Semaine 2: Livre 1er, chapitres 2 et 3

Puisque c'est déjà le weekend, et que personne n'a encore ouvert la discussion sur les chapitres de cette semaine, je prends la liberté de le faire.

Personnellement j'ai encore plus apprécié ma lecture cette semaine. J'ai trouvé le personnage d'Anthony Blanche extrêmement intéressant une fois que l'on en apprend un peu plus sur lui. Au début de son diner en tête-à-tête avec Charles, il avait même l'air plutôt charmant malgré sa puérilité apparente. Mais par la suite, plus le repas progressait, plus il devenait apparent qu'il racontait vraiment n'importe quoi et plus mon estime de lui baissait. Sur un point, par contre, j'ai été tout à fait d'accord avec lui: J'ai trouvé sa comparaison entre les paroles de Sébastien et les bulles de savon très juste.

Citation :

When dear Sebastian speaks it is like a little sphere of soapsuds drifting off the end of an old clay pipe, anywhere, full of rainbow light for a second and then -- phut!-- vanished, with nothing left at all, nothing.

Traduction très approximative:

Citation :

Lorsque ce cher Sébastien parle c'est comme des petites bulles de savon en forme de sphères, qui sortent du bout d'une pipe d'argile, n'importe où, pleines de lumière d'arc-en-ciel pour une seconde et puis --pouf!-- elles disparaissent, et il n'en reste rien du tout, rien.

(En fait, je dois dire que je pourrais également faire cette comparaison avec mon appréciation du roman jusqu'à présent. C'est assez charmant, mais sans plus pour l'instant.)

Par la suite, j'ai trouvé la séquence avec son père nettement moins intéressante, surtout que je n'ai pas trop compris pourquoi il déclarait la guerre à son film tellement soudainement après s'être bien entendu avec lui pendant plusieurs jours.

En conclusion, je crois que ce qui m'a surtout marqué lors de ces deux derniers chapitres, c'est mon incompréhension par rapport aux motivations des personnages. Pour Anthony Blanche non plus, je n'ai pas vraiment saisi pourquoi il essayait d'éloigner Charles de Sebastian. Jalousie peut-être?

Désolée pour le roman-fleuve...

J'ai décidé pour cette lecture de faire l'expérience ne pas aller au delà des lectures de la semaine donc mes impressions peuvent changer.
Déjà au quart du livre et je ne vois pas trop vers quoi on se dirige. On a à peine croisé Julia. Plus de nounou. C'est un monde assez masculin ce qui est sans doute normal puis qu'il se déroule au sein de l'armée (prologue) et de l'Université . Sebastian remarquait d'ailleurs (ch 1 mais bon, pardon pardon)

Je dois dire que tout Oxford est devenu vraiment étrange du jour au lendemain. Les femmes pullulaient la nuit dernière. Vous allez partir d'ici sur le champ, fuir ce danger.

Et avec la tante Philippa
J'ai fini par me débarrasser d'elle à la longue
dit le père de Charles, ch3
Quand Julia s'en va (fin ch 3), Charles déclare
j'éprouvai un sentiment de délivrance et de paix, que je devais retrouver bien des années plus tard, lorsque, ..., les sirènes sonnaient "fin d'alerte"

La lecture est agréable même si on reste assez indifférent (pour l'instant) aux personnages, mais je pense que c'est voulu par l'auteur. L'humour british est fort présent et j'aime beaucoup. Je lis dans la traduction française mais elle laisse transparaitre la beauté du style et du vocabulaire .
J'ai même eu une impression de lire du Proust (ch 3) avec cette façon de comparer
C'est ainsi que, s'aidant de puissantes jumelles, il arrive que, regardant s'approcher un homme au loin, , on scrute le moindre détail de son visage et de son costume, on croit qu'il suffirait de tendre la main pour le toucher ...

J'ai lu les chapitre 2 et 3 vendredi soir et j'avoue que j'ai un peu de mal à comprendre où l'auteur veut nous emmener, mais bon curieuse comme je suis, ça me donne envie de continuer ma lecture

J'ai moi aussi trouvé le personnage d'Anthony Blanche intéressant et je me demande si sa description de la famille de Sebastian est vrai ou pas

Concernant le père de Charles, est-ce qu'il déclare vraiment la guerre à son fils ou est-ce uniquement ce que perçoit Charles ? Je me le demande. Ce chapitre permet en tout cas d'avoir un aperçu de sa vie en dehors d'Oxford et de voir qu'il n'est pas très heureux.

Je suis d'accord avec toi Keisha, il s'agit d'un univers très masculin pour l'instant. Il me semble cependant que la nounou est toujours à Brideshead quand Julia s'en va, non ?

Je suis un peu comme vous, j'ai du mal à éprouver de l'empathie pour les personnages, mais comme Keisha, je pense que c'est volontaire de la part de l'auteur.

En revanche, j'ai été sensible à l'humour qui se dégage de certains chapitres, par exemple lorsque Jasper dit à son cousin Charles Rider :

Votre déguisement a l'air d'un facheux compromis entre la tenue correcte qu'exigerait une séance de théâtre de salon et l'attifement d'un concours de chansons à boire dans un parc public des faubourgs.

Le long monologue d'Anthony Blanche, véritable morceau de bravoure, m'a beaucoup plu : il est rempli de saillies qui nous permettent de nous faire une idée de sa personnalité. Snob et affecté, sa drôlerie nous le rend malgré tout plutôt sympathique. Anthony Blanche sait très bien croquer le caractère d'autrui ; il aime manier la provocation (cf l'anecdote du bassin, narrée avec une grande verve).

Cependant, le personnage d'Anthony Blanche a une dimension inquiétante : tout au long du repas qu'il prend avec Charles Ryder, il y a une tension sexuelle latente ; il se livre à de nombreuses insinuations et tente de lui ouvrir les yeux (ce que Charles n'a aucune envie de faire).

Au fond, Anthony Blanche adrese une mise en garde à Charles Ryder : il sent que Charles est amoureux de Sebastian, et il est effectivement jaloux (c'est du moins comme ça que je sens les choses). Il lui fait miroiter un avenir artistique. La grande question est bien sûr de savoir si les insinuations d'Anthony Blanche sont véridiques ou non : à la fin du chapitre 2, le lecteur, à l'image de Charles Ryder, peut conserver un doute. Anthony Blanche a très bien pu broder et exagérer les faits. Les réponses de Sebastian aux questions de Charles contiennent à la fois une dénégation des propos d'Anthony Blanche, et une confirmation : il a réagi exactement de la manière qu'avait prévue Anthony Blanche.

Brideshead est une sorte d'immense fresque d'où se détachent un certain nombre de motifs ou personnages : ceux dont Anthony Blanche fait le portrait (Boy Mulcaster, dépeint comme un dégénéré ; Charles Ryder lui-même, présenté comme un artiste alors qu'Anthony Blanche n'est qu'un esthète ; Sebastian et sa famille).

J'ai beaucoup aimé l'image des bulles de savon relevée par Anne Elliot, qui est à la fois drôle, lucide et cruelle. De toute la famille, le personnage le plus complexe me semble être Lady Marchmain, assimilée ni plus ni moins à un vampire. Mais les autres ne sont pas mal non plus! En tout cas la curiosité du narrateur et du lecteur s'en trouve encore plus éveillée ; c'est très habile de la part d'Evelyn Waugh de nous faire soupçonner que ce que nous apprend Anthony Blanche est à la fois vrai et faux.

Cette galerie de portraits est complétée au chapitre 3 par la présentation du père de Charles Ryder, qui m'a paru très déplaisant, dans la mesure où il exerce son humour caustique aux dépens de son fils. C'est un égoïste qui vit replié sur lui-même et ne veut rien changer aux habitudes qu'il a prises depuis la mort de son épouse. Son attitude et la solitude dans laquelle Charles Ryder a vécu la majeure partie de son existence expliquent l'attrait, voire la fascination qu'exerce sur lui la famille de son ami Sebastian Flyte. Père et fils sont comme étrangers l'un à l'autre, mais au fond l'humour caustique du père ressemble beaucoup à celui de son fils... et d'Evelyn Waugh lui-même!

Quant à Lady Julia, elle apparaît d'emblée comme quelqu'un de plutôt désagréable : Charles est attiré par elle dans la mesure où elle ressemble beaucoup à Sebastian. On a donc une atmosphère somme toute assez trouble.

A vrai dire, jusqu'ici, c'est plus la manière dont c'est raconté que le contenu qui m'intéresse : derrière l'humour, la loufoquerie et la provocation, on sent des blessures secrètes assez profondes.

Bon, je vais m'arrêter là : mon clavier fait des caprices! Pardon si ce que j'ai écrit semble un peu décousu, mais je n'ai pas pu corriger mon post comme je l'aurais voulu : certaines commandes de mon ordinateur ne répondent plus...

Je suis comme Anne Elliot : Au début, je trouvais Anthony Blanche assez sympathique. Mais au fur et à mesure, il devient assez détestable. Mais on ne peut s'empêcher de se demander s'il dit la vérité au sujet de la famille de Sébastian. Malgrès les réponses de Sébastian à l'interrogation de Charles, on ne peut pas s'empêcher de penser qu'Anthony dit peut être vrai.

Concernant le père de Charles, il est assez étrange. Je n'ai pas compris non plus pourquoi il entame cette petite guerre avec son fils. (peut être pour le faire partir comme sa tante)

Je trouve la lecture de ce livre de plus en plus intéressante et prenante. J'ai eu du mal à m'arrêter au 3 ème chapitre.

norav a écrit:

Je n'ai pas compris non plus pourquoi il entame cette petite guerre avec son fils. (peut être pour le faire partir comme sa tante)

Je me disais que c'était peut-être une façon de le punir d'avoir dépensé tout son argent et de venir en demander plus. Mais on en sait trop peu sur le personnage pour savoir exactement quelles sont ses motivations.

Tu as peut-être raison Chinchilla. J'avais écarté cette idée car au 1er chapitre il lui donne 500 livres alors que le recteur lui avait conseillé de ne lui donner que 300 livres. Donc je me suis dit que ça ne devait pas être une question d'argent.

Je suis une quiche en conversion donc je ne sais pas combien ça ferait aujourd'hui mais Charles adopte le même mode de vie que ses amis plus fortunés que lui et vit au dessus de ses moyens, chose qui a peut-être énervé son père.

C'est peut être aussi une extravagance de sa part (à la fin du 1er chapitre, Charles dit que son père est un peu drôle depuis la mort de sa mère)

Deux impressions dans cette lecture hebdomadaire :

-la première tient à la quantité impressionnante de références culturelles, dont bon nombre ne me sont malheureusement pas familières : certaines ne m’ont pas gênée dans ma lecture, mais j’ai recouru au web pour d’autres (Pôôôvre de moi, oublier qui était Mme Récamier par exemple !)
Du coup, j’ai un peu pataugé….

- la seconde c’est la question que je me pose : quelles sont les relations exactes entre Charles Ryder et Sebastian Flyte ?
Pour l’instant, il semble y avoir une relation inégale, de fortune sûrement, mais aussi Charles semble avoir plus d’intérêt à cette amitié que Sebastian. Son empressement à accourir à Brideshead sans prendre aucun recul démontre quelle fascination Sebastian exerce sur lui.
L’intervention de Blanche je la vois comme le prisme par lequel Sebastian est donné à voir (de façon plus ou moins vraie, le doute est nettement là ) et avec lui les jeunes gens fortunés qui font leurs études parce que c’est la tradition, qui dépensent sans compter, qui font la fête, ... une parenthèse sûrement , avant de suivre la voie tracée pour eux par leur famille.
Sebastian ,de plus, a une famille, une mère surtout, très particulière ; c’est un jeune homme désabusé, dont les humeurs changeantes, les frasques, l’humour provocant peuvent n’être qu’une façade…là aussi le doute est présent….

Je continue ma lecture sans avoir, comme vous jusqu’à présent, de véritable sympathie pour aucun des personnages.

@Popila: bien évidemment, l'homosexualité est forcément une hypothèse. Mais je ne l'ai vu clairement évoquée que pour le personnage de Jorkins, l'ami d'enfance de Ryder, à laquelle le père de Charles fait allusion. Mais peut-être n'ai je pas bien lu????

Bonsoir,
Je me lance. D'abord l'humour, ça n'arrête pas.
Quand son cousin Jasper lui reproche de trop dépenser, Charles répond : "...si je n'ai pas encore dépensé le double de ce que me donne mon père, ce sera chose faite assurément avant la fin de ce trimestre."

Et la lettre de Sebastian, un chef d'oeuvre d'excentricité : "Il y a trop de gens ici, mais l'un d'eux, le Ciel soit loué ! est doté d'un cornet acoustique, ce qui me permet de garder ma bonne humeur."

Parfois aussi une pensée très profonde : il ne s'agit pas de faire mais d'être, d'entrer en relation : "...aimer un autre être humain constitue la source même de toute sagesse."
Ou comprendre que beaucoup de nos obligations sont créées par nous mêmes et nous avons bien du mal à en prendre conscience : "La solution j'imagine c'est de ne pas aller à G., mais l'idée m'en vient à l'instant seulement."

La description de Sebastian par Anthony nous laisse dubitatifs. Que pense t'il réellement de Sebastian. L'utilisation du mot "charmant" toujours suivi de "mais..." court comme un fil rouge tout le long de son discours. Etaient-ce les autres qui le critiquaient ou n'est-ce pas plutôt lui le jaloux ?
"Il ne faisait rien de mal" dit-il "rien de tout à fait mal", et là, l'utilisation de l'italique renforce l'ironie, l'emphase. Comme dans "on ne s'ennuyait jamais avec elle (Stéphanie) ; du moins jamais vraiment".
Ce qui me vient à l'esprit c'est de dire qu'Anthony est rosse !

J'ai aussi pensé à Proust (dont je suis une fervente admiratrice) : "j'ai gaspillé tant de choses pour une femme qui "n'était pas mon genre" dit Swann, "aurait tout aussi bien pris son pédicure pour amant" dit Anthony.

Et quand Sebastian a la réponse que lui prêtait Anthony, c'est à dire faire répondre son ours à sa place, Charles finit d'être complètement destabilisé.

J'ai trouvé aussi une idée nouvelle (pour moi) et très intéressante : la sagesse ne viendrait pas avec l'âge mais nous naitrions avec et elle s'amenuiserait tout au long de notre vie.

Un autre trait d'humour de Charles par rapport à son père : "je n'avais pas vu mon père dans une humeur aussi joyeuse depuis le jour où il avait découvert deux feuilles de papyrus du 12° siècle entre les pages d'un bréviaire lombard".
J'adore cet humour si British et je ris, ce qui n'est pas fréquent en littérature.
Il y aurait encore beaucoup d'autres traits d'humour.

Conclusion : je me régale et maintenant que j'ai posté je vais continuer.

Bonne soirée.

Malethane a écrit:

@Popila: bien évidemment, l'homosexualité est forcément une hypothèse. Mais je ne l'ai vu clairement évoquée que pour le personnage de Jorkins, l'ami d'enfance de Ryder, à laquelle le père de Charles fait allusion. Mais peut-être n'ai je pas bien lu????

Personnellement, je n'ai rien vu dans le texte qui pourrait donner à penser que Jorkins et Charles Ryder aient pu avoir une liaison homosexuelle. En revanche, il me semble que plusieurs indices montrent qu'Anthony Blanche est homosexuel, et qu'il y a au minimum une amitié amoureuse entre Sebastian Fry et Charles Ryder, et je vais essayer de le montrer.

Je reviens un peu en arrière. Au livre 1, chapitre 1, Charles Ryder nous dit : "La semaine des Régates voyait arriver une troupe femelle, pépiant et voletant sur les vieux pavés gravissant les perrons, en quête de choses à voir, buvant de légers bordeaux, mangeant des sandwiches au concombre, se faisant pousser en barque sur la rivière, ..." Et quelques pages plus loin, Sebastian Flyte s'exclame : "Je dois dire qu'Oxford est vraiment devenu étrange du jour au lendemain. Les femmes pullulaient la nuit dernière." Les termes utilisés par les deux jeunes gens pour qualifier l'arrivée de ces dames et demoiselles sont très méprisants. Mysogynie? Possible, mais on aurait pu les croire plus enthousiastes.

Toujours dans ce même chapitre, Jasper dit à Charles : "Méfiez-vous des Anglo-catholiques - tous sodomites, et leur accent est déplaisant." Bien sûr, il exagère, mais Sebastian Fry est catholique. Constamment, le texte associe homosexualité et catholicisme, qui étaient vraisemblablement deux préoccupations d'Evelyn Waugh, puisqu'il était l'un est l'autre. Il y a en effet une difficulté à concilier les deux, et d'ailleurs, dans le chapitre qui suit, la vie que mène Charles et Sebastian à cette époque de leur vie est assimilée à un péché :

Citation :

Sans doute mes jouets étaient-ils les chemises de soie, les liqueurs, les cigares, et ma méchanceté puérile s'inscrivait-elle fort haut dans le catalogue des péchés les plus graves ; mais nos actes fleuraient bon la fraîcheur de la nursery et cela suffisait pour que notre joie fût à peu de chose près celle de l'innocence.

Ce passage peut laisser penser que l'amitié qui unit Charles et Sebastian est peut-être de nature amoureuse.

Par ailleurs, Sebastian a une beauté "épicène", c'est-à-dire androgyne. Et il fréquente Anthony Blanche, qui récite des vers où il s'assimile à Tirésias, un personnage de la mythologie qui fut à la fois homme et femme. Ce même Anthony Blanche dit à Sebastian : "J'aimerais à vous percer de dards barbelés comme une p-p-pelote à épingles." C'est une allusion au saint patron de Sebastian, qui subit le martyre et fut percé de flèches. Mais cela peut aussi désigner de manière symbolique, les rapports homosexuels.

Enfin j'ai peut-être l'esprit mal tourné, mais je trouve l'épisode du lierre au Jardin Botanique et celui du pique-nique avant d'arriver à Brideshead ambigus : il y a un silence du texte sur ce qui se passe lors de ces moments que je trouve étonnant.

Pris un à un, ces détails peuvent paraître innocents, mais leur accumulation est pour le moins suspecte. Je ne pense pas qu'il y ait forcément eu passage à l'acte, mais pour moi, l'amitié que Charles porte à Sebastian est clairement de nature amoureuse.

Sur Anthony Blanche, le livre 1, chapitre 2 est moins opaque :
- On nous laisse entendre à plusieurs reprises qu'il ne déteste pas se déguiser en fille.
- Durant sa jeunesse, il a fréquenté Proust, Gide, et Cocteau, grands artistes de l'époque, mais aussi homosexuels.
- Il a eu une liaison ou a tenté d'en avoir une avec Boy Mulcaster
- Lorsqu'il relate l'épisode du bassin, il prononce deux phrases assez explicites au sujet de ses assaillants :

Citation :

L'un deux, un assez joli petit morceau, ma foi, m'accusa de vices contre nature. "Mon cher, lui dis-je, il se peut que je sois un inverti, mais je ne suis pas insatiable pour autant. Revenez me voir un jour où vous serez seul."
Et plus loin :
"Mes chers et adorables petits lourdauds, si vous étiez tant soit peu au courant de psychologie sexuelle, vous sauriez que rien ne pourrait me faire plus plaisir que d'être malmené par des garçons aussi appétissants que vous. Ce serait pour moi une jouissance extatique de la plus vilaine espèce. Ainsi donc s'il en est parmi vous qui désirent me servir de partenaires en volupté, qu'ils viennent se saisir de moi."

- Il laisse également entendre (mais cela reste sujet à caution) que Sebastian serait responsable de son renvoi d'Eton. On peut soupçonner à bon droit Anthony Blanche d'avoir eu des liaisons "contre nature" avec certains de ses camarades, liaisons dont Sebastian aurait ensuite parlé à son confesseur, qui en aurait ensuite parlé au tuteur du jeune homme. Si c'est bien ce qui s'est passé, Sebastian devait être bien placé pour recuellir autant de confidences!
- Anthony Blanche est tombé amoureux de Sophie de Vincennes, mais cette passion constituait une rupture avec ce que son beau-père avait coutume d'appeler "ses habitudes anglaises" (= ses moeurs homosexuelles), habitudes qu'il a reprises une fois sa passion éteinte.

En somme, l'homosexualité est évoquée dans le texte, mais de manière détournée, souvent par le biais de références culturelles. Juste au cas où, je remets le LIEN vers le site que j'avais trouvé et qui rend explicite la plupart d'entre elles.

Merci pour cette analyse Popila. C'est peut-être pour ça que Brideshead revisited me faisait penser à Maurice alors
Merci aussi pour le lien, très intéressant.

Popila, je n'ai pas du tout pensé à une relation amoureuse entre Jorkins et Ryder. D'ailleurs Ryder le présente ainsi:

Citation :

"Je ne l'avais jamais particulièrement aimé, ce Jorkins."

Tu mets en avant des éléments dont j'avais vaguement perçu l'impact et d'autres franchement pas.
Comme je le disais plus haut, un certain nombre de références à la société anglaise et à des éléments culturels de l'époque me sont un peu passé au-dessus. Je ne suis pas assez familière de cela. Mais je n'ai pas creusé autant que toi.
Du coup, en te lisant, tu donnes des clés que je n'avais pas. Donc je reprends ma lecture d'un oeil un peu différent. Nous allons voir la suite....

En fait, Malethane, je ne suis pas sûre d'avoir bien compris ce que tu voulais dire lorsque tu as écrit :

malethane a écrit:

bien évidemment, l'homosexualité est forcément une hypothèse. Mais je ne l'ai vu clairement évoquée que pour le personnage de Jorkins, l'ami d'enfance de Ryder, à laquelle le père de Charles fait allusion.

J'ai compris que tu pensais que Charles et Jorkins avaient une relation homosexuelle, mais apparemment ce n'est pas ce que tu as voulu dire.*

Rassure-toi, je n'ai pas la science infuse : le site dont j'ai donné le lien m'aide beaucoup à comprendre les références culturelles, surtout que je ne suis pas très calée pour ce qui est des réalités éducatives et religieuses du monde anglo-saxon. Dans certains cas, le fait de pouvoir décrypter les allusions culturelles aide à comprendre le texte, mais c'est loin d'être toujours le cas.

J'avoue que c'est parce qu'on fait une lecture de groupe que je m'efforce de reprendre ce que j'ai lu et de noter deux ou trois choses dans un cahier (comme Anne Elliot) sinon, j'avoue humblement que je n'aurai pas le courage de le faire, je suis beaucoup trop paresseuse pour cela... le fait d'être en vacances me laisse aussi pas mal de temps libre.

Si ce que j'écris vous paraît convaincant, j'en suis très heureuse : j'avais peur que certaines affirmations vous paraissent un peu tirées par les cheveux. Pour ma part, je suis très contente de lire toutes vos interventions chaque semaine ; je peux ainsi comparer mes impressions aux vôtres, et je trouve ça très éclairant.

@ Chinchilla : il faut que je lise Maurice, alors! J'ai lu Avec vue sur l'Arno et Retour à Howards end, mais je n'ai pas encore vu la trilogie de James Ivory.

*A force, je finis par voir des homosexuels partout, j'espère que ça ne va pas déteindre sur vous!

En fait je n'ai pas lu Maurice je n'ai vu que l'adaptation. Le livre est sur ma PAL virtuelles (celle qui attend que ma PAL diminue et que mon compte en banque reprenne du poil de la bête )

Je viens de finir le chapitre 3 (je sais, je mets le temps lol) et j'aime vraiment beaucoup. L'humour dans le texte, les personnages tous un peu bizarres...

Contrairement à vous, j'ai bien aimé le père de Charles Ryder, il est complètement dans son monde, loufoque, et capable d'organiser une soirée désastreuse rien que pour embêter ses "amis" et s'amuser d'une façon assez cruelle. Je détesterais ce personnage en vrai mais dans le livre, je trouve qu'il a bien sa place.
Anthony Blanche est clairement homosexuel, popila l'a démontré. Mais je ne suis pas sûre que Charles le soit. C'est sûr que Sebastian exerce une certaine fascination sur Charles mais pour l'instant je ne crois pas que ça aille plus loin.
En tout cas, c'est sûr que jusqu'à présent à chaque fois qu'il a été question de femmes (Lady Marchmain, Julia, celles qui venaient à Oxford) - à part la Nanny encore associée au monde de l'enfance - elles ont été méprisées, Lady Marchmain semble même diabolique.
J'avoue que jusqu'à la visite chez Sebastian, j'ai cru tout ce qu'avait dit Anthony Blanche sur la famille Flyte. Mais ça doit être mon côté Catherine Morland, prêt à tout dramatiser, qui ressort ^^.

J'ai hâte de continuer pour en savoir plus sur les personnages, avec ce rythme de lecture je les découvres petit à petit et c'est bien je trouve. Avec les discussions, ça donne le temps de réfléchir .

Wow! Merci beaucoup Popila pour ton analyse , je dois dire que ça m'éclaire beaucoup, et moi aussi je vais continuer ma lecture en voyant les personnages d'un autre œil. Je vais retourner en lire un peu plus sur le site que tu nous a donné. (Jusqu'à maintenant, j'avais seulement lu en diagonale )

Chinchilla a écrit:

Je suis une quiche en conversion donc je ne sais pas combien ça ferait aujourd'hui mais Charles adopte le même mode de vie que ses amis plus fortunés que lui et vit au dessus de ses moyens, chose qui a peut-être énervé son père.

@ Chincilla: 500 livres de l'époque (j'ai pris 1945 comme année de référence) correspondent à £15,465 aujourd'hui et 300 livres donneraient £9,267. (Calculé avec ce site merveilleux ) Mine de rien, ce n'est pas énorme, même si c'est plus que ce que le recteur avait conseillé.

Merci à Anne Elliot pour le merveilleux lien donné - je vais pouvoir évaluer la fortune de tous me héros maintenant .

Mais pour en revenir à Charles, si l'on prends 1920 comme année de référence, ce qui est plus proche de l'époque ou il était à Oxford, on se rend compte qu'il disposait de quelques 20.000 livres, ce qui n'est pas négligeable, mais effectivement pas énorme non plus. D'ailleurs, j'oublie: c'était pour quelle période de temps? Par an ou par trimestre ou quoi?

Merci pour ton analyse Popila. Il y a certains détails que je n'avais pas relevé comme le fait que Sébastien est peut-être la cause du renvoi d'Anthony Blanche (pourtant en relisant le passage c'est assez clair).

J'ai pris du retard dans ma lecture (avec le stage je rentre chez moi le soir et je vais me coucher!! pathétique! )

Du coup je n'ai pas fini de lire le chapitre 3... mais je vais vite rattrapper le retard et poster mon avis rapidement!

(du coup je n'ai encore lu aucun de vos commentaires pour ne pas m'influencer!)

J'ai également pris du retard, totalement imputable à un certain manque d'interêt pour ma lecture (et non au rythme que nous avons choisi).

J'ai fait du surplace pendant le long discours d'Anthony Blanche, je n'excluais d'ailleurs pas d'abandonner la lecture à vrai dire

Mais j'ai réussi à passer ce cap, et la suite du chapitre 3 a réussi à m'intéresser beaucoup plus.

Je suis rassurée par la lecture de vos commentaires. Moi non plus, je n'arrive pas à m'attacher aux personnages (en particulier, Anthony Blanche m'agace -je précise tout de suite que cela n'a rien à voir avec son homosexualité, afin d'éviter tout malentendu- et Sebastian m'indiffère un peu, je n'arrive pas à trouver drôle son numéro avec son ours en peluche ).

Par contre, j'éprouve un certain interêt pour le narrateur et le personnage de la soeur me paraît intéressant.

La traduction me paraît parfois surannée et pas toujours conforme à mes attentes (traduire "affair" par "affaire" par exemple, alors que "liaison" m'aurait plus convenu).

Je me rends compte qu'il m'est difficile d'intervenir car comme dans les chapitre que nous venons de lire, il y a pas mal d'amibiguïté concernant les personnages, je m'en voudrais de gâcher la progression du livre en levant les incertitudes qui pèsent sur les liens qui les lient. E après Popila et ses analyses détaillée, que reste-t-il à dire? J'interviendrai donc juste pour la question de Norav sur l'attitude du père.

norav a écrit:

Concernant le père de Charles, il est assez étrange. Je n'ai pas compris non plus pourquoi il entame cette petite guerre avec son fils. (peut être pour le faire partir comme sa tante)

Pour moi, son attitude est claire, il est totalement indifférent envers son fils et sa présence le dérange. S'il n'a pas compté la somme d'argent qu'il lui a allouée pour sa première année, ce n'est pas par générosité mais pour en être débarrassé. Mais il est bien décidé à ne pas lui donner une rallonge parce qu'il se moque de ce qu'il peut ressentir et accessoirement parce qu'il veut lui donner une petite leçon. ce qui resoort de ces premiers chapitres est que la famille n'est pas quelque chose qui compte chez les Ryder.

Je n'ai pas pris de retard dans la lecture, mais dans les commentaires si .

Plus grand chose à dire, je suis assez d'accord avec ce qu'a écrit Popila, en particulier tout ce qui touche à l'homosexualité.
En revanche, contrairement à beaucoup (pour changer ), j'ai nettement moins aimé les chapitres 2 et 3 que le prologue et le chapitre 1, que j'avais vraiment adorés ^^. Le monologue d'Anthony Blanche m'a ennuyée à mourir (mais je pense qu'il y a une part de vrai parmi tout ce qu'il a dit), et le père de Charles m'a mis les nerfs en pelote. La crédulité/l'aveuglement de Charles m'a un peu énervée, je peux comprendre qu'il ait envie de s'éloigner de son père le plus vite possible, mais c'était évident que Sebastian n'avait rien de grave . J'avais hâte de lire la suite pour ne pas rester sur une impression négative, mais j'ai quand même résisté à la tentation .
Même si j'ai moins apprécié ces deux chapitres, j'ai vraiment envie d'en savoir plus sur les relations entre Charles et Sebastian/sa famille.
D'ailleurs, ce découpage en chapitre est très nouveau pour moi, j'ai l'habitude de lire tout d'une traite ou presque, et donc j'aime (ou pas) un livre dans son ensemble, je n'ai jamais d'avis sur chaque chapitre . C'est très étrange ^^

Mimidd, moi aussi j'ai tendance à tout lire d'une traite et j'avoue que là je me fais violence pour respecter le rythme de lecture par chapitre.