Le théâtre

Je n'ai pas trop chomé question théâtre ces derniers jours.

D'abord j'ai regardé en replay sur culturebox (c'est jusqu'à début 2015 donc ça laisse le temps) la pièce de Kleist, Le Prince de Hombourg, mise en scène par Corsetti (c'est lui qui a mis en scène le Chapeau de Paille à la Comédie française) pour le Festival d'Avignon, dans la Cour d'honneur du Palais des Papes.

Je ne connaissais pas la pièce, ni l'auteur (que je croyais beaucoup plus récent, alors qu'il est contemporain de Jane Austen ), et je ne regrette pas d'avoir regardé le replay. J'ai progressivement compris que le Prince était le héros romantique, mais les propos de la pièce m'ont semblé assez obscurs jusqu'aux images finales. C'est une pièce militaire, qui parle du sens du devoir, de la loi, de la jeunesse et de la passion, mais je n'ai saisi qu'à la fin l'enjeu de la pièce. A présent il me faudrait la relire pour mieux la comprendre, mais je n'ai pas été plus touchée que ça. Le texte est assez abrupt, donc...

Ceci étant, je vous la conseille, ne serait ce que parce que le Prince de Hombourg est la pièce emblématique du festival d'Avignon, et sa mise en scène mythique est celle de Jean Vilar avec Gérard Philipe dans le rôle titre. Pour tout dire, dans la mise en scène de Corsetti, les décors sont intéressants, modernes et imposants, la distribution est vraiment talentueuse mais... il manque Gérard Philipe. Xavier Gallais ne m'a pas plu. Il est incroyablement investi dans son rôle, mais il semble surjouer la candeur, la naïveté et la passion, qui lui donne un air un peu niais, égaré, et sa voix m'a très rapidement horripilée. Je n'avais au contraire aucun mal à imaginer Gérard Philipe dans le rôle, lui aurait très bien su passer de la grâce à la douleur, à la passion juvénile, sans forcer le trait.

Ensuite, j'ai regardé (et cette fois ci le replay sur Arte+7 n'est que jusqu'à jeudi alors il ne faut pas trainer) La Forêt, film d'Arnaud Desplechin, adapté de la pièce d'Ostrovski (le précuseur de Tchekhov, lui aussi un contemporain de Jane Austen ) et plus exactement de la mise en scène faite à la Comédie française dans les années 2000. J'ai vraiment beaucoup aimé. La pièce en elle-même est un bel hommage au théâtre, et au métier d'acteur, et les petits clins d'oeils théâtraux de la réalisation sont discrets et nettement moins prétentieux que dans Que d'amour ! Le film semble plus sincère, et il est même émouvant par moments. J'ai adoré les couleurs et les textures (qui rappellent le film Onegin) et j'ai trouvé la distribution à son meilleur niveau (Adeline d'Hermy, Michel Vuillermoz, même Denis Podalydès... tous m'ont séduite). Je vous conseille donc ce petit film assez réussi il faut le dire.  

J'ai regardé aussi La forêt vendredi dernier et j'ai aussi beaucoup aimé!
Les acteurs sont tous excellents et c'est un vrai plaisir de les voir jouer tous ensembles
Je le conseille donc!

Merci Ann et Ju, j'ai encore la possibilité de ne pas rater cela, donc.

Quelle remarquable adaptation que celle de La Forêt par Arnaud Desplechin   Merci beaucoup pour le rappel Annwvyn, je n'avais pas noté la date de diffusion et ai ainsi pu profiter du replay. Je ne connaissais pas l’auteur de la pièce, ni son propos, il ne m’a pas fallu longtemps pour être captivée. Portée par une brochette de Comédiens Français une nouvelle fois excellents – dont Michel Vuillermoz et Denis Podalydès dans un duo délicieux   , leurs personnages fantasques sont un régal à voir à et à entendre, c’est une peinture (très critique) de la société russe de l’époque, et un bel hommage au métier d’acteur. Les deux acteurs sont les vrais gagnants du lot, même s’ils repartent du domaine aussi pauvres qu’à leur arrivée. Surprise finale lorsque j’ai lu le nom de Nicolas Silberg au générique, car je ne l’ai pas reconnu dans les quelques scènes où il apparaît. Il a bien changé depuis l’élégantissime Bussy de La dame de Monsoreau…

Le Prince de Hombourg me dit moins, j'aurais bien sûr aussi adoré voir Gérard Philipe dans ce rôle qu'il a marqué à jamais.

Sinon, c'est officiel, Eric Ruf est le nouvel administrateur de la Comédie Française. A lire, cet article très intéressant du Monde    qui met en avant les raisons de cette nomination.

Tatiana a écrit:

Je me réjouis de lire vos commentaires, Ju et Annwvyn   . La dernière se déroulera sûrement dans une ambiance spéciale.

Darcy a écrit:

Enfin, je l'ai trouvé ridicule dans le final, je suis désolée mais le jeu qu'il a fait de la mort manquait de justesse et m'a particulièrement fait rire. Je n'ai pas trouvé les applaudissements justifiés à ce moment-là.

, et je dois dire que je n'ai rien trouvé à redire à son interprétation de la scène finale. Le moment auquel tu fais allusion correspond sans doute aux rires que j'ai entendus et que je n'ai pas compris

Spoiler:

. J'ai trouvé cette réaction totalement déplacée, surtout à ce instant précis de grande intensité dramatique où on est très loin du comique.

Non je parle de la scène de fin où il/elle meurt. C'était surjoué.

Je viens de voir le Prince de Hombourg que j'avais enregistré. D'abord bravo à france 2 de retransmettre de ce genre de spectacle, même tard. Ensuite que dire? J'aime cette pièce, très prussienne où l'on retrouve ce type de héros, romantique, passionné, ambigu comme Hamlet ou Lorenzaccio. J'ai apprécié  l'interprétation de Xavier Gallais et celle du prince électeur . En revanche les rôles féminins n'étaient vraiment pas au niveau..Anne Alvaro, comme la comédienne qui interprétait  Nathalie, surjouaient avec une diction emphatique, façon conservatoire qui est assez agacante à la longue.  
Tout cela etait noyé dans une mise en scène compliquée, avec des effets spéciaux trop nombreux. On a eu droit à notre séquence nudité ( comme d'hab à Avignon) mais franchement sans aucune utilité.
J'aurais apprécié une plus grande sobriété ... Bref pas un mauvais moment mais sans plus....

Merci de ton avis sur le Prince de Hombourg, Miss Bennet. C'est amusant de voir que nous avons un ressenti un peu mitigé, mais absolument pas pour les mêmes raisons.

Je ne connaissais pas la pièce, et j'ai vraiment eu du mal à voir où Kleist voulait en venir. Ne connaissant pas l'auteur non plus, je n'ai découvert que très progressivement au cours de la pièce que nous avions affaire à un héros Romantique. Je n'ai pas trouvé dans cette pièce la même profondeur que dans Hamlet, il m'a paru que l'aspect militaire, autoritaire, et tutti quanti, prenait beaucoup trop de place dans l'histoire, au détriment de l'humanité des personnages. C'est sans doute pour ça que j'ai été peu touchée.

En ce qui concerne les comédiens, j'ai un avis tout contraire de toi. Je n'ai pas aimé Xavier Gallais, comme je l'ai dit, dont j'ai trouvé l'innocence et la candeur forcées , et lui donnant l'air un peu hébété, un peu gauche, et pas naturel... choses qu'on n'aurait certainement jamais retrouvées chez Gérard Philipe, que j'imagine très bien dans le rôle. En revanche, j'ai beaucoup aimé l'actrice de Nathalie. Son jeu est théâtral, certes, mais ses émotions semblaient sincères, et elle m'a émue.

Ceci dit, d'accord avec toi sur les scènes de nudité. A la rigueur elle prend son sens si on la met en parallèle avec la dernière scène

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Mais à la rigueur seulement. Je ne vois vraiment pas l'intérêt de toujours déshabiller les acteurs.

Oui Annwyn, c'est amusant et enrichissant de constater nos divergences d'appréciation du jeu des acteurs.   Non vraiment je n'ai pas aimé le jeu de la comédienne qui joue Nathalie, et encore moins Anne Alvaro. Finalement je retire de ce spectacle deux choses. Tout d'abord, le plaisir de découvrir la pièce que je ne connaissais que par le prisme scolaire et cela remonte à quelques décennies pour moi. Elle n'a pas la richesse et la valeur d'Hamlet, certes non, et là je te rejoins tout à fait. Cependant, le personnage du Prince de Hombourg est très attachant. La scène dans laquelle il exprime sa terreur devant sa tante après avoir vu sa tombe est remarquable, très vraie, très humaine. Il en va de même lorsqu'il renonce à l'amour de Nathalie pour sauver sa peau, le comble de la lâcheté mais ô combien réaliste...et puis vient la rédemption : il accepte sa mort. Le dénouement est un peu trop " happy end " à mon goût....D'ailleurs la fin traitée par Corsetti, avec cette histoire de pantin est assez grotesque...
La deuxième chose que je retiens est une énorme frustration, c'est que l'on n'ait aucune captation du Prince de Hombourg, version Vilar, Gerard Philippe et Jeanne Moreau.  
Je ne resiste pas à mettre le lien d'un enregistrement d'un passage de la pièce ou l'on entend precisement Gerard Philippe dans la scène avec l'électrice.
  

Tatiana a écrit:

Je me réjouis de lire vos commentaires, Ju et Annwvyn   . La dernière se déroulera sûrement dans une ambiance spéciale.

Ca c'est le moins que l'on puisse dire!!

Petit retour sur les faits (désolée, je vais passer un peu en mode groupie ). Alors dès notre arrivée avec Annwvyn, nous sommes tombées sur Loïc Corbery en chemise blanche -très classe - en train de téléphoner devant le théatre. On entre: avant le lever de rideau, petit discours (très bien) de Loïc Corbery sur les intermittents du spectacle (perso j'étais contente, je ne m'attendais pas à le voir aujourd'hui!)
Ensuite la pièce (détails et avis plus bas ) et j'arrive au meilleur...
A la fin des (trois?) rappels, Guillaume Gallienne s'avance, fait une petite biographie d'Eric Ruf, puis le présente comme le nouvel administrateur. Moment extrèmement émouvant. Et attention, d'un coup nouveau lever de rideau et la troupe dans son ensemble qui arrive sur scène!!! Pierre Niney   (je l'ai même repéré avant Annwwyn   ), Denis Podalydès, de nouveau Loic Corbery, Jérémy Lopez, Martine Chevallier et j'en passe bien entendu! Franchement c'était un moment exceptionnel de les voir tous ainsi rassemblés
J'étais ultra heureuse d'être là et de vivre ce moment
Et enfin, petit discours d'Eric Ruf, très émouvant, qui a remercié la troupe et aussi le public pour sa présence.
Bref superbe   Je ne regrette pas d'avoir dû attendre la dernière!

Sinon, pour revenir sur la pièce, j'ai bien aimé
Les décors étaient absolument magnifiques (bravo à Eric Ruf, d'ailleurs je suis bien contente qu'il continue la scénographie même s'il arrête de jouer), les costumes également.
L'ensemble était très sombre, mais je m'attendais à pire: le jeu des lumières permettait de bien voir les visages des acteurs. En plus, nous étions très bien placées et avons pu profiter d'une très bonne vue d'ensemble
J'avais lu la pièce en fin d'année dernière, pour me préparer, et je trouve qu'elle gagne vraiment à être mise en scène! Les nombreux personnages (assez interchangeables il faut l'avouer) sont beaucoup plus faciles à distinguer sur scène qu'à l'écrit.
Les acteurs sont très bons (même si je déplore que Christian Hecq soit encore cantonné à un registre comique alors que le rôle ne s'y prêtait même pas....), Guillaume Gallienne n'a pas démérité en Lucrèce (mais bon, une actrice aurait été très bien aussi), Suliane Brahim très bien en Gennaro.
Je n'en garderai pas un souvenir impérissable (sauf la fin après les rappels), mais j'ai passé un bon moment et j'en ai pris plein les yeux

Du côté de l'ambiance de la dernière, pas grand chose à ajouter au post de Ju.
La fin était grandiose. Guillaume Gallienne a demandé qu'on fasse une immense ovation à Eric Ruf, et les applaudissements du public se sont mêlés à ceux des trèèès nombreux comédiens qui étaient là (on ne fera pas la liste, mais je dirais qu'ils étaient une quarantaine). Les applaudissements et les vivas ont duré vraiment longtemps, c'était un énorme moment d'enthousiasme, et Eric Ruf paraissait ému. Si je me souviens bien, il a dit qu'il était né, et avait grandi sur le plateau, et qu'il n'y mourrait pas (sous entendu qu'il allait faire tout son possible pour honorer son mandat). Il a également remercié le public de sa fidélité, et je me suis sentie visée... Bref, l'aval du public et des comédiens... son mandat part sur d'excellentes bases, et j'en suis ravie !    

Du côté de la pièce, j'ai bien aimé, mais comme Ju cela ne sera pas non plus un souvenir impérissable. Les décors sont beaux (quoi qu'un peu sombres), les costumes spendides (on n'est pas Christian Lacroix pour rien ), et il y a vraiment une atmosphère qui est créée sur scène. Du côté, des acteurs, j'en ai marre que Christian Hecq joue encore les bouffons, et j'ai trouvé Eric Ruf et Suliane Brahim vraiment parfaits.

Mais, un gros mais, je n'ai absolument pas aimé Guillaume Gallienne. Peut-être un autre homme aurait il été parfait dans le rôle de Lucrèce (je n'accroche jamais trop au changement de sexe, mais qui sait, je serai peut être un jour convaincue du contraire), mais Guillaume Gallienne ne m'a absolument pas touchée. J'ai trouvé qu'il en faisait trop (alors qu'il joue si bien sa mère ), qu'il semblait peu sincère, et n'était qu'une caricature de femme. Lucrèce aurait dû être un peu plus sensible, et fragile, à mon sens. Les scènes d'hystéries m'ont semblé presque grossières.

Mais malgré tout, excellente après-midi. Bien oui, on a vu Pierre Niney !!!    

Annwvyn a écrit:

Mais malgré tout, excellente après-midi. Bien oui, on a vu Pierre Niney !!!    

Déjà, rien que ça, ça me suffit pour une après-midi réussie    

Mea culpa, Miss Bennet, dans l'euphorie de la soirée d'hier, je n'ai pas vu ton post.

Miss Bennet a écrit:

Le dénouement est un peu trop " happy end " à mon goût....D'ailleurs la fin traitée par Corsetti, avec cette histoire de pantin est assez grotesque...

Sur la fin, je ne suis pas d'accord. J'ai trouvé la fin dramatique, et l'idée du pantin extrêmement explicite (et c'est en partie grâce à ça que j'ai compris la pièce et son intérêt) et véritablement tragique. Il m'a semblé que

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Citation :

La deuxième chose que je retiens est une énorme frustration, c'est que l'on n'ait aucune captation du Prince de Hombourg, version Vilar, Gerard Philippe et Jeanne Moreau.  

Merci beaucoup pour l'enregistrement. Je l'écouterai en rentrant du travail. Mais quel dommage qu'il n'y ait aucune vidéo de l'époque.

Quel moment vous avez pu vivre Annwvyn et Ju   ce devait être unique de voir tous ces comédiens ensemble sur scène pour les adieux à la scène d'Eric Ruf. Moment trèèès émouvant pour lui j'imagine, qui fait partie de la troupe depuis bien longtemps (je l'ai vu dans Ruy Blas en 2000 ou 2001 lors de ma première fois à la Comédie française). Patienter jusqu'à la dernière avait du bon   .

Je n'ai rien à ajouter à la mise en scène, décors et costumes. Concernant l'interprétation de GG,. j'ai l'impression qu'il n'y a pas de demi-mesure : soit un y adhère, soit on n'aime pas du tout. Pour ma part je m'attendais à le voir reproduire le jeu qu'il a donné dans le rôle de sa mère (ce que je n'aurais pas aimé). Finalement j'ai été agréablement surprise, ce n'est pas l'interprétation du siècle mais je l'ai trouvé tout à fait crédible, totalement investi dans son rôle et portant la pièce sur ses épaules, avec des collègues du même niveau. Néanmoins je comprends tout à fait tes sérieuses réserves, Annwvyn.

Annwvyn a écrit:

J'ai trouvé la fin dramatique, et l'idée du pantin extrêmement explicite (et c'est en partie grâce à ça que j'ai compris la pièce et son intérêt) et véritablement tragique. Il m'a semblé que

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Bien vu Annwvyn. Fine analyse !   

Tatiana a écrit:

Sinon, c'est officiel, Eric Ruf est le nouvel administrateur de la Comédie Française. A lire, cet article très intéressant du Monde qui met en avant les raisons de cette nomination.

Télérama publie un article assez cinglant, dans son numéro de cette semaine, concernant la nomination d'Eric Ruf, intitulé : La tragédie-Française.
Personne ne remet en cause la qualité de comédien et de metteur en scène d'Eric Ruf mais effectivement, on ne peut avoir que l'impression que le choix de sa nomination ne s'est pas passé dans les règles de l'art.
Je plains cette homme qui arrive avec de telles casseroles, à savoir être le toutou de Podalydes...
Et que dire d'Aurélie Filipetti ... A sa place j'aurais démissionné depuis longtemps car moi je sais que je n'aurais pas pu fermer ma g.....

Par ici , interview d'Eric Ruf, en sa qualité de nouvel administrateur de la Comédie française. On constate qu'il s'inscrit dans la continuité de Muriel Mayette.

Petite anecdote, un des plus grands moments de sa carrière : la dernière de Lucrèce Borgia cet été et tous les spectateurs et les comédiens qui l'applaudissent. Il compare ça à la cérémonie du thé en Corée. Et dire que Ju et moi, on y était ! (mais nous on sait bien ce que ça veut dire être "administrateur général de la CF" je trouve qu'il est un peu condescendant sur ce coup là, Eric Ruf ).

Par ailleurs, d'après Le Monde, il paraîtrait que Muriel Mayette aurait décidé de réintégrer la troupe en tant que comédienne. Pourquoi pas ? Mais je suis assez étonnée !

Merci pour l'article Annwvyn, je lui lirai plus tard

Annwvyn a écrit:

Petite anecdote, un des plus grands moments de sa carrière : la dernière de Lucrèce Borgia cet été et tous les spectateurs et les comédiens qui l'applaudissent. Il compare ça à la cérémonie du thé en Corée. Et dire que Ju et moi, on y était ! (mais nous on sait bien ce que ça veut dire être "administrateur général de la CF" je trouve qu'il est un peu condescendant sur ce coup là, Eric Ruf ).

Un moment dont je me rappelerais longtemps pour ma part. C'était vraiment émouvant!

J'ai lu cet article hier. J'espère qu'une nouvelle salle va pouvoir ouvrir, même si je suis perplexe sur la faisabilité économique du projet. J'ai pensé à vous deux en lisant son évocation de la dernière de Lucrèce Borgia   , pas étonnant que ça reste comme un grand moment pour lui.

Cet été j'ai écouté son entretien dans "Ecole d'acteurs" (diffusé l'année dernière ou d'avant sur France Culture), et me suis dit qu'il était fait pour devenir administrateur tant il semble passionné par la vie de la maison.

Petit Faucon, je te réponds ici pour éviter le hors sujet dans le topic de musique classique.

J'avais beaucoup aimé Peer Gynt. C'était il y a deux ans je crois, Eric Ruf était le metteur en scène, les costumes étaient de Christian Lacroix et la scénographie de Denis Podalydès (si je ne me trompe pas ; ce qui voudrait dire qu'on retrouvait la même équipe que pour Cyrano et Lucrèce Borgia, toutes ces pièces étant des réussites sur le plan esthétique).

Peer Gynt est une pièce hors norme, rarement jouée compte tenu de sa longueur et des décors qu'elle nécessite. Je m'estime donc très heureuse d'avoir pu y assister ! Deux entractes, 4 heures 30 de spectacle, au Grand Palais (la scène était en fait une longue route, un peu accidentée, et le public était le long de la route, sur des gradins disposés de part et d'autre.) La pièce était assez magique je dois dire, on voyage des montagnes de la Suède-Norvège au désert avant de retourner au nord. C'est une pièce peuplée de créatures étranges (des Trolls notamment ) qui parle aussi de la vie, du voyage, de la maturité d'un homme.

Je me souviens m'être un peu ennuyée, et ce n'est pas une pièce qui m'aura transportée. Par exemple, la deuxième partie est assez abstraite, et Peer Gynt est dans le désert et parle au "Verbe" J'avoue avoir un peu décroché ! Mais il y avait de nombreuses choses vraiment bien, et (visiblement ) j'en ai gardé pas mal de souvenirs. Déjà, la route (qui devient la mer avec un bateau) était une excellente idée, d'autant qu'on voyait les comédiens de très près. Les costumes étaient vraiment superbes. Il y avait aussi un peu de la musique de Grieg, et puis les tableaux avec le cortège des trolls et leurs chansons étaient extraordinaires.

Les comédiens de la Comédie française étaient aussi en grande forme. Hervé Pierre jouait le rôle éponyme (au départ il a une vingtaine d'années, et à la fin il est un vieillard... il était nettement plus convaincant sur la fin que sur le début et ce n'est pas lui que j'ai trouvé le meilleur). Serge Bagdassarian jouait le roi des Trolls (gé-nial tout simplement ! ), Catherine Samie la maman de Peer Gynt (j'ai eu les larmes aux yeux à la fin), Adeline d'Hermy la fiancée de Peer Gynt (elle apparaît en robe de mariée, d'abord entière puis déchiquetée... costume incroyable !) et Suliane Brahim jouait Solveig.

Bref, je crois avoir fait le tour !

Merci Annwvyn, pour ce super compte-rendu , qui donne envie (comme toujours !!).

Je me souviens d'avoir entendu parler de la route, spectaculaire, qui traversait la salle, et de l'aspect tout à fait innovant de la mise en scène.
NB : j'aime bien Hervé Pierre, mais c'est quelqu'un d'assez posé, pas forcément le genre passionné et extraverti, donc je ne suis pas étonnée que tu l'aies trouvé sans plus.

Je ne connais pas du tout Peter Gynt mais ce que tu en dis donne envie Annvwyn. De toute façon, je crois que je serais prête à aller voir n'importe quelle pièce avec les Comédiens Français, même certaines qui a priori ne me tentent pas du tout, comme Antigone   .

J'en profite pour demander, quelqu'un a-t-il vu le Tartuffe actuellement à l'affiche au Français avec Michel Vuillermoz dans le rôle-titre ? J'y vais début décembre, et me réjouis.

Tatiana a écrit:

J'en profite pour demander, quelqu'un a-t-il vu le Tartuffe actuellement à l'affiche au Français avec Michel Vuillermoz dans le rôle-titre ? J'y vais début décembre, et me réjouis.

Nous y allons ce vendredi avec Annwvyn
Et normalement je vais voir Don Juan dimanche avec Esperluettr

Super j'espère que vous passerez par ici pour en parler. Don Juan doit être bien aussi.

En ce qui concerne Peer Gynt Tatiana, tu connais forcément la musique de Grieg qui a été composée pour la pièce. En tout cas, certains airs sont vraiment très connus. De Ibsen, j'ai aussi lu Hedda Gabler, pièce que j'ai vraiment beaucoup aimée. Hedda est apparemment un des plus grands rôles féminins de théâtre, et j'avais été fascinée par le personnage. Du même auteur, j'ai aussi entendu parler du Petit Eyolf, qui je crois est désespérante, et j'ai acheté La Maison de poupée.

Concernant Tartuffe, nous viendrons vous donner notre ressenti. Les critiques sont assez mitigées jusque là, mais j'espère ne pas être déçue. En revanche, je n'ai pas vu Dom Juan (une des rares pièces de ces dernières années jouées salle Richelieu et que je n'aie pas vue. Suliane Brahim m'en avait découragée à l'époque ). Et si tu as l'occasion, tu peux aller voir Antigone. La mise en scène est sobre, mais les acteurs très bons, et l'ensemble a beaucoup d'intensité. J'étais fatiguée quand j'ai vu la pièce l'année dernière, mais les critiques étaient unanimes.

Petit compte rendu des 3 dernières pièces que j'ai vues.

* Tartuffe à la Comédie française, mise en scène de Galin Stoev.
Je me rends compte que depuis l'autre jour je n'en ai pas tellement de souvenirs... Ce n'est pas bon signe ! Je n'ai pas eu l'impression d'être trop déçue pourtant. Mais dans la mesure où je ne suis pas folle de Molière ça n'a rien de surprenant. Bref.

La mise en scène ne m'a pas vraiment marquée. La scène est délimitée par deux vitres formant un angle droit, ce qui donne un bel effet de profondeur. Les costumes sont assez quelconques aussi, certaines robes très belles, Tartuffe en noir, Orgon en costume de voyage blanc.

Les acteurs sont au rendez-vous, sans pourtant que j'aie été transportée. Cécile Brune dans le rôle de Dorine sort nettement du lot, ses scènes sont très drôles. Serge Bagdassarian est excellent, tout comme Elsa Lepoivre qui a beaucoup de classe comme à son habitude. Didier Sandre a l'élégance et le capital sympathie nécessaire à son rôle, et Michel Vuillermoz est un Tartuffe assez répugnant, et quelconque, beaucoup plus écœurant que fascinant. Mais je n'ai pas été envoûtée.

Il semble que le metteur en scène ait voulu faire un Tartuffe moins sombre, un peu plus tourné vers le quotidien, moins diabolique. J'ai trouvé que le dosage était bon, l'ambiance s'assombrit, Michel Vuillermoz dérange plus qu'il n'effraie. Mais somme toute, avec du recul, je vois bien que la pièce m'a bien peu marquée !


* Zelda et Scott, mise en scène de Renaud Meyer.
Après avoir fait l'unanimité de la critique parisienne la saison dernière, la pièce est en tournée à travers la France. Je dois dire que j'ai été très déçue compte tenu de mes attentes.  

L'histoire est celle du couple Fitzgerald (avec un troisième acteur qui interprète Hemingway), de son mariage et des fêtes jusqu'au petit matin à New York, jusqu'à la séparation et la folie de Zelda. La pièce est intéressante, et tente de montrer le fonctionnement du couple, l'esprit de l'époque, et l'acharnement de Scott à 1/se servir de sa femme comme sa muse, et 2/rester le meilleur écrivain américain.

Vu comme ça, ça a l'air très chouette. Mais j'ai été bien déçue. L'actrice principale aurait du être Sara Giraudeau (la fille de Bernard) et il paraît qu'elle était exceptionnelle. Moi j'ai vu Chloé Lambert à sa place, et elle ne m'a semblé ni extraordinaire ni mauvaise. Les deux hommes (Julien Boisselier et Jean-Paul Bordes) ne sont pas fameux non plus. Mais peut-être n'est ce pas leur faute ? Le texte de la pièce m'a semblé bien plat (écrit par Renaud Meyer le metteur en scène), et ne retranscrivant en aucun cas la tension qui pouvait exister entre Zelda et Scott. Et la pièce souffre d'un grand manque de rythme.

Bref, je ne la conseille pas. Un spectacle sympathique, mais à mon avis pas abouti.


* La Double inconstance, à la Comédie française, mise en scène d'Anne Kessler.
Pour le coup, voilà une franche réussite ! Je vais souvent à la Comédie française, mais je ne vois pas toujours de spectacles qui me transportent. La Double inconstance ne sera pas mon plus grand souvenir de théâtre, mais la mise en scène est très réussie et les comédiens tous excellents. C'est donc un spectacle très réussi, qu'il ne faut pas manquer !

La mise en scène, les décors, les costumes, le jeu des acteurs... tout est d'un raffinement absolu. C'est original, d'une esthétique incroyable (je crois que j'ai rarement vu un décor aussi beau), il y a un mélange d'éléments inattendus (des crinolines par ci, une raquette de badminton par là, beaucoup d'accessoires), mais c'est plein de style et d'élégance. On sent la patte d'Anne Kessler (qui a mis en scène avec son compagnon Guy Zilberstein, comme elle l'avait fait pour Des fleurs pour Algernon). Ces décors et ces costumes sont si beaux... ils sont sans conteste des œuvres d'art à part entière.

C'est vraiment très très beau, mais ça ne transforme pas pour autant la pièce en "bel objet" ce qui est souvent le risque avec ce type de mise en scène. Au contraire, ça convient tout à fait à Marivaux, entre les mensonges, l'hypocrisie, la réalité des sentiments de chacun. C'est un glissement de tout ceci, un équilibre parfait est trouvé. Bref, la pièce est une véritable friandise.

Quelques reproches quand même, qui font que je ne suis pas non plus surexcitée. D'abord, ce style et ce raffinement, au bout d'un moment, c'est un peu too much. Je pense qu'Anne Kessler a voulu en fait un peu trop, et à la fin je crois que j'en étais fatiguée. On trouve une harmonie c'est sûr, mais au bout du compte ça m'a un peu lassée. Ensuite il y a quelques longueurs (mais je crois que ça tient à la pièce - notamment les passages avec Catherine Salviat qui joue un seigneur, à côté desquels je suis totalement passée). Et enfin, je n'ai pas été totalement conquise par Loïc Corbery. Il manque un peu de la présence et de la dignité d'un prince, retirant de l'intensité à son personnage.

Mais pour le reste, c'est très bien interprété sans qu'aucun comédien ne soit plus faible ou meilleur que les autres. J'ai particulièrement aimé Georgia Scalliet, qui donne de la profondeur et de la maladresse à un personnage a priori insipide. Le texte est un régal. Et certains passages ont fait rire le public de très bon cœur.

Et puis décidément la mise en scène fourmille de bonnes idées. Je n'étais pas pour

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S'ajoutent d'autres excellentes idées enchanteresses, comme le mélange des musiques (Mozart, Brahms, des airs de bossa nova), un passage merveilleux

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Bref, si vous avez l'occasion de voir cette pièce là, n'hésitez pas. Marivaux joué avec autant de sensibilité et de finesse, ce n'est pas si courant je crois.