Une auberge pour les admirateurs de Jane Austen, et bien plus encore... |
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| Joseph Conrad | |
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+4serendipity lorelai59 cat47 Oz 8 participants | Auteur | Message |
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Oz Préceptrice
Nombre de messages : 35 Date d'inscription : 19/11/2006
| Sujet: Joseph Conrad Jeu 23 Nov 2006 - 21:46 | |
| Bon, j'ai un petit problème: je le mets où, mon Joseph Conrad? Il est né au XIXème et est mort au XXème...??? Parce que votre forum me paraissait bien "nu" sans Joseph Conrad: ce monsieur est un monument! En vrac, je cite: Lord Jim, Almayer's Folly, Heart of Darkness. Je dois très vite admettre que je n'ai lu prariquement que ceci de lui car je n'arrive pas à me "brancher" sur les autres titres... Pour mieux connaître Conrad, visitez le site: http://www.kirjasto.sci.fi/jconrad.htmLord Jim: certainement le plus connu, courez l'acheter/l'emprunter/ le voler. Almayer's Folly: "gripping" (désolé, le mot français me prend trop de temps à retrouver), on devient à moitié fou soi-même - mais c'est pour ça qu'on lit des livres, n'est-ce pas???? Heart of Darkness: invraisemblable, je me vois sur le bateau, dans la jungle, avec des yeux, beaucoup, qui m'observent... Vous n'avez pas encore filé acheter/emprunter/voler du Conrad, mais qu'attendez-vous donc???? |
| | | cat47 Master of Thornfield
Nombre de messages : 24251 Age : 67 Localisation : Entre Salève et Léman Date d'inscription : 28/01/2006
| Sujet: Re: Joseph Conrad Jeu 23 Nov 2006 - 23:35 | |
| - Citation :
- Bon, j'ai un petit problème: je le mets où, mon Joseph Conrad? Il est né au XIXème et est mort au XXème...???
Héhé, tu n'es pas le premier à te poser cette question. Voilà le problème avec les catégories, il y a toujours des éléments qu'on n'arrive pas à classer. Je dévoile mon critère secret : le siècle de référence est sensé être celui où l'auteur a produit l'essentiel de son oeuvre. Ce qui fait qu'ici, tu t'es pratiquement planté, puisque le premier livre de Conrad a été écrit en 1896 mais que l'essentiel de son oeuvre a été publié au XXème. Je m'en vais donc déplacer ton sujet! Je suis contrariante, je sais. A part ça, moi qui adore les écrivains voyageurs, je n'ai jamais lu Conrad. Il y a des auteurs comme ça, dont on entend beaucoup parler, mais qu'on n'a pas toujours l'occasion d'acheter/emprunter/voler. _________________ |
| | | lorelai59 Beautiful pianoforte
Nombre de messages : 636 Age : 40 Localisation : Lille Date d'inscription : 03/07/2007
| Sujet: Joseph Conrad Mer 29 Aoû 2007 - 19:16 | |
| Je n'ai lu qu' Au coeur des ténébres. C'etait pour un cours magistral sur la littérature exotique. Le prof était plus qu'enthousiaste et son cours était passionant. Enfin passons. Cette longue nouvelle m'a vraiment marquée. Cette œuvre contient en outre une violente charge contre le colonialisme européen du XIXe siècle. Les colons sont assimilés à des rapaces pressés de piller les terres qu'ils « découvrent ». Mais il y a autre chose : l’Afrique et tout ce qu’elle abrite semble étrange et mystérieuse. Et le voyage au coeur des ténèbres africaines est, avant tout, un retour à nos origines primordiales, à notre passé ancestral. |
| | | serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12420 Date d'inscription : 31/05/2007
| Sujet: Re: Joseph Conrad Jeu 30 Aoû 2007 - 15:08 | |
| Comme Lorelai, je n'ai lu que "Heart of Darkness".
J'avais entendu dire que ce livre était ennuyeux mais j'ai beaucoup aimé même si c'est très sombre. Une fois plongée dans le récit, j'ai eu du mal à en sortir. |
| | | serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12420 Date d'inscription : 31/05/2007
| | | | serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12420 Date d'inscription : 31/05/2007
| Sujet: Re: Joseph Conrad Jeu 14 Fév 2008 - 16:42 | |
| Quelques lignes pour dire que l'émission "Une vie, une oeuvre" (France Culture, tous les jeudis à 10 heures du matin) sera consacrée, jeudi 21 février prochain, à Jospeh Conrad Comme toujours, on peut ensuite la réécouter sur le site web de la radio |
| | | cat47 Master of Thornfield
Nombre de messages : 24251 Age : 67 Localisation : Entre Salève et Léman Date d'inscription : 28/01/2006
| Sujet: Re: Joseph Conrad Jeu 19 Mar 2009 - 18:10 | |
| J’ai fini Heart of Darkness depuis une semaine déjà mais je pense que je ne suis pas près d’oublier les impressions laissées par ce court roman. Je ne sais pas exactement comment Conrad est parvenu à une telle densité, en tout cas je considère cette lecture comme une expérience marquante. Tout est dans le titre ou presque. En racontant son périple au cœur de l’Afrique sauvage, Marlow, le narrateur, explore l’âme humaine bien plus qu’une nature sauvage pratiquement vierge de civilisation. Plus qu’un récit factuel, c’est une méditation philosophique qu’il nous offre. Et pour ce faire, il exploite avec habileté l’ambiguïté de l’opposition entre lumière et noirceur (le manque d'humanité ne se cache pas là où on l'attend) et démonte sans tirer à la corde de la sensiblerie la mission civilisatrice des pays « évolués ». Il le fait d’ailleurs d’une manière assez détachée, en se cachant derrière le procédé de récit dans le récit. Bien que le livre ne constitue pas une charge de front contre le colonialisme et que certains détracteurs y aient trouvé des relents de racisme (je crois qu'ils n'ont pas tenu compte du contexte dans lequel le live a été écrit), le romancier prend tout de même clairement parti contre l'appât du gain qui guidait tant les puissances engagées dans l'exploitation du continent que certains individus avides d'opportunités d'ascension sociale. Le pouvoir évocateur de la prose de Conrad est impressionnant, j’admire encore plus son style quand je pense que l’anglais n’est pas sa langue maternelle, c’est même sa troisième langue, apprise à plus de 20 ans. Je crois que le meilleure façon de démontrer comment il parvient à créer un décor dans lequel on s’engloutit très facilement est de poster un petit extrait : - Citation :
- We penetrated deeper and deeper into the heart of darkness. It was very quiet there. At night sometimes the roll of drums behind the curtain of trees would run up the river and remain sustained faintly, as if hovering in the air high over our heads, till the first break of day. Whether it meant war, peace, or prayer we could not tell. The dawns were heralded by the descent of a chill stillness; the wood-cutters slept, their fires burned low; the snapping of a twig would make you start. Were were wanderers on a prehistoric earth, on an earth that wore the aspect of an unknown planet. We could have fancied ourselves the first of men taking possession of an accursed inheritance, to be subdued at the cost of profound anguish and of excessive toil. But suddenly, as we struggled round a bend, there would be a glimpse of rush walls, of peaked grass-roofs, a burst of yells, a whirl of black limbs, a mass of hands clapping. of feet stamping, of bodies swaying, of eyes rolling, under the droop of heavy and motionless foliage. The steamer toiled along slowly on the edge of a black and incomprehensible frenzy. The prehistoric man was cursing us, praying to us, welcoming us--who could tell? We were cut off from the comprehension of our surroundings; we glided past like phantoms, wondering and secretly appalled, as sane men would be before an enthusiastic outbreak in a madhouse. We could not understand because we were too far and could not remember because we were travelling in the night of first ages, of those ages that are gone, leaving hardly a sign-- and no memories.
En lisant des passages tels que celui-ci, j’ai vraiment l’impression d’être plongée dans un monde étranger et envoûtant, qui à la fois fascine et met sur la défensive. Autre élément marquant du livre, la façon dont Conrad esquisse le personnage de Kurz, l’homme que l’expédition à laquelle participe Marlow a pour mission de ramener. Son portrait est en quelque sorte sculpté en creux, à l'aide de récits ou conversations de tiers. On ne connaît jamais exactement les détails de ses actions et le contenu de ses discours, même si on sait qu’il parle beaucoup et bien. Peu de choses sont explicitées à son sujet mais le personnage n’en a pas moins d’aura. Je n’en dira pas plus mais une chose est sûre, je continuerai à faire bouger ce topic à l’avenir, car je vais me commander sans attendre le volume de la Pléiade contenant Au coeur des ténèbres, histoire de voir ce que cela donne en français et de découvrir d’autres œuvres de Conrad. P.S. : j’aimerais encore poster un autre extrait, car le hasard de cette lecture, faite peu de temps après le visionnage de Into the Wild, m’a conduite à m’arrêter sur un passage qui m’a fait énormément penser au héros du film (je précise que le personnage évoqué dans ces lignes ne connaît pas les mêmes difficultés que Chris. - Citation :
- He surely wanted nothing from the wilderness but space to breathe in and to push on through. His need was to exist, and to move onwards at the greatest possible risk, and with a maximum of privation. If the absolutely pure, uncalculating, unpractical spirit of adventure had ever ruled a human being, it ruled this bepatched youth.
_________________ |
| | | Dulcie Romancière anglaise
Nombre de messages : 1613 Date d'inscription : 19/12/2009
| Sujet: Re: Joseph Conrad Mer 23 Déc 2009 - 12:50 | |
| Je lis en ce moment cet ouvrage : Nouvelles complètes (Quarto Gallimard) et je viens vous en parler un peu parce que je trouve ça formidable ! De Conrad, je n'avais entendu parler que de ses romans ( Nostromo, Lord Jim... ou ses nouvelles les plus célèbres comme Typhon ou Au coeur des ténèbres par exemple). Mais je m'aperçois qu'il a également écrit beaucoup de - longues - nouvelles. J'ai d'ailleurs appris que la plupart de ses romans étaient d'abord conçu comme des nouvelles, puis l'écrivain, emporté par son élan si l'on peut dire, finissait par en faire un roman. Le livre édité chez Gallimard est une très belle édition, très complète, bien documentée. Il contient l'intégralité des nouvelles de Conrad, découpé en 7 sections contenant chacune entre 3 à 6 nouvelles (+ 1). On y trouve également une longue préface, des introductions, une mini biographie agrémentée de jolies photos. Et puis surtout, il y a des "notes de l'auteur" à l'entrée de chaque recueils de nouvelles (il y a la même chose au début de ses romans). Rédigées par Conrad lui-même donc, il les a écrites au moment de la réédition de ses nouvelles en livres, puisqu'elles paraissaient tout d'abord dans des revues. Je trouve ça génial, on a presque l'impression d'entendre l'écrivain. Il y parle de son travail, de ses idées, de la manière dont il a abordé l'écriture de ceci ou de cela, il se souvient, dit ce qu'il en pense rétrospectivement, avec le recul. C'est à chaque fois assez court, mais c'est très enrichissant. D'autant plus qu'il utilise un langage simple, très abordable, je dirais presque 'amical', avec pas mal d'humour au passage. Je n'ai pas encore avancé très loin dans ma lecture (j'ai aussi d'autres livres en cours ), alors je picore par-ci par-là dans ce gros ouvrage. Pour le moment j'ai lu 1 recueil et entamé le second, ce qui correspond à tout juste six nouvelles (il y en a 30 en tout). J'ai eu un véritable coup de coeur pour la première : Karain : un souvenir. C'est un récit assez court, écrit à la première personne, mais le narrateur laisse en fait surtout la place à l'histoire de ce Karain, un indigène avec qui lui et son équipe se sont en quelque sorte lié d'amitié. Cet aspect-là est pour commencer très poignant, parce qu'il n'y aucune condescendance, aucun mépris de la part de Conrad pour "l'autre", le "sauvage", comme c'était malheureusement souvent le cas à l'époque. Conrad ne donne aucune leçon, ne prétend pas tout comprendre, il regarde, donne ses impressions, mais laisse la place au doute, toujours avec respect, avec intelligence. L'écriture est également stupéfiante de beauté, j'ai rarement ressenti cela, même pour des écrivains que j'aime autant, sinon plus. Vraiment je ne m'y attendais pas lorsque j'ai commencé à lire Conrad, et ça m'a bouleversé. Quelques passages de Karain (en français, la traduction est de très bonne qualité) : L'ouverture : - Citation :
- Nous le connûmes en ces temps hasardeux où nous nous contentions de tenir dans nos mains, nos biens et notre vie. Aucun de nous, je crois, n'a maintenant de biens, et je me suis laissé dire qu'un bon nombre d'entre nous, négligemment, a même perdu la vie ; mais je suis bien certain que ceux-là qui survivent n'ont pas encore la vue assez basse pour laisser passer, dans la brumeuse respectabilité de leurs journaux, l'annonce de quelques soulèvement d'indigènes dans l'archipel malais. Le soleil étincelle entre les lignes de ces brefs entrefilets, le soleil et le miroitement de la mer. Un nom étrange réveille des souvenirs ; les mots imprimés, sans perdre l'odeur de la fumeuse atmosphère de notre temps, conservent encore un parfum subtil et pénétrant comme celui de ces brises de terre qui passaient dans les nuits étoilées de jadis ; le feu d'un signal brille comme un joyau au sommet d'une sombre falaise ; de grands arbres, sentinelles avancées d'immenses forêts, se dressent immobiles et vigilants, au-dessus de l'étendue assoupie des eaux ; le ressac, en une longue ligne blanche, retentit violemment sur une grève déserte ; la mer couvre d'écume les récifs ; et, dans le calme de midi, des îlots verts, éparpillés sur la surface polie de la mer, semblent une poignée d'émeraudes jetées sur un bouclier d'acier.
C'est magique, on l'impression d'y être, l'écriture est terriblement évocatrice, et c'est encore mieux ensuite ! Plus loin, il y a cet autre passage que je trouve très juste : - Citation :
- Et moi, surpris et ému, je le regardais : je regardais cet homme fidèle à sa vision, trahi par son rêve, repoussé par son illusion, et qui venait nous demander aide et protection, à nous, des incrédules, contre une pensée. Le silence était profond ; mais il semblait rempli de fantômes silencieux, de choses douloureuses, insaisissables et muettes, et contre leur invisible présence le tic-tac ferme des deux chronomètres du navire qui marquaient régulièrement les secondes me semblait une protection et un soulagement. Karain avait l'air pétrifié ; et, contemplant sa forme rigide, je songeais à sa vie vagabonde, à cette obscure odyssée de vengeance, à tous les hommes errant parmi des illusions ; aux illusions aussi agitées que les hommes, aux illusions fidèles et infidèles, aux illusions qui donnent la joie, qui donnent le chagrin, qui donnent la souffrance ou qui donnent la paix ; aux invincibles illusions qui peuvent faire paraître la vie et la mort sereines, séduisantes, atroces ou ignobles.
Les notations psychologiques chez Conrad sont souvent très pertinentes il me semble. A témoin, il y a le récit Le retour, très étonnant, sur une femme qui tente de commettre un adultère. L'écriture ressemble presque à un tourbillon, c'est frénétique, quasiment épuisant. Pour terminer, une autre citation, cette fois provenant de la nouvelle Un avant-poste du progrès, l'histoire de deux coloniaux coincés au milieu de la jungle dans un poste commercial. C'est violent, ironique, un régal. Ici le passage en question traite de la lecture, j'ai trouvé ça très savoureux. Le voici : - Citation :
- Les deux hommes ne comprenaient rien, ne se souciaient de rien, si ce n'est de l'écoulement des jours qui les séparaient du retour du vapeur. Leur prédécesseur avait laissé quelques livres dépenaillés. Ils ramassèrent ces épaves de romans, et n'ayant encore jamais rien lu de ce genre, ils en furent surpris et amusés. Et ce furent, durant de longs jours, d'interminables discussions à propos de l'intrigue et des personnages. Au centre de l'Afrique, ils firent la connaissance de Richelieu et de d'Artagnan, d'Oeil-de-Faucon et du père Goriot et de beaucoup d'autres gens. Tous ces personnages imaginaires leur devinrent des sujets de conversation comme s'ils eussent été des amis véritables. Ils suspectaient leurs vertus, discutaient leurs intentions, dénigraient leurs succès, se scandalisaient de leur duplicité ou doutaient de leur courage. Le récit des crimes les remplissait d'indignation, tandis que les passages tendres et pathétiques les remuaient profondément. Carlier, se raclant la gorge, disait d'un ton militaire : "En voilà des bêtises !". Kayerts, ses grosses joues tremblotantes, les larmes aux yeux, passait la main sur son crâne chauve et déclarait : "C'est un livre magnifique. Je ne pensais pas qu'il existait des gens avec autant de talent au monde."
J'espère que ces quelques lignes vous donneront envie de partir à la (re)découverte de ce cher Joseph Conrad.
Dernière édition par Dulcie le Jeu 19 Mar 2020 - 21:46, édité 1 fois |
| | | serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12420 Date d'inscription : 31/05/2007
| Sujet: Re: Joseph Conrad Mer 23 Déc 2009 - 13:35 | |
| Merci pour ce post très enthousiaste Dulcie - Dulcie a écrit:
- Les notations psychologiques chez Conrad sont souvent très pertinentes il me semble. A témoin, il y a le récit Le retour, très étonnant, sur une femme qui tente de commettre un adultère. L'écriture ressemble presque à un tourbillon, c'est frénétique, quasiment épuisant.
La nouvelle "Le Retour" est le texte qui a inspiré le film "Gabrielle" de Patrice Chéreau (j'en ai parlé plus haut). Je n'ai pas eu l'occasion de revenir vous parler de ce film, donc j'en profite. Malheureusement, je me suis copieusement ennuyée chose rare, j'ai même feuilleté un magazine en attendant que le film se termine Je n'en dis pas plus, j'ai conscience d'être probablement passée à côté de quelque chose, mais la mise en scène moderne de Chéreau n'est pas passée |
| | | Framboise Intendante de Pemberley
Nombre de messages : 557 Age : 40 Date d'inscription : 05/12/2009
| Sujet: Re: Joseph Conrad Mer 13 Oct 2010 - 20:45 | |
| J'ai terminé Lord Jim il y a quelques jours. C'était une découverte de l'auteur, et j'ai été séduite par ce livre, si bien que je pense lire d'autres titres du même auteur! Je vois que personne n'a parlé de Lord Jim... Voici donc le 4ème de couverture: - Citation :
" Pour les Blancs de la côte et les commandants de navire, il était Jim - rien d'autre. Evidemment, il avait une identité plus complète, mais il n'acceptait pas de l'entendre mentionner. Son incognito - qui était aussi percé qu'un tamis - ne visait pas à dissimuler une personne, mais un fait. Lorsque celui-ci traversait le masque, il quittait sans délai le port où il se trouvait et partait pour un autre, généralement plus loin vers l'est.
Jim en appelait à la fois aux deux versants de l'âme - celui qui regarde constamment la lumière du jour, et celui qui, tel la face cachée de la lune, reste sournoisement tapi dans une obscurité perpétuelle, avec parfois seulement une furtive lueur brumeuse venant caresser ses bords. Son attitude mystérieuse me fascinait, comme s'il avait été un prototype de sa race, comme si la vérité obscure qu'il recélait était assez grave pour affecter la conception que l'humanité se fait d'elle même." En fait de roman, il s'agit d'un long monologue. Le narrateur, Marlow, a rencontré Jim et raconte à un auditoire la fascination que ce jeune homme a provoqué chez lui. Le héros, Jim, est au début du récit jeune officier dans la marine. Il rêve d'héroïsme, mais en fait de gloire, c'est le déshonneur qui s'abat sur lui. En effet, il abandonne le navire surchargé et à moitié coulé dont il était responsable, sous l'effet de la panique. Sauf que le bateau en question ne coule pas comme on s'y serait attendu... Le destin de Jim, héros trop romantique, est à la fois fascinant et désolant. L'histoire de Jim est un prétexte à une belle réflexion sur l'honneur, la culpabilité, l'amitié, le bien et le mal... "Il était l'un des nôtres" répète souvent Marlow. (référence subtile à la Bible: "Lorsqu'Adam eut mangé le fruit, Dieu dit aux anges: Voyez, l'homme est devenu comme l'un des nôtres, il connaît le bien et le mal") J'ai vraiment aimé ce livre qui mérite qu'on prenne son temps, qu'on s'attarde sur certains passages. Il ne se dévore pas comme un roman habituel, mais il faut se laisser imprégner par cette ambiance particulière, mêlée de culpabilité, de remords et de clarté, qu'est la vie de Jim. La traductrice, Odette Lamolle, mérite des éloges. Elle a su transmettre à la perfection la richesse des sentiments et des émotions qui traversent le livre. Chapeau! (j'ai découvert en lisant la préface que c'est une très vieille dame de 80 ans, qui est tombée amoureuse de ce livre étant jeune, et a passé sa vie à traduire l'œuvre de Joseph Conrad) Une traduction magnifique! |
| | | MissAcacia DerbyCheshire Cat
Nombre de messages : 7646 Age : 51 Localisation : Perched on a hot sound tree Date d'inscription : 26/10/2007
| Sujet: Re: Joseph Conrad Mer 13 Oct 2010 - 22:05 | |
| Merci Framboise pour ton avis. Dire que je n'avais pas pris la peine de chercher le topic que Joseph Conrad, alors que j'aime beaucoup ce que je connais de son œuvre. Il me faudra revenir... |
| | | cat47 Master of Thornfield
Nombre de messages : 24251 Age : 67 Localisation : Entre Salève et Léman Date d'inscription : 28/01/2006
| Sujet: Re: Joseph Conrad Sam 16 Oct 2010 - 15:11 | |
| Merci pour ton avis, Framboise, tu me donnes vraiment envie de continuer à explorer l'oeuvre de Conrad. - Framboise a écrit:
- J'ai vraiment aimé ce livre qui mérite qu'on prenne son temps, qu'on s'attarde sur certains passages. Il ne se dévore pas comme un roman habituel, mais il faut se laisser imprégner par cette ambiance particulière, mêlée de culpabilité, de remords et de clarté, qu'est la vie de Jim.
C'est drôle, en te lisant, j'ai retrouvé les impressions que j'avais eues en lisant Au coeur des ténèbres. Il faut croire que Conrad a le don de créer des atmosphères prenantes. _________________ |
| | | serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12420 Date d'inscription : 31/05/2007
| Sujet: Re: Joseph Conrad Lun 1 Nov 2010 - 17:05 | |
| Merci pour ton avis Framboise. Sauf erreur de ma part, le personnage de Marlow est un peu un fil conducteur qui relie certaines oeuvres de Conrad. Merci également pour ta note concernant le travail de la traductrice, très intéressant |
| | | cat47 Master of Thornfield
Nombre de messages : 24251 Age : 67 Localisation : Entre Salève et Léman Date d'inscription : 28/01/2006
| Sujet: Re: Joseph Conrad Dim 7 Nov 2010 - 15:05 | |
| Je recopie ici l'avis de Selen sur Jeunesse. - Dans le topic Que lisez-vous en ce moment, Selen a écrit:
- Jeunesse de Conrad écouté en menant le ménage du ouiquende et un peu de broderie; des échos des fantastiques images de bateaux sur le point de sombrer comme celui du de L'homme qui rit, et Lord Jim of course. Superbe phrase de chute. Mais je crois qu'il faut aussi que je le relise en visuel pour l'apprécier complétement. Un peu réservé aux amoureux de la mer et des bateaux.
_________________ |
| | | cat47 Master of Thornfield
Nombre de messages : 24251 Age : 67 Localisation : Entre Salève et Léman Date d'inscription : 28/01/2006
| Sujet: Re: Joseph Conrad Mar 27 Sep 2011 - 22:50 | |
| Hier soir j'ai vu un film dont je ne sais pas quoi penser. The Secret Agent, réalisé et scénarisé par Christopher Hampton et produit par Bob Hoskins, est inspiré d'un roman dont on dit qu'il est un des meilleurs de Conrad. Le milieu, un Londres fin de siècle (XIXème, bien sûr) où anarchisme et terrorisme trouvent un terreau fertile, fournit un décor attirant, surtout lorsqu'on se rend compte que l'intrigue va faire la part belle à la psychologie. Eh bien c'est raté, Hampton ne trouve pas le ton, ni dans le scénario, ni dans la réalisation, ni dans la direction d'acteurs. J'ai eu de la peine à garder les yeux ouverts jusqu'au bout, mais j'ai tenu le coup, ce qui m'a au moins permis d'apprécier la prestation de Robin Williams, la seule à sortir du lot. Même Jim Broadbent a réussi à me décevoir, c'est dire. Point positif : j'ai malgré tout envie de découvrir le livre, malgré ce gâchis. _________________ |
| | | Fauvette Bluebird on a White Cliff
Nombre de messages : 5816 Age : 36 Localisation : Paris Date d'inscription : 29/04/2009
| Sujet: Re: Joseph Conrad Ven 19 Mai 2023 - 15:47 | |
| J'ai lu cette semaine Au cœur des ténèbres et je pense garder de cette lecture un avis assez mitigé, n'ayant pas vraiment réussi à entrer dans l'atmosphère pour le moins particulière du récit Plusieurs éléments m'ont pourtant intéressée, comme la trame anti-colonialiste de l'intrigue (à contre-sens des valeurs/politiques occidentales prédominantes de l'époque), la thématique "exploratoire" du récit (dont une grande partie se passe à bord d'un vieux vapeur remontant le fleuve Congo) et l'omniprésence en filigrane du fameux - et intrigant - Kurtz, mais j'ai l'impression d'être tout de même passée à côté du cœur du roman... en cause, plusieurs points de construction du récit : la mise en abyme de la narration m'a semblé superflue (pourquoi consacrer le début du roman à enchaîner les narrateurs au lieu de commencer directement par le narrateur principal ? ), le dernier tiers du roman un peu précipité à mon goût - Spoiler:
(dès la rencontre avec Kurtz et même avant avec son "disciple" russe en fait, on comprend bien qu'il est loin d'être le génie magnifique dépeint par ses adorateurs, mais j'avoue ne pas avoir compris pourquoi le narrateur continuait à l’idolâtrer de la sorte )
, et surtout j'ai vite saturé de l'ambiance fiévreuse et poisseuse tout au long du récit, l'effet produit est effectivement saisissant mais j'ai eu l'impression de m'empêtrer dans un cauchemar qui n'en finissait pas de finir (à noter que j'ai généralement du mal avec les passages oniriques dans n'importe quel récit ou film, ceci expliquant sans doute cela ). Sans compter la représentation des personnages africains qui, tout en offrant une vision moins caricaturale pour l'époque des peuples colonisés, m'a quand même fait lever les yeux au ciel à plusieurs reprises - Spoiler:
(notamment la farouche femme/guerrière africaine dépeinte comme une déesse sauvage et forcément amoureuse de Kurtz... et bien sûr comparée avec la fiancée blanche de ce dernier. Aucune de ces deux femmes n'étant d'ailleurs vraiment décrite du point de vue de leur personnalité, je ne me suis pas vraiment intéressée à leurs sorts et affres respectifs, comme à aucun des autres personnages d'ailleurs ).
Dernier point technique qui m'a passablement agacée, les innombrables renvois aux notes de fin d'ouvrage de mon édition (Livre de poche je crois), il y en avait parfois 4 ou 5 par phrase pour "éclaircir" des détails parfaitement compréhensibles et cela ne m'a pas aidée à me concentrer Une lecture quelque peu frustrante donc, je pense que j'aurais préféré un roman plus long et détaillant un peu plus les motivations des personnages plutôt que ce quasi-réquisitoire sur les pillages coloniaux assez vain à mon sens (mais sans doute faut-il garder le contexte historique de l'époque en tête, car j'imagine que ce roman a dû être assez révolutionnaire lors de sa sortie). J'ai cependant appris que ce roman avait inspiré plusieurs autres œuvres et notamment Apocalypse Now, film que je n'ai encore jamais vu ( ) et que je vais ajouter à ma PàV, peut-être me fera-t-il mieux apprécier le matériel d'origine ! _________________ Dessin de Jaimie Withbraid |
| | | serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12420 Date d'inscription : 31/05/2007
| Sujet: Re: Joseph Conrad Dim 21 Mai 2023 - 15:50 | |
| Merci pour ton retour sur ce (court heureusement) roman Fauvette Avis totalement partagé, j'en garde le souvenir d'une lecture très très laborieuse (je l'ai lu en VO dans le cadre d'un cours d'anglais), mais je suis contente de l'avoir lu car c'est une référence malgré tout. A tort ou à raison, ce premier contact avec Conrad ne m'a pas donné envie d'explorer davantage son oeuvre |
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