arrogante des champions du monde, le vermeil du teint, la pose des bourgeois, et les cheveux si gominés qu’ils étaient lumineux comme des queues de comète ! Voilà qui donnait envie de l’envoyer sur orbite. - Rosalind a écrit:
Les larmes aux yeux, Léa repose dans leur écrin les couverts en vermeil, troublants symboles d’un bonheur défunt. Elle frémit encore en repensant à leur violente dispute. Plus aucune quiétude dans son coeur, le zénith de leur amour lumineux, a fait place au nadir des temps amers de la suspicion. - L’Ami a écrit:
Douze ans à parcourir les océans ne lui ont pas fait oublier l’amer, le clocher de sa ville, pour garder le cap jusqu’au port. S’il sait naviguer en suivant les étoiles, là, il cherche au plus profond de lui- même, au nadir de son intimité la vraie raison de son retour. Troublé à l’idée de poser bientôt son sac, il guette les derniers rayons vermeils du coucher de soleil, puis l’apparition lumineuse de Vénus qui voisine la lune. La brise du soir fasèye la grand-voile, d’un doux frémissement, il doit la border, aux manoeuvres d’approche sa quiétude professionnelle revient, demain est un autre jour. - Elianor a écrit:
Dans la quiétude encore lumineuse d’une soirée d’été, il s’installa sur la terrasse, un verre empli d’un délicat liquide vermeil en main. La première gorgée, amère, le troubla. Frémissant, il observa le verre comme si un regard suffirait à obtenir une réponse puis le posa. Soudain, un déferlement ardent le traversa de part en part. Puis un deuxième, puis un troisième. Terrassé par la douleur qui le dévorait de l’intérieur, il lui semblait être entrainé vers les profondeurs les plus sombres, vers le nadir maudit. 16/19 septembre 2020 - Ysabelle a écrit:
- conquête (conquérir, ...), incursion, Proclamer, Alliance, Cap, Porte, vaisseau, poème (poésie, poète,...)
- Spoiler:
- Clinchamps a écrit:
Quand la conquête de l’espace fit incursion dans notre vie tranquille, proclamant la naissance d’une nouvelle ère, nous avons compris que le temps de l’alliance était arrivé. On allait mettre le cap vers la porte des étoiles, on allait concevoir et bâtir des vaisseaux nouveaux et la poésie des espaces infinis s’empara de l’âme de chacun. - L’Ami a écrit:
Cette conquête est une riposte aux diverses incursions inacceptables de notre pré carré par nos cousins stylommatophores qui nous obligent à proclamer la mobilisation générale et la dénonciation de notre alliance familiale afin de tenir le cap d’une réponse franche assurant notre légitimité territoriale, ceci ne souffrant aucune contestation pouvant porter préjudice à notre nation des gastéropodes pulmonés. Nous, escargots, revendiquons la libre circulation aux marches de notre empire, la pleine jouissance des champs de laitues gain de notre victoire sur nos cousines les limaces, exhortons nos frères ennemis d’accepter leur défaite, d’embarquer sur le vaisseau de paix que nous leur proposons afin de construire un monde meilleur, et de fêter cette nouvelle entente par un grand banquet de scaroles, de romaines, de batavias ainsi que de conclure cette réconciliation par un concours de poèmes. - Fée clochette a écrit:
Alors que les escargots avaient conquis le territoire des salades du jardin et banquetaient. Les hérissons cachés dans leurs nids sous les taillis, décidèrent d’une incursion dans les salades. Pour cela ils proclamèrent une alliance de la grande famille des Erinaceidae. Leur armée silencieuse s’avança vers la bordure du pré et bifurqua vers un petit cap de bois pour franchir la porte du potager. Leur nombre était tel, que piquant contre piquant, ils formaient un vaisseau assassin et croquaient inexorablement tout gastéropode pour ne laisser que désolation dans la troupe des mollusques. Ah, ils n’étaient pas poètes nos vaillants prédateurs, aucune pitié, bientôt les coquilles jonchaient le sol, à la grande joie du jardinier. Au matin, les salades, rassurées, s’étalaient, rondes, sous les rayons du soleil ! - Lily of the valley a écrit:
“Même pas cap’ !” Effectivement, il n’est pas cap’. C’est au pied du mur qu’on voit le mur et aux portes de l’enfer qu’on sent l’odeur de la chair roussie. Voguer sur le vaisseau de la langue française en charentaises et le
fessier sur la moquette de sa chambre est une chose, conquérir la scène du slam en est une autre. Quand on est aussi imbibé qu’un baba, se proclamer poète, c’est comme proposer une alliance à la première fille qui passe : une erreur fatale. C’est ainsi, qu’après un énième cocktail fluorescent et un “même pas cap” de son meilleur ami, le jeune homme a relevé le défi de faire cette incursion dans le monde de la compétition poétique. L’ami en question le pousse maintenant gentiment vers la scène, l’empêchant de faire volte-face et de se rouler en boule tel le hérisson moyen, rejetant l’argument de “les autres étaient meilleurs que moi” par un très ruralement sage “c’est à la fin de la foire qu’on compte les bouses” accompagné d’un sibyllin “estime-toi heureux de ne pas t’être proclamé hypnotiseur d’escargots ou lanceur de menhirs” … - Selenh a écrit:
Poème de la figure de proue
Amis regardez comme il passe le cap le vaisseau qui fera la conquête de ma Belle
... Incursion hardie sur l'échine de mon amour ...
Toutes les portes de l'horizon sont ouvertes Je proclame mon alliance avec la mer - Rosalind a écrit:
Les hommes ont toujours porté loin leur ambition. Passant des vaisseaux de la mer à ceux de l’espace, après des incursions dans les territoires des peuples indigènes, ils ont mis le cap vers les étoiles. Ils ont tout conquis, refusant les alliances et proclamant que le monde leur appartient. Le poète a toujours raison, qui voit plus haut que l’horizon. Où donc s’arrêtera l’homme séditieux ?
Hors concours
Rien ne va plus. Mon alliance me serre, mes vaisseaux sanguins éclatent, tout un poème ! Finies les incursions dans les pâtisseries, je mets le cap vers la salle de sport, et pars à la conquête de la minceur. Dans trois mois je porte du 40, je le proclame haut et fort ! 20/23 septembre 2020 - Fée clochette a écrit:
- Aventure, ciste, symphonie, palette, jalousie, pureté, parfum, garrigue.
- Spoiler:
- Lily of the valley a écrit:
La palette infinie des couleurs de la garrigue, le thym et la lavande où le lézard irisé cherche l'aventure, la symphonie des cigales dans l’ombre zébrées des jalousies, la pureté de l’azur dans l’argent des oliviers, les cistes chiffonnés et les cistres de Bizet, les parfums de Grasse et les grasses olives, les marches de Cannes et les marchés de Provence, les santons peints et les pins centenaires, Daudet dans son moulin, Pagnol dans son école, Bardot sous sa choucroute, … Non, décidément, non. Offrez-moi les forêts denses et chemins creux où coulent les sources fraîches et courent les lutins malicieux, les aubes brumeuses, la girolle au creux d'une racine, la pluie et le vent, les pieds glacés devant la cheminée, les nuits qui n’en finissent pas et les jours qui ne commencent jamais, le souffle de la terre humide et l’éclat du givre sur la mousse du sentier. Ne me vendez pas un pays de boule à neige. Je n’en ai nul besoin, j’ai tout ce qu’il me faut ici, merci. - L’Ami a écrit:
Prendre son essor de sa chrysalide, une façon d’embrasser l’aventure malgré la fragilité de ses jeunes ailes encore fripées comme les pétales d’un ciste cotonneux. Une symphonie de blancs ou de magentas, sur une palette couleurs de maquis le transcende, comment succomber à la jalousie puisqu’il fait partie, lui-même, de ce feu d’artifice. La pureté de l’espace lui propose des chemins de parfums à travers la garrigue. - Rosalind a écrit:
Partir à l’aventure dans la garrigue, dans la pureté de l’aube, s’enivrer du parfum des immortelles et du thym, admirer la palette variée des cistes, s’émerveiller de la symphonie du chant de l’alouette et de la fauvette pitchou, que dire de plus sans susciter la jalousie des pauvres citadins ? - Ysabelle a écrit:
Une aventure incroyable que celle de cette symphonie. Née pourtant dans le magma des guerres. Une palette d'expressions de danses, de colorations et de rythmes. Son succès suscita admiration et jalousies, mais nul ne resta insensible à ce parfum de renouveau. Les mélodies d'une extrême pureté apportent comme un éclat de fraicheur des cistes dans une garrigue assoiffée après des mois de sécheresse. 23/29 septembre 2020 - Lily of the valley a écrit:
- Géant, pêcher (nom ou verbe) ou pécher, défier, oreille, correct, agacer, rouge, république.
- Spoiler:
- Clinchamps a écrit:
Certains voudraient créer leur République des Géants, le drapeau en serait rouge, couleur du péché d’orgueil. Ils s’en croiraient seuls dignes, défiant quiconque d’atteindre le niveau correct pour y être admis. Géants par la taille ? Ou par l’esprit ? Ces prétentions me sifflent aux oreilles, m’agacent les dents comme la morsure dans un citron vert ! - Rosalind a écrit:
Je défie quiconque de porter un nom plus ridicule que le mien. Fet.Nat ! où mes parents ont-ils été pêcher ce prénom ? Dans une pochette surprise géante ? Non, dans le calendrier de la République. Franchement ce n’est pas correct d’infliger ça à ses enfants. Les oreilles me sifflent encore des moqueries des autres gamins, et à présent que je suis adulte ça m’agace toujours autant. Eh bien voilà le résultat, je hais la République, le 14 juillet et le drapeau bleu blanc rouge. J’ai viré royaliste, vive Louis XX ! - Annwvyn a écrit:
Le renard regardait d’un œil maussade le pêcher géant qui dominait le jardin, et dont les fruits d’un rouge éclatant lui agaçaient l’appétit. Il aurait été correct de dire que l’arbre défiait le canidé, dont les oreilles frémissaient de l’irritation d’être impuissant. Était-ce bête, n’est-ce pas, de vivre en République pour être à ce point privé des richesses des grands ? - Ysabelle a écrit:
Certes, elle ne s'attendait pas à ce qu'on lui déroule le tapis rouge ; Elle n'est pas le président de la république, ni une star internationale ! Mais, elle était tout de même agacée par tant d’indifférence ! Comme d'habitude, elle avait péché par générosité, surtout face aux supplications incessantes de sa sœur qui ont fini par avoir raison de sa détermination. Elle avait fait un pas de géant en venant ici après toutes ces années. Dire qu'elle avait défié la chronique à l'époque, en claquant la porte pour retrouver sa liberté. Elle avait choisi ce qu'elle jugeait correct pour elle. Elle n'avait trouvé alors, aucune oreille attentive à sa souffrance. Depuis, les choses ont bien changé, mais pas sa famille ! 01/09 octobre 2020 - Annwvyn a écrit:
- Mordicus, Epée, Avocat, Menthe, Protestant, Guise, Carillon, Réconfort
- Spoiler:
- Lily of the valley a écrit:
… en guise, en guise, en guiiiiiise, de parasoool…
“Non mais t’entend ça, Mordicus ! ça date de mes robes c’te chanson.”
Le gros chat lève une paupière lourde et se met à ronronner, ignorant avec un mépris tout félin la remarque de son vieux maître. Le carillon Westminster sonne onze heures, cassant un peu l’ambiance mexicaine que Bastien a voulu créer pour son grand-père. Depuis qu’ils sont confinés tous les deux, chaque jour est un voyage gastronomique. Il écarte un gros bouquet de menthe et une tomate un peu avancée et brandit un vieux couteau de cuisine comme une épée vengeresse au- dessus d’un gros avocat luisant en protestant inutilement que l’ambiance n’est pas là sans la musique adéquate.
“Non, mais gamin, c’est pas parce que j’ai connu les trains à vapeurs que je préfère pas le TGV, alors tue-moi c’te vieillerie !”
Le jeune homme, sachant qu’il n’aura pas le dernier mot et que le vieil homme a toujours trouvé un certain réconfort dans ses râleries, fouille d’un doigt graisseux sur son téléphone, et lance une Shakira qui n’a de mexicain qu’une vague proximité continentale mais semble satisfaire l’homme. Demain, ils voyageront en Bretagne, ça promet d’être folklorique. - Rosalind a écrit:
Ta recette d’avocat à la menthe ne m’apporte aucun réconfort, bien au contraire. Mon estomac gronde en protestant comme un carillon funèbre. A ta guise si tu veux continuer tes expériences culinaires, mais ce sera sans moi. Je le soutiens mordicus et signe à la pointe de l’épée, d’un Z qui veut dire zut z’en ai marre ! - Annwvyn a écrit:
Les botanistes étaient regroupés dans la serre, tenant conciliabule au couchant du soleil, chacun se faisant l’avocat d’une nouvelle analyse. Théodule avait soutenu mordicus que ses pousses de menthe étaient de la variété menthe poivrée, mentha piperita, de cette menthe qui picote le bout de la langue comme une petite épée glacée. Norbert n’en croyait pas un mot. Il avait parlé à sa guise, protestant que sa menthe était une menthe des champs, mentha arvensis, celle venue du Japon, avec ses fleurs roses et son parfum de camphre. Au fond, tous ces botanistes trouvaient du réconfort à chuchoter des mots latins, le teint rosi par les derniers rayons du jour, et c’était à qui aurait le dernier mot quand sonnerait le carillon du dîner. 11 octobre 2020 - Lily of the valley a écrit:
- Henné, Pelage, Sous-bois, Ramasser, Ennui ou ennuyer ou s'ennuyer, Absolu, Désopilant, Indigo
- Spoiler:
- Ysabelle a écrit:
- Là, dans le sous-bois en lisière du lac Indigo, dans ce calme absolu, ou presque, Mélya ne connait pas l'ennui. Elle se livre à ses activités préférées, tout en profitant de la nature pour se ressourcer. Ainsi,il lui arrive de ramasser des feuilles séchées de Henné, ainsi que d'autres plantes dont elle se sert pour fabriquer ses cosmétiques naturels, observer les écureuils aux pelage roux, écouter le chant des
oiseaux, ... Quelques fois, la nature la gratifie même de scènes désopilantes, comme cerise sur le gâteau. Les animaux ne manquent pas d'humour. - Fée clochette a écrit:
Elle triait les champignons ramassés dans le sous-bois derrière la ferme. Son imperméable dégoulinait suspendu au crochet du seuil. Quel ennui cette pluie ! Passant devant le miroir elle rit : sa chevelure mouillée donnait l’impression désopilante qu’un vieux loup gris au pelage mité était assis sur sa tête. Dans l’absolu, cela lui était égal, mais elle s’aimait pimpante lorsqu’elle recevait. Elle prit un bol, versa la poudre d’indigo avec de l’eau chaude, attendit un peu, déposa le tout sur sa tête (ah ! l'allure). Deux heures plus tard, elle rincerait et appliquerait le henné. Ce soir, avec un léger maquillage, les cheveux brillants et d'un brun doux, elle aurait 50 ans de moins les amies ! - Clinchamps a écrit:
La jeune femme posait soigneusement le henné sur sa paume à l'aide d'un fin roseau. Peu à peu le tatouage fugace apparaissait. Dessin totalement abstrait de rosaces et de volutes qui pourtant lui évoquait bizarrement un sous-bois buissonnant. Le voile indigo qui cachait les cheveux de l'artiste glissa, dévoilant une chevelure rousse et touffue, un vrai pelage de fauve... Elle le ramassa, le replaça sans que l'expression concentrée de son visage changeât d'un iota... Quel ennui que ces rituels ancestraux, surtout pour des fiançailles non choisies, ni voulues... Une absolue incohérence, qui serait désopilante si ce n'était sa propre vie qui en faisait les frais... - Rosalind a écrit:
Dans le sous-bois les deux garçons s’amusent à ramasser des châtaignes, et se poursuivent en se lançant des bogues. Sans remarquer le faon blotti dans un creux, d’une immobilité absolue, dont le pelage tacheté se fond dans les taillis.
Puis ils découvrent des buissons de ronces couverts de mûres. Avec des cris de joie ils cueillent les baies noirâtres et s’en régalent, se barbouillant les doigts et le visage de jus indigo, dessinant des tatouages moins délicats que ceux au henné. Ils se trouvent désopilants et rient aux éclats. Impossible de s’ennuyer en forêt ! 15/19 octobre 2020 - Clinchamps a écrit:
- Urticant, enchaîner, sarbacane, guimbarde, farandole, canard, empoigner, oubli (oublier)
- Spoiler:
- Fée clochette a écrit:
- Ses yeux fixaient un point lointain. Il entendait nettement les notes lancinantes de la guimbarde, puis
l’homme à l’harmonica enchaînait un air qui perçait l’air comme le dard de la sarbacane. Des notes hautes de l’ocarina naissaient un monde épique de chevaux cavalant en une longue farandole, leurs crinières empoignées parfois par les chevaucheurs. Dans le ciel, un vol en V de canards, ou de Bernaches ajoutait des notes grinçantes, presque urticantes par leurs répétitions. Concentré, Ennio Morricone composait… peut – être l’avez-vous oublié ? - Ysabelle a écrit:
Sa passion pour la musique le mena jusqu'en Mongolie. Ainsi, il découvrit la Guimbarde encore utilisée par des chamans. Un jour il s'amusa même à les accompagner avec sa sarbacane, partageant ainsi un moment exceptionnel. Il faisait preuve d'une grande ouverture et rien n'était plus urticant pour lui que les esprits obtus ; Julien étudia de nombreux instruments, avant que ses pas ne l'entrainent jusqu'en Syrie, où il s'établit définitivement. Attiré par la poésie et les chants soufis, les danses rythmées en farandoles, les dewichs tourneurs et l'usage d'instruments sophistiqués ; Il n'oubliera plus le jour où il empoigna pour la première fois le Qanun, dont il devint, sans conteste, l'un des Maitres les plus respectés. Le groupe qu'il constitua connut un grand succès dans le monde et fut souvent cité dans de nombreux canards. - Lily of the valley a écrit:
Vue du ciel, leur longue file horizon-boueux qui serpente au fond du boyau doit ressembler à une farandole attendant le début du bal, de la danse macabre. Le ventre pressé contre la paroi humide, Victor tente d’oublier. Oublier la fange qui s’est insinuée sous ses guêtres, les poux insensibles au froid, les gaz urticants, les corps en lambeaux. Oublier la guimbarde de Germain qui est allée rejoindre, quelque part dans un cratère visqueux, la flûte d’Antoine, cet instrument étrange aux allures de longue sarbacane qu’il s’était fabriqué pendant les trêves. Deux jours auparavant, le duo avait enchaîné les chansons en buvant l’infâme piquette qu’on leur avait offerte pour fêter le troisième Noël au front. Ils avaient rôti un canard trop confiant dont la ferme n’était sûrement plus qu’un tas de cendres et qui ne connaissait de l’humain que la main servant le grain … L’esprit de Victor s’envole vers sa montagne, sa vue se brouille. Une grande main empoigne son épaule y infusant chaleur et amitié. Edmond murmure un “ça va aller”. Victor hoche la tête et resserre ses doigts glacés sur le fusil, attendant le signal. - Annwvyn a écrit:
« Pas de risque qu’on le prenne pour Mozart », constata Pépé défaitiste, dont le petit fils, fier comme un coq, enchaînait les canards en soufflant dans sa guimbarde comme dans une sarbacane. « Comme qui dirait, ça vous empoigne les tripes dans une farandole de coin-coin, et l’urticaire vous oblitère les tympans. » Les neurones en tambour battu, Pépé finit par s’oublier. « Fichtre, mais c’est que le gamin me rappelle sa Mémé ! ». - Rosalind a écrit:
Comment oublier ce jour, où il avait invité l’élue de son cœur à la fête foraine. Il avait enchaîné les maladresses, arrivant en retard car sa vieille guimbarde avait rechigné à démarrer. Elle cahotait et tressautait avec des hoquets de canard enroué. Puis il s’était empoigné avec le propriétaire du stand de tir à la sarbacane. Il lui avait planté le dard urticant dans le bras et l’homme hurlait comme un putois. S’était ensuivie une folle farandole, qui s’était terminée au poste. Aujourd’hui encore il n’arrive pas encore à croire à son bonheur, elle s’est tellement amusée qu’elle l’a épousé. - Elianor a écrit:
Au volant de sa vieille guimbarde jaune citron, Alex roulait à vive allure, filant comme une petite bille soufflée par une sarbacane, oubliant toute prudence. Empoignant son volant d’une main ferme, il enchaîna une série de virages avec dextérité, une farandole de feuilles mortes dans son sillage. Quelques mètres plus loin, il évita de justesse une tribu de canards qui traversait la route mais ne vit que trop tard le camion arriver en face de lui. Un écart plus loin, il se retrouva, moteur fumant, coincé entre un mur et un massif de buissons urticants. 20/23 octobre 2020 - Elianor a écrit:
- Amadouer, étoffe, champignon, gris, esprit, indiscrétion, costume/costumer, brûler
- Spoiler:
- Lily of the valley a écrit:
C’est dans le givre de l'aube qu’ils l’ont trouvé, au creux d’un cratère, silhouette d’elfe pâle figée au milieu des casques éparpillés autour de lui comme de gros champignons. Ses bras enserrent le corps qu’il a couché sur ses genoux, la tête au creux de son coude. Il lui parle. Doucement, tendrement, son front contre le sien. Victor s’avance avec précautions. Les autres l’ont envoyé -c’est un gars de par chez toi- pour convaincre le jeune soldat de revenir parmi les vivants alors que chaque camp récupère ses morts, ses blessés, ses choqués, juste avant d’en fabriquer d’autres, avec une méthode et une régularité implacables. Victor écoute l’elfe rassurer son mort, lui dire que tout ira bien, qu’ils rentreront bientôt au village. Il le voit embrasser le front gris. Son esprit sait son indiscrétion mais son coeur veut se brûler à la flamme de cette intimité volée, papillon avide d'amitié. Il tend la main vers l’elfe comme il amadouerait un chien effrayé, touchant du bout des doigts l’étoffe raide de l’uniforme, grotesque costume de carnaval sur ce soldat-enfant. Les doigts gourds s’accrochent désespérément à ses doigts et quand le regard s'ancre au sien, Victor sait qu'à la fin, aucun d'eux ne sortira vivant. - Rosalind a écrit:
Gladys a bu plus que de raison pour oublier sa colère à la lecture des indiscrétions de ce journal à scandales, qui lui a taillé un costume sur mesure, insinuant qu’elle n’avait pas l’étoffe pour ce rôle. Au volant de sa voiture de sport, l’esprit un peu embrumé, elle appuie sur le champignon. Grisée par la vitesse, elle brûle un feu rouge et se fait courser par une voiture de police. Réussira-t-elle à amadouer l’agent en usant de son charme légendaire ? l’actrice prépare son sourire le plus enjôleur. - Annwvyn a écrit:
Le ciel était d'un gris de pluie, et Gustave courait la campagne, le velours brun de son costume tout pailleté de gouttelettes de brume. Une indiscrétion de commère, lui avait appris qu'il était aimé. Aimé, lui ! Pauvre garçon, qui n'avait ni l'étoffe d'un héros, ni un sou en poche, et qui jugeait lui- même son esprit médiocre. Gustave avait la manière de ces petits champignons comestibles, qui n'amadouent pas les promeneurs mais sont les plus savoureux. Le cœur éclatant, le garçon fonçait vers sa demande en mariage, et ses lèvres brûlaient. 27/31 octobre 2020 - Rosalind a écrit:
- Auberge, vertige, artiste, baroque, tango, délice, mèche, broder
- Spoiler:
- Annwvyn a écrit:
Avec ses meubles baroques et rococos, ses étagères de livres à gogo, et ses innombrables chambres à vous en donner des vertiges, la vieille auberge n’avait jamais été aussi accueillante. Victoria s’était déniché un petit espace dans ce fatras réconfortant. Elle s’était emmitouflée sous un vieux plaid ronchon, et roulée en boule devant la cheminée où les flammes dansaient le tango. Ses mèches ébouriffées se donnaient des airs d’artiste, tandis que Victoria brodait en songe avec délice des idées joyeuses et mystérieuses, sans queue ni tête. - Lily of the valley a écrit:
La berge est bruissante alors que se faufilent, sous les lames givrées de l’herbe, toute une vie infime, frileuse et engourdie. Aube berge, auberge du petit peuple des rives. Le soleil baille encore, une mèche mordorée, échappée de son bonnet de brouillard, effleurant la surface de l’eau où s’enroulent des tourbillons paresseux. Tango, tangue eau des flots somnolents. Le grand chêne brode de volutes baroques le taffetas chatoyant de la nuit qui se replie lentement. L’artiste ferme les yeux, pris de vertiges. Nul jardin des délices n’égalera jamais sur la toile cet instant mouvant, émouvant, offert par l'éclosion d';un matin d'hiver. - Ysabelle a écrit:
L'auberge était située sur une haute falaise. De quoi donner le vertige, se dit le jeune artiste admiratif. Il s'essuya le front pour dégager une mèche qui le gênait. Sa vue plongea avec délice, dans l'immense paysage qui s'offrait à son regard. A l'intérieur, sa surprise était encore plus grande, au fur et à mesure qu'il avançait. Des meubles de style baroque dans le hall et dans les chambres, du linge brodé, une ambiance feutrée, donnaient à l'ensemble un charme exquis. Subjugué, il se mis à fredonner un air de tango très connu, sous le regard amusé de la propriétaire. - Clinchamps a écrit:
"Valse mélancolique et langoureux vertige..." Ces quelques mots tournaient dans sa tête, suscités par un air de piano lointain. Sa pensée errante lui amena cette réflexion : "Quel délice que ce vers de Baudelaire, artiste si différent dans sa délicatesse du personnage baroque et insupportable de l'homme !" S'installant au bar de l'auberge, il commanda un tango. "Désolé, plus de grenadine"répliqua le serveur, en baissant la mèche de la lampe d'ambiance "ancienne" qui fumait. Deux pêcheurs, à une table proche, brodaient à qui mieux mieux et à grand bruit sur leurs exploits de la veille. "Où est l'harmonie du soir ?" se demanda-t-il ironiquement. - Rosalind a écrit:
Sur la musique d’Astor Piazzola les deux danseurs, de mèche pour broder une improvisation baroque, enchaînent les pas dans un vertige de tango, pour le plus grand délice des spectateurs qui applaudissent les artistes à tout rompre, debout sur les tables de l’auberge. - Elianor a écrit:
Juste avant de pénétrer dans l’auberge, Eliza fut prise d’un vertige. Arriverait-elle à broder une histoire suffisamment plausible pour que Barnabé, cet artiste cruel à l’allure baroque, lui laisse la vie sauve ? Pendant un instant, appuyée contre le mur, elle se remémora avec délice sa vie tranquille d’avant. Reprenant ses esprits, elle épousseta sa robe et arrangea ses mèches de cheveux pour essayer d’être plus présentable. Lorsqu’elle ouvrit enfin la porte, une agréable musique de tango, parvint à ses oreilles. Elle était prête à faire face à son destin. 1er novembre 2020 - Ysabelle a écrit:
- Pavillon, Chasse, Royal (e), Saint(e), Chapelle, Siècle, Chevaleresque, Fort
- Spoiler:
- Rosalind a écrit:
Pour trouver un homme chevaleresque en notre vingt-et-unième siècle, il faut se mettre sérieusement en chasse. Elodie s’était fait fort de décrocher le gros lot. Elle a brûlé des cierges et déposé des offrandes royales sur l’autel de la chapelle de son village. Rien n’y a fait, et elle ne sait plus à quel saint se vouer. Toutefois elle ne baisse pas encore pavillon, car c'est une vérité universellement reconnue qu'un célibataire pourvu d'une belle fortune doit avoir envie de se marier. Demain c’est décidé, elle s’inscrit sur un site de rencontre. - Lily of the valley a écrit:
Se fondre dans une société dont il renie le siècle n’a jamais été le fort de Germain-Baptiste Bayard, peut-être à cause de son historique de nom. Pour l’heure, il appuie élégamment une hanche vêtue de cuir noir au troisième pilier -il a compté- du bas-côté nord de la chapelle Sainte-Pétronille. Ledit pilier étouffe sous des brassées de feuillages factices piqués de roses, tandis que le jeune homme étouffe un bâillement. Son sourire narquois surmonte une royale digne de Richelieu, son regard exaspéré se cache sous ses longues mèches que rassemble, sur la nuque, un lacet de cuir. Il ne sait que faire pour s’évader de cette cérémonie interminable, pour épargner à sa mémoire ce festival de cucuterie imprimé sur sa rétine par les flashes. Germain-Baptiste caresse d’un index distrait le chat que l’aiguille d’un artiste a lové à l’encre dans le pavillon de son oreille droite tout en priant Sainte Pétronille, dans sa châsse, de le dissimuler aux yeux des mariés qui se tournent maintenant vers la sortie et l’avenir incertain de leur couple tout neuf. Il est tenté d’adopter un comportement tout sauf chevaleresque : prendre ses longues jambes bottées à son cou et fuir, avec ou sans destrier. 4 novembre 2020 - Lily of the valley a écrit:
- Chagrin, avancer, irréductible, bonnet, pain d’épices, fouiller, délicatement, enveloppe.
- Spoiler:
- Rosalind a écrit:
Coiffés de bonnets rouges à pompon, les lutins s’activent, ouvrant délicatement chaque enveloppe. Ils avancent peu à peu dans leur tâche, lire et classer toutes les lettres des irréductibles qui croient fermement au Père Noël. Pas question de provoquer le chagrin d’un enfant qui, fouillant dans sa chaussette, ne trouverait pas les jouets tant attendus. Ensuite, ils pourront se reposer et se régaler de pain d’épices et de chocolat chaud. - Elianor a écrit:
Noël avait disparu dans un chagrin général. L’Autorité avait décidé qu’il fallait avancer et que les vieilles traditions ne devaient plus avoir cours. En fin d’année, plus de bonnet de Père Noël, plus de pains d’épices, plus de lumières, plus de fouille dans les monceaux de paquets au pied du sapin pour trouver son nom. Finie l’ambiance bon enfant qui enveloppe délicatement tout un chacun dans une nuée de joie et de gaieté.... Heureusement, la résistance était vaillante. Les Irréductibles étaient nombreux à maintenir la magie de décembre, dans le secret de leurs demeures ou dans des actions éclatantes ! - Ysabelle a écrit:
Laisser son chagrin derrière et avancer, voilà ce qui est plus facile à dire, pensa-t-elle en ajustant son bonnet. Il lui faut fouiller au fond de son être et puiser la force pour rebondir. Pour l'instant, elle a besoin de prendre des forces avant d'aller affronter ses démons ; Sa grand-mère lui répétait souvent qu'il n'y a rien de mieux que la nourriture pour remettre les idées en place. De retour à la maison, elle se prépara une tasse de thé, qu'elle accompagna d’une tranche de pain d'épice. Le courrier était disposé sur la table. Elle prit le plus volumineux, en défit délicatement l'enveloppe. Une surprise l'attendait. Ma décision est irréductible, se dit-elle déterminée. Je ne céderai pas d'un pouce. - Annwvyn a écrit:
Enveloppé dans son grand manteau fourré, la tête enfoncée dans un bonnet de peau parfumé, Basile avançait contre les vents glacés. Tout irréductible aventurier qu’il était, le jeune homme se sentait chagrin. Envoyé en mission de reconnaissance, il avait laissé derrière lui l’igloo de ses camarades, tout imprégné des senteurs gourmandes des pains d’épices. Autour de lui, le noir absolu. Basile avançait pas à pas, fouillant délicatement le sol glacé du bout du pied. Il écoutait les icebergs craquer dans la nuit. 11 novembre 2020 - Elianor a écrit:
- Sensation, histoire, particulier, reconnaitre, étoffe, chemin, organiser, brillant.
- Spoiler:
- Fée clochette a écrit:
- Chères concitoyennes et chers concitoyens,
J’ai vraiment la sensation que mon histoire particulière doit vous inviter à reconnaître que j'ai l'étoffe pour occuper la fonction de maire. Constatez que mon chemin, a été poursuivi avec opiniâtreté par un choix de vie parfaitement organisé afin de servir notre petit village de montagne. Construisons tous ensemble, sans peur, un avenir brillant, pour nos enfants qui en seront les bénéficiaires. - Annwvyn a écrit:
Les meilleures histoires ont ceci de particulier qu’elles vous donnent la sensation de parcourir du chemin. On peut reconnaître un bon auteur à la façon qu’il a d’organiser ses mots, comme un sentier de petits cailloux brillants. Au bout du voyage, vous êtes transformé et vous vous sentez l’étoffe d’un héros. - Rosalind a écrit:
Léo se blottit sous la couette, au milieu du désordre savamment organisé de ses peluches. Les yeux brillants d’excitation, il ressent une délicieuse sensation d’attente. Il reconnaît le pas si particulier de sa maman, perçoit le doux froissement de l’étoffe de sa robe quand elle s’assoit à ses côtés. C’est l’heure magique. Sur quels chemins de rêve l’histoire de ce soir va-t-elle l’entraîner ? - Lily of the valley a écrit:
Il était un garçon sans histoires, sans excès, sans rien de particulier qui fît de lui un être extraordinaire ni remarquable. Ce jour-là, il n’avait pas tenté de faire sensation, il savait qu’il ne pouvait être de ces êtres brillants qui scintillent dans le regard de ceux qu’ils savent éblouir. Il savait reconnaître sa gaucherie, ses lacunes, sa lenteur d’esprit quand celui-ci s'emmêlait lamentablement dans les plis de sa timidité comme dans l’étoffe trop épaisse d’un manteau trop long. Sa moitié (en devenir) avait organisé sa rencontre avec sa belle-famille (en devenir) pour le jour de Noël. Il se souviendrait longtemps de ces relents de rejet et ses accents de mépris qui avaient jalonné ce chemin vers l’acceptation d’un gendre n’ayant de fortune que l’or de son cœur. A défaut d’accueil à bras ouvert, il avait enduré une tolérance juste polie. Il n'était pas de ce monde. Noël n’aurait plus jamais le même goût. - Ysabelle a écrit:
- Au premier regard posé sur la toile, il eut la sensation de vivre une histoire particulière. Elle lui donna l'illusion d'arpenter un chemin hors normes. Il reconnut là l'étoffe d'un génie ; Un de ces êtres qui
évoluent hors de toute idée organisée, préconçue. Un être brillant. 15/21 novembre 2020 - Fée clochette a écrit:
- Avoine, Poutre, Tuiles, Chat, Chemin de fer, Artiste, Cœur, Soleil
- Spoiler:
- Lily of the valley a écrit:
Y a pas un chat le long de la voie de chemin de fer, du moins c’est ce qu’espère le p'tit Bébert alors qu’il sautille entre les traverses, se glisse entre les wagons, se faufile le long des palissades et fait de l’équilibre sur les rails comme un acrobate sur une poutre. C’est sûr, il a rien d’un artiste de cirque, Bébert, et à coup sûr, il va se faire avoiner sévère par le père quand il va rentrer. Y a longtemps qu’il s’est fait une raison, les coups, il les encaisse, comme il a encaissé toutes les tuiles qui sont tombées sur la maisonnée depuis quelque temps, comme si la guerre avait pas suffi. La fermeture de la conserverie, la scarlatine du petit Raymond qu’en a gardé un cœur pas droit et une case vide, le feu de cheminée qu’a bouffé une partie du grenier, comme de bien entendu, sa partie à lui, où il avait son grabat. Maintenant, il dort avec les filles dans la cuisine et p’tit Raymond, il dort avec le père et la mère. Bébert se faufile dans un hangar, le soleil commence à monter au-dessus des usines, mais Bébert, il a l'œil pour dénicher vite fait, avant qu’il fasse trop jour, de la camelote à échanger contre un peu de graille. - Rosalind a écrit:
Fiévreusement Vincent étale les couleurs sur la toile. Au loin deux traits sombres, la voie de chemin de fer, telle une cicatrice dans le jaune du champ de blé bordé de folle avoine. Rouges, les tuiles des toits, brun foncé, les poutres d’une charpente. Au cœur du tableau, les paysannes en fichu qui se hâtent vers l’église. Epuisé, l’artiste se laisse tomber sur une chaise et regarde son œuvre d’un œil critique. Il manque quelque chose, mais quoi ? De la pointe du pinceau il esquisse la silhouette d’un chat vautré dans une flaque de soleil. - Annwvyn a écrit:
La gare n’était qu’un modeste abri de poutres craquantes, posé sur un pavage de tuiles ornementées du nom du village, et le vent faisait chanter son toit de tôle. Takiko venait y passer des jours paresseux, se prélassant au soleil à la manière des chats, les poumons tout emplis du parfum des champs d’avoine, et bercée par le chant des criquets. Deux fois par jour, le train passait à travers la campagne, en longues courbes fluides comme aurait fait le pinceau d’un artiste. Le métal brûlant du chemin de fer vibrait alors, et faisait battre le cœur de Takiko. 22 novembre 2020 - Annwvyn a écrit:
- Métronome, averse, crotte de bique, boule, Amsterdam, sinueux, rejetons, cajoler.
- Spoiler:
- Rosalind a écrit:
- Arthur parcourt à grandes enjambées les quais du port d’Amsterdam. Sans se soucier de l’averse qui le détrempe, il avance mécaniquement d’un pas de métronome.
Foin des langueurs océanes, il a les boules. A quel moment du cours sinueux de son existence aurait-t-il engendré ces rejetons ? il ne se sent pas une âme de père, et n’a nulle envie de changer des couches, ni même de cajoler. Crotte de bique ! pas question d’être le bouc émissaire. Il subodore une carabistouille. - Fée clochette a écrit:
Pierrot le chevrier descendait de l'alpage, ses enjambées, même sous la violence de l’averse, restaient réglées comme le balancier d'un métronome, Sa foulée de montagnard impressionnait toujours. Les enfants du village l'attendaient facétieux et accouraient caresser ses chèvres folâtres qui s'égaillaient hors du sentier. Leurs petites crottes de bique, noires, brillantes comme des bonbons de réglisse les intriguaient. Mais ce soir, à cause de la grosse pluie, personne ne l'accueillait. Des pierres roulaient sous ses pieds, il en choisit une ou deux en forme de boule, pour les lancer loin, Shérif son chien de troupeau s’amusait beaucoup à les lui rapporter. C'est grâce à son jet puissant, qu'hier, Pierrot et ses chèvres avaient rencontré un jeune couple les pieds dans l'eau du lac qui s'embrassaient éperdument. Ils étaient partis d'Amsterdam en voilier, pour naviguer sur l'immense delta du Rhin, puis pris d'une envie soudaine, ils avaient remonté le fleuve, admiré son parcours sinueux où les saules pleureurs et leurs innombrables rejetons se penchaient vers l'onde en frissonnant cajolés par la moindre brise. Leur bateau amarré, ils avaient grimpé sur la montagne pour contempler le lac Toma d'où jaillissait le Rhin. Leur joie était à l'image de leur amour, exubérante. - Uly a écrit:
L'averse frappait les carreaux de son atelier tandis qu'avec une régularité de métronome il traçait des chemins sinueux dans la pâte brillante et noire. Crottes de bique ? Déjà pris... Boules de Mozart ? Idem Il fallait trouver un nom amusant pour vendre ses nouvelles créations dans le parc "Willy Wonka" qui allait ouvrir prochainement près d'Amsterdam.
Il imaginait déjà tous ces parents, cajolés par leurs rejetons, qui achèteraient les petits sachets de gourmandises... - Lily of the valley a écrit:
L’averse fouette la vitre crasseuse avec la régularité d’un métronome sadique, le parcours sinueux des lourdes gouttes se dessinant en noir sur le fond du ciel gris acier. Ma colère gronde plus fort que le tonnerre qui fait son tapage au-dessus des toits de la ville. Parfois, un éclair imprime les ombres des barreaux d’un flash cru sur les murs de la pièce exiguë. Ne rejetons jamais la faute sur les autres, me dis-je, je suis le seul responsable de mon malheur. Haha ! Mais bien sûr. Seul responsable. Haha ! Je me bidonne. Accusé, nous vous déclarons coupable de gentillesse, de naïveté et de grande capacité à être manipulé. Je me suis laissé … comment dire ?… Ah, je ne trouve pas de mots… sauf en anglais, je me suis laissé “cajole into”. Non, mais sérieux, s’il te plaît, tu as juste à déposer le sac sur le banc c’est bon. T’inquiète, c’est juste des livres. Un sourire, une main sur l’épaule ... Effectivement, juste des livres, très exactement, deux livres … de petites boules brunes façon crottes de biques en provenance d’Amsterdam. Je frissonne, je sens le froid du couperet sur ma nuque. Mon corps m’envoie cette métaphore pour me dire que je suis dans la … crotte de bique, et ce, jusqu’au cou. 27 novembre/02 décembre 2020 - Rosalind a écrit:
- Grenadier, joyeux(se), emballer, basque, fugitif(ve), mauviette, ivre(sse), dérive(r)
- Spoiler:
- Fée clochette a écrit:
Dans le verger, les grenadiers offrent leurs fruits à de joyeux cueilleurs. Ils les emballent avec précaution dans des caisses de bois. Gran Pa vivement cache une grenade dans une des grandes poches de ses basques, le geste était pourtant rapide, fugitif, mais une petite voix rieuse l'interpelle : - Tu as commis un larcin grand Pa ! - Comment me parles-tu, mauviette ? L'ivresse de la cueillette te fait dériver ! Dit-il en lui pinçant le bout de son nez. - Voilà, je l'ai ! Mirna brandit la grenade qu'elle vient de lui subtiliser. Gran Pa rit, goûtons-là ensemble, ils s'installent dans l'herbe en devisant. - L’Ami (hors concours) a écrit:
Il marchait depuis longtemps le petit tambour des grenadiers de l’Empire, joyeux d’apercevoir de Pampelune les lointaines montagnes de France. Son coeur s’emballe de rentrer en pays Basque où l’attendent frères et soeurs, mais la gorge un peu serrée en se découvrant fugitif, suivi de près par les partisans espagnols depuis l’affaire de Zaragoza. Non pas qu’il se sente une mauviette, toutefois massacrer des paysans à bout portant parce qu’ils défendent leurs terres, il a fallu boire, boire, et reboire pour obéir dans l’ivresse, oublier ces tristes dérives sans honneur, fouler ses souvenirs de gloire. - Elianor a écrit:
Balthazar se faufilait comme un fugitif entre les grenadiers, son sandwich soigneusement emballé dans sa poche droite, sa petite sœur pendue à ses basques, à gauche. L'humeur joyeuse, ivre de liberté, il laissait parfois son esprit dériver au gré du paysage sans pour autant perdre de vue son objectif. "Allez ma mauviette préférée, on ne traine pas, on a encore du chemin avant d'arriver". - Lily of the valley a écrit:
Ce n’est pas encore l’ivresse, mais mon esprit dérive déjà doucement sur les pulsations sourdes de la musique, ou sur celles de mon cœur qui s’emballe sous les assauts d’un infâme cocktail assorti au thème de l’événement : Un joyeux mélange de turquoise et de vert pomme. Pathétique. J’ai réussi à me débarrasser de la sangsue avinée en fourreau rose Barbie qui me collait aux basques depuis le début de la journée. Disons qu'elle s’est liquéfiée -comme le glaçage d’un gâteau au soleil- après le cinquième cocktail. Je ne suis pas particulièrement fier de me réjouir de sa déconfiture mais je n’ai rien demandé moi, surtout pas à être le seul mâle célibataire à une table de femelles tout aussi célibataires, armées de griffes laquées et de lèvres glossy. Alors que je me persuade que je ne suis pas une mauviette et que je peux défendre ma vertu face à une horde d’épouses potentielles, la musique stoppe et DJ Jean-Guy (si, si) annonce le lancer du bouquet de la mariée. La sangsue ressuscite et me lance un regard presque victorieux, son chignon tanguant comme une coiffe de grenadier au sortir de Waterloo. Le bouquet s’envole, la sangsue bondit et j’ai la vision fugitive d’un moi et d’une elle en plastique au sommet d’un gâteau. Courage, fuyons ! - Ysabelle a écrit:
Il contemplait la vaste étendue peuplée de grenadiers en fleurs. Sa mémoire vagabonde s'emballa, ivre et assoiffée de beauté. Fugitive, elle n'admettait point de bride et dérivait à travers les vestiges du passé, telle une joyeuse mauviette. Il remit son béret basque sur la tête, pointa son regard vers le ciel et se leva, après avoir griffonné le poème qui commençait à germer. - Rosalind a écrit:
Sans un regard en arrière, Jon se dirige vers le grenadier, sous lequel il a garé sa moto. D’un geste vif, il démarre, emballe le moteur et fonce, ivre de vitesse. Le béret basque bien ajusté, pas de casque, c’est bon pour les mauviettes. Il ne dérive pas de son cap, joyeux enfin, fugitif de son passé.
Dernière édition par Fauvette le Mer 21 Déc 2022 - 14:45, édité 1 fois |
| | | Fauvette Bluebird on a White Cliff
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| Sujet: Re: Jeu littéraire pour chasser les idées noires : les textes ! Mar 29 Déc 2020 - 16:56 | |
| 03/06 décembre 2020 - Ysabelle a écrit:
- Dame, Atours, Hortensia, Délicat(esse), Précieux(se), Poésie, poème, poète, Estampe, Mémoire.
- Spoiler:
- Lily of the valley a écrit:
"La campagne a revêtu ses plus beaux atours". Ce sont ces mots banals et usés qui viennent à mon esprit de poète malhabile alors que le paysage hivernal m’offre, sous le givre, l’estampe délicate de ses courbes nacrées et de sa chevelure sombre. Dans ma mémoire dansent des instants précieux et lointains, souvenirs de journées enneigées, d’un jeu de dames d’ivoire et d’ébène dans les murmures de l’âtre, d’une fleur d’hortensia retenant l'été entre les pages d’un roman, de parfums de pommes dorées et de cannelle, de bois ciré et de cuir ancien, de rires étouffés et de la chaleur d’une main … Lointains, précieux, révolus ... - Clinchamps a écrit:
Dans les atours somptueux de son kimono de soie, une fleur d'hortensia ornant le savant édifice de sa chevelure noire et lustrée, la geisha s'incline et prend la pose, pendant que Hiroshige trempe ses pinceaux dans les pigments d'où émergera la délicate estampe destinée au tokonoma de la salle de réception des dames du shogun, accompagnant le précieux vase de jade et la calligraphie du poète Basho, ensemble qui restera à jamais dans les mémoires des heureux qui l'auront contemplé. - Annwvyn a écrit:
Dans sa mémoire épuisée, ne moutonnaient plus que quelques souvenirs. Il avait été un enfant délicat, épris de poésie, charmé des heures durant par le pinceau de son grand-père allant d’estampe en estampe. Il se rappelait la dame de compagnie de sa grand-mère, austère et mystérieuse, avec pour seul atour un hortensia piqué dans son chignon d’ébène. Rien n’était plus précieux que ces moments d’enfance, ces longues heures de printemps passées en silence. - L’Ami (hors concours) a écrit:
Ma gente Dame au maintien bel et plaisant, resplendissante dans vos plus beaux atours, je vous ai connue dans vos terres de l’ouest où fleurit la bruyère, l’hortensia nous était encore étranger. Votre délicatesse ne cédait en rien à la préciosité de ces fleurs de landes à la beauté pérenne, symbole de l’amour robuste. Dans votre château on y croisait poètes, musiciens, et peintres. Moultes estampes, gravures, miniatures attestent encore de votre gloire, votre blason à queues d’hermine est là pour mémoire et rappelle qu’il vaut autant que trois fleurs de lys.
Tiens ma p’tite dame t’es fringuée avec tes plus beaux atours mais laisse tomber ta fleur d’hortensia piquée dans tes cheveux, l’est plus grosse que ta tête. Bon la délicatesse, c’est pas ton truc surtout quand tu nous pousses la chansonnette au beuglant du Chat Noir, même la bouche en chemin d’oeuf ça donne pas dans le précieux, genre poète des glacis des fortifs. D’accord Toulouse-Lautrec t’a estampée la patte en l’air mais de mémoire de pilier de rades t’arrives pas à la cheville de la Goulue. - Rosalind a écrit:
La vieille dame perd la boule, et la mémoire ! La voici encore qui m’appelle… Hortense ! Ja, ja, ich komme gleich. Pourquoi s’obstine-t-elle à m’appeler Hortense ? mystère. Moi mon nom c’est Elfriede, au service de la comtesse depuis mes seize ans. Pauvre de moi, je fatigue avec tous ces escaliers. Le pire, c’est qu’elle fait sa délicate, tout un poème ! elle ne veut plus dîner que parée de ses atours, et de ses précieux bijoux. Elle oublie régulièrement qu’elle les a vendus depuis belle lurette, tout comme sa collection d’estampes, et que le souper se résume à un bol de bouillon. 07/12 décembre 2020 - Clinchamps a écrit:
- Léger (légèreté), Feu, couverture, circulation, massif, retard(retarder), étape, adresse.
- Spoiler:
- Ysabelle a écrit:
Un léger vent nourrissait le feu qui avait pris dans les massifs asséchés par la canicule. La circulation était coupée dans les deux sens. Des couvertures de survie avaient déjà été distribuées aux rescapés. Dès leur arrivée, les secours avaient pris la situation en main avec adresse et efficacité. Une étape importante dans la gestion d'un sinistre, car tout retard peut rendre la situation encore plus dramatique. - Lily of the valley a écrit:
Sa silhouette massive a vu défiler toutes les étapes de la vie. A l’abri sous sa couverture grise, elle regarde danser autour d’elle les petites flammes des bougies, légères comme des feux-follets, elle écoute les conversations feutrées, les pieds glacés qui frappent l’herbe gelée et les rires étouffés de tous ceux qui sont venus lui rendre visite. Elle sent en elle vibrer l’euphorie du moment, comme la circulation d’un sang à la fois nouveau et antédiluvien. Comme chaque année, la famille Picot est en retard, ils vivent loin, là-bas, à l’orée de la forêt, pense-t-elle, je ne leur en veux pas. Les sept enfants Martin sont serrés les uns contre les autres comme des bébés chouettes et la petite Louison Fauré s’accroche au bras de son père, ses grands yeux tristes à la fois effrayés et émerveillés. Tout le monde est enfin là et soudain le silence se fait, un presque silence fait de chuchotements et de reniflements, de petites toux discrètes et de gémissements de nourrissons, calmés par des berceuses murmurées. Le curé Germain s’adresse enfin à ses ouailles, bien à l’abri dans les flancs de la vieille église qui sourit de contentement, à la manière des vieilles églises, pour un énième 24 décembre … - Annwvyn a écrit:
Noda Megumi faisait croire qu’elle prenait la vie avec légèreté. La vérité était qu’elle souffrait de son retard massif par rapport aux autres jeunes gens, dont les existences étaient jalonnées d’étapes attendues, comme les sorties d’autoroute régulent la circulation. Nodame, elle, manquait d’adresse pour vivre. Ses doigts mettaient le feu au piano certes, mais pour le reste, elle préférait passer ses journées, roulée en boule sous sa couverture, parce que le monde ne convient pas aux personnes comme elle. - Rosalind a écrit:
Circulation intense en direction du massif des Ecrins. Couverture neigeuse épaisse et ciel dégagé, a annoncé la météo. Pas question de faire une étape qui les retarderait, les futurs skieurs rongent leur frein en fixant les feux arrière des voitures qui les précèdent. Ils sont impatients de s’élancer sur les pistes, avec adresse et légèreté. - L’Ami a écrit:
La légèreté de son voile laisse transparaître sur son visage les sautes de feu d’un petit brasero. Bien au creux de ses bras, une couverture le protège de la circulation de coulis d’air se faufilant entre des planches mal jointes. Sur les massifs du Mont Carmel, la neige est tombée avec retard, le temps qu’elle devienne mère. Au calme de cette étape, elle lui adresse sourires et murmures. 14/20 décembre 2020 - L’Ami a écrit:
- Roussin, Apaiser, Ond(e, ine), Pierre, Sylvestre, Rayon, Chant, Brume.
- Spoiler:
- Clinchamps a écrit:
Au pas lent de son roussin, Pierre avançait parmi les pins sylvestres de la forêt landaise. Le couchant pourpre traçait des rayons de feu parmi les troncs verticaux, le chant des cigales était encore assourdissant. Il sortit du bois, gravit la dune. Le sable s'écroulait sous les sabots du cheval. Il mit pied à terre et s'assit au sommet, parmi les ajoncs, apaisé par la vastitude lumineuse sous ses yeux. Une brume de chaleur dorée montait à la surface de l'onde à peine ridée par des vagues paresseuses qui s'étalaient en silence sur la grève... La paix du soir... - Lily of the valley a écrit:
Un vent insouciant siffle et fredonne dans les rayons de la bicyclette de Sylvestre alors qu’il appuie avec rage sur les pédales, projetant des gerbes de boue le long du chemin, mais ce chant du vent ne réussit pas à apaiser la colère et le chagrin qui lui enflamment les joues et le cœur. Une goutte chaude chemine le long de sa pommette. Une des pierres a dû lui entailler la tempe. Ce ne sont que des drôles qui ne font que répéter ce que disent les méchantes gens, se raisonne-t-il. Le jeune journalier s’arrête brutalement, hors d’haleine, au bord du Chinan d’où s’élève déjà la brume mauve du crépuscule, il laisse tomber la bicyclette et s’agenouille dans l’herbe glacée. Les gosses lui hurlent encore dans la tête : “V’là le roussin de Roussines, rent’ cheu toué, la bête au Guiab’ ”. Sylvestre observe le reflet distordu de sa tignasse de feu dans l’onde calme du ruisseau. Il pense à sa Mémée qui lui disait toujours que ses boucles couleur de r'nard lui donnaient une goule d’ange et essuie sa joue du revers de la main. Une larme mêlée de sang brouille le reflet. - Rosalind a écrit:
Bercé par le pas régulier de son roussin, le jeune homme rêvasse. Depuis quelque temps il a quitté la plaine et pénétré au cœur de la forêt, là où les rayons du soleil ne percent pas la voûte sylvestre. Des pans de brume stagnent dans les creux ombreux, créant une atmosphère mystérieuse. Aucun bruit, aucun chant d’oiseau, il discerne à peine le chuchotement de l’eau en contrebas. Une pierre qui roule fait broncher son cheval. Il l’apaise en lui tapotant l’encolure, puis croit percevoir un son étrange. Il songe aux légendes, aux ondines et aux elfes envoûtant les voyageurs isolés, et pris d'une soudaine inquiétude, frissonne et presse sa monture. - L’Ami a écrit:
Bien calé dans son assiette, il chevauche son vieux roussin compagnon d’ost et de route. Apaisé au fil des années il ne cherche plus les Ondines cachées dans les marais ou sous les pierres des cascades non, c’est Sylvestre, l’ermite, le devin dont il a besoin, celui qui sait lire dans les rayons de lune, celui dont le chant éloigne la brume et dévoile l’avenir. - Annwvyn a écrit:
En ce petit matin d’avril, le roussin galopait de toute ses forces, sans bride ni cavalier, libre enfin. Il fuyait le champ de bataille à travers les bois, apaisé par le rythme de ses sabots qui cognaient le sol. L’air avait la douceur du printemps, un rayon de soleil trouait les brumes de l’aube, et le vent formait des ondes majestueuses sur la canopée sylvestre. Réveillées par le choc des sabots, les pierres du sentier tressautaient, faisant naître comme un chant champêtre et malicieux. - Fée clochette a écrit:
L'Ost des Plantagenêt lèverait le camp demain. Le roussin de Guillaume le Maréchal célèbre pour son courage, dûment apaisé, avait été conduit dans l'onde vivifiante de la rivière. Les pierres roulaient sous ses pattes. Sylvestre, le premier page du Meilleur Chevalier du Monde, la baignade terminée, le bouchonna sous les derniers rayons du soleil couchant, l'enveloppa d'une chaude courtepointe aux armes de son seigneur, puis il entonna un chant à sa gloire. Le cheval émit un doux hennissement comme s'il remerciait l'enfant de ses soins. Au loin, dans la plaine, la brume effaçait les résultats de la furie guerrière des belligérants. Les bruits s'estompaient, le carnage était oublié pour un temps. - Ysabelle a écrit:
Pierre se demandait quel temps il fera pour la Saint-Sylvestre, tandis qu'il chevauchait vers chez lui. Encore heureux qu'il n'ait pas été retardé par l'arrivée annoncée de la neige. Le chant d'un coq le tira de sa rêverie matinale. Un rayon de soleil tentait avec peine de percer l'épaisse brume, quand il vit émerger enfin le clocher de l'église du village. Une onde de plaisir réchauffa son corps engourdi par le froid et l'humidité. Le Roussin allongea légèrement le trot. Il semble apaisé aussi, de se retrouver en terrain familier. 21/26 décembre 2020 - Lily of the valley a écrit:
- Fredonner, carnet, résine, scintiller (et ses dérivés), ouvrage, tendre, grave, chagrin.
- Spoiler:
- L’Ami a écrit:
Dans sa forêt Landaise, Petit-Jean fredonne doucement, son carnet à la main, notant la qualité du galipot dans chaque godet. La résine est lumineuse, scintillante à la rosée du matin. L’ouvrage ne manque pas dès le printemps pour récolter l’or des bois en incisant l’écorce tendre du pin. « Qui sait que le son grave et chagrin du violoncelle est dû à la colophane déposée le long du crin de l’archet » ne peut s’empêcher de se répéter fièrement Petit-Jean. - Fée clochette a écrit:
Lorsque Noémie était angoissée, elle fredonnait toujours "Hey Jude", et aujourd'hui, elle avait vraiment besoin de courage ! Comme beaucoup d'élèves de sa classe, elle redoutait le contrôle d'orthographe. Elle sortit son carnet répertoire du cartable, et pendant que le rang des élèves pénétrait dans la classe, elle révisa une dernière fois... : résine, .... scintiller (ne pas oublier le sc...), ouvrage (ge... pas je !), tendre (ten... pas tan...) grave puis enfin chagrin (grin... pas grain...) ! elle soupira puis murmura à sa camarade Mathilde "je préfère les mathématiques, c'est bien plus logique et facile". - Elianor a écrit:
L'air fleurait bon la résine. Adossé au sapin, carnet sur les genoux, Tim dessinait, concentré sur son ouvrage. Artiste au cœur tendre, il vivait ses dessins en même temps qu'ils naissaient : parfois grave, parfois chagrin, parfois riant ou fredonnant, mais les yeux toujours scintillants ! - Rosalind a écrit:
La situation devient grave, pense Lucy en vérifiant son carnet. Ces derniers temps les commandes se sont réduites comme peau de chagrin. Pourtant elle est particulièrement satisfaite de sa nouvelle gamme. Les bijoux en résine uv avec inclusions scintillantes devraient bien se vendre. De la belle ouvrage, toujours tendre à la perfection, telle est sa devise. Demain est un autre jour, fredonne-t-elle avec optimisme. 29 décembre 2020 - Elianor a écrit:
- Ecrire, bougie, aventure, falaise, thé, emporter, doux, artifice.
- Spoiler:
- Clinchamps a écrit:
- La douceur du printemps s'immisçait entre les falaises vertigineuses des tours de verre, dont l'artifice de l'architecture s'humanisait au contact des centaines de cerisiers en fleurs. Emportés par la brise, des milliers de pétales blancs et roses emplissaient l'air d'une neige tiède. Sur des tapis uniformément bleus, les familles, les amis, et mêmes les employés descendus de leurs tours, buvaient de la bière, ou même du thé, savouraient le bonheur de l'aventure toujours renouvelée de la floraison des cerisiers. Le soir venu, sous l'ombre des branches fleuries, des téléphones s'allumeraient, bougies modernes, car chacun aurait à écrire et à partager cette joie unique et toujours attendue et pourtant incertaine : le hanami
. - Lily of the valley a écrit:
- L'un d'eux regarde l'horizon avec ce doux sourire qui dessine autour de ses yeux un feu d'artifice fait de ces petites rides qui écrivent le roman d'aventures de sa vie. L'autre observe son profil. Le vent emporte les minuscules grains blancs qui se détachent de la falaise à laquelle les deux hommes se sont adossés. Le soleil ensanglante la mer qui l'éteindra bientôt, comme une bougie que l'on mouche pour mieux se lover dans la nuit. Les petits grains crépitent doucement sur leurs vêtements. Le regard feu d'artifice quitte l'horizon, se tourne vers l'autre et les iris couleur thé fumé l'apaisent et le rassurent, comme ils l'ont toujours fait. Son meilleur ami, l'autre moitié de son âme ...
- L'Ami a écrit:
- Je t’écris à la lueur d’une bougie pour te conter notre aventure quand nous dûmes quitter le château de Falaise avec mon ami Guillaume pour débarquer non loin de Hasting au Royaume d’Angleterre. Peu de temps après nous avons été invités, dans une famille respectable du côté de Steventon à prendre le thé puis conviés à une représentation théâtrale écrite et montée par une jeune femme nommée Mademoiselle Jane Austen. Ce fut un succès emportant l’adhésion des invités. Sous une fausse douceur, quel cynisme dans l’écriture, brillante, sans artifice. Pour clore la soirée, cette même demoiselle nous proposa un concert au piano-forte où elle excella.
- Rosalind a écrit:
- Le thé refroidit dans la tasse, et la bougie se consume sans que Daphné y prête attention.
Emportée par son imagination, elle écrit fiévreusement l’histoire d’une douce jeune fille face à une bande de criminels. Là-haut sur la falaise, une lueur vacille, artifice destiné à attirer les bateaux vers les récifs où ils se briseront. Quelle fin donnera-t-elle à cette aventure ? - Ysabelle a écrit:
- Autrefois, il y avait une vieille baraque perchée en haut de cette falaise. Il aimait s'y réfugier loin de la vie mondaine et de ses artifices. Dans cette région presque déserte, c'était une véritable aventure. Il emportait de quoi vivre pendant quelques semaines. Il faisait de longues randonnées la journée et le soir, il écrivait des scénarios et des romans, à la simple lueur d'une bougie. Il avait fait la connaissance d'un berger qui venait à l'occasion prendre du thé avec lui. Il conserve un doux souvenir de ces séjours.
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| Sujet: Re: Jeu littéraire pour chasser les idées noires : les textes ! Mar 30 Mar 2021 - 18:08 | |
| 03/07 janvier 2021 - L'Ami a écrit:
- Constant/constante/constance, Lutrin, Vif/vive/vivace, Cri/crier, Ornière, Vol/voler, Sourire, Souffle/souffler
- Spoiler:
- Lily of the valley a écrit:
- Le destin avait depuis toujours poussé sans ménagements le tombereau de ma vie dans une ornière, avec la constance obtuse d’un curé penché sur son lutrin condamnant dimanche après dimanche ses ouailles aux souffles sulfureux de l’Enfer. Je m’étais installé avec un confort désabusé dans cette malchance continuelle qui me maintenait le cœur à vif et l’âme engourdie. Et puis sans crier gare, ce destin facétieux avait changé son fusil d’épaule lorsqu’un regard bleu ardoise et un sourire lumineux avaient transformé mon tombereau en lanterne chinoise. Au lieu de m’enfoncer, enfin, je volais.
- Petit Faucon a écrit:
- L’écran du monitoring posé sur le chariot comme sur un lutrin émet un ronronnement constant, vol d’un gros insecte d’été. Elle veille à ne pas crier, à épouser les vagues de la douleur, sans qu’elle devienne trop vive. La douleur : surtout de ne pas lutter contre elle, de ne pas se raidir, ne pas tomber dans l’ornière du refus de souffrir, car c’est là qu’elle attaque ; lentement, elle reste attentive à maitriser son souffle.
Elle a réussi ! Un sourire apaisé aux lèvres, elle serre l’enfant tout juste né dans le creux de son bras. - L'Ami a écrit:
- Fenêtre ouverte, sur un air printanier, Constance dressée devant son lutrin déchiffre sa partition. « Tempo vivace », cela présage des heures de labeur. Dehors, des cris de ville, Un charretier maugréant coincé dans une ornière, des enfants bruyants, des vols d’hirondelles. Un dernier sourire, une inspiration, ses lèvres posées délicatement puis son souffle sur sa flute traversière.
- Rosalind a écrit:
- Thomas s’abandonne au rythme constant de sa mule, qui évite d’un pas sûr les profondes ornières du chemin enneigé.
Le cri perçant d’un rapace en vol le fait sursauter. Il pense en souriant à la paix studieuse du scriptorium, où les moines copistes, penchés sur leurs lutrins, appliquent le rouge vif du minium sur les lettrines des manuscrits. Soufflant sur ses doigts gourds, il s’emmitoufle dans sa cape, et poursuit sa route vers le monastère. - Elianor a écrit:
- Florimond entra sur scène d'un pas vif pour cacher son anxiété. Le lutrin de bois lui faisait face, massif et gracieux à la fois. Il semblait lui crier : " Reprends ton souffle, vole au-dessus des ornières de la peur, sois constant dans tes efforts, partage ton plus beau sourire et charme-les tous avec ta voix suave !" Un peu plus serein, Florimond posa son recueil, l'ouvrit délicatement et commença sa lecture.
08/13 janvier 2021 - Petit Faucon a écrit:
- Jouer, Ouvrir, Vert, Joie, Bois, Miroir, Feuille, Lueur
- Spoiler:
- L'Ami a écrit:
- C’est un bel homme enjoué qui ouvre vos coeurs surtout quand il vous fixe avec ses grands yeux verts. On le voit plein de joie courir les bois, traquer le gibier près des points d’eaux. Il s’est pourtant perdu en se mirant au bord d’une source dans son reflet, sous un charme feuillu, à la lueur de l’aube.
- Petit Faucon a écrit:
- Assis au bord du tabouret de bois, il étale soigneusement le blanc sur le front et les tempes, les joues, le menton, les paupières ; il ouvre les yeux, et à la lueur des ampoules du miroir de la loge, essuie l'excédent avec un coin de feuille buvard ; il ajuste la moustache avec un peu de colle, sourit en montrant les dents à son image, et se lève. Avec une angoisse mêlée de joie, il attend le moment où les applaudissements donneront le signal de son entrée, quand le ventriloque qui le précède le croisera contre les rideaux verts de la petite scène. Jouer, faire rire, c'est son adrénaline.
- Lily of the valley a écrit:
- Il vient d’enfiler ses bottes et, alors qu’il boutonne son gilet de satin vert -émeraude brodé de feuillages, il l’observe. Elle est assise à sa coiffeuse, un petit meuble raffiné de bois clair surmonté d’un ravissant miroir un peu ébréché. Celui-ci renvoie les lueurs pâles d’un soleil encore ensommeillé jouant à travers les feuilles d’un des tilleuls qui bordent l’avenue. Elle ouvre un coffret recouvert de velours bleu-nuit et y dépose les pièces qu’il vient de lui donner. La manche de dentelle a glissé sur son épaule nacrée dont la courbe parle de jeunesse et d’innocence sacrifiée. Le corps encore ivre et l’esprit engourdi, il se prend à penser, à observer, à regretter. Il croise son regard dans le reflet imparfait du petit miroir et pense que cette fille ne connait de joie que celle contenue dans l'infamie du nom qu’on lui donne.
- Rosalind a écrit:
- Anna jette un dernier coup d’œil au miroir, ajuste sa broche préférée, en émail vert et argent, une feuille de la Lórien. Son défi personnel aux superstitions.
Les trois coups du brigadier de bois résonnent, le rideau s’ouvre lentement. Elle s’avance sur la scène baignant dans une lueur diffuse. Finis les doutes, envolé le trac, ne reste que la joie pure. Anna ne joue pas, elle existe. - Clinchamps a écrit:
- Une lueur verte au fond de l'œil, le tigre se faufila parmi les bambous. L'ombre des feuilles ocellaient l'épaisse mousse émeraude du sol. Le vent jouait dans les longues tiges verdâtres, les froissant entre elles. Presque rampant, le fauve tenait dans son regard le daim qui, brisant le miroir glauque de la mare, se désaltérait longuement. Le cri de joie d'une pie en chasse rompit le silence du bois... Levant la tête, le daim, soudain en alerte, fit volte-face et bondit, s'ouvrant un chemin dans les hauts miscanthus dont les houppes argentées s'entr'ouvirent un instant et se refermèrent. D'un bond souple le tigre le suivit.
- Annwvyn a écrit:
- Sambong s’était caché dans un repli de la falaise, et de la pointe de son pinceau il avait noirci des feuilles et feuilles. Les caractères d’encre jouaient sur le papier, et Sambong imaginait la Révolution. Dans son esprit, les concepts miroitaient, formant une pensée pure et claire, ouvrant des horizons. Goryeo se consumerait comme un grand feu de bois dont ne resteraient que des braises, palpitantes, animées d’une lueur de phare. Alors Joseon pousserait, avec une joie balbutiante, comme une pousse nouvelle, verte et robuste.
- Elianor a écrit:
- Le miroir renvoya la lueur de joie qui brillait dans ses yeux verts. Il était temps de jouer ! Elle ouvrit son coffre de bois, farfouilla dans la pile de feuilles utilisées et sortit ses crayons et un bloc de papier vierge.
- Ysabelle a écrit:
- Une lueur d'espoir vient de s'ouvrir dans son esprit brumeux. Son visage, tel un miroir exprima une joie instantanée, reflet des émotions qui s'opéraient en elle.
A compter de ce jour, elle sera celle qui joue et met en scène son propre avenir. L'ébauche de sa feuille de route commence déjà à se matérialiser. Ses yeux verts plongés dans la lisière du bois, prenaient un nouvel éclat. 14/18 janvier 2021 - Annwvyn a écrit:
- Notaire, vierge, chameau, calculette, souris, raconter, endormi, malhonnête.
- Spoiler:
- L'Ami a écrit:
- Ce notaire qui joue la vierge effarouchée reste quand même un chameau voire une vieille carne, sa calculette à sa main gauche et sa souris Logitech sans fil à la dextre pour souligner ses racontars afin de m’endormir par des propos douteux et foncièrement malhonnêtes.
- Lily of the valley a écrit:
- Je sais que c’est malhonnête de lui laisser croire qu’il a ses chances avec elle, je le laisse malgré tout me raconter ses tentatives d’approche. Je souris poliment et j’aperçois mon reflet dans le noir mat de l’écran de télé constatant que j’affiche l’expression à la fois vaguement endormie et bienveillante d’une Vierge de Botticelli, si la Vierge avait une barbe de deux jours et un hoodie noir. Non mais sérieusement, comment mon pote, avec son précoce ventre de notaire et sa face de lune couverte de plus de boutons qu’une calculette scientifique, peut-il espérer attirer le regard de la fille la plus canon de l’immeuble ? “Tu en penses quoi ?” Oops, j’ai perdu le fil. Vite, un mot, une phrase. “Euh … alors, non, mais sois pas déçu, je suis sûre que c’est un chameau déguisé en gazelle, cette nana.” Re-oops, mauvaise réponse. Le regard noir qu’il me jette me montre à la fois ma gaffe et la direction de la sortie.
- Rosalind a écrit:
- Sophie tapote sur sa calculette, tout en feuilletant rêveusement un catalogue de voyage bleu turquoise.
Depuis que le notaire lui a annoncé qu’elle héritait, elle a décidé de partir, aux Iles Vierges ou aux îles Caïmans, pourquoi pas aux Marquises ? Non elle ne va pas raconter ça à son chef de bureau aux manières malhonnêtes, ni à ce chameau de collègue à l’allure de chauve-souris endormie. Elle compte bien décamper sans prévenir personne. - Petit Faucon a écrit:
- "Le bureau du notaire me convient parfaitement : des plinthes en bois vieillissantes, un chameau empaillé, et surtout des dossiers cartonnés remplis de papier de toutes épaisseurs ; ce n'est pas le moment de s'endormir, alors qu'il y a tant à explorer dans ce nouveau logis, une terre vierge inexplorée ! surtout ne pas de se faire surprendre, debout sur la calculette, en flagrant délit de grignotage malhonnête mais tellement délicieux !" C'est à peu près ce que racontait cette souris au rendez-vous nocturne de ses congénères, qui se tenait dans la cave déjà bien explorée de la maison.
- Elianor a écrit:
- Perchée sur son chameau, Angélique observait l'étendue vierge qui l'entourait. Pas une ride dans le sable, pas une ombre à l'horizon, pas même la moindre trace de souris. Il n'y avait rien que du sable à perte de vue. Elle maudit une nouvelle fois son guide en termes fort peu élégants. C'était un être particulièrement malhonnête : il lui avait raconté des salades pour justifier ses tarifs exorbitants et après une journée de route particulièrement désagréable, il avait attendu qu'elle soit endormie pour s'éclipser, la laissant seule au milieu de ce rien. Elle se maudit elle-même encore une fois. Son notaire, calculette en main, l'avait pourtant prévenu : rien de bon ne pouvait sortir de ce voyage. Rien !
19/24 janvier 2021 - Petit Faucon a écrit:
- Autrement, doux, ferme, deux, aligner, creuser, pièce, boule.
- Spoiler:
- Clinchamps a écrit:
- La question de fond est : une boule ? Ou deux ? Non, je vais choisir autrement : un cornet à l'italienne ! Je pense à la machine crachant le tourbillon de crème à la fois douce et ferme, je salive déjà en pensant au trou que ma langue va y creuser. Sur la pointe des pieds j'aligne mes pièces sur le comptoir.
- Un cornet, s'il vous plaît ! - Voilà, ma petite demoiselle !! Première bouchée : le bonheur ! - Lily of the valley a écrit:
- Au crépuscule, quand l'hiver est tout autour mais que la maison se réchauffe de lueurs dorées, se lover, se rouler en boule, là, dans cette place qu’on s’est faite au fil des ans dans le flanc de l’autre, comme deux pièces d’un puzzle qui s’alignent et s’imbriquent sans effort. Ne pas concevoir sa vie autrement que dans ce doux sillon de confiance et de bonheur qu’on a creusé à deux. C’est à ça qu'elle pense alors qu’elle ferme les yeux dans la solitude froide de sa grande maison vide qu'aucune lueur ne peut réchauffer. Elle frissonne et pense à sa pièce partie trouver un autre puzzle.
- L'Ami a écrit:
- Vivre autrement ? Il ne l’imagine même pas, dans la douceur du matin, quittant la ferme pour rejoindre ses champs à deux pas. Le brabant dans les mains, il aligne les sillons derrière son Trait Ardennais, le soc creuse, retourne la glèbe humide, parfois remonte une vieille pièce en bronze. Il rythme ses pas au son des grelots-boules fixés au harnais.
- Petitegazelle a écrit:
- Toi et moi, il n'en sera jamais autrement, nous serons toujours à deux, à creuser notre sillon, n'est-ce pas ? Même si parfois il me semble aligner les échecs, que je n'ai qu'une envie, me rouler en boule dans une pièce obscure et ne plus penser à rien, je sais que tu poseras toujours ton doux regard sur moi et que tu me diras d'un ton tranquille et ferme à la fois de ne pas renoncer à mes rêves.
- Rosalind a écrit:
- Le détective a rassemblé les suspects dans la pièce, et d’un ton ferme, il aligne les faits.
Un - L’assassin a tué avec une boule de neige. Deux - Pourquoi a-t-il creusé dans le jardin ? parce qu’il n’a pu faire autrement pour enterrer l’arme du crime. Elle n’a pas fondu comme prévu, faute à la température pas assez douce.
01/08 février 2021 - Petitegazelle a écrit:
- Vérité, chapeau, lassitude, chocolat, orageuse, silence, route, fil.
- Spoiler:
- Clinchamps a écrit:
- Une chaleur orageuse pèse sur la campagne, l'air encore plein de la poussière des moissons. Le ciel est lourd, le silence précédant la tempête est écrasant. La route s'étend, vide, au-delà de l'horizon plat des chaumes. Un fil de la Vierge flotte devant la fenêtre où elle se tient, plongeant de temps à autre une main distraite dans une boîte de chocolats ramollis. Un chapeau est abandonné sur la pelouse, il faudrait le ranger avant la pluie, mais la lassitude pesante engendrée par les prémices de l'orage la maintient immobile. La vérité s'impose à elle : sa volonté a disparu...
- Petit Faucon a écrit:
- La vérité c'est qu'il n'en peut plus ; depuis l'aube, il a ratissé toute cette zone, à l'affut de la moindre brindille et de ces petites boules rondes et noires comme du chocolat. A présent le ciel orageux fait comme un chapeau silencieux au-dessus des buissons de myrte, et leur odeur puissante l'enivre un peu ; allons, ce n'est pas le moment de s'abandonner à la lassitude : il vient de repérer le fil mince et blanc d'un chemin de fourmis. Arcbouté sur ses pattes arrière, le bousier reprend sa route, plein d'espoir.
- L'Ami a écrit:
- « On ne trouve les diamants que dans les ténèbres ; on ne trouve les vérités que dans les profondeurs de la pensée » murmure le docteur en retirant son chapeau, puis s’affale avec lassitude sur son fauteuil, succombe au rite du petit chocolat avant chaque séance. La touffeur orageuse de l’été Viennois lui pèse, il attend en silence, à son bureau, dérouté par le retard de sa patiente, il peine à renouer le fil de leur dernier entretien.
- Lily of the valley a écrit:
- Au fil des mois, Victor a renoncé à lire tous les articles qui en parlent, il n’en parcourt désormais que le chapeau et ce, seulement quand le titre, à la fois pompeux et sibyllin, lui donne une soudaine envie d’en savoir plus. Mais de jour en jour la lassitude se fait plus étouffante, comme ces brumes orageuses dont le silence cotonneux annonce le tumulte. Quoiqu’en disent ces plumitifs parisiens, quoiqu’ils inventent et enjolivent, quoiqu’ils exhument, ce ne sera jamais la vérité. Depuis belle lurette, ils s’en sont éloignés, comme on s’écarte d’une route trop monotone. Cela fait maintenant quatre ans et le monde, petit à petit, redevient fou, il le sait, il l’a lu, alors les souvenirs d’un jeune poilu, qui s’en soucie. Ces souvenirs lui tapissent le crâne d’images en noir et rouge, la colère gonfle en lui, telle un chocolat brûlant, épaisse, écœurante mais aussi réconfortante : tant qu’il est en colère, il est en vie...
- Rosalind a écrit:
- "Sûr que j’en ai bavé des ronds d’chapeau, et m’suis r’trouvée chocolat. Mon homme, l’avait pas inventé l’fil à couper l’beurre, et il m’tapait d’sus souvent, mais juré, c’est pas moi qui l’ai tué. La vérité vraie de vraie, l’avait encore trop bu et l’est tombé tout seul sur mon couteau."
Le juge soupire avec lassitude, les preuves à charge ne tiennent pas la route. L’assistance commence à s’agiter et l’ambiance devient orageuse. "Silence dans la salle !"
09/12 février 2021 - Clinchamps a écrit:
- Scénario, Intrigue, dialogue, décor, robe, manteau, plateau, lumières
- Spoiler:
- Rosalind a écrit:
- Lentement, ils ont gravi le sentier caillouteux, jusqu’à ce haut plateau qui surplombe la vallée.
A présent, blottis l’un contre l’autre, ils attendent le crépuscule. Sans parler, le décor se suffit à lui-même. En cette fin d’été les colchiques arborent leur robe mauve, pointant la tête ici et là dans le vert jauni de l’alpage. Selon un scénario immuable, l’étoile du berger apparaît la première à l’horizon. Enfin le ciel s’obscurcit, la nuit étend son manteau et les constellations aux noms intrigants se dessinent peu à peu. Ici pas de lumières parasites, c’est ligne directe sur l’univers, dialogue avec l’infini. - L'Ami a écrit:
- Il me gonfle avec ses scénars d’opérettes, va falloir que je lui explique à coup de bottin, j’en garde toujours un sous la main pour ces intrigants de banlieue, ça aide au dialogue. Question décor il va le voir de près s’il continue à réclamer un baveux et pourquoi pas en robe de prétoire pendant qu’on y est. Les collègues l’ont chopé en train de fourguer de la beuh sous le manteau, ils me l’offrent sur un plateau, c’est pas une lumière mais je sens que je vais l’aider à en voir. Bon, il est où le bottin ?
- Clinchamps a écrit:
- Il en avait ras le bol de ces intrigues de cour ! A la lumière des dernières déclarations du Patron, il voyait bien le scénario qui se profilait ! ça allait être encore un dialogue de sourd, une réunion interminable, puis, dans les couloirs, les manœuvres sous le manteau, les flatteries servies sur un plateau au Patron ! Il y aurait là un sérieux accroc dans la robe austère de la Justice, comme disait Pierre, mais rien ne bougerait dans le décor figé du Palais !
- Lily of the valley a écrit:
- Sur le manteau de la cheminée, la lumière palpitante d’une bougie enflamme d’éclats de sang la robe groseille du vin qui décante dans la carafe de cristal. Deux verres sur un plateau d’ébène incrusté de nacre, quelques figues joufflues et un peu de fromage bleu sur une coupelle de porcelaine, la chaleur parfumée d’un pain tout juste sorti du four. Dans l’âtre, des bûches qui sifflent et murmurent, rassurantes. Le décor est en place, il ne manque qu’un protagoniste pour que commence le spectacle. Le scénario est voué à être modifié, les dialogues aussi, mais peu importe, c'est l’intrigue qui compte, et elle n’a pas changé depuis la nuit des temps. A l’issue du tête à tête, il offrira au Maître une nouvelle âme qu’il aura d'abord pris soin, si nécessaire, de noircir. Point n’est besoin de violence, de menace ou de chantage, même les plus hésitantes, même les plus pures ne savent résister à son charme sulfureux.
- Petitegazelle a écrit:
- Le scénario se déroule exactement comme elle l'avait toujours imaginé, dans ses rêves de petite fille, où l'intrigue ne variait jamais. Elle porte la magnifique robe blanche de sa mère, le décor est superbe, les lumières chatoyantes. Dans quelques instants, va débuter le dialogue dont elle sait déjà les mots, simples et évidents. Il la regarde s'avancer. C'est tout ce dont elle a toujours rêvé...Le destin lui apporte tout sur un plateau!
Elle regrette simplement de ne pas porter son manteau, car il fait très froid dans ce cimetière. Elle s'approche de son futur mari et laisse échapper une grimace. La rigidité cadavérique ne faisait pas partie de ses rêves de petite fille. Enfin, tout ne peut pas être parfait. - Petit Faucon a écrit:
- Dans l'aube grise, elle commence lentement l'ascension de la paroi ; garder 3 points d'appui à la recherche de la prise suivante, progresser sûrement, dialoguer avec la verticale infinie, inspirer l'air froid du matin qui pique le fond de la gorge ; une hirondelle intriguée passe, elle a déjà rejoint là haut le plateau éclaboussé de lumière : quand elle tourne la tête le décor autour d'elle est comme un manteau déployé de cimes et de forêts.
Un bruit soudain la sort de son scénario d'évasion ; tirant sur sa robe trop courte en non-tissé, elle songe qu'avec ce tibia fracturé elle en a encore jusqu'en avril avant d'envisager de recommencer à s'entrainer. 17/23 février 2021 - L'Ami a écrit:
- Fugue, suite, concerter, accorder, cuivre, note, noire, ronde.
- Spoiler:
- Clinchamps a écrit:
- A la suite d'une engueulade de trop, elle s'était barrée, cette fois ce serait vraiment la fugue !
Ras le bol de s'entendre dire, "attention, tu es trop ronde !" Elle remâchait sa réponse agressive : "j'suis pas ronde ! J'suis grosse" Ils essayaient d'y aller mollo, elle pouvait leur accorder ça ! Mais marre de porter du noir, parce que ça mincit ! Elle allait retrouver la bande, il fallait se concerter, avoir un plan. La note sur la porte du bar spécifiait "poussez fort". Elle poussa, donc, et la lumière couvrit une seconde le trottoir de cuivre, puis elle entra et la ruelle retomba dans l'obscurité.
- Rosalind a écrit:
- Le concert de hurlements s’est tu. Sans fausse note, la meute se rapproche dans un accord parfait et forme une ronde menaçante, les yeux jetant une lueur cuivrée dans le noir de la nuit.
Sa fugue s’arrête ici. Sa vie n’aura été qu’une suite d’erreurs, cette dernière sera fatale. - Ysabelle a écrit:
- La lune ronde, commençait à déployer ses ailes couleur cuivre dans les entrailles noires de la nuit. Des sons divers sortaient alors de leur silence pour fuser de toutes parts et se rejoindre dans une magnifique symphonie.
Ces Maîtres sonneurs n'avaient pas besoin de se concerter pour accorder leurs notes. Sans se voir, ni se connaître, ils jouaient en parfaite harmonie, ensemble, ou les uns à la suite des autres, temporisés de temps à autre par des pauses de silence ; Puis une fugue à deux, ou à trois, prenait forme. - L'Ami a écrit:
- —Si, Mademoiselle, c’est une fugue majeure suite à une décision hasardeuse et de concert avec votre jeune ami, bien entendu loin d’un accord parental ! s’exclame le Brigadier de Police. Et pour vous procurer de l’argent, vous avez vendu les cuivres de votre grand-mère chez un ferrailleur de la ville, notez, bien connu pour pratiquer son commerce au noir à plusieurs lieues à la ronde.
- Lily of the valley a écrit:
- Quinze années de vie ne leur ont jamais accordé le moindre répit, le moindre instant de bonheur. Pour les protéger, on les a enfermés.
Les deux garçons sont assis sur le rebord de la fenêtre, ils regardent leurs pieds qui dansent au-dessus du vide. La lune bien ronde se cache derrière un nuage joufflu et le réverbère teinte de cuivre les pavés du trottoir. Ce qui va arriver est la suite logique de ces années à être retirés, placés, déplacés, ballotés, menacés, sermonnés. Ils n’ont rien à perdre. Ils n’ont pas eu besoin de se concerter, ils sont prêts, c’est le moment où jamais. Dans leur tête ce sera leur envol, leur échappée belle, leur clef des champs. Les adultes, eux, écriront “fugue” à l'encre noire, sur un dossier beige, dans un bureau gris, sous un drapeau tricolore de fraternité, d'égalité… de liberté. C’est joli aussi “fugue” comme mot, ça contient plein de notes d’espoir pour effacer les mauvaises notes d’un destin au-dessous de la moyenne... - Elianor a écrit:
- Silhouette ronde dans la nuit noire, elle éclaire les ombres d’une note cuivrée, mille éclats à sa suite. Dans son rayon on contemple, on se concerte, on s’accorde, on scelle des serments interdits, on se combat, on se sépare. Brusquement, dans le rougeoiement du matin, c’est la fugue, l’évanouissement éphémère de la déesse des mondes obscurs.
23 février/01 mars 2021 - Elianor a écrit:
- Solitude, rivière, éclat/éclater, surprendre, chaleureux(se), désert/déserter, cocon, lumière/lumineux(se)
- Spoiler:
- Rosalind a écrit:
- La rivière de diamants jeta mille éclats lorsqu’il la dégagea délicatement de son cocon. Il sentait sa présence chaleureuse au creux de sa main tout au long de sa course dans les rues désertes.
Comment a-t-il pu se laisser surprendre ? Il se repasse le film en boucle, dans la solitude et la faible lumière de son cachot.
- M.Rosalind a écrit:
- Voilà plusieurs jours qu’il avait quitté l’atmosphère chaleureuse du village, véritable cocon dans lequel il s’était laissé vivre trop longtemps.
Son besoin de solitude l’avait amené à déserter un petit matin et depuis, il remontait le cours de la rivière, guidé par cet étrange éclat lumineux qui l’avait surpris au sortir du hameau.
- L'Ami a écrit:
- Voilà trop longtemps qu’elle porte sa solitude à travers les océans, il est temps de rejoindre sa rivière chérie, celle de son enfance, aux éclats de soleil qui vous surprennent entre le feuillage des saules, de se bercer aux grés des remous enivrants, chaleureux, le long des berges désertes, voire de défier ces cascades diaprées en aval de son cocon, la source, où elle déposera ses oeufs un matin de lumière, dans un effort ultime.
- Petitegazelle a écrit:
- Son regard n'a plus rien de chaleureux et elle sait ce qui va se passer ensuite. Elle ne redoute même plus l'éclat, rien de ce qu'il dira ni ne fera ne peut la surprendre. Elle a appris à déserter son corps ; son esprit s'enveloppe dans un doux cocon qui anesthésie la douleur. Bien loin de la rivière d'émotions qui la traversait, dans les premiers temps, aux premiers coups. Elle n'aspire qu'à l'épaisse solitude qui suivra. Ce sera la dernière fois. A cette pensée, une douce et étrange lumière émane d'elle. C'est bientôt fini...
- Ysabelle a écrit:
- C'est surprenant de trouver toujours aussi chaleureuse, cette bâtisse, jadis désertée. Baignée dans la lumière qui s'infiltre par les immenses fenêtres, elle n'a rien perdu de son éclat habituel. Coupée du reste du village par une rivière, elle semble plongée dans un cocon douillet et parfait pour accueillir des âmes en recherche d'un moment de solitude.
- Annwvyn a écrit:
- En ce mois d’août écrasé de chaleur, le village était désert. Le soleil balayait les rues pavées de blanc, formant comme une rivière de lumière brûlante. Un touriste perdu là trainait ses sandales poussiéreuses, bercé par sa solitude et par les bruits sourds venus des fenêtres entrouvertes. Un éclat de voix. Le bourdonnement chaleureux d’un climatiseur. Un rire de télévision qui vient surprendre. Rien n’est plus paisible que de marcher l’été dans un cocon de torpeur, alors qu’on est chatouillé de la fatigue moelleuse des voyageurs.
- Lily of the valley a écrit:
- "Faut pas être une lumière pour comprendre qu’une femme elle n’a pas besoin de tout ça. Qui t’a mis ça dans la tête ? Ton banquier ? Il est conseiller conjugal, lui, maintenant ? Il pense vraiment qu’une grande baraque de vingt-deux pièces, aussi chaleureuse que l’étal du poissonnier au mois de janvier, ou qu’une étole faite de milliers de bébés papillons - oui, me regarde pas comme ça, c’est fait avec des tout mignons petits cocons qu'on ébouillante et qu'on déroule, ce machin-, il pense vraiment que tout ça va compenser des journées de solitude au milieu de ce désert social ? Y a même pas de librairie à moins de 50 km, qu'est-ce que je raconte, moi, y pas non plus de boulangerie. C'est la base, le pain, non ? Ah, d'ailleurs, y a pas non plus d'habitants, suis-je bête. Tu vois, là, j’hésite encore entre l’éclat de rire et le plongeon dans la rivière. Pas de diamants, la rivière, hein, t'avise même pas. Va falloir trouver autre chose pour me surprendre, mon lapin. Et me propose pas une semaine à Ibiza ou c’est la rupture définitive. Sur ce, bye bye ... for now."
01/10 mars 2021 - Rosalind a écrit:
- Rue, sauvage, plante, planter, ombre, sable, esprit, brûler, échelle
- Spoiler:
- L'Ami a écrit:
- Gare ! gare ! le cri de la faucheuse déchire l’épaisseur de la nuit, sur le pavé de la rue, les fers de sa monture étincellent dans cette cavalcade sauvage. La lune plante ses rayons dans les ombres fuyantes, les derniers grains de sable mesurent le temps. Il vous en reste peu, très peu, avant que votre esprit brûle en enfer, à l’échelle de votre félonie.
- Lily of the valley a écrit:
- C’est comme ça, la mauvaise graine, même à l’ombre, ça pousse, sans qu’on s’en rende compte, et ça se rue vers la première place au soleil.
Comme un rosier sauvage, il avait grimpé vers la lumière de la renommée et les plaisirs sans fin que celle-ci lui avait offerts sur un plateau d’argent. Ce faisant, il avait fait fi des esprits chagrins qui commentaient avec acidité son ascension fulgurante et sa propension à dévorer la vie à belles et longues dents, lui prédisant une chute vertigineuse de l’échelle sociale. Ah, il a mangé son pain blanc en premier, disait-on, on ne mélange pas les torchons avec les serviettes, il aura bientôt le revers de la médaille, on ne brûle pas impunément la chandelle par les deux bouts, on ne bâtit rien sur du sable. C’est à ces mots qu’il pensait, les barreaux du petit lit de fer lui glaçant la plante des pieds. La lune goguenarde l'observait par la lucarne de la petite cellule grise. Il n’aurait pas fini à l’ombre ... s’il était resté à l’ombre. - Petit Faucon a écrit:
- Il sauta depuis la rue sur le rebord du large mur. Il se coula le long de l'échelle, corps et esprit brûlants tendus vers sa cible, qu'il sentait tapie dans l'ombre et néanmoins bien visible ; avec une joie sauvage il planta ses dents dans la musaraigne recroquevillée sur le sable.
- Rosalind a écrit:
Son esprit embrumé remonte l’échelle du temps. Du fond de sa mémoire l’ombre d’un souvenir affleure. Une rue au soleil brûlant, une sensation de joie sauvage. Pssshh... son cerveau a planté de nouveau, ses pensées enlisées dans les sables mouvants de sa lucidité.
- Ysabelle a écrit:
- Ses pas le menèrent vers Le Ravin de la Femme Sauvage. C'est là qu'il était né il y a un demi siècle. Son esprit en ébullition brûlait d'une envie lancinante de retrouver ses racines. Il retrouva la rue avec une aisance déconcertante. Pourtant, il était tout petit quand ses parents avaient dû quitter précipitamment le pays. La maison était nichée dans un écrin de verdure, à l'ombre de deux palmiers géants, plantés de part et d'autre. Du sable couvrait l'allée qui menait à l'intérieur. La mer n'était pas loin. Une échelle contre le mur lui indiqua qu'il ne sera peut-être pas seul comme il l'espérait. Cette idée le contraria.
- Petitegazelle a écrit:
- Où que je sois, à marcher dans la rue ou à lézarder sur le sable, une ombre plane sur mon esprit : je n'ai pas encore écrit le texte pour le jeu littéraire ! Je risque l'assaut sauvage des membres du forum qui viendront escalader mon immeuble à l'aide d'une échelle et me brûler pendant mon sommeil ! Non, je n'ai pas le choix : il faut que j'écrive quelque chose, au risque de me planter !
11/20 mars 2021 - Ysabelle a écrit:
- Curieux, autre, profondeur, aube, infini, récif, étroit, trouver/retrouver
- Spoiler:
- L'Ami a écrit:
- C’est curieux, entre autres, l’absence de profondeur en toute chose, à croire que de l’aube au crépuscule il surfe sur son portable, le regard perdu dans l’infini digital. Cet homme, un amer incertain de récif étroit à fleur d’eau qui émerge par intermittence, où qu’il se trouve, au rythme de la houle.
- Rosalind a écrit:
- Naviguer au milieu de récifs, ne pas céder au vertige des profondeurs, contempler l’infini et trouver la porte étroite qui s’ouvre sur l’aube d’un autre monde. Tel est le défi pour tout esprit curieux.
- Elianor a écrit:
- La douce lueur de l’aube s’amenuisait à mesure qu’il descendait dans l’étroit passage. Une curieuse atmosphère se dégageait des profondeurs, troublante et attirante comme ces récifs qui piègent les navires. L’obscurité grandissait autour de lui, remplissant le vide d’une infinie noirceur. Allait-il trouver plus loin les portes d’un autre royaume ou se perdre pour toujours ?
- Petit Faucon a écrit:
- A l'affut derrière le rocher, il le regarde passer, ondulant innocemment ses tentacules ; contournant le récif par l'autre côté, il le suit à bonne distance, curieux de cette aubaine inattendue ; le poulpe disparait soudain dans un trou, bien trop étroit pour sa grosse tête de mérou ; tant pis, il lui faudra se mettre en chasse de nouveau pour trouver de quoi manger, ce ne sont pas les proies qui manquent ; à cette profondeur la lumière de l'aube jette quelques paillettes de lumière sur le fond sablonneux qui se perd à l'infini.
- Lily of the valley a écrit:
- Un dimanche de juin, à l'étroit dans son aube blanche, une cordelière lui enserrant la taille, le petit garçon avait été assailli par le doute, énorme et hérissé comme un récif de granit, qui avait soudain jailli dans son esprit d’enfant curieux. Il s’était retrouvé là, sous les yeux anxieux de la famille concentrée sur sa bouche qui refusait de s’ouvrir pour y laisser entrer l’insipide petit disque blanc que le curé au regard furieux lui tendait. Un tout petit doute et la lumière d’une foi qui lui avait jusqu’alors semblé d’une profondeur infinie s’était éteinte sous le regard désapprobateur de tout un village. Un Dieu barbu et auréolé venait de rejoindre au placard des impossibles, le Père Noël, la Petite Souris et autres cloches de Pâques.
- Clinchamps a écrit:
- - Je suis curieuse : quand on fabrique un bateau dans la profondeur d'une cave, comment le sortir ensuite par un étroit escalier ?
- Le bateau dans ma cave, c'est le rêve de l'aube sur les récifs déchirant la mer, l'infini de l'horizon là où les autres ne trouvent qu'un bateau dans une cave. 21/29 mars 2021 - Clinchamps a écrit:
- Peluche, calendrier, bazar, ordonner, pile, travailler, clé, disque
- Spoiler:
- Lily of the valley a écrit:
- La fillette trace d’un doigt un peu collant de confiture la ligne rose des vacances sur le calendrier des postes accroché à côté du porte-clés en bois. Celui qu'elle a rapporté à mamie de la montagne. Dessus, il y a un chamois et disque doré avec une aiguille. Maman lui a dit que c’est pour dire le temps. Mamie tapote dessus tous les matins, ça la fait rire. Bichette, mets ton manteau, lui dit doucement Mamie. C’est lundi, papa et maman travaillent, c'est le premier jour de la ligne rose et mamie l’emmène au marché. C’est le jour du Bazar à cent francs. Elle ne comprend pas trop parce que rien ne coûte cent francs dans ces piles bien ordonnées de jouets, de fleurs en plastique, de peluches, d’arrosoirs de toutes les tailles, de torchons, de toiles cirées et de parapluies. Mamie lui a expliqué que c’était des anciens francs. La pièce qu’elle réchauffe dans sa paume a l’air bien vieille. Peut-être qu'elle vaut cent francs.
- L'Ami a écrit:
- Vêtue de sa veste en peluche, elle remplace son calendrier par un éphéméride, pour le plaisir du geste, arracher le temps perdu chaque jour, puis quitter sa minuscule mansarde, fuir ce bazar, ses souvenirs de voyages posés pêle - mêle. Elle abhorre ordonner sa vie, classer ses devoirs, faire des piles de bonnes résolutions. Toujours se travailler au sens premier du verbe, pour entrer dans le moule. Est-ce vraiment la clé de la vie, de se comporter comme un vieux disque rayé.
- Rosalind a écrit:
- Le tic tac de mon horloge biologique devient assourdissant. Aujourd’hui c’est décidé je travaille à ordonner le bazar qui règne dans ma vie, et j'établis un calendrier de bonnes résolutions.
1 : donner la pile de vêtements de trois tailles trop petits, gardés dans l’attente d’un hypothétique amincissement. 2 : ne plus dormir avec mon ours en peluche. 3 : effacer le disque dur de mes échecs. 4 : m’inscrire sur un site de rencontres. Ah, j’ai failli oublier un point crucial ! 5 : retrouver la clé de ma ceinture de chasteté ...
- Petit Faucon a écrit:
- Il tourne la clé et ouvre la grille, qui grince en glissant sur les rails. Il entre dans le magasin étroit, et se faufile entre les piles de disques jusqu’à la petite cuisine cachée derrière le paravent. Il allume le réchaud, prépare lentement le café, en dosant la poudre au mieux. Il arrache la feuille d'hier au calendrier, déjà mercredi ! Le café bien amer en main, calé sur le siège bas recouvert de peluche bleue, tout est ordonné, la journée de travail peut commencer ; il entend déjà les pas des premiers clients dans les allées du bazar.
- Ysabelle a écrit:
- Ne jamais ordonner mais utiliser le dialogue et la concertation, voilà la clé qu'a trouvé ce brave artisan pour faire fonctionner sa fabrique. Travailler n'a jamais été aussi agréable que dans cette usine de peluches, héritée de père en fils. Dans une belle convivialité, les ouvriers déambulent avec agilité, parmi les piles et les rouleaux de tissus, qu'ils finissent par, découper, assembler et articuler à l'aide de disques de toutes tailles. A voir ce grand bazar sens dessus-dessous, on se demande comment ils arrivent à s'en sortir et respecter le calendrier des livraisons.
30 mars/5avril 2021 - Rosalind a écrit:
- Pantoufle, craquer, magique/ magie, rebelle, animer/animé, fort, sirène, solution
- Spoiler:
- L'Ami a écrit:
- Il reste longuement figé devant cette pantoufle puis se souvient de la cheville qui la portait. Il avait craqué au regard de cette courbe magique fuyant vers un abîme ineffable. Oui, cette rebelle insaisissable malgré ses suppliques quand à minuit le carillon se mêla au son des violons animés, au plus fort de la fête. Elle semblait happée par les sirènes des ténèbres, mais quelle solution diabolique avait-elle absorbée au point d’en perdre sa chaussure de vair.
Mamydouce ! Sont où mes pantoufles ? Celles toutes craquées mais confortables, z’ont disparu encore par magie. C’est un coup d’la rebeue du djebel ou la rebelle du djebeu. Hein ? Ça veut rien dire ? Si ! que cette auxiliaire de vie dans le dessein animé de tout régenter commence à me gonfler fort. D’toute façon, ell’me serine la sirène à toujours râler à cause de mon « bordel », m’en fous quand elle cause, maintenant, j’ai la solution, je coupe mon sonotone. - Petit Faucon a écrit:
- Elle entrouvre la porte et se glisse dans la pièce dont le plancher craque par endroits ; toute une galerie de personnages la suit de leurs yeux peints.
Elle s'approche d'une marionnette au visage doux, effleure le tissu de son veston en velours côtelé, et le feutre de sa pantoufle à carreaux. Là c'est une sirène qui scintille doucement dans la pénombre, ses longs cheveux verts emmêlés retombant rebelles sur son épaule droite. Elle retient son souffle, s'attendant à la voir glisser de l'étagère. Plus loin, c'est Pinocchio, elle reconnait son bonnet rouge et se souvient de ce jour fatal où elle l'avait fait tomber, son nez brisé ... l'émotion de son grand-père, puis sa fierté de l'avoir réparé avec une solution à la colle forte, presque invisible. Il aimait tellement ses personnages, façonnés longuement dans son atelier, et qu'il animait pour elle et ses soeurs ; magie des contes de l'enfance. - Lily of the valley a écrit:
- La porte craque, les gonds se rebellent sous ma poussée, je n'ose pas aller plus avant. Dans l'entrebâillement, je vois que ça a empiré. J'aimerais fuir ce lieu qui me terrifie mais je n'ai pas de bottes de sept lieues ni les souliers d’argent de Dorothy, juste une paire de ridicules pantoufles roses à paillettes. Même pas magiques, les paillettes. J'étais pourtant animée des meilleures intentions, prête à l'affronter, mais je renonce une fois de plus, attirée par les sirènes fort mal intentionnées qui me chantent depuis des jours de ne pas entrer dans cette pièce maudite. Maintenant, à part de l’essence et une allumette, je n’ai pas de solution pour me débarrasser, avant la fin des vacances, de cette menaçante et toujours grandissante montagne de repassage. Alors une fois de plus, j'écoute la voix mélodieuse de la procrastination et referme la pièce.
- Rosalind a écrit:
- Gavée de contes de fées depuis sa plus tendre enfance, Elodie se rebelle. Ras le bol des princesses au petit pois, des pantoufles de vair, des haricots magiques et des sirènes amoureuses.
Depuis qu’elle a découvert les animés, elle craque pour Totoro, se rêve aussi forte que Nausicaä et cherche avec Chihiro une solution pour sauver ses parents. - Elianor a écrit:
- Épuisé, il se laissa tomber dans son fauteuil, les pantoufles de guingois. Les yeux fermés, il se laissa envahir par la lassitude. Comment allait-il trouver la solution ? Son entourage le considérait comme un rebelle, mais aurait-il le courage cette fois ? Le bois craqua et pétilla. Il ouvrit les yeux et plongea son regard dans le feu. Il était attiré par cette forte lumière comme les marins par les sirènes. Hypnotisé par les flammes orangées qui dansaient devant lui comme animées par une magie ancienne, il abandonna son esprit au ballet flamboyant.
- Ysabelle a écrit:
- A la voir trainer ses pantoufles à longueur de journée, on a du mal à croire qu'il y a peu de temps, elle était surnommée La sirène des bassins de natation. Animée par une forte passion depuis son enfance, elle consacrait toute son énergie à être toujours la meilleure. Elle répandait la magie partout où elle passait. Qu'est ce qui a pu faire craquer cette rebelle, que rien n'arrêtait avant. Aucune solution n'a été trouvée en dépit des efforts de son entourage.
- Petitegazelle a écrit:
- Je commence à en avoir assez! Je suis sur le point de craquer! Je ne suis pourtant pas du genre rebelle, mais trop c'est trop! Imaginez un peu, j'ai dû m'enfuir à 18h50 à cause du couvre-feu. Et mon Prince a refusé de ramasser ma pantoufle à cause du virus!
"Nous devrions d'ailleurs nous voir par visioconférence, ce serait plus prudent!" m'a-t-il déclaré! C'est un peu fort! Je sais parfaitement qu'il fait des soirées apéro interdites avec ses amis, c'est la petite sirène qui m'a dévoilé le pot aux roses! Elle l'a vu tituber sur la plage l'autre soir! Trop, c'est trop! Je sais ce qu'il me reste à faire... c'est la meilleure solution, et tant pis pour lui! Je vais accepter ce poste de consultante en dessin animé! Il est temps de déménager et de construire ma vie en femme libre! Et peut-être un jour, je ferai une nouvelle rencontre...pleine de magie! 06/18 avril 2021 - Lily of the valley a écrit:
Cœur, décrocher, iris, espace, canadien, féroce, bois, anxieux - Spoiler:
- L'Ami a écrit:
- Je sens mon coeur se décrocher quand je me noie dans ses yeux aux iris d’or, j’y vois l’immensité des espaces canadiens, la profondeur des forêts où grondent grizzlys, pumas ; souvent le féroce fait loi. Je respire dans ses cheveux l’essence des bois, des mousses, et des eaux vives. Mais quand vient le temps de la trappe, en novembre, alors je fuis son regard anxieux, plein de reproches.
- Rosalind a écrit:
- Pour toi mon cœur rien d’impossible, je traverserai l’espace et te décrocherai la lune.
Pour toi ma belle je ferai flèche de tout bois, je danserai sur un passage canadien et j’affronterai des bêtes féroces, sous ton regard anxieux (enfin j’espère). Demande-moi n’importe quoi, sauf de te cueillir des iris, je suis allergique.
- Petit Faucon a écrit:
- Elle s'avance, anxieuse, et le voit étendu dans l'espace formé par les iris d'eau et les fougères ; que va-t-elle découvrir encore ? son coeur se décroche dans sa poitrine ... son imagination le peint blessé, sanguinolent, agressé par un canadien féroce, un de ces molosses impitoyables dressés pour la chasse, qui parcourent le bois à cette saison. A son approche, il a un geste vif et elle rit, soulagée ; son petit furet est en pleine forme.
- Clinchamps a écrit:
- Trois féroces moustiques s'étaient introduits dans la petite tente canadienne et Iris avait entrepris de les pourchasser à l'aide d'une branche. L'espace réduit aurait dû lui rendre la chose aisée, mais elle n'arriva qu'à décrocher la lampe, et se prendre les pieds dans le morceau de bois qu'elle avait laissé tomber. La tête enfouie au coeur du duvet, elle guette anxieusement le vrombissement menaçant des bestioles !
- Elianor a écrit:
- L'humeur féroce et la rage au cœur, il enfila sa canadienne et décrocha sa pelle du râtelier. Dehors, il tapa dans un bout de bois qui trainait et décapita plusieurs fleurs d'iris qui n'avaient rien demandé. Pollux, son chat gris, le regarda un instant se déchainer dans son espace horticole, vaguement anxieux. Puis, le félin se détourna avec superbe et continua son exploration au milieu des herbes folles.
19/25 avril 2021 - Elianor a écrit:
- Délice, sérieux, esprit, tulipe, partir, merveilleux, crépiter, clé
- Spoiler:
- L'Ami a écrit:
- Quel cauchemar, pire que le jardin des délices, sérieux, ça fait longtemps que j’en ai pas pris une comme ça, j’ai l’esprit aussi clair que les reflets de la Tamise un matin de novembre quand le ciel est bas et lourd. Et pourquoi suis-je hanté, par une tulipe noire, c’est absurde ? Tout semble instable, Faut-il partir, rester ? il est temps de rejoindre les albatros, indolents compagnons de voyage dans ces contrées merveilleuses. Mais c’est quoi ces inepties, ça crépite dans ma tête, je n’aurais pas dû fumer ces boulettes chinoises hier soir. Bon allez Charles, sors de ta mansarde, prends ta clé et bon vent.
- Rosalind a écrit:
- Cornélius s’adonne avec délice à ses recherches, il met tout son sérieux au service de sa passion, la création d’une merveilleuse tulipe noire.
Au-dehors la révolte crépite, on vient l’arrêter. Pourquoi ? L’esprit confus, il cache les précieux caïeux sous sa chemise, avant de partir vers la prison. Il ignore qu’il emporte avec lui la clé de sa liberté, et qu’il sera sauvé par l’amour d’une belle geôlière. - Annwvyn a écrit:
- A la nuit tombée, lorsque montait de la terre humide un étrange parfum de tulipe, les esprits du cimetière prenaient la clé des champs et s’en allaient vagabonder. Il n’y a rien de plus sérieux que l’envie d’une âme de partir loin, explorer les merveilleux délices du monde, avant qu’elle ne disparaisse dans un crépitement et pour toujours.
- Lily of the valley a écrit:
- -Ne serait-ce pas merveilleux d’être une abeille se baignant nue dans le délice de cette tulipe ? s’exalte la jeune femme en louchant sur les fleurs du papier peint de la pièce.
Elle titube, les bras écartés comme les ailes d’un Saint-Esprit, pour tenter de rester en équilibre. -Le calice, tu veux dire ? demande l’homme avec un sérieux qu’il a de plus en plus de difficultés à conserver. -Calice, délice, qu’importe le vin pourvu qu’on ait l’ivresse, répond-elle en s’accrochant au cou de son compagnon et par la même occasion à son collier dont les perles prennent la clé des champs et crépitent sur le parquet comme une grêle printanière. Partons en Hollande, honey, partons respirer les délices des tulipes multicolores. -Maintenant que je connais ta passion pour la botanique, je ferai tout pour éviter ce pays. -Tu crois que ça se fume les tulipes ? s’écrie-t-elle soudain avant de tourner de l'œil en s’effondrant sur le canapé. L’homme éclate de rire et ventile la pièce avant que la fumée ne lui donne des envies d’être un bourdon dans le calice d’un hibiscus. - Panda a écrit:
- Elle était née avec un esprit aventureux. Une vie sage et sérieuse n’avait que peu d’attrait pour elle. Elle, elle rêvait de voyages, de récits commençant à bord d’un bateau, continuant autour d’un feu qui crépite et finissant dans un train en partance vers les montagnes himalayennes. Elle voulait goûter aux délices méconnus d’un peuple nomade, sentir le vent porter les effluves d’un champ de tulipes alors qu’on dort à la belle étoile. Elle ne voulait pas être de ceux qui tournent toujours la même clé pour rentrer chez soi. Non, il n’y avait rien de merveilleux dans cette vie-là.
27avril / 3 mai 2021 - Annwvyn a écrit:
- Phalène, biseau, protéger, grenade, félicité, main, mélancolique, bille
- Spoiler:
- Lily of the valley a écrit:
- “Phalène, pha … lè ... neu.”
Paul a posé son buvard sur le haut de sa feuille et sa main gauche protège le reste du regard de son voisin. Il lève les yeux vers la fenêtre que le tilleul de la cour caresse doucement. Son parfum d’été gonfle le cœur de l’enfant qui pose un regard mélancolique sur le creux entre les racines où ses billes ont été tour à tour perdues et gagnées pendant d’interminables trimestres. Dans quelques jours ce sera fini pour toujours. Le maître toussote et lui lance un regard irrité, ses petites lunettes rondes se cramponnant à son nez en biseau. Il a ramassé sur une étagère la grenade qu’il est si fier d’avoir rapportée du front en 1917 et semble en menacer le doux rêveur qui se demande ce que peut bien vouloir dire phalène et surtout s’il y a un “f” ou deux “n”. Qu’il mette un “n”, trois “f” ou quatre “a”, il ne sera pas félicité. Ce n’est jamais sur lui que ça tombe, les beaux livres rouges, alors il se lance : “fallayne”. C’est joli comme ça, ça lui plait. Il pose sa plume et sourit au maître et à sa grenade rouillée.
- L'Ami a écrit:
- Le soleil se couche dans les jardins de l’Alhambra ; virevoltant, sautant, le jeune phalène de Dona Isabella accourt au son d’un petit sifflet biseauté de sa maîtresse. Il se sent protégé, porté dans ses bras quand elle flâne dans les vieux quartiers de Grenade ou du Sacromonte. Quel bonheur, quelle félicité, d’entendre avec elle des mains caresser ces cordes tendues, déchirantes ou mélancoliques. De ses deux petites billes noires, il ne la quitte pas des yeux.
- Petit Faucon a écrit:
- La voilà plutôt confortablement installée sur son tapis de sol, les mains derrière la tête ; pour l'instant elle contemple le ciel étoilé qui luit doucement, et dans la faible clarté une phalène sombre qui volète autour d'elle, peut-être attirée par l'odeur de la grenade qu'elle va peler tout à l'heure, un petit luxe de billes rafraichissantes et âpres à la fois.
Son humeur mélancolique a disparu, chassée par cette marche assez rapide depuis le matin à travers les bosquets de chênes verts et les collines râpées, puis jusqu'à la dalle rocheuse érodée en biseau qui protègera son installation du vent. Quelle félicité, après la colère et l'amertume de ces derniers jours ! - Rosalind a écrit:
- Il conte son enfance, les jeux de billes dans la poussière avec ses copains, son père taillant un roseau en biseau pour lui fabriquer une flûte, le goût acidulé des graines de grenade.
Le chant mélancolique du maknine dans sa cage d’osier, les longues soirées d’été dans le jardin, les phalènes voletant près des lumières. La main de sa mère écartant doucement la moustiquaire qui protège le lit, avant le baiser du soir. - « Raconte encore, Papy, s'il te plait ! » - « Demain, Félicité. Maintenant il faut dormir. » - Elianor a écrit:
- Les mélancoliques phalènes obscurcissaient de leurs ailes blêmes la faible lumière de la lampe, mais Pietro ne s’en rendait même pas compte, tout à sa félicité nouvelle. D’une main experte, il testa le coupant de son outil biseauté puis remit le gant qui le protégeait en cas de faux-mouvement. Avant de se lancer dans son travail, il balaya d’un petit geste quelques graines de grenade abandonnées qui roulèrent sur le sol comme les petites billes de terre de son enfance.
04 /10 mai 2021 - Lily of the valley a écrit:
- Rat, déluge, blocage, rapprocher (et ses dérivés), regard, frisson, découragement, ami
- Spoiler:
- Petit Faucon a écrit:
- Assis contre le mur sur le matelas, il se demande combien de temps encore il va rester là ; son regard ne porte pas plus loin que le mur d'en-face, le fenêtron est beaucoup trop haut pour apercevoir autre chose qu'un peu de lumière, quand il ne tombe pas un déluge d'eau comme tout à l'heure - était-ce le matin ? Le découragement le gagne, il se sent abandonné, tellement seul et démuni. La dernière fois qu'il a vu sa soeur au parloir, c'était il y a plus d'un mois, et depuis aucun visage ami ne s'est approché de lui. Il serre la couverture sur sa poitrine et frissonne, pendant qu'un rat longe le mur à la recherche de quelque chose à manger, lui aussi. Perdu dans ses souvenirs, il se rappelle les copains de manif, et le blocage du périph, toute cette exaltation et cette camaraderie qui faisaient si chaud au coeur. Allons, encore dix-sept jours et il aura purgé sa peine, il sera libre !
- L'Ami a écrit:
- -« Ce sera pour l’année du rat, juste avant le déluge de la mousson. Il enjambe un blocage grâce à sa force de vie »
Intriguée, elle se rapproche du moine. Son regard est bienveillant, alors pourquoi ressent-elle un frisson malgré la moiteur dans cette pagode. Un grand découragement l’envahit. -« Je viens, pour savoir si, cet homme, enfin cet ami… je ne me sens pas prête murmure-t-elle » -« Pourtant il sera beaucoup plus qu’un ami, c’est le père de votre futur enfant » Le moine rassemble ses baguettes du Yi king, se lève et la salue, souriant. - Ysabelle a écrit:
- Les petits rats entrèrent têtes baissées, les regards au ras du sol, trainant leurs petites jambes avec découragement. Le déluge de colère déversé par le professeur ce matin, ne semble pas étranger à cette situation. Il se rapprochèrent silencieusement de la scène. Les premiers mouvements semblaient subir comme un léger blocage et on sentait presque des frissons d'appréhension dégagés par leurs frêles silhouettes. Les notes de musiques fusèrent progressivement, tandis qu'attendrie, la voix du professeur corrigeait quelques soubresauts. Se sentant à nouveau en terrain ami, les corps se délièrent.
- Rosalind a écrit:
- En plein découragement, c’est sur le conseil de son meilleur ami que Paul décide de se rapprocher d‘un psy. Après de longues séances, sous le regard neutre du thérapeute, enfin le blocage saute, et dans un déluge de mots il évoque avec un frisson les rats qui l’ont terrorisé dans son enfance.
- Annwvyn a écrit:
- John Winchester s’était assis sur une bitte d’amarrage et prenait des notes pour ses patrons de Londres, le dos parcouru de frissons sous son grand parapluie noir. Voilà des semaines que c’était le déluge, le blocage du canal ne cessait pas, et les navires formaient comme une masse compacte, rapprochés les uns des autres par le vent violent. John parcourait les quais du regard, saluait parfois un visage ami qui lui souriait dans la brume humide, puis écrivait, en mots brefs. Agitation des marchands. Découragement des matelots. Les rats détalent et l’odeur de pluie est partout.
- Elianor a écrit:
- La pièce était plongée dans l’obscurité. À tâtons, il se rapprocha des maigres rayures de soleil que les volets laissaient filtrer. Il s’escrima un temps contre le système de fermeture de la fenêtre avant de résoudre le blocage d’un bon coup d’épaule. Un frisson le parcourut devant la scène qui s’offrait à son regard, en pleine lumière. Un déluge de plâtre, de poussière et de gravats semblait s’être abattu sur le plancher. Des rats avaient dû nicher là autrefois, mais même eux avaient fini par fuir l’endroit. Le découragement le submergea. Une présence amie dans ce lieu stérile lui aurait fait le plus grand bien !
10 /17 mai 2021 - Annwvyn a écrit:
Epaule, Robespierre, sensible, aimer, binocles, parfumé, noir, pissenlit - Spoiler:
- Lily of the valley a écrit:
- Son esprit ne lui fournit que des platitudes élimées par des siècles d’usage, des “elle n’était pas faite pour toi”, des “tu vaux mieux que ça”, et la pire de toutes, “une de perdue, dix de retrouvées”. Il préfère se taire alors que son ami se liquéfie contre son épaule. Le noir qu’il broie n’a rien du breuvage parfumé qu’il lui a servi à son arrivée et qui refroidit sur la table basse. Il le savait bien, lui, qu’elle ne l’aimait pas et qu’elle le ferait vite plus cocu qu’un pissenlit, mais il pensait qu’elle prendrait plus de précautions pour ne pas trop blesser cet être sensible avec ses binocles, maintenant embués, qui lui glissent au bout du nez, lui donnant des airs de Robespierre de salle des profs. Il resserre un peu ses doigts autour de l’épaule désespérée, un gros soupir sanglotant lui répond. Il a servi le café, gardé les platitudes, et il ne lui reste à offrir que des bras amis.
- Clinchamps a écrit:
- L'oiseau noir s'était perché sur l'épaule de la statue de Robespierre, abandonnée dans un coin parmi les ronces et les pissenlits. "Je n'aime pas cette atmosphère d'oubli, parfumée de révisionnisme, progression sensible du refus de l'Histoire." Essuyant ses binocles avec un mouchoir de soie, le vieux professeur s'éloigna en soupirant.
- Rosalind a écrit:
- Petites annonces du Télégramme :
Mère célibataire, enseignante, 30 ans, cherche homme sérieux et sensible, 30/40 ans, aimant les enfants, la nature, et ayant le sens de l’humour. Elle a reçu une réponse : Rendez-vous devant le fleuriste de la rue Robespierre, avec une rose jaune parfumée. Le cœur battant, elle enfile sa petite veste noire qui la met en valeur, et par défi pique une fleur de pissenlit à sa boutonnière. Un homme s’approche, est-ce lui ? larges épaules, souriant, rassurant, mais porteur de binocles. Bah, personne n’est parfait ! - L'Ami a écrit:
- « La tienne ne restera guère sur tes épaules Robespierre, je te précède sensiblement. Certes, j’aurais aimé la voir rouler dans le panier, devancée par tes binocles incapables de te permettre de voir plus loin que le bout de ton nez, comme celui parfumé et poudré du citoyen Capet. Ton temps est compté, ton avenir bien noir, mais rassure-toi, je te garderai quelques pissenlits à déguster par la racine, foi de Danton. »
- Ysabelle a écrit:
- De cet événement, il ne garde que très peu de souvenirs. Des images intempestives qui troublent parfois la quiétude de son cerveau. Un trou noir a englouti des pans entiers de sa vie. Il secoua machinalement les épaules comme pour chasser ce sujet sensible. Il n'aime pas remonter à la surface les ondes parfumées de ce passé qui le fuit. Où était-ce? qui était ce? Il revoit encore une frêle silhouette penchée sur un amas de paperasse, ajustant sans cesse ses binocles, les cheveux en bataille tels des graines folles de pissenlit ... Il faut qu'il arrête de cogiter! Il reprit alors son livre, pour aller "traquer l'Afturgangas en Islande, où assister discrètement aux fameuses réunions de Robespierre". Cette absurde pensée le fit sourire.
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| | | Rosalind Ice and Fire Wanderer
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| Sujet: Re: Jeu littéraire pour chasser les idées noires : les textes ! Jeu 27 Mai 2021 - 21:58 | |
| 17/23 mai 2021 - Rosalind a écrit:
Phénix, écho, intrépide, désir, mémoire, renoncer, frivole, fuir - Spoiler:
- Clinchamps a écrit:
"Félix ! Félix !" Elle m'énerve, elle m'agace, avec son nez bouché, j'entends toujours "phénix" et ça me va si peu ! ça éveille des échos de gloire dans ma mémoire, à laquelle pourtant j'ai renoncé il y a longtemps ! Ma jeunesse frivole et intrépide a fui, le désir s'est naufragé dans la médiocrité d'une vie ordinaire... - L’Ami a écrit:
- Ce Phénix, fier, royal, dont l’écho de la renommée traverse les oasis depuis les Indes. Intrépide, il devance les empires. On croit l’abattre, il réapparait. Flamboyant à défier les cieux, il suscite le désir d’éternité. De mémoire d’homme, les conquérants n’ont pu renoncer à sa quête. Même les peuples les plus frivoles lui doivent tout, une poignée de ses fruits, et la famine fuit. Le Phoenix dactylifera ou palmier-dattier reste à jamais le roi du désert.
- Ysabelle a écrit:
- Il n'est pas question de renoncer, même si ce désir de travail de mémoire, ne trouve pas écho, en ce moment auprès de la communauté scientifique. Certains trouvent l'idée frivole, voire intrépide, compte tenu du contexte ; Mais, n'est-ce pas dans la pression que les plus belles réalisations ont pu voir le jour ? On le croyait fini, mais ce Phénix, n'a en réalité, jamais fui. Il s'est juste retiré un moment de la scène. Pour revenir plus fort et plus enthousiaste que jamais, on dirait.
- Elianor a écrit:
Il était prêt à ne plus fuir, à renoncer aux aventures frivoles qui lui tenaient lieu de vie jusqu’à présent. Il réprima une dernière fois dans son cœur l'écho de son désir intrépide et ferma sa mémoire aux souvenirs. Il était prêt à repartir sur un nouveau chemin, il allait renaître comme le Phénix des légendes. - Rosalind a écrit:
- Echo miniature de mes ancêtres japonais, j’arbore fièrement ma traîne en leur mémoire.
Intrépide sous mes dehors frivoles, jamais je ne renonce au désir de voler dans les plumes d’un rival. Combattre, oui, fuir, jamais ! foi de coq Phénix. - Lily of the valley a écrit:
- Le weekend se termine. J’ai réussi à ne pas fuir mes responsabilités, à ne pas me transformer en gorgone mutante quand mes injonctions envers les mâles de la maison n’ont rencontré comme réponse que l’écho d’elles-mêmes, j’ai renoncé avec une volonté proche de la crise mystique à la dernière part de far, j’ai été assez intrépide pour mettre un pied et le bout d’un plumeau dans une chambre d’ado et voilà, la journée se termine et au risque d’être taxée de frivole, j’aimerais bien m’occuper un peu de moi. Oh, je ne demande pas un truc magique genre Désir de chez Dior qui transforme la ménagère de plus de cinquante ans en phénix. Juste un petit truc … Allez, une petite séance de méditation ? Eh non, ma mémoire lente mais infaillible me rappelle que je n’ai pas écrit pour le jeu littéraire ni ouvert Pronote et qu’il y a sûrement là une petite voix de 6e qui m’appelle : “Madaaaaaame, j’ai pas pu faire l’exercice parce que mon chien a mangé la box et mon petit frère a fait pipi sur ma clef USB” (ou l'inverse) ...
25/31 mai 2021 - L’Ami a écrit:
- Foyer, Veiller, Brise, Sonate, Lys, Dérive, Ambre, Exhaler
- Spoiler:
- Lily of the valley a écrit:
- Au gré de la brise nocturne, les branches du vieil orme pianotent une douce sonate sur la vitre presque opaque de la petite fenêtre. Penché sur le foyer, l’homme veille sur le mélange qui exhale des relents entêtants de soufre -et étrangement de miel- et dont les vapeurs brûlantes lui irritent les yeux. Il fixe intensément ce qui, au fond du creuset, se rapproche maintenant de l’ambre sombre qu’il a rapporté des terres de l’Est lointain. Une once de la poudre rouge aurait déjà dû modifier l’aspect du mélange, mais peut-être s’est-il trompé dans ses calculs. La chaleur est suffocante dans la petite pièce et le lys d’infamie qui creuse son épaule pulse, comme irrigué par le liquide en fusion qu’il surveille. Il doit réussir là où les autres ont échoué depuis des siècles. Pour lui, point de rédemption, il le sait, mais dans les vapeurs vénéneuses, son esprit part à la dérive et il entrevoit l'admiration de ses contemporains et de leurs descendants.
- Clinchamps a écrit:
- La poussière s'est accumulée sur les canapés du foyer des artistes, abandonné. La lueur d'ambre de sa bougie crée des gouffres d'ombre et le silence se brise à peine au son de ses pas. Une odeur de moisi s'exhale des rideaux de velours qui veillent aux fenêtres, dans leurs plis pétrifiés. Il ferme les yeux, quelques notes d'une sonate lointaine et oubliée dérivent dans sa mémoire, accompagnée du parfum des lys des jours heureux...
- Rosalind a écrit:
- Il commence à me les briser menu avec son idéal de femme au foyer. Un teint de lys, et puis quoi encore ! comme s’il était parfait, lui, avec ses dents ambrées de nicotine, et son haleine qui n’exhale pas la rose.
S’il s’imagine que je vais moisir à veiller sur ses vieux jours, il dérive complètement. Je vais lui jouer une sonate à ma façon, et ce sera une fugue. - Annwvyn a écrit:
- Les anciens s'étaient regroupés autour du foyer, rendus muets par la douleur, leurs esprits à la dérive. Dieu qu'il était triste de veiller le pauvre garçon, que la mort avait fauché si jeune. On avait déposé son corps entre de grands bouquets de lys, qui exhalaient leur senteur suave et entêtante, et allumé des bougies parfumées à l'ambre. On suffoquait, on ouvrit la fenêtre. De l'été au-dehors, et portée par la brise du soir, vint soudain la sonate lointaine d'une flûte de berger.
- Petit Faucon a écrit:
- Penchés au-dessus de l'étroite crevasse, les quatre garçons tendent l'oreille pour guetter le chien : en vain, on ne l'entend plus. Le plus entreprenant décide de se laisser glisser par l'ouverture, la lampe coincée entre les dents. Ça va, le sol n'est pas loin ! Autour de lui la cavité exhale un air épais et renfermé. Les autres se glissent à sa suite, l'un deux brise une petite stalactite, ici on voit la trace d'un foyer ancien ; le chien est là, attentif ; la chasse au trésor peut commencer !
La cavité se transforme en couloir puis en boyau inégal et sinueux ; enfin ils débouchent dans une pièce plus vaste dont le sol est recouvert d'argile fine. L'un deux balaye les parois de sa lampe, et apparaissent des silhouettes comme au cinéma : des bisons d'ambre, des chevaux entremêlés, un petit humain armé d'un arc, tellement penché qu'il semble dériver au devant de l'animal, un auroch dont l'oeil les fixe, tellement vivant ! Les garçons restent sans voix, hors d'eux, et c'est une sonate, un concerto, les grandes orgues qui résonnent en eux. Le temps s'est arrêté. Ils repartent lentement, ressortent à l'air libre, piétinent les touffes de lys du sous-bois, songeant à ce troupeau immobilisé qui veille sous leurs pieds. La grotte de Lascaux venait d'être découverte. - L’Ami a écrit:
- Le foyer de l’âtre rougeoie encore, par intermittence. À son bureau, après une nuit de veille accompagnée par le chant de la brise dans la cheminée, il pose sur sa feuille le dernier accord d’une sonate. Entre « le lys de la nuit » ou « La belle-de-jour » il opte rapidement pour le second titre. Trois parties pour la sonate, trois moments forts pour cette fleur ; la naissance, l’épanouissement, le déclin. Son esprit dérive un instant : Comment y associer musicalement un parfum d’ambre qui s’exhalerait à la dernière mesure ?
01/07 juin 2021 - Clinchamps a écrit:
Huit, mots, jeu, lignes, rédiger, court, long, imaginer
- Spoiler:
- Rosalind a écrit:
Rêveur, il contemple le bouchon sautillant parmi les reflets des saules et des nuages. Soudain sa ligne se tend. Il se rappelle les mots de son grand-père : « Donne-lui du jeu, compte jusqu’à huit … » C’est long ! Qu’a-t-il imaginé ? un court instant il a cru entendre sa voix. Il sent toujours sa présence rassurante à ses côtés, légère comme la canne léguée quand il a rédigé son testament.
- Lily of the valley a écrit:
- Sous sa poitrine -à laquelle elle a donné un peu de maturité grâce à du coton hydrophile habilement réparti dans le bustier de sa robe rose-, son cœur se croit sur le grand huit dont le sommet apparaît au-dessus du stand de tir. Dans son dos, la sueur doit dessiner des lignes disgracieuses mais le vent chaud de ce dimanche de Pentecôte les sèche vite. Elle a passé la nuit à imaginer leur rendez-vous entre le jeu de quilles et le chamboule-tout. La semaine précédente, elle s’est enfin débarrassée de la grille qui courait le long de ses dents et lui donnait un sourire de calendre, alors elle a pris un peu confiance en elle. Le message qu’elle tient au creux de sa main moite est court, juste quelques mots pour fixer l’heure et le lieu. Il aurait pu prendre la peine de rédiger un poème sur un joli papier. Ce n’est pas grave, au moins, il a pris la peine de s’intéresser à elle. Soudain, une barbe à papa s’écrase dans ses cheveux et il est là qui s’esclaffe entouré de ses copains. La chanson hurlée dans la sono des autos-tamponneuses restera à jamais la musique de son humiliation.
- L’Ami a écrit:
- Huit et demi, la porte du fantasme, ce ne sont plus les mots mais les formes qui imposent le jeu. Plus de lignes narratives, il faut rédiger ou résumer plus exactement son passé, son enfance, sa vie d’adulte, une suite de « rushes» courts ou longs, de prises de vues et de sons. Fallait imaginer, fallait oser. Merci Monsieur Federico Fellini.
- Petit Faucon a écrit:
Maxence regarde en l'air, les yeux vides. Sa motivation a fait long feu, ce dialogue en 200 mots à rédiger pour la prof d'espagnol ne l'inspire pas du tout ; il va demander à Clara ce qu'elle a écrit, et va copier quelques phrases à sa sauce, court et bien fait. S'il veut garder sa moyenne du trimestre au-dessus de 16, il n'a pas le choix. Et ce thème, tellement ringard ! Il imagine le super texte qu'il ferait sur un sujet comme World of Warcraft ou la Paris Game Week, là il pourrait pondre au moins cinquante lignes sans effort ; à ce petit jeu, il a encore perdu une demi-heure, il ne lui reste plus que huit minutes avant l'heure limite, et qu'il se prenne un zéro pour travail non rendu ... - Ysabelle a écrit:
Les mots sont pires que les sabres les plus aiguisés ! Se livrer à une prose des plus odieuses, est-il digne d'une personne qui a partagé votre vie plus de huit années ? Combien de minutes lui a-t-il fallu pour rédiger ces courtes lignes lapidaires ? A-t-il seulement pris le temps d'imaginer ce que ce jeu pervers pouvait engendrer comme dégâts ? Si un coup sec de poignard suffit en quelques minutes, pour mettre fin à une vie ; Ces mots, eux, mettront en agonie un être pendant de longues années.
07/14 juin 2021 - L’Ami a écrit:
- Bambou, fragrance, pardonner, lanterne, ondée, étrange, souffler, pivoine.
- Spoiler:
- Clinchamps a écrit:
La brise du matin froisse les feuilles des bambous, la fragrance des iris et des pivoines se mêle à la senteur de l'eau. La lanterne de pierre se reflète à la surface de l'étang mais l'haleine d'un orage lointain vient souffler sur l'eau et l'image se brise en éclats. L'ondée qui le suit change le miroir en verre martelé... Etrange mobilité des lumières et des parfums, la beauté du jardin nous pardonne et nous apaise... - Lily of the valley a écrit:
- Une ondée bienfaisante a mis fin à la touffeur orageuse qui régnait depuis des jours. Alourdies par les gouttelettes scintillantes, les lanternes des physalis se balancent doucement, tête baissée, rougissantes comme des jeunes filles qui ont quelque chose à se faire pardonner. La brise souffle une fragrance sucrée rappelant le parfum des pivoines pourtant fanées depuis longtemps et qui se mêle aux relents vaguement écœurants du ruisseau. C’est étrange comme le monde n’a pas cessé de respirer, pense le jeune homme qui se tient derrière le ruban jaune tendu entre les bambous. Il pense aussi -et cela le réconforte, le calme- que cela ressemble à ce tableau de John Everett Millais qu’il a vu un jour à la Tate Britain. Il enfile les gants réglementaires, soulève le ruban, s'accroupit et effleure le front blanc de celle qui ne s'appelle pas Ophelia et n'aura de célébrité que celle fugace de la rubrique des faits divers ...
- Rosalind a écrit:
Paul souffre et ahane dans la montée, une fatigue soudaine, le coup de bambou qui ne pardonne pas. S’il ne veut pas se retrouver lanterne rouge, il a intérêt à se ressaisir. Une ondée soudaine souffle un léger vent de fraîcheur, une étrange fragrance de pivoines lui chatouille les narines… Prémonitoire du bouquet offert au vainqueur par une charmante hôtesse ? Pris d’un regain d’énergie, il appuie sur les pédales avec ardeur. - Annwvyn a écrit:
Les ondées avaient cessé, et le père soufflait comme un bœuf, rouge comme une pivoine dans cette chaleur moite. "La voilà encore qui souffre d'un coup de bambou, on n'a pas idée d'avoir une fille pareille ! Toujours à s'évanouir ! Impossible de la marier avec cet air étrange qu'elle a toujours. Et dire qu'elle fait lanterner au moins trois soupirants. Ça n'est pas comme ça qu'elle va se faire pardonner". Le père essuya son front poisseux, et éternua, la fragrance suave des frangipaniers lui chatouillait le nez.
- L’Ami a écrit:
- La canne de bambou cingle avec une rigueur métronomique son dos. Noyé dans une fragrance de sueur, de sel et de crasse, le mousse ne pardonnera jamais cette humiliation à l’auteur de cet ordre. Il le pendra à la lanterne de poupe, promis, jure-t-il entre ses dents. Une ondée étrange venue on ne sait d’où inonde soudain le pont, souffle sur son dos, rouge à faire faner de honte une pivoine, un brin de fraîcheur lui permettant de respirer et d’entrevoir momentanément une réponse à cet acte odieux.
- Elianor a écrit:
- L’étrange lanterne en bambou dansait avec légèreté dans la nuit noire. La terre humide exhalait les douces fragrances de l’ondée vespérale. Calliope s’avança sans bruit jusqu’à la maison. Elle s’arrêta devant la porte comme si elle hésitait à entrer. Au bout de quelques instants, elle déposa délicatement une pivoine sur le seuil et murmura dans un souffle « Pardonne-moi... J’espère que tu comprendras ... ». Elle se détourna rapidement, une larme glissant sur sa joue.
14/23 juin 2021 - Lily of the valley a écrit:
Tour, Chèvrefeuille, Guetter, Éblouissant, Patient, Zinzinuler, Laitière, Presbytère - Spoiler:
- L’Ami a écrit:
Vingt ans, depuis vingt ans, entre deux merlons de cette tour, fidèle et loyal comme le chèvrefeuille, je guette les barbares qui n’en finissent pas de se faire attendre. Ils viendront, éblouissants dans leurs armures, précédés d’un nuage de poussières menaçant. Patient, chaque matin tandis que je scrute l’horizon, j’entends zinzinuler ces péronnelles, leurs cruches laitières calées sur les hanches, revenant du presbytère, insouciantes du déchaînement de fer et de feu qui se rapproche inexorablement. - Petit Faucon a écrit:
Il est plutôt content, car son travail a payé : le gâteau se présente fort bien, flanqué de décorations latérales éblouissantes, tel une tour de belle allure. Son secret : il a fait infuser la crème avec des fleurs de chèvrefeuille cueillies hier soir le long du mur du presbytère au son des fauvettes zinzinulantes. Il guette maintenant les moindres réactions des jurés pendant la dégustation patiente, petite bouchée et stylo dans la main. Quel que soit le résultat, il a déjà la satisfaction de savoir que son arrière-grand-mère laitière aurait été fière de lui ! - Rosalind a écrit:
- Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? - Non, je ne vois que la route qui poudroie et les vaches laitières dans l’herbe qui verdoie. - Anne, ma sœur Anne, as-tu bien guetté ? - Oui oui, je ne vois que le chèvrefeuille qui se déploie sur le mur du presbytère. - Anne, ma sœur Anne … - Oh, la barbe ! arrête de zinzinuler, et sois un peu plus patiente. Ce n’est pas toi qui poireaute en haut de la tour sous ce soleil éblouissant.
- Annwvyn a écrit:
Le pasteur avait été patient. Des jours durant, il avait guetté la petite laitière, dont le charme éblouissant et le parfum de chèvrefeuille l'avaient ébranlé tout entier. A présent qu'il l'avait faite enfermer dans la tour, il ne dormait plus, allant et venant sans but dans le presbytère. A chaque instant, son esprit malade lui zinzinulait des pensées impies à l'oreille. - Ysabelle a écrit:
Décidément, ce n'est pas ici qu'elle voulait venir se ressourcer après ces mois de cauchemars. Il faut cependant faire contre mauvaise fortune bon cœur, s'armer de patience et savoir profiter de ce qu'on a. Voyons le planning des réjouissances : Il y a cette vieille tour médiévale et le Presbytère à visiter, ensuite, guetter l'éblouissant lever du soleil sur la colline, de longues promenades dans la forêt pour écouter zinzinuler fauvettes et mésanges, cueillir des chèvrefeuilles pour fabriquer les soins dont tante Jane a le secret... C'est un bon programme, après tout. Ce dont elle n'arrive cependant pas à accepter l'existence, c'est, accrochée au mur de sa chambre, cette Laitière tranquille, qui depuis des siècles, n'a pas fini de faire couler son lait ! Elle trouvera bien une parade pour l'envoyer rêver ailleurs. 23/28 juin 2021 - Annwvyn a écrit:
- Crampon, Cage, Azulejos, Vaincu, Bouilli, Attaquer, Tactique, Pépé
- Spoiler:
- Clinchamps a écrit:
- "cigarette et whisky, et p'tites pépés..." Cette rengaine idiote ramassée dans un bar ne lâchait pas son cerveau, bouilli par la chaleur, véritable crampon dans sa mémoire que l'alcool embrumait... Il allait rompre les barreaux de cette cage infernale, attaquer vigoureusement l'ennemie, cette femme qui dansait sans cesse devant ses yeux, de nuit comme de jour, jouant de morceaux d'azulejos comme de castagnettes... Il ne serait pas vaincu, cette fois ! Sa tactique serait imparable... Il glissa sa navaja dans sa ceinture et marcha vers les arènes où les trompettes sonnaient la mise à mort.
- Petit Faucon a écrit:
- Les deux affreux assis sur le banc contre le mur couvert d'azulejos se comprennent sans parler, depuis des années qu'ils cohabitent à cet endroit qu'ils connaissent mieux que tout autre. Voilà l'autre crampon qui s'approche, avec son air vaincu, ses souliers en cuir bouilli, et ses yeux larmoyants.
Leur tactique pour le repousser est efficace et éprouvée : - Alors Pépé, la vieille t'a laissé sortir de la cage ? - Mais non, elle l'a foutu dehors, un cave pareil ! Pépé courbe la tête sous l'attaque et passe son chemin en reniflant.
- L’Ami a écrit:
- Il adore le bruit de ses crampons s’enfonçant dans cette couche de glace. Son rythme s’accorde aux battements de son coeur dans sa cage thoracique, « comme des pas sur la neige » se dit-il en murmurant la mélodie du prélude de Debussy. Tout, autour de lui n’est que blancheur sur fond d’un ciel bleu de Delft lumineux, un paysage d’Azulejos, grandiose. Qui parle de vaincre la montagne, quelle bouillie de présomption, l’attaquer ? Avec un piolet ? Risible ! Quant à la tactique, c’est un langage de militaire. Non, comme disait mon Pépé, l’approche de la montagne, c’est un acte d’amour, c’est courir après, jusqu’à ce qu'elle te prenne.
- Rosalind a écrit:
- Charles ôte son casque de cuir bouilli et respire un grand coup… Loin au-dessus des nuages, le ciel arbore un bleu d’azulejos.
De longues heures de vol l’attendent, il doit garder les yeux ouverts et rester vigilant. Dans la cage étroite et glaciale de la carlingue, il songe aux deux pilotes disparus quelques jours auparavant. Et à sa mère, à son pépé qui lui a offert ses premières chaussures à crampons, et enseigné la tactique du baseball. Enfin la côte française, il se repère et suit le cours de la Seine. La Tour Eiffel, puis les lumières du Bourget, il attaque la descente et atterrit. Aussitôt une foule en délire accourt vers l’appareil et l’acclame. Il a réussi, il a vaincu. - Lily of the valley a écrit:
- Le gaillet accroche ses crampons aux tiges de l’amour en cage dont les lanternes de feu s’allument sur le ciel aux nuances d’azulejos. En cette fin d’août, le soleil écrasant a vaincu les dernières framboises qui ont littéralement bouilli avant de mûrir et s’est attaqué avec acharnement aux ipomées dont les ailes décolorées battent mollement contre le muret de pierres sèches. Agenouillé entre les sillons, le petit garçon traque, avec une tactique bien rodée, les gros insectes rayés qu’il emprisonne dans un bocal contre lequel son pépé lui donnera, comme il le fait depuis le début de l’été, une belle pièce brillante. Les pommes de terre ont été récoltées depuis longtemps mais Pépé dit toujours “les sales bêtes, c’est comme les sales gens, faut les éloigner avant que ça fasse le mal”.
29 juin/4 juillet 2021 - L’Ami a écrit:
Solaire, Harpe, Tendre, Quiétude, Ecrouer, Jalousie, Brise, Amer - Spoiler:
- Rosalind a écrit:
Dans la douce quiétude de la chambre occultée par des jalousies, les doigts légers d’une toute jeune fille effleurent les cordes d’une harpe, faisant naître une tendre mélodie. Ni la brise marine, ni les rayons solaires ne parviennent jusqu’à elle. Écrouée depuis ses quinze ans, cloîtrée par un vieux tuteur amer et concupiscent, Rosine parviendra-t-elle à s’évader de cette prison dorée ?
- M. Rosalind a écrit:
- Avec les derniers rayons solaires d’une fin de journée, une brise légère porte jusqu’à lui les tendres accents d’une harpe dans le lointain.
Écroué depuis de longs mois, Rafael sourit. Son âme autrefois rongée par une amère jalousie connaît enfin la quiétude. Demain tout sera terminé… - Lily of the valley a écrit:
Il y a sûrement eu une éruption solaire. Ça la rend toute chose, ça lui donne des angoisses. Elle n’y connaît pas grand-chose, mais elle a entendu ça un jour dans une émission, alors qu’elle traînait du côté du grand salon. Il paraît que ça agit sur les êtres vivants. Alors aujourd’hui, il y en a sûrement eu une parce qu’au lieu d’apprécier la quiétude de la chambre, la lumière qui ricoche sur les murs blancs et la douce chaleur qui y règne, elle a le sentiment d’y être écrouée. Une légère brise joue pourtant de la harpe avec les fils qu’elle a fixés à la jalousie. Encore un à tendre et elle sera prête. Ce n’est peut-être pas le meilleur emplacement pour son tissage, il y a un courant d’air à cet endroit. Elle regarde autour d’elle. Elle attend. Rien ne bouge à part cette petite chose rampante qu’elle sait avoir un goût un peu amer. Et soudain, sa toile n’est plus une harpe, mais une grosse contrebasse, quand la plus exquise des mouches bleues, vient s’y emmêler avec un râle de désespoir… Finalement, il n’y a peut-être pas eu d’éruption solaire. - Petit Faucon a écrit:
Enfin affalée de tout son long sur le sable humide, quelle douce quiétude que ce moment tant attendu ! un magazine de mode dont les feuilles bougent avec la brise est posé à côté de sa tête, la bouteille isotherme est à moitié enterrée pour conserver la fraicheur du thé amer. Mais pour l'instant elle s'abandonne à la tendre douceur des doigts qui parcourent son dos, enduits de crème solaire, jouant de la harpe sur ses côtes. Elle songe avec perversité à la jalousie de ses collègues écroués au bureau, s'ils pouvaient se douter d'où elle "télétravaille" !
- L’Ami a écrit:
- Comme un cadran solaire, la grille de sa fenêtre projette sur les dalles de sa cellule une harpe d’ombres et de lumières qui tend à s’étirer au fil de l’automne. Il apprivoise le temps dans une quiétude solitaire. Écroué, mais vivant. Le jury a compris son acte de folie sous l’empire de la jalousie. Pourtant ce soir, brisé, amer, il ne peut congédier son passé, allongé sur son bat-flanc, il écoute le bruit du ressac non loin de la tour.
- Clinchamps a écrit:
Ecrouée dans la maison par la cruauté d'une rupture, elle se cantonne à son lit. Les jalousies des persiennes laissent filtrer des rais solaires dans la quiétude de la chambre. La poussière joue sur les cordes de cette harpe de lumière. Un tendre écho de voix brise le silence de sa mémoire, et rend plus amère sa solitude.
06 /12 juillet 2021 - Petit Faucon a écrit:
Mauve, quarante, peindre, dorer, banc, tuyau, brosse, précis
- Spoiler:
- L’Ami a écrit:
- Devant lui, un mauve profond naît de la nuit pour commencer les quarante variations de son échelle de couleurs. Puis des champs de lavandes à perte de vue, comment peindre cette odeur entêtante et pleine de fraîcheur au lever d’un soleil qui dore peu à peu le faîte de sa montagne. Au premier plan, un banc sur lequel repose négligemment abandonné, un tuyau d’arrosage d’où perlent des gouttes d’eau scintillantes. Tout est en place. À sa main gauche la palette, dans la droite la brosse, par petites touches précises Paul prépare ses teintes.
- Rosalind a écrit:
- Par quarante à l’ombre, la seule activité possible reste la sieste, avec une bouteille de rhum et du citron vert.
D’un tuyau goutte une eau tiède, qui forme une petite flaque boueuse sitôt lapée par un chien orange. Quant au chat, il ne se dore plus au soleil, il recherche un peu de fraîcheur, vautré sur le banc au fond du jardin. Paul s’étire. Les ombres mauves du couchant gagnent peu à peu. D’un geste précis, malgré l’alcool ingurgité, il saisit ses brosses et ses pinceaux, le besoin de peindre l’obsède. - Lily of the valley a écrit:
- L’odeur âcre du vinaigre blanc ne m’empêche pas de hurler aux diverses paires d’oreilles indifférentes qui se cachent dans la maison : ”Les cheveux, c’est sur la tête ou sur la brosse, pas dans les tuyaux ! ça fait quarante fois que je vous le dis.” Je lève les yeux vers le miroir au cadre baroque que j’ai eu tant de mal à dorer et me rends compte que quelqu’un a décidé de le peindre au dentifrice. Le geste est sûr et précis, la constellation blanchâtre se situe juste au milieu, dans cette partie de l’objet apparemment totalement inutile. Je tente d’apercevoir mon reflet dans le mince espace entre le bois et la Voie Lactée et mon regard tombe sur le drame qui se déroule sur la tablette : un naufrage de tubes, étalés comme un banc de poissons échoué, des poissons mauves, roses, verts (pour les cosmétiques bio), argentés et dorés (pour les rouges-à-lèvres). Au milieu, trône un rasoir qui bave sa mousse sur un échantillon de parfum. Mon soupir a la puissance d’une tempête tropicale : ma vengeance sera terrible.
- Clinchamps a écrit:
- Elle avait dosé d'un geste précis les feuilles de mauve dans la théière, et maintenant le liquide doré emplissait la tasse peinte de bouquets de roses. "Quarante ans demain, c'est le tournant " se disait-elle en passant la brosse dans ses cheveux où ne se voyait encore aucun fil blanc. Une rafale fit vibrer le tuyau du poêle. "L'automne pour tout le monde !" se dit-elle avec un sourire mi-figue, mi-raisin.
- Ysabelle a écrit:
- Le domaine compte entre autres arbres, quarante palmiers fruitiers. Depuis son banc d'observation habituel, ses yeux se perdaient dans les étendues dorées, luisantes sous le soleil cuisant de ce mois de juin. Son envie de peindre la lancinait depuis un moment, tandis que dans ses pensées, le tableau rêvé, prenait une forme, de plus en plus précise. Un bruit la tira de sa rêverie et se matérialisa sous les traits d'un jeune homme, les cheveux en brosse, arrosant à l'aide d'un tuyau, un carré multicolore de plantes potagères. Elle se demanda ce que cachait cette couleur mauve dominante, et pensa que c'était peut-être des aubergines ou des betteraves.
15/25 juillet 2021 - Ysabelle a écrit:
- Potier, jour, dame, samouraï, lune, âme, rentrer, sublime
Joker : éclat - Spoiler:
- Rosalind a écrit:
- Un potier avait créé un magnifique samouraï, si beau qu’il réjouissait son âme. Il le plaçait au soleil pour l’admirer, puis le rentrait au crépuscule.
Mais jour après jour l’éclat de la statuette ternissait, et le potier se rendit compte que son superbe samouraï dépérissait d’ennui. Il confectionna alors une ravissante dame qu’il déposa à côté du farouche guerrier. Ce soir-là un mystérieux rayon de lune effleura les deux statuettes, et leur donna vie. Depuis, chaque nuit, réunis dans leur amour sublime, les deux amants dansent parmi les étoiles.
- L’Ami a écrit:
- Le potier a plus d’un tour dans son sac, au point du jour ou à l’aube, il défourne sa commande de Raku, deux bols à thé, un pour la Dame, un pour son mari seigneur et maître, plus crétin que le dernier des samouraïs. Cette face de lune à l’âme d‘un vermisseau y boira sa dernière gorgée funeste qui le fera rentrer aux Enfers Shintô, avant de s’effondrer face à l’indifférence sublime de sa femme et amante du potier.
- Selenh a écrit:
- Un jour dame Ipon,
rentrant dans l'ombre de Lune, dit au dieu potier :
- Vois l'âme sublime Du samouraï qui m'aimait Au ciel affichée
- Cet éclat, madame, est de toute éternité. lui répondit-il
Mais
L'amour est argile - et je vous pétrirai un nouvel adoré.
- Clinchamps a écrit:
- Le vieux père Potier, samouraï de la belote et de la coinchée, qui rentrait les chaises de la terrasse, a rendu son âme à Dieu il y a déjà des jours et des lunes, et la dame des toilettes ne s'en est pas remise. Où le sublime amour peut aller se nicher ?
- Lily of the valley a écrit:
- En voyant ces mots magnifiques, je me suis dit que je me devais d'écrire des lignes sublimes, tout droit sorties de mon âme, des mots à faire pâlir la lune, des mots à illuminer le jour. Je me voyais déjà, dit la chanson ... Tout ça ne suffit pas pour devenir subitement une grande dame de la littérature. A peine jetés sur le papier, les quelques mots se sont révélés plus pâles que la lune et plus sombre que la nuit. Mon espoir littéraire a volé en éclats, mon inspiration est rentrée dans sa coquille, honteuse, et mon enthousiasme s'est effondré comme un vase trop humide sur le tour du potier. Une autre fois peut-être...
26 juillet/1er août 2021 - Selenh a écrit:
excellemment - vent - bouton d'or - berceau - juvénile - arborer - satin – feuille joker : inestimable - Spoiler:
- L’Ami a écrit:
- Il pratique excellemment la monte à cru, sans rênes. Libre, nez au vent, son alezan galope sur les plaines lumineuses fleuries de boutons d’or autrefois berceau de l’immense empire mongol. Son ardeur juvénile le porte à arborer fièrement le « Deel » en satin doublé de mouton, cadeau de ses parents pour chevaucher confortablement, ainsi qu’à sa main un fouet en cuir au manche décoré à la feuille d’or.
- Clinchamps a écrit:
- Le vent d'été, en ce matin d'un juin juvénile, froissait les feuilles d'un vert encore tendre et inclinait les boutons d'or du verger. Les fleurs formaient un berceau aux vaches en robes de satin brun et blanc sous les pommiers qui arboraient déjà les billes vertes des futures pommes. Ce tableau figurait excellemment ce qu'on pouvait espérer d'un paysage typiquement normand.
- Annwvyn a écrit:
- « Comment vous sentez-vous ? », demandaient les badauds qui défilaient au berceau. Ma mère leur répondait, arborant son sourire énigmatique, la bouche en bouton d’or : « Excellemment, Madame, Mademoiselle, Monsieur ». Tout le village avait eu vent de ma naissance, chacun riait, puisant en moi une inestimable gaieté juvénile. Les feuilles mortes parfumaient l’air et craquaient sous les bottines, et l’air avait sur la peau la douceur du satin.
- Rosalind a écrit:
- Ne vous fiez pas à son air juvénile et à sa tenue râpée. Certes son pourpoint n’est pas de satin, et sa monture prête à rire. Mais le jeune cavalier arbore un air féroce et foudroie du regard les insolents qui oseraient se moquer de la couleur bouton d’or de son bidet, présent choisi par son père. Excellemment ? sans doute pas.
Il ignore encore de quel côté le vent va tourner, et serre contre son cœur la précieuse feuille, sauf-conduit inestimable qui lui ouvrira toutes les portes à Paris, loin du berceau de son enfance.
- Fée clochette a écrit:
- Au loin, dans l'air vibrant de chaleur, nez sous le vent, une svelte silhouette de satin bouton d'or entièrement tachetée de noir, se profile presque invisible sous la savane arborée. Ses guépards juvéniles, excellement tapis dans le berceau de feuilles d'acacia attendent sa proie, dans un bruissement d'insectes.
- Lily of the valley a écrit:
- -"Excellemment, merci", répond l’enfant en se redressant avec un large sourire et lissant sa robe de satin bouton d’or.
Le vent chaud, qui entre mollement par les hautes fenêtres, porte le parfum lourd des dames de cour et leurs petits rires partagés entre mépris et attendrissement. La grande sœur de la fillette, toujours courbée en une profonde révérence et qui arbore une robe feuille morte censée donner de la maturité à son corps encore juvénile mais déjà mariable, lui souffle un “votre majesté” excédé. -"Ah oui, se reprend la fillette en refaisant la révérence ainsi qu’elle a appris à le faire dès le berceau. Excellemment, votre majesté, et vous-même, comment vous portez-vous ?" Cette fois, sa sœur qui voit déjà son avenir à la cour anéanti, lui pince la taille. On s'offusque, on murmure, on bat de l’éventail, on s’inquiète mais le silence qui est peu à peu tombé sur le grand salon est vite chassé par le grand éclat de rire - aussi rare qu'inestimable-, de sa majesté.
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| | | Rosalind Ice and Fire Wanderer
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| Sujet: Re: Jeu littéraire pour chasser les idées noires : les textes ! Lun 9 Aoû 2021 - 15:17 | |
| 01/08 août 2021 - L’Ami a écrit:
Dessiller, blé, jarre, marmoréen, fourbir, velours, galuchat, rayonnant. - Spoiler:
- Annwvyn a écrit:
- Pour sûr, ses yeux étaient dessillés. Elle suffoquait, la bouche asséchée sous le bâillon crasseux, les cordelettes rêches brûlant ses poignets. Pauvre enfant, elle avait rêvé de piraterie, elle s'était vue rayonnante, habitée du feu sacré de la liberté, ses cheveux blonds comme les blés lâchés au vent. Mais tel n'est jamais le lot des femmes. On l'avait débusquée au matin dans la cale, occupée à fourbir une bouteille anglaise à vin, entre les jarres d'huile d'olive et les tonneaux de lard et de morue salés. Hébétée, elle attendait désormais dans la chambre du capitaine, oppressée par les tentures de velours et les odeurs de musc et de tabac. Une grosse malle en galuchat convoquait en elle les horreurs à venir, et ses yeux sombres s'écarquillaient sur son visage marmoréen couvert de sueur.
- Fée clochette a écrit:
- La première fois que Jeanne avait pénétré dans le salon art déco de sa maîtresse, ses yeux s'étaient dessillés : ainsi c'était cela être riche !
Aujourd'hui encore, elle foulait toujours avec précaution le sol de marqueterie de pierres dures pour le fourbir à l'huile de lin, lustrait avec amour le précieux sofa art déco tapissé de galuchat, et surtout avant de quitter la pièce, elle accomplissait un rituel bien à elle : avec une jouissance particulière, sa main caressait la jarre antique de pierre marmoréenne, aussi douce que du velours de soie. Selon Monsieur qui était un érudit, elle avait appartenu à un important personnage Etrusque, marchand de blé, d'huile et de vin. L'émotion à fleur de peau, chaque jour, elle époussetait les objets délicats et porteurs d'histoire, qui après ses soins la rendaient orgueilleuse et rayonnante de plaisir.
- Clinchamps a écrit:
- Dessillé par ce qu'il venait de découvrir, il comprit que la jarre ne contenait pas de blé, mais de cette pâte magique qui servirait à fourbir le katana.
Le sien avait une poignée de galuchat, dont la rugosité assurait la prise, et était un gage de son origine ancienne. L'éclat rayonnant de la lame était presque aveuglant sur le velours pourpre qui tombait en plis marmoréens autour du katanakake. - Rosalind a écrit:
- Très lentement ses paupières se dessillent, il s’étire, s’éloigne nonchalamment de la chaleur rayonnante du poêle, et traverse la cuisine en frôlant les jarres emplies de blé et d’huile. Aucun intérêt.
A pas de velours, il se faufile par la porte entr’ouverte de la chambre, bondit sur le fauteuil de galuchat dont l’odeur l’émoustille et entreprend d’y fourbir ses griffes, avant de se figer en une pose marmoréenne à l’approche du pas rageur de sa maîtresse.
- Selenh a écrit:
Vanité
Regarde-moi, amour, De tes yeux dessillés... Ma jarre prodigue en blé Est redevenue sable,
Le velours de ma lèvre N'est plus que galuchat, Mon sein marmoréen S'est fané sous la soie.
Du plaisir à venir Ton arme rayonnante Exultait à ma voix,
Bientôt, si ce n'est ores, Tu la devras fourbir Et m'aimer de sang-froid. - Petit Faucon a écrit:
Soudain, il comprit où pouvait être caché le trésor dont il avait entendu parler depuis tout petit ; son esprit s'ouvrit, ses yeux se dessillèrent comme une évidence. Pour en avoir le coeur net, il décida d'y aller le soir même, armé simplement de son petit couteau à lame large, qu'il fourbit sur la lanière de cuir du rasoir de Père, et de son sac d'écolier vidé. Dès que la lune fut cachée, il se laissa glisser le long du mur jusqu'à la ruelle, et se coula dans l'ombre jusqu'au grand palais délabré. Il franchit la porte, traversa la cour dans laquelle il avait si souvent joué aux osselets avec les autres, puis se faufila dans le couloir sombre, attentif à ne pas effrayer les chauves-souris, silencieux sur ses pieds nus. Il s'agenouilla sur le carrelage, fit jouer son couteau entre les dalles marmoréennes, et souleva celle qui était la plus proche de l'angle. Il gratta la terre tassée et sèche, et enfin il sentit affleurer le bord de ce qui semblait une jarre à blé. Il creusa avec une ardeur renouvelée, certain à présent de toucher au but. Le toucher frais sous ses doigts du métal lui fit battre le coeur : c'étaient des pièces, de grandes pièces de cuivre ! il y plongea la main avec ivresse, sentit tout à coup la tiédeur d'un sachet en velours : c'était une petite bourse en galuchat, qui contenait d'autres pièces plus petites, en or. Rayonnant, il songea que cet argent permettrait au Père de rembourser les dettes auprès du propriétaire terrien, et peut-être même de racheter le frère aîné qui s'était engagé à travailler gratuitement pendant encore 2 ans. - L’Ami a écrit:
- Après un sommeil chaotique, le mousse se frictionne les yeux avec un peu d’eau douce pour les dessiller, une toilette de chat. Cette nuit inconfortable à dormir, calé entre les sacs de blé et les jarres d’huile, suivie d’une aube marmoréenne ne l’incline pas à entreprendre son travail, fourbir les cuivres à n’en plus finir sur ce bateau de malheur. Son rêve, caresser la peau de velours de sa lointaine promise s’estompe à la vue des ballots de cuir de galuchat et à leur forte odeur iodée. Au loin, un grain s’annonce, effaçant les derniers souvenirs du sourire rayonnant de sa bien-aimée.
- Elianor a écrit:
- Serrant instinctivement l’ancienne sacoche en galuchat de son père, elle entra dans la première salle. Elle se retrouva dans un cimetière d'immenses jarres, celles-là même qui étaient jadis fourbies avec un soin particulier car elles contenaient le blé ou l’orge. Néanmoins, elle leur jeta à peine un regard et se dirigea prestement vers la deuxième salle. Elle était vide ! Elle la traversa d’une traite, rayonnant presque de s’en tirer à si bon compte. A pas de velours, elle s’engagea dans la troisième salle. À peine le seuil dépassé, elle s’arrêta net. À quelques pas d’elle, se dressait une silhouette menaçante. « Dessille-toi les yeux, ma vieille, c’est juste une statue ! » se murmura-t-elle pour s’encourager. Elle passa quand même prudemment à côté de l’homme marmoréen et eut l’impression irrationnelle de sentir son regard vide et froid se poser sur elle.
- Ysabelle a écrit:
- Il fait toujours preuve de patience et de méthode, pour dessiller les yeux de ses jeunes apprentis. Son regard bienveillant les suit, tandis qu'avec l'enthousiasme de leur débordante jeunesse, ils déplacent les jarres refroidies, prêtes à rejoindre les clients en attente. Bientôt, elles accueilleront blé, huiles et autres denrées diverses. Certaines à l'aspect marmoréen, seront néanmoins, destinées au simple plaisir des yeux. Elles ont été fourbies et décorées avec soin. Elles sont ensuite mises dans des poches en galuchat, fermées à l'aide de cordons en velours et des pierres semi précieuses. Il a acquis une solide réputation, mais les regards rayonnants des jeunes apprentis étaient de loin, sa plus belle récompense.
- Lily of the valley a écrit:
- Les pieds sur le bord d’une jarre ventrue où un citronnier famélique tente de survivre, l’adolescent désœuvré lève les yeux de son smartphone qu’il a passé la dernière heure à fourbir tel un mousquetaire son mousquet. A travers les volutes de la balustrade, il regarde les blés mûrs qui ondulent comme un velours doré et les ruelles rayonnant autour de l’église donnant au village l’aspect d’une roue de chariot cabossée. Des nuages à l’aspect trop marmoréen pour annoncer la fin de la canicule moutonnent à l’horizon. Sa sœur aînée fait virevolter nerveusement son stylo recouvert d’un cuir qui ressemble à un hareng fumé périmé - un truc qui coûte un bras et qu’elle appelle galuchat, avec deux accents circonflexes sur le “a”-.
-Punaise, ça m’énerve ! s’agace-t-elle en oubliant le circonflexe guindé. “En découdre pour y voir clair”, en neuf lettres, avec un “d” au début, ça t’inspire ? -Mmm. -Evidemment, toi, à part jouer sur ton biniou, là ! -”Dessiller”, répond le garçon sur un ton blasé. -Quoi ? -”Dessiller”. Terme de fauconnerie. Sur mon biniou, y a le jeu “Forteresse des rapaces”. ça t’en bouche un coin, à défaut de te dessiller, ma grande ! 09/15 août 2021 - Rosalind a écrit:
- Aveuglément, disgrâce, conquérir, lapis lazuli, rocailleux, labyrinthe, échouer, s'échouer, salicorne
- Spoiler:
- Clinchamps a écrit:
- Je n'irai pas aveuglément m'infliger la disgrâce d'échouer à conquérir le trophée de ce jeu ! je préfère me perdre dans les dunes où pousse la salicorne, parmi le labyrinthe des sentes rocailleuses longeant les flots de lapis lazuli.
- L’Ami a écrit:
- À piler aveuglément du pigment outremer au fond d’un mortier, il s’était attiré les foudres du maître. Tombé en disgrâce, il n’a d’échappatoire que de travailler comme un insensé afin de conquérir de nouveau la bienveillance de son patron. Qu’en sait-il lui, que le « Lapis lazuli » se vend à prix d’or, un bout de machin rocailleux qui bleuit les doigts. Doucement, peu à peu, il s’égare de nouveau en un labyrinthe de rêveries, pour s’échouer contre un souvenir récurrent, quand l’année dernière encore, il courait pieds nus dans la fraîcheur de la salicorne au bord de la lagune.
- Fée clochette a écrit:
- Par une nuit sans lune, sous une pluie de Perséïdes, dans les flaques des prés salés de Cornouailles, là où la salicorne abondait, des silhouettes couraient aveuglément. Leur rapidité témoignait de leur instinct de survie. Le ressac de la mer impassible, atténuait les clameurs des poursuivants, ivres de fureur, leurs visages rocailleux, peints de bleu comme la chair lapis lazuli de leurs dieux. Les guerriers de Godfryê le gallois incendiaient tous les villages, avides de conquérir des territoires neufs.
Mais malheur à qui ferait alliance, avec lui, la disgrâce et la décapitation l'accableraient ensuite, avait décrété le baron Wilfgurt. Arrivés dans l'onde noire lui et ses compagnons se fondirent dans le refuge bienvenu d'un labyrinthe de récifs en avant de l'estran. Haletant, ils plongèrent entièrement dans la mer au passage des hommes sanguinaires qui rejoignaient, leurs bateaux échoués au loin sur le sable, rudoyant jeunes femmes et fillettes qu'ils emmenaient en esclavage, les plus âgées ayant été occises. - Lily of the valley a écrit:
- Allongé sur le dos, il écarta les bras, sentant le labyrinthe étrange des herbes sèches brûlées par le soleil intense s’imprimer dans sa peau à travers la fine chemise. Ses doigts effleurèrent le sol rocailleux du pré où, épuisé, il venait de s’échouer, fuyant la disgrâce qui le rattraperait bientôt. Il avait suivi aveuglément le chemin tracé par son cœur et son corps. Il s’était laissé conquérir, sourd aux murmures de sa raison et aux chuchotements des gens-comme-il-faut. Il croqua dans la prune à peine mûre qu’il avait cueillie en chemin et dont la saveur acidulée lui rappela celle de la salicorne fraîche. Saveur d’un autre lieu, douceur d’un autre jour. Son cheval renâcla doucement avant de se remettre à brouter paisiblement le talus. Il ferma les yeux sur le lapis-lazuli trop joyeux du ciel et se laissa engourdir par les souvenirs. C’est tout ce qui lui resterait dorénavant.
- Selenh a écrit:
- Asterion
Entre ses parois rocailleuses ma vie vaine S'écoule aveuglément ; ainsi mon sang. Une vie en disgrâce et puis plus rien ? Pourtant Je ne demandais pas à conquérir la terre :
Galoper, respirer, enfin, et être en vie, Simplement galoper parmi les salicornes, Là où s'échouent nos barques et nos sirènes dorment - Aux écailles d'or et de lapis-lazuli.
Mais jamais ne pourrai sortir du labyrinthe, Jamais ne reverrai ma mère aux yeux d'absinthe, Ni mon père ou mes sœurs... Dieux, l'atroce rancœur, De les avoir punis en me donnant un cœur !
- Petit Faucon a écrit:
- Mesdames, avez-vous fait votre choix ?
Souhaitez-vous que je vous guide dans le labyrinthe de notre carte d'été ? Les palourdes ? elles sont servies dans leur coque, avec une sauce parfumée au gingembre et aux grains de sésame noir, sur un lit croquant de salicorne fraiche. Une entrée légère et savoureuse, vous serez conquises ! Pour suivre, je vous propose un filet de saint-pierre à l'unilatéral, accompagné d'une brunoise de fenouil et d'une purée de panais et carottes, présenté dans une assiette d'un bleu intense de lapis-lazuli : un régal pour les yeux ... et les papilles ! Pour accompagner, un verre de Sancerre peut-être ? ou mieux, un Pouilly Fumé d'un petit terroir rocailleux qui lui donne un goût minéral et fruité, à consommer aveuglément ! Alors, dites-moi ? Une niçoise et une César avec une carafe d'eau ? Très bien. Et bien, quelle disgrâce ! j'ai échoué lamentablement ... encore quelques rombières au régime comme ces deux-là, et je pourrai dire adieu à ma prime.
- Elianor a écrit:
- Avec quel aveuglement avait-il couru droit dans le guet-apens qu’était en fait « La Salicorne écarlate » ! Il avait entendu dire que c’était dans cette auberge de quartier (ou plutôt bouge malfamé il s’en apercevait maintenant) qu’on trouvait le plus pur lapis-lazuli à meilleur prix. Mû par l’enthousiasme, il n’avait pris garde au labyrinthe de ruelles sombres, ni aux tristes façades rocailleuses des habitations, pas plus qu’aux ruffians qui le suivaient... Lui qui se voyait déjà conquérir le monde, allait probablement échouer avec disgrâce au fond d’un caniveau, dans le meilleur des cas !
- Rosalind a écrit:
- Après des jours d’errance, sa barque s’échoue sur le rivage désert de l’île. Comment va-t-il se nourrir ? de mollusques, de salicornes et de noix de coco, tout à portée de main … le paradis !
S’enfonçant dans le labyrinthe de la mangrove, il patauge aveuglément et finit par prendre pied sur un sol rocailleux. Là il déploie un parchemin jauni, s’oriente, compte les pas et parvient à l’emplacement marqué d’une croix sur la carte. Du coffret à demi éventré ruissellent pièces d’or, émeraudes, rubis et lapis lazuli. Finie la disgrâce, le voici riche, prêt à conquérir le monde … - « Léo, va te laver les mains et à table, ça fait trois fois que je t’appelle » crie sa mère d’une voix exaspérée.
15/22 août 2021 - Clinchamps a écrit:
Nacre, Camail, Purpurin(e), Salsepareille, Orfèvre(er), Chamailler(se), Epousailles, Ripaille(er)
- Spoiler:
- L’Ami a écrit:
- Il revient de loin, de Galice, la coquille de nacre à son cou remplace son camail porté depuis Jérusalem. Il garde de ces contrées lointaines des assauts de fièvres purpurines calmées par les décoctions de salsepareille, un remède de la Jeanne, orfèvre en la matière. Il aime bien la chamailler la Jeanne, depuis leur enfance. Il semble maintenant grand temps d’envisager leurs épousailles, le village n’attend que ça et tous seront là pour faire ripaille.
- Annwvyn a écrit:
- Les épousailles se préparaient dans un silence de plomb. Les femmes du village se chamaillaient sans parler, secouant la tête, et défilaient sans fin, posant à même le sol les plats incrustés de verre et de nacre, garnis de tchaka et de firini. Le qaymâtq tchay fumait, et l'air poussiéreux prenait un goût de pistache, de cardamome et de menthe séchée. La fiancée était assise immobile, paralysée par la rage, indifférente à tout. Travail d'orfèvre que tout ceci, qui annonçait la ripaille à venir, et la laissait glacée d'horreur. Son regard se perdait dans des lointains imaginaires, où un phénix à tête bleu azur, le camail purpurin, fuyait à tire d'aile, son bec d'or chargé de cette sorte de plante qu'on nomme Salsepareille d'Europe.
- Petit Faucon a écrit:
- Karim fronça les sourcils, penché sur sa check-list : les décors, le son, et les lumières étaient prêts.
Côté accessoires, vérifier que Alicia avait bien trouvé un petit face à main en nacre pour le monologue de l'acte 1. Les costumes étaient prêts également ; ce matin Salima avait mis la dernière main au camail du Chevalier, qu'elle avait joliment surpiqué de galon purpurin ; une belle idée qu'elle avait eu là, une orfèvre de la confection, cette jeune femme ! Il restait cependant préoccupé par la scène finale des épousailles ; quinze personnes ripaillant face au public, dans ce petit espace, dont il fallait régler le moindre déplacement pour éviter une bousculade, ou pire, une chute. Dans la loge toute proche, Jules et Elodie continuaient à se chamailler et à disputailler, insupportables et inséparables ! Il posa sa mug de salsepareille, et se leva faire un dernier tour d'inspection. La générale avait lieu dans 4 heures. - Rosalind a écrit:
- Jeanne filtre la décoction de baies de salsepareille, verse la liqueur purpurine dans des flacons qu’elle étiquette soigneusement. Elle est fière de savoir lire et écrire.
Noélie sa fille aînée se mariera au printemps prochain, elle songe à ses propres épousailles. La noce avait duré trois jours, la famille était venue de loin pour ripailler dans la vaisselle en vermeil, ciselée par le meilleur orfèvre de la ville. Depuis les années ont passé, si vite. Une ribambelle d’enfants, qui rient, pleurent et se chamaillent sans cesse, et qu’il faut nourrir et élever. Foin de rêveries… Protégée par son camail, elle s’approche de ses ruches, les abeilles bourdonnant autour d’elle, et récolte le miel nacré et odorant. - Fée clochette a écrit:
- L'apiculteur, posa son enfumoir et souleva le voile de son camail. Sourire aux lèvres, il admira la ferveur butineuse des abeilles de ses ruches, qui sans chamaillerie se partageaient les massifs d'aster et de menthe. La nature, grande orfèvre, ne cessait de l'étonner que ce soit les épousailles en grande pompe de la reine des abeilles réglées par un code rigoureux de mise à mort des mâles, où bien les essaimages de printemps et la récolte partielle du somptueux miel doré du mois d'aout.
Bientôt dans le soleil déclinant des beaux jours d'automne, ce serait les dernières ripailles sur les grappes des petites fleurs nacrées de la salsepareille sous lesquelles souvent, s’abritaient la noctuelle purpurine chamarrée- Il serait temps, alors de préparer ses ruches pour l'hiver, et anticiper le nourrissement pour que les colonies puissent vivre en autonomie dans la chaleur et le vrombissement particulier de leurs ailes. - Selenh a écrit:
- - C'est un purpurin ! a déclaré Sido, péremptoire, inspirée sans doute par le camail pourpre de la minuscule créature qui vrombit à l'écran.
- Un colibri, non ? Elle ignore ma suggestion et repart, enthousiaste : - L’Amérique du Sud ! Ils forment une salsa ! non ! pareils à la salsa, la salsepareille quoi, ce sont des passeriformes, c'est ça ! Cet écran est minuscule ! mais c'est dans Wikipédia : «leurs épousailles avec la fleur sont renouvelées à chaque prélèvement de nectar, puisque la corolle les saupoudre de pollen durant leur visite». De vraies ripailles amoureuses ! J'admire en silence la bestiole frémissante dont le bec délicat, curieusement recourbé par le grand orfèvre, s'active gaiement dans un calice de nacre. Je ne vais pas me chamailler avec ma mère, surtout munie de son smartphone tout neuf, pour un colibri ! - Écoute, triomphe-t-elle : « les oiseaux-mouches portent toutes sortes de noms selon leurs caractéristiques : colibri, bec-en-faucille, ermite, porte-lance, campyloptère, mango, coquette, émeraude, dryade, saphir, ariane, brillant, inca, héliange, érione, haut-de-chausses, porte-traîne, métallure, sylphe et loddigésie» ! Et soudain pensive : «Wikipédia, c'est une encyclopédie collaborative alors même moi je peux écrire dedans, c'est ça ? Tu ne crois pas qu'il faudrait que je le rajoute, mon purpurin ?»
- Fauvette a écrit:
- Dans le saladier de porcelaine aux reflets de nacre, c'est l'effervescence des grands jours : sous les doigts d'orfèvre de la démiurge des fourneaux, les épices se chamaillent dans un nuage poudré, l'éclat purpurin du paprika fumé volant presque la vedette à la subtile fragrance des clous de girofle, dépouillés de leur camail floral au creux du mortier. Une pincée de muscade, trois tours de moulin à baies roses, et voilà la dispute parfumée qui se transforme en épousailles : l'accord parfait pour accompagner les jeunes pousses de salsepareille, un mets délicat digne des somptueuses ripailles du seigneur des lieux !
- Lily of the valley a écrit:
- La rosée s’infiltre dans le tissu de son pantalon mais il l’ignore. La scène est encore dans l’ombre, à peine baignée d’une lueur de nacre. Même les oiseaux se sont tus dans l’attente, oubliant leurs ripailles prochaines des baies de salsepareille dont sont perlés les buissons ceignant le théâtre de verdure. Il écarquille les yeux, ça y est, le spectacle commence. Le soleil, ce grand orfèvre, borde d'un métal aux reflets purpurins le camail de neiges éternelles dont les sommets encore mauves de nuit sont vêtus. Puis la lumière enfle, explose en éclats éblouissants qui rebondissent et s’entrechoquent, un applaudissement silencieux pour fêter les épousailles du ciel et de la terre. L'acteur salue, les oiseaux se chamaillent déjà. Cela n’a duré qu’un instant, mais il reviendra demain et chaque matin, s’asseoir seul entre les buissons et saluer le lever du jour.
23/30 août 2021 - Fauvette a écrit:
Corne, fougère, enflamme(r), voilage, croix, bief, ineffable, brume - Spoiler:
- Selenh a écrit:
Crépuscule Brumes ineffables, voilages sur les marais, Soleil couchant enflammant les fougères pourprées, Beuglement lent des bêtes à cornes près du bief : À la croix des chemins sombre la fin du jour. - Fée clochette a écrit:
- L'air du petit matin était frisquet, Piéroun euphorique venait de relever deux lièvres de ses collets, quelle aubaine, deux lièvres !
Il les introduisit dans sa gibecière en pensant aux six sous que lui donnerait la cuisinière du château. Affamé, il mordit dans son casse-croûte, assis tranquillement sur une pierre. En écoutant les bruits ouatés par la brume matinale, un sentiment d’ineffable harmonie l'étourdit. Quand, tout près du bief, dans une fulgurance furtive, une croix lui apparut entourée de voilages de mousseline enflammés qui flottaient sur la colline, derrière le moulin. Paniqué, le cœur battant, il dévala la pente à perdre haleine, enjambant ronces et fougères aigles, pour franchir le pont-levis et surgir dans la grand-salle, haletant, débraillé, échevelé, les yeux exorbités, avant que le domestique ne corne l'eau. - Devant le spectacle de son page, le châtelain, badin, s'exclama : Ventre-Dieu mon Piéroun ! qu'as-tu vu ce jour d'Hui ? Une licorne volante ? et tous les convives de se gausser. - Clinchamps a écrit:
- Il s'est tapi dans les fougères, à la corne du bois. Les feuillages des érables enflamment la montagne, et le ciel miroite sur les eaux du bief, dans la vallée. Il faut qu'il arrive à regagner le rendez-vous, à la Croix-Feue-Reine, avant que les brumes du soir enfouissent les sentes dans leurs voilages opaques. Il prend le temps de respirer à fond, de se laisser pénétrer un instant parle calme ineffable du crépuscule... puis il s'élance, vers son destin.
- L’Ami a écrit:
- Une main qui lisse son collier aux cornes de lune pour herboriser tandis que l’autre cueille des cheveux de vénus, ou des crosses de fougères plus tendres. Mélangés à la sarriette, cela devrait enflammer son coeur pense-t-elle, après avoir filtré à travers un fin voilage quelques graines de cèdre du Liban dont fut faite la Sainte croix. Jeanne sait aussi qu’au long du bief, il est des crapauds dont la peau, bien cuisinée, ouvre des chemins de rêves ineffables pour se perdre dans les frissons d’une brume sans fin.
- Rosalind a écrit:
- La brume de chaleur déforme l’horizon d’un voilage vacillant.
Une cigarette mal éteinte dans les fougères sèches qui s’enflamment comme de l’amadou, et le feu progresse vers la pinède. Bientôt il ne reste des grands arbres que des croix incandescentes. Bêtes de tout poil, à bois ou à corne, franchissent d’un bond le bief pour se mettre à l’abri. Ineffable sottise, désastre écologique. - Lily of the valley a écrit:
- La poussière est un peu poisseuse, le carton s’émiette en flocons de moisissure. Je soulève des voilages pliés soigneusement, dentelle jaunie, embrasses grignotées par le temps, linceuls d’un passé qui attend de revoir le jour. Quelques cintres rouillés, un petit vase ébréché d’un bleu improbable, un Jésus de corne empêtré dans sa branche de buis, une croix de guerre sur son velours pourpre, l’empreinte d’une fougère sur un petit pichet, poterie-souvenir d’un village auvergnat. Et puis ce carnet, ces noms. Voyage dans le temps, escalade des branches d’un arbre généalogique dont les racines s’enfoncent à quatre siècles de profondeur. Des spéculations en belles cursives à l’ancienne. D’où vient notre nom ? se questionnent les lettres. De bief ? C’est possible. Je me prends à rêver d’un ancêtre meunier… Le soleil couchant enflamme l’horizon et la brume monte doucement. Une ineffable nostalgie me pousse à refermer le carton. Les souvenirs se rendorment, il ne faut pas les déranger.
- Annwvyn a écrit:
- Du revers de sa botte, Francis fit rouler dans le bief le corps de son épouse, emmailloté dans un voilage immaculé. Il l'avait trainée au travers des tourbières au petit matin, brisant de son pas alerte la brume glacée, qui s'effilochait sur les fougères en longs filaments blancs. Un écho avait suffi, le murmure de trois vieilles du village, qui à son passage avaient dit : "Pauvre diable, sa femme lui fait pousser des cornes". Tout à l'exaltation du devoir accompli, le révérend s'agenouilla et joignit les mains avec ferveur, le coeur enflammé. "Ô Dieu, ineffable grandeur, accueille auprès de toi l'âme tourmentée de cette femme". Au-dessus de la campagne détrempée, le ciel prenait des couleurs de lait caillé, nimbant la grande croix de granit d'une clarté cruelle.
- Counette a écrit:
- Une odeur ineffable me réveillait ce matin. Je me levais et tirais le voilage de ma fenêtre quand j'aperçus au-delà du bief du canal du midi derrière chez moi les grands platanes en feu. La panique me prit et je courus alors réveiller les autres ! Nous n'avions à peine le temps de prendre le strict nécessaire que nous vîmes s'enflammer alors le petit bois où nous aimions tant nous promener par les grosses chaleurs de ces derniers jours caniculaires. De l'autre côté du canal des pompiers trainaient péniblement de gros tuyaux afin de protéger la petite chapelle datant du XVIIième siècle, où tant de navigateurs aimaient à se recueillir. La chaleur intense des flammes chassait la brume du petit matin du sous-bois jonché encore de fougères et de fleurs printanières. Nos visages apeurés, nous fîmes spontanément le signe de croix et formulions alors tout haut quelques prières afin que les flammes ne progressent plus.
Va falloir prendre le taureau par les cornes pour qu'elles s'éteignent ! - Elianor a écrit:
- Perdu depuis des jours au milieu des troncs menaçants et des sombres ramures, Thomas errait maintenant au hasard. À bout de forces, il avait fait une croix sur sa propre existence, attendant le moment de tomber pour ne plus se relever. Une lueur, au loin, le tire soudain de sa léthargie. Sans comprendre, le voici brusquement dans les hautes fougères à la corne de la forêt. Dans l’aube qui enflamme l’horizon de ses timides rayons, son cœur s’emplit d’un ineffable espoir. Au loin, la brume s’étire et reflue doucement, tel un voilage pris par les vents, dévoilant le bief. Son repère, il venait de le trouver !
31 août/5 septembre 2021 - Selenh a écrit:
- Inénarrable, Escalier, Plissé, Balancer, Barreaux, Fièvre, Jamais, Mortels
Bonus ou joker : insondable - Spoiler:
- Petit Faucon a écrit:
- La lueur jaunâtre de la petite lampe de suif jette des reflets tremblants sur les parois.
Le son de la flûte s'élève, fragile et puissant, révélant l'acoustique étonnante de la cavité où la lumière du jour ne pénètre jamais. Elle se laisse envahir par l'émotion insondable de cet instant, fait le vide dans son esprit pour accueillir les esprits mortels des ancêtres, et trempe son index dans l'ocre finement mélangée à la résine ; le front plissé par la concentration, elle trace les contours des cerfs et des aurochs qui croiseront demain le chemin des chasseurs du clan. Le vieil homme, les yeux clos, le corps se balançant d'arrière en avant, joint sa voix grave en contrepoint à celle de la flûte, lancinante et apaisante à la fois. La cérémonie se termine, la fièvre sacrée est tombée. Recueillis et silencieux, ils longent le boyau frais, veillant à ne pas trébucher sur les roches en escalier qui montent vers l'extérieur. Les troncs des eucalyptus forment des barreaux qui protègent l'entrée du sanctuaire. Il leur faudra encore marcher jusqu'au soleil couchant avant de retrouver le campement. - Clinchamps a écrit:
- Je n'ai jamais rien lu d'aussi mortel, et risible, que les inénarrables sottises que les gens au cerveau peu plissé balancent sur le vaccin et la pandémie ! Comme j'ai l'esprit de l'escalier, je ne trouve pas de suite la réponse que je cherche pourtant avec la fièvre de l'indignation ! Cette insondable bêtise devrait les mettre derrière les barreaux, mais nulle enceinte ne serait assez vaste !
- Fée clochette a écrit:
- Mon jardin offre souvent des joies inattendues : ce matin, de ma fenêtre une scène inénarrable m'égaya. Jamais mortels humains n'auraient pu atteindre la dextérité bondissante des écureuils dans nos noisetiers. Ils se balançaient, puis, pris d'une fièvre étrange, ils grognaient et sifflaient d'excitation en jetant les noisettes au sol, quel remue-ménage !
Nefer la chatte des voisins qui patrouillait aux alentours, alertée par un tel vacarme, flèche furtive, bondit sur l'escalier, se faufila à travers les barreaux de la rampe, pour se tapir sous les arbres en veillant ses futures proies, paupières plissées, laissant juste entrevoir un fil d'or. Quand, recevant une pluie de coques dures sur son délicat museau, Nefer feula et s'enfuit se réfugier sur le pilier du portail pour observer son territoire dans l'attitude impériale du sphinx de Gizeh.
- Rosalind a écrit:
- Vision fugace et inénarrable, aperçue à travers les barreaux d’une fenêtre, et à jamais gravée dans sa mémoire, d'une jeune fille gravissant l’escalier d’un pas élastique, sa jupe plissée balançant sur des mollets bronzés.
Il était adolescent, et avait attendu des jours avec fièvre, la reverrait-il ? et mystère insondable, la concupiscence fait-elle partie des péchés mortels ? - L’Ami a écrit:
- Elle a pourtant bien répété cette apparition du haut de l’escalier, la chute est quand même inénarrable. Sa longue robe plissée par dessus tête exposant des rondeurs délicieuses, ses bras balancent entre les barreaux et la rampe, à la recherche d’une prise pour retrouver un soupçon de dignité. Le visage non pas rouge de fièvre sous l’effort à se stabiliser, mais par une honte à jamais historique voire légendaire devant la risée générale des hautes autorités sous préfectorales invitées à son mariage. Et le plus mortel, son époux pleurant de rire.
- Ysabelle a écrit:
- C'était ou un mortel combat, et là dessus il se savait perdu d'avance, ou se retrouver derrière les barreaux pendant des années, voir le restant de sa vie. Son esprit n'a pas longtemps balancé entre ces deux issues. Sa lutte à lui, c'était la plume. Ce soir là, il avait un pressentiment, lorsque l'inénarrable débat s'était déclenché dans la salle au dessus des escaliers. Une fièvre sans précédent s'était emparée des participants, qui s'étaient égarés de leur objectif principal. Il se demanda alors s'il fallait en rire ou en pleurer. Un regard vers le front plissé du leader, le fit pencher pour la seconde option. Jamais il n'oubliera les pas lourds et déterminés qui ont envahi, quelques minutes après, l'immeuble, faisant table rase de longues années de préparation.
- Counette a écrit:
- Ah la fièvre du samedi soir où je m'entends dire des mots inénarrables... !
De justesse je me retiens pour ne pas tomber aux barreaux de la fenêtre de ce long couloir où je peine à balancer mes pas vers la sortie. Et ramenant sur moi ma robe de soie plissée, j'entame alors la longue descente d'escalier, jurant à haute voix ne plus jamais vouloir revivre l’enivrement d'un soir d'été comme celui-là ! Je me rappelais pourtant que Pline l'Ancien disait :« il n'y a pas de mortel qui soit sage à toute heure » - Lily of the valley a écrit:
- “Nous, simples mortels.” Elle tourne et retourne, dans son petit cerveau, ces mots que disent souvent ses parents. Le front appuyé aux barreaux de la balustrade, les genoux glacés par les marches de l’escalier, elle grapille, comme chaque soir, quelques images de la télévision, plissant les paupières dans la pénombre. Et l’inquiétude l’étouffe. “Ce n’est pas grave, ce n’est qu’un petit coup de fièvre, je serai en pleine forme demain” a dit papa ce soir en se balançant dans son vieux rocking chair. Mais les mots lui reviennent sans cesse … et cet insondable mystère : sont-ils mortels eux aussi ? La télé parle de vaccins, de fièvre et de mots qu’elle ne comprend pas, elle parle de mort et l’inquiétude grandit en elle ... Et si jamais ? Elle se sent Cendrillon du petit écran, son monde de douceur se transformant en réalité effrayante après l’heure imposée du coucher ...
7/12 septembre 2021 - Petit Faucon a écrit:
- Noix, Sirène, Résurgence, Fauve, Irrésistible, Anguleux, Effleurer, Etoiler
- Spoiler:
- Fée clochette a écrit:
- Mais quelle noix cette Sirène de bal ! La rumeur propage qu'elle a succombé aux discours d'un bellâtre, adepte de la résurgence new âge !
Elle l'admire dans sa tunique rouge de militaire sur laquelle tombe un peu sa chevelure fauve irrésistible ! cependant je note que son allure anguleuse est moins séduisante que la mienne. Mais d’après les potins, ses baisers l'embrasent et l’envoient effleurer le ciel étoilé ! - j'affirme que mes baisers sont supérieurs aux siens. Je suis tout aussi affriolant avec mes favoris, mes bottes à la Wellington et mon splendide manteau vert. - Ah, et si je me déguisais en rockeur ? - Ce n'est pas le bon siècle dites-vous ? - Mesdames, je retourne vers ma fenêtre, Dieu vous bénisse. - Rosalind a écrit:
- Papy, raconte-moi une histoire !
Le Petit Poucet sème des noix pour retrouver son chemin … Non, papy, tu te trompes, ce sont des cailloux ! bon, d’accord. Il aperçoit un fauve qui suit le petit chaperon bleu. Rouge, papy, pas bleu ! oui, oui. Il s’arrête pour boire à la résurgence, et … C’est quoi papy une résurgence ? c’est comme une source. Après avoir longtemps marché il arrive au bord de la mer. Là, sous le ciel étoilé la petite baleine rêve d’avoir des jambes à la place de sa queue de poisson … mais non papy, une petite sirène, pas une baleine ! Si tu le dis. Elle trouve le prince irrésistible mais se pique le doigt avec son fuseau et s’endort… Ah la la, Papy ! ça c’est la Belle au bois dormant ! Eh bien justement, c’est l’heure de dormir … le grand-père déplie son corps anguleux et effleure d’un baiser le front de sa petite-fille. - L'Ami a écrit:
- Au quart de repos, une poignée de noix et quelques olives font son repas. Les chants des sirènes l’ont happé très tôt dans son enfance. Les souvenirs du grand père cap-hornier quand il les cachait savaient se mettre en réserve pour de futures résurgences après quelques verres de gnôle, près de la cheminée en compagnie de son petit fils. Dans deux heures, les couleurs fauves du soleil couchant disparaîtront, le mousse devra affronter un vertige irrésistible pour rejoindre le nid de pie, entre les vergues anguleuses. Là son regard pourra effleurer la voûte étoilée et déchiffrer la route.
- Clinchamps a écrit:
- La sirène de sortie d'usine retentit, activant la résurgence dans sa mémoire des souvenirs vivaces d'alertes nocturnes... Elle sortit du four la noix de veau qui mijotait, répandant un arôme irrésistible. Une lumière fauve évoquait un crépuscule d'orage. Elle alla à la porte, guettant son retour. Les premières gouttes étoilaient déjà les pavés. Elle effleura d'un doigt la niche creusée dans le linteau anguleux de la porte, souvenir des précédents occupants, disparus il y avait maintenant longtemps...
- Selenh a écrit:
- Je balance une mornifle joliment calibrée à la prétendue noyée : «Alors, sirène à la noix tu me remets ?» La donzelle bondit d'abord sur ses pieds comme un fauve, puis, réalisant la situation, se ramollit, dans une soudaine résurgence de larmes de crocodile. Elle bat des paupières sur un regard étoilé de pleurs qui se veut irrésistible. Elle effleure ma poitrine d'une petite main tremblante : «San Antonio ! je croyais, je croyais...». Je me retiens de me fendre la poire devant son carnaval. Même l'austère Momo serre ses mâchoires anguleuses pour ne pas se bidonner.
13/19 septembre 2021 - Fée clochette a écrit:
Style, dérobée, émoi, cosaque, perfection, réalité, orgue, sceller - Spoiler:
- Selenh a écrit:
- Mouret riait de l'émoi de Bourdoncle, il daigna expliquer son idée, en baissant la voix car les commis leur jetaient des regards à la dérobée :
— Tenez ! Mon ami, écoutez les résultats… Premièrement, ce va-et-vient continuel de clientes les disperse un peu partout, les multiplie et leur fait perdre la tête : je les prends à la cosaque ! secondement, comme il faut qu’on les conduise d’un bout des magasins à l’autre, si elles désirent par exemple la doublure après avoir acheté la robe, ces voyages en tous sens triplent pour elle la grandeur de la maison dans la réalité ; troisièmement, elles sont forcées de traverser des rayons où elles n’auraient pas mis les pieds, des tentations les accrochent au passage, et leur chute est scellée, elles succombent ! Pour le style, la perfection, le chic d'un manteau ? Pas forcément ! Le coup de grâce peut leur être donné par un calicot à sept sous ; quatrièmement... je fais donner mes grandes orgues dans une heure, au plus fort de la presse. Les grands coupons pendus sur la hauteur de l'escalier s'effondreront mollement et révéleront tout le Japon installé sur le palier central ! Bourdoncle riait avec lui. Alors, Mouret, enchanté, s’arrêta, pour crier aux garçons : — Très bien, mes enfants ! Maintenant, un coup de balai, et voilà qui est beau ! - Clinchamps a écrit:
- Dans le plus pur style "romance" elle atteignit la porte dérobée, le cœur en émoi à la pensée du beau cosaque qui devait l'attendre. La perfection n'étant pas de ce monde, la porte était scellée et la réalité telle une douche glacée la frappa de plein fouet : pas de grandes orgues, mais un sentiment aigu de ridicule !
- Rosalind a écrit:
- Aëla regarde à la dérobée l’homme qui vient d’entrer dans le magasin. Quelle allure, quel style ! Elle tente de cacher son émoi à la vue de ce superbe cosaque, elle se voit déjà remonter la nef pour le rejoindre, au son des grandes orgues. Son destin est presque scellé, mais pourquoi diable a-t-il ouvert la bouche ? sa voix de fausset la fait retomber dans la dure réalité. Décidément la perfection n’est pas de ce monde …
- Petit Faucon a écrit:
- Ça y est, ça recommence !!
Ce matin : Toccata et Fugue, maintenant Les Cosaques du Don !! et ce soir ? Carmina Burana à l'orgue de Barbarie ? Elle se lève comme une furie, attrape le manche à balai et donne quelques coups bien sentis au plafond, au risque de desceller le lustre. Et voilà qu'on sonne à la porte : quel style d'attitude adopter ? pleine de honte et d'émoi, elle entrouvre la porte et jette un coup d'oeil à la dérobée sur la jeune femme qui se tient devant elle. - Euh ... - Vous n'aimez pas la musique ? - C'est-à-dire, euh, en réalité, j'ai des difficultés à me concentrer ... vous voulez entrer ? Pour faire oublier son mouvement d'humeur, elle apporte en hâte sur un plateau une assiette de petits gâteaux "Perfection", ses préférés, et une cafetière odorante. - L’Ami a écrit:
- Ce style figuré ? « … Ce n’est que jeu de mots, qu’affectation pure… » Je regarde Jean-Baptiste à la dérobée, maîtrisant mon émoi. Je connais un Cosaque zaporogue au tempérament susceptible qui en ferait un casus belli pour bien moins que ça. « Par perfection et réalité, j’entends la même chose. » Ha le fourbe ! Il prend à Baruch pour donner à Alceste. Ce n’est pas un point d’orgue, qui scelle un tel vol.
- Fée clochette a écrit:
- Les spectateurs subjugués ovationnaient Ilya, impressionnés par son style de patinage aérien. En face du kiss and cry, la décision du jury s’afficha. A la dérobée, il observa son adversaire qui s’échauffait, vit son émoi en regardant ses notes. Sergei entra en lisse, sur la musique d’une antique danse cosaque. Lui aussi, cherchait la perfection, la réalité du geste. En point d'orgue, pour sceller sa prestation, il exécuterait un quadruple axel suivit d'une pirouette Biellmann.
20/26 septembre 2021 - Clinchamps a écrit:
- Résonance, Parole, Hypnotique, Humanité, Maintenir, Organiser, Ondes, Tir
- Spoiler:
- Rosalind a écrit:
- Organiser la guerre pour maintenir la paix ? depuis Caton ce discours fait résonance. Tir à boulets rouges et paroles hypnotiques sur les ondes, quel avenir pour l’humanité ?
- L’Ami a écrit:
- Robert, j’vais t’dire, la résonance c’est pas c’que t’as d’mieux. Ma parole, tu causes comme un tambour crevé, t’es plus hypnotique qu’un flacon de laudanum. Par humanité j’le crierais pas sur les toits, mais j’maintiens que question d’organiser un casse, ton cerveau baigne trop dans les ondes courtes, tu t’éparpilles. Même au tir aux pigeons, tu f’rais pleurer de rire une bande de ramiers.
- Fée clochette a écrit:
- Ce matin, certains médias m'insupportent à organiser des informations hypnotiques sur les ondes pour maintenir la zizanie. Alors, je pars à la recherche de l'oubli, là où la résonance de la parole ne ressemble plus à un tir fourni de fléchettes sur l'humanité. Dans l'herbe, je respire, j'écoute, j'admire :
"Jamais la nature ne nous trompe ; c'est toujours nous qui nous trompons" a écrit Jean Jacques Rousseau. - Selenh a écrit:
- Parole hypnotique à la sourde résonance,
Dont les ondes organisent la nature ardente... Pan est parmi nous, Humanité gémissante Que maintiennent prostrée des flèches pestilentes, - Tir d'Apollon furieux et tout à la vengeance- Oui, le grand Pan est revenu et te demande : «Qu'as-tu fait misérable à notre Terre aimante ?» 27 septembre/ 3 octobre 2021 - Rosalind a écrit:
- Éperdument, Racine, Cantilène, Distiller, Susceptible , Galant, Trahir, Folie
- Spoiler:
- Clinchamps a écrit:
- "Ariane, ma sœur, de quel amour blessée,
Vous mourûtes aux bords où vous fûtes laissée..." Elle écoutait l'actrice qui distillait d'une voix retenue la cantilène des vers de Racine. "Nul ne sut mieux traduire la folied'une passion éperdument vécue, de celle qui vous pousse à trahir" pensait-elle en regardant d'un œil condescendant le tiède galant à ses côtés, si peu susceptible d'un tel embrasement. - Fée clochette a écrit:
- - Mes chéris, rien ne va !
- Vous chantez une cantilène pas du Johnny cash , OK, ok. Toi l'héroïne tu vas mourir, OK, ok ! Arrêtez d'être susceptibles quand je dis que vous êtes mauvais : vos spectateurs attendent que vous leur distilliez un amour tra - gi - que, avec du sen - ti - ment. - Toi le galant, dans ta folie, tu as trahi Irina qui t'aimait éperdument. Manifeste un peu d'empathie devant son désespoir. - Ah - ma choute ! Léandro est la racine de ton malheur, tu vas te suicider car il t'abandonne. Souffre, souf - fre.... - Tu ne t'es jamais suicidée, moi non plus, mais tu es actrice, tu inventes, OK, ok ! et.............. SILENCE dans les coulisses, cessez de jouer avec le brigadier, soyez sérieux, OK, ok ! - Selenh a écrit:
- - Foutu chat !
C'est son odeur qui l'a trahi, celle que distillent ses croûtes suintantes largement répandues sur le sac de toile plein de mes trouvailles. Pas susceptible pour deux sous, un peu inquiet quand même, César ronronne éperdument, à tout hasard, tandis que je me jette sur lui pour l'écarter de mon trésor. Ma tante se hâte de détourner mon attention de son vieux matou : - Alors ? Cette tournée des bouquinistes ? Qu'est-ce que tu as rapporté cette fois ? Je déballe mes emplettes : - Cantilènes en gelée de Vian et l'intégrale des pièces de Racine pour Mona. Elle rentre en seconde, il faudrait bien qu'elle lise autre chose que Jeune et jolie cet été ! La Folie Almayer pour moi -j'ai envie de le relire- et puis la merveille du jour : un numéro de 1709 du Mercure galant, et à cinq euros dis-donc ! Tadam ! - Petit Faucon a écrit:
- Le joueur de luth est installé sur un coussin au sol, dans une petite pièce blanche éclairée par un fenestron latéral.
Elle ne voit d'abord que son visage levé, éperdument lumineux, habité par la mélodie qu'il distille du bout de ses doigts : une cantilène galante ? plutôt un chant sacré, trahissant les racines de l'extase mystique des soufis. Elle soupire longuement, toute à ses émotions. Pour pouvoir contempler cette photo tous les jours, elle serait susceptible de toutes les folies ! - L’Ami a écrit:
- Je ne demande qu’à vivre éperdument à rompre mes racines pour accompagner le vent chargé de cantilènes aux amours profanes, répandre avec lui sans distiller mes larmes de joies et de peines. Mais trop susceptible dans le partage, il abandonne sans émoi, tout galant trahi ou toute folie passionnelle qui ne sont pas de son fait.
- Rosalind a écrit:
- Pour un regard langoureux à un jeune galant, plus d’un mari susceptible s’est estimé trahi, et la jalousie distillantson venin, décidé d’arracher le mal à sa racine.
Un peu, beaucoup, éperdument, à la folie, pas du tout … La cantilène égrène ses notes lancinantes. 4/10 octobre 2021 - Petit Faucon a écrit:
soutenir, jaunir, sept, impalpable, frileux, raisin, sentier, cage - Spoiler:
- Rosalind a écrit:
- Comme il regrette sa vieille maison délabrée ! A quatre-vingt-sept ans ses enfants soutiennent qu’il est mieux en appartement, lui a l’impression d’être en cage et il s’en échappe le plus souvent possible pour arpenter la campagne environnante .
Dans le petit matin frileux il s’engage d’un bon pas dans le sentier, martelant le sol de son bâton de hêtre. Les feuillages commencent à peine à jaunir, une brume impalpable s’élève de la vallée, et sur les coteaux les vignes vendangées offrent aux oiseaux quelques raisins oubliés. Mon dieu, que la montagne est belle, comment peut-on s'imaginer En voyant un vol d'hirondelles, que l'automne vient d’arriver ? - L’Ami a écrit:
- Il n’arrive plus à soutenir ce regard sur cette photo jaunie par le temps, voilà vingt-sept années aujourd’hui. Ces lèvres, ce corps, impalpables remisés dans des souvenirs frileux qu’il égrène comme des raisins desséchés pour baliser les sentiers de sa mémoire en cage.
- Clinchamps a écrit:
- Quel crime de mettre en cage ces seins superbes dans un soutien-gorge, même si c'est dans une dentelle impalpable couleur de raisin mûr, ou une soie d'un ivoire jaunissant, évoquant à la fois deux des sept péchés capitaux dont je vous laisse deviner lesquels. Me suivrez-vous sur ce sentier de la perdition, ou serez-vous trop frileux ?
- Fée clochette a écrit:
- Elle marchait allègre tout en picorant un des derniers raisins cueilli sur la vigne qui longeait le sentier. Les feuilles jaunies virevoltaient autour d'elle. Se soutenant contre le tronc d'un noyer, elle posa la cage du merle qu'elle avait sauvé. Elle ouvrit la petite porte, l'oiseau replié frileusement dans sa main, s'enhardit, s'envola jusqu'au hallier qu'estompait un nuage de brume impalpable et disparut.
Sur le carnet de surveillance du tichodrome, elle nota : lâché merle totalement guéri, le 7 septembre 2021 au matin. - Selenh a écrit:
- Sentier jaunissant
où le raisin se fait lourd, impalpable brume.
Sept merles frileux Dans la montagne et la cage Soutiennent leur chant
Mélancolique 11/17 octobre 2021 - L’Ami a écrit:
- Acmé, Gratitude, Change, Occurrence, Irisé, Choquer, Intrigant, Solution
- Spoiler:
- Fée clochette a écrit:
- A l'acmé de sa vie, Clisthène fit le point sur ses actions qui jalonnèrent son pouvoir : en l'occurrence, la politique et son comportement souvent intrigant avec la société, aidé par son ami Solon. Au risque de choquer, et pour Athènes, ils avaient constamment privilégié des solutions drastiques, tel abolir l'esclavage pour dettes, n'attendant jamais de gratitude de la part des citoyens. Ainsi sont les grands visionnaires de ce monde, ainsi raisonnent aussi les poètes au langage irisé et emphatique. Le peuple athénien souverain, avait participé à la naissance de la démocratie en élisant les membres de la Boulê, mais rien ne changerait pour les femmes et les esclaves, éternels mineurs aux yeux des hommes libres durant des siècles ! Hélas !
- Petit Faucon a écrit:
- "De la gratitude ! Est-ce là, Madame, l’acmé de vos sentiments pour moi ? J’espérais, sans choquer votre pudeur bien naturelle, mériter plus, et j’osais avoir la témérité de solliciter un rendez-vous … Vous ne perdriez pas au change, en l’occurrence : ne suis-je pas à mon avantage, et recherché par les plus belles femmes du moment ?"
Quelle insolence ! Pas question de laisser ce freluquet intrigant parvenir à ses fins, pensait-elle en étalant une solution au bleuet sur son teint velouté, encore irisé par la poudre de riz. - Rosalind a écrit:
- En agitant le flacon, la solution irisée change de couleur et paraît inoffensive. En l’occurrence le meilleur moyen d’éliminer définitivement cette intrigante qui parviendra bientôt à l’acmé de son arrogance, et d’obtenir ainsi la gratitude de ses victimes. Choquant ? Certes, mais avez-vous une meilleure idée ?
- L’Ami a écrit:
- Elle n’a que faire d’atteindre son acmé, ou d’attendre toute gratitude de son entourage, elle ne changera rien à son projet en l’occurrence. Dans son armure irisée par le soleil, elle s’élance quitte à choquer ces stratèges ou autres intrigants pusillanimes. La solution est simple : Bouter l’Anglais jusqu’au dernier, hors de France.
- Selenh a écrit:
- Je vois scintiller toutes ces occurrences du mot «acmé » (irisées de pur talent !) avec admiration sinon gratitude... Moi, en effet, j'ai dû changer mon fusil d'épaule ! Non du fait d'intrigants, mais d'une de mes plus chères amies, qui m'a coupé l'herbe (d'inspiration) sous le pied! Ne sois pas choquée ma Fée Clochette, je fais un simple constat, sans acrimonie aucune (il ne manquerait plus que ça !) et d'ailleurs j'entrevois une solution...
17/24 octobre 2021 - Rosalind a écrit:
Astuce, chimère, clabauder, flamber, insoumis, naufrage, subtil, vanité - Spoiler:
- L’Ami a écrit:
- Lui, c’est un malin. Il a plus d’une astuce dans sa poche et ne s’accroche pas à des chimères puériles. Ils ont beau clabauder à longueur de journée au bistro, flamber leurs économies de retraités à la loterie, il reste un insoumis et ne participera pas au naufrage de ce quarteron de piliers de bar. Il va la faire plus subtil : Une relation lui a proposé d’investir dans « l’emprunt russe ». Ce qu’il a fait discrètement, sans vanité, motus et bouche cousue.
- Clinchamps a écrit:
- Un éclairage subtil mettait en valeur la vanité dont le luisant du crâne ressortait dans l'ambiance crépusculaire. Dans un autre coin du salon une chimère de bois sombre portait un incunable, tandis qu'au-dessus de la cheminée, un naufrage de grisailles dans un cadre d'or ajoutait à l'ambiance dramatique de la pièce. L'acheteur et le notaire s'étaient approchés de l'âtre où flambait une brassée de fagot. Chacun d'eux faisaient assaut d'astuce pour arriver à leur fin, leurs deux épouses réfugiées près de la fenêtre clabaudant à qui mieux mieux sur ces prétendus artistes insoumis forcés de brader leurs trésors pour survivre.
- Petit Faucon a écrit:
- Vois-tu mon petit, la cuisine, c’est une affaire sérieuse : méthode et concentration, ce n’est pas le lieu où l’on poursuit des chimères. N’écoute pas ceux qui clabaudent des soi-disant astuces, ils te mèneront au naufrage. Sois attentif et précis, pas insoumis ; scrupuleux, et pas dilettante.
Cette pintade doit être plumée, puis vidée, flambée et parée. Puis nous ferons la sauce aux quetsches. Goûtons à présent : qu’en penses-tu ? Sans aucune vanité de ma part, c’est un vrai régal, un équilibre subtil entre moelleux et acidulé. - Rosalind a écrit:
- Trop longtemps il a couru après des chimères, et flambé sa fortune au jeu.
Par pure vanité il ne s’abaissera pas à le reconnaitre, ses anciens amis seraient trop heureux de clabauder sans fin sur son naufrage. Aujourd’hui, toujours insoumis mais devenu plus subtil, il cherche une astuce pour repartir du bon pied. - Selenh a écrit:
- À l'Auberge de l'Amiral Benbow
Tout autour de l'âtre où flambe le bois flotté, D'un merveilleux naufrage clabaudent des malins : Vieux insoumis, pleins d'astuce et de vanité ! Volez, chimères peu subtiles des marins...
26/31 octobre 2021 - Selenh a écrit:
Cantonner, modifier, hostile, céleste, composition, cassette, extérieurement, vilement - Spoiler:
- L’Ami a écrit:
- Cantonnés dans cette ville maudite, loin de notre patrie, ce ne sont qu’ordres confus, modifiés à longueur du jour. Ici tout est hostile, gens, maisons, paysages, les évènements célestes aussi. C’est une composition de blizzard, de neige, même le soleil nous glace. Pour survivre nous pillons palais, isbas, à la recherche d’hypothétiques cassettes, bijoux, pour acheter à prix d’or pain ou eau de vie. Extérieurement, c’est une victoire éphémère, suivie d’une panique grandissante à la lueur d’un incendie embrasant les bulbes d’or sur fond de chants orthodoxes. Sabretaches, sabres, traînent vilement dans la boue derrière quelques hussards sans chevaux.
- Petit Faucon a écrit:
- Mon cher Joseph,
Comme promis je te donne quelques nouvelles de mon installation à Düsseldorf. Dès que j’ai pu, j’ai rendu visite à M. Schumann, qui m’a accueilli très gentiment. Son épouse n’a pas usurpé sa réputation d’interprète virtuose ; extérieurement elle est toute simple dans sa robe noire, mais dès qu’elle s’est mise au piano pour jouer un morceau de sa composition, elle nous a emmené dans ces régions célestes où règne Liszt ; quelle merveille ! son répertoire est immense, et ne se cantonne pas aux œuvres de son mari. Les partitions qu’elle travaille s’entassent partout dans le salon, débordant des nombreuses cassettes qui ne les contiennent plus. Je sais qu’en ville M. Schumann s’attire des commentaires hostiles, et même qu’on parle de lui vilement, qu'il ne serait plus capable de diriger. Mais n’est-ce pas là le lot de tout génie, car c’en est un, Joseph ! Quelle chance j’ai de pouvoir le voir très souvent, et m’enrichir à son contact. J’ai entrepris de travailler à fond l’harmonie, et de composer pour six voix, comme nos anciens maîtres. Au fait, j’ai modifié la dernière partie de mon scherzo, je t’en joins une copie, tu me diras si tu ne le trouves pas plus percutant ? Ton ami Johannes - Rosalind a écrit:
- Le théâtre itinérant a planté ses tréteaux extérieurement à la ville. Sur scène, Harpagon pleure le vol de sa chère cassette.
Sympathique cette représentation sous la voûte céleste, mais quelle idée de se cantonner près des étangs ! Les moustiques hostiles à la beauté du texte piquent vilement malgré la composition à base de citronnelle dont les spectateurs se sont généreusement aspergés. Vu leur taille et leur agressivité, ces bestioles doivent être génétiquement modifiées. - Fée clochette a écrit:
- Dans la cassette de la vie où sont contenus les manuscrits écrits dans les jours de révolutions et d'orages divins, je ne trouve aucun secours dans la pensée religieuse ou philosophique. Vilement, je rejette le contenu pour me consacrer très extérieurement à la lutte contre toute douleur morale. Comme les âmes célestes, pendant Samain, s'avancent et flottent incertaines, se modifient et se cantonnent parfois hostiles à la porte du monde terrestre, je rêve et pense à une composition différente de la vie. Puis-je tout rejeter ? L'ignorance est une chimère.
01/08 novembre 2021 - Petit Faucon a écrit:
- Illusion, apprenti, abysse, désirable, velouté, entreprendre, araser, offrir
- Spoiler:
- L’Ami a écrit:
- Je suis un vieux soldat, revenu de toute illusion. Assoiffé d’aventures, attiré par le son du fifre et du tambour comme apprenti de la guerre, j’ai aussi connu l’abysse de la peur, de la lâcheté, de la haine. Certes, il me reste quelques souvenirs de jeunettes désirables, le long du Danube, éblouies par mon dolman aux brandebourgs d’or et d’argent, n’ayant à offrir pour tout viatique, qu’un pauvre sourire, le velouté de leur peau. Entreprendre ou voler, les deux vont souvent de pair, pour survivre j’ai dû araser bien des préceptes. Il me reste à offrir pour un pichet de vin, mon visage sabré à Leipzig et quelques récits usés par le temps.
- Rosalind a écrit:
- Le sommet de la montagne Sainte-Victoire, arasé par les rayons du soleil couchant, décline une palette de couleurs étonnante, de l’ocre au violet, offrant une étrange illusion d’abysses.
Le vieil homme tente de capter la lumière changeante. Depuis longtemps il n’est plus un apprenti, cependant toujours insatisfait de son travail, il ne recherche plus l’impression ni le velouté mais la sensation plus désirable du concret, du palpable. Enfin il entreprend de ranger son matériel avant de redescendre vers son atelier, où de nombreuses journées de travail l’attendent encore. - Selenh a écrit:
- C'est un vieillard maintenant, mais il a conservé l'illusion d'être désirable. Il entreprend encore d'offrir le velouté de ses lèvres usées, arasées par les baisers, aux mignons du quartier. L'âge ne fait rien à l'affaire dit-il : l'abysse de son désir est plus profond que celui des Mariannes et fait de lui un éternel apprenti de l'amour.
- Elianor a écrit:
- L’apprenti contemplait l’œuvre de son maitre. Malgré son jeune âge, il pressentait que le tableau qui s’offrait à ses yeux novices était un magnifique ouvrage, digne du plus grand des génies. Et son maitre l’était assurément. Il arasait les difficultés aussi facilement que s’il écrasait un insecte et réussissait tout ce qu’il entreprenait. Mais là ! L’apprenti ne se faisait plus guère d’illusions, un abysse séparait le talent de son maitre de ses propres capacités. Il ne parviendrait sans doute jamais à reproduire comme lui le velouté de la peau, ni à rendre aussi désirable un visage fait de poudres et de pigments.
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| | | Rosalind Ice and Fire Wanderer
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| Sujet: Re: Jeu littéraire pour chasser les idées noires : les textes ! Mar 16 Nov 2021 - 0:15 | |
| 09 /15 novembre 2021 - Elianor a écrit:
Entourer, indice, doré, interlude, agiter, moitié, pâmoison, surgir - Spoiler:
- Clinchamps a écrit:
- La scène de crime était déjà entourée des bandes jaunes de la police agitées par le vent, les indices ne devaient pas être compromis. Les galons dorés de sa casquette de cérémonie étincelant dans le soleil, le commissaire principal descendit de voiture, la visite sur le terrain créant un interlude entre ses occupations plus mondaines. Une main "innocente" écarta les buissons, faisant surgir la vision horrible d'une moitié de cadavre ensanglantée, et, ni une ni deux ! Le commissaire tomba en pâmoison sous les yeux effarés (ou rigolards) de ses hommes !
- Selenh a écrit:
- Dès que je surgis de ma pâmoison, à la fin d'un interlude agité le jour caniculaire de notre premier anniversaire de mariage, je m'extirpai nerveusement des bras musclés dont ma virile moitié m'entourait, et fixai avec aversion le beau duvet doré qui les recouvrait. Ce fut le premier indice. Tant de perfection était en train de me devenir insupportable.
- Rosalind a écrit:
- De toute sa vie, Henri n’oubliera jamais cet interlude bouleversant au cours de son voyage en Italie.
Aucun indice n’avait laissé prévoir que surgirait une telle émotion. Là, dans cette église florentine, entouré de sublime beauté, étourdi par la contemplation des fresques dorées de la coupole, il est pris de vertiges et à moitié en pâmoison. Agité, chaviré d’extase, il sort en titubant, et s’assied sur un banc pour calmer son exaltation. - L’Ami a écrit:
- Entouré d’indices probants du combat à venir, le mousse ne cesse de guetter les officiers se passant la lunette aux reflets dorés qui interrompra l’interlude du franchissement de l’équateur. Une saynète réservée à l’équipage pour se gausser des passagers en frac et en crinoline. Des matelots cessent de s’agiter, se figent, scrutent l’horizon. La moitié d’entre eux portent déjà un sabre à la main ; Au cri du branle-bas, la pâmoison de quelques donzelles confirme la vue du drapeau noir à tête de mort, surgissant, bien haut.
- Petit Faucon a écrit:
- La caravane repart de son pas immuable sur la piste à moitié effacée, jetant des ombres longues agitées par les ondulations du paysage.
L'enfant ensommeillé aperçoit soudain un bâtiment, ou plutôt un village, qui surgit dans la lumière dorée. A présent tout à fait réveillé, il scrute à la recherche d'un indice les murs d'adobe qui l'entourent, et les quelques chèvres qui paissent devant la porte flanquée d'acacias ; il suffoque, tout près de la pâmoison, avant de crier de toutes ses forces pour signaler la halte toute proche. Mais encore inexpérimenté, il ignore que ce n'est qu'un mirage, un charmant interlude parmi les nombreuses péripéties du voyage. 16/22 novembre 2021 - Rosalind a écrit:
Proscrire, mouche, goût, absinthe, séduire, ardemment, parfait, insolite - Spoiler:
- Clinchamps a écrit:
- La mouche de la police traînait dans le troquet miteux, car la "fée verte" de l'absinthe était proscrite maintenant, bien qu'elle continuât à séduire une population insolite, aspirant ardemment à la parfaite évasion offerte par la liqueur, au goût anisé.
- L’Ami a écrit:
- Communard proscrit, il tourne en rond comme une mouche derrière une vitre. Il ressent dans son arrière gorge un goût d’amertume, celle de l’absinthe sans le sucre pour l’adoucir. Tout ça pour avoir été séduit par ce vent de liberté, ardemment attendu, quand il mendiait du travail en place de grève, afin de payer sa soupe du soir. Il règne un silence parfait devant ce mur où reposent les corps de ses compagnons, dans des postures insolites, avec ce regard mi-clos des laissés pour compte.
- Petit Faucon a écrit:
- L'oeil critique, elle examine sa robe sombre et élégante. Les collants chair sont à proscrire, ce serait une faute de goût !
Elle pose sur ses cheveux le bibi vert absinthe qui donne la touche insolite qu'elle recherche, et rappelle la couleur de ses yeux. Penchée vers le miroir, elle dessine au crayon noir sur le dessus de sa lèvre une mouche aguicheuse. Elle sourit à son image : voilà la tenue parfaite pour séduire celui qu'elle désire si ardemment.
- Counette a écrit:
- Que faire de ces brins d'absinthe ramassés ce matin, séduite par leur feuillage, une infusion ?
Oh doux parfum insolite que dégage cette « fée verte » si longtemps proscrite et qui, de surcroît, chasse aussi ces mouches qui croyaient avoir trouvé refuge derrière mes rideaux ! Allongée devant le feu de bois je savoure alors dans cette atmosphère parfaite, ce délicieux goût de menthe que je laisse couler ardemment dans ma gorge.
- Rosalind a écrit:
- D’un geste parfait Sean déroule la soie avec élégance et la mouche se pose dans les remous près du gros rocher. D’une insolite couleur d’absinthe, elle devrait séduire une truite imprudente et vorace.
Depuis sa plus tendre enfance son goût pour la pêche n’a jamais faibli. Il a proscrit tout autre loisir car il désire toujours aussi ardemment arpenter la rivière avec sa canne, au moindre moment de liberté. - Fée clochette a écrit:
- - La lune boit ce soir Gaspard et ce n'est pas de l'absinthe, vois cette brume diffuse qui rend le monde nocturne insolite et parfait pour une fuite...
- j'espère ardemment passer chez mon ami le Duc de Savoie sans avoir les gens d'armes à mes trousses. Lorsque je serai parti, fais disparaître mon plumier, brûle tous mes pamphlets, mouche la chandelle et utilise-la. - Désormais je suis un proscrit. Auparavant dis-moi, est-ce que ce costume noir me sied, est-il à ton goût ? Penses-tu que je puisse séduire de nouvelles dames là- bas ? - Elianor a écrit:
- Adossé au mur, pantelant, il laisse la mouche le taquiner sans bouger. Intérieurement, il bouillonne. Il souhaite ardemment, mais sans espoir, avoir la possibilité revenir sur ses erreurs de la soirée et proscrit mentalement l’absinthe de sa liste des boissons supportables. Pourtant, la fée verte avait tout pour le séduire : son goût insolite, son aura mystérieuse et sa couleur parfaite, pareille aux yeux de sa belle.
- Selenh a écrit:
- Tiens donc... le truc vraiment insolite, là, une invitation au bal masqué ! ça se fait plus du tout ça. Ma dernière fois c'était il y a 40 ans et j'étais parfaite en Princesse de Clèves, si, si ! En fin de soirée, toute décence proscrite et dans un coin sombre, le Gilou, par mes regards langoureux alléché (prétend-il maintenant), avait essayé ardemment mais vainement d'extraire mes modestes appâts de mon corset en satin vert absinthe, hyper rigide. Échec sur toute la ligne, je riais trop. Je lui ai dit, aussi, qu'il était immonde, le pauvre, dans son déguisement grungy de mouche verte géante ! C'est dans cette tenue de mauvais goût qu'il espérait me séduire, vraiment ? J'ai cru qu'il allait en pleurer ! Enfin, bon, on s'est bien rattrapés depuis, comme disent les enfants.
23/28 novembre 2021 - Clinchamps a écrit:
- Main, ramasser, ombre, page, obsolète, orangeade, oublier, valise
- Spoiler:
- Fée clochette a écrit:
- Caché partiellement par les pages de son journal, il sourit lorsqu'elle parut sortant de la minuscule gare. Elle marcha vers l’ombre du micocoulier, puis s'immobilisa et balaya du regard la placette. Il fit un geste de bienvenue de la main, la voyant éblouie, il courut saisir sa valise en carton.
- Où as-tu déniché cet objet obsolète ! il m'est impossible d'oublier ton adoration pour le vintage ! - Je l'ai dénichée chez Grand-mère. Elle s'affala dans le fauteuil en plastique du seul bar de la place. -Offre moi une orangeade, papa et je ne critiquerai pas tes gilets de soie bariolée et tes bottes texanes, ni ta petite couette de cheveux, d'accord ! ..... pffff..... je suis vraiment à la ramasse après mon trek en Himalaya. - L’Ami a écrit:
- De ses mains noueuses, la vieille servante ramasse doucement dans la nuit avancée, à l’ombre des braises mourantes, les reliefs du banquet de mariage de sa jeune maîtresse. Encore une page tournée murmure-t-elle. Une enfance obsolète s’efface, une vie de Dame s’éveille.
L’aube déjà, elle lui prépare sa dernière orangeade avant son départ pour d’autres lieux, puis sans rien oublier, les malles et valises qui la précéderont à bord de la goélette. Enfin elle regagne les communs des domestiques pour dormir quelques heures. - Rosalind a écrit:
- Alice s’étire et soupire. Fatiguée après avoir entrepris de ranger le grenier de la maison familiale, elle s’était assoupie sur la balancelle. En cette fin de journée les ombres s’allongent, et le vent tourne les pages du livre oublié sur le guéridon, près d’un verre d’orangeade à moitié vide.
Elle ramasse et feuillette d’une main distraite le bouquin à la couverture jaunie. Somerset Maugham, qu’aimait tant sa mamie ! ce matin elle a descendu une valise pleine de romans obsolètes, mais n’a pas eu le cœur de les jeter. Demain elle ira les proposer à la maison de retraite, ils raviront peut-être une autre grand-mère. - Selenh a écrit:
- Ici j'ai posé ma valise à jamais. Ici j'oublie tout. Ici le mot «travail» est obsolète, voire proscrit. Je m'anéantis à l'ombre du poirier, dans le hamac. Il faudrait que je ramasse mon livre par terre, mais à quoi bon ? Ma main molle ne sait plus tourner une page, à peine si elle se tend encore, parfois, vers le pichet d'orangeade. Carpe diem.
- Ysabelle a écrit:
- A l'instant où elle franchit la porte, l'ombre du passé la frappa de plein fouet. Après toutes ces années, elle pensait avoir tout oublié et bien tourné la page! Elle eut envie de repartir en courant. Pour se donner du courage, elle se dit que cette maison est le seul lien qui reste. Dans quelques jours, il n'existera plus. Un pan obsolète de sa vie s'effacera et une nouvelle ère va commencer!
Pour l'instant, rien ne vaut une orangeade bien fraiche, pour affronter ses démons. D'une main ferme, elle ramassa sa valise et monta les escaliers en fredonnant : "Avec mes souvenirs, j'ai allumé le feu, ..." - Petit Faucon a écrit:
- - Dis Mamé, tu te souviens quand tu allais me chercher à l'école ? Je te tenais fort la main, j'étais si fière de marcher avec toi. Je ramassais des marrons tombés sur le trottoir, que tu mettais dans la poche de ton caban. Rentrées à la maison, tu me faisais une vraie orangeade, tu sais que je n'en ai plus jamais bu d'aussi bonne !
- C'est gentil ma grande. Mais j'ai oublié pourquoi j'étais venue m'occuper de toi ? - C'était quand Papa et Maman avaient bouclé leurs valises pour leur tour du monde ! Tu te souviens, ils nous avaient ramené des tas de cadeaux sympas, une manta du Pérou, des bijoux en turquoise de la réserve Navajos des Ombres, de la soie du Vietnam, mais aussi un Tamagochi du Japon, et un marque-page en rhodoid vert fluo : des gadgets rigolos et vite obsolètes. - Elianor a écrit:
- La main gauche crispée sur la poignée de sa valise à l’allure obsolète, elle s'est installée dans l'ombre près de l’entrée. Raide comme un piquet, elle déplace parfois lentement son autre main comme pour ramasser quelques miettes invisibles. Les habitués l’ont d’abord dévisagée l’air hautain puis observée du coin de l’œil avant de l’oublier et de replonger, indifférents, entre les pages de leur journal ou derrière leur bock de bière et leur verre à orangeade.
30 novembre / 7 décembre 2021 - Fée clochette a écrit:
- froufrou, service, sieste, cheval, barricade, turquoise, envahisseur, escarpolette
- Spoiler:
- Petit Faucon a écrit:
- Le départ vient d'être donné, tous les chevaux s'élancent ensemble de la ligne de départ. Un parieur endormi sur son siège se réveille de sa sieste au bruit des clameurs ; les jumelles et autres binoculaires reprennent du service : n'est-ce pas Turquoise qui vient de trébucher sur la barricade, de l'autre côté du terrain ? Non, c'est le 6, Escarpolette, qui abandonne blessée, crient les haut-parleurs. Les spectateurs trépignent, les parieurs retiennent leur souffle : Envahisseur le favori va l'emporter ... hélas, dans les derniers mètres, c'est Froufrou qui franchit la première la ligne d'arrivée, menée par le jockey à la casaque verte !
- Ysabelle a écrit:
- En ces moments de canicule, il lui arrive de faire la sieste, même pendant son service. Souvent, elle se barricade dans un coin isolé du domaine. Perchée sur la vieille escarpolette qu'abrite une luxuriante végétation, elle jouit d'une vue privilégiée sur les eaux turquoise, à peine troublées par quelque oiseau en quête de nourriture. Parfois, le trot d'un cheval la tirait de sa délicieuse torpeur. A vrai dire, cette intrusion est aussi rare que le froufrou des feuilles d'arbres, en cette période boudée par les brises salutaires et où le soleil envahisseur règne en maitre absolu.
- L’Ami a écrit:
- L’a jamais aimé les robes à froufrous la Louise, surtout quand on naît bâtarde d’une femme de service et du jeune fils de ses maîtres. Les tea parties précédées de siestes ne sont pas son fort, encore moins les balades à cheval. Non, ses combats seront sur les barricades avec ses amis de la Garde Nationale, et avant de rejoindre les mers turquoise de la Nouvelle Calédonie, contre les envahisseurs prussiens. Les souvenirs d’enfance, les moments d’abandon sur l’escarpolette dans les jardins de Vroncourt, tout lui semble si loin.
- Selenh a écrit:
- Ce sont pourtant bien des Français, non les envahisseurs derrière cette barricade ? Comment en est-on arrivé là ? Comment le service pourrait-il justifier l'assassinat des nôtres ? Une rouquine de l'autre côté le met en joue. Fabrice lâche les rênes de son cheval qui piaffe, jette son sabre et invoque une dernière fois les froufrous envolés d'un jupon turquoise, sur l'escarpolette des dimanches au bord de l'eau. Deux coups. Sa monture roule au sol, lui aussi, dont la poitrine explose. Il s'accroche encore un peu à l'encolure humide et murmure tendrement : « Ce n'est rien mon vieux Sauvage, n'aie pas peur, au lieu de faire du mal... on va faire une dernière sieste, tous les deux. »
- Rosalind a écrit:
- Au fond du jardin à l’abandon, l’escarpolette vétuste pend de guingois, sa peinture bleu turquoise écaillée après des années de bons et loyaux services.
Saisi d’un accès de nostalgie, Paul s’assied sur un banc envahi par la mousse, et songe aux vacances heureuses dans cette maison : le vieux cheval à bascule, son camion rouge à roulettes, les batailles de soldats de plomb. Le doux froufrou du jupon de sa grand-mère qui vient lui conter une histoire avant la sieste. Assez rêvé, il barricade son esprit contre ces souvenirs envahisseurs. Se redressant, il va accrocher la pancarte A VENDRE sur le portail rouillé. 8/15 décembre 2021 - Ysabelle a écrit:
- Baie, Hauteur, Temple, Fruit, Bois, Félin, Offrir(s'), Marche (er)
- Spoiler:
- Selenh a écrit:
- Ah, le Cap Sounion, quelle merveille ! Si vous souhaitez vous échapper d’Athènes pour une journée, c'est l'excursion parfaite. A la descente de la navette touristique, un quart d'heure de marche à travers un petit bois de chênes kermès vous mènera au temple dédié à Poséidon, qui contemple, de la hauteur d’un éperon rocheux, la baie légendaire où se jeta Egée. Pour fruit de ce raisonnable effort vous sera aussi offerte une splendide vue panoramique sur les îles de Makronissos et Kea ainsi que sur le Golfe Saronique.
- Clinchamps a écrit:
- Quoi de plus apaisant que la contemplation de la mer de Seto depuis les hauteurs du château de Matsuyama dominant la baie et la ville, à Shikoku ? Après une rude marche montant à travers les bois de mandariniers aux fruits d'or, on s'offre un repos bien mérité devant un paysage où le bleu de la mer et du ciel se confondent. Franchir la porte, gardée par des félins fantasmagoriques de pierre, du fascinant temple Ishite-ji, 51ème des 88 qui constituent le célèbre pèlerinage de Shikoku, conduit à un autre monde sombre et mystérieux.
- Fée clochette a écrit:
- Je marche dans les bois, je prends de la hauteur. J'entends un clocher qui tinte dans l'air glacé et le ciel azur devient un temple. Dans les vergers seuls les plaqueminiers ont des fruits et offrent un paradis où les gentils félins jouent avec des enfants rieurs qui roulent la neige pour construire des igloos. Ils font fuir les corneilles qui picorent les dernières baies des sentiers et je rêve : je flotte dans les airs comme les choucas sur la plaine, que mon monde est beau !
- L’Ami a écrit:
- Au petit matin le soleil éclaire sa jument Bayard à la robe baie, chatoyante sous la rosée. De sa hauteur, Renaud de Montauban admire les crêtes de la Margeride, puis il entr’aperçoit la commanderie du Temple, le fruit de son étape à la dextre du bois. Sa monture bronche au feulement d’un lynx tacheté, le félin immobile les suit des yeux, prêt à s’enfuir. Renaud respire à pleins poumons, s’offre ce moment de bonheur à contempler l’horizon et reprend sa marche.
- Petit Faucon a écrit:
- La tour aux quatre-vingt seize marches est visible de loin, dominant le paysage de toute sa hauteur.
Quelle félicité ce sera de pouvoir contempler chaque matin, à travers les grandes baies de l'unique pièce circulaire, les bois et les étangs à perte de vue ; il pourra faire de ce bâtiment atypique un temple de l'étude, en y installant ses livres, et quelques meubles choisis avec goût. Oui, avec les fruits d'une vie de travail, il allait pouvoir s'offrir ce luxe de s'installer dans ce château d'eau désaffecté. - Rosalind a écrit:
- Kassandros a marché longtemps à travers plaines et bois, se nourrissant de baies sauvages. Parfois des paysans lui offrent du fromage ou des fruits.
Enfin il approche de la forteresse construite sur une hauteur. Franchissant la porte au linteau sculpté de deux félins, il pénètre dans la citadelle. Appuyé sur son bâton, le vieil homme contemple avec désolation le temple en ruines et les vestiges du palais, et se remémore le jour funeste de la destruction de la cité, quand il a fui avec sa famille, de longues années auparavant. 16/23 décembre 2021 - Petit Faucon a écrit:
Natte, tumulte, énergie, tuile, brocher, glacer, énorme, joyeux - Spoiler:
- Clinchamps a écrit:
- Assis sur des coussins de soie brochée, dans la pièce de six nattes, les deux hommes contemplent les tuiles du mah-jong sur la table basse. Les joyeux tintements de la cloche à vent rythment leur silence, et leurs gestes. A genoux sur le tatami, la servante présente un thé glacé. Les arbres du jardin les isolent du tumulte de la ville proche. Un énorme cumulus bleu noir monte dans le ciel, annonçant l'orage, l'air chaud vibrant de son énergie.
- Fée clochette a écrit:
- Un joyeux tumulte résonnait dans toute la maison. L'énergie des enfants l'étonnait toujours. Elle sortit les tuiles aux amandes du four, bientôt, une cavalcade descendit de l’étage. La porte claqua avec un bruit énorme, une minuscule brunette, les nattes dansantes, surgit l'œil rieur, plissa son nez pour mieux humer la fragrance que dégageaient les petits fours.
- Puis-je aider mamounette ? - Oui, étends la belle nappe ajourée, brochée de fils d’or sur la table, pendant que je glace les gâteaux, et mets le couvert réservé aux grands jours. - Selenh a écrit:
- Ô les nuits de printemps dans ma ville de Sousse...
Le samedi soir les parents nous autorisaient souvent à dormir en terrasse sur des nattes et des tapis, bien calés entre les énormes coussins au raide satin broché du salon mauresque. Sous les étoiles parfois, couvrant le grondement de la ville, montait le tumulte joyeux d'un mariage traditionnel chez des voisins, avec toute l'énergie grisante du mezoued, des tambourins et des youyous. Le lendemain les voisins nous faisaient porter les dattes fourrées, glacées de sucre rose ou vert pâle, dans des assiettes surchargées de dorures que nous rapportions garnies de tuiles aux amandes faites à la maison, avec les remerciements et les compliments de la famille française. Tunisie d'antan, que tu me manques, et que de larmes je retiens, maintenant, quand on parle de tes malheurs aux informations, mon cher pays. - L’Ami a écrit:
- Nattés, ses cheveux blonds en serre-tête lui confèrent un port de reine sur son palefroi. Ignorant le tumulte de la foule, elle concentre son énergie pour mener à bien sa monture sans navrer les badauds venus l’acclamer. Aux faîtes des logis les tuiles scintillent sous le givre, le pont franchi, délivrée de la ville, elle broche les flancs de sa monture pour un galop sans fin à travers les champs glacés par la dernière lune. Une énorme bouffée d’ivresse l’envahit, libérée, seule, faisant fi de toute retenue dans un long cri joyeux.
- Rosalind a écrit:
- Il dérape sur les tuiles glacées du toit, bascule dans le conduit et atterrit violemment sur la natte devant la cheminée, au milieu d’un énorme nuage de suie. Et brochant sur le tout, son bel habit neuf est déchiré, il imagine déjà l’accueil de sa femme demain matin …
Par chance le joyeux tumulte régnant dans la pièce voisine a couvert le bruit de sa chute, et lui permet d’accomplir sa tâche en toute quiétude. Puis, d’un grand bond il rejoint son équipage qui décolle avec énergie, et il poursuit sa tournée Ho Ho Ho !!! - Ysabelle a écrit:
- Elle courait à perdre haleine, ignorant le tumulte de la foule bigarrée en ce jour de marché, ses nattes dansant dans son dos. Elle était poussée par l'énergie de sa jeunesse. Ses doigts glacés tentaient d'écarter, de temps en temps, une mèche rebelle, venue troubler son champ de vision. Sur son chemin, d'énormes séquoias enneigés, défilaient. Elle arriva enfin devant la maison aux tuiles vernissées. Elle poussa la porte avec vigueur et s'arrêta net devant le vieux Monsieur assis devant la cheminée, un livre broché à la main. "Joyeux Noël, ma chérie", lui lança-t-il avec un grand sourire.
22/30 décembre 2021 - L’Ami a écrit:
- Âme, fragile, prétendre, confiant, voix, trouble, ferrer, précieux.
- Spoiler:
- Fée clochette a écrit:
- Elle saisit le bâton ferré de l'arrière-grand-père, franchit le seuil de la maison, les voix de la nature perçaient le silence .... Cette canne avait parcouru en son temps tous les sentiers balisés par le club vosgien et ne pouvait pas être abandonnée dans un coin, sans vie. Les heures suivantes furent d'une perfection rarement atteinte. Une étrange musique troublait l'air sec et glacé du solstice d'hiver. Son père avait toujours prétendu que ce jour si étonnant était le reflet des âmes confiantes du monde. Alors que le soleil montant peignait le ciel de couleurs précieuses et fragiles, l'ombre mélancolique de ses pensées se transforma progressivement en une joie pure et incandescente... le miracle de la paix de Noël. Sol Invictus des romains !
- Clinchamps a écrit:
- - Toi qui prétends être ferré en littérature classique, cite-moi des vers qui définisse le coup de foudre !
- Trop facile, je suis confiant que tu seras d'accord ! Phèdre : "Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue, ...je sentis tout mon corps et transir et brûler"... - Juste ! Dans ce langage précieux à l'apparence fragile Racine fait retentir la voix torrentielle de la passion... - L’Ami a écrit:
- Son âme encore fragile grandit au rythme des jours, doucement sans prétendre à rien, confiante en celle qui la porte en son sein, celle à la voix suave, parfois trouble, qui boit régulièrement une coupe d’eau ferrée pour donner force et vigueur à ce qu’elle a de plus précieux.
- Selenh a écrit:
- Au moment où je repose la râpe, le sabot proprement paré se retire nerveusement de ma main. Qu'est-ce qui trouble encore cette précieuse petite cavale aux nerfs trop fragiles, hein ?
- 0n aurait dû t'appeler Mrs Bennett, Alma ! Frissons de croupe capricieuse. Je me redresse, pas trop vite, en chantonnant le refrain qui lui est dédié dans mon répertoire : « Tout doux mon Alma, mon amie, mon amour, mon âme, tout doux mon petit chat.» À ma voix elle redevient confiante, et, lui ayant octroyé une gratouille entre les oreilles, je peux prétendre à un deuxième sabot, le postérieur gauche, donné sans trop de manières. N'importe, partie comme ça, je sens qu'elle va être un peu longue à ferrer, notre Alma. Et ma journée commence à peine ! - Rosalind a écrit:
- En route depuis l’aube pour rejoindre la communauté, Aymeric ressent une légère inquiétude, se serait-il égaré ? Dans le silence de ce crépuscule d’hiver, les sabots ferrés de sa mule résonnent sur le sol gelé. Pas âme qui vive, même les corbeaux dont les croassements l’ont accompagné tout au long du jour se sont tus.
Pour se donner du courage, d’une voix d’abord hésitante et fragile, puis de plus en plus confiante, il entonne un air qui ne prétend pas être mélodieux, mais lui apporte un précieux réconfort. « Qui trouble la sérénité de ces lieux ? » gronde soudain un moine mécontent, alors que le garçon s’approche de l’enceinte du monastère, toujours chantant à tue-tête. - Petit Faucon a écrit:
- O toi, petite âme fragile et confiante, toi dont la suave voix est si précieuse à mon coeur, comment prétends-tu ferrer un vieux poisson comme moi, aux écailles ternies et à l'oeil déjà trouble ?
- Elianor a écrit:
- L'inconnu ténébreux avait troublé son âme fragile et ferré son cœur confiant. D'une voix douce, il avait prétendu qu'elle lui était précieuse. Elle l'avait cru, pour son plus grand malheur.
- L’Ami a écrit:
- Par cet an de désordre l’âme des hommes semble fragile. Je le prétends, difficile d’être confiant, de donner de la voix, quand la male-mort dévaste le pays, frappant sans distinction femmes, enfants, pauvres, riches, semant troubles, confusions. Elle ferre sans pitié. Qui, le matin se réveille gaillard au chant du coq, le soir repose dans son linceul, dépossédé de ses biens les plus précieux.
- Ysabelle a écrit:
- Il fait partie de ces âmes qu'on disait tourmentées, tant il est difficile de prétendre ne pas percevoir l'émotion dans sa voix lorsqu'il s'adresse à vous. Pourtant, on ne peut le qualifier de fragile. Il a su faire preuve de détermination et de courage, là où personne ne s'y attendait. Nullement troublé par les moqueries dont il était souvent la cible, il avançait confiant vers sa quête. Ferré, sur de nombreux sujets, il est devenu une source précieuse pour les chercheurs actuels.
31 décembre 2021/12 janvier 2022 - Selenh a écrit:
- Bouillie, chat, cheval, hilare, renouvelé, galamment, broder, étendre
joker : abuser. - Spoiler:
- Clinchamps a écrit:
- Non, mais qu'est-ce que tu nous sors, là ? C'est de la bouillie pour les chats ! De la chanson, ça ? j'imagine le public hilare ! C'est sûr que tu chantes mieux qu'un cheval, mais tu cours moins vite ! Si au moins les paroles étaient galamment troussées, comme aurait dit le pote Ronsard, mais, tu brodes sur du vent là !! "je te le laisserai"! Au bout de 25 fois tu abuses franchement ! C'est pas ça qui va la renouveler, la chanson française ! Tu peux toujours étendre ton filet de voix, ça ne va pas en faire un fleuve !
- L'Ami a écrit:
- C'est de la bouillie cette tête de chat ! Je ne suis pas à cheval sur les règles culinaires pendant l’état de siège à cause des Pruskos mais faut pas pousser, déjà hier l’entrecôte de rhino était trop cuite. —Gavroche ! Y a pas de quoi être hilare, misérable marmiton, cet avertissement ne te sera pas renouvelé galamment, tu peux me croire. Je te broderai ça à coups de pied aux fesses et autres gentillesses sur lesquelles je ne m’étendrai pas. Faut pas abuser quand même !
- Petit Faucon a écrit:
- Elle étendit la toile, et la fixa soigneusement sur le cadre de bois.
Consternée, elle examina à la lumière du jour son travail de la veille au soir : les chevaux galamment disposés sur son modèle avaient pris des allures de chats, tantôt hilares, tantôt hiératiques. Et là, un embrouillaminis de points formait une bouillie disgracieuse ! Décidément, broder n'était pas son fort. Inutile de s'acharner, cet essai ne sera pas renouvelé. - Rosalind a écrit:
- "Brodez, brodez !" me dit-elle. C’est le mot de trop. Fini, je ne m’étendrai pas davantage, il ne faut quand même pas abuser.
Depuis trop longtemps j’ai exprimé galamment mon amour dans des lettres au style sans cesse renouvelé, tout cela pour une donzelle qui les accueille d’un air hilare, comme si c’était de la bouillie pour les chats. Ah, elle se prend pour Roxane ! et bien je ne m’appelle pas Cyrano, et avant de devenir un vieux cheval de retour, je vais chercher un autre objet à qui déclarer ma flamme. Adieu ma jolie ! - Fée clochette a écrit:
- Tous les premiers de l'an, ma mémé, renouvelait un rituel familial antédiluvien.
Pépé lui ouvrait la porte, galamment. Elle portait la grande soupière de son beau service qu’elle posait comme le saint sacrement, sur la nappe de lin brodée, étendue sur la grande maie, à côté du faisan juteux aux fruits, du pâté en croûte maison, et des cardons à la sauce brune. Puis, mon père hilare, après nous avoir fait un clin d'oeil, soulevait le couvercle de la soupière et Grand père lançait en voyant nos mines déçues : "Allez les belins, belines, ouste passez les écuelles ! non grognait Théo, j'aime pas ta bouillie d'avoine !" "Plus tard, mon petiot... c'est un vrai délice, les chevaux en raffolent et les Ecossais aussi, cela fait des beaux hommes comme ton père." "j'veux pas être beau et suis pas écossais, ni cheval ! boudeur, il ajoutait, j'aime mieux le pâté comme les chats. - Ysabelle a écrit:
- L'enfant déterminé, adoptant la posture d'un Caïd en herbe, menaçait le chat de le transformer en bouillie. Dissimulé derrière une meule de foin, son frère aîné suivait hilare, la scène. Le gamin proférait ses menaces avec une ardeur renouvelée, devant l'animal figé. L'ainé qui trouvait que le gamin abusait, se promettait de lui donner une leçon, mais il préférait, étendre le plaisir de cette drôle de scène, tout en finissant de s'occuper du cheval. Certes, il savait que son drôle de petit frère brodait un peu en imitant les grands, mais ne mettrait jamais ses menaces à exécution. Il adorait son chat.
13/21 janvier 2022 - Rosalind a écrit:
- air, corneille, courir, fantôme, imprévu, lande, résister, simple
- Spoiler:
- Clinchamps a écrit:
- Je leur ai déjà fait le coup de Racine, je ne vais pas leur faire celui de Corneille, j'aurais l'air idiot ! Faut que je résiste à l'image de courir sur la lande rien que pour sortir Brontë, et le fantôme imprévu de Catherine, ce serait trop simple !
- Selenh a écrit:
- Deux fois la corneille a poussé sur la lande son cri strident ; au troisième, c'est bien simple, je tomberai morte si je ne me suis pas mise à l'abri au presbytère.
Mais j'ai poussé la porte de la cuisine à temps, et seule l'émergence imprévue de notre père qui remonte de la cave me fait résister à l'envie de la claquer de toute mes forces. «Qu'est-ce qu'il y a ? Tu as l'air d'avoir vu un fantôme ?» s'exclame Anne. «Et où es-tu allée courir, encore ?» marmonne Charlotte, penchée sur son cahier de recettes. Si elles savaient ! - Fée clochette a écrit:
- Sur la lande la terreur régnait. Dans la nuit des fantômes hurlants couraient. Ils exterminaient toute créature qui résistait. Lui, 17 ans, caché derrière un simple canapé, entendait sa famille se faire exterminer ... ... ... ...
Sur le vol Montréal-Paris. Je fredonnais une chanson en regardant les nuages défiler, près du hublot. Surprise, le magnifique jeune homme assis à mes côtés, unit sa voix à la mienne : "moi je savoure chaque instant, bien avant que la lumière s'éteigne" je terminais seule l'air "parce qu'on vient de loin".... ! Corneille me sourit, c'était une rencontre imprévue, éphémère. Notre duo s’était envolé vers les étoiles. Les passagers émotionnés, applaudirent. - L’Ami a écrit:
- Dans l’air glacé des Monts de l’Ombre, épié des corneilles, il court pour fuir les fantômes de ses amis morts au combat, d’une violence toujours imprévue. Enfin s’ouvre devant lui, cette lande aux fleurs putrides, pour rallier la Cité. Comment résister à l’envie obsédante de passer l’anneau à son doigt, simplement.
- Elianor a écrit:
- Enfin à l’air libre ! Mary inspira un grand coup et ne résista pas très longtemps à l’envie de courir et de sautiller dans le parc qui entourait le manoir. Quelle joie de pouvoir se promener simplement dans les grandes allées ou de s’enfoncer furtivement dans les recoins plus abrités ! À cause des intempéries de ces derniers jours, Mary avait dû rester à l’intérieur de la sombre demeure. Elle avait détesté cette perte de liberté imprévue et avait trainé sa mauvaise humeur derrière elle, comme boulet de forçat. De la grande fenêtre de sa chambre, elle ne voyait que le sinistre arbre aux corneilles et les fantômes de brume qui se formaient et se déformaient sur la lande toute proche.
- Rosalind a écrit:
- Egarée, Mary erre sur la lande qui déjà s’obscurcit. Au loin les corneilles crient dans la brume, ajoutant à son angoisse, quand soudain, tel un fantôme, surgit un cavalier. Son simple habit noir et son air sérieux devraient la rassurer, cependant elle résiste difficilement à l’envie de courir à toutes jambes se mettre à l’abri. Elle ne se doute pas encore du tour imprévu que va prendre son destin.
24/30 janvier 2022 - Elianor a écrit:
- Brin, infini, disparaitre, plume, soie, vif, changer, bleu
- Spoiler:
- Selenh a écrit:
- Brin de soie bleu vif
Mésange contre infini Elle a disparu
Et dans le soleil Ses plumes d'azur changées En pure lumière - L’Ami a écrit:
- ll balaye quelques brins épars de tabac tombés sur sa table de travail avec d’infinies précautions, manquerait plus qu’un de ses feuillets vienne encore à disparaître. Sa plume délicatement taillée court sur un papier doux comme de la soie, le geste est vif, toujours en retard sur sa pensée. Il faut se hâter, pas le temps de changer ou modifier son texte, le Roi attend à Versailles dans le Salon Bleu du grand Trianon.
- Clinchamps a écrit:
- Il tortillait sans fin le brin de soie de son foulard, tentant de rompre l'ennui infini de l'attente que son tour arrive. Le bleu sur son œil changeait vers le jaune, si le toubib ne se décidait pas, toute trace allait disparaître. Prêter sa plume à quelqu'un qui n'aimait pas le résultat pouvait conduire à de vifs échanges verbaux, puis physiques. Il s'en souviendrait.
Il entrouvrit le col de sa chemise de soie blanche et glissa un brin de muguet dans la poche de sa veste de velours noir, au relief gravé de plumes fines. Les deux miroirs de la chambre lui renvoyaient son image à l'infini... Il regarda la pendule au cadran d'émail bleu : elle ne devrait plus tarder. Qui serait-elle cette fois ? pendant une seconde une curiosité vive piqua son cœur, il savoura à l'avance le plaisir de changer, il n'acceptait jamais deux fois la même, puis de disparaître une fois ses trois heures écoulées... - Rosalind a écrit:
- Enfin ce jour je tranche dans le vif,
Ma plume ose écrire ce que je n’ai jamais osé dire. Votre présence a changé ma vie, J’aurais voulu être un brin d’herbe sous vos pas Et votre peau a la douceur de la soie. Avant de disparaître dans le soir bleu Laissez-moi vous avouer mon amour infini. - Petit Faucon a écrit:
- Pour réussir cette sauce onctueuse comme un satin de soie, qui change de la béchamelle classique, le geste doit être vif et appuyé. Pendant que trois brins de safran infusent doucement dans le lait maintenu au chaud, mélanger beurre et farine jusqu'à faire disparaître tous les grumeaux. Verser alors la préparation odorante sur les quenelles préalablement pochées dans l'eau frémissante, et enfourner.
"Quelle plume allègre avait Grand-mère, même pour une recette simple comme celle-ci", pensa-t-il avec une émotion infinie, en refermant le cahier bleu écorné. 4/14 février 2022 - Selenh/Clinchamps a écrit:
- Besoin, Parent(s), Honnêteté, Vite, Devant, Perte, Comprendre, Sembler
- Spoiler:
- Selenh a écrit:
- L'honnêteté m'oblige à dire que la perte de mes parents et de mon frère m'avait fait comprendre que j'avais besoin de vivre plus vite et plus fort. Mais l'avenir devant moi ne me semblait plus un chemin si plane...
- Rosalind a écrit:
- Citoyenne, tu ne sembles pas comprendre que le ci-devant roi a été exécuté. En toute honnêteté ce n’est pas une grosse perte et tu n’as pas besoin de pleurer. De toute façon, tu vas vite te retrouver toi aussi au pied de l’échafaud, en compagnie de tes parents.
- L’Ami a écrit:
- Besoin de rien que j’ai, moi. Les parents m’ont vendue un soir de frimas pour trimer chez un aubergiste sans honnêteté. L’a fallu que j’apprenne vite à tromper le chaland avec un sourire par devant, et sans perte de temps, un bon coup de gourdin par derrière pour le larronner, puis le donner aux cochons dans la soue. Un jour si la rousse comprend, ça semble évident, c’est la veuve rouge pour nous tous.
- Clinchamps a écrit:
- Le besoin était pressant ! Il fallut vite arrêter la voiture pendant que les parents râlaient et jaillir dans le fossé le plus proche, devant le mufle ahuri d'une vache qui ne semblait rien comprendre à la situation. "Quelle perte de temps !" rouspétait Papa, alors que Maman avait l'honnêteté d'avouer que plus tard ils y seraient à ce mariage, mieux ça serait !
- Annwvyn a écrit:
- Mr Collins se laissait aller avec emphase, parlant vite, assourdissant ses paroissiens : « L'honnêteté nous commande de dire la vérité. Un bon parent n'a point besoin de comprendre son enfant. Dieu nous l'enseigne, méfiez vous des apparences, ces garnements ne sont pas les créatures inoffensives qu'il nous semble. Le Seigneur vous le dit, pratiquez la discipline, gardez-vous de trop de complaisance, et cela ne sera pas une grande perte que l'impertinence de ces petits êtres. » Le pasteur gesticulait tant et si bien, que son embonpoint, tirant le devant de sa robe, le déséquilibra ; et l'imbécile dégringola de la chaire.
14/20 février 2022 - Annwvyn a écrit:
- Texture, culte, fondre, pincée, vapeur, envelopper, roux, grossièrement
- Spoiler:
- L’Ami a écrit:
- Ses mains caressent doucement la texture de son lé, les points sont bien serrés, réguliers. Le dimanche au culte, ses plus beaux habits dernièrement tissés, révèleront encore, la qualité de son travail. Assise devant son métier, Judith adore voir la navette de bois et de cuivre fondre à grande vitesse entre les fils dans un claquement sonore. Comme une harpiste, par petites pincées ses doigts rectifient l’alignement de la chaîne. De son banc elle surveille aussi, par la fenêtre, la vapeur des bains de teinture. De grandes volutes enveloppent d’un nuage roux les chaudrons où bouillonnent quelques aunes de toiles plus grossièrement ouvragées, pour les ouvriers agricoles.
- Selenh a écrit:
- La sage-femme essuie l'enfant avec un linge que son aide vient d'humidifier à la vapeur. Ensuite elle l'enveloppe grossièrement dans un lange très blanc, puis le dépose dans les bras de l'accouchée. Antoine, le père, saisit une gousse d'ail coupée en deux et frottée d'une pincée de sel. Il la passe doucement sur les lèvres du nouveau-né, qui éternue. On s'extasie. Tout le monde voue déjà un culte à ce vigoureux petit mâle. Tous, il les fait fondre, sauf sa mère, l'austère Jeanne ; mais quand elle se penche sur le petit crâne, quand elle sent sur sa bouche la douce texture des quelques cheveux brun-roux qui rebiquent déjà, elle retient un sourire.
- Elianor a écrit:
- Elle effleura la texture soyeuse de la robe. Ce modèle avait fait fondre de nombreuses femmes -et leur compte en banque en même temps- était devenu culte en quelques jours à peine. Comme elle les comprenait, une telle merveille ! Celle-là s’harmoniserait parfaitement avec ses boucles rousses indisciplinées, elle se voyait déjà virevolter entre les clientes .... « Stop » se réprimanda-t-elle intérieurement, elle n’avait pas de temps à perdre dans des rêves aussi grossièrement irréalistes. Elle avait du travail et ne devait pas se disperser. D’une main experte, elle élimina les faux plis avec une pincée de vapeur et s’empressa d’envelopper la robe dans la housse de livraison.
- Rosalind a écrit:
- Enveloppée dans un châle gris d’une texture informe, la vieille demoiselle toise, la figure pincée, cet insupportable gamin roux qui se tient mal et ricane grossièrement pendant le culte. Et dire que ses parents fondent devant leur progéniture ! Rien que d’y penser cela lui donne des vapeurs, elle se réjouit d’être restée célibataire.
22 février/4 mars 2022 - Selenh a écrit:
- Toujours, complice, baiser, belles (le substantif, ne varietur), tâcher, pathétique, volage, nécessairement, houppe (joker)
- Spoiler:
- L’Ami a écrit:
- Toujours de vos frasques, je suis un complice,
Femmes que vous baisez, tel reître en lice Belles, douairières, sans une once d’amour, Et moi votre valet, la honte me parcourt. Tâchez dans votre vie, aimer, non de l’être, Vous serez libéré de devoir paraître, Pour une première fois, bien moins pathétique. Veule ou volage, quel piètre cantique. Ce soir le commandeur, vous avez invité, Et nécessairement vous devez y aller. Souffrez mon bon maître que cela soit sans moi, Je ne puis supporter plus longtemps ces émois. - Petit Faucon a écrit:
- "Venez là mes toutes belles, mes magiciennes volages, complices de mes succès flamboyants comme de mes fours pathétiques ! Toujours prêtes à baiser le bout de mes doigts de vos dents voraces, tâchez d'accueillir amicalement votre nouvelle compagne ..."
Il ouvrit la boîte contenant ses puces savantes, et y déposa la dernière venue, pas nécessairement la moins remuante. - Rosalind a écrit:
- Délicates belles-de-jour, épanouies à la lumière complice, que devenez-vous au crépuscule ?
De pathétiques belles-de-nuit, toujours tâchant de séduire, offrant nécessairement leur corps aux baisers d’amants volages ? - Fée clochette a écrit:
- Complice un jour, complice, toujours les p'tits gars, vous êtes pathétiques à espionner les pimpesouées derrière ma haie, les belles garces ne sont pas toutes volages ! Ouste, plutôt que de vous conter des coquecigrues et rêver de les baiser. Retournez astiquer les harnais des ânes. Père Gus tient à ce que les houppes multicolores qui les parent soient impeccables pour le carnaval de demain Tâchez d’être efficace. Si le travail est parfait vous aurez deux fois plus de confettis.
4/12 mars 2022 - L’Ami a écrit:
- Poudreuse, Contemplative, (se) réjouir, (se) pâmer, Chaos, Rêverie, Beaucoup, Jamais, Joker: Innocent.
- Spoiler:
- Rosalind a écrit:
- Une couche grise de poudreuse recouvre les gravats des immeubles bombardés.
Beaucoup d’innocentes victimes, des foyers détruits, un pays anéanti. Contemplatif devant le spectacle du chaos qu’il a créé, l’homme se réjouit des tentatives désespérées de résistance. Il se pâme dans sa rêverie mégalomane, et pense que jamais personne ne l’arrêtera. - Clinchamps a écrit:
- L'icône innocente et contemplative laisse errer son regard indifférent sur l'assistance qui se pâme devant l'orateur dont les discours réjouissent les va-t-en guerre. Beaucoup de propagande, pense-t-elle, jamais une parole de raison ! Sa rêverie paresseuse et millénaire s'envole vers le ciel, au-dessus du chaos... Qu'y puis-je ? C'est une affaire humaine...
- L’Ami a écrit:
- Du haut de sa colonne, comme Siméon son pygmalion, il balaie du regard l’étendue d’un paysage aride, une terre brune, poudreuse. Jusqu’à là, chaque matin il aimait, dans une attitude contemplative, exposer son corps aux rayons du soleil levant, se réjouir de la fuite de la nuit, se pâmer de ce miracle répété de la lumière de l’aube. Alors pourquoi soudain ce chaos dans sa tête, sa rêverie brutalement violentée, cette colère grondante, puis ce cri : « j’ai beaucoup donné depuis quinze ans, qu’on me fiche la paix, plus jamais ça, qu’on me descende de cette foutue colonne, bande de crétins »
- Selenh a écrit:
- Sur l'air du refrain de C'est la ouate (Caroline Loeb)
De toutes les matières La poudreuse elle préfère. Elle est contemplative Posée sur son tire-fesse
De toutes les remontées, C'est bien sa préférée Jamais le télésiège N'la voit si bien à l'aise !
Eh quoi, il y a un loup ? Elle se tortill' beaucoup ! Oui, dans sa rêverie, Elle se pâme, se réjouit !
Le chaos de la station N'lui fait ni chaud ni froid Et cet air innocent Je sais c'que c'est je crois
Quand elle lâche la perche, Elle a le souffle court, Bien vite elle redescend, Elle veut refaire un tour !
13/20 mars 2022 - Clinchamps a écrit:
- Le vent, ombrage, accord, cordeau, écho, se souvenir, chagrin, remonter
- Spoiler:
- Selenh a écrit:
- Oui je me souviens de l'écho
de tes longs accords au cordeau En notre temps qui fut si beau !
Le vent remonte la montagne Et je le suis sous les ombrages ; Je suis sans chagrin ni grimace,
Car notre temps il fut si beau Que j'en entends toujours l'écho... Oui, le temps passe et je t'embrasse, Car notre temps était si beau ! - Rosalind a écrit:
- D’un pas lent et régulier, le randonneur remonte la pente abrupte. Aux abords du village abandonné les champs sont retournés à l’état sauvage, ne subsistent que les vignes tracées au cordeau, offrant aux oiseaux quelques fruits aigrelets.
Il se repose un instant sur un banc de pierre à l’ombrage d’un chêne, et croit entendre, comme un écho lointain, les accords d’une musique oubliée. Non, ce n’est que le vent. Lui seul se souvient des joies et des chagrins de ceux qui vivaient là autrefois. - L’Ami a écrit:
- Le vent pénétrant, glaçant, pourquoi lui tenir ombrage de notre folie, lui faut-il attendre notre accord avant de souffler ? Doit-il suivre un chemin tracé au cordeau pour répondre à l’écho de la haine ? Qui se souvient de notre orgueil quand il nous portait dans l’immensité des plaines, au levant quand nous semions feu et misère, chagrin et désolation ? Il est bon de remonter le temps, la mémoire s’étiole si vite.
- Fée clochette a écrit:
- Elle remontait l’allée des mimosas tirée au cordeau, qui diffusait un ombrage bienvenu. Les enfants couraient avec les chiens. Un léger vent, aux accords précieux de fragrances fleuries et poudrées, l’environnait. Lorsqu'elle franchit le kissing gate, un nouveau parfum, aux dualités audacieuses de bovins en pâture, d’aubépines et de narcisse des champs l'assaillit, juste assez, pour se souvenir sans chagrin des duels de vocalises d'antan entre bergers. Le pic nique étalé sur la nappe, elle appela les enfants qui divaguaient. L'écho de la falaise répercuta à l'infini …. "venez manger..., manger... ger...
21/28 mars 2022 - Rosalind a écrit:
- Accent, café, chavirer, décliner, follement, généreux, herbe, interdit
- Spoiler:
- L’Ami a écrit:
- Hargh ! Son accent de rêve entre deux gorgées de café, et un regard à faire chavirer mes vieux préceptes de célibataire minéralisés depuis le siècle passé. Je décline follement dans ma tête toutes propositions, voire les plus généreuses pour parvenir à mes fins avant d’avoir l’herbe coupée sous les pieds par une tête à claque à mes côtés que la morale m’interdit de nommer par charité chrétienne.
- Selenh a écrit:
- Un soleil généreux chavire dans les herbes ;
La lumière décline à peine et mes espoirs Échevelés tournent follement, mais des verbes Interdits, aux accents tristes de café noir,
Proclament à l'envie qu'il ne faut plus te voir. - Annwvyn a écrit:
- On va chavirer, hurla le capitaine, sa poitrine généreuse gonflée par son cri d'effroi. Joseph leva les yeux au ciel. Tout de même, il avait eu raison le matin de se contenter du café, et de décliner la prise de ces herbes curieuses, achetées chez ce vieux louche à l'accent acadien. Il devrait être interdit d'être si peu responsable, songeait Joseph, tout en lançant le filet de pêche à son capitaine, qui, désormais à l'eau et oubliant qu'il savait nager, agitait follement les bras.
- Petit Faucon a écrit:
- Ça sent la fumée ... non pas celle de l'herbe à Nicot, mais plutôt celle, interdite, qu'on vend à Amsterdam. Soudain, l'envie d'inspirer une bouffée qui vous fait chavirer, la prend follement. Le nez au vent, elle suit l'odeur généreuse, qui la conduit vers une vieille assise sous un auvent déclinant.
- Un café, ma belle ? Propose-t-elle de son accent chantant. - Un pétard plutôt, si possible ! - Rosalind a écrit:
- Les hommes, agglutinés devant la télévision du café du village, suivent passionnément le match de rugby, commentant chaque action de leur accent rocailleux. Après la victoire finale, ils entonnent la Marseillaise, dont ils déclinent les couplets avec un généreux enthousiasme et plus ou moins de justesse. Puis tous trinquent à l’unisson, même le curé oublie les interdits et sirote une petite goutte.
La nuit tombée ils sortent un à un, chavirant follement sur l’herbe mouillée, et regagnent leur logis avec un fort sentiment de patriotisme … et un sérieux mal de crâne. 29 mars / 5 avril 2022 - Petit Faucon a écrit:
- Voile, épreuve, brique, nouer, étendre, faux (fausse), allègre, jamais
- Spoiler:
- L’Ami a écrit:
- Un brouillard voile doucement son regard devant tant d’épreuves. Sa maison, plus qu’un tas de briques dispersées, tout comme sa famille qui s’était abstenue d’aller aux abris pour prévenir un pillage. Elle voudrait crier, sa gorge nouée s’y refuse. Les sirènes annoncent la fin de l’alerte. Un silence pesant s’étend sur la ville avec ce faux espoir, au milieu des décombres, de retrouver un des siens vivants. Hier encore la radio commentait, allègre, la retraite des barbares renvoyés à jamais dans leurs foyers.
- Selenh a écrit:
- Jamais l'épreuve n'a réuni tant de voiles, blanches et roses, bleues ou brique, qui se dandinent, allègres, après un premier faux départ. Dans le port de Saint-Martin, les vagues qui se nouent en poings d'écume à l'horizon se relâchent, se lissent, s'étendent, se balancent à peine...
J'étreins la pierre chaude et dorée du créneau sur lequel je pose mon menton pour contempler l'océan. Je voudrais que ce moment dure une éternité. - Rosalind a écrit:
- Un jour il a décidé de renoncer à tous les faux-semblants. Quittant les immeubles de brique de son enfance, il a fait voile vers une île lointaine, où le ciel s’étend à l’infini et l’alizé se brise.
Là il a rencontré des gens simples, surmontant les épreuves de la pauvreté et de l’isolement d’une humeur allègre, car gémir n’est pas de mise… et noué des amitiés sincères. Aujourd’hui, il y repose à jamais.
L’épreuve terminée, les jeunes filles sortent en bandes rieuses, allègres dans leurs robes d’été dont la jupe se gonfle comme une voile lorsqu’elles passent sur la grille du métro. Elles prennent des poses, imitant Marylin. Réunies devant la façade de brique rouge, elles discutent, fiévreuses, échangeant leurs impressions. "Pourvu que je ne me fasse pas étendre !" s’exclame l’une, "Je suis sûre d’avoir eu tout faux à mon problème", gémit une autre. Mais à l’heure des résultats, quel soulagement, elles sont toutes reçues. Avant de se séparer elles s’étreignent et nouent leurs doigts, se promettant de ne jamais s’oublier. - Clinchamps a écrit:
- Dépêche-toi de nouer tes cheveux, il faut que tu briques le plancher du bar puis que tu étendes les nappes et les draps. C'est la dernière épreuve avant d'avoir le job ! Mais pas de fausse joie ! Je te vois y aller d'un pas allègre, mais jamais tu ne finiras dans les temps avant de mettre les voiles !
5/20 avril 2022 - Selenh a écrit:
- Secourable, versatile, demeurer, eau, épaule, colorer, depuis, lucidement
Joker : s'entretenir - Spoiler:
- Clinchamps a écrit:
- Elle ouvrit le four où l'épaule de veau se colorait doucement. En rajoutant un peu d'eau, elle songeait que depuis qu'il était parti, elle cuisinait pour la première fois. Elle s'avouait lucidement que sans la parole secourable de son amie, elle n'aurait pas récupéré aussi vite ! "Serais-je versatile ?" L'interrogation demeurait sans réponse, mais l'essentiel était le délicieux parfum qui emplissait la cuisine !
- L’Ami a écrit:
- Marcel Ben-Hur, a un esprit peu secourable et versatile, ce qui est regrettable pour un garagiste. Il demeure de marbre, cas rare, pour un sanguin, devant tous ces jeunes auriges faisant leur cirque et laissant leurs attelages partir à vau-l’eau pour rejoindre en une course effrénée le fameux « Latin Paradisus* » près du forum. Créateur du célèbre « Timon d’Athènes », pièce irremplaçable réputée pour la stabilité des chars, jusqu’à Londinium, il ne se prend pas pour la cinquième roue du carrosse. L’adversité, « Ça se traite comme l’épaulé-jeté » déclare-t-il dans son langage coloré depuis qu’il vise la présidence de la « Guilde du routard-cubile quod ientaculum* ». À l’aube, pour s’entretenir avec ses dieux Lares, il dit, une messe à la, dirions-nous, « va vite » et file au Colisée rejoindre son atelier.
*Latin Paradisus: Célèbre cabaret. *Cubile quod ientaculum: Bed and breakfast. - Rosalind a écrit:
- Enfin les vacances, la mer, la plage …
Catastrophe ! en enfilant son maillot de bain, Anna doit reconnaître lucidement que depuis l’été précédent elle s’est laissée aller. Elle doit s’entretenir et commencer le sport dès aujourd’hui. Elle nage consciencieusement une bonne demi-heure. Après ce bel effort, toujours aussi versatile, elle demeure trop longtemps au soleil et ses épaules commencent à se colorer d’un rouge peu esthétique. Vite, elle se jette de nouveau à l’eau et tente d'atteindre les bouées, mais fatigue et se sent couler. Heureusement une main secourable la hisse sur un canot. Un superbe maître-nageur athlétique et bronzé ? hélas non, une maître-nageuse qui la sermonne vertement pour son imprudence. - Petit Faucon a écrit:
- Tout autour de lui, on s'agite, on sourit, on fait semblant. Depuis qu'il s'est assis, un verre d'eau colorée à la main, il doit constater lucidement que les cocktails l'emmerdent à mourir... même sans être versatile, il a croisé plusieurs personnes qui ont fait semblant de ne pas le reconnaître, et qui viendront demain l'implorer d'être secourable. Il demeurera inflexible, les épaules lâchement baissées.
- Elianor a écrit:
- Seule depuis quelques minutes, elle attendait patiemment son tour. Le miroir, d’humeur versatile, se colora soudain d’un beau rouge profond. Le moment était venu ! Le contact soudain de la soie sur son épaule nue lui fit l’effet d’une gifle d’eau froide, mais elle demeura parfaitement immobile. Des mains expertes, à défaut d’être secourables ou empathiques, lissèrent, arrangèrent, rectifièrent jusqu’à atteindre la perfection. Elle étudia alors lucidement son reflet : elle était rayonnante et, ce soir, le monde entier serait à ses pieds.
20 avril/1er mai 2022 - Selenh a écrit:
Volubile, Couper, Parfait, Métallique, Se reprendre, Syllabe, Réunion, Intimement, Insoutenablement - Spoiler:
- Ysabelle a écrit:
- Monsieur Parfait n'est pas du genre volubile. Rares sont ceux qui arrivent à lui soutirer un son, une syllabe, ou encore moins une onomatopée, non ! Il faut s'y reprendre plusieurs fois avant qu'une voix métallique ne daigne, tel l'éclair, se manifester et disparaitre aussitôt. L'a-t-on un jour entendu prononcer une phrase complète ? Son entourage reste intimement convaincu qu'il n'est jamais allé si loin. D'ailleurs, quiconque se hasarde à insister, se voit couper court, ses intentions d'un simple geste de la main. Alors le voir arriver aujourd'hui pour participer à cette réunion, laisse tout le monde pantois. Cette présence est insoutenablement incongrue.
- Rosalind a écrit:
- Reprends-toi et adoucis ta voix trop métallique. Articule bien chaque syllabe. Ne te laisse pas couper la parole, mais ne sois pas non plus insoutenablement volubile.
Sois intimement persuadée que tu es fin prête pour ce débat. Là, c’est parfait. Tu as mis toutes les chances de ton côté, fonce ! Cesse de marmonner, se morigène-t-elle. Et rassemblant ses notes, elle entre d’un pas décidé dans la salle de réunion.
Ré – u – nion … Ces trois syllabes m’emportent dans une île chère à mon cœur, où les gens volubiles parlent dans un français parfait, panaché de créole. Le soir après le rhum arrangé, chacun conte ses randonnées, en se donnant le beau rôle bien sûr, même si intimement il faut bien reconnaitre qu’on s’y est repris à plusieurs fois, dans un brouillard à couper au couteau, avant d’atteindre le sommet de ce fichu Piton des Neiges ! Quel ravissement alors, dominant tout, avec à perte de vue la mer aux reflets métalliques.
- L’Ami a écrit:
- Isolde, les cheveux blonds délicatement tressés de chèvrefeuille volubile coupé à l’heure de la rosée, marche avec un port de reine parfait, le long de la mer aux reflets métalliques. Elle se reprend doucement de son cauchemar de la nuit, la voix figée, incapable d’articuler la moindre syllabe. Devant elle, au loin, à la réunion du ciel et des flots intimement mêlés, elle découvre cette couleur insoutenablement douloureuse de la voile.
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| | | Rosalind Ice and Fire Wanderer
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| Sujet: Re: Jeu littéraire pour chasser les idées noires : les textes ! Jeu 12 Mai 2022 - 19:46 | |
| 2/10 mai 2022 - Ysabelle a écrit:
Lune, Fête, Soleil, Bougainvilliers, Miel, Bleu, Bigarrée, Jasmin Joker : Ondée - Spoiler:
- L’Ami a écrit:
- Dans le doute, la nuit, elle guette la lune, ce sera fête, quand le soleil lui lâchera la main. Les bougainvilliers le savent, ils précèdent la « rupture » pour colorer les jardins. Hier, elle a chipé un pot de peinture destiné au boutre de son père, elle en fait son miel, il était temps de raviver de bleu volets et portes de la maison, blanchis par le vent de sable. Les murs fraîchement chaulés éblouissent le regard, les tentures bigarrées pendent le long des balcons. Yasmina est heureuse de porter un nom de fleur, heureuse de sentir le souffle de la mer.
- Clinchamps a écrit:
- Accoudé au parapet de la terrasse, il guette le passage fugace, dans les lueurs du coucher du soleil du mince croissant de lune qui donnera le droit de commencer la fête !! Aux parfums du jasmin, du thé à la menthe s'ajoutent les odeurs de friture des gâteaux ruisselants de miel. Le crépuscule atténue les dessins bigarrés des azulejos, et fait de la pourpre bougainvillée une masse sombre contre le mur blanc. Le soupir des vagues rythme les youyous des femmes et dans le ciel de plus en plus bleu nuit s'allume la première étoile.
- Fée clochette a écrit:
- Une colonne d'abeilles s'abat vrombissante, attirée par l'entêtante fragrance du jasmin qui s'épanouit sous le soleil. Le parfum sucré associé à celui des narcisses et des rosiers en cascade, ont convaincu les insectes de s'agglutiner en attendant de trouver un gîte pour continuer à produire leur miel.
L'apiculteur étale un drap bleu, dépose une ruchette toit ouvert dessus, secoue l'essaim au-dessus. La lente descente des insectes, vers la reine qu'il a capturée dans une minuscule cage, posée au fond, commence. Les abeilles, se pressent lentement. Pour les activer un peu, il imite une fraîche ondée, en vaporisant un peu d'eau. Les filles du soleil ne sont pas à la fête ! A l'ombre de la gloriette recouverte par les bougainvillées j'observe de loin. Lorsque la lune illuminera le ciel nocturne, elles dormiront protégées. L'apiculteur pourra les déplacer sans risque. - Selenh a écrit:
- Fête bigarrée
des bougainvillées si bleues sous l'ondée de perles.
Le miel du jasmin enivre Soleil et Lune. Je vous dis : amour. - Rosalind a écrit:
- La journée s’étire, paresseuse, sous la chaleur accablante du soleil de juillet. Au crépuscule le ciel se teinte de miel et d’or fondu, le parfum suave du jasmin exalté par une ondée aussi brève que bienvenue envahit l’espace.
Sur la place du village, à la lueur vacillante des lampions, une foule joyeuse et bigarrée se rassemble devant la fontaine près des bougainvilliers. Là-haut, la lune montante se détache sur le bleu de la nuit. Les premières notes de musique se font entendre, la fête va bientôt commencer. - Petit Faucon a écrit:
- L'air enivré, elle se penche vers le jasmin couvert de petites étoiles blanches, et en inspire avec délice l'odeur de miel, une vraie fête odorante. Plus loin il y a un plan luxuriant de bougainvilliers rose foncé, mêlé à une glycine bigarrée de mauve pâle et de lilas plus soutenu. Elle se dit comme Charles Trenet qu'ici, le soleil a rendez-vous avec la lune. Finalement, elle opte pour un céanothe, séduite par sa floraison bleu profond, et se dirige vers la caisse de la jardinerie d'un pas décidé.
- Elianor a écrit:
- Peut-être que ce soir, au clair de lune ou à l'heure bleue, lorsque je boirais mon thé au jasmin, les mots d'un coup vont jaillir, prêts pour la fête, bigarrés, multicolores, gorgés de soleil et d'enchantements, légers comme l'ondée d'été et aussi mystérieux que les bougainvilliers. Peut-être !
11/18 mai 2022 - Fée clochette a écrit:
- brume, jonc, candeur, chanter, précieux, ciste, tresser, lanterne
joker : miroir
- Spoiler:
- Clinchamps a écrit:
- Le doux éclat du précieux jonc d'or cerclant son poignet perce la brume du laudanum. La liqueur de cette résine de ciste, que son époux lui fait prendre depuis que sa passion pour lui l'a effrayé, lui a rendu sa candeur, mais a tué le désir qui chantait en elle. Ensommeillée, elle lanterne à sortir du lit, à brosser et tresser ses cheveux... A quoi bon ?
- L’Ami a écrit:
- Les langues de brumes effleurent les pointes de joncs d’eau dans la candeur de l’aube, tandis que l’effraie chante en vain pour traquer une proie. Sur son coussiège Agnès ravive ses précieux moments de Saint Jean d’Acre, les combats, les fêtes, les senteurs des roses de Damas, les tisanes de feuilles de cistes, pour apaiser coeurs et âmes. Elle tresse ses souvenirs, comme le long fil de sa vie, en fait une pelote, puis chassée par le froid, ferme la fenêtre, mouche sa lanterne.
- Selenh a écrit:
- Tombeau de Don Juan
Vers les joncs des marais des brumes se tressent. Idéale candeur. Lanternes silencieuses. Inès chante à gorge fermée, mon amoureuse, Et elle suit les contours, d'un doigt que rien ne presse, Des cistes ciselés sur mon urne précieuse. - Rosalind a écrit:
- Couronnés de thym et de marjolaine,
Les Elfes joyeux dansent sur la plaine. Egaré dans la brume, le voyageur suit avec candeur la lueur d’une lanterne vers un refuge illusoire, où la jeune reine tresse ses longs cheveux devant son miroir, et chante une mélopée envoûtante. Il oublie tout, les moments précieux de sa vie, les cistes odorants de son enfance, la fiancée qui l’attend, et contemple éternellement le reflet des joncs dans l’eau. - Fée clochette a écrit:
- A la lueur de sa lanterne, Zélie tresse des paniers, elle chante et parfois regarde l'étang que la brume du soir efface peu à peu. Disparus les joncs et les iris précieux, il ne reste que les tâches blanches des pétales des cistes tombés sur l'herbe, tout à côté d'elle. C'est l'heure bleue, l'heure calme.
19/29 mai 2022 - Rosalind a écrit:
- Gala, Port, Lumière, Atelier, Immortelle (ou immortel), Muse, Créer, Original.
Joker : maison - Spoiler:
- L’Ami a écrit:
- Oui, Elena adore le chaud business, les galas et tout le pataquès, le port des tenues de stars à se tordre les chevilles sous la lumière des flashs ou à s’effeuiller dans les « ateliers de jouissance » Elle y gagne d’être immortelle le temps d’un festival, elle muse, s’amuse ou refuse, juste pour créer le buzz. Et surtout : Savoir à quel moment exact, rompre la bretelle de son corsage pour apparaître originale devant mille objectifs.
- Clinchamps a écrit:
- On a rouvert la maison de Gala. Des immortelles poussiéreuses, oubliées là, ont tenté de donner un embryon de décoration au coin de l'atelier, où une mouche solitaire muse nonchalamment. Une lumière grise essaye de franchir les vitres ternies. Il y a longtemps que rien n'a été créé ici, une marine d'un port catalan, jamais finie, se drape de la touche originale d'une toile d'araignée.
- Selenh a écrit:
- Lire ou relire... Malpertuis
«Tout commence par des lumières qui s’éteignent mystérieusement. Bientôt l’horreur jaillira des murs même de la maison sur le port.» La muse de Jean Ray écrivant Malpertuis ne peut être que Moïra, la Moire des anciens grecs que craignaient même les immortels. Malpertuis ! Le diabolique Oncle Cassave emprunte ce nom original au Roman de Renart... mais il en a converti la malice truculente en désespoir. Ce «trou mauvais», ce passage du mal fait communiquer la nuit des temps avec un présent effarant que symbolise l’atelier du taxidermiste Lampernisse. Moins effarant, à tout prendre, que celui du monde dans lequel naquit cette histoire ? En effet, le belge Jean Ray créa cette épouvantable demeure et publia Malpertuis en 1943 ! - Ysabelle a écrit:
- La promenade le long du port était exaltante en ce matin de mai. Le spectacle de couleurs et de lumière offrait un joyeux gala pour les sens. Fasciné par la beauté des lieux, il était devenu impératif pour lui de créer une œuvre qui rendra immortel cet instant. Rien n'égalera évidemment, l'œuvre originale, se dit-il, mais il se dépêcha de regagner l'atelier pour profiter de ce moment idéal de la journée. Ce Havre est devenu sa maison, sa muse.
- Rosalind a écrit:
- Le poète a perdu son luth, sa muse désespère de lui. Il ne crée plus rien d’original depuis qu’il a été élu à cet atelier très académique qui ne compte pas que des lumières, hélas.
Le port d’un habit de gala et d’une belle épée rend peut-être immortel, mais pas forcément génial ! 30 mai/9 juin 2022 - L’Ami a écrit:
Soyeux, Ardent, Savoir, Panser, Treille, Officier, Tranchant, Élégance, Feindre (joker) - Spoiler:
- Selenh a écrit:
- Élégance surannée de cette vignette :
Sous la treille, l'officier tranchant de la reine Panse son arabe à la soyeuse crinière Et au regard ardent. Oui je sais, c'est très bête... - Rosalind a écrit:
- Mantra de l’officier
Boire le jus de la treille et se sentir ardent, Aimer caresser une peau soyeuse. Parler tranchant, sans jamais feindre, Et savoir panser ses blessures. Etre désespéré, mais avec élégance. - Clinchamps a écrit:
- Malgré l'élégance de son dolman aux reflets soyeux, le ton tranchant de l'officier lui fit grincer des dents, comme un verjus de treille, et lui donna l'ardent désir de lui crier au visage : Je sais panser un cheval, peut-être mieux que vous ! mis il s'en tint prudemment à un silence respectueux.
- Elianor a écrit:
- Il savait blesser avec élégance, le bel officier ! Toujours ardent, il attaquait, moquait, riait avec le tranchant de son verbe. Soyeux dans ses compliments et rugueux dans ses querelles, il feignait l’insensibilité pour cacher son cœur meurtri qu’il n’avait jamais réussi à panser.
- L’Ami a écrit:
- La moustache soyeuse, la prunelle ardente, à savoir capable d’embraser le coeur d’une jeunette, le cavalier bouchonne son alezan avant de le panser. Sous la treille Manon l’observe discrètement officier, le geste tranchant tout en élégance.
9/16 juin 2022 - Elianor a écrit:
- Evanescent, sourire, rester, papier, petit, deviner, goutte, silence
- Spoiler:
- L’Ami a écrit:
- Ses souvenirs évanescents se perdent dans un sourire interrogatif, que reste-t-il de sa vie de bourlingue. Là, posé, immobile sur sa chaise, une feuille de papier vierge en main, un message vain, tendu au premier quidam passant. Petit à petit le sommeil l’envahit, quand soudain: « Devinez qui a encore oublié de prendre ses gouttes, hein le papé ! J’vous mets la télé, c’est l’heure des Feux d’l’Amour, ça va vous changer du Silence des Agneaux d’hier soir »
- Clinchamps a écrit:
- Les derniers tintements évanescents de la cloche à vent se perdent dans le silence revenu, que rompt seulement le goutte-à-goutte tombant des feuilles des bambous. Le papier translucide des shoji laisse deviner la clarté du petit matin, tel le sourire d'une paix retrouvée après le typhon dont les restes sont encore à découvrir.
- Selenh a écrit:
- Un petit papier
Un sourire évanescent - Goutte de silence
Oui j'ai deviné : tu restes ! - Rosalind a écrit:
- Dans un petit coffret en bois de rose, quelques photos pâlies, des lettres au papier jauni et à l’encre à demi-effacée, un camée et une bague en argent, tout ce qui me reste de mon aïeule.
Un sourire aux lèvres, je tente de deviner ce que fut sa vie, ses joies et ses peines. Des souvenirs évanescents, se diluant goutte à goutte dans le silence de l’oubli. 16/23 juin 2022 - Rosalind a écrit:
- Île, Magique, Conquérir, Pierre, Fauve, Ligne, Mordant, Reconnaître
- Spoiler:
- L’Ami a écrit:
- Les dunes majestueuses se succèdent les unes après les autres. Dans l’aurore rosissante l’oasis, île magique aux promesses de repos, de sources et de chants, accueille la longue caravane. Les chameaux blatèrent à l’odeur des norias, les enfants cherchent à grands cris, pères, frères, enfin leurs héros, ceux qui conquièrent depuis toujours ces océans de sables, de pierres de couleur fauve quand décroît le soleil le long des lignes des montagnes aux crêtes acérées mordant l’horizon. Doucement le caravansérail se fige, ils reconnaissent l’appel du muezzin pour un temps de paix.
- Clinchamps a écrit:
- "Je dois bien reconnaître", dit-il d'un ton mordant," que conquérir cette île demanderait l'emploi de la potion magique."
"Nul depuis Guillaume n'y est parvenu", répliqua Pierre en caressant Fauve, son chat roux, "et il te faut changer la ligne de ton histoire."
- Elianor a écrit:
- Assis sur un énorme rocher, il contemplait la ligne d'horizon. Tout au bout, dans la lumière du matin, se dressait son île. L’île qu’il avait conquise durant l’été, son lance-pierre à la main. Avec le mordant de la jeunesse, il s’était imaginé combattre des fauves monstrueux tous plus féroces les uns que les autres. Drapé d’une aura presque magique, il avait triomphé de tous les dangers. Il devait bien reconnaitre qu’il avait vécu là ses plus beaux moments.
- Rosalind a écrit:
- Longtemps l’île resta cachée aux yeux de tous. Nul ne pouvait y aborder du temps des druides, car ils traçaient des lignes magiques la rendant invisible.
Puis les Vikings l’ont conquise, mordant sa terre tels des fauves affamés. De nos jours on reconnaît les anciens lieux de culte, dolmens et pierres dressées. - L’Ami a écrit:
- Robinson crut Zoé sur toute la ligne, la copine de Vendredi venue de l’Île amère, une contrée septentrionale.
Il l’avait conquise par son adresse au lance-pierre magique, cadeau d’une petite sirène au regard fauve mais aux effluves marinées, il faut reconnaître le mordant de la chose.
- Selenh a écrit:
- Rahan se retire en lui-même. Chaque homme est une île, il le sait bien depuis qu’il a conquis la sérénité des anciens de la tribu. Ce pouvoir n’est pas magique, il le comprend maintenant, mais il faut reconnaître qu’il paraît moins illusoire que ceux du sorcier.
Il pose au sol son coutelas d’ivoire. D’une pierre, dont il a fait jaillir en la choquant contre une autre un impeccable mordant, il trace d’une main sûre une ligne parfaite du menton à l’anus du fauve. Le sang perle, et se fige aussitôt. Il entonne alors un chant aux mânes de la bête, puis commence à la dépouiller délicatement, de la pointe de son coutelas. 24 juin /3 juillet 2022 - Clinchamps a écrit:
- Maison, maternel(le), main, évaluer, film, difforme, recueillir, boîte
- Spoiler:
- Rosalind a écrit:
- D’un coup d’œil expert elle évalue la maison, pas trop loin de sa boîte, et à deux pas d’une école maternelle, impeccable pour les enfants.
Un charmant petit jardin, elle se sent déjà la main verte, imagine un rosier grimpant, et un cerisier dont elle recueillera les fruits pour en faire des confitures. Le mur d’angle légèrement difforme la contrarie, mais recouvert de vigne vierge il deviendra romantique. Elle s’accorde encore cinq minutes de rêve, à tourner le film idéal d’une vie de famille comblée, puis poursuit son chemin, triste et solitaire. - L’Ami a écrit:
- Ce sont ses deux préférées, Marie et Jacqueline, dans sa maison de chênes. Il ne peut les croiser sans un geste maternel, de ses mains pourtant calleuses il évalue les imperceptibles vibrations même sous un film de poussières. Bien qu’au repos, ses deux bourdons murmurent discrètement à son approche, lui si difforme et pourtant si fier à leur égard. Dessous, dans la nef, les fidèles se recueillent.
_Ce soir c’est Noël, tout Paris vous entendra à minuit plein à la volée, foi de Quasimodo, s’exclame-t-il, oui je boite, je claudique comme vous mes belles quand vous chantez, et alors ? - Selenh a écrit:
Ce film dans ma tête : Recueillant le thermomètre, La main maternelle.
Fièvre évaluée, Caresse à ma joue difforme : «Reste à la maison»
Et ma dent qui tinte, Dans une petite boîte, Un grelot d'enfant. 3/23 juillet 2022 - Selenh a écrit:
- Conduire, montagnes, début, s'étendre, à nouveau, magique, jusqu'alors, étourdi
Joker : conscient - Spoiler:
- Rosalind a écrit:
- Mon attraction favorite ? sans hésiter, les montagnes russes !
Au début tout semble magique, tu as l’impression de conduire un bolide. Jusqu’alors ravi, et encore conscient. Puis, au bord de l’évanouissement tu fermes les yeux, et à la descente, étourdi, les jambes flageolantes, tu t’étends sur le sol avec la tête qui tourne. Enfin essayer à nouveau, en gardant les yeux ouverts … - L’Ami a écrit:
- Conduire sa vie, c’est comme cheminer en montagne. Ne pas sur le début, s’étendre. Se laisser porter béatement, contempler le paysage quand il nous sourit, puis sortir à nouveau du magique, s’atteler à la voie, en se rassurant par un : « Jusqu’alors tout va bien ». Le soir, au refuge dans son duvet, glisser sans résistance dans les bras de Morphée, étourdi par ses caresses de pavot.
- Elianor a écrit:
- Au début, tout était sous contrôle. Chaque nouveau livre le conduisait pourtant dans cette même impasse. Avec une régularité magique, les piles grossissaient et s’étendaient. Jusqu’alors cantonné au bureau, le flux était à nouveau prêt à envahir une ou deux pièces supplémentaires. Étourdi par les montagnes de feuillets qui l’entouraient, il osait à peine respirer tant il redoutait l’Effondrement qui lui ferait tout recommencer à zéro, si près du but. Il attendait avec fébrilité le Dernier Mot. Celui qui, tel un magicien, feraient se recroqueviller les empilements pour les faire disparaitre comme par enchantement.
- Clinchamps a écrit:
- Ma vie jusqu'alors ne m'avait jamais conduite en montagne. Dès le début du voyage, quand le bus a commencé à escalader la route en lacet, j'ai eu conscience de changer d'univers. Des forêts grimpaient et s'étendaient de part et d'autre des masses granitiques vertigineuses. Le bus tourna à nouveau et s'arrêta au point de vue. Une fois descendue, je suis restée figée, étourdie par la beauté magique d'un horizon de sommets neigeux qui s'alignaient, à perte de vue.
- Lzinzinule a écrit:
- Au début, elle n’avait pensé qu’à conduire au plus vite à travers les montagnes, impatiente de cueillir pour son herbier l’une de ces fleurs qu’ils avaient vues la veille et dont, au fond elle connaissait le nom : myosotis. A peine arrivée, elle comprit pourtant qu’elle avait surtout hâte de plonger à nouveau dans l’ambiance envoûtante des pierres celtiques. Tout ici était empreint de sacré. Son regard se posa sur les pétales délicats qui semblaient s’offrir à elle. Elle tendit la main. Une violente bourrasque arrêta son geste. Dans ce sanctuaire jusqu’alors si paisible et magique, le vent s’imposa, s’engouffra jusqu’à l’âme, la laissant étourdie, hors du temps. Elle s’avança jusqu’à la pierre la plus grande et y posa les mains. Elle n’eut pas conscience de s’étendre dans l’herbe. Un léger souffle entrouvrit ses lèvres. En sortit le nom des fleurs, comme une prière « Ne m’oubliez pas ».
23 juillet/2 août 2022 - Elianor a écrit:
- Lumière, minuscule, suivre, brume, tranquille, vert, source, sertir
- Spoiler:
- Selenh a écrit:
- Amazonie
Venue des sources si lointaines, presque légendaires, une brume tranquille suit le cours du bras d'eau entre les arbres. Doucement, elle s'étale jusqu'au berges, invitant au sommeil ; bientôt elle engloutira notre embarcation. Mais vers l'embouchure clignotent encore des lumières minuscules serties de vert par le clapot et on ne peut en détacher le regard jusqu'à ce que les yeux las se ferment seuls. - Ysabelle a écrit:
- Il était surpris de découvrir en guise de grande source, un minuscule ru, enfoui parmi une végétation luxuriante. Pourtant, il avait suivi scrupuleusement les indications fournies. II n'était néanmoins pas étonné, connaissant la tendance de sa sœur, à sertir de diamants, le plus vilain des morceaux de ferraille. Il sourit en avançant d'un pas tranquille, pour profiter de la lumière éclatante qui dissipait petit à petit, la brume matinale, révélant ainsi le tendre vert des feuilles juvéniles.
- Rosalind a écrit:
- Suivant le chemin indiqué, il s’est enfoncé dans les ténèbres et le danger.
De la brume de son esprit, émerge l’image de la Dame, debout dans l’herbe verte, un présent entre les mains. « Une lumière quand toutes les autres lumières se seront éteintes » Il brandit le cristal d’étoile. La minuscule lueur sertie dans la fiole, tout d’abord faible source tranquille, s’intensifie et brûle telle une flamme éblouissante. - L’Ami a écrit:
- Cette lumière près de la lune, minuscule, suit la fin de la nuit. Chère au berger, elle disparaît quand la brume se lève et que le troupeau s’ébranle, tranquille. L’herbe verte gorgée de rosée laisse filer les sources en amont du lac serti des prés d’embouche.
- Clinchamps a écrit:
- La lumière traversait des écharpes de brume qui, paisibles et tranquilles, s'étiraient ou se lovaient au gré de la brise. Elle allumait des diamants sur les gouttes minuscules que la source accrochait aux brins d'une mousse d'un vert presque luminescent. Serti dans l'anneau du bassin, le reflet du ciel moirait la surface, empêchant de suivre la nage languide de la carpe koï qui y vivait.
3/13 août 2022 - L’Ami a écrit:
- Arabesque, Languir, Touchant, Fraîche, Souffle, Fleurer, Suffisant, Sombre
- Spoiler:
- Clinchamps a écrit:
- Les arabesques des notes languissantes du koto pénétraient au cœur de la sombritude de son âme. Se suffisant à elle-même, la mélodie ne nécessitait aucun autre instrument, ni le souffle mélancolique de la flûte, ni le frais tintement des grelots de cuivre, ni le touchant violon chinois, fleurant toujours l'excès d'émotion.
- Rosalind a écrit:
- Encore et toujours la canicule, pas un souffle d’air ! je me languis de la fraîcheur de l’automne…
En attendant, volets fermés, je reste confinée dans une pièce sombre, touchant le fond de l’ennui. Lire ? oui, mais quoi ? Regarder la télé ? que des programmes débiles… Tiens, Arabesque ! parfait, ça fleure bon le rétro, et largement suffisant pour mes neurones surchauffés. - Selenh a écrit:
- Je revois la scène... Film ou roman ? Dans une chambre qu’on imagine fleurer âcrement le désinfectant, l'infirmière effleure la surface de l'eau fraîche, puis la touchant à peine, semble tracer des arabesques sur la poitrine du mutilé. Ce n'est pas suffisant, il ne comprend pas qu'elle trace des lettres. Le regard de la jeune fille se fait sombre et languissant, elle se fatigue, se décourage, puis soudain elle se ranime, recommence, mais cette fois elle souffle sur chaque lettre d'eau tracée. Je crois que c'était dans Johnny s'en va-t-en guerrre (Johnny got his gun).
- L’Ami a écrit:
- En cette Arabesque il n’est point permis de languir, même en accents touchants. Fraîche et volage, son souffle fleure sur le clavier un parfum discret, suffisant, qui enchantait Clara, à l’humeur si sombre.
- Petit Faucon a écrit:
- Pas un souffle ne dérange l'air languissant qui fleure légèrement le jasmin.
L'herbe sèche lui picote les épaules et les jambes ; des yeux, elle suit la pipistrelle qui trace des arabesques rapides sur le ciel sombre, touchant par instant la cime noire des tilleuls, puis revenant en une course heurtée. Elle s'imprègne de l'odeur fraîche de la nuit, et songe que ce moment est suffisant pour lui apporter la sérénité propice au sommeil. - Elianor a écrit:
- L'heure la plus sombre approchait. L'air était immobile et fleurait bon les arômes suaves de la nuit. De tous les recoins du jardin montaient les chants légers et languissants des créatures nocturnes. Par moments, les arabesques gracieuses des chauves-souris touchant des rayons de lumière faisaient refléter leurs soieries obscures. Le souffle court, il sortit précipitamment sur la terrasse pour échapper à la touffeur intérieure et se gorger de la brise fraîche. Appuyé contre la balustrade, il se sentait déjà mieux. Mais la fraicheur ne serait pas seule suffisante pour le débarrasser de la rage qui était montée en lui au cours de la soirée.
- Ysabelle a écrit:
- Le souffle léger de la brise était suffisant pour propulser haut le cerf-volant, qui se mit à dessiner des arabesques folles dans le ciel. Le spectacle des petites têtes qui suivaient sa danse languissante était très touchant. La soirée était un peu fraiche et ils n'osaient même pas fleurer de leurs pieds le bord de l'eau. Cela les occupa donc un bon moment. Il faisait bien sombre quand la petite troupe regagna affamée, le bungalow.
16/30 août 2022 - Petit Faucon a écrit:
- Couvrir, Onduler, Brusquement, Ainsi, Transparent, Carré, Lueur, Déchirure
- Spoiler:
- M. Rosalind a écrit:
- Un bruit étrange le réveille. Un vent violent s’était levé brusquement, causant la déchirure d’une partie de son abri de toile, et annonciateur de fortes pluies.
"Mon Dieu, les meules, il faut les couvrir !" Il se précipite, applique l’échelle contre la plus grosse et fixe le carré de tissu imperméable qui ondule sur son sommet. Déjà, les premières gouttes s’écrasent, et sa chemise devient transparente. Là-bas, des lueurs apparaissent, les secours arrivent. Ainsi, tout ne sera pas perdu, pense-t-il, soulagé. - Clinchamps a écrit:
- Une déchirure s'ouvrit dans la masse de nuages et, brusquement la lumière inonda les champs que couvrait une toison de blés mûrs. Leur masse ondulait sous un vent à l'odeur chargée de pluie, se creusant d'ombres évoquant un océan de tempête. Des lueurs fugaces d'éclairs lointains palpitaient dans les nuées. Ainsi, durant un court instant, l'air fut d'une transparence de cristal, et, carré dans l'anfractuosité de la roche, l'homme attendit l'orage qu'il savait bientôt advenir.
- Rosalind a écrit:
- Dans la grande salle du château, la lueur des flambeaux éclaire les tables couvertes de venaison. Carré sur sa chaire sculptée, le seigneur ripaille avec ses compagnons de beuverie, et devant eux, le fou jongle avec des balles, tandis qu’une danseuse ondule au rythme du tambourin, un tissu transparent laissant deviner ses formes.
A travers la déchirure d’une tenture son épouse observe la scène, les larmes aux yeux. Ainsi, c’est pour cela qu’il me délaisse, murmure-t-elle en se détournant brusquement. - L’Ami a écrit:
- Il a quinze ans, c’est peu quinze ans pour un jeune tambour. Son regard couvre l’immensité du champ de bataille. Les colonnes d’infanterie ondulent au gré du terrain. Brusquement l’officier annonce de battre en roulement continu. Ainsi l’ordre devient transparent : « Former le carré, sur quatre rangs, bien serré » face à la cavalerie annoncée. Il frappe de ses baguettes, de tout son soûl pour ne pas entendre les cris à venir, ferme les yeux pour ne pas voir la lueur des canons, ignore la déchirure de l’air par un boulet..., il frappe, il frappe.
- Selenh a écrit:
- Rayon papeterie
« - Regarde, comme le papier qui couvre le bouquin de démonstration est joli, avec son motif de carton ondulé et ces carrés transparents qui permettent de faire apparaître les références inscrites sur la première de couverture...
- Hum... à la lueur des expériences passées, est-ce bien raisonnable pour équiper une brise-fer comme ma nièce ? Tu tires un peu brusquement sur un coin, ainsi, et hop, regarde, le montage trop fragile se disloque et c'est la déchirure assurée. » - Ysabelle a écrit:
- Les cailloux jetés brusquement dans l'eau provoquaient des déchirures qui troublaient le transparent liquide. Une lueur traversait à chaque coup, le petit visage émerveillé. Les yeux écarquillés, il suivait l'eau qui ondulait un moment, avant de couvrir la surface troublée. Le dernier caillou jeté, il regarda avec regret la petite boite carrée vide à présent, et se rappela ainsi qu'il avait oublié la mission dont l'a chargé sa maman. Il se mit à courir de toutes ses forces.
30 août/8 septembre 2022 - Ysabelle a écrit:
- Sortir, Renaissance, Artifice, Contemporain, Heureux(se), Voyage, Volonté, Aspiration
Joker : Regard - Spoiler:
- Rosalind a écrit:
- Décidément le monde contemporain ne répond pas à mes aspirations. Trop d’artifices, peu de sincérité. Pourtant avec un minimum de bonne volonté et de sagesse, il aurait été possible de tourner vers l’avenir un regard heureux.
Comme j’aimerais sortir de ce siècle absurde ! si les voyages dans le temps existaient, la Renaissance m’attirerait. Une époque certes dangereuse et cruelle, mais du moins vouée à l’Art et la beauté. - L’Ami a écrit:
- Au sortir de cette touffeur, c’est une vraie renaissance sans artifice. Bienvenue dans notre société contemporaine, heureux homme. Te voilà prêt pour un long voyage si tel est la volonté du destin. Allongé sur son ventre, sens-tu son regard plein d’amour.
- Fée clochette a écrit:
- "Cessez donc ce regard en coin qui évalue la force de ma colère, Monsieur !"
"Certes je suis fâchée mais je sors de chez vous en femme libérée de notre courte connaissance. J’ai hâte d'oublier vos manières étouffantes. Dorénavant, mes aspirations ne tiendront aucun compte de vos volontés. Le voyage que j'entreprends, sera une renaissance, et non point comme vous l'imaginez un artifice d'hétaïre pour attiser votre intérêt." "Adieu, Monsieur, je brise là nos liens, je veux être enfin heureuse et choisir mon destin !" - Clinchamps a écrit:
- Elle lui avait dit : "Quand tu sors, tu fais un petit voyage en bus et on se retrouve à la Re. "Devant son regard interrogatif, elle avait ri et précisé "La Renaissance, le bar de la grande place, c'est là que nos contemporains viennent se retrouver après les cours !" Et il se tenait là, sur le trottoir, heureux de l'invitation, mais sans la volonté de pousser la porte, son aspiration à s'intégrer plus faible que sa maudite timidité. Quelqu'un le dépassa et lui donna l'artifice du courage en entrant. Il le suivit comme on se jette à l'eau.
- Selenh a écrit:
- Mercredi ! Il va falloir te gendarmer, ma fille, et sortir le nez de tes préparations scolaires pour participer à notre Jeu littéraire hebdomadaire...
Mais si, amis incrédules, je dois faire œuvre de volonté pour interrompre mon voyage de rentrée dans mes aspirations pédagogiques surabondantes ! Je suis tellement heureuse d'offrir toute cette culture à mes élèves ! Rien qu'au cinéma de Pessac, pour le festival du film d'histoire, déjà, c'est un feu d'artifice de propositions exaltantes. Par exemple, l'étude filmique d'un Roméo et Juliette style Renaissance -le Zeffirelli bien sûr- à mettre en regard de celui, plus contemporain, réalisé par Baz Luhrmann : Romeo + Juliette. J'adore ! 8/17 septembre 2022 - Fée clochette a écrit:
- chemise - empire - gilet brodé - fougueux - vision - caresser - aguicher - toaster -
joker : beauté. - Spoiler:
- Clinchamps a écrit:
- Elle alluma le toaster et la cafetière, et balança rageusement la chemise de carton vert sur le bureau. "Même pour un empire, je ne le ferai pas ! Mais il se prend pour qui, cet aristo fauché, pour un héros fougueux, avec son gilet brodé crasseux ! Il se croit où, à essayer de m'aguicher de ses regards appuyés, et sa façon ringarde de caresser sa moustache maigrichonne ! Sa seule vision me révulse !"
- L’Ami a écrit:
- Bienvenue chez les immortels murmure-t-il en déposant son discours dans une chemise cartonnée, sur son bureau Empire. Il a commandé son habit vert, un gilet brodé d’or décoré de rameaux d’oliviers. Ses amis lui ont offert son épée dont il est très fier, avec pour symbole un cheval fougueux comme poignée, suite à une vision la nuit précédente de son élection.
Il fait quelques allers-retours dans sa bibliothèque, caresse de fabuleux projets tout en ne quittant pas des yeux le grand miroir, aguiché par sa propre image, dans cet habit de toute beauté. - Petit Faucon a écrit:
- Sur la surface plombée que le soleil s'amuse à toaster, une demoiselle au gilet brodé de moirures turquoise stationne un peu, puis caresse le sommet des massettes déplumées par le vent fougueux.
Quand je pense qu'Alain voulait passer le week-end à Paris ! Pour un empire je ne voudrais échanger cette vision sereine contre une file de touristes tassés entre deux barrières au pied de la tour Eiffel ! Et la randonnée donne un charme aguicheur à Alain, sa chemise lui colle sur les flancs, je le trouve plutôt sexy. Ces quelques jours vont nous faire du bien ! - Rosalind a écrit:
- - « Comment me trouves-tu ? » demande mon époux, boudiné dans le gilet brodé de notre mariage. Les boutons de sa chemise menacent de lâcher sous la pression du petit bedon qu’il caresse en clignant de l’œil d’un air aguicheur.
Je peine à garder mon empire sur moi-même à cette vision, et nous pouffons en chœur, évoquant les fougueux élans de notre jeunesse. - « Ote vite cette tenue ridicule, le champagne attend au frais, toastons à nos noces d’or ! » - Elianor a écrit:
- Installé à son bureau depuis plusieurs heures, il frissonna soudain. Il enfila hâtivement un gilet brodé par-dessus sa chemise. Il se sentait fatigué d’avoir autant écrit. Il descendit rapidement de son tabouret, s’installa confortablement sur son fauteuil préféré et alluma sa meilleure pipe. La vision de son salon parfaitement aménagé le ravit. Il n’échangerait sa douillette maison contre aucun empire ! Fermant les yeux sur cette belle pensée, il laissa les souvenirs remonter à sa mémoire. Il revit les fougueux compagnons de sa jeunesse, son périple aventureux, les beautés qu’il avait pu admirer aux quatre coins de la contrée. Une pensée insidieuse vient soudain caresser son esprit. Comme aguiché par elle, il ouvrit brusquement les yeux et porta instinctivement la main à sa poche.
18/25 septembre 2022 - L’Ami a écrit:
- Favorite, béguin, toile, priser, suave, avantage, capricieux, exquis. Joker : essence.
- Spoiler:
- Selenh a écrit:
- C'en est fini. L'ancienne favorite tourne son visage vers le sol et ferme les yeux. Foin de ces avantages frivoles, de cette beauté périssable. Ses boucles capricieuses tombent sous les ciseaux de la tourière, exhalant à peine le souvenir de cette essence suave, exquise, que le roi prisait tant. La tête enserrée maintenant dans un béguin de toile, elle se laisse aller sur les dalles de tout son long, les bras en croix. En elle et tout autour d'elle il n'y a plus que le Christ.
- Rosalind a écrit:
- Sur une huile à la toile éraflée, dénichée au fond du grenier, j’observe le portrait de mes trisaïeuls, et m’interroge.
Lui, imposant, arbore d’épais favoris, et bombe le torse d’un air avantageux. A ses côtés, sa ravissante épouse, vêtue d’une robe exquise et probablement fort coûteuse, esquisse un sourire suave. Était-elle sage, ou capricieuse ? Lui fut-elle fidèle, ou a-t-elle eu le béguin pour un autre, plus séduisant ? Car j’imagine que son mari devait fumer, ou peut-être même priser, quelle horreur ! Ces lettres nouées d’une faveur bleue, me révéleront-elles quelques secrets ?
La Fanny je ne la prise guère et m’en méfie. Rien qu’une petite peste capricieuse dont l’activité favorite consiste à barjaquer et balancer d’exquises rosseries d’un ton suave. Mais mon Toni c’est son béguin depuis la maternelle, elle l’a entortillé dans sa toile et à présent qu’elle sait mettre ses avantages en valeur, il en devient fada de cette cagole. - L’Ami a écrit:
- Ben moi com’ chl’ai djà dit à Robert, la Ginette c’est plus ma favorite. Ch’concède qu’ça été mon béguin quanqu’ j’étais encore minot. On s’en ait fait des toiles au ciné, vu qu’elle prisait les histoires d’amour et pas qu’ les plus suaves, surtout celles qui s’finissent mal et souvent pas à l’avantage des capricieuses. J’guettais toujours la première larme, Haaa ! ce moment exquis d’abandon._ Bon Marcel tu nou’remets ça, fait soif !
- Fée clochette a écrit:
- Elle saisit une des montures de lunettes posées sur la toile de présentation : "J'ai le béguin pour celle-ci, je la trouve exquise, elle est ma favorite.
Je me sens un brin capricieuse aujourd'hui, fini le respect des conventions dictées par la société qui veut qu'une vieille dame aime la sobriété, les couleurs fades, feutrées ! " Elle ajusta les lunettes sur son visage, s'examina attentivement. "Je prise fort leur originalité. Cette monture multicolore est l'essence même de mon désir actuel de légèreté, de fantaisie. L'avantage c'est qu'ainsi, les rides de mon visages sont singulièrement atténuées puisque l'on ne voit que les lunettes ! " L'opticien acquiesça d'un air presque solennel, mais non dénué d'amusement.
26 septembre/3 octobre 2022 - Selenh a écrit:
- épaisseur pavé couper horizon nues aveugler résister carreaux engourdi Joker : gênant
- Spoiler:
- Rosalind a écrit:
- La journée avait pourtant bien commencé. Il pédalait, heureux, tranquille, sans remarquer qu’à l’horizon le ciel se chargeait de nues épaisses. Alerté par des roulements de tonnerre menaçants, il envisage de couper à travers champs. Trop tard, bientôt un véritable déluge s’abat sur lui.
Aveuglé, il lâche d’une main le guidon pour essuyer ses carreaux, dérape sur les pavés mouillés et chute violemment. Le vélo a résisté mais la roue avant est voilée. Trempé et engourdi, il s’en retourne à pied, poussant péniblement sa machine, et songe que « l’enfer du Nord » mérite bien son nom … - L’Ami a écrit:
- L’épaisseur des nuages gris filtre la lumière. Allongé sur le pavé, gras, humide, il n’a pas coupé à la crosse des gendarmes. Étendu, face au ciel, l’horizon ce sont les nues. Aveuglé par le sang de sa blessure, ses forces l’abandonnent, il ne résiste plus, fatigué, chiffonne sa casquette à carreaux, un présent de sa femme. Tout ça pour une vie de mineur, son corps s’engourdit, de plus en plus lourd. _Dormir, murmure-t-il dans un ultime souffle.
- Fée clochette a écrit:
- Il montait les escaliers en colimaçon.
Il s'arrêta près de la longue lucarne et posa son front sur la vitre froide. Dehors les nues menaçantes occultaient la ligne d'horizon. La lumière aveuglante de la grosse lanterne illuminait, intermittente, les pavés de la plateforme du phare. Engourdi, il réalisait enfin, que demain, serait son dernier jour de veille. Rien ne résistait au progrès, rien ! Le gestionnaire des balisages des côtes couperait pour l'automatiser, la corne de Brume, lui, Célestin, viendrait parfois se recueillir dans le phare, surtout les jours de tempête, dos contre le mur pour sentir vibrer son épaisseur, pieds tanqués sur les carreaux de la grande salle, comme antan.
Dehors, rien ne résistait à l'orage. Les nues obstruaient l'horizon et la pluie heurtait le pavé violemment . Dix sept heures, le soleil aveuglant du matin avait laissé subitement place à un crépuscule sinistre. Une branche du vieux chêne s'abattit devant la fenêtre en gênant la fermeture des volets de bois. Henriette engourdie d'inquiétude au bruit du tonnerre sursauta, saisit son carreau de dentellière, et fit voltiger les fuseaux frénétiquement tout en jetant parfois un regard inquiet dans l'épaisse noirceur de la cour.
Avec plus de la moitié de son corps enfoui dans la faille de granit, ses jambes engourdies par l'immobilité et le froid, elle fouillait à l'aveugle la cavité enfouie sous l'argile. - Cyril, je sens une épaisseur, comme un pavé, ou un carreau lisse, ça résiste, ça coupe et ça pique aussi ! - Aurais-tu trouvé les dents de la mer ? plaisanta son compagnon. - Idiot ! je fatigue, tu me remplaces. Les nues traînaient, l'enveloppaient d'humidité glacée. Elle mangea un "mars" pendant que Cyril piolet et burin en mains, ôtait les aspérités gênantes. Bientôt, il arracha un magnifique cristal de roche en hululant de joie. -- c'est le jackpot ma puce, il y a du monde dedans ! - Petit Faucon a écrit:
- A l'approche de la bouée, il faut jouer serré : ça se joue sur l'épaisseur d'un fil ; il ne faut pas couper trop court pour garder de l'élan sur la partie suivante, et pouvoir résister à son concurrent le plus sérieux. Aveuglée par le soleil de face, qui filtre entre les nuées, elle vire juste au bon moment ; les bras engourdis par la tension nerveuse, elle jette un coup d'oeil latéral sur Esprit de sel, qui a viré un peu large, ce qui lui laisse un peu de temps pour affaler le spi à carreaux qui offre trop de prise au vent. L'horizon commence à se couvrir de cumulus semblables à de gros pavés gris bien alignés. Il va lui rester juste assez de temps pour remporter la régate avant la pluie.
4/11 octobre 2022 - Fée clochette a écrit:
- résonner, forêt, brocard, charrette, dague, pestilentiel, mue, splendide.
joker : cuivre - Spoiler:
- Selenh a écrit:
- Les cors de cuivre font résonner la forêt.
Le vieux cerf haletant bondit hors de sa voie, atterrit dans un taillis et débuche un brocard d'un coup de sa tête splendide que la mue a dénudé. Le jeune mâle surgit juste sous le nez du premier chien, à lui la dague du coup de grâce et la charrette qui ramènera sa dépouille fumante au château. Le Vieux a échappé une fois de plus à la chasse farouche. - L’Ami a écrit:
- Un silence, lourd, rien ne résonne dans la forêt, à la différence de la traversée de la ville où il s’est fait brocarder tout du long assis dans la charrette d’un bouvier. De rage il serre sa dague, prêt à occire le premier quidam qui, si d’aventure venait à s’approcher. Ici du moins, plus personne ne lui jette des détritus de tous genres à l’odeur pestilentielle. Sa quête mue par son amour est le prix à payer pour la délivrer. Chaque nuit elle se dresse splendide dans ses rêves.
- Rosalind a écrit:
- Mue par le désir irrésistible d’échapper au moins un court instant aux remugles pestilentiels du quartier des tanneurs, Mahaut se dirige vers le site de la cathédrale en construction. Elle évite avec agilité charrettes et tombereaux, et marche d’un pas pressé, sans s’arrêter devant les étals des artisans lui proposant bijoux, ceintures, dagues et autres objets splendides mais bien trop chers.
Sur le chantier en pleine activité, les voix des compagnons résonnent, railleries et brocards fusent joyeusement. Avant de rentrer au logis, la jeune fille observe les charpentiers travaillant là-haut à l’assemblage de la forêt qui soutiendra la toiture, et cherche des yeux son frère Jehan, et surtout Guilhem son promis, qu’elle doit épouser au printemps prochain. 13/24 octobre 2022 - Rosalind a écrit:
- Vieux, Jardin, Cahier, Changer, Thé, Souffrir, Feu, Clandestin
Joker : étoile - Spoiler:
- Clinchamps a écrit:
- En désespoir de cause, bien décidée à ne plus souffrir du démêlage matinal, elle piqua les vieux ciseaux de la cuisine, et entreprit une taille clandestine de ses cheveux. Crac ! Crac Les deux nattes sont tombées ! C'était sûr que ça allait la changer ! Ensuite, quelques beaux jardins sur la nuque obligeraient à un passage chez la coiffeuse, inscrit en premier sur son cahier, juste sous la ligne "marre des tresses à 17 ans !" Maintenant, installée au coin du feu, avec un bouquin et un thé, elle attendait de pied ferme le retour maternel et l'explosion qui en suivrait ! Mais ce qui était fait ne pouvait plus être défait !
- L’Ami a écrit:
- Je ne dirais pas que vous êtes vieux-jeu mais, vraiment vous avez un esprit digne d’un jardin à la française, quadrillé comme un cahier d’écolier, peu enclin à changer. Reprenez un peu de thé et souffrez d’entendre mes conseils, ce feu qui en vous sommeille, je le sais, n’attend qu’un souffle pour raviver vos passions clandestines.
- Selenh a écrit:
- Dans ce vieux jardin,
Nos feux clandestins, Se cachaient du monde :
Une rose, un thé, Le cahier secret, L'étoile dans l'onde...
Il fallut souffrir, Changer de désir, Entrer dans la ronde.
Mais le rêve ancien, Né du vieux jardin, Embaume ce monde.
- Petit Faucon a écrit:
- On raconte que le gardien du jardin s'était profondément endormi à l'ombre du vieux pommier, comme il lui arrivait souvent après midi.
Il lui apparut un enfant accompagné d'une belette ; l'enfant lui montra un cahier ouvert, sur lequel étaient inscrits des caractères reconnaissables, mais dont les mots restaient obscurs. L'homme regarda la belette grignoter un coing odorant, se demandant comment elle pouvait souffrir un goût si âpre, et soudain l'enfant se changea en renard, presque aussi petit que son animal ; ils se glissèrent clandestins entre les hautes herbes, et s'évanouirent. Le gardien alors remua les braises pour ranimer le feu, et prépara un thé bien fort pour dissiper l'angoisse de son rêve. - Rosalind a écrit:
- Dans ce tripot clandestin on ne sert pas de thé, mais des boissons plus fortes qui mettent la gorge en feu. Et le lendemain c’est tout le cerveau qui souffre…
Jack sait que s’il continue ainsi il ne vivra pas vieux. Il se promet de changer, mais ne peut s’y résoudre. Il griffonne fébrilement des histoires sur des cahiers d’écolier, c’est là son jardin secret. Il ignore encore qu’un jour il sera publié, et brillera telle une étoile au firmament avant de s’éteindre prématurément. - Elianor a écrit:
- Il ouvrit la porte du jardin abandonné comme on ouvre un vieux cahier d’enfant : avec nostalgie et l’appréhension de découvrir ce qui pourrait avoir changé. Après quelques pas timides au milieu des broussailles comme un clandestin qui cherche à devenir l’ombre qui le protège, il reprend assurance. L’arbre à thé a souffert de ses années de solitude mais il a été épargné par le feu. Sous les herbes folles, il revoit les couleurs et les beaux massifs d’autrefois. Le travail sera long et difficile, mais il redonnera au jardin son lustre d’antan.
25 octobre/6 novembre 2022 - Clinchamps a écrit:
- Arrêter, refus(er), course, demain, volonté, bonheur, satiété, violent
- Spoiler:
- L’Ami a écrit:
- Arrête s’il te plaît, arrête. Tu refuses ou tu dérobes, cette course à l’échalote ne te mènera nulle part, pas plus aujourd’hui que demain. Ta seule volonté c’est de prendre : « tu connais le prix de tout et la valeur de rien* » C’est loin d’être du bonheur ça, c’est du cynisme à satiété. Tu fais partie de ceux qui violent nos préceptes, sans aucun état d’âme, pauvre homme !
(*O. Wilde) - Rosalind a écrit:
- Son désir le plus cher, cette année, aurait été de passer un Noël tranquille, devant un bon film avec des marshmallows. Oui mais voilà, elle n’a pas eu la volonté de refuser l’invitation chez ses parents.
Alors, aujourd’hui elle n’a pas arrêté. Comme toujours la course contre la montre pour dénicher les cadeaux, la foule dans les magasins, la bousculade dans le métro… Enfin rentrée, épuisée, elle s’affale sur son canapé avec une canette de « Soucoupe violente » bien fraîche et soupire en pensant que demain, il lui faudra feindre le bonheur devant la dinde desséchée, et se forcer à sourire jusqu’à satiété. - Petit Faucon a écrit:
- Depuis plusieurs décennies des voix isolées se sont élevées, nous avons refusé de les entendre, lovés dans notre confort et notre petit bonheur de nantis. La machine que nous avons enclenchée depuis deux siècles s'est emballée mais sa course peut encore être arrêtée, si nous unissons nos volontés de changer de mode de vie. Le réveil est violent et il est dur de renoncer à la satiété et au superflu, mais il est urgent de le faire, pour que demain garde un sens heureux.
- Selenh a écrit:
- Dame Clinchamps, arrête un peu ton bras, comme dirait l'autre l'autre (Ronsard ? Hugo ?). Un petit délai ne serait pas de refus, effectivement. Avant demain, même, j'aurai fait quelque chose, c'est promis.
Pas faute de volonté de ma part, juré, mais pour l'instant c'est trop violent : la course contre le temps, des copies jusqu'à en gerber à satiété. Beeeerk ! Il est où le bonheur, il est où ? 7/15 novembre 2022 - Petit Faucon a écrit:
- Fièvre, Espace, Joueur, Surprenant, Evident, Ombrer, Creuser, Infiniment
- Spoiler:
- L’Ami a écrit:
- Épuisée, c’est son troisième jour de fièvre, tout son corps n’est qu’espace de douleur. La mousson tarde, un rayon de soleil joueur, filtré par les lames du volet balaye son visage au rythme des nuées, surprenant des gouttes de sueur. Le pronostic est évident, il ombre son regard, creuse ses joues. Elle n’entend même plus la nourrice qui allaite son enfant avec infiniment de tendresse.
Dis donc tête d’oeuf, ici c’est pas la « Fièvre du samedi soir » ni un défilé à « l’Espace Cardin » C’est réservé aux joueurs, pas à la Belote ni au Bridge mais au Poker. Oui Monsieur, aussi surprenant que ça te semble. Menteur comme un arracheur de dents tu pourrais y trouver ta place c’est évident même si ta présence me gonfle. Alors t’arrête de crier « ombré » à chaque carré d’as que t’abats. Pis malgré ton QI de lombric, creuse un peu tes méninges pour cadrer avec le décor, ça me fera infiniment plaisir. J’te jure Robert, que t’es …à un point, parfois ! - Rosalind a écrit:
- Pas évident ce terrain creusé et bosselé qui s’est révélé surprenant.
Les joueurs discutent avec fièvre en plein soleil, tandis que sur les bancs ombrés par les mûriers platanes, les femmes bavardent en surveillant les enfants. Avec infiniment de minutie, l’arbitre mesure l’espace entre deux boules. Qui gagnera le point décisif et question cruciale, qui paiera l’apéro ce soir ? - Elianor a écrit:
- Pris d’une subite fièvre artistique digne des plus grands peintres, Vic bataillait ferme avec son pinceau. Il avait laissé son instinct de joueur prendre le dessus et cela en valait la peine. La pièce toute entière vibrait avec lui. Dans le petit espace de son atelier tout ne respirait que par la peinture. Les couleurs naissaient avec une évidente clarté dans son esprit. Les mélanges se formaient avec une surprenante facilité. Il ombrait et creusait les motifs avec dextérité. Tout devenait infiniment plus simple.
- Clinchamps a écrit:
- Le sublime silence des espaces sidéraux, qu'on n'a pu jamais qu'infiniment rechercher, puis enfin découvrir, si surprenant par la notion de négation même du son, rend évident mieux que toute autre sensation ou vision, la petitesse minuscule de ce joueur puéril et fou, creusant, avec une fièvre inconsciente le gouffre d'ombre où il se précipitera.
16/23 novembre 2022 - L'Ami a écrit:
- Inavouable, Surprendre, Pièce, Suave, Rondeur, Mordant, Bénir, Santal
Clore (Joker) - Spoiler:
- Clinchamps a écrit:
- J'ouvris d'une main hésitante le vieux coffre abandonné dans la pièce mystérieuse, close depuis des années, au dernier étage. Un parfum mordant et âpre de santal s'en dégagea, les mites n'avaient pas dû bénir la grand-mère d'y avoir enfermé ses vêtements et ses secrets inavouables ! En y farfouillant, je découvris, à plat au fond, un daguerréotype d'une jeune beauté au chignon en brioche et aux rondeurs suaves ! Y reconnaître - à peine !- mon aïeule ne fut pas sans me surprendre !
- Rosalind a écrit:
- Le parfum âcre du bois de santal lui rappelle son enfance et le rituel hebdomadaire du passage au confessionnal. Chaque samedi il s’amusait à inventer les péchés les plus inavouables qu’il débitait avec arrogance, d’un ton mordant. Mais le bon vieux curé, tout en rondeur, ne se laissait plus surprendre.
D’une voix suave il énonçait toujours la même sentence : « Pour ta pénitence, tu diras trois pater et trois ave, en méditant sur tes mensonges. Et ne t’avise plus de soutirer les pièces du tronc avec un chewing-gum, ni de cracher dans l’eau bénite, je t’ai à l’œil. » - L’Ami a écrit:
- Oui, c’est inavouable Monsieur le juge, je me suis laissé surprendre par sa présence incongrue dans le bénitier. Elle, pas plus grosse qu’une pièce de cinq francs, avec un regard suave, une rondeur fragile mais une fraîcheur de peau mordante dans ma main, je la déposait, cette petite grenouille, délicatement, sur le pavillon de ciboire aux effluves de santal et ne pus résister à lui donner un baiser tout en la bénissant, sur sa délicieuse bouche. Et pour clore cette histoire Monsieur le juge, c’est là qu’elle se transforma soudain en une jolie petite fillette.
- Elianor a écrit:
- Une odeur suave, pleine de charme et de rondeurs, parvint soudain jusqu’à lui, annonçant l’arrivée d’une nouvelle personne. Il bénit son odorat sur-développé qui lui permettait de ne pas se laisser surprendre. Avant que la personne n’entre dans la pièce, il avait le temps de préparer mentalement quelques compliments appropriés ou quelques répliques mordantes pour clore rapidement la conversation si besoin. S’il jugeait le parfum suffisamment agréable, il pouvait même lui arriver de se laisser aller à d’inavouables pensées en imaginant la personne qui venait à lui.
25 novembre/ 7 décembre 2022 - Elianor a écrit:
- Message, drôle, vaguement, nouveau, préparer, eau, haut, distinguer
Challenge supplémentaire si le cœur vous en dit, mais ce n'est pas une obligation : prendre la suite de mon dernier texte et dévoiler qui entre dans le bureau de mon personnage. - Spoiler:
- Selenh a écrit:
- Mais pas cette fois. Ce qu'il distinguait du nouveau venu -oui ce message olfactif provenait décidément d'un être de sexe masculin, et même du Très Haut Personnage- le prépara à parer l'attaque très-humblement. « Sire, murmura-t- il, vaguement, puis feignant de s'enhardir dans le silence qui suivit : «j'ai cru… » Mais Henri n'était pas d'humeur.
- Vous n'êtes que des drôles, Cromwell, vous et ce maudit peintre ! Vous avez osé ! Renvoyez-moi pour commencer cette génisse flamande de l'autre côté de l'eau. Allez ! nous verrons ensuite ce que nous ferons de vous. - L’Ami a écrit:
- Je me doutais bien que ce message olfactif d’effluves avinées ne présentait rien de bon, ce drôle aux prétextes vaguement crédibles ne visait qu’un peu de numéraire pour cuver jusqu’à la fin du mois. Ce qui est toute autre chose à propos de cette nouvelle personne précédée d’une fragrance d’iris. J’entends le pas, léger, hésitant. Un coup d’oeil au miroir, j’ai juste le temps de me préparer à la recevoir, un peu d’eau pour ma mèche rebelle. Du haut de mon fauteuil, je l’accueille en souriant mais avec un air un peu soucieux, elle va devoir me convaincre et me donner des preuves, disons personnelles, pour que je la distingue des autres quémandeurs.
- Clinchamps a écrit:
- Il pouvait déjà distinguer la fragrance de l'iris vaguement mêlée à une autre senteur, plus sauvage... Voyons... La fougère ? La mousse ? Le message était complexe à déchiffrer !! Un drôle de pressentiment lui traversa l'esprit... Cette odeur de plus en plus intense... mais oui !! La naphtaline !! L'eau avait dû couler sous les ponts depuis la dernière sortie de ce...manteau ? Cape ? Adieu les rêves de nouvelle rencontre charmante ! Mais il avait eu beau se préparer, il n'en tomba pas moins de son haut quand la vieille rapiéceuse de hardes tourna le coin de la rue ! C'était jour de fête, et elle faisait prendre l'air à son col de renard roux dont aucune mite n'avait jamais dû oser s'approcher sous peine de mort immédiate !! Fuyant le spectacle et les odeurs, il s'empressa de retourner chez lui où de délicats pots-pourris répandaient en tous temps une atmosphère délicieuse !
- Rosalind a écrit:
- Cette fois-ci son odorat l’avait trompé. Il se préparait à accueillir une jeune femme, et pas cette drôle de gamine haute comme trois pommes, dont il ne distinguait que vaguement la silhouette car il avait ôté ses lunettes.
Alors mon prince, tu le prends ce message, ronchonna-t-elle avec un accent faubourien de la plus belle eau, j’vas pas attendre jusqu’à perpète. Et oublie pas mon pourliche ! Voici celle qu’il me faut pour gagner mon pari, se dit-il. Je vais lui enseigner les bonnes manières, je ferai d’elle un être nouveau, je serai son Pygmalion.
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| | | Rosalind Ice and Fire Wanderer
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| Sujet: Re: Jeu littéraire pour chasser les idées noires : les textes ! Lun 19 Déc 2022 - 0:17 | |
| 8/18 décembre 2022 - Rosalind a écrit:
- Temps, Cercle, Gingembre, Hanter, Vague, Moqueur, Enivrer, Maudit
- Spoiler:
- L’Ami a écrit:
- Ce temps est bien loin, quand le piano bastringue animait le cercle des notables pour le punch et les biscuits au gingembre, le dimanche au Pays Cajun. Les chants de douleur à ramasser le coton hantent les nuits poisseuses, tandis que les vagues espoirs de liberté s’estompent au rythme des saisons. Qui se soucie encore de l’oiseau moqueur, et de ses mélodies enivrantes dans ce pays maudit.
L'est l'temps que j'cause à Robert, dans le cercle de mes potes, c’qu’il pense de ce maudit piaf de bouge, qui imite les hirondelles, pas la rousse à vélo mais, les moqueuses gazouillantes, celles qui ne font pas le printemps comme dit Georgette, la régulière du patron toujours à regingembrer(*) derrière sa caisse. Entre nous à ct’heure, y a longtemps qu’elle n’hante plus mes nuits avec son vague à l’âme de midi net et son haleine à enivrer un polonais. *Néologisme exotique métaphorique de bistrot venant de gingembre, lié à une attitude à caractère stimulant, voire agressif. - Selenh a écrit:
- Par vagues grises il revient me hanter
Depuis les plus lointains cercles du temps Le maudit oiseau moqueur énivré De poudre noire et de gingembre ardent - Clinchamps a écrit:
- "Maudit sois-tu, carillonneur ! Que Dieu créa pour mon malheur..."Les vagues sonores des voix d'enfants scandant le canon franchissaient les fenêtres ouvertes et venaient troubler le cercle des maîtres réunis pour régler une question d'importance : Lucas Martin s'était-il enivré à la bière de gingembre, ou avait-il fait seulement semblant ?"Je pense que nous l'avons arrêté à temps !", déclara doctement le maître de philosophie. "Cependant", rétorqua le maître de rhétorique," une question me hante : où l'a-t-il trouvée ?" Les voix des chanteurs se turent, et dans le silence revenu, le sifflement moqueur d'un merle jaillit des buissons sous la croisée ouverte, aussi joyeux que l'éclat de rire qui l'accompagnait.
- Rosalind a écrit:
- Nicolas atterrit sur le tapis dans un nuage de poussière de suie et soupire à la vue des biscuits au gingembre disposés en cercle autour d’un verre de lait.
- « Maudite tradition, ce n’est pas ça qui va m’enivrer ! Prochaine étape, le château hanté. Là au moins on s’amuse, ils n’ont pas de vague à l’âme et tout le temps devant eux ! », grommelle-t-il d’un ton moqueur. - Elianor a écrit:
- Léonie jeta un rapide regard par la fenêtre pour jauger le temps. Une tempête de flocons assortie d’un vent moqueur hantaient son jardin « Maudite neige » grommela-t-elle avant de porter à nouveau un regard vague sur sa recette. Elle n’en avait plus besoin depuis longtemps mais elle avait trop l’habitude de se reporter à son cahier pour ne pas le faire. Elle mêla les œufs et le sucre, ajouta la farine et la levure, une cuillerée de cannelle, une de gingembre, une pincée de sel et remua énergiquement. Fermant les yeux un instant, elle se laissa enivrer de la chaleureuse odeur de la pâte. Puis elle l’étala sur une plaque et saisit son cercle métallique pour former les futurs biscuits.
- Ysabelle a écrit:
- Des souvenirs vinrent me hanter, du temps où j’allais passer mes vacances chez elle. Le cake au gingembre dont le parfum m’enivrait dès que je franchissais la porte, nos fous rires et nos nuits blanches, son ton tendre et moqueur, tandis qu’elle m’apprenait quelques recettes, … Une vague d’émotions me submergea, tandis que le dernier cercle du soleil se noyait à l’horizon. Maudit soit le rythme de nos vies actuelles. Il nous éloigne des choses les plus importantes.
19/29 décembre 2022 - Ysabelle a écrit:
- Dessin ou dessein, Olivier, Sérénade, Noircir, Trait, Faribole, Splendeur, air(s)
Joker : Confident - Spoiler:
- L’Ami a écrit:
- Depuis quelque temps, il s’exerce à des académies à dessein de séduire son vieux maître porté sur les formes pulpeuses. À chaque remise de ses esquisses, il subit régulièrement une critique, cassante comme du bois d’olivier, toujours la même sérénade : _ Ha, ce besoin de noircir ton trait à qui mieux mieux, ce sont des fariboles que tu nous présentes là ! Aucune sensualité, ce que tu nous proposes est une négation du volume dépourvue de toute splendeur de la chair. Un air de Giacometti boursouflé de suffisance.
- Selenh a écrit:
- « Attt...tention, je vous interromps à dessein, cher Olivier, le jury proclame maintenant les résultats du marathon des attelages à quatre, et...et..et OUIIIII ! nous avions par trop noirci le trait (ah ! ah !): malgré leurs airs dissipés, Confident, Faribole, Sérénade et Splendeur, vos poneys farceurs, sortent indubitablement vainqueurs de l'épreuve ! »
- Rosalind a écrit:
- Etendu sur le sable, le visage noirci par la fumée, l’aviateur respire à grands traits l’air glacé du désert. La vie est une splendeur, songe-t-il.
Comment ai-je survécu à ce crash ? je dois délirer, quel est cet enfant étrange ? Que dis-tu ? un dessin de mouton ? et pourquoi pas un renard, une fleur, ou un olivier ? Tu ne voudrais pas en plus que je te chante la sérénade ? Trêve de fariboles, aide-moi plutôt à me relever et va chercher du secours. - Clinchamps a écrit:
- Dans l'ombre des vieux oliviers les quelques braises d'un feu mourant posaient un trait de lumière sur le manche de la guitare du gitan. Il jouait en sourdine une sérénade flamenco. Quel était son dessein ? Attirer l'ingénue à la jalousie de la fenêtre par ses airs lancinants ? Son visage noirci de barbe se penchait sur l'instrument comme vers un confident aimé, les notes s'égrenaient, fariboles légères et dansantes, bulles de savons sonores qui s'évanouissaient aussitôt sous la splendeur étoilée de la nuit andalouse.
2/11 janvier 2023 - Clinchamps a écrit:
- Oubli, retard, pardon, chercher, sec, confiance, imaginer, espérer
- Spoiler:
- Selenh a écrit:
- Sylvestre : mais ce tour là, Scapin, c'est quasiment de l'abus de confiance ! Tu n'imagines pas, j'espère, que ton maître, même s'il a excusé tant d'oublis et de retards de ta part, rira de la facétie et t'accordera son pardon ? Attends-toi plutôt, pour ton exploit, à bastonnade, cachot et pain sec ! Et tu l'auras bien cherché, par ma foi !
- L’Ami a écrit:
- Non Monsieur l’agent, ce n’est pas un oubli, juste une étourderie, j’ai laissé mon permis à la maison, je vous l’apporterai demain au commissariat avec un peu de retard, j’en conviens. _ « Le pardon ne couronne -t- il pas la grandeur » (*)_Non Monsieur l’agent je ne cherche pas à détourner la conversation. _Comment ? Au régime sec ? Et en garde à vue ? Moi qui vous faisais confiance en tant que gardien de la paix, entre nous belle formule ! je n’imaginais pas un tel égarement de votre part. Bon, trêve de bavardage, si on allait causer autour d’une bonne bière, hein ? non ? Que je descende de ma voiture ? Pour aller ? Ha dans le fourgon ! J’espère que vous la conservez dans une glacière, bien fraîche.
(*)Hazrat Ali. - Rosalind a écrit:
- Nous sommes complètement à sec en cette fin d’année, pas question de partir pour Noël, pardon de vous décevoir.
Mais voici ce que je vous propose : Cette nuit, embarquons sans retard pour un voyage de rêve. Oublions les soucis, imaginons une île où nous chercherons le fameux trésor, il suffit parfois d’espérer et avoir confiance pour trouver le bonheur. - Ysabelle a écrit:
- Le maitre claqua la porte d’un coup sec, tout en sermonnant Omar pour ses retards répétitifs. Ça commence à devenir intenable, se dit ce dernier. Ça ne sert plus à chercher des excuses, ni à espérer un pardon. La confiance est rompue depuis longtemps. Il pensait depuis quelques semaines à abandonner ses études pour aller travailler. L’école n’est pas pour des enfants comme lui. Il a pourtant, tenté de faire des efforts. Ils vont d’ailleurs vite tomber dans l’oubli. Maintenant, il va falloir imaginer un plan l’annoncer à sa mère. "Omar", dit le Maitre comme s'il lisait dans ses pensées, "il va falloir que tu continues tes efforts. C'est du bon travail".
11/18 janvier 2023 - Ysabelle a écrit:
- Odyssée, poème, colombe, mouvement, récit, retour, maritime (ou marin), extraordinaire
Joker : déesse - Spoiler:
- Clinchamps a écrit:
- Quelle odyssée que sa vie !! Un poème en vingt-quatre chants, un récit symphonique en plusieurs mouvements, aux senteurs marines et aux extraordinaires échos guerriers. Son retour sera salué d'un envol de centaines de colombes et de sacrifices dont les fumées monteront vers la Déesse, sa protectrice.
- Selenh a écrit:
- Un mouvement tout près de sa main l'a réveillée. La colombe curieuse qui s'était posée sur l'appui de la fenêtre s'effare et s'envole. L'enfant ferme son livre et marmonne son résumé : «L'Odyssée est le récit d'un retour au pays, celui d'Ulysse, petit roi peu guerrier, mais extraordinaire marin et favori de la déesse Athéna...» Sa voix flanche déjà. Quel ennui ces leçons ! elle, elle préfère apprendre des poèmes.
- L’Ami a écrit:
- Comme Homère, je vais vous conter l’odyssée de ce foutu marin incapable de retrouver son chemin. Dix ans à faire le point avec les étoiles, un poème ce capitaine au très long cours, un cabotin de première ! Passait son temps à roucouler comme une colombe pour nous faire le récit de son siège de Troie en Asie mineure. Tu parles d’un retour, une vraie galère, un délire maritime, des escales à n’en plus finir dont une où on s’est retrouvés transformés en cochons par une déesse, la Circé, qui nous a fourgué un hachisch foireux pour nous aider à ramer, ben tiens ! Et le plus extraordinaire, nous faire croire que sa meuf faisait de la tapisserie en l’attendant, entourée d’une ribambelle de prétendants aux intentions douteuses, je pouffe.
Embarqué comme mousse que j’étais, juste pour la durée du voyage, une arnaque ouais ! - Rosalind a écrit:
- Dis, Papy, raconte quand tu as rencontré Mamy.
Encore ? décidément tu ne te lasses pas de ce récit, ma colombe ! J’étais marin, de retour sans un sou en poche. J’ai fait du stop et une superbe DS s’est arrêtée. J’en suis resté sans mouvement tellement elle était belle. La voiture ? mais non, ma colombe, la déesse au volant ! Le coup de foudre. Nous avons parlé, ri, chanté et dit des poèmes, nous avions tant de choses en commun. Le temps nous a semblé trop court, et nous avons décidé de continuer la route ensemble. Notre vie fut une odyssée extraordinaire, et nous voici maintenant, presque arrivés au bout du voyage. - Petit Faucon a écrit:
- "Je ne sais pas si tu réalises quelle odyssée extraordinaire cela a été pour moi, que de partir au service militaire au Sénégal ! Rends-toi compte, je n'étais jamais sorti de chez moi, petit gosse de banlieue ! Alors, la traversée maritime sur la Méditerranée puis l'Atlantique, le paquebot toujours en mouvement, et parfois une colombe qui se posait un instant sur les chaloupes de secours, c'était tellement nouveau, tellement exotique, tout un poème ! Au retour, presque deux ans plus tard, tout m'a semblé si petit, si mesquin." Elle sourit en entendant ce récit, qu'il aimait à répéter à ses proches, pour se convaincre du chemin parcouru depuis.
19/26 janvier 2023 - Petit Faucon a écrit:
- Terrasse, lumière, neige, préparer, corner, éblouir, tinter, tournoyant
- Spoiler:
- L’Ami a écrit:
- De sa terrasse, tôt le matin, il aime contempler la lumière du lac, les premiers reflets du soleil sur les massifs alpins couverts de neige. Toujours lié à cette vision lui vient à l’esprit : « Si nous voulons que tout reste pareil, il faut que nous changions tout. » Comment s’y préparer ? Corner au Sénat que « Sans révolution, point de salut ». Éblouir les nouveaux riches dans les salons quand tintent les flûtes et pétille le champagne. Ou simplement griser une jeune fille bien dotée, lors d’une valse tournoyante.
- Rosalind a écrit:
- Vacances
Haut dans le ciel le vol tournoyant des hirondelles trace de gracieuses arabesques. La lumière de cet après-midi d’été inonde la terrasse d’une blancheur de neige. Eblouie, elle pose son livre aux pages cornées et ferme les yeux. Sur la colline, les sonnailles des brebis tintent de façon irrégulière. Bercée par le son apaisant, elle s’assoupit. Les rires des enfants la réveillent. S’étirant comme un chat, elle se lève avec nonchalance pour préparer leur goûter. - Clinchamps a écrit:
- La lumière pure de l’hiver inonde la neige épaisse qui recouvre les rizières en terrasses de Tokamachi, elle éblouit, le vent soulève les cristaux scintillants tournoyants dans l'air glacé. Le temps de préparer le repiquage est encore loin, pense le moine en faisant tinter le bronze de la cloche, cornant l'heure du retour au travail.
- Ysabelle a écrit:
- En cette période de l’année les terrasses étaient moins peuplées. Il aimait profiter de ces moments de calme pour écrire. La lumière baignait les dernières feuilles jaunies, qui sous l’effet de la brise, dansaient en tournoyant dans l’air, avant de venir se coucher en froufroutant sur le sol. Il entendait corner dans les bois lointains, annonçant le retour des alpages, avant l’arrivée des premières neiges. Pendant qu’à son habitude, le garçon préparait son café, il écoutait tinter les ustensiles, tandis que ses pensées voyageaient lentement dans les dédales d’un autre monde. Il se laissait alors éblouir par la magie des mots.
- Selenh a écrit:
- Tinte la clochette de l'élévation. La messe s’achève et au château, de l’autre côté de la terrasse que forme le parvis de l’église au-dessus de la Côle, un serviteur va bientôt corner l'eau pour appeler au repas de fête de ce dernier dimanche de janvier 1223.
Au-delà de la rivière, la campagne immaculée scintille sous les rayons d'un soleil radieux et nous éblouit au sortir du porche encore obscur. Les enfants se précipitent sur les boules de neige qu’ils ont préparées avant le service divin, pour une rapide bataille, tandis que mon cœur purifié se réjouit, simplement, de la lumière inattendue de ce jour d'hiver limpide. Mais les sautes glacées d’un petit vent tournoyant font frissonner mes épaules, j’agrippe au passage -et dans un concert de protestations- les mains d’Ysabelle et Rosalind qui s’enivraient du jeu, et les entraîne en courant vers la chaleur du logis. - Elianor a écrit:
- Au réveil, une lumière blanche irradiait depuis la terrasse à travers les rideaux légers. "La neige !". Quelques flocons tournoyants voletaient encore, mais le soleil n'allait pas tarder à éblouir les yeux mal préparés à un tel scintillement de blancheur. Après un temps de silence ouaté, la cuisine commence à tinter de mille bruits qui annoncent des délices. Je pose mon vieux livre tout corné et enfile rapidement une veste, neige ou pas, le déjeuner n'attend pas !
30 janvier / 9 février 2023 - L’Ami a écrit:
- Lustre, Franc, Gracile, Celer, Perçant, Bruisser, Fléchir, Troublant
- Spoiler:
- Rosalind a écrit:
- « Cela fait des lustres que je n’ai pas plaidé une affaire aussi troublante.
Le juge peut se laisser fléchir si vous parvenez à l’émouvoir. Il est réputé sévère mais juste. Attention, son regard est perçant. Surtout, soyez franche et ne celez rien. » Elle rejoint le banc des accusés, silhouette frêle et gracile, tandis que la salle commence à bruire de mille murmures. - L’Ami a écrit:
- Voilà des lustres, pour être franc que je la contemple, gracile à la fraîcheur du matin, sa délicatesse dans mon coeur celée à jamais. Quelquefois, perçant une chute prématurée de flocons, en nous offrant ce rouge lumineux qu’ont les joues d’enfants quand il neige. Courbée sous le vent d’Est, dans une supplique, elle bruisse contre le mur, la tête fléchie, troublant mes souvenirs enfouis sous les sables de Damas.
- Clinchamps a écrit:
- Les feuilles des roseaux bruissent, la rivière chantonne sur ses cailloux, le cri perçant d'un oiseau trouble la paix de l'instant. Il avance dans le courant vers celui qui l'attend. L'aîné pose un regard franc et clair sur la silhouette gracile de Celui qui vient. L'aîné fléchit le genou pour emplir ses mains en coupe, puis verse l'eau lustrale sur la tête inclinée du plus jeune. Ils sont seuls, pourtant ce geste ne sera pas celé.
- Ysabelle a écrit:
- C’est troublant, cette façon qu’il avait de se mouvoir, avec légèreté, faisant à peine bruisser ce qu’il frôle sur son passage. Gracile, le port altier, c’est aussitôt, pour ceux qui l’ont connue, l’image de sa mère qui se superpose instantanément dans les esprits. Comme pour éliminer tout doute et celer à jamais cette fusion avec elle, il posait sur vous un regard franc, perçant, sans jamais fléchir le premier. Marchant sur ses pas, Il entretenait ainsi le lustre de celle qui a enchanté par son art, des générations d’admirateurs.
- Selenh a écrit:
- Il l'a trouvée la source légendaire que cèle le bois des fées. Le lustre du cresson qui la dissimule a attiré son regard perçant.
À la dérobée, il effleure la surface de l'eau, troublant à peine un lapereau qui s'immobilise, puis il fait un pas en arrière. À l'appel secret, une biche s'approche alors, sans faire bruire la moindre feuille. Les jarrets fléchis, étirant son col gracile, le suppliant dirait-on, de son œil enfantin, si doux et si franc, elle touche, du bout de son petit nez frais, la main tendue du Prince. - Elianor a écrit:
- Il entra dans un souffle, troublant à peine l'air ambiant. Les rideaux bruissèrent faiblement au passage de sa silhouette gracile. Il resta un instant, genoux fléchis, dans l'encoignure de la fenêtre. Après quelques secondes de silence, il se redressa et promena son regard perçant dans la pièce. Elle avait perdu de son lustre d'antan mais restait tout à fait confortable. Il s'installa d'ailleurs dans un moelleux fauteuil pour réfléchir à son aise. Il devait trouver rapidement ce que cette pièce celait. Son commanditaire avait été parfaitement franc avec lui : sa vie sauve serait sa récompense.
12/26 février 2023 - Selenh a écrit:
- Canaille, Coquine, Puzzle, Outrancier, Blâmable, Impérial, Séparément, Ainsi
Joker : Cèdre du Liban - Spoiler:
- Petit Faucon a écrit:
- Menu du couronnement
Huitres de la baie du mont Saint-Michel, sauce canaille Petits pâtés impériaux et sauce au gingembre de Thaïlande
Brochet braisé et ses petits légumes du Devon Filets de sandre fumés au bois de cèdre du Liban sur lit de jeune roquette Poularde coquine en demi-deuil Fricassée blâmable de souchettes et shiitakés au cerfeuil Houmous de fève edamame au macis outrancier de muscade
Verrines de desserts façon puzzle coloré
Servis séparément et à volonté : Café d'Arabie à la cardamome de Bengalore Thé noir de Ceylan finement fermenté Rooibos du Cap Kéfir de fruits du dragon ainsi filtré - Rosalind a écrit:
- C’est entendu, tu es une coquine, et moi une vieille canaille.
Voici mon plan : dorénavant, arrêtons de nous conduire de façon outrancière, et agissons discrètement et séparément. Ainsi, nous ne serons en aucun cas blâmables, car personne ne pourra reconstituer le puzzle. Qu’en penses-tu? impérial, non ? - L’Ami a écrit:
- Oh la petite canaille, ooh la coquine, oooh Pomponette, avec en plus un alibi façon puzzle, que j’y comprends rien. Que dire de la vanité outrancière de ce passant du clair de lune, de la conduite blâmable de ce berger de gouttières, de ses fadaises impériales. Té, petite bécasse va, tu me fatigues, mange mes brioches, séparément ou trempées dans ton lait ainsi que tu aimes le faire.
- Clinchamps a écrit:
- Je ne peux voir le mot canaille sans entendre Eddy Mitchell, ni coquine sans revoir en esprit les beaux yeux de Rose !
Puzzle aura toujours la voix de Bernard Blier, et blâmable la mollesse d'un reproche sans conviction. Outrancier sur son perchoir regarde le monde de haut, vis à vis d'un impérial qui se pousse du col ! L'ordinaire séparément cache des profondeurs de chagrin, qu’ainsi ne saurait pas forcément expliquer. Je laisse le cèdre du Liban seul sur son drapeau. - Ysabelle a écrit:
- Elle n’était pourtant pas blâmable, Marinette. Poursuivie par cette canaille, cette coquine s’est jetée la tête la première dans la mare jouxtant le cèdre du Liban. Impérial, il la dardait d’un regard outrancier, tandis qu’elle pataugeait, cherchant à se sortir du puzzle d’algues enchevêtrées. Ainsi, il avait fallu l’aide inespérée d’un passager pour mettre fin à cette malheureuse situation.
Les personnages : Marinette la coquine est une poule, le voyou, c'est le chien des voisins 28 février/6 mars 2023 - Clinchamps a écrit:
- Années, solitaire, convertir, croisée, guerres, retraite, incrédule, septembre
- Spoiler:
- Rosalind a écrit:
- Le vieil homme solitaire, assis derrière la croisée, regarde tristement au loin. Les vignes, autrefois débordantes d’activité en septembre, ont été converties en lotissements depuis des années. Les guerres qu’il a menées pour s’y opposer n’ont servi à rien, et aujourd’hui, à la retraite, il observe, incrédule et désemparé, un paysage qu’il ne reconnaît plus.
- L’Ami a écrit:
- Voilà bien des années qu’il a déserté l’Assemblée, ses exaltations, ses ivresses. Il découvre la paix du solitaire, ne cherchant plus à convertir à la croisée des salons et du quartier Saint Louis de Versailles. Les guerres, les victoires ont suivi avec leurs lots de misères. Sa retraite des affaires publiques lui donne le recul nécessaire pour comprendre à quel point il fut incrédule devant ce déchaînement de haines, devant les massacres de Septembre ou la mort d’un roi pour élire un empereur, puis un autre Bourbon et ainsi de suite.
- Selenh a écrit:
- De ma retraite solitaire,
J'observe, incrédule, À la croisée du temps, Les années se convertir en poussière.
Bientôt le premier de septembre Ne sera plus mon jour de l'an, Et si j'ai gagné toutes mes guerres Je redoute à présent de perdre mes enfants. - Ysabelle a écrit:
- Cela lui semble pour le moins étrange qu’elle souvienne d’elle. Elles s’étaient croisées il y a des années, lors d’une mission humanitaire. Elle se souvient d’une femme courageuse et dévouée, mais toujours solitaire. C’était un mois de septembre et il faisait encore doux, comme pour narguer ces guerres assassines et interminables qui secouaient certaines régions. Comme ça semble loin aujourd’hui ! Elle avait hâte d’en savoir plus sur elle. Aujourd’hui en retraite, elle lui avait annoncé au téléphone son intention de se convertir au bouddhisme et d’aller vivre définitivement au Tibet. Cette nouvelle l’avait laissée incrédule.
9 mars/2 avril 2023 - Selenh a écrit:
- Rutiler, Jubiler, Éclabousser, Rugissement, Simplicité, Ferveur, Coquet, Indolemment
Joker : Allègre. - Spoiler:
- L’Ami a écrit:
- Le lac frémit, d’abord en ondes discrètes, la pointe de l’épée émerge lentement, puis son visage, ses boucles de feu rutilent à la lumière. Une voix douce, dans un souffle plane sur l’eau, monte en ton jusqu’à jubiler. Son corps irisé de gouttelettes éclabousse l’ombre des sous-bois, tandis que le chant s’empare de l’espace dans un rugissement terrifiant, ce cri est là pour confirmer la force de ses charmes à la faveur de ses humeurs. D’une démarche indolemment trompeuse, La Dame du Lac glisse dans le fourreau de pierre, celle qui forgera la légende. Sur le pommeau, en toute simplicité, une mésange s’allègre.
- Rosalind a écrit:
- Indolemment allongée sur son transat à l’ombre d’un parasol, la jeune femme surveille du coin de l’œil les garçons qui s’éclaboussent avec allégresse.
A ses côtés, Martine sa petite dernière, toute coquette dans son maillot de bain fleuri, cherche des coquillages, jubilant quand elle en trouve un particulièrement joli, qu’elle lui offre avec ferveur. Les épaules des enfants commencent à rutiler malgré la généreuse couche de crème solaire, il est temps de rentrer pour un déjeuner en toute simplicité. Pas de chichis en vacances ! - Elianor a écrit:
- Plus haut, sur la pelouse, le rugissement de la tondeuse s'était enfin tu. Éclaboussé de soleil, le potager rutilait après des mois de sommeil. Plusieurs carrés, entourés par de coquets murets de pierres sèches, présentaient avec simplicité maintes nouvelles espèces. Certaines, plus allègres, chercheraient à conquérir le territoire des voisines. D'autres, indolemment installées attendraient qu'on les dorlote avec ferveur pour donner ce qu'on attendait d'elles.
3/16 avril 2023 - L’Ami a écrit:
- Barde-er, velours, gorge, éphémère, cuisant, ténèbres, enivrer, probant. Joker : aussi.
- Spoiler:
- Fée clochette a écrit:
- Autour de la scène rustique, les flammes des torches se tordaient, monstres ou lutins facétieux.
Le costume de velours bleu nuit du Barde irradiait parfois de reflets éphémères caressant les ténèbres côté jardin. Shakespeare déclamait ses vers à pleine gorge. La foule applaudissait à tout rompre. Souvent dans la noirceur sur les hauts gradins de fortune, des hommes enivrés, le rire gras hurlaient, jetaient leur bouteille vide sur la scène, probant plaidoyer du message porté par la pièce. Le jet laissait parfois un cuisant souvenir sur le corps du souffleur, à défaut d'atteindre Catarina la splendide mégère. - Rosalind a écrit:
- Le petit barde familier sautille allègrement tout près du jardinier. Enivré de lumière, il rend les ténèbres éphémères.
On raconte que le velours flamboyant de sa gorge serait dû à une goutte de sang du Christ, auquel il aurait apporté du réconfort en arrachant les cuisantes épines de sa couronne. Certes pas très probant, mais « Comme le vin, les légendes réjouissent le cœur des hommes. » - Elianor a écrit:
- Avec sa veste en velours couleur rouge-gorge, il se sentait l’âme d’un barde de l’ancien temps. Son talent était probant, mais il savait que sa gloire, construite sur le mensonge, serait éphémère. Plus haut monterait-il, plus cuisante serait la descente jusqu’aux ténèbres de l’oubli. Pour le moment, il n’y pensait pas, il profitait. Il savourait chaque moment, s’enivrant tout entier de son apothéose.
- Selenh a écrit:
- «Goûte-moi ça, si c'est pas le petit Jésus en culotte de velours qui te descend dans la gorge...» disait le vieux chaque fois qu'il essayait de m'enivrer. Et quand il ne trouvait pas mon enthousiasme assez probant, c'étaient des tapes aussi rapides que cuisantes sur mes grosses joues, données d'un aller-retour de sa main libre. «Tu veux pas trinquer avec ton pépé, petit ? Si tu ne veux pas me faire honneur, alors ! Alors ça va barder tu sais !» Je ravalais des larmes éphémères et j'avalais cul sec sous ses encouragements bruyants. Je pouvais enfin quitter les ténèbres de la cave pendant qu'il retournait causer à ses tonneaux. Je filais tout droit à la porcherie : pour vomir, l'odeur, ça aidait, et les gorets faisaient vite disparaître toute trace compromettante de vinasse.
Tout ça pour te dire que je me suis enfui dès que j'ai pu de la ferme grand-paternelle, et que je n'ai plus jamais avalé une goutte d'alcool. - Ysabelle a écrit:
- Enfin cette salle! Son rêve depuis des années après l'échec cuisant que connut la dernière représentation. Il était alors à ses débuts. Enivré par la joie de ce retour, il contempla avec fierté le somptueux décor sur fond de velours écarlate. Gorgée de lumière diffusée par l'éclairage éphémère, l'architecture de la scène est mise en valeur, révélant ainsi l'effet probant de l'ensemble.
Un large sourire illumina son visage. Bardé de diplômes, riche du succès récolté à travers le monde, il sort des ténèbres grâce à un travail acharné et aussi à une promesse qu'il s'était fait il y a des années. - L’Ami a écrit:
- Fils, Barde on te nommera quand plus de trois cents chants tu sauras,
Chacun dure, de la tombée du jour à minuit plein. Quand après les labours, la semence est en terre , L’homme près de l’âtre cherche le velours de la flamme. Ta voix doit sourdre de ta gorge pour envahir la salle, Révéler des victoires éphémères, et des défaites cuisantes. Les anciens entrevoient les ténèbres tandis que aussi, S’enivrent d’amours sans trop t’écouter, Jeunes et jeunettes à l’ombre des regards. 17 avril/ 2 mai 2023 - Elianor a écrit:
- Impatience, cibler, définitif, galerie, concentrer, extravagant, heure, s'épanouir
- Spoiler:
- Clinchamps a écrit:
- Extravagant, quel mot !! Il mérite qu'on concentre notre attention sur lui et son sens profond : extra : extérieur, vagant : errant à l'aventure ! La fantaisie de l'esprit s'épanouit hors du bon sens, il erre, une minute ou des heures, dans la galerie de toutes les originalités. J'entends le ton définitif de l'impatience rigide ciblant avec horreur la liberté d'une pensée" mais c'est extravagant !" sans en comprendre la richesse inventive.
- Rosalind a écrit:
- Machiavélique, il a soigneusement ciblé ses proies et élaboré un plan extravagant.
Aujourd’hui, l’heure de la vengeance a sonné. Il a attendu ce moment avec tant d’impatience ! Concentré, il élimine ses victimes une à une de façon définitive, et un sourire diabolique s’épanouit sur son visage. Rideau. Un tonnerre d’applaudissements... Debout, du parterre aux galeries, le public l’ovationne. Il revient et salue, une main sur le cœur. - L’Ami a écrit:
- La foule s’agite, gronde d’impatience, des paris ça et là fusent. Sur le champ les deux finalistes vérifient le band de leurs longbows, ciblent la force du vent sur les pennons, puis font chacun le choix définitif d’une flèche. À l’abri de la galerie drapée, face à la lice, Lady Marian reste concentrée, il est là. Ce risque extravagant la bouleverse à l’heure du défi, qu’il gagne, il se découvre. Lui, confiant décoche, l’enferron de sa pointe s’emboîte dans celle de son concurrent, le fût s’épanouit jusqu’à l’empennage. Un dernier regard vers Marian, puis disparait.
- Selenh a écrit:
- Conseil donné un jour par l'extravagante Anne-Marie-Louise d'Orléans, dite la Grande Mademoiselle, à Madame de Sévigné :
«Gardez-vous de l'impatience, Marquise, de pénétrer sous ces galeries à l'heure où s'épanouissent mes bons bigots, concentrant leur poisons tristes, ciblant et fléchant belles et grands de leurs ragots définitifs. Vous n'y survivriez pas de réputation.» 2/14 mai 2023 - Clinchamps a écrit:
- anniversaire, amitié, émotion, joie, hommage, créer, préférences, composer
- Spoiler:
- Selenh a écrit:
- Anniversaire chez les insectes,
De l'amitié c'est la fête. L'émotion est à son comble, La joie se lit sur chaque trompe.
En bel hommage au hanneton, -Chacun connaît ses préférences, Un tourbillon de papillons Pour composer une guirlande.
L'araignée crée des mots joyeux, En gouttes d'eau dessus sa toile Scintillant contre le ciel bleu Elles sont les premières étoiles. - Annwvyn a écrit:
- En ce jour anniversaire, l'émotion était à son comble. Toutes étaient venues là par amitié, par affection, le cœur débordant de gratitude. Toutes voulaient rendre à leur camarade un hommage digne d'elle. En attendant l'invitée d'honneur, les amies s'animaient, s'interpellaient dans la joie, racontaient leur vie ou des histoires. Chacune avait apporté un cadeau selon sa préférence, il y avait de quoi créer tout un intérieur douillet : de petites cartes composées avec soin, du thé noir et des chocolats, des romans, un tablier aux couleurs de la reine d'Angleterre, et même une petite guirlande en origami, lumineuse sous les rayons gris du ciel de printemps.
- Elianor a écrit:
- Quel bel anniversaire ce fut ! Des rires, de la joie et de l'émotion en pagaille ! Un jour de fête composée avec ses préférences. Un jour que seule l'amitié sait créer avec autant de justesse. Inoubliable, magique, un hommage aux échanges et aux belles rencontres. Un jour que l'on souhaiterait prolonger toujours et que l'on espérerait déjà revivre demain.
- L’Ami a écrit:
- C’est l’anniversaire de sa fille, Adrien Louis de Bonnières grâce à quelques amitiés d’ambassades cherche à fréquenter ce jeune musicien, coqueluche des salons Viennois, et depuis peu Parisiens. Chaque jour c’est avec émotion, avec joie, que père et enfant se réunissent pour jouer, lui de la flûte, elle de la harpe. Ce serait un grand hommage qu’il accepte une commande, quelles que soient ses préférences, de créer, de composer une pièce musicale, comme un concerto par exemple.
- Rosalind a écrit:
- « C’est avec une grande émotion que nous voici réunis pour ton anniversaire, très cher grand-père.
Lili va lire un poème composé en ton hommage, puis nous trinquerons à ta santé. » Le vieillard se redresse et déclare d’une voix ferme : « Vous n’attendez que mon héritage, et brûlez de savoir à qui iront mes préférences. Au cours de toutes ces années, vous ne m’avez créé que des ennuis. Vous n’aurez pas un sou. J’ai connu davantage de joies grâce à quelques véritables amitiés. Allez donc au diable et foutez-moi la paix ! » 14/27 mai 2023 - Rosalind a écrit:
- Aigu, estomper, oiseau, léger, ombrelle, roche, séisme, s'enfuir
- Spoiler:
- L’Ami a écrit:
- Pas très « classieux » le Robert, l’a pas un sens aigu du bon goût. Si peu consistant de sa personne qu’il suffit d’une saute de brouillard pour s’estomper discrètement dans la nature. C’est un drôle d’oiseau, un peu léger côté convenance d’ailleurs. Avec lui pas besoin d’une ombrelle pour éviter le soleil, il est l’ombre de lui-même. Minéralisé et d’un cortex aussi grêle que de la laine de roche, la moindre réflexion lui déclenche un séisme neuronal de force 5 sur l’échelle de Richter. Et face à un choix, c’est un tsunami émotionnel aboutissant à son seul réflexe archaïque : s’enfuir.
- Elianor a écrit:
- Assis sur une roche en surplomb, il la vit s'en aller, légère comme un oiseau avec son ombrelle. Il la suivit du regard aussi longtemps que possible. Alors que sa silhouette gracile s'estompait dans le lointain, une douleur aiguë le transperça de part en part. Il sentit son courage et sa volonté s'enfuir, tout son être trembler et s'effriter comme si un séisme venait de le terrasser de l'intérieur.
- Clinchamps a écrit:
- Elle n'avait pas vu l'ombrelle translucide, et le contact du filament de la méduse déclencha un séisme de douleur aigüe. S'accrochant à la roche toute proche, elle attendit que la douleur s'estompe, reprenant son souffle et essayant de sortir de l'eau. Une fois assise au sommet du rocher, la fraîche brise légère sur sa peau mouillée atténua la brûlure. Revenant à la réalité, elle reprit conscience du vol des oiseaux de mer qui s'enfuyaient en piaillant devant cette intrusion.
- Selenh a écrit:
- Jamais ne s'estomperont ces souvenirs maudits. Depuis deux jours les oiseaux étaient muets : plus de trilles aigus dans les vignes ; il en allait ainsi à chaque séisme qui faisait s'enfuir les habitants vers la mer, trois fois par siècle au moins. Mais la terre ne tremblait pas. Tout était nouveau et ambigu en ce jour d'automne. Quel était le message des Dieux ? Déjà le mont Bacchus, atrocement égueulé, ne crachait plus de roches brûlantes mais se coiffait d'une très haute ombrelle cendrée, d'où pleuvaient les lapillis, crépitant sur les toits surchargés. Légers, si légers et mortels, pourtant, pour les indécis et les abandonnés, les engloutis. Tu t'étais éveillé, Vésuve, et ma ville mourait.
- Rosalind a écrit:
- Dans le calme de son atelier, Claude esquisse la silhouette légère d’une jeune femme sous son ombrelle, puis estompe le contour d’une roche, avant de parsemer sa toile de coquelicots, à l’aide de délicates touches de vermillon.
Un cri aigu le fait sursauter. Un oiseau a pénétré dans la pièce par la fenêtre ouverte, et volète de ci delà, poursuivi par le chat qui bondit sur la table, renversant pots et pinceaux. Tous deux provoquent un véritable séisme, avant de s’enfuir à tire d’aile et toutes pattes, chassés à coup de chiffon par le peintre furieux. 27 mai/30 juin 2023 - Selenh a écrit:
- Déposer, réfléchir, monde, cœur, parce que, infini, errant, aveuglément
Joker : rengainer - Spoiler:
- Selenh a écrit:
- J’ai déposé mon cœur, j’ai déposé les armes
Mon pauvre cœur errant qui ne sait ressentir Parce qu’en ce monde il n’apprit qu’à réfléchir Et fixer aveuglément l’infini des larmes. - L’Ami a écrit:
- J’ai déposé mon sac. À trop réfléchir sur les chemins du monde, j’ai usé mon coeur à supporter la misère, parce que partager à l’infini devient illusoire. Quand errant le but perd de son sens, alors que me reste-t-il, sinon marcher aveuglément, juste pour sentir la route sous mes pas.
- Rosalind a écrit:
- Capitaine ! tout le monde attend que tu te décides ! Rassemble tes pensées errantes et réfléchis bien avant de déposer une carte aveuglément.
Et toi, Panisse, que je te pensais un ami, tu peux rengainer tes accusations de tricherie, parce que tu me causes une peine infinie. Je ne dis pas que je vais pleurer, non, mais moralement, tu me fends le cœur. Tu entends, capitaine ? à moi, il me fend le cœur. Et à toi il ne te fait rien ? - Elianor a écrit:
- Errant dans le dédale infini des ruelles, il se fiait aveuglément à son cœur, sans réfléchir, parce qu'il savait que le monde de briques qui l'entourait ne pouvait lui apporter de réponse. Mais il sentait bien que, bientôt, il déposerait son colis à bon port.
- Clinchamps a écrit:
- L'infini du ciel noir clouté d'étoiles se réfléchit sur le miroir du vaste bassin en un raccourci cerné de massifs. Un monde sans limite ramassé au cœur d'un jardin mystérieux, parce que l'infiniment grand se retrouve déposé en réduction à nos pieds, errants aveuglément en une recherche sans fin...
- Ysabelle a écrit:
- C’est le moment crépusculaire, là où la journée vient déposer ses tourments. Ce moment où le cœur prend le dessus sur la raison, laissant errer ses émotions à l’infini. Parce que dépourvu de ce garde-fou qui l’incite à réfléchir, il affronte aveuglément ce flux fougueux, destructeur, tel un cheval sans bride. Le monde se transforme alors, en abimes insondables. Mais, lorsque l’aube surgit, il rengaine tout ce magma, presque avec honte.
1er/16 juillet 2023 - Ysabelle a écrit:
- Bleu, Croissant, Horloge, Bâtisse, Naviguer, Essai, Mouvement, Exquis
Joker : Saveur ou Dune - Spoiler:
- Clinchamps a écrit:
- Le croissant d'argent de la Lune, incrusté sur le fond d'émail bleu du cadran de l'horloge faisait pendant au soleil d'or, figurant chacun la succession diurne et nocturne des heures. Le fronton de la bâtisse s'ornait de deux nefs navigant sur des flots dont la sonnerie des heures activait le mouvement. L'exquise dentelle d'or des aiguilles cheminait paisiblement, et la beauté de l'œuvre était un essai réussi pour faire oublier la cruelle fuite du temps.
- Selenh a écrit:
- Douce, ma chère fille,
J'ai enfin trouvé le courage -ce n'était pas mon premier essai- de fuir l'ignoble bâtisse dans laquelle m'assiégeaient mes démons. À l'horloge de ma misérable existence, je vois bien que les aiguilles naviguent vers ma fin. C'est ce qui m'a donné la force de partir le mois dernier. Au dernier croissant de la lune, je me suis installé dans une exquise petite maison au bord de l'eau, juste au pied d'une dune aux ombres toutes bleues en ces soirs d'été. Comme en ce temps-là, souviens-toi... Si un mouvement généreux de ta tendresse inépuisable pouvait encore t'entraîner auprès de moi quelques jours, cette demeure serait le refuge paisible de nos derniers souvenirs communs. Avec amour, ton père bientôt apaisé. - L’Ami a écrit:
- Ses ongles bleus jusqu’à leurs croissants, les doigts gourds, pas loin de trois cents marches en pleins courants d’air glacial pour rejoindre l’horloge dans ce clocher, une vieille bâtisse médiévale. Après avoir navigué entre la forêt, les poutres qui soutiennent le toit de la nef, le jeune Hans pratique un essai de sonnerie, vérifie le mécanisme de mouvement, dépoussière, huile, et ne pense qu’à rejoindre son foyer où sa compagne Aloyse lui prépare son Kougelhopf et un exquis vin chaud de Noël.
- Rosalind a écrit:
- Les pays lointains avaient pour lui une saveur exquise.
Il a passé des années à naviguer, sillonné toutes les mers, atteint le bout du monde là où le bleu du ciel se confond avec l’horizon, où les dunes laissent place à la banquise. Aujourd’hui, las et désabusé, bercé par le mouvement de la houle, il songe à la vieille bâtisse de son enfance, à l’horloge comtoise qui rythmait ses nuits, et à ses essais maladroits de séduction. Cette adorable rouquine doit être mariée et mère de famille à présent ! Avec une excitation croissante il pense à son retour. - Petit Faucon a écrit:
- - La rue des Petites Dunes ?
Ah oui, celle qu'ils ont mise à l'essai en sens unique depuis le début de l'année ! Il y a une bonne pâtisserie là-bas, ils font des tartelettes à l'abricot vraiment exquises, et des vrais croissants aussi, croustillants, faits maison, avec du beurre de la région. C'est là que vous allez ? Bon alors, d'ici il faut prendre tout droit ; après une bâtisse biscornue peinte en bleu ciel - il parait que le gars qui l'a retapée a navigué partout, la couleur ça lui rappelle les grands espaces, enfin ! - il faut tourner à gauche, marcher encore un peu, et quand vous apercevez la grande tour de l'horloge, vous tournez à droite. Et c'est tout bon ! Et ben voilà, même pas merci, les gens n'aiment plus parler, j'te jure .... - Elianor a écrit:
- Elle était assise devant la porte de la bâtisse aux volets bleus et observait distraitement les étoiles et le croissant de lune. Les insectes nocturnes chantaient dans les herbes hautes, plus loin, près des dunes, et le léger mouvement de l’horloge qui filtrait par la fenêtre ouverte la berçait doucement. Le moment était parfait pour laisser naviguer son esprit dans les méandres de cette nuit exquise.
17/27 juillet 2023 - L'Ami a écrit:
- Artifice, Respiration, Grenat, Tombant, Infini, Boucler, Flotter, Bruine
- Spoiler:
- Elianor a écrit:
- Une ambiance joyeuse flottait dans l'air, sans artifice. Les respirations étaient légères, les traits détendus, les sourires fleurissaient sans effort. Dans le ciel, des jets de lumière grenat, émeraude, azur s'animaient, crépitaient, bouclaient, tombant à l'infini en fine bruine pailletée, au plus grand bonheur des yeux rêveurs avides de beauté.
- Selenh a écrit:
- C'était Roxane qui surgissait de la brume et se rapprochait de lui, repoussant son capuchon en arrière. Les mèches de sa chevelure bouclées au fer, qui flottaient d'habitude en grappes près de ses oreilles, se tordaient maintenant sur son cou laiteux, alourdies par la bruine. Elle tendit vers lui un visage sans plus d'artifices, sinon le grenat de ses lèvres entrouvertes, si proches maintenant qu'il sentait sur sa figure la tiède respiration de la jeune fille. Soudain Roxane tressaillit, hoqueta, et ses yeux se fermèrent. Tombant avec une lenteur infinie, elle s'effondra dans les bras d'Antoine. Alors il vit le carreau d'arbalète planté profondément sous son épaule gauche, et un cri inhumain s'échappa de sa gorge.
- Rosalind a écrit:
- Un feu d’artifice de couleurs tournoie devant ses yeux, dans une bruine passant de l’orangé au grenat, tandis que la voiture, après le choc et un dérapage incontrôlable, tombe dans le lac en quelques secondes qui s’étirent à l’infini.
Puis de nouveau le temps s’accélère. La respiration haletante, il se démène pour défaire la ceinture trop bien bouclée et baisser la vitre tant que le véhicule flotte encore. - Clinchamps a écrit:
- Grenat m'inspire, mais je ne veux parler ni de la couleur ni de la pierre, alors quoi ? Par un artifice de langage je dirai que j'aime les pommes-grenates, mais c'est faux, c'est granates, d'abord, et je ne les aime pas ! Il n'y a pas un nombre infini de sens au mot grenat ! Revenons au grenadier de la terrasse dont la bruine vernit les feuilles et boucle tes cheveux, et dont les fleurs rouges flottent dans l'obscure verdure ; mais elles ne sont pas grenat ! Tournons lui-le dos, et, marchant vers le parapet, écoutons la respiration des flots qui battent le pied du mur tombant à pic dans la mer.
- L’Ami a écrit:
- Oui chez moi tout est artifice, même ma respiration, mon rire, sont artifices, autant le grenat de mon nez que la céruse sur mes joues tombantes. Mon rire muet à l’infini tourne en boucle sur la piste, il flotte jusqu’en haut du chapiteau, pourtant mon coeur de saltimbanque bruine discrètement au souvenir de Colombine.
27 juillet/3 août 2023 - Rosalind a écrit:
- Absurde, crécelle, flétrir, mouette, prétentieux, ressac, siffler, voeu
Joker : cirque - Spoiler:
- Annwvyn a écrit:
- Combien il semble absurde, n'est-ce pas, de s'être un jour épris de cette écervelée, à la voix de crécelle ? Avoir un instant appelé de ses vœux l'amour de cette créature odieuse et pitoyable, sans se douter de la lassitude et de l'usure, guettant, sournoises, tapies dans l'ombre ! Rien de plus efficace, sans doute, pour voir les années flétrir son coeur, sa gaité, son bonheur. Au loin, une mouette raille, moquant sa jeunesse passée, naïve et prétentieuse. Le vent siffle et bourdonne à ses oreilles. Rien n'apaise le ressac de ses émotions et de ses regrets, qui cognent son crâne à grands coups.
- L’Ami a écrit:
- C’est quoi cette vie absurde, marin que j’étais, j’ai navigué de par les mers, jusqu’au pays de Cathay, rapporté des souvenirs extraordinaires dont on se moque, pris pour un fabulateur. Mais j’ai ramené aussi la lèpre de mes voyages lointains. On m’impose la crécelle qui me vaut jets de cailloux et d’insultes, ma peau flétrie, rongée, détourne tout regard. Même les mouettes prétentieuses m’invectivent. Allongé sur la plage, le sable chaud soulage mon dos, je cale mon souffle au rythme du ressac, écoute le vent siffler à travers les haubans d’une goélette et fais le voeu de voir encore un lever de soleil, demain.
P…tain de maladie absurde, je dirais même: à la c… À chaque fois qu’un mec me serre la main il repart avec un de mes doigts et pis hier pour m’annoncer au village j’faisais tourner ma crécelle trop vite du coup je l’ai prise en pleine poire: deux dents qu’j’y ai laissées. Quand j’rgarde ma peau flapie, heu flétrie, j’ai l’impression que chuis resté trop longtemps dans mon bain avec mon cigare et un verre de mouette et chardon, comme dans les films de prétentieux. Bon j’écris ressac, i’ faut, mais chais pas sque c’est. Quand que je respire trop fort, j’ai les éponges qui sifflent, c’est pénible, chez moi tout part à voeu l’eau. - Elianor a écrit:
- Un cri de crécelle presque irréel déchira l’air et se mêla au grondement du ressac. Les mouettes prétentieuses qui déambulaient sur le rivage devinrent silencieuses. Aussi absurde que cela puisse paraître, les buissons semblèrent se flétrir tout à coup, les coquillages se rétracter et s’enfoncer dans le sable. Même les nuages avaient l’air de se cacher au fond du ciel. Seul le vent continuait de siffler au-dessus de la mer qui se balançait. C’était le moment ou jamais de faire un vœu et d’y croire de toutes ses forces.
- Rosalind a écrit:
- Sous les herbes flétries par la sécheresse les grillons stridulent dans un bruit de crécelle, plantes et animaux souffrent de la canicule qui perdure. Anéanti par la chaleur, le vieil homme rêve de fraîcheur marine, de mouettes plongeant dans le ressac, de vent sifflant dans les haubans.
Profondément déçu par l’incompétence des politiciens prétentieux, il souhaite de tout son cœur que les choses changent, mais sait que ce n’est qu’un vœu pieux, car il est déjà trop tard pour trouver des solutions. Il se demande avec tristesse dans quel monde absurde vivront ses petits-enfants. 4/12 août 2023 - Elianor a écrit:
- Impression, bal, libre, chercher, vague, flamme, veiller, coruscant(e)
- Spoiler:
- Selenh a écrit:
- ...Et voici le passage de la rivière, nos trois-ans s'enlèvent au-dessus en une seule vague, tous ensemble, j'ai l'impression que ce sont leurs jockeys qui veillent à les maintenir groupés, à ce stade... Mais la voie est libre, maintenant, les foulées s'allongent brusquement, chacun cherche l'échappée : L'Ami ouvre le bal en prenant à la corde dans un galop d'enfer, et à l'extérieur Flamme part en flèche, mais... Ah là, là ! C'est maintenant Coruscant qui se détache avec une aisance incroyable, il va les mettre tous d'accord, il vole vers la VICTOIIIIRE !
- L’Ami a écrit:
- Haaaa, Comtesse, 1789 une année de plus, j’ai l’impression que le temps s’étire à n’en plus finir, la province nous ennuie. Certes le gueux s’agite pour quelques miches de pain et vient troubler nos bals. Sa Majesté convoque les Etats généraux, ça et là des trublions du tiers états, depuis que la presse est libre, cherchent à semer le désordre. Accordons-leur de vagues promesses pour étouffer toute flamme et surtout veillons à temporiser ces velléités coruscantes.
- Clinchamps a écrit:
- Que va devenir Coruscant ? L'ère des bals glorieux fêtant son monde libre semble aller vers sa fin, la vague autoritaire de l'ambition de Palpatine a mené la République vers un Empire étouffant ! Pourtant l'impression vague d'une résistance veille au cœur souterrain de la mémoire ! La flamme Jedi n'est pas éteinte et du fond de la galaxie quelques cœurs libres se cherchent et se trouveront !
- Rosalind a écrit:
- Au seuil de l’immense salle, éblouie par les lumières coruscantes, Olivia hésite, cherchant ses amies du regard. Et lui, sera-t-il là ?
Dans sa robe de soie couleur flamme, elle éprouve une impression grisante de légèreté. Elle a veillé à sa confection, car sa mère l’a laissée libre d’en choisir la coupe. Elle le voit. Secouée par une vague d’émotion, serrant nerveusement son carnet de bal, elle s’approche. Lui demandera-t-il une danse ? - Annwvyn a écrit:
- Terrifiante impression laissée par son regard incandescent... Dans ses iris d'un noir d'obsidienne, les reflets coruscants ondulent. Lui traverse le bal, un pli moqueur au coin des lèvres. Les ingénues gardent la tête basse. Il entend leurs prières ("Pourvu qu'il ne me déclare pas sa flamme"), il voit les poitrines palpitantes, et se réjouit de la crainte qu'il inspire. Il veille à tout percevoir. Il est libre après tout de chercher parmi la foule celle, ou celui, qui le distraira un temps, une nuit, une année, une vie peut-être ? Les cœurs s'affolent, les nuques frémissent, la foule s'écarte sur son passage, comme l'autorité de la Lune fait se retirer les vagues.
13/20 août 2023 - Annwvyn a écrit:
- Loir, balancer, équivoque, rire, chamarré, capitaine, passé, prendre
- Spoiler:
- Elianor a écrit:
- Le capitaine dormait comme un loir. Elle le contempla brièvement avec un soupçon de tendresse avant de se reprendre aussitôt. Il lui fallait agir vite si elle ne voulait pas se faire prendre. Bien sûr, il n’était pas plus capitaine qu’elle n’était armatrice, mais ici nul ne se souciait de votre passé, ni de qui vous étiez vraiment tant que vos actions étaient sans équivoque. Ce qui n’était pas son cas évidemment, mais personne ne le savait. Elle était l’ombre vengeresse qui terrorisait depuis des mois la bonne société de la ville et elle comptait bien garder sa double vie secrète le plus longtemps possible. Elle passa une cape sombre sur sa tenue chamarrée afin d'évoluer discrètement, balança sa corde par-dessus-bord pour descendre et s’enfonça dans la nuit avec un petit rire.
- Selenh a écrit:
- À peine revenue du Pays des Merveilles, Alice, qui se balançait rêveusement au jardin, en évoquant ce passé si proche et déjà si lointain, vit soudain un loir, vêtu d'un costume de capitaine outrageusement chamarré, prendre le chemin du terrier mystérieux en la gratifiant au passage d'un petit rire équivoque. Cette fois-ci, elle évita prudemment de se lancer à la poursuite de cette apparition.
- L’Ami a écrit:
- Un loir avait pour bon ami un éléphant.
Sur son dos agrippé, balancé, bousculé, Sans la moindre équivoque dans un rire pérorant, Chamarré de sottises à tous vents déclamées, « Capitaine je suis, garez vous en tremblant, Car mon ami et moi quand nous serons passés, À prendre ou à laisser, plus rien que du néant. Foi de moi dit le loir, je suis Armaguédon » - Rosalind a écrit:
- Cet été 68, je l’ai passé chez mes grands-parents dans le Loir et Cher.
Au bal du 14 juillet toutes les filles, dans leurs robes chamarrées, n’avaient d’yeux que pour le séduisant capitaine de l’équipe de rugby. Mais c’est moi qu’il a invitée à danser, me serrant de près tandis que ses copains, pince sans rire, balançaient des vannes équivoques. Ce fut mon premier flirt, mon premier baiser, dont j’ai longtemps gardé un souvenir ému. Quand je l’ai revu, des années plus tard, quelle déception ! il avait pris des kilos et perdu des cheveux… 21/28 août 2023 - L’Ami a écrit:
- Troubler, Rouscailler, Fiévreux(se), Serein(e), Oubli, Plaid, Charmant(e), Ténu(e)
-Joker: Parler - Spoiler:
- Selenh a écrit:
- Je me retournai d'un bloc, troublée, au son d'une voix mâle mais ténue qui m'appelait par mon prénom. C'était mon Highlander. Je me composai un air serein avant de me pencher sur lui. Il semblait bien réveillé, mais plus fiévreux que jamais sous son plaid. « Ne parlez pas M.Fraser ! » lui ordonnai-je. Il sourit faiblement :
«Toujours aussi charmante! Dites donc c'est quand même vous qui m'avez réveillé, à force de rouscailler là-dehors, moi j'avais réussi à trouver le sommeil et l'oubli. - Pardonnez-moi. - Seulement si vous voulez bien m'appeler Jamie. - Alors, pardon, Jamie - Merci, Claire. » - Annwvyn a écrit:
- L'homme approche, conquérant, les yeux qui frisent, ses grosses mains de brute prêtes à la saisir.
- Eh bah, pas la peine de s'troubler ma jolie ! Quand on est si charmante, est-ce qu'on rouscaille don' comme ça ? - Laissez-moi, gémit la jeune femme d'une voix ténue, laissez-moi tranquille ! Elle se débat, fiévreuse. L'autre est serein mais s'impatiente. Il arrache le plaid où la femme s'est pelotonnée, saisit la malheureuse, et lui couvre la bouche de sa grande patte rugueuse. - Là là, ma belle, pas la peine de s'affoler, faut bien que ça s'passe, et puis on oublie. - Elianor a écrit:
- Le coin était charmant et le matériel bien installé, sans oubli : un pliant recouvert d’un plaid voisinait avec un panier en osier, plus loin un seau solitaire et une bouteille immergée pour garder son nectar au frais. Les pieds dans l’eau et prêt à agir, le vieux pêcheur guettait le moindre mouvement, même ténu, qui pouvait troubler l’eau. Une bataille fiévreuse s’engageait parfois. Le vieil homme, concentré, rouscaillait dans sa barbe. L’ennemi, d’abord perfide, flirtait, taquinait, se dérobait. Mais le vieux était têtu et rares étaient ses défaites : le poisson moqueur finissait souvent penaud au fond du seau. L’atmosphère redevenait sereine, le pêcheur satisfait prenait quelques instants de repos avant de reprendre son guet. Tout pouvait alors recommencer.
- L’Ami a écrit:
- « Elle trouble le pastis, c’est bien connu, l’eau est impure ! Pas la peine de rouscailler » s’écrit Robert. D’un geste fiévreux il vide son énième verre. Sereine, sans acrimonie, avant qu’il sombre dans l’oubli accroché au bar, sa vieille mère le couvre d’un plaid troué, lui parle d’une voix ténue à l’oreille, puis doucement le conduit vers la sortie.
- Rosalind a écrit:
- Blottie sous son plaid, elle sombre dans le calme serein de l’oubli.
Le fil ténu qui la rattache à la réalité s’effiloche, elle flotte dans un rêve fiévreux. Le prince charmant la réveille d’un baiser troublant. Euh …Un baiser mouillé baveux ??? Hélas pas de prince, ce n’est que le chien qui veut jouer et lui lèche le visage avec espoir. Plus tard, laisse-moi dormir encore un peu, rouscaille-t-elle. 29 août/5 septembre 2023 - Rosalind a écrit:
- Bagatelle, barrière, écarlate, errer, étourdir, improbable, narquois, sel
- Spoiler:
- L’Ami a écrit:
- _Bon, y a pas que la bagatelle hein, dans la vie faut savoir aussi poser des barrières, s’exclame le père de façon à être entendu par tout le restaurant. Le fils, écarlate, pique du nez dans son assiette, puis son regard erre, hésite à se fixer pour se donner contenance, étourdi par cette attaque improbable, le jour de son anniversaire, en plus. Et le père gonflé d’importance, un sourire narquois cultivé _ Passe-moi le sel et tiens-toi droit.
- Annwvyn a écrit:
- Après avoir erré des jours dans les eaux placides, protégées par le récif de la Grande Barrière, le HMS Impératrice des flots s'était fait surprendre par une tempête improbable.
« Va donc ! hurla William avec enthousiasme, C'est une bagatelle ! » Le jeune soldat riait, ravi de s'étourdir dans le vent et le claquement des voiles. D'une main, il agrippait le bastingage, de l'autre il retenait son tricorne qui menaçait d'être emporté par les bourrasques. Le col de son uniforme écarlate, rendu rigide par la mer et le sel, lui griffait les joues. Le capitaine Wentworth tenait la barre, la tête haute, l'air déterminé. Un sourire narquois passa sur ses lèvres. « C'est ce que nous verrons, soldat, c'est ce que nous verrons. » - Clinchamps a écrit:
- La voiture de louage s'était trouvée arrêtée à la barrière de St Cloud, et elle sentait grandir en elle l'angoisse du retard obligé ! Puis la chaussée défoncée l'avait forcée à errer par des chemins improbables. A ses supplications, le cocher, narquois, avait opposé un haussement d'épaule et l'assurance qu'il savait ce qu'il faisait ! Sa trogne écarlate ne lui inspirait guère confiance mais il avait fallu faire vite ! Enfin, les pavés de la cour du château sonnèrent sous les roues et les chevaux stoppèrent assez brutalement ! Encore étourdie de la course, le sel des larmes à peine séché sur ses joues, elle se précipita par les degrés. Le valet lui ouvrit, et elle entendit enfin sa voix : " Comme vous avez été longue, Bagatelle ! Où étiez-vous passée ?"
- Elianor a écrit:
- Malgré la pression qu’il exerçait sur sa poitrine, la tache écarlate s’élargissait sur sa chemise. Il lui lança un regard narquois comme s’il s’agissait d’une bagatelle puis grimaça « on dit que l’aventure est le sel de la vie... ». Un peu étourdi, il s’adossa un instant contre la barrière, laissant un instant son esprit errer vers d’autres contrées plus agréables avant que la douleur ne le ramène à la réalité. Il savait qu’il était improbable qu’il s’en sorte, mais il préférait attendre le dernier moment pour s’avouer vaincu.
- Rosalind a écrit:
- S’affranchir des barrières, errer en quête d’aventure, s’étourdir de rencontres improbables ...
C’est là tout le sel de la vie, tente de se convaincre Julie, attendant nerveusement son rendez-vous. Mais elle se sent devenir écarlate sous le regard narquois du jeune homme qui vient s’asseoir à sa table. Tout compte fait, la bagatelle ce n’est pas ma tasse de thé, constate-t-elle.
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| | | Rosalind Ice and Fire Wanderer
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| Sujet: Re: Jeu littéraire pour chasser les idées noires : les textes ! Ven 15 Sep 2023 - 21:33 | |
| 6/14 septembre 2023 - Clinchamps a écrit:
- Flûte, Réveiller, Montagnes, Route, Voyager, Mélodie, Mauvais, Partager
- Spoiler:
- Annwvyn a écrit:
- Je vais me réveiller, je vais me réveiller, je vais me réveiller ! Si seulement je pouvais partager ma douleur !
Mais rien à faire. Flûte, zut, damned, foutue réalité. J'avais espéré ce matin sortir d'un mauvais rêve, mais il faut croire que c'est ma vie. J'ai l'impression d'être sur la route d'un destin tragique, dans un mauvais téléfilm, accompagné d'une mélodie lancinante, façon mickeymousing, qui vous fait voyager les tympans dans une dimension parallèle. Les montagnes de copies à corriger n'ont pas bougé pendant la nuit, elles sont là comme autant de monts aux pics hostiles, aux arêtes aiguisées, n'attendant que de me donner le coup fatal. - Elianor a écrit:
- A peine installé dans son atelier, il se sentait déjà dans un autre univers. « Pas besoin de faire beaucoup de route pour voyager », se disait-il souvent. Autour de lui, le monde entier se donnait rendez-vous sous forme de poudres, d’échantillons, de liquides mystérieux, tous rangés avec soin dans des pots délicatement décorés. Très concentré -un mauvais dosage et tout est à recommencer-, il sélectionna quelques fleurs de centaurées des montagnes dans une grande flûte en verre, ajouta divers fragments, partagea quelques graines, mélangea le tout dans son mortier, broya, pila, remua selon une précise mélodie de mouvements. « Voilà de quoi réveiller un mort », murmura-t-il satisfaisant, en transvasant sa préparation dans un flacon.
- L’Ami a écrit:
- Ça une flûte ? Tout juste un larigot. Et tu t’es réveillé à l’aube pour nous cuire et nous vendre ce galoubet. Oui, ben non j’en fais pas une montagne, c’était juste un en-cas pour la route, mais j’vais pas voyager loin avec ton pain au rabais, t’es vraiment un boulanger d’opérette. Ouais, je connais ta mélodie par coeur, je te vois arriver avec ton bec enfariné, vu que t’es le seul du canton à faire un brignolet aussi mauvais, qu’on n’oserait jamais le partager. Je comprends pourquoi ta femme s’est tirée et le greffier aussi.
- Rosalind a écrit:
- Pierre a toujours préféré voyager seul, tracer sa route en solitaire, sans jamais rien partager. Pas plus les joies que les peines.
Ce matin-là il se réveille au son d’une douce mélodie, un jeune berger surveillant ses moutons dans les montagnes asturiennes joue un air sur sa flûte de roseau. Soudain bouleversé par un tsunami d’émotions inattendu, les larmes ruisselant sur son visage, il évacue tous les mauvais souvenirs refoulés depuis des années. Il reprend son chemin un sourire aux lèvres, décidé à s’améliorer et à vivre autrement le reste de ses jours. - M. Rosalind a écrit:
- Ce matin-là, alors que je voyageais seul depuis plusieurs jours sur de mauvaises routes, une étrange mélodie pareille à un air de flûte et semblant descendre des montagnes, me réveilla.
N’étais-je plus seul ? Intrigué, j’étais partagé entre l’envie de rencontrer ce mystérieux musicien et celle de continuer mon chemin en solitaire. La curiosité l’emporta, et arrivant au col, je compris que le vent seul était l’auteur de cette étrange musique. - Aquarelle a écrit:
- La route dans les montagnes serpentait dangereusement. Crispée sur son volant, elle se demandait dans quel mauvais chemin elle s'était encore embarquée ! Pourquoi cherchait-elle toujours à voyager seule dans des régions périlleuses ? comme si le malheur l'attirait. Ne pouvait- elle partager l'insouciance des gens de son âge..? ne pouvait - elle.... Un énorme choc interrompit brutalement son introspection, fracassant ses tympans, l'entraînant dans un monde obscur et terrifiant....Puis la mélodie lancinante d'une flûte bolivienne parvint à se frayer un passage jusqu'à son cerveau embrumé ainsi qu'une voix qui lui semblait sortir des entrailles de la terre : "Madame, Madame, il faut vous réveiller. Vous avez eu un accident."
15/22 septembre 2023 - M. Rosalind a écrit:
- Empreinte, ressentir, distinct, lueur, frisson/ frissonner, enfance, disloquer, envieux/envieuse
Joker : cirque - Spoiler:
- L’Ami a écrit:
- Aucun trouble ne laisse quelqu’empreinte sur son coeur, il ne ressent plus rien, un dessèchement distinct de toute émotion, pas la moindre lueur de vie, pas un frisson. Un dernier regard sur son enfance disloquée, il réajuste son sac d’un coup d’épaule, se hisse sur l’échelle de bordée, abandonne ce ramas de cirque.
- Elianor a écrit:
- Apercevant la vieille maison dans la lueur du soir, elle ressent la drôle d’impression d’y être déjà venue. Elle sait que cela ne peut pas être le cas. Elle en est certaine. Et pourtant, ses pensées rationnelles semblent se disloquer face à cette sensation. Elle, dont la parfaite maîtrise d’elle-même fait des envieux, commence à ne plus être sûre de rien. Elle frissonne malgré elle. C’est comme si le lieu avait déposé une empreinte fragile dans son esprit longtemps auparavant, peut-être au moment de son enfance. Cette bribe était restée en sommeil tout ce temps dans un coin brumeux de sa mémoire avant de rejaillir au premier plan et de devenir de plus en plus distincte.
- Clinchamps a écrit:
- Dans cette atmosphère forcément empreinte de mystère on ne peut que frissonner aux tintements distincts d'un glas lugubre, puis pousser la porte disloquée d'une crypte qui se trouve justement là et ressentir, à la lueur de la lune filtrant par une lucarne brisée le poids de tous les clichés du film d'horreur : c'est l'enfance de l'art, ce scénario est un nanar qui rendrait envieux un amateur de série Z
. - Rosalind a écrit:
- L’empreinte bien distincte de ses pas se dissout peu à peu dans le déferlement des vagues se disloquant sur la grève. Comme dans son enfance, assis sur le sable près des dunes, il contemple les dernières lueurs du soleil couchant, envieux d’apercevoir le fameux rayon vert.
Déçu une fois de plus, il ressent à présent la fraîcheur du soir. Réprimant un frisson, il se hâte de regagner la chaleur de la maison où toute sa famille doit l’attendre avec impatience. - Aquarelle a écrit:
- Une lueur étrange la traversa et la fit frissonner, en même temps qu’elle percevait un son non distinct : ac... ci... ac...ci.....dent. C’était comme une réminiscence lointaine, l’empreinte d’un moment terrible de son enfance. Mais c’était quoi ? Elle essaya en vain d’articuler quelques mots. Ressentir son corps, oui elle le pouvait, mais parler, non : elle avait mal, si mal à la bouche, et aux jambes également. Quel mauvais génie envieux l’avait mise dans cet état ? S’il avait pu disloquer sa mâchoire, briser ses jambes, qu’était devenue sa voiture ? Ce fut la dernière pensée consciente de la jeune femme avant de sombrer dans le noir.
- Annwvyn a écrit:
- Sir William Cavendish voyait son enfance se disloquer. Longtemps, sa vie avait fait des envieux, lui-même avait espéré laisser son empreinte, marquer le monde d'une invention grandiose, chanter d'une voix distincte au-dessus du chœur des médiocres. A présent qu'il avait grandi, il se voyait impuissant, réduit à jouer les clowns dans le grand cirque des mondanités. Lorsqu'il sortit, tôt comme à l'accoutumée, les premières lueurs du jour l'émurent à peine. Dans son âme glacée, incapable désormais de ressentir la beauté d'un matin de printemps, il ne passa qu'un frisson.
23 septembre/3 octobre 2023 - Elianor a écrit:
- Eclairer, sens, tard, bleu, regarder, attendre/s'attendre, ami, sonate
- Spoiler:
- L’Ami a écrit:
- Ils se font connaître, entre eux comme « Les Éclairés », au sens du latin Illuminati. Se réunissent à minuit plein, tard dans la nuit, portant leurs tabliers bleus à la lumière des chandelles sous l’oeil sévère de la providence, qui les regarde durant toute la cérémonie. « Se mettre en marche sans attendre, briser le Grand Complot, bâtir le Bonheur Universel. Voilà mon ami, mon frère, il faut construire ce nouveau monde en trois parties comme une sonate ».
- Annwvyn a écrit:
- Miss Charlotte Battleground avait le sens de l'orientation et un grand appétit pour les balades matinales. Ce matin-là, comme tous les autres matins, elle avait filé dès l'aube à travers les prés, plongés dans une brume bleue et cotonneuse, la campagne éveillée par les sonates des merles et des troglodytes.
Ce jour-là pourtant, un pas en emportant un autre, Miss Battleground marcha plus loin que d'habitude, et se trouva perdue. Elle regardait autour d'elle et ne reconnaissait pas les arbres, il se faisait tard, elle manquerait le déjeuner et devrait s'attendre à quelques réprimandes au retour. Charlotte haussa les épaules, puis poursuivit son chemin, le visage éclairé par l'enthousiasme et la détermination, en quête d'un visage ami qui pourrait la renseigner. - Rosalind a écrit:
- Trop tard pour reculer, il ne peut pas attendre plus longtemps. Le cambrioleur regarde autour de lui, et avance à pas de loup, tous les sens en alerte. Cette fois la lune n'est pas son amie, elle éclaire la nuit bleue d'une façon fort indiscrète.
Malgré tout son sang-froid, il sursaute au bruit d'une cacophonie soudaine, la sonate discordante entonnée par les chats du quartier. - Lila a écrit:
- La lune éclaire nos sens,
Tard dans une nuit bleue. Attendre mon ami ! Regarder mon ami Jouer une sonate. - Aquarelle a écrit:
- Le jeune pompier s'attendait à cet évanouissement. Pourtant il regardait dans tous les sens, cherchant l'aide de son coéquipier. Il essayait de réveiller la jeune femme par quelques tapes douces sur son visage et le leitmotiv " réveillez-vous ". En vain. Elle semblait partie dans un autre monde que rien n'éclairait, excepté sa lampe frontale.
Était-il trop tard pour elle ? Les yeux bleus du pompier se perlèrent de larmes qu'il essayait de retenir tant bien que mal. Son binôme enfin revenu braqua sa torche sur lui : " Mon ami, il va falloir t'endurcir. Tiens, prends les pieds de la blessée, on va la placer en position latérale.... Pendant qu'il parlait, un léger air de flûte résonna dans la nuit, comme le dernier mouvement d'une sonate inachevée. - Ysabelle a écrit:
- Il reprit espoir, en la regardant sortir de la mairie. Il l’attendait comme chaque soir. Le courage lui manquant jusqu’ici, il reportait à plus tard l’élan de son cœur. Aujourd’hui c'est décidé, il va lui parler, lui dire les mots bleus qui donneront un sens à leur vie ensemble. Il s’approcha encouragé par le sourire lumineux qui éclairait son visage. Ses yeux pleins d’espoir récitaient une belle sonate. Elle doit comprendre absolument ; Ce soir c’est évident. La nuit amie sera témoin.
3 /17 octobre 2023 - Ysabelle a écrit:
- Fleuron, Tradition, Hauteur(s), Beauté, Fier(e), Traverser, Loup, Louve, Nombre, (ou un nombre au choix)
- Spoiler:
- Annwvyn a écrit:
- Ils étaient cinq, et les hasards de la vie les avaient conduits là, à travailler pour ce fleuron de la gastronomie. Il y avait Le Tordu, La Balafre, Pépé et Hector, et puis La Beauté, qu'on appelait ainsi parce qu'il avait de longs cils courbés sur des pommettes roses à la peau douce. Tous les soirs, ils traversaient la Seine, bras dessus, bras dessous, le regard fier, puis filaient à pas de loup jusqu'à la porte arrière des cuisines dans les hauteurs de Montmartre. La tradition voulait qu'une fois passés leur tablier blanc et leurs sabots, ils ressortent sur le pavé, et fument ensemble une dernière cigarette, le dos contre le mur, avant le coup de feu du soir.
- L’Ami a écrit:
- Ces arguties de galonnés déclarées à tous vents restent de vrais fleurons d’inepties. Ils nous vantent des traditions ancestrales comme critères de vérités, prennent de la hauteur pour nous assommer de formules qui relèvent de la tautologie. La beauté de nos campagnes militaires devrait-elle nous rendre fiers de nos combats, même si aux champs des morts traversés, il nous faut disputer aux loups, les corps de nos frères tombés en nombre.
(Carnet d’un jeune tambour de la garde) - Aquarelle a écrit:
- Elle flottait avec aisance dans l'amoncellement de nuages cotonneux d'une beauté stupéfiante. Ils étaient d'un blanc absolu, à une hauteur inimaginable pour la tradition terrestre. Elle sentait son esprit libéré de son corps, fier de ses nouveaux pouvoirs. En navigant vers le bas elle aperçut bon nombre de loups qui traversaient une rivière miroitante de lumière. Seule, à l'écart de ce fleuron d'animaux sauvages, une louve à fière allure se désaltérait de l'eau étincelante.
L'esprit d'Émilie ne se lassait pas de ce spectacle ... Cela faisait quatre jours que le corps de la jeune accidentée de la montagne s'enfonçait dans un sommeil profond. Sur un lit d'hôpital, ancrée dans ses rêves inatteignables... - Selenh a écrit:
- Les loups, beautés de la nuit, ondulants et fiers,
Célèbrent les étoiles, en des danses légères.
Loups et louves en nombre traversent les ombres Symboles fuyants de l'effroi des forêts sombres
Les loups, discrets fleurons des hauteurs vont au val Mais Tradition a fait d'eux des forces du mal. - Rosalind a écrit:
- L’arrogant seigneur, fier de la beauté de son épouse, la considère comme son plus précieux fleuron. Férocement jaloux, il la garde prisonnière dans sa forteresse.
Construite selon la tradition sur un éperon rocheux, celle-ci domine la plaine d’une hauteur impressionnante. Ses épais remparts, flanqués d’une douzaine de tours et échauguettes, dissuadent toute intrusion. Au sommet du donjon flotte un étendard de gueules au loup passant de sable. Comment Thibaud le preux chevalier traversera-t-il tous ces obstacles pour délivrer la dame de ses pensées ? 17/25 octobre 2023 - Annwvyn a écrit:
- Politique, mirer/admirer, évanescent, clapoter, bon/bonne, mouton, coquelicot, partir
- Spoiler:
- L’Ami a écrit:
- _ On y exerce la ruse, la cruauté, la souplesse, tantôt blanc tantôt noir ? En neuf lettres ? avec un i à la quatrième ?
_ Échiquier !, _ Mais non Majesté, Politique ! Comme échiquier politique, je vous l’accorde. _ Ah, Charles-Maurice, je vous admire. _ Non pas, ce ne sont que jeux d’esprit évanescents qui vont clapoter au fil des flots de nos pensées. _ Soit mon bon Charles-Maurice, mais revenons à nos moutons. Il paraît que les Parisiens manquent de pain et se coiffent d’un bonnet couleur coquelicot pour se moquer, mais de qui et de quoi ? Enfin, Charles-Maurice de Talleyrand, vous homme de confiance, évêque d’Autun, avant de partir, pourriez-vous m’expliquer ce qui se passe exactement dans mon royaume avant que j’en perde la tête ? - Annwvyn a écrit:
- Depuis le Parlement, Eamon voyait partir le jeune Européen vers la Commission. Pour un soir, son calme intérieur, la limpidité de ses pensées et de ses actions, avaient laissé la place à des émotions désagréables, son coeur serré avait le rouge évanescent du coquelicot.
Eamon, l'administrateur, reconnaissait à ces jeunes gens, désireux de se battre pour leurs convictions et capables de monter au front politique, un courage qu'il n'avait pas et qu'il pouvait admirer. Il y avait de la mélancolie dans ce constat, en même temps que de la sollicitude et de la patience envers le jeune homme. Eamon laissait la pluie clapoter contre la vitre. Les lumières de Bruxelles formaient des halos dans les gouttes. Il n'était pas inquiet, en lui, la paix se ferait de nouveau. Les regrets, le doute, le chagrin de la séparation, tout cela s'éteindrait. Au tapage, au tohu-bohu des députés moutons, il opposerait toujours la solidité et l'impartialité de l'administration. Il aimait l'ordre et le soin, la bonne tenue des choses, non par maniaquerie ou par anxiété, mais parce que rien ne soutient autant la Démocratie qu'un socle inébranlable. - Clinchamps a écrit:
- Les coquelicots de papier étaient encore au pied de la stèle, mémoire évanescente de ceux qui partirent la fleur au fusil, troupeau de moutons condamnés par des politiques qui ne verraient pas l'horreur de la boue clapotante des tranchées ! Admirez, bonnes gens, les listes en lettres dorées...
- Rosalind a écrit:
- Ras le bol des discussions politiques pendant le repas dominical ! Comme à chaque fois le ton monte et tout part en vrille. Aujourd’hui, las d’être considéré comme le mouton noir de la famille à cause de ses opinions divergentes, Pierre préfère les laisser clapoter dans les eaux bourbeuses de la polémique, et décide de filer à Orsay admirer les coquelicots de Monet, ou au Louvre méditer devant le sourire évanescent de Mona Lisa, quitte à faire une bonne heure de queue.
- Elianor a écrit:
- Les coquelicots s’agitaient doucement dans la brise évanescente. Aux alentours, plus rien à admirer. Ni maison, ni champ, ni mouton, aucune âme qui vive. Même l’eau de la rivière coulait, silencieuse, sans clapoter. Tous étaient partis, vaincus par une politique de destruction et de vengeance. Seule subsistait la terre noire et meurtrie, chargée des bons et des mauvais souvenirs et éclaboussée par endroits de ces flaques d’espoir écarlates.
- Ysabelle a écrit:
- Le coquelicot, cette incroyable fleur sauvage, symbole de Morphée, me nargue cette nuit. Je l’admire depuis ma fenêtre, suivre en dodelinant, l’eau qui clapote au bord de la rivière, sous le bon œil bienveillant de la lune dorée. Cette étrange berceuse, loin de faire partir le mouton noueux qui hante mon esprit, semble emporter un beau rêve évanescent, … La voix tonitruante du jeune politique sûr de lui, me tire de ma torpeur et accentue le sentiment d’un lendemain incertain.
- Selenh a écrit:
- Au pré les moutons électriques admirent des coquelicots synthétiques en se demandant si c'est bon, puis partent en chancelant sur leurs pattes évanescentes. Ils se font des illusions en échangeant solennellement avec la rivière qui clapote au moulin, mais objectivement ils n'ont toujours pas la tête politique et choisir n'est pas encore à la portée de leur intellect sommaire.
- Aquarelle a écrit:
- « Monsieur, monsieur, venez-voir la 307 : elle a ouvert les yeux ! Venez vite docteur »
Andreas Vargas, le neuro-chirurgien, entra calmement dans la chambre de celle qui dormait depuis quinze jours déjà. Ce n’était pas sa politique de trop montrer la joie qu’il éprouvait lorsqu’un de ses patients revenait à la vie. Il admirait en silence – tout en l’auscultant – le fin visage de la jeune femme aux contours évanescents. Combien de temps lui faudrait-il pour se remettre complètement ? Quand partirait-elle de l’hôpital ? A la saison des coquelicots, quand l’eau du lac proche clapoterait du plaisir de sentir les voiliers glisser sur elle ? quand les moutons regagneraient les verdoyants pâturages ? Bon sang, s’écria-t-il, regardez ses yeux, ils suivent tous nos mouvements. » 25 octobre / 2 novembre 2023 - Clinchamps a écrit:
- Préambule, Constater, Débarquement, Décliner, Attentif, Humain, Ainsi, Plusieurs
- Spoiler:
- Selenh a écrit:
- Ainsi, tandis que le pouvoir impérial déclinait, plusieurs groupes de Fringons libres s'attaquèrent sans préambule au trône des Rakhonen. Un observateur attentif eut pu constater au même moment un ralentissement dans le débarquement des épices de combat, mais aucun humain n'était plus là pour en tirer les conséquences.
- Annwvyn a écrit:
- Winnie organisait le débarquement depuis sa baignoire. En préambule, avait-il dit, il faudrait être attentif au nombre de parachutes. On avait constaté que les stocks avaient décliné, et plusieurs chefs d'Etat Major s'étaient plaints de souris qui auraient mangé les toiles. Ainsi les problèmes étaient-ils considérés et traités par Winnie, tracas humains ou matériels sans discrimination d'importance, et il sortait de la salle d'eau une file ininterrompue de solutions inédites.
- Rosalind a écrit:
- En préambule à notre rapport sur la réussite du Débarquement allié en Normandie, force est de constater le nombre élevé de pertes humaines. Si plusieurs responsables déclinent toute responsabilité dans certaines décisions malencontreuses, il nous incombe de rester attentifs et insister sur le devoir de mémoire envers tous ces héros, car c’est ainsi que nous devons les nommer.
- Aquarelle a écrit:
- Constatant que le neurologue sortait de son habituel mutisme, attentive, l’infirmière ne quittait pas du regard les yeux mobiles d’Emilie, tout en lui massant doucement une main, puis l’autre. Le docteur Vargas remarqua également que sa patiente ouvrait et fermait la bouche, presque spasmodiquement, à plusieurs reprises. Il lui demanda : « Vous voulez me dire quelque chose ? » Elle serra alors la main droite de l’infirmière : « la flûte » murmura-t-elle, puis augmentant d’un ton, elle répéta « la flûte ».
-« Vous voulez une flûte ? » Elle déclina l’offre d’un mouvement de tête saccadé. Ce fut ainsi que le préambule du retour d’Emilie à la vie… ou si on veut, le débarquement de la jeune femme sur la terre des humains. - L’Ami a écrit:
- Mesdames et Messieurs, soyons directs et sans préambule. Comme vous avez pu le constater, loin d’un débarquement impromptu notre rencontre fut un pur enchantement pour nos pensionnaires d’être salués lors de la visite de notre Maire et ses conseillers municipaux. Je ne déclinerai pas tous les bienfaits dont bénéficie notre Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées et Dépendantes. « Attentifs et Humains » tels sont nos engagements envers vos parents et proches. Ainsi je vous invite dans ce cadre de participer à notre loterie hebdomadaire, dont l’heureuse ou l’heureux gagnant remportera le magnifique lot de couches-culottes double épaisseur, étanche plusieurs heures et facile à changer.
4/13 novembre 2023 - Selenh a écrit:
- Accourir, blâmer, crédit(s), doléances, prochain, mauvais, incommodément, de côté
Joker : Fichtre - Spoiler:
- L’Ami a écrit:
- Est-il vraiment utile de préciser que Londres est devenue la Babel du Commonwealth et de « l’État libre » d’Angleterre. On n’y entend que langues sauvageonnes de marins, marchands, voire de gueux, enfin ce qui accourt du Levant au Ponant. Sans vouloir blâmer le commerce, Dieu merci, avec cette engeance, c’est souvent se donner de la peine à crédit, supporter doléances, jérémiades de malchanceux. Certes il faut respecter son prochain fut-il étranger, ou pire, Français, « Rien n’est bon ni mauvais en soi, tout dépend de ce que l’on en pense * » me cite souvent Elizabeth de Saint Michel, ma femme, incommodément logée à Woolwich et de côté, à l’abri de cette maudite peste.
* William Shakespeare (Hamlet) - Annwvyn a écrit:
- Je ne veux point vous blâmer, Madame, mais tout de même, m'avoir convoqué ici, m'avoir fait accourir en ce lieu, pour écouter vos doléances... Fichtre ! Mais je ne le souhaiterais pas à mon pire ennemi, que dire donc de mon prochain !
Certes, vous êtes incommodément installée. Certes oui, l'air est mauvais. Les carreaux du sol sont disjoints et vous devez faire de petits pas de côté pour ne point trébucher et vous casser le nez. Mais, ma bonne dame, vous comprendrez que je n'y puis rien si vous êtes une râleuse. Assurément, non, je ne peux vous faire crédit du loyer ! - Rosalind a écrit:
- Selenh, j’accours te faire part de mes doléances. Je ne te blâme pas pour ton choix de mots, ce serait de la mauvaise foi. Mais fichtre, palsambleu et saperlipopette je n’arrive à rien écrire qui ait quelque crédit.
Je vais mettre tout cela de côté pour un prochain essai, en espérant trouver l’inspiration ! - Elianor a écrit:
- « Et c’est reparti pour les doléances » soupira intérieurement Catherine en voyant accourir la cliente à son guichet dès l’ouverture des portes. « Pour quelle raison va-t-elle me blâmer cette fois ? Quel sera son prochain grief ? Tout ce qui est mauvais dans sa vie est de toute façon de ma faute ! ». La cliente se rua sur la chaise devant le guichet, jeta son sac de côté et entra directement dans le vif du sujet sans s’embarrasser des politesses d’usage. Tapotant sur son clavier, Catherine l’écouta d’une oreille distraite sans accorder beaucoup de crédit à son récit mais en prenant soin de placer quelques « je comprends » à bon escient, en attendant que le flux se tarisse. Incommodément installée sur la chaise raide et irritée devant tant de stoïcisme, la cliente s’agitait de plus en plus. Elle parla plus vite encore, sa voix escaladant dans les aigus. Un « je comprends » plus étiolé que les autres la fit sortir de ses gonds. « C’est un scandale » hurla-t-elle en se levant. « Je reviendrai » ajouta-t-elle, vengeresse, en tournant les talons.
- Aquarelle a écrit:
- Incommodément installée sur l'oreiller, la jeune femme balançait la tête d'un côté et de l’autre : "...en...t'en...flû...u..."
Un son lancinant sortait de sa bouche : "la la la la/la la la la". L'infirmière, aux aguets, crut reconnaître ces quelques notes : "- le Huyano peut-être ? _Oh, s'exclama le médecin, plutôt la tarka ; non loin de la clinique les tarkeados se sont rassemblés il y a quelques jours, au moment du festival. Ces concours musicaux font immanquablement accourir une foule de badauds que blâment les gens bien pensants d’Oruro. - Oui, ce doit être cela, mais il ne faut accorder nul crédit à ces mauvais coucheurs ! Leurs doléances ne servent à rien. C'est probablement cette musique romantique qu’Émilie a dû entendre au moment de son accident. -Attendons les jours prochains pour continuer à la faire parler. C’est mauvais pour son cerveau de trop le stimuler. " 13/19 novembre 2023 - Aquarelle a écrit:
- Capacité, Familier / ère, Notamment, Rituel, Complexe, Informer ou S 'informer de, Elargir, Transparence.
- Spoiler:
- Annwvyn a écrit:
- Tous les matins, Steve allait s'asseoir sur les marches de l'escalier métallique qui grimpait sur la façade de briques rouges. C'était un rituel, le petit gars de Brooklyn parcourait d'abord le journal de la veille, que la voisine du dessus avait jeté, de quoi s'informer des grands événements du monde et du pays (Steve s'arrêtait de lire dès qu'il tombait sur le mot "Notamment", il le trouvait trop vilain). Puis il repliait les feuilles avec soin, et en frottait ses souliers au cuir craquelé pour en retirer la boue ou la poussière.
Lorsqu'il y avait encore quelques minutes avant le départ pour l'école, Steve se tournait vers la rue en contrebas, appuyait ses bras sur la rambarde en ferraille, le menton dans le creux du coude, et laissait ses jambes nues balloter dans le vide. Tout lui était familier, c'était une animation grouillante et joyeuse, dont le bruit montait vers lui comme un ronflement chaleureux. Il y avait d'autres gamins en culotte courte - comme lui, mais plus riches, qui marchaient entre les flaques pour ne pas salir leurs bottines. Il y avait le laitier, le cordonnier, le rémouleur, et un facteur à la voix cassée. Et les jours de chance, il y avait aussi un vieux monsieur qui faisait des bulles. Ces jours-là, Steve savait que tout se passerait bien. Il regardait les bulles de savon élargir leurs transparences bleutées. Ce n'était pas si complexe, cela ne demandait pas de grandes capacités, juste un peu de souffle et de la régularité. - Clinchamps a écrit:
- Je vois sa silhouette apparaître au fur et à mesure que la nuit qui tombe fait disparaître la transparence de la baie vitrée. La voix familière à volonté apaisante du coach entame le rituel du retour au calme. "Vous êtes en capacité de sentir votre souffle, de sentir votre cage thoracique s'élargir, puis retomber. Votre corps vous informe des tensions complexes de vos muscles, notamment ceux du dos. Vous êtes en capacité de les relâcher en commençant par le cou et le haut du dos."
- Selenh a écrit:
- Le ton baisse dans la salle de rédaction du Gaulois quand on entend résonner le pas familier de Lousteau. Il apparaît chargé d'une pile d'épreuves qu'il répartit selon un rituel complexe, sans un mot, sur la longue table. Cela n'annonce rien de bon. Il allume ensuite son premier cigare et regarde enfin ses collaborateurs, puis attaque, sarcastique :
- Lucien, mon cher, bravo, en peu de mots tu as démontré une étonnante capacité à élargir le cercle de nos ennemis jurés ! Je t'envoie, en confiance, couvrir les questions au gouvernement et tu t'informes du manque de transparence dans l'attribution des commissions d'avitaillement ? notamment en ce qui concerne la Marine ? Il s'en étranglait. -De la «transparence», mon petit? L'envoyé spécial du Gaulois, qui réclame de la transparence au Ministère de la Guerre ? Tu veux la mort du journal ? Je t'en foutrais, moi, de la transparence ! - Aquarelle a écrit:
- Émilie se retrouva seule, sans capacité aucune de reconnaître quoi que ce soit de familier dans cet environnement insipide. Ils étaient partis, l’ayant réinstallée sur sa couche, emportant avec eux le souvenir d’une flûte...
Un autre souvenir l’envahit soudain, tellement lumineux qu’il se transforma en flammes tourbillonnantes...des bras la sortaient de cet enfer...mais d’où ?, quand ? Aucune transparence dans les bribes de souvenirs qui se heurtaient comme des vagues à son cerveau embrumé. Ce dernier essayait de s’informer, notamment sur ces notes de flûte qui frappaient, comme un rituel oublié, sa conscience engourdie. Elle aurait voulu élargir ses efforts, mais les réminiscences complexes finirent par avoir raison d'elle et Émilie s’endormit. - L’Ami a écrit:
- Et devinez qui aujourd’hui nous honore de sa présence sur les bancs de la faculté si chère à notre bonne ville de Pontoise, le jeune Sieur Villon. _on peut applaudir ! Je profite de votre visite, surprenante, pour vous annoncer que votre Capacité en Droit vous est attribuée en dépit de vos absences répétées notamment à nos cours de travaux pratiques malgré l’ambiance familière de cette Université. Je vous dispense du rituel de remise du diplôme, cela sans complexe. Pour le retirer, informez-vous auprès de notre frère greffier. Nous ne saurions élargir à d’autres élèves cette décision exceptionnelle, le but est de vous éloigner le plus vite possible hors de notre vue et d’éviter les plaintes constantes du Guet de la ville. Ceci sera acté en toute transparence par notre Recteur et affiché à la grande porte de nos locaux. De Pontoise aux Fourches de Montfaucon votre voie sera courte !
- Rosalind a écrit:
- Nous informons notre aimable clientèle que la capacité d’accueil de notre complexe hôtelier s’est élargie, avec notamment la création de bungalows individuels, dont les familiers des lieux apprécieront l’emplacement face au lagon à l’eau turquoise d’une transparence exceptionnelle.
Le rituel de l’accueil reste inchangé, un punch planteur vous sera offert à votre arrivée. - Elianor a écrit:
- Le trait de lumière s’élargissait régulièrement en jouant avec la transparence des rideaux. Il vint bientôt chatouiller son visage comme pour l’informer de sa présence. Elle ouvrit les yeux à demi et les referma aussitôt. Le rituel familier du matin venait de commencer. Elle n’avait pas cette capacité à se lever d’un bond pour sauter dans sa journée. La mise en route était beaucoup plus complexe, notamment au début. S’extirper du doux pays des rêves sans trop de brusquerie était l’étape la plus délicate. La réussir permettait presque de prédire la réussite de la journée.
21/29 novembre 2023 - Elianor a écrit:
- Sortilège, pensée, suranné, envoyer, déceler, libre, silhouette, cime
- Spoiler:
- L’Ami a écrit:
- L’enfant avait longuement préparé ses poupées en chiffon sur lesquelles déjà, par pensée, il prévoyait des sortilèges terribles. Sa copine, la petite Colette, lui a fourni de longues aiguilles servant à fixer les chapeaux surannés de sa grand-mère. Il les plante partout afin d’envoyer de mauvaises ondes en chantant _Je suis libre, libre, méchant et libre. Il décèle un insupportable sourire sur son ourson en peluches_ Deux épingles ! Fixe la silhouette de son écureuil _Non pas l’écureuil, c’est un copain comme Colette. Puis brusquement s’assoit, épuisé, apaisé. Il quitte les cimes de sa colère. _Elle est où maman ?
- Aquarelle a écrit:
- Le garçon circulait au beau milieu des ruines
Dont il ne décelait aucunement les cimes. Sa silhouette surannée bondissait en gazelle, Libre de toute pensée le ramenant à elles. Il envoyait valser les sortilèges de crimes Qui transformaient sa ville en béances inutiles. - Annwvyn a écrit:
- Depuis la vigie, Basile voyait la cime des palmiers percer la brume épaisse. L'imprévisible était échoué depuis la veille dans la crique hostile, et dans le brouillard tout n'était que silhouettes, le grand mât, l'île voisine et ses roches acérées, même les marins qui erraient sur le pont sans savoir à quoi s'occuper. La pensée de Basile s'égarait, il ne décelait plus le vrai du faux, comme si le navire et son équipage étaient engourdis par le sortilège d'un conte suranné. Il faudrait bien pourtant envoyer un signal de détresse, mais à cette heure tragique, plus personne n'était libre de raisonner ou d'agir par lui-même.
- Selenh a écrit:
- Vallée des Merveilles
La silhouette altière du mont Bego, une cime du Mercantour, est aussi tentante pour le libre randonneur que la pensée des mystérieuses gravures qui font sa réputation. Le marcheur qui les découvre y décèle immédiatement des sortilèges surannés (eh oui, certaines gravures sont datées de quatre mille ans avant notre ère !) ce que ne contredit pas l'archéologue envoyé par l'Institut, loin de là ! - Rosalind a écrit:
- Par quel sortilège ce paysage étrange s’est-il affiché sur son écran ? Des silhouettes de personnages aux costumes surannés, au pied de cimes rocailleuses d’où dévalent des cascades.
Intriguée, elle a profité de son temps libre pour fureter sur le site, et découvert un forum de haute tenue, sans déceler de propos grossiers ou de pensées inconvenantes. Après plusieurs jours d’observation, elle se décide à s’inscrire, choisit un joli pseudo, et rédige un texte de présentation. Le coeur battant, elle clique sur « envoyer » ... 30 novembre/11 décembre 2023 - Annwvyn a écrit:
- Avaler, volcan, postuler/postulat/postulant, immédiat(e), verre, palette, nommer, joyeux(se)
- Spoiler:
- Selenh a écrit:
- Aïe aïe aïe, c'est parti : je ne peux plus avaler, ma gorge devient un volcan. Je vais devoir postuler pour un arrêt de travail immédiat ! Ça devait bien arriver, à force de boire dans les verres hâtivement rincés des copains. C'est qu'en salle des profs, depuis le début de la semaine, sur la joyeuse palette des maux locaux, il n'y a qu'à choisir le sien. Et je me suis généreusement servie ! La tripaille en vrac comme Sylvie, et la tuyauterie ORL toute bouchée, comme l'ami Guillaume... ce qui m'inquiète davantage, car il se trimballe bel et bien, m'écrit-il, cette cochonnerie nommée Covid !
- Aquarelle a écrit:
- Les yeux verts de la jeune femme papillotèrent : où était-elle ? Elle avait du mal à avaler, sa gorge la brûlant comme un volcan en éruption. Elle avait tellement soif !
Le feu...toujours le feu... Un souvenir immédiat secoua sa conscience : elle était entourée de flammes et les bras d'un vieil homme la sortaient du brasier. Une palette d'images tournoyait dans sa tête : une enfant de quatre ans peut-être, un endroit arboré et fleuri qu'elle aurait pu nommer, un homme âgé... "Oh, grand-père, grand-père, sanglota-t-elle". Un léger Toc à la porte et l'infirmière entra avec un sourire apaisant et joyeux, cette infirmière qui, en postulant à la clinique, savait qu'elle serait confrontée à des cas aussi graves que celui d'Emilie. C’était pourquoi ce fut avec une grande douceur qu’elle approcha le verre d'eau salvateur, jusqu'aux lèvres tremblantes de la jeune femme. Ce fut comme un élixir de vie retrouvée. - L’Ami a écrit:
- Il avale, il avale la gueule grande ouverte, léviathan insatiable, dévore des forêts entières, des brassées de fougères, des salicornes, de la chaux et bien sûr du sable de silice qu’il dégorgera écarlate comme une coulée de volcan. Le maître du four tient pour postulat de ne jamais le quitter des yeux, au risque d’une sanction immédiate.
Il y a non dérogeance pour celui qu’on nomme le « gentilhomme de verre ». Vitrail, rosace, sa palette de couleurs émerveille nos églises, par sa transparence une lumière joyeuse envahit nos intérieurs en Flandre, pendant les longs hivers. - Elianor a écrit:
- Il se laissa avaler par la jungle épaisse. C’était après tout le chemin le plus court pour accéder au volcan et c’était ce pour quoi il avait postulé : aller au chevet du géant de feu et de fumée, celui que les habitants refusaient de nommer, pour l’étudier. Le chemin était ardu mais la palette des verts chatoyants qui l’entourait avait un effet immédiat d’apaisement sur lui. Les rayons du soleil se reflétaient sur les feuilles comme sur du verre. Joyeux, détendu, il restait néanmoins concentré sur son objectif et essayait de ne pas penser aux dangers nombreux qui se tapissaient au cœur de la végétation. Tout était tranquille pour le moment.
- Rosalind a écrit:
- Alain fait tourner pensivement le liquide ambré dans son verre, en contemplant le soleil couchant qui fait rougeoyer le ciel de lueurs écarlates telles les laves d’un volcan. Il songe avec nostalgie à ses années d’adolescence, lorsque ses parents furent nommés outre-mer. Il était tombé sous le charme immédiat de l’île, de sa palette de couleurs et de saveurs, et avait adopté la joyeuse insouciance de ses habitants.
Le retour en métropole fut difficile : il avait perdu ses repères et ses amis, et dû travailler dur. Son diplôme en poche, il a postulé et obtenu un emploi. Il avale une gorgée de rhum arrangé, et se hâte de finir ses valises. Demain il s’envole pour la Réunion. 11/23 décembre 2023 - L’Ami a écrit:
- Nacre(é.ée), Abréger, Fort(e), Mander, Opale, Sombre, Judicieux(se), Chas
Joker;Salé(e) - Spoiler:
- L’Ami a écrit:
- Notre bâtiment est à la cape, nous dérivons doucement dans ce brouillard nacré, les manoeuvres abrégées pour entendre les canons du fort de Saint Louis qui nous aident à éviter les récifs. Le capitaine au visage sombre mande les officiers dans son Carré pour faire le point tandis que le verre opale de la lampe éclaire la carte déroulée sur la table. Compas à la main, il trace la route, la plus judicieuse pour enquiller la passe du « chas » entre les hauts-fonds.
- Aquarelle a écrit:
- Quand elle vit Émilie se redresser sur sa couche et ses jolies lèvres nacrées scander : " je me souviens ", l'infirmière trouva plus judicieux de ne pas abréger la renaissance de sa patiente en mandant le neurologue, mais d'écouter religieusement l'égrainement des souvenirs cristallins qui sortaient de plus en plus fort de sa bouche : "j'étais une petite fille très vive et intrépide. Une fin d'après-midi où des traînées de soleil empêchaient la nuit sombre d'envahir le parc de mes grands- parents, je fus attirée par une salve d'éclairs blancs qui embrasaient le groupe de mes 5 arbres préférés.... je courus....courus...." Les yeux d'opale d'Émilie brillaient tellement, que l'infirmière sentait qu’il était plus difficile pour elle de retenir ses émotions que de passer par le chas d'une aiguille. Des perles salées flottaient au bord de ses yeux et roulaient le long de ses joues...
- Rosalind a écrit:
- Elle a travaillé des années dans cette boutique sombre en centre-ville. A présent qu’elle voit à peine le chas de son aiguille, il lui paraît judicieux de prendre sa retraite.
Demain elle va mander le charmant jeune homme de l’agence immobilière afin d’abréger sa location. Il est fort probable que l’addition sera salée, mais elle souhaite réaliser son rêve, finir ses jours sur la Côte d’Opale où paraît-il le ciel offre des reflets de nacre au soleil levant. - Annwvyn a écrit:
- Elle se sent si faible devant la voix d'autorité qui lui mande de toucher la pointe d'argent. Combien il paraît judicieux, n'est-ce pas, d'y poser le bout du doigt ! Le ciel étoilé a des reflets d'opale sur le métal de l'aiguille. Le regard de la jeune femme glisse du chas à la pointe, si fine que l'extrémité se perd dans le velours noir de la nuit. La voix se fait plus forte. La jeune femme laisse une main sombre emprisonner son fin poignet à la peau nacrée. Allons, dit la voix, impérieuse, le moment est venu, il faut obéir, abréger la souffrance de l'attente.
- Elianor a écrit:
- On l’avait mandée expressément pour achever ce que la précédente couturière avait abandonné après avoir rendu son tablier et ses ciseaux. Lorsqu’elle entra dans l’atelier la robe lui fit forte impression. Elle était d’une soie sombre magnifique qui chatoyait comme l’opale. La disposition judicieuse des différentes pièces sublimait encore le tissu. Elle se reprit assez vite. Enfiler le fil dans le chas miniature de l’aiguille était la partie la plus facile. Il lui fallait ensuite agencer en volutes complexes les minuscules perles et les fragiles fleurs de nacre. Elle allait sans doute devoir abréger sa nuit pour que la tenue soit prête comme prévu dans la matinée.
- Selenh a écrit:
- Les enfants s'agitent dans les sombres bas-côtés de la cathédrale Saint-André.
Il est vrai que pour une veille de Noël l'évêque aurait pu songer à un sermon plus léger. De sa longue main aristocratique, ornée d'une grosse opale aux éclats nacrés, il pointe à tout va l'assistance, accusateur. Sa forte voix de berger des âmes mande tous les démons de l'enfer pour qu'ils emportent les impies, les jettent aux Léviathans de la mer salée - ce qui est assez judicieux, il faut lui reconnaître ça, dans ce port de Bordeaux voué au dieu Commerce. Déjà l'exorde commençait par le fameux : « Il est plus facile à un chameau de passer par le chas d'une aiguille qu'à un riche d'entrer dans le royaume de Dieu ». Pas tellement de saison quand tous les armateurs et marchands redoublent de charité, et de dons à l'Église, en l'honneur de la naissance du Christ... Hélas ! Monseigneur n'a pas la reconnaissance du ventre, et n'en est visiblement pas à l'apogée de son indignation : pas question qu'il abrège. Pauvres de nous ! 26 décembre 2023/6 janvier 2024 - Rosalind a écrit:
- Affamé, confit, délirer, hermine, lutin, ouragan, redouter, royaume
- Spoiler:
- L’Ami a écrit:
- Affamée de bondieuseries, confite dans la cagoterie, elle délire de dévotion. Soeur Hermine, traquant toutes pensées lutines, tel un ouragan dévastateur redoute une once de plaisir qui la bannirait du royaume des cieux.
- Annwvyn a écrit:
- Sans pitié, il avait culbuté sa vie rangée, balayant son royaume tel un ouragan sacrilège. Elle ne savait plus dire si elle le redoutait ou si elle l'aimait. Lui délirait, affamé de tendresses dont elle ignorait tout. Il voyait son visage mince aux grands yeux, comme une pâle figure de lutin, le regarder l'air confit, le nez dépassant des fourrures d'hermine dont il l'avait emmitouflée.
- Aquarelle a écrit:
- Aussi blanche qu'une hermine, Emilie ne délirait plus, mais se souvenait de ces moments cruciaux qui, tel un ouragan, avaient détruit le royaume enchanté de ses jeunes années. "Les arbres brûlaient et moi j’étais toute proche de ce chaos… et si mon grand-père n’était accouru à mon secours et ne m’avait pas arrachée à ce feu du ciel, plus jamais je n’aurais vu le jour de la terre.
Émilie pleurait, complètement dévastée. " Mais le plus étrange, reprit-elle, un peu plus calme, c’est qu'au moment où je traversais ces horreurs, toute confite dans les bras aimants de mon grand-père, j’entendais une flûte et sa musique plaintive...C’était mon plus jeune frère que l'on surnommait « le lutin », qui jouait du yoresox, accompagné de notre frère aîné, qui, lui, affamé de magie avait appris le violon, sans redouter les difficultés de cet instrument… Et ici même, j'ai cru entendre mon chiquito..." Presque tendrement, l'infirmière caressa le front de la jeune accidentée. « C’est fini Emilie, vous allez retrouver vos frères... Dormez en paix maintenant." - Selenh a écrit:
- Malédiction !
VOIS, Sombrillard ! Celui que tu as pris pour un fragile lutin à tourmenter n'est autre que le Maître de Justice. Aussi redoute l'ouragan de sa colère et sa foudre sur ton royaume, Prince aux Hermines confit dans la cruauté, affamé de souffrances, délirant de haine ! L'heure de la rétribution est arrivée. - M. Rosalind a écrit:
- Le petit lutin marchait depuis des heures, complètement perdu dans cet ouragan qui soufflait sans répit, et redoutant une rencontre avec la blanche hermine son implacable ennemie …
Affamé, il commença à délirer : ne voyait-il pas des assiettes pleines de fruits confits et n’humait-il pas la délicieuse odeur d’un royaume tout juste sorti du four ! - Rosalind a écrit:
- Ventre affamé n’a point d’oreilles, paraît-il.
N’importe quoi ! grommelle le lutin tout en se gavant de fruits confits, moi j’ai toujours faim et j’entends parfaitement Nicolas qui rouscaille. Non seulement il redoute l’ouragan annoncé la nuit de Noël, mais de plus il délire de colère. Les rennes refusent le travail de nuit sous prétexte d’atteinte au bien-être animal, quant aux hermines elles se sont syndiquées et refusent de jouer les doublures sur sa houppelande. Il y a quelque chose de pourri au royaume de Laponie. - Elianor a écrit:
- Affamé, énervé, il tournait en rond dans la clairière comme un ouragan dans les grandes plaines. Ce qu’il redoutait par-dessus tout était arrivé. D’abord l’affaire de l’hermine d’or qui s’était révélée encore plus fausse que ses sifflements et voilà qu’il était de nouveau dans une impasse ! Les instructions étaient pourtant limpides : « suivre le chemin entre ciel et terre », il l’avait fait. « jusqu’à l’arbre hanté », il avait eu un peu de mal à le repérer dans le noir, mais il était juste là derrière lui ! « deux pas à sénestre, 7 en avant et 10 à dextre » fait, fait et refait, à l’endroit, à l’envers et même les yeux fermés ! « et vous atteindrez le royaume des lutins » et là, rien, trou noir, le néant. Juste la mousse, les feuilles mortes et les grands arbres. Confit dans son échec, il jura, cria, délira et se mit à pleurer.
7/15 janvier 2024 - Selenh a écrit:
- Rasade, Élémentaire, S'escrimer, Naturellement, Honorable, Récipiendaire, Impliquer, Inadvertance
Joker : métaphore - Spoiler:
- L’Ami a écrit:
- Portons nous une rasade Messieurs mes témoins, c’est un geste élémentaire avant de nous escrimer sur le champ le plus naturellement au petit matin. La pointe de mon épée portera le baiser de la mort à cet honorable récipiendaire d’opérette, impliqué dans une querelle qui le dépasse. Encore un sot qui va mourir par inadvertance.
- Fauvette a écrit:
- L’œil amusé, je regardai mon colocataire et collègue se verser une réconfortante rasade d'un Earl Grey du meilleur cru pour se remettre de ses - rares - émotions.
Notre dernière enquête en date nous avait entraînés dans une folle intrigue impliquant la noblesse européenne, mon ami s'étant naturellement proposé pour défendre un honorable gentleman menacé par la récipiendaire de ses courriers enflammés. Ce que mon cher ami n'avait pas vu venir malgré ses talents de déduction, c'est qu'à force de s'escrimer à rétablir la vérité, il allait, par inadvertance et admiration légitime, s'impliquer beaucoup plus qu'il ne l'eût jamais imaginé... "Ne jamais mêler affaires et sentiments", maugréa-t-il dans sa tasse à moitié vide. Son air déconfit me fit frétiller la moustache et je ne pus m'empêcher de lui renvoyer une de ses répliques fétiches. "Élémentaire, mon cher Holmes", dis-je avant de plonger le nez dans ma propre tasse pour étouffer mon hilarité. - Annwvyn a écrit:
- « L'honorable capitaine, tu parles ! maugréa le canonnier entre deux rasades de brandy. Il peut bien être récipiendaire de l'Ordre des Indes britanniques ou de la Jarretière, pour ce que j'en sais, ça ne change rien !
Depuis trois semaines, le HMS Metaphor et son équipage s'escrimaient à dépasser le Horn, mais rien n'y faisait. Les eaux tumultueuses du Cap Dur ballotaient le navire comme une coquille de noix, les vagues avaient emporté deux gabiers, le déchainement des eaux noires avait fendu le mât de misaine, et la pluie diluvienne et glacée brûlait la peau des marins – quand ils n'étaient pas occupés à mourir du scorbut dans l'entrepont. – Naturellement ! approuva le jeune enseigne avec vigueur. On est en droit d'attendre de lui qu'il prenne les précautions élémentaires. Mais il ne s'implique pas, il laisse le second prendre tous les risques ! Son coup de génie de l'autre jour à l'entrée du détroit de Magellan ? C'était par inadvertance.» - Rosalind a écrit:
- - "Cher ami, si je suis impliqué dans cette affaire, c’est par pure inadvertance. Fort naturellement je me suis escrimé à disculper cette charmante dame des accusations d’un gentleman peu honorable.
Donc, quand vous relaterez cette aventure, oubliez les métaphores alambiquées dont vous raffolez, et restez sobre je vous en prie. A propos, quel sacrilège de verser une rasade de whisky dans cet excellent Earl Grey ! - Mais, Holmes, comment avez –vous … - Elémentaire, mon cher Watson. " - Aquarelle a écrit:
- En dépit des brasiers qui enflamment la ville.
En dépit des enfants dont les parents s’escriment A torturer les corps et à détruire les cœurs. En dépit des femmes honorables, battues, violées, Par des hommes abusant de leurs rasades d'alcool, Que par inadvertance ils ont ingurgité, Impliqués dans les crimes de leur perversité.
Tu es là, invincible, Naturellement solide, Principe élémentaire, Fier récipiendaire.
Tu es là, indestructible, Toi que l’on nomme Espoir. Viens consoler nos peurs Loin de ces messes noires. - Elianor a écrit:
- Dépité, il s’était escrimé sur l’ouverture de la bouteille avec un empressement qui n’avait plus rien d’honorable. Il avait perdu dans la défaite son habileté et les gestes les plus élémentaires. Il se versa une nouvelle rasade presque par inadvertance. Il avait travaillé plus que nul autre, il s’était impliqué beaucoup plus qu’il ne le pensait possible. Il aurait dû être le récipiendaire. Ce n’était même pas une récompense, c’était dans l’ordre des choses. Une conséquence logique. Naturellement, rien ne s’était passé comme prévu. Rien ne se passe jamais comme prévu.
15/26 janvier 2024 - Annwvyn a écrit:
- Perroquet, épouvante(r), déguster, récalcitrant(e), palabre, acabit, desceller, course(r)
Joker : couleur - Spoiler:
- L’Ami a écrit:
- Le perroquet n’a pas résisté à ce terrible coup de Noroit semant l’épouvante parmi l’équipage épuisé. Celui-ci déguste depuis son départ pour Terre-Neuve, même les plus récalcitrants abandonnent leurs récriminations de tout acabit à l’encontre du capitaine ou du premier-maître, les palabres ne sont plus de mise. Les aussières, drisses, écoutes, poulies prisonnières du gel, il faut les desceller à mains nues de leurs gangues, tandis qu’un vieux cap-hornier, un « Premier brin » donne l’alerte aux blocs de glace dérivant entre deux eaux, capables d’éventrer n’importe quelle coque en pleine course.
- Selenh a écrit:
- L'eunuque Mu De Qing, chef du protocole, palabre interminablement avec les envoyés de Huxu. Ceux-ci, l'accord conclu, aimeraient sans doute reprendre leur course rapide vers le Nord, mais on ne peut se permettre de couper trop court au baratin de ce solennel perroquet. Pour une fois, l'empereur Xu n'aide guère : il attend en silence lui aussi. Il ne s'impatiente pas encore : il déguste. Avant de s'attaquer à chaque pâtisserie couleur de rose offerte par Shurong, la concubine récalcitrante, il descelle précautionneusement le petit chapeau de pâte d'amande sur le dessus. Cette fille serait bien capable, en gage de son amour importun, d'y avoir caché quelque anneau qu'il ne veut prendre le risque d'avaler tout rond. Il a bien cru l'avoir épouvantée, hier, mais rien n'y fait ! Elle revient déjà à la charge avec ses attentions. Est-elle inconsciente ou décidément idiote ? Il faut reconnaître qu'à part l'impératrice défunte Zizan, sœur jumelle de cette Tilan, il n'a jamais connu femme de cet acabit. Mais cela suffit. Aucun intérêt. Il faut qu'il arrête de penser à elles à tout propos et hors de propos.
- Rosalind a écrit:
- Très récalcitrant à la perspective de ce vernissage, il s’habille machinalement tout en répétant comme un perroquet le discours qu’il a préparé. Il soupire en pensant aux interminables palabres et propos verbeux, sans parler des cancans et commérages de tout acabit, qu’il devra endurer avant de pouvoir déguster, si l’on peut dire ! quelques petits fours anémiques accompagnés d’un mauvais mousseux.
Un dernier coup d’œil dans la glace avant de partir. C’est alors qu’il réalise avec épouvante que la couleur de sa cravate jure avec celle de sa chemise... Le temps de se changer, il est en retard et ce sera la course pour arriver à l’heure à la galerie. - Aquarelle a écrit:
- Le marché de la place d’Arezzo est connu de tous les Bruxellois, pour ses produits frais que l'on peut même déguster sous les grands platanes. Ces derniers hébergent une colonie de perruches vertes et de perroquets aux éclatantes couleurs. Ces volatiles bruyants voisinent harmonieusement avec les habitants venus faire leurs courses ou les badauds de tout acabit s'adonnant avec délices au plaisir des commérages.
"- Vous savez pas c’qu'est arrivé à Fernande Janssens ? -Ben non... -Elle a perdu sa jolie perruche. Y paraît qu’au milieu de c' va va et vient, elle fut remplie d'épouvante. -Qui ça ? Madame Janssens ? -Mais non, la perruche !" Cette dernière réplique fut ponctuée d’un haussement d'épaules agacé. Et les palabres des femmes rivalisèrent d’intensité avec les jacassements des perruches. "-Des ouvriers ce matin ont descellé les grilles des trottoirs d'en face. Vous voyez ? - Et alors ? -Ben de quoi effrayer la pauvre bête ! Des hommes l'ont vue se réfugier dans un platane là - haut, au milieu de ses congénères. -Ils ne l'ont pas rattrapée ? -Pensez- vous. Elle s'est montrée récalcitrante et maline. Dès qu'un pompier l'approchait perché sur sa grande échelle, elle s'envolait sur un autre platane !" Les deux femmes prises d'un fou rire irrépressible en oublièrent leurs fromages sur le comptoir d'un marchand ambulant. - Ysabelle a écrit:
- Encore ce Perroquet qui lui met les nerfs à rude épreuve, avec ses palabres interminables. Comme si ce coffre récalcitrant ne compliquait pas suffisamment les choses ! Il ne pensait pas qu’il allait déguster autant, tant la chose lui semblait aisée au premier abord. Pourtant, il avait durant sa longue « carrière », été confronté à des monstres du même acabit. Quand il posa l’oreille sur le mécanisme une dernière fois, il crut entendre un déclic. Au même moment, un bruit assourdissant se produit soudain et le maudit oiseau l’acheva en lançant un grand cri d’épouvante. Il choisit de s’éclipser furtivement, avant d’être coursé par quelqu’un et risquer de se faire attraper. Tant pis, Il ne verra pas la couleur du contenu cette fois-ci.
27 janvier/5 février 2024 - Aquarelle a écrit:
- perle, éteindre, entrebâillé(e), insouciance, jongler, aveuglément, gitane, attirant(e)
Joker : marmonner - Spoiler:
- Annwvyn a écrit:
- Il aurait aimé avoir l'insouciance de la jeunesse, se lancer aveuglément dans une aventure au bout du monde, jongler entre deux femmes peut-être, leur offrir des perles pour s'acheter leur affection. La vie, toutefois, en avait décidé autrement. Elle était venue éteindre ses rêves et ses passions, aussi sûrement qu'un seau d'eau jeté dans une cheminée. Il avait donc résolu d'être sérieux, et de faire son devoir. Par la porte entrebâillée de la vieille auberge, la musique gitane glissait jusqu'à lui, une mélopée lancinante, attirant les voyageurs naïfs. Levant le bras, il fit signe à la compagnie qui le suivait à pas feutrés. Il était temps.
- L’Ami a écrit:
- Trop souvent exposé aux regards, le reflet de ses perles s’est éteint, perdu dans l’échancrure savamment entrebâillée de son corsage. Dans l’insouciance de sa jeunesse peu lui chaut les clabauderies des gadjos quand elle jongle, les yeux bandés. Dansant aveuglément sur les tréteaux aux chants des guitares, elle la gitane, la gypsy, la tsigane, perçoit le désir des hommes, attirante, envoûtante, source d’une bonne ferte.
- Aquarelle a écrit:
- Il se promenait d'un pas nonchalant, dans le quartier de l'avenue du Maine.
Comme il s'y attendait, il remarqua très vite sur une petite place, deux jeunes hommes qui jonglaient avec leurs balles, les lançant aveuglément semblait-il, tant leur insouciance était visible. Il s'aperçut au bout de quelques minutes de ce spectacle, que cette insouciance cachait une incroyable dextérité. Il resta planté là, dans l'impossibilité de voir s'éteindre son admiration. Enfin, il tourna le regard vers l’extrémité de la place et il la vit : une gitane aux cheveux d’ébène dansait. Elle ondulait des hanches en modulations exquises... Était-ce Esmeralda ? Aucune robe de dentelles ne tournoyait, mais une jupe avec de brillantes petites perles qui accrochaient le soleil. Le bas de la jupe était entrebâillé, mais nul jupon ne dépassait : seulement deux jambes brunes, minces, attirantes, tellement attirantes… Guido ne put s’empêcher de marmonner : " Qu'elle est belle !" - Rosalind a écrit:
- Elle est diablement attirante cette gitane.
La porte du destin n’est qu’entrebâillée, il a encore le choix. Va-t-il craquer, continuer à jongler aveuglément avec le danger, avancer avec insouciance vers une issue fatale, ou arrêter pour de bon ? Marmonnant entre ses dents jaunies de nicotine, il éteint en l’écrasant consciencieusement la maudite tentatrice. - Elianor a écrit:
- L’importun se pavanait devant elle. Il jonglait avec les expressions toutes faites, se croyant d’autant plus attirant. Il avait entrebâillé la mauvaise porte avec son arrogance et, sans se rendre compte du danger, continuait aveuglément à jacasser et à se rengorger. Seul son regard la trahissait. Dans ses yeux sombres de gitane, l’orage couvait et rien ne semblait pouvoir l’éteindre. Avec une fausse insouciance, elle jouait avec les perles de ses bracelets, feignant le calme pour déchaîner la tempête au moment propice.
- Selenh a écrit:
- La première fois que je vis Régis, depuis ma fenêtre entrebâillée sur la rue, il venait d'éteindre sa Gitane. Il jeta le mégot dans ma jardinière avec insouciance et se mit à jongler avec son paquet de cigarettes et son briquet. Alors que je tenais à mes géraniums comme à la perle de mes yeux, je ne marmonnai qu'une vague protestation, déjà follement, aveuglément amoureuse de ce malappris magnifique, attirant comme le péché.
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| | | Rosalind Ice and Fire Wanderer
Nombre de messages : 16718 Age : 73 Localisation : entre Rohan et Ruatha ... Date d'inscription : 17/04/2008
| Sujet: Re: Jeu littéraire pour chasser les idées noires : les textes ! Jeu 22 Fév 2024 - 18:25 | |
| 5/12 février 2024 - Rosalind a écrit:
- Saison, énigme, boire, tourment (é, er), captiver, portrait, confus, fantasque
- Spoiler:
- Annwvyn a écrit:
- Les bourrasques tourmentaient la cime des sapins, et la terre noire dégorgeait toute l'eau qu'elle ne pouvait boire. Cela laissait indifférent le détective qui grimpait à l'arbre sous la pluie battante, captivé par le nid de pie perché plus haut. Il n'était ni fantasque ni confus, il savait seulement que pour résoudre une énigme, il faut souvent en venir aux extrémités. Il s'était déjà fait refaire le portrait une ou deux fois par des suspects malavisés. Quand venait le dénouement d'un crime, la prudence n'était plus de saison.
- L’Ami a écrit:
- Voilà bien longtemps qu’il n’a pas écrit, une saison entière, à sec devant sa page blanche. Et quand je dis « à sec », c’est un euphémisme. La chaleur de son vieux whisky ne l’aide en rien à dénouer l’énigme de son roman, même bu à petites gorgées, pour faire durer. Son héros, trop tourmenté pour prendre de la distance, « qui caresse sans captiver » offre un portrait rébarbatif, confus, qui ne tient pas la route devant un personnage secondaire, plus fantasque, qu’il nommera peut-être « Moriarty », oui, quelque chose comme ça.
- Clinchamps a écrit:
- Quelle énigme que le délicieux tourment de la saison de l'Amour ! Elle est fantasque et ne se fie pas au calendrier, hiver ou printemps, elle nous tient captives d'un portrait mystérieux, nous fait boire à longs traits dans un sombre regard des promesses confuses...
- Aquarelle a écrit:
- ...Guido buvait des yeux la jolie gitane. Bien qu'elle montrât ses jambes en dansant, par l'échancrure de sa jupe, bien qu’il fût si captivé par sa danse et son sourire, elle restait pour lui une énigme. Que pensait-elle vraiment derrière ses splendides cheveux noirs ?
Quand il repartit, tourmenté par son désir, à des années-lumière de sa nonchalance du début, son exaltation lui parut fantasque, voire dangereuse : était-ce la saison du printemps qui le rendait fou ? Quoiqu'il en soit, poussé par une force incontrôlable, à revoir celle qu'il nommait dans son cœur Esméralda, tellement elle était le portrait de la jeune héroïne, il revint sur la place où dansait la gitane. Il s’aperçut avec stupeur que celle-ci le regardait avec insistance. Confus, il voulut s’enfuir, mais ses pieds ne bougeaient pas, comme pris dans un piège ensorcelé ... - Elianor a écrit:
- La Saison avait commencé depuis quelques jours, mais elle ne savait toujours pas à quoi s’en tenir. Chaque soir était une énigme qu’elle avait cessé de vouloir déchiffrer. Il fallait ne pas être insipide et réussir à captiver sans être trop fantasque. Savoir s’extasier devant le portrait de son hôtesse sans paraître idiote. Boire sans jamais paraître confuse, ne serait-ce qu’un instant. Avoir toujours quelque chose à dire et savoir quand il ne fallait pas le garder pour soi. Dissimuler ses tourments sous les atours les plus somptueux pour qu’ils ne puissent ombrer la soirée. Bavarder et danser comme si tous ces faux-semblants allaient de soi.
- Rosalind a écrit:
- Ce vendredi soir, il a accepté avec réticence d’accompagner sa copine au Louvre. Quel ennui ... jusqu’au moment où il s’arrête devant une série d’étranges portraits. Des visages composés de fruits et légumes de saison.
Captivé, il reste un long moment à les observer. Pour lui ces tableaux représentent une énigme. Sont-ils le produit d’une imagination fantasque, le reflet d’un esprit tourmenté, ou le peintre a-t-il bu un coup de trop ? Il fait ces réflexions à voix haute en ricanant, et se sent confus quand sa compagne l’informe sèchement qu’il s’agit d’un artiste célèbre. 13/21 février2024 - Elianor a écrit:
- Profond, carte, appuyer, monter, signe, frisson, claire-voie, moindre
- Spoiler:
- Annwvyn a écrit:
- En dépit des volets à claire-voie, la chaleur suffocante pénétrait dans la pièce, et l'air chargé de poussière était immobile et brûlant. Scarlett appuya son front contre les persiennes, et regarda dehors. Aucun mouvement dans la rue, aucun signe quelconque de l'arrivée du médecin.
Elle sentait monter en elle une colère incandescente. Qu'il en soit donc ainsi ! Puisque son sort ne préoccupait personne - personne n'avait la décence de s'inquiéter pour elle ! - elle aurait carte blanche pour accoucher Melanie. Elle n'avait pas la moindre envie de s'y coller, mais il fallait croire qu'elle était encore une fois la seule à prendre le taureau par les cornes. Indifférente à l'agitation furieuse de Scarlett, Melanie poussa un gémissement profond, son corps affaibli secoué par des frissons de fièvre. - L’Ami a écrit:
- Le soc attaque profond la glèbe humide du petit matin, quelques nappes de brouillard lèchent encore l’horizon, peu de couleurs à cette heure, comme sur une vieille carte postale délavée. Il appuie fortement sur le brabant, aligne sillon sur sillon, la terre transpire, quelques fumerolles montent par ce froid puis disparaissent, signe d’une rosée tenace. De temps en temps, un frisson le sort de sa torpeur, il se voit bientôt semer à claire-voie, pas très économe, mais c’est le moindre de ses soucis, un geste trop beau.
- Aquarelle a écrit:
- Premiers Émois
Elle s'asseyait toujours sur le banc à claire-voie Espérant que peut-être il lui ferait un signe, Si toutefois elle révélait s'en montrer digne.
Au moindre pas furtif, prise d'un grand frisson, A l'écho de sa voix si doux et si profond, Elle tressaillait de joie.
Imaginant sans doute qu'elle appuierait sa tête Sous la main qui montait allant vers sa conquête, Traçant les caractères de la carte du tendre Sur celle qui ignorait tout de ses méandres,
Son cœur était en fête.
- Clinchamps a écrit:
- Par la claire-voie du caillebotis une pauvre lueur s'infiltre dans la profonde cale d'où monte la puanteur de la Chiourme, ainsi qu'on dénomme les malheureux condamnés à appuyer sans fin sur les rames gigantesques, sans la moindre notion de carte directrice, ou le plus petit signe d'espoir, n'entendant plus le frisson de l'eau sur la coque étouffé par la pulsation du tambour.
- Rosalind a écrit:
- Quand donc a-t-il quitté la route ? pas le moindre repère dans ce brouillard.
S’enfonçant à chaque pas davantage dans la neige profonde, il sent monter un frisson d’angoisse, vite réprimé en visualisant la carte des environs. Ouf, voici la petite côte familière, signe qu’il approche de la ferme de ses grands-parents. A tâtons il cherche la barrière à claire-voie, s’y appuie avec un soupir de soulagement. Plus que quelques mètres à franchir avant de se réchauffer auprès de l’attisée, dont l’odeur réconfortante lui picote le nez. 22 février/1er mars 2024 - L’Ami a écrit:
- Sasser, Tenir, Revanche, Trait, Fraîche, Lourd(e, s), Resplendissant(e, s), Brut(e, s)
Joker: souffler - Spoiler:
- Aquarelle a écrit:
- Hastings observait avec attention les deux protagonistes.
-" Le meurtre, mademoiselle Summer est un crime impardonnable. Il doit être élucidé de toute urgence. C’est un problème lourd à résoudre que vous me proposez là. Mais j’aurai le plus grand plaisir à le solutionner. Hercule Poirot est un grand détective. Savez-vous que rien ne lui résiste ?" Elle posa longuement son regard sur lui, un regard brut, direct, franc, qui scrutait les traits du petit homme, sa tête en forme d'œuf, sa grosse moustache, la noirceur des yeux et des cheveux sans oublier le costume resplendissant. " - Vous êtes en train de vous demander si je suis un charlatan ou bien l’homme qu'il vous faut ? " Sarah Summer rougit en voyant le regard ironique et amusé accompagnant la remarque de Poirot. "-Vous voyez, je suis franche," souffla- t-elle de sa voix fraîche. Puis, montant d'un ton : "Il me faut le meilleur détective. Vous comprenez ? -Alors, soyez rassurée. Je suis le meilleur ! Le plus grand détective du monde ! Je ne me promènerai pas partout pour chercher des indices à quatre pattes. En revanche, j’ai les meilleures petites cellules grises qui soient. Je sasse et resasse les problèmes autant de fois qu'il se doit. Et je découvre toujours le nom du coupable. -Tiens donc ! Ce n'est pas la modestie qui vous étouffe, Monsieur Poirot. Cependant, vous m'impressionnez. Eh bien soit, je vous prends au mot." Hastings qui n'avait pas perdu une miette de cet échange, se laissa aller à sourire en pensant : "Une fois de plus Poirot se montrera l'homme de la situation !" - Selenh a écrit:
- Papa tient sa revanche, mon dernier trait d'humour, (bien lourd, j'avoue), n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd : «Je préfère le joli verbe "sasser" à "passer l'écluse", ma fille, profère-t-il aimablement, c'est l'occasion ou jamais de faire vivre ce beau terme de marinier.»
Je souffle bruyamment et je me tourne vers ma mère, resplendissante de joie, elle, à l'idée de jouir enfin d'une soirée en ville : «Eh bien puisqu'on est obligés de passer une nuit entre deux écluses en plein centre de Toulouse, je t'emmène aux douches de la gare Matabiau, Maman, c'est tout près. On sera toujours un peu plus fraîches demain pour entrer sur le canal du Midi.» Mais ce n'est pas ce que j'avais prévu, et d'un coup de poing rageur j'écrase une aussière élégamment enroulée sur le pont. «Un peu de respect pour le travail du capitaine, susurre mon père, ma fille, tu es une brute.» - L’Ami a écrit:
- Chaque matin il sasse ses rêves, sans en comprendre le moindre sens, il croit tenir la clef puis tout se mélange, une soupe grise, poisseuse. En revanche, d’une façon incompréhensible, le soir, il s’endort d’un trait, sous sa couette fraîche, lourd de fatigue mais content de sa journée, de son travail. Il vient de fêter ses dix-huit ans, dans son bel uniforme vert, pour accompagner tous ces gens qui descendent des wagons après un long voyage, pas bien resplendissants, mais bon, à la guerre comme à la guerre, ils ne sont pas les seuls. Ils auront un lit en bois brut pour l’instant, les matelas doivent arriver bientôt paraît-il d’après l’Obersturmführer.
- Annwvyn a écrit:
- Comme à l'habitude, et malgré ses nuits blanches, le patron avait la peau fraîche et la mine resplendissante. Ce matin pourtant, l'impatience le gagnait et il devenait désagréable.
« Messieurs, voilà une affaire sassée et ressassée à l'envi, et on ne tient toujours pas de solution ? - C'est que, Monsieur, faute de savoir l'avenir, les conséquences pourraient être bien lourdes. On a beau dire, on voudrait faire les braves... - Les brutes, tu veux dire, corrigea l'autre, avec un air de tristesse. - Les braves, les brutes, les bêtes, ce que je m'en fiche ! trancha le patron. On ne peut pas passer sa vie à retenir ses traits. D'ici un mois, nous aurons notre revanche, les enfants ! Je veux qu'on lui souffle la tempête sur la tête, et qu'il mette la clef sous la porte. » - Elianor a écrit:
- Il faisait déjà sombre mais l’air vibrait encore d’une lourde moiteur. Lui qui espérait une soirée fraîche après le coucher du soleil ! Malgré tout, la nuit était tranquille et la lune resplendissante, sphère brute de lumière dans la masse noire du ciel. Un temps parfait pour sasser l’affaire qui le tenait éveillé depuis des jours. Il emplit son grand verre à ras-bords et s’assit avec une prudente lenteur dans le fauteuil qui lui tendait les bras. Il but à longs traits sa boisson, savourant son breuvage et méditant sa revanche.
- M. Aquarelle a écrit:
- Il marchait d'un pas lourd.
Il faisait frais depuis l'aube. Perdu dans ses pensées, sentant le vent souffler Il ruminait, sassait et ressassait. Il pensait maintenant tenir sa revanche. Il avait soif et but d'un trait. Rien ne valait autant qu'une goulée de brut. Son visage alors s'épanouit, resplendissant. - Rosalind a écrit:
- Ta vie a été rayée d’un trait par une brute qui a dû sasser et ressasser ses griefs, avant de passer à l’acte en pensant tenir sa revanche.
Tu ne connaîtras plus la caresse du vent frais soufflant dans tes cheveux, le soleil resplendissant ne brillera plus pour toi. Pour tes proches le chagrin est bien lourd à porter. 2/10 mars 2024 - Rosalind a écrit:
- Château, bourdonner, désinvolte, déferler, illisible, menace, bondir, cortège
- Spoiler:
- L’Ami a écrit:
- Manquait plus que ça, me voilà de quart comme bâbordais au château de poupe de cet infâme galion. _Et si y a des embarras, à qui la faute ? _Au mousse comme d’habitude. Depuis deux jours ça bourdonne au carré du Capitaine sur la route à suivre. Après le quart de minuit, y avait matière à dire des officiers désinvoltes. Ils regagnaient leurs couchettes en titubant, au prétexte d’une forte houle, enfin loin de déferler, quand même…Certains le visage rubicond, d’autres pâle, fermé, illisible, une vraie menace pour notre navire qui fit bondir de colère le vieux timonier. Quel cortège pitoyable, du pain béni pour l’Ankou.
- Selenh a écrit:
- Printemps
Dans l'ancien cimetière, entre le château et l'église, les parfums des parterres déferlent. Les cortèges d'abeilles bourdonnantes qui s'affairent aux calices ne paraissent pas une menace aux chatons désinvoltes du presbytère, qui bondissent allègrement d'une stèle illisible à une autre. Ô la joie du renouveau ! - Annwvyn a écrit:
- Le cortège de femmes se rend au château, déferle sur l'avenue, c'est une suite interrompue de visages résolus. Un passant mal inspiré lâche un mot désinvolte, plusieurs dames lui répondent par un air de menace, et quand l'autre bondit et s'enfuit, elles rient de bon coeur en se poussant du coude. A chaque heure, elles sont plus nombreuses, et la foule, compressée en une masse compacte, bourdonne sous les hautes grilles du palais. Partout leur slogan se déploie, des broderies au col des vestes, minutieuses, illisibles, aux banderoles éclatantes, blanches, vertes, et violettes. Partout, il est écrit : "VOTES FOR WOMEN".
- Aquarelle a écrit:
- Face aux menaces qui déferlaient,
Libre, léger et désinvolte Telle une panthère il bondissait, Laissant les mots qui bourdonnaient A ses oreilles abasourdies. Mots illisibles, mots inaudibles Pour lui qui voulait fuir tout crime. Un cortège d'oiseaux chantait, Accompagnant le cavalier. Parviendrait-il jusqu'au château Là où son père l’attendait ? Nul ne le sait... Tous s'en moquaient ! - Clinchamps a écrit:
- Les conversations des invités bourdonnaient élégamment, menaçant de mener l'assistance vers un doux assoupissement. Sur un ton désinvolte, la voix de la marquise émergea quelques secondes pour intimer l'ordre au maître d'hôtel de servir le Château Yquem 1919. Un brouhaha d'admiration déferla puis mourut et un silence religieux accueillit le cortège des serviteurs portant les bouteilles dont l'étiquette était illisible sous la poussière sacrée. Soudain, dans un tintement de cristal brisé, Mistigris bondit de son panier sur la desserte où s'alignaient les verres, brisant leur bel ordonnancement. Le silence et les coupes volèrent en éclats.
- Elianor a écrit:
- D’une hauteur menaçante, la montagne de livres s’effondra subitement dans un mouvement désinvolte tel un château de cartes chatouillé par un souffle d’air taquin. La pièce s’anima dans l’instant. Un cortège de petites mains bourdonnantes bondit et déferla au milieu de l’éboulement. A toute vitesse, on tira, poussa, ré-empila, tomba, se fâcha, superposa chaque volume dans un ballet quasi illisible pour l’œil humain. La pile retrouva soudain sa hauteur et la pièce son calme.
- Rosalind a écrit:
- Pierre observe avec inquiétude le cortège de nuages qui déferle depuis la crête du Château Noir, tandis que son client plaisante, désinvolte, inconscient du message illisible pour celui qui ne connaît pas la montagne.
Dans le ciel de plus en plus sombre les éclairs crépitent, la menace se rapproche. Quand il entend bourdonner les abeilles, Pierre bondit, agrippant son compagnon, et l’entraîne à l’abri d’un surplomb rocheux, évitant de justesse l’impact de foudre. 11/18 mars 2024 - Clinchamps a écrit:
- Sept, Aller, Bonjour, Immédiat(ement), L'homme (avec le "l" ), Magasin, (se)réveiller, Oubli(er)
- Spoiler:
- Selenh a écrit:
- Chansonnette
Au magasin Soies et Velours L'homme en entrant m'a dit : «Bonjour ! Réveille-toi, Belle-de-jour, Sept pas aller, sept pas retour, J'ai oublié, c'était si lourd, De te rapporter ton amour.»
Immédiatement ce discours, A brisé mon cœur sans recours : Je suis allée dans notre cour Pour y pleurer au point du jour, Sept pas aller, sept pas retour Moi je vous aime sans détours. - L’Ami a écrit:
- Le sept en pogne ou l’biffin d’chiffonnier c’est qu’un crochet d’misères pour aller d’Paname aux fortifs. Au mat’, les bourges pioncent encore ou s’ils vous lorgnent, l’regard de mépris vaut l’bonjour du matin. Dès l’aube, faut harponner immédiatement, loque, chiffon, ferraille, et souvent le rat, porteur d’peste, pas bon pour l’homme. Avec un peu d’bol, devant des magasins on troque les invendus, histoire d’préparer le rata du soir et d’réveiller les yeux d’nos mioches. Puis, on s’pieute, on oublie tout, pour quatre heures de sommeil.
- Annwvyn a écrit:
- « Dans l'immédiat, ne vous laissez pas aller, c'est tout. L'homme est pointilleux. S'il vous dit qu'il arrive à sept heures, c'est sept heures. Il est soigneux, il se réveille toujours avant la sonnerie du réveil-matin, sa tête est ordonnée comme le magasin d'une garnison.
- On m'a dit qu'il était aimable, pourtant, bredouilla la bonne dame. Elle hésitait, la réputation de son nouvel employeur l'effrayait soudain. - Oh, ça pour sûr, c'est une crème. Seulement, n'oubliez pas ses souliers vernis les soirs de concert. Parce qu'alors, bonjour le drame ! Il refuse tout bonnement de diriger l'orchestre ! » - Aquarelle a écrit:
- Il était une fois, un, deux, trois, quatre , cinq, six, sept petits nains de la CHAUMIÈRE Au BOIS DORMANT qui allèrent au magasin du village voisin : "Bonjour" dirent- ils en chœur à l'homme affalé sur sa chaise, ce qui le réveilla en sursaut.
"Oui, bonjour !" répondit-il immédiatement. - Avez- vous oublié quelque chose ? - Oui, nous avons oublié l'attrape-rêves pour Simplet. - Ah ça alors, il va falloir en commander un ; j'ai été dévalisé ces temps-ci avec tous ces touristes qui viennent voir votre Blanche- Neige." Dépité, Prof le chef de bande repartit vers la Chaumière avec tous ses compagnons. 1.2.3.4.5.6.7. Sept petits nains retournèrent en silence dans la forêt. - Ysabelle a écrit:
- Sept ans au Tibet pour aller dompter le Nanga Parbat ; Danger immédiat garanti. Pour la famille, c’est vraiment Bonjour tristesse ! Une Chasse à l’homme faillit avoir raison de sa vie, mais Une Rencontre, changea son destin. Il est vrai que le bonheur simple, ne s’achète pas forcement dans Le Grand Magasin des rêves. N'oublie jamais, La réalité finit toujours par réveiller Les âmes vagabondes.
- Elianor a écrit:
- L’homme était particulièrement satisfait de son acquisition au Magasin. L'étonnante devanture de la boutique avait réveillé en lui une envie irrésistible de pousser la porte et d’entrer, comme si tout le reste du monde était oublié. De retour chez lui, il admirait ses belles bottes de sept lieux. Ma foi, elles étaient plutôt élégantes, elles semblaient confortables, et surtout elles étaient simples comme bonjour à utiliser. A peine enfilées, on était déjà presque immédiatement là où l’on devait aller.
- Rosalind a écrit:
- L’homme a assez dormi. Je le réveille d’un câlin affectueux qu’il me rend immédiatement avec amour.
Bonjour ma choupette, quel beau soleil ce matin ! Que dirais-tu d’une petite promenade ? et après notre balade, nous irons faire un tour au magasin « les sept merveilles ». J’approuve en bondissant de joie. Pourvu qu’il n’oublie pas d’acheter mes croquettes préférées ! 19 mars/1er avril 2024 - Selenh a écrit:
- Vieillard, porteur, façade, muser, clouer, arrimer, massive, modeste
Joker : proche - Spoiler:
- L’Ami a écrit:
- Il passa de roquentin provincial à vieillard composé, porteur des derniers ragots du palais, tout en façade. Au premier cotillon, il muse comme un vieux cerf, ne s’attaque qu’à l’innocent pour mieux le clouer, sacrifie une amitié au profit d’une piètre victoire. Arrimé à des principes intangibles qui cèdent au son de l’écu ou d’une intransigeance dense et massive pourvu qu’elle soit monnayable. Toutefois craindrait-il pour sa vie, il saurait encore rester à sa place, veule ou modeste, devant l’incorruptible.
- Annwvyn a écrit:
- Son vieillard de père lui avait dit ces mots, du haut de sa stature massive, le clouant, le crucifiant même, de son regard furibond : « Etre poète, n'est pas porteur ! » Evariste se demandait bien ce que cela voulait dire, n'être pas porteur. Lui musait, le nez en l'air, et il était charmé par les façades parisiennes et les fleurs dans les parterres des Tuileries. Il promenait ses bottines dans la poussière, ses précieux manuscrits arrimés à l'épaule. Sa vie modeste lui plaisait.
- Aquarelle a écrit:
- "- Père Castor, Père Castor, une histoire !
- Oui, une histoire ! - Cette fois, les enfants, je ne vais ni vous parler de Michka, de la plus mignonne des petites souris, ni de Poule rousse, mais d'un vieillard de 80 ans, qui a mon âge et était notre plus proche voisin autrefois. La façade de sa maison jouxtait la nôtre. -Oui, Père Castor. Et alors ?... - Alors, alors, voilà que... Mon copain avait l'habitude de muser dans les rues de notre petit village.. - Muser, ça veut dire quoi, Père Castor ? - Tais-toi, Choupinette, je n'arriverai jamais à raconter la moindre histoire, si tu m'interromps tout le temps. Muser, ça veut dire s'amuser avec des riens. Donc, un jour, il se retrouva devant le magasin du brocanteur et il fallut qu'il y fourre son nez... - Fourrer ça veut dire quoi ? - Oh, je vais finir par te clouer le bec, Choupinette ! - C'est pas poli, dis, comment tu m'parles ! - Tais-toi ! Je continue. Donc ce vieillard qui n'était pas un vieillard à cette époque-là, mais un jeune godelureau... - C'est quoi un godelureau? - Chut ! Il entra dans la brocante et vit une vieille armoire massive et bien abîmée cependant. En y regardant de plus près, il s'aperçut qu'une des portes de l'armoire était mal arrimée..." - C'est quoi arrim...." Le Père Castor, ce modeste conteur, finit par laisser éclater son exaspération ! Il lança à la volée le livre qu'il tenait à la main et aucun des enfants ne sut jamais ce qu'il était advenu de l'armoire massive. - Rosalind a écrit:
- Proche des marais, solidement arrimée en bordure du fleuve, la vieille auberge ressemblait à une robuste forteresse, rayonnante et amicale.
Sur la façade orientée au sud, à l’abri des vents, on pouvait discerner au-dessus de la massive porte de chêne un panneau décoloré, certainement cloué depuis bien longtemps, et porteur d’un nom ancien « L’herbe de grâce ». Passant qui muses par ici, entre et tu seras accueilli chaleureusement, tel un pèlerin d’autrefois, par un vieillard souriant, modeste et bienveillant. - Clinchamps a écrit:
- Comme arrimé à la façade massive qui le surplombe de tous ses balcons porteurs de palmiers ou autres verdures, accroupi sur sa couverture, ce vieillard modeste et discret ose à peine pousser le béret crasseux qui attend la pièce. Musant le nez en l'air, un passant baisse soudain le regard et reste cloué par ce spectacle pourtant si banal. Se cachant presque, il dépose un billet et s'enfuit, courbé, comme honteux, fuyant le ridicule de la bonté affichée...
- Ysabelle a écrit:
- Le vieillard guette toujours depuis son poste d’observation, les mouvements des marins affairés à arrimer et clouer, les massives cargaisons avant de reprendre la mer. Depuis des années, il s’assoit au même endroit, adossé à la façade bleue de la modeste baraque, les yeux fixés vers l’horizon. Seul le mouvement de ses yeux pouvait indiquer un subtil sursaut, au salut des habituels porteurs, ou des quelques badauds qui viennent muser, avec toujours le même émerveillement.
2/10 avril 2024 - Annwvyn a écrit:
- Nuit, salir, petit, haleine, emporter, trottoir, essuyer, gaieté
- Spoiler:
- Annwvyn a écrit:
- Sans gaieté, le samouraï essuyait le sang luisant sur la lame de son katana, prenant soin de ne pas salir son kimono. Il faisait nuit, et le petit homme de Choshu expirait à ses pieds, l'haleine courte, étendu de travers sur le trottoir. Lorsqu'il eut rendu son dernier souffle, le samouraï se releva et disparut dans les rues sombres, emportant avec lui le souvenir de leur cruel affrontement.
- L’Ami a écrit:
- « L’amour nuit », mais à qui donc et lequel, celui qu’on donne ou celui qu’on reçoit, parce que ça change tout. Il y a des regards d’indifférence qui salissent, d’autres perdus qui fascinent, petit à petit. Il faut parfois donner l’haleine à son amour, après l’avoir emporté au galop. À moins d’un encéphalogramme plat comme un trottoir, essuyer une bonne rebuffade peut vous remettre en selle en toute gaieté.
- Selenh a écrit:
- Traitons donc des trottoirs mon bon Ami !
C'est la nuit qu'il se salissent ! Le mien en particulier... Ici, la gaieté des noctambules, qui braillent à perdre haleine au sortir du Moulin Rouge, ne va pas jusqu'à emporter chez eux la boue de leur semelles, histoire de faire... une bonne blague à bobonne, ah ah ! (allittérons, allittérons, mon bon, et ron et ron petit patapon). Que nenni, donc : pour essuyer leurs arpions, c'est mon malheureux trottoir et mon seuil immaculé qui leur servent de paillasson ! - Aquarelle a écrit:
- Trois jours à perdre haleine il courut sans gaieté
Petit poulbot fripon au regard entêté Cherchant dans la nuit sombre un lieu bien assuré Mais partout dans la ville les portes restaient fermées. Quand par hasard un passage sur lui s'entr'ouvrit Emporté par la joie d'être enfin à l'abri Il s'engouffra sans même s'essuyer les pieds Il n'avait pas compris pauvre garçon transi Que salir interdisait à jamais l'entrée. Jeté sur le trottoir il finit par sombrer. - Elianor a écrit:
- Avec une gaieté presque enfantine, elle s’élança sur le trottoir. Aucun bruit ne filtrait, la nuit semblait absorber chacun de ses pas. Elle esquivait avec dextérité le moindre petit creux d’eau pour éviter de salir ses fins souliers de cuir. Elle augmentait régulièrement la cadence de sa marche comme si elle craignait d’essuyer une averse, avant de ralentir soudainement presque hors d’haleine. Puis elle recommençait son manège. Parfois, un trou d’obscurité l’emportait et elle réapparaissait presque aussitôt dans la lueur brumeuse du lampadaire suivant.
- Rosalind a écrit:
- Petite, arrête de jaser et reprends ton haleine, s’écrie la grand-mère, les yeux pétillants de gaieté.
T’as fini ton trottoir aux bleuets ? essuie ta bouche avec la débarbouillette, t’es toute salie. Pis donne-moi un bec et va catiner pendant que je prépare le souper. C’est correct, tu pourras l’emporter dans ta chambre cette nuit. - Clinchamps a écrit:
- Les ombres de la nuit salissaient encore les canyons entre les tours, et le fleuve soufflait son haleine humide au long des quais. Quelques néons tardifs tachaient toujours les trottoirs d'une touche de gaieté mélancolique. Les premiers rayons du soleil essuyèrent l'horizon, emportant le petit reste d'obscurité...
10/22 avril 2024 - Elianor a écrit:
- feston/festonné, se retourner, transparence/transparent, nimber, continuer, bloc, légèrement, bois
- Spoiler:
- Annwvyn a écrit:
- Plus il la regardait, plus il la haïssait. Elle était si parfaite, avec son chemisier blanc aux transparences bleutées, son col à l'ourlet festonné, son teint de rose, et sa tête attentive, légèrement penchée. Il la dévorait des yeux, et elle, cruelle dans son innocence, restait impassible, ignorant tout du charme qu'elle exerçait, ses beaux cheveux nimbés des rayons du soleil naissant. Le cours d'arithmétique continuait, le professeur allait et venait sur l'estrade en bois, et elle écoutait sagement. Le garçon se retourna, la tête baissée sur son pupitre. Il brûlait d'une colère féroce. Si on lui posait la question, il nierait en bloc. Non, il n'était pas amoureux, cette fille incarnait tout ce qu'il détestait, et il lui ferait payer son indifférence.
- L’Ami a écrit:
- Son feutre festonné d’une coquille et le bourdon à la main le dispensent de se nommer. Il marche depuis si longtemps, sans se retourner, à quoi bon. Ses pas l’éloignent du passé, son pessimisme s’allège au fil des lieues, tout devient clair voire transparent. Avançant plein ouest, le soir le soleil nimbe la route du lendemain. La nuit, il suit la ligne continue de la Voie Lactée, elle mène au bout de son monde nouveau. Dans sa poitrine ce bloc oppressant depuis tant d’années se désagrège, peu à peu, dilué à chaque expir, sublimé légèrement en un souffle boisé qui se perd le long du chemin.
- Selenh a écrit:
- Au sortir du bois, sans se retourner, elle continue vers le lac. Ce soir il est un bloc d'argent légèrement transparent, nimbé d'une lueur surnaturelle. Sans cesser de marcher, elle fait glisser par-dessus sa tête son chainse tâché de sang, festonné de suie, et elle se jette, sanglotante et nue, dans l'eau purificatrice de son enfance abolie.
- Aquarelle a écrit:
- Nimbée de ses longs cheveux châtains, légèrement courbée vers le grillage de séparation, la jeune fille observait avec sérieux les gazelles qui s’étaient avancées vers elle. De sa main droite dépassant d'un corsage festonné aux manches, elle caressait la tête de l'animal le plus proche.
Le jeune homme qui arrivait à sa hauteur stoppa d'un bloc sur cette charmante apparition. L'élégance de la jeune fille épousait parfaitement l'élégance du jeune fauve. Mais elle ne se retourna pas et continuait de caresser la gazelle entre ses deux cornes qu'il imaginait à tort être des bois. Elle semblait absente à tout ce qui n'était pas l'animal. Lui, le passant inconnu était tout simplement transparent pour elle ! Il ne bougeait pas, de plus en plus fasciné. Était-elle Yvonne de Galais ? Était-il Augustin Meaulnes ? Le jeune homme ne savait plus... Il se frotta les yeux qui s'embuaient de rêve et se hasarda : " Euh... Bonjour...Comme elle est belle cette gazelle ! " - Rosalind a écrit:
- Le garçonnet avance légèrement sur le sable mouillé, scrutant la laisse de mer festonnée de dépôts fascinants. Un bloc de bois flotté rejoint dans son sac les trésors du jour, rejetés par la récente tempête, coquillages nacrés transparents, os de seiches et fragiles gorgones.
Au loin sur la ligne d’horizon le soleil plonge déjà, nimbé de cuivre et d’or. L’enfant se retourne pour répondre à l'appel insistant de sa mère, et rebrousse chemin à regret, avec la ferme intention de continuer ses recherches le lendemain. - Elianor a écrit:
- Quelquefois, sans s’arrêter, elle se retournait légèrement comme pour s’assurer qu’elle n’était pas suivie. Puis, visiblement rassurée par le calme ouaté du quartier, elle continuait d’avancer de son pas gracile. La brume autour d’elle nimbait toute la rue et se déplaçait au hasard, tantôt s’affaissant comme un bloc impénétrable, tantôt se dissipant en gaze transparente. Bientôt, elle s’arrêta devant une porte en bois aux motifs festonnés et toqua d’une main assurée. La porte s’ouvrit presque aussitôt. Elle s’engouffra dans le trait de lumière et disparut à l’intérieur.
23/30 avril 2024 - Aquarelle a écrit:
- s'enfoncer, l'épaisseur, violemment, facture, rectangulaire, une pointe, décoré, se presser
- Spoiler:
- Annwvyn a écrit:
- On était entre-soi, les convives s'empiffraient avec fureur, personne ne regarderait à la facture. Autour de la grande table rectangulaire, le maître d'hôtel se pressait, ici pour apporter un Château Latour 1841, là pour noter la sixième commande d'un gros monsieur décoré. On fêtait violemment la hausse miraculeuse de la Bourse. Les saucisses de Morteau et les ortolans aux truffes, copieusement arrosés de vin de Madère, étaient fourrés sans cérémonie dans les gosiers voraces. L'air avait l'épaisseur du beurre, et les messieurs distingués s'enfonçaient dans des extases au parfum de court-bouillon. Comme l'a dit un jour un honorable membre de notre société, non sans une pointe de sarcasme, l'élégance disparaît souvent avec la satisfaction de l'appétit.
- Selenh a écrit:
- Sous la plaque pectorale de jade rectangulaire, décorée du nom de règne de l'empereur, la pointe du sabre s'enfonça violemment dans l'épaisseur des robes et de la cire. Le public attiré par la performance se pressa vers le mannequin qui figurait Sa Majesté l'empereur Kojong Tongcheon Yung-un Jogeuk Donyun Jeongseong Gwang-ui Myeonggong Daedeok Yojun Sunhwi Umo Tanggyeong Eungmyeong Ripgi Jihwa Sinryeol Oehun Hong-eop Gyegi Seonryeok Geonhaeng Gonjeong Yeong-ui Honghyu Sugang Munheon Mujang Inik Jeonghyo de Corée.
«Oups, il a payé sa facture, celui-là.» ricana bêtement quelqu'un. - Monsieur Aquarelle a écrit:
- Rien n'allait comme il l'aurait voulu, depuis l’aube. La lettre recommandée, remise par le facteur, ne lui disait rien qui vaille. Encore une facture ? Après deux bonnes heures passées à ruminer en silence, il prit le parti de s'enfoncer dans l'un des deux fauteuils du salon. Cette enveloppe rectangulaire décorée d’une " Marianne ", semblait particulièrement le narguer, de par son épaisseur. Que lui réservait ce courrier inattendu de la République ?!
Sans se presser, il insinua le petit doigt dans une pointe de la maudite enveloppe et tira violemment ... Celle- ci ne résista pas et ne fut plus, soudain, qu’un lamentable déchet bon pour la cheminée. Le papier à en-tête laissa voir qu'il s’agissait d’un document officiel : son passeport, qu'il attendait pour se rendre aux îles Seychelles. Oh mon Dieu ! Aussitôt l’angoisse intérieure accumulée inexplicablement depuis ces dernières heures, s'envola sur le champ, libérant son esprit. Il fut envahi d'une douceur ineffable.... ne comprenant pas pourquoi il s'était mis dans un état pareil ! - Rosalind a écrit:
- Raoul avance à pas feutrés jusqu’à la massive armoire normande de facture classique, décorée de roses sculptées.
Avec une pointe d’excitation, mais sans se presser, il observe longuement les motifs, avant d’appuyer sur la fleur centrale. Un déclic se fait entendre, et le panneau rectangulaire coulisse, laissant apparaître une volée de marches s’enfonçant dans l’épaisseur du mur. Violemment ému, il descend avec précaution, à la lueur de son briquet, vers le fabuleux trésor caché des moines. - L’Ami a écrit:
- Il s’enfonce doucement dans l’épaisseur d’une nuit abyssale du fait d’un récif corallien violemment heurté. Un drame silencieux, plus de prières, plus de cris, plus d’appels de matelots, le grondement de la coque déchirée s’est tu. Il ne restera pour trace comptable de l’armateur qu’un nom « Le Pharaon » disparu en mer, et une facture pourtant pleine de promesses, sur une belle page blanche, rectangulaire, maintenant barrée rageusement dans sa diagonale, d’une pointe de plume acérée. Même décoré d’un filigrane fleur de lis, on se pressera de ranger sans état d’âme ce papier de mauvais augure.
- Monsieur Rosalind a écrit:
- Voilà des jours qu’il s’enfonce dans l’épaisseur moite de la forêt tropicale, à la recherche de la mythique « Cité des singes ». Peu à peu, la végétation se fait moins dense ; il se presse maintenant car il sent le but tout proche.
Soudain, à travers un entrelacs de lianes géantes, il entr’aperçoit ce qui semble être un édifice de forme rectangulaire. Son cœur bat violemment tandis qu’il s’approche et découvre un temple décoré d’une multitude de singes sculptés de bonne facture. Plongé dans la contemplation de sa découverte, il ne voit pas la pointe d’une flèche filer dans sa direction … - Aquarelle a écrit:
- Le cheval était brusquement parti au galop. Il traversa comme une flèche, le champ rectangulaire qui se terminait par une pointe, donnant directement sur la forêt. Il s'enfonça rapidement dans l’épaisseur des fourrés.
D’abord stupéfait, le lad reprit sans tarder ses esprits et se pressa de sauter sur son alezane préférée. Celle-ci était décorée d’une étoile blanche sur le front ainsi que d'une selle en cuir brun rougeâtre d'une magnifique facture. Mais il était trop tard : dans sa course effrénée, le cheval violemment frappé par une branche fut déséquilibré et heurta brutalement le sol en se renversant. Le lad ne put que constater avec épouvante la gravité des lésions de l'animal...qui, s'il s'en sortait, subirait de longs mois de souffrance.... - Elianor a écrit:
- Sans une pointe de honte, elle tira violemment sur le couvre-lit et s’enfonça avec volupté sur le matelas dont l’épaisseur était de bon aloi. Elle ferma les yeux, s’imagina en bonne compagnie, et, sans se presser, rouvrit les yeux. La chambre, rectangulaire, était splendidement décorée et le mobilier de la meilleure facture.
- Ysabelle a écrit:
- Sur la pointe des pieds elle est sortie, comme elle était entrée il y a 5 ans. Une personne était pourtant là et l’a vue partir. Elle ressentit une pointe aigue transpercer violemment son cœur, mais elle est restée inerte. Dissimulée derrière les rideaux, elle la regardait, s’enfoncer dans l’épaisseur de la nuit. Seule l’étoffe rectangulaire qu’elle approcha doucement de ses yeux, pouvait témoigner de son immense chagrin. Pourquoi ne s’est-elle pas pressée de la retenir ? Elle ne pouvait expliquer sa réaction. Dans le salon, son regard tomba soudain sur la table décorée, dressée pour fêter son anniversaire. Elle faillit tomber sous l’effet de l’émotion. La facture à payer sera très chère.
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