Wives and Daughters : le livre et son adaptation

Il a quand même fait le malheur de son fils aîné avec ses idées idiotes

Mais tu l'as dit toi même : Osborne manque un peu de virilité sur ce coup-là

parce que son père le terrorise, cqfd le père est un tyran. Je le trouve même assez pervers, il cajole Osborne tant qu'il fait exactement tout ce qu'il veut et le met à la porte au moindre signe de rebellion, si Osborne "manque de virilité" c'est que son père l'a tant tiré à hue et à dia, qu'il a perdu ses coucougnettes en route.

Oui, il a une tête sympathique le squire mais regarde quand il s'en est pris à Preston à propos du bois coupé... l'autre a promis de le rembourser, il lui a parlé civilement, mais le squire tout enflé de ses préjugés de vieille famille saxonne il était prêt à le cravacher. La fille du docteur s'est pliée en douze pour veiller sur sa femme malade, et il ne la trouve pas assez bien pour ses fils, c'est tout s'il ne la soupçonne pas d'en vouloir à leurs sous. Le docteur en était blessé et moi à sa place, je l'aurais envoyé paître lui et sa vieille famille saxonne.

Oui, il reçoit une bonne leçon à la mort d'Osborne, mais est-ce que ça le change? sa première réaction est de mettre le grappin sur son héritier et de renvoyer sa belle-fille en France avec trois sous en poche. C'est lui le grand méchant de l'histoire.

Pour moi, le Squire représente le type parfait de l'homme qui aurait eu un grand cœur si il n'avait pas été complètement corseté et décervelé par une éducation conventionnelle au service des préjugés de race, de nationalité et de fortune. Dit comme ça, c'est un individu totalement odieux, dans l'absolu, mais il passe par le talent de son auteur, qui nous fait toujours ressentir ce qu'aurait pu être cet homme, ce qu'il est en réalité dans les fibres profondes de son cœur : un homme bon, et c'est pourquoi, malgré une nette désapprobation, il entre quand même dans nos cœurs. De même pour Cynthia : mal élevée, ou plutôt pas élevée du tout, ayant sous les yeux une mère fondamentalement intéressée et manipulatrice, comment serait-elle autrement ? Là aussi, le talent de l'auteur est de nous faire aimer Cynthia non parce qu'elle bat des cils, mais parce qu'elle souffre elle-même d'être ce qu'elle est, sentant confusément qu'elle pourrait être différente. Sa sincérité envers Molly me la rend bien sympathique, et après tout Roger n'a fait que ce que font beaucoup d'homme : s'enticher d'une apparence sans aller voir plus loin. Quant à Preston, certes il lui prête 20 Livres (elle n'avait à ce moment-là aucun autre moyen de faire face à la situation, sa mère l'ayant encore une fois laissée seule) mais il compte bien avec cela acheter la jeune fille, ses intentions sont loin d'être chevaleresques !
D'ailleurs les défauts de la mère de Cynthia sont eux aussi les convergences de sa nature et de la vie qui lui a été impartie par le Destin.
Tous ces personnages font du mieux qu'ils croient avec ce qu'ils ont et ce qu'ils ont appris, c'est le grand intérêt de ce livre. Osborne est faible car il a eu sur les épaules depuis toujours la pression d'un destin d'aîné à accomplir, et la nature ne lui a pas donné les dites épaules !! .
Pour en revenir au Squire, il est plus sympa dans le film, grâce à l'acteur qui l'incarne, de même que le père d'Emma2009 dans la série est plus intéressant que dans le livre, pour la même raison !!

clinchamps a écrit:

Là aussi, le talent de l'auteur est de nous faire aimer Cynthia non parce qu'elle bat des cils, mais parce qu'elle souffre elle-même d'être ce qu'elle est, sentant confusément qu'elle pourrait être différente. Sa sincérité envers Molly me la rend bien sympathique, et après tout Roger n'a fait que ce que font beaucoup d'homme : s'enticher d'une apparence sans aller voir plus loin. Quant à Preston, certes il lui prête 20 Livres (elle n'avait à ce moment-là aucun autre moyen de faire face à la situation, sa mère l'ayant encore une fois laissée seule) mais il compte bien avec cela acheter la jeune fille, ses intentions sont loin d'être chevaleresques !

Ben E. Gaskell a manqué son coup avec moi alors

Je trouve Cynthia détestable au plus haut point, c'est l'archétype de la coureuse de fortune, elle n'avait nul besoin de ses 20£, elle ne mourait pas de faim que je sache, non, mademoiselle voulait une belle robe pour se chercher un pigeon qui l'entretiendrait.

Preston lui a prêté l'argent, certes, mais il ne lui a pas fait signer une promesse de mariage, il était le pigeon du moment, c'est tout et malheureusement pour lui, il est tombé amoureux de cette jolie fille sans voir voir qu'elle n'avait aucune qualité à lui offrir en retour.

C'est pour çà que j'étais frustrée de ne pas savoir ce qu'il advenait de lui.

Branwen, parles-tu du livre ou de son adaptation ou des deux ? parce que là je perds un peu les pédales....

L'adaptation, je viens seulement de recevoir le livre et je n'ai pas encore eu le temps de le lire.

Alors je comprends mieux. Preston n'est pas mon genre, mais je comprends.

@ Branwen, tu es parfaitement libre de tes opinions, bien sûr et les interprétations différentes sont intéressantes.

Ceci dit, concernant Cynthia, le fait qu'elle économise sou par sou sur l'allocation que lui attribue le Dr Gibson (qui est le premier argent dont elle peut disposer en propre, elle n'a jamais rien eu dans son enfance) pour rembourser Preston ne me semble pas tout à fait cadrer avec le profil type d'une coureuse de jupon prête à tout pour pigeonner tous les mâles disponibles jusqu'à obtention d'un mari fortuné. Non ?
sur cette base et sur d'autres, je suis de l'avis de Clinchamps sur ce personnage qui est plus complexe qu'il n'en a l'air.

Je suis aussi d'accord avec clinchamps sur le Squire, bref je suis d'accord avec Clinchamps qui nous livre l'une des fines analyses dont elle a le secret.

Bonne découverte du livre !

Je suis également entièrement d'accord avec Clinchamps. Que ce soit pour le squire ou Cynthia, leur comportement est selon moi plus le reflet de leur éducation respective que de leur vraie nature.

Et je suis également d'accord concernant l'interpretation de Michael Gambon (que ce soit ici ou pour Emma 2009), il a l'art de rendre attachant les personnages qui ne le sont pas forcément à la base. C'est un très grand acteur

Branwen a écrit:

Je trouve Cynthia détestable au plus haut point, c'est l'archétype de la coureuse de fortune, elle n'avait nul besoin de ses 20£, elle ne mourait pas de faim que je sache, non, mademoiselle voulait une belle robe pour se chercher un pigeon qui l'entretiendrait.

Eh bien je dois dire que si les coureuses de fortune étaient toutes aussi peu efficaces que Cynthia, les riches célibataires seraient bien à l'abri.

Cynthia a sans aucun doute des comportements bien moins raisonnables que Molly, mais j'ai toujours pensé que c'était dû à son absence de maturité (ainsi qu'à l'attitude peu affectueuse de sa mère, d'ailleurs - avec une mère pareille, je crois que de nombreuses faiblesse peuvent être comprises et pardonnées). Elle fait un faux pas avec ce prêt de 20 livres, mais est-ce là un comportement de coureuse de fortune? J'avoue que là j'ai de la peine à suivre, moi aussi. Et si je me souviens bien, c'est tout de même Preston qui profite de l'emprise qu'il a sur elle pour la pousser à accepter cette offre, qui la met sous sa dépendance. Il me semble, mais là je m'avance peut-être un peu loin, que leur différence d'âge (ainsi que les rapports de Preston avec la mère de Cynthia) en font une figure "paternelle", ce qui lui donne des responsabilités.


En ce qui concerne le squire, je suis entièrement d'accord avec Clinchamps (et avec Resmiranda pour ce qui est du talent de Michael Gambon ).

Elle a quand même vite viré le pauvre Roger l'Africain pour le Londonien qui avait nettement plus de pépettes, mais je veux bien admettre qu'elle est sans doute plus pressée de se débarrasser de sa mother que de faire un très riche mariage, malgré tout, elle en veut un qui ait des sous.

Si elle a remboursé Preston, ce n'est pas par esprit de justice, c'est pour qu'il ne puisse pas lui ruiner ses prochaines fiançailles en lui réclamant un argent qu'elle ne pourrait lui rendre.

Je dirais plus qu'elle a voulu un mari avec un autre style de vie que celui de Roger qui, argent ou pas, n'est pas très mondain et a une vie plus campagnarde et studieuse que son jeune Londonien qui a certainement un style de vie plus animé. Il correspondait plus à sa nature vive. Je crois que c'est aussi avant tout une séductrice, elle aime plaire et être aimée, elle le dit elle même, et pas spécialement des gens riches mais de tous. Je crois que c'est avant tout ça qui la motive et non pas "faire fortune".

Je la vois très bien continuer à briser les cœurs, une fois mariée, en toute innocence, parce que "c'est dans sa nature", comme dirait le scorpion !!

Cà, c'est certain, elle doit être Balance (comme moi )

Ayant lu Wives & Daughters très récemment et vu l'adaptation dans la foulée, je peux enfin venir donner mon avis ici

En fait, c'est très simple : j'ai adoré ce roman Molly Gibson est une héroïne très attachante, à la fois bien élevée et garçon manqué, discrète mais pas effacée, très droite, sincère et pleine d'humour... De toute façon, une jeune fille qui préfère les balades dans la campagne aux occupations "convenables" d'une demoiselle de bonne famille ne pouvait que me plaire ^^
Les autres personnages sont tout aussi bien développés : en vrac, j'ai beaucoup aimé le Dr. Gibson et sa complicité avec Molly, Cynthia, que je ne peux pas m'empêcher d'apprécier malgré sa frivolité (elle a tout de même un bon fond !), Mrs Clare, qui réussit l'exploit d'être parfaitement insupportable sans qu'on parvienne à la détester vraiment, le squire Hamley et sa femme, les sœurs Brownings, Osbourne et sa petite famille... et surtout Roger, j'avoue Je ne lui pardonne pas d'avoir fait (involontairement, mais quand même) tant de mal à Molly, mais je ne peux pas résister à un jeune homme passionné par les fleurs et les insectes, qui passe son temps libre à observer des daphnies au microscope, collectionne les coléoptères africains et offre des nids de guêpe à son "assistante de recherches"

Quant à l'adaptation, elle est absolument parfaite : j'ai fini de la regarder hier soir et je suis encore sur un petit nuage Je ne fais sans doute que répéter ce qui a déjà été dit, mais j'ai trouvé les acteurs excellents : Justine Waddell incarne à merveille Molly Gibson, je n'arrive plus à imaginer ce personnage autrement que sous ses traits... j'ai également beaucoup aimé Keeley Hawes en Cynthia, Michael Gambon en Squire Hamley et Penelope Wilton en Mrs Hamley. Anthony Howell ne correspond pas tout à fait à l'idée que je me faisais de Roger (je le voyais plus trapu et moins "beau"), mais j'ai été conquise par son sourire interprétation !
Le scénario est très bien découpé (les 4 épisodes ne sont pas de trop pour illustrer tout le roman) et les décors sont magnifiques. J'avoue avoir été ébahie par les robes et coiffures de ces dames, je n'ose pas imaginer le temps qu'il leur fallait pour tresser/boucler/lisser leurs cheveux le matin
Bref, après North & South et son adaptation, je suis sous le charme de Wives & Daughters (roman et mini-série) Autant dire que je ne regrette pas de m'être inscrite à l'auberge (prochaine découverte gaskellienne en vue : Cranford, il me tarde déjà d'avoir le livre dans les mains !)

Merci pour ton avis Fauvette, tu comptes parmi les rares amies des coléoptères africains (mais ils te vont à ravir).

Quel avis enthousiaste, Fauvette! J'ai pensé exactement comme toi pour Roger. Et félicitations pour le look de circonstance.

Fauvette, tu vas adorer Cranford, je te le prédis !! Cette série est tout simplement délicieuse !!

FAUVETTE, vraiment j'ai bien aimé ton analyse, et les petites bébêtes

Fauvette a écrit:

Je ne lui pardonne pas d'avoir fait (involontairement, mais quand même) tant de mal à Molly, mais je ne peux pas résister à un jeune homme passionné par les fleurs et les insectes, qui passe son temps libre à observer des daphnies au microscope, collectionne les coléoptères africains et offre des nids de guêpe à son "assistante de recherches"

C'est justement çà que je lui reproche à Roger, je suis une entomophobe hystérique , j'avoue que si un beau jeune homme m'offrait un nid de guêpes, vous m'entendriez hurler jusqu'à chez vous -où que vous soyiez-

Je plussoie pour Cranford (et il y a aussi return to Cranford) ça m'a totalement ravi, c'est probablement le Gaskell que je préfère des trois. Le Dr Harrisson est trop cute et en plus, c'est vraiment drôle, le passage avec le chat et la dentelle m'a fait pleurer de rire.

Merci à toutes pour vos commentaires positifs sur mes impressions plus qu'enthousiastes ! (je me suis un peu déchaînée sur mon clavier hier soir ). J'ai hâte de me mettre à Cranford, mais il faut que ma PàL diminue un peu...

@ Branwen : moi c'est plutôt l'inverse, je suis une entomophile passionnée et j'adorerais qu'on m'offre un nid de guêpes (j'en ai déjà plusieurs chez moi, mais là n'est pas la question ) J'avoue que j'ai fait plusieurs arrêts sur image en regardant l'adaptation, rien que pour admirer les trouvailles et collections de Roger, bien que je préfère de loin observer les "bestioles" vivantes et non pas épinglées dans des boîtes. Mais je comprends qu'on puisse ne pas aimer les insectes, même s'ils sont pour la plupart tout à fait inoffensifs

Fauvette, j'ai vraiment beaucoup aimé le commentaire et l'analyse que tu fais de W & D et j'adooooore le look que tu as choisi

Merci beaucoup pour ton commentaire et j'adore moi aussi ton nouveau look, Fauvette !

Ce n'est pas que je n'aime pas les insectes, c'est que j'en ai une phobie totale, que j'essaie de soigner comme je peux en aimant jardiner. Les voisins se sont habitués à mes cris d'hystériques quand une guêpe vient trop près de moi, (je suis passée maître dans l'art d'utiliser des répulsifs ) malgré tout, la phobie est là, persistante. Et tu ne me feras pas approcher un nid de guêpes, même si tu es aussi mignon que Roger. J'avais planté des angéliques pourpres dans le jardin de ma grand-mère, ah pour çà, c'était trrrrès joli, sauf que quand elles se sont mis à fleurir, chaque fleur portait facilement 5 à 6 guêpes!

Et du coup, elles ont trouvé le jardin si sympathique qu'elles ont fait un nid dans la bouche d'aération de la cuisine de ma grand-mère ... quand mon frère est venu les déloger, je m'étais barricadée le plus loin possible et j'en ai fait des cauchemars, alors Roger a beau être charmant, je ne serai pas sur les rangs pour concurrencer Molly