J'ai terminé cet après-midi ce roman
Le Dieu des Petits RiensArundhati Roy est née en 1959 à Ayemenem, village de l'Etat du Kerala, d'un père hindi employé dans une plantation de thé et d'une mère chrétienne, traumatisée par leur divorce, elle a connu l'errance, interrompu sa carrière d'architecte, écrit des scénarios, et porté sur son pays un regard d'enfant. Son best-seller mondial "Le Dieu des petits riens" (Booker Prize 1997), dans lequel elle raconte d'une écriture foisonnante une société empêtrée dans ses castes et ses règles, lui a valu d'être célébrée comme un grand écrivain.
court résumé:
Rahel et Estha faux jumeaux de huit ans vivent en Inde avec leur mère une inclassable pour cause de divorce, l'oncle Chako esprit romantique converti au marxisme pour les besoins de son portefeuille et la grande tante Baby Kochamma vieille femme depuis toujours amoureuse d'un prêtre irlandais mort depuis de nombreuses années. Et il y a aussi cet intouchable, Velutha qu'aime Ammu la mère des deux enfants.
Il se retrouvera au coeur du drame qui brisera cette famille à jamais...
Comment est-ce-qu'on réagit à 8 ans quand on vous demande qui aimer, comment et jusqu'où? Comment survivre à un événement affreux dont on a été témoins, et ou on vous demande de mentir pour l'amour d'une mère?
Dès le départ le drame terrible est pressenti.
Mais ce n'est qu'au fil des souvenirs de Rahel qu'on finira par comprendre ce drame qui modifiera à jamais leur existence. Au coeur de l'intrigue, les castes, les rapports hommes/femmes, la famille, la tradition confrontée à la réalité.
L'auteur apporte une contribution originale à ce livre par son portrait d'enfants, pénétrant leurs pensées sans les sentimentaliser mais révèle leur ardente passion et terreur qui les habitent et qui les détruisent presque.
Dans ce roman on voit à quel point les enfants sont influençables et comment il est simple -en les prenant par les sentiments- de les manipuler.
Ses enfants se sont fait manipuler contre leur bien sans même le comprendre et ce n'est que des années plus tard quand il est bien trop tard, quand tous les deux ne sont plus vraiment des êtres humains, mais des épaves, sans futur et avec un passé qui ne les quitte pas.
Eux qui avant ne faisaient qu'un ont été séparés pour le bien de la famille, alors qu'ils étaient encore bien trop petits pour comprendre qu'on s'était servi d'eux pour accuser un homme innocent et sauver l'honneur de la famille.
Sa façon d'écrire est d'une grande originalité avec ses jeux de mots, ses métaphores et ses comparaisons qui surprennent et qui font de ce livre presque de la poésie. Je ne sais pas si il s'agit du style indien ,mais on sent que ce n'est pas un livre d''un auteur occidental qui écrit sur l'Inde et ses misères sociales.
La dimension psychologique prend une très grande place, c'est ce qui prime en fait et avec les personnages on découvre la culture et les traditions indiennes mais ce n'est pas le but premier de l'auteur et c'est ça qui est génial.
Mais toute l'originalité du roman est dans la construction du récit qui est élaboré comme un puzzle dont chaque morceau est donné petit à petit, sans lien apparent avec les autres, alors que le lecteur sait depuis le début qu'il y a eu un drame.
D'incessants retours dans le passé, dévoile peu à peu la vérité et l'horreur de la situation.
On plonge dans ce beau pays, dans la vie indienne, dans toutes ces couleurs du à la mousson.
L'auteur met en lumière avec beaucoup de poésie mais surtout de réalisme la société indienne tout juste sortie du colonialisme anglais, avec un communisme bien présent, un système de castes toujours appliqué et une condition féminine bien précaire....
Enfin, il y a ce fameux Dieu des petits riens...si vous voulez connaître son identité il faut lire le livre!
extrait du roman:
- Citation :
- Estha acquiesça d'un signe de tête en direction du visage d'Ammu levé vers la vitre. En direction de Rahel, toute petite, maculée de saleté. Tous trois liés, sans se le dire, par la certitude qu'ils avaient aimé un homme à l'en faire mourir.
Et cela, ce n'était pas dans les journaux.