Michael Köhlmeier (Autriche).

Michael Köhlmeier est un artiste autrichien né en 1949.

Si l'on se réfère à la page wikipedia en langue allemande qui lui est consacrée, son oeuvre est très abondante (une quarantaine de romans, des pièces radiophoniques, des livres audio... il est également musicien).

Une partie très restreinte de son oeuvre a été traduite en français (6 livres à ce jour), dont son roman "Deux messieurs sur la plage" publié en 2014 :

Citation :

En 1929, sur une plage de Californie, a lieu la rencontre improbable de deux Anglais : Charlie Chaplin, le Tramp des bas-fonds londoniens et Winston Churchill, l'aristocrate qui allait bientôt sauver l'Angleterre de la barbarie nazie.
Ils se confessèrent alors un secret bien gardé : leurs crises de mélancolie et leurs tendances suicidaires, et décidèrent que chaque fois que l'un d'eux serait en proie au « chien noir » (nom que Churchill donnait à sa dépression), il appellerait l'autre à l'aide.

En 2017, est également sorti "Manger ou être mangé" qui a peut-être bénéficié d'une plus grande publicité en raison de son thème :

Citation :

Manger ou être mangé, fable loufoque et cruelle, narre l’histoire de Belladonna, un cochon qui réussit à s’échapper dans la nature avant son passage à l’abattoir, et qui rassemble autour de lui d’autres animaux pour les mener sur le chemin de la liberté. Mais la faim et les dissensions ne tardent pas à se faire sentir, et la joyeuse caravane sombre bientôt dans un jeu de massacres.
Sans conclusion ni morale, fortement inspiré du texte de L’Écclésiaste, Manger ou être mangé évoque La Ferme des animaux d’Orwell. Ici, des animaux tourmentés aspirent à la transcendance, tandis que l’homme porte le masque univoque de la mort.

En marge du challenge Wentworth, Tatiana et moi-même avons prévu de lire en ce mois d'avril "Deux messieurs sur la plage". J'ai pour ma part pris un peu d'avance en entamant ce livre ce week-end et je dois dire que le début me plait beaucoup. L'alternance de la narration entre Churchill et Chaplin crée une dynamique, renforcée par le choix d'écrire de courts chapitres. Pour l'instant, je me laisse porter par l'histoire mais je pense ensuite aller confronter tout cela rapidement avec la réalité

Merci pour cette présentation, Serendipity ! Je lirai vos retours avec plaisir !

Comme Juliette, vos retours sur ce roman m'intéressent!

Moi-z-aussi, je vous lis et vous lirai avec intérêt, sur ce livre-rencontre de 2 monstres sacrés !

Dans la lignée des romans évoquant le rapport de Churchill à la dépression, celui-ci m'attirait moins en raison de la présence d'un second personnage : Charlie Chaplin.

Deux messieurs sur la plage est un roman, je me suis pourtant interrogée sur ce point une grande partie de ma lecture (j'ai longtemps trouvé qu'il s'agissait plus d'un récit que d'un roman... mais le recours à un narrateur de fiction, qui tient sa connaissance des faits relatés d'un père autrefois clown confirme bien l'aspect romancé du récit).

Difficile dans ces circonstances de dire ce qui est romancé et quelle est la part de vérité historique. Je savais que Churchill et Chaplin avaient été amis, qu'ils étaient tous les deux dépressifs et que cela constituait le point de départ de leur relation. Le roman éclaire cet aspect et donne corps aux deux personnages, il permet également de souligner un autre point qui les réunissait, la lutte contre le Nazisme et leur manière à chacun d'y contribuer.

J'ai apprécié la structure de ce livre qui alterne les courts chapitres. Chaque partie focalise plus particulièrement sur l'un ou l'autre des personnages et -étonnamment- j'ai parfois trouvé les parties consacrées à Chaplin plus intéressantes que celles consacrées à Churchill.

J'avais quelques échos sur la réputation d'auteur de Michael Köhlmeier et je craignais une œuvre trop littéraire, voire prétentieuse. Cela n'a pas du tout été le cas et je l'ai dévoré très vite, en quelques jours  

Bémol : la dernière partie m'a un peu moins intéressée. Est-ce dû à l'heure (tardive) de lecture, à une concentration moindre ? J'ai eu le sentiment que Köhlmeier ne savait pas vraiment comment conclure son histoire. J'ai hâte de connaître ton point de vue sur ce livre Tatiana, et sur cette dernière partie  

Vous l'avez compris j'ai beaucoup apprécié ma lecture et je remercie Tatiana pour cette lecture en duo qui m'a incitée à lire ce livre repéré depuis quelques temps déjà

Merci pour ce retour détaillé, Serendipity ! Je n'avais pas spécialement envie de lire ce récit, mais finalement, ton avis m'incite à m'y intéresser
Je lirai également lire le retour de Tatiana !

Merci pour ton retour serendipity. Je suis contente que tu aies passé un bon moment de lecture, mais l'avoue tout de suite, je n'ai pas terminé ce livre   . Après une première interruption au cours du week-end, je l'ai repris hier avant un abandon définitif à la fin de la troisième partie, non sans un sentiment de culpabilité puisqu'il s'agit d'une lecture commune.

Cela avait pourtant bien commencé, avec de courts et fluides chapitres, et sur le papier l'histoire de ces deux géants du siècle dernier avait tout pour me plaire. Mais je m'attendais à une histoire plus romancée, à plus de dialogues entre les deux protagonistes et amis. Chaplin et Churchill apparaissent presque toujours séparément dans le récit, après leur première rencontre au cours d'une soirée aux Etats-Unis puis un repas au restaurant. On les suit l'un et l'autre dans des épisodes plus ou moins compliqués de leur vie - et cela m'a frustré dans le cas de Churchill. Je me suis sentie loin d'un personnage que j'avais pourtant adoré voir revivre dans la biographie de François Kersaudy. Les séquences sur Chaplin m'ont davantage plu aussi. Enfin, et c'est ce qui m'a finalement décidé à abandonner le livre, je n'ai pas vu où le romancier voulait en venir dans un récit qui fait la part belle aux anecdotes, parfois savoureuses, par exemple la rencontre ratée entre Churchill et Hitler en Allemagne, mais qui m'a paru trop confus, et trop fourni en digressions.
Je n'ai donc pas détesté ce que j'ai lu, mais n'ai pas eu le courage de poursuivre un récit qui en somme a peu retenu mon attention   .

Merci pour vos retours serendipity et Tatiana!
Vos deux retours sont intrigants! Des choses intéressantes, d'autres qui peuvent émousser l'intérêt.

Merci pour ton retour Tatiana et je suis vraiment désolée de cette expérience en demi-teinte

Je pense que les conditions de lecture pour aborder ce livre sont vraiment importantes. J'ai eu la chance d'entamer sa lecture un matin où j'avais du temps devant moi et je sais que je ne serais pas entrée ainsi dans ce livre si mes conditions de lecture avaient été moins bonnes. Je pense aussi que j'étais alors assez "ouverte" sur ce livre, voire même que je m'attendais à une lecture plus laborieuse, d'où mon soulagement

J'ai plus pensé à un récit, comme je l'ai écrit plus haut, qu'à un roman. Cela m'a évoqué L'ordre du jour d'Eric Vuillard, en moins littéraire cependant. Et là où je te rejoins totalement, c'est que l'on ne sait pas vraiment où Köhlmeier nous amène en effet, d'où mon bémol sur la fin du livre

Spoiler:

littéraire non identifié" nos ressentis sont très différents, je pense que nos attentes l'étaient également... en fait c'est le rapport de Churchill au black dog qui m'intéresse et je trouve que cet aspect de sa personnalité se prête bien aux romans ou aux récits de ce genre. Et en ce sens, j'ai trouvé l'éclairage intéressant

Le choix de Köhlmeier de passer par un narrateur mystérieux qui tient ces éléments d'un père presque aussi mystérieux, qui lui même dispose d'éléments par les lettres du très secret conseiller secret de Churchill est un dispositif de narration que je n'ai pas forcément trouvé réussi. Tout comme le long passage sur Adorno et sur la philosophie du rire. C'est en ce sens que je qualifie ce livre d'OLNI

Pour ma part c'est donc un heureux hasard que le bilan soit positif, et à mon avis purement conjoncturel A un tout autre moment, je n'aurais peut-être pas autant accroché

Oui les conditions n'étaient sans doute pas réunies pour que j'apprécie ce livre, entamé juste après une lecture très facile, ce qui explique peut-être mon désintérêt.

Le passage sur la philosophie du rire a constitué le début de mon décrochage définitif.

C'est intéressant que tu cites L'Ordre du jour d'Eric Vuillard, que j'avais lu suite à son Prix Goncourt. Sa brièveté rend le récit plutôt agréable, et percutant. J'aurais peut-être eu plus de mal s'il avait été plus long.

Tatiana a écrit:

Le passage sur la philosophie du rire a constitué le début de mon décrochage définitif.

tu m'étonnes, j'ai trouvé que ce passage était une purge -heureusement qu'il était bref- et qu'il "détonnait" dans le livre

Tatiana a écrit:

C'est intéressant que tu cites L'Ordre du jour d'Eric Vuillard, que j'avais lu suite à son Prix Goncourt. Sa brièveté rend le récit plutôt agréable, et percutant. J'aurais peut-être eu plus de mal s'il avait été plus long.

Idem