Bernardin de Saint-Pierre : Paul et Virginie

Je suis assez étonné que M. Bernardin de Saint-Pierre n’aie pas encore sa chambre en cette auberge. Je ne peux croire que je suis la seule personne de cette respectable auberge à avoir apprécié son « Paul et Virginie ».

Que dire de cette œuvre sans faire un gros spoiler ?

Présentons déjà l’auteur. Jacques-Henri BERNARDIN de SAINT-PIERRE est noble désargenté, né en 1737, contraint donc à travailler un peu pour vivre. Cela l’amènera à voyager , ce qui correspond à son goût pour l’aventure. D’abord au service de la Russie, après un passage en Pologne et à Berlin, il rentre en France puis repart pour l’Ile de France en 1768 où il séjournera 3 ans. Rentré ensuite à Paris, il est un des amis Jean-Jacques Rousseau, et fréquente le salon de Mme Necker.

C’est rentré à Paris qu’il commence à écrire. Il commence par écrire Voyage à l’Île de France, à l’Île Bourbon, au cap de Bonne-Espérance, par un officier du roi en 1773. Suivent L’Arcadie en 1781 puis l’ouvrage qui le fera connaitre, Études de la nature publié en 1784.

C’est en 1787 qu’est publié Paul et Virginie. L’ouvrage, au départ, n’est pas un succès de salon.

Ce livre est pourtant remarquable.

Bien sur, il a vieillit. Bien sûr, les esclaves noirs sont dépeints avec une condescendance toute à fait raciste, absolument insupportable. Cependant, quel ouvrage de cette époque ne l’est pas ?

Néanmoins, ce livre reste un chef-d’œuvre. La qualité première de cette ouvrage est, de mon point de vue ses descriptions. Elles sont admirables. On voit que M. Bernardin de Saint-Pierre a aimé cette ile. On sent le talent de l’homme de science, doté d’un vrai talent pour la plume. Quant à l’histoire, je pense que M. Bernardin de Saint-Pierre prend comme toile de fond une histoire de passion amoureuse pour faire un tableau saisissant de sa société idéale (on voit bien la parenté d’idée avec Rousseau d’ailleurs), tout en contraste avec les affres de la société dite civilisée.

Sinon :

Spoiler:

Voila, je pense que d'autres personnes auraient pu mieux mettre en valeur ce livre qui a marqué son époque, mais j'ai fait ce que j'ai pu...

Bexounet

Je l'ai lu l'année dernière en me faisant les livres de la pile d'hypokhâgne de ma soeur... J'ai assez aimé, d'autant qu'il était assez court, la morale (beauuuuucoup) me faisant penser à la morale que pouvait avoir la comtesse de Ségur dans ses livres, le côté, imaginez vous comment avec cette vie simple ils étaient heureux, les mères s'aimaient comme des soeurs, les enfants comme frère et soeur, le soleil brille... le tout dans l'amour de Dieu ...etc....
C'est vrai que les descriptions ne manquent pas et qu'on a un vrai tableau ainsio brossé, franchement j'arrivais vraiment à tout m'imaginer !! Mais ce livre reste un référence dans la littérature, s'aimer comme Virginie aimait Paul ...

Spoiler:

J'ai lu ce livre presque d'une traite, il y a quelques années. J'en garde un souvenir très particulier. Je ne sais pas trop si je le relirai un jour car il m'a rendu assez cafardeuse. Je crois que c'est un des livres qui m'a le plus perturbé.
Je ne le conseille pas à ceux qui n'ont pas une vision très positive du genre humain...

Je devais avoir 11 ou 12 ans quand j'ai lu "Paul et Virginie". J'avoue que mon souvenir n'est plus très net depuis le temps: il va falloir que je le relise!

Je l'ai lu quand j'avais 13 ans environ et je ne m'en rappelle pas super bien, mais je sais que j'avais bien aimé, meme si certains passages m'avaient ennuyés et que la fin comme a dit est très rageante parce qu'elle aurait pu etre bien différente!

Je suis comme les autres je l'ai lu il y a longtemps et je ne m'en souviens plus très bien. J'ai également vu une adaptation, qui ne m'a pas laissé beaucoup plus de souvenirs. Disons que je n'associe pas l'oeuvre à une forte impression, mais sans savoir vraiment pourquoi.

Pour moi, Bernardin de saint- Pierre c'est "Paul et Virginie" en lecture imposée de classe de première et j'en garde un souvenir de profond ennui . Je l'avais rebaptisé à l'époque d'un titre de la comtesse de Ségur:"Les deux nigauds", car je trouvais qu'il lui convenait à merveille...
Sorry Bexounet.

J'adore ce roman
Pourtant, c'est assez "niais", la fin est juste horrible IMO, il y a pas mal de "bondieuseries", mais qu'est-ce que c'est beau
Je l'ai déjà lu 2 ou 3 fois et je ne m'en lasse jamais...
:doddy:

J'ai beaucoup aimé ce roman, un de mes premiers souvenirs de lecture en fait, je me souviens avoir beaucoup pleuré, ce qui explique pourquoi je ne l'ai pas relu depuis...

Merci pour ce nouveau topic, Bexounet.
Ton avis est en train de me faire réfléchir... J'ai acheté Paul et Virginie dans une brocante il y a longtemps... et je ne l'ai jamais lu... Ma prof de français, à l'époque, m'avait dit que c'était (je cite) "affreusement niais"... Du coup, je l'ai laissé de côté, sans avoir pris le temps de me forger ma propre opinion...
En tout cas, tu me donnes très envie de m'y intéresser, et de sortir enfin le livre de ma bibliothèque

Je suis un petit peu d'accord avec tout ce qui a été dit.

Oui, l'ouvrage est daté, l'histoire est peuplée de personnage tellement lisse qu'il semble irréellement parfait.
Oui, ces exemples d’hommes naturels chers à Rousseau sont à gifler parfois.

Oui.

Et alors ?

Il faut parfois remettre une lecture et le plaisir qu’elle nous apporte dans son contexte. Il est évident que nous ne sommes pas ici dans une lecture complètement récréative d’un roman type « Starwars » où il est même conseillé de ne conserver qu’une faible partie de nos neurone en activité.

Il faut se laisser prendre au jeu de cette vague d’exotisme de ce XVIII ème siècle des philosophes. Laisser son esprit assimiler doucement les idées sous-jacentes distillée délicatement par la plume.

A contrario, oublier que, dernière cette histoire un peu mièvre, il y a des idées fortes, développées en plein siècle des lumières, c’est ne retenir de ce roman que les belles descriptions, c’est passer à coté de cette œuvre.

Par exemple, s’arrêter à cette condescendance pleine de racisme ordinaire, c’est oublier toute l’humanité de l’auteur décrivant des esclaves en fuite à cause d’un mauvais maître. C’est oublier que les esclaves des 2 mères de Paul et de Virgine forment avec eux une espèce de société idéale, et presque égalitaire, une belle utopie…
Ainsi, s’arrêter, par exemple, à la présence de l’esclavage serait faire injustice à cette œuvre.

Bexounet

Oui très niais, ils sont parfois .. insupportable par leur naïveté .... mais j'ai vraiment adoré ce roman !!!

Bernardin de Saint-Pierre  a publié en 1791 un conte philosophique intitulé La chaumière indienne.


Un savant anglais se rend aux Indes pour y collecter des réponses aux interrogations du monde sur le sens de la vie. Il finit par rencontrer un paria pauvre et heureux qui lui offre l'hospitalité.

Voici ce que le docteur lui dit, et la réponse du paria :

Citation :

« Je ne saurais trop reconnaître votre hospitalité, et vous témoigner toute l’estime que je vous porte : acceptez cette montre d’or ; elle est de Graham, le plus fameux horloger de Londres ; on ne la remonte qu’une fois par an. »

Le paria lui répondit :

« Seigneur, nous n’avons pas besoin de montre ; nous en avons une qui va toujours, et qui ne se dérange jamais ; c’est le soleil.

– Ma montre sonne les heures, ajouta le docteur.

– Nos oiseaux les chantent, repartit le paria.

– Au moins, dit le docteur, recevez ces cordons de corail pour faire des colliers rouges à votre femme et à votre enfant.

– Ma femme et mon enfant, répondit l’Indien, ne manqueront jamais de colliers rouges, tant que notre jardin produira des pois d’angole.

– Acceptez donc, dit le docteur, ces pistolets pour vous défendre des voleurs dans votre solitude.

– La pauvreté, dit le paria, est un rempart qui éloigne de nous les voleurs ; l’argent dont vos armes sont garnies suffirait pour les attirer. Au nom de Dieu qui nous protège, et de qui nous attendons notre récompense, ne nous enlevez pas le prix de notre hospitalité !

La conclusion du docteur

Citation :

J’ai parcouru la moitié du globe, et je n’ai vu partout que l’erreur et la discorde : je n’ai trouvé la vérité et le bonheur que dans votre cabane

Si ça vous intéresse voici le texte : La chaumière indienne

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