Me voilà enfin avec mon avis et mes photos de l'adaptation de Rebecca de 1979 !
Tout d'abord, je voulais remercier à nouveau Muezza, car sans elle, je n'aurais jamais pu la voir. Si elle repasse par ici, je lui transmets encore un
Comme vous l'aurez compris, mon enthousiasme au sujet de cette version réside principalement dans le fait qu'un certain
Jeremy Brett y tient le rôle principal
Mais tâchons de garder tout notre calme pour l'instant... Cette adaptation réalisée par Simon Langton se présente sous la forme d'une minisérie de 4 épisodes de +/- 55 minutes chacun, diffusée sur la BBC en 1979
Au casting, nous avons donc :
Jeremy Brett (Maxim de Winter
), Joanna David (Mrs de Winter), Espleth March (Mrs Van Hopper), Anna Massey (Mrs Danvers), Terence Hardimann (Frank Crawley), Julian Holloway (Jack Favell).
Evidemment, comme on peut s'y attendre sur une adaptation aussi longue, le roman de Daphné du Maurier demeure parfaitement intact. Il y a de très beaux extérieurs : Manderley et ses massifs de rododendrons roses et rouges, la mer de Cornouailles, la campagne anglaise, le vent, la brume, tout est là, mais malheureusement atténué par une photo qui a fort vieilli, mais enfin, le charme reste là !
Maintenant, venons en aux acteurs. Tout d'abord, il y a Joanna David en Mrs de Winter calme, timide et effacée... Jeune femme aimante qui se trouve projetée dans un monde particulièrement hostile, passant ses journées à ne gêner personne, entre un mari qui la prend pour une enfant maladroite et une gouvernante qui la terrifie.
Elle ne peut trouver sa place dans cet univers, où elle est inévitablement malheureuse... Dans cette adaptation, j'ai ressenti très fort une impression que j'avais eue avec le roman : l'histoire débute comme un invraisemblable conte de fées (la rencontre avec Max, le mariage, l'arrivée à Manderley que l'on imagine merveilleuse) et ensuite l'héroïne est confrontée à la réalité de la vie à Manderley, qui est bien loin d'être idyllique. Là, le conte de fées a réellement pris fin, et on le ressent très brutalement. Dans le film de 40, les choses ne me paraissent pas si noires, et dans l'adaptation de 1996, la situation s'envenime déjà pendant le voyage de noces...
Bref, ici, l'arrivée à Manderley est comme un électrochoc...
Ensuite, il y a la terrible
Anna Massey (vue dans de nombreux costume dramas, comme
He knew he was right,
Tess des d'Ubervilles, etc)en Mrs Danvers, très impressionnante, et qui fait véritablement froid dans le dos !
D'une froideur implaccable, terrifiante dès sa première apparition, trouble, glaciale... une réussite formidable, qui me la fait même préférer à la Mrs Danvers d'Hitchcock... ! Une personnalité instable, retorse, habitée de multiples frustrations, comme seule Daphné du Maurier peut en inventer.
Elle est pour moi l'incarnation parfaite du personnage, parfois mesuré, parfois dramatique (voire tragique), diabolique à l'image de sa maîtresse disparue, ou plongée dans une tristesse incommensurable.
Les scènes qui l'oppose à la nouvelle Mrs de Winter sont absolument brillantes (je me les suis repassée plusieurs fois, tellement elles sont splendides, dramatiquement pralant) !
(A noter qu'Anna Massey est la première épouse de Jeremy Brett
ça, c'était pour le potin people
)
Maintenant, j'en viens à Jeremy Brett
Je vais vous faire grâce de mes réactions passionnées devant mon téléviseur lors de sa première apparition à l'écran (je vous laisse imaginer
)
Oh, à tout point de vue, il est LE Max idéal que j'avais en tête (mais ça, c'est assez subjectif
) Gentleman, distingué, tantôt lumineux, tantôt sombre; parfois le regard perdu, troublé ou parfois malicieux, il campe néanmoins un personnage grave et troublant dès les premières secondes. Il peut être très aimable, comme il peut être aussi terriblement cassant.
Une chose m'est cependant apparue en voyant JB dans ce rôle : C'est l'égoïsme latent du personnage dès le début. Il est clair qu'il l'épouse parce qu'elle lui fait oublier son passé (et ça, il le lui dit clairement), et même si je ne remets pas en cause le fait qu'il l'aime sincèrement, il l'emmène avec lui et l'épouse par égoïsme.
Il sait pertinemment bien, vu le caractère de sa femme, qu'elle ne sera jamais à son aise à Manderley.
Autant son personnage est touchant dans le premier épisode (malgré quelques sautes d'humeur qui sont bien en accord avec celles du livre), il devient littéralement terrifiant dans certaines scènes des épisodes suivants
- Spoiler:
(du moins jusqu'à ce qu'il révèle à sa femme qu'il a tué Rebecca)
... Il faut voir la façon dont il la regarde quand elle lui dit une chose qui lui rappelle son passé (et elle a toujours l'art de mettre les pieds dans le plat assez souvent , la pauvre fille
) )...
Et puis, cette façon qu'il a de toujours marcher droit devant lui, sans faire attention à elle, sans s'arrêter pour voir si elle le suit ou non, alors qu'il est plongé dans ses pensées terribles... je me suis vraiment mise à le détester... Elle ignore pourquoi tout va de travers, et lui ne fait rien, vraiment rien, pour arranger les choses ou pour tenter une explication...
Mais cela, c'est jusqu'à la découverte
- Spoiler:
du bateau de Rebecca. Là, leur relation prend une toute autre dimension. Mrs de Winter a mûri, elle se sent à présent "utile". Il a partagé son secret avec elle, et cela les renforce singulièrement. Plus question de la rabaisser en la traitant comme une enfant... Ils sont enfin d'égal à égal, et je dirais même que les choses étant aplanies, cela rend les relations plus saines... Attention ! comme je l'ai déjà dit, Daphné du Maurier arriverait presque à nous faire approuver un meurtre, et la sensation est ici absolument identique. Je me suis mise à apprécier Max tel qu'il était au début, plus encore peut-être après avoir "appris" qu'il avait assassiné sa première femme
... Je n'approuve pas, loin de là, mais les circonstances étant ce qu'elles sont, et le talent de l'auteur étant ce qu'il est, nous sommes pris dans une toile diabolique qui ne peut que nous porter à croire que le geste de Max, s'il est condamnable, n'est pas si incompréhensible...
Bref, c'est indéniablement une adaptation plus sombre que les autres, mais une grande réussite à tout niveau, avec une pléiade d'acteurs excellents...
Voilà, et encore désolée pour ce post trèèèèèès long...