En lisant Tourgueniev (William Trevor)

Mon coup de coeur de l'été!

Tout d'abord, un petit résume:

Citation :

Le sujet invisible de ce roman pourrait bien être le paradoxe irlandais : il se peut en effet que la vertu première des hommes tranquilles de la verte Erin soit, précisément, l’intranquillité. Comment expliquer la douloureuse coexistence, sur cette terre fertile comme aucune autre en fous et en poètes, d’un imaginaire épris de toutes les fièvres, de toutes les audaces, de tous les délires, et d’une pesanteur sociale appelée à freiner tous les élans ? Ainsi allons-nous suivre, au fil de brefs chapitres alternés, le destin de la pâle et touchante Marie-Louise qui finit ses jours dans une clinique psychiatrique, tandis que nous reviennent par bouffées les souvenirs d’un passé qui refuse de se laisser oublier. Jeune fille de la campagne, elle épouse un médiocre et subit jour après jour le sadisme sournois de son entourage bien-pensant. Elle ne se révolte pas, et cultive dans la solitude de son coeur meurtri la mémoire d’un amour manqué : celui qu’elle voua dès l’enfance à un sien cousin qui l’initia à la beauté des choses … en lisant Tourgueniev. Qu’on ne se méprenne pourtant pas : aucun « bovarysme » dans ce recours aux chimères. Car Trevor, loin de condamner l’égarement de son héroïne, le proposerait presque comme le moyen le plus sûr – le moins déshonorant en tout cas – d’échapper à la tranquille horreur du monde. La presse, à la sortie du livre en France (Phébus, 1993), avait salué la découverte de Trevor romancier comme un événement (on ne connaissait de lui, alors, que quelques nouvelles) : « L’un des plus grands écrivains de l’Irlande contemporaine donne ici un admirable roman sur l’amour et la solitude… Que dire de ce livre sinon qu’il est un chef-d’oeuvre comme il ne s’en trouve pas deux de la sorte dans une année ? »

Les billets concernant cet auteur irlandais sur un blog m'ont donné envie de le lire. Direction bibliothéque, j'ai choisi En lisant Tourgueniev car je touve le titre magnifique. J'ai été stupéfiée par la compréhension profonde des expériences particulièrement féminines.
Mary Louise épouse Elmer avec l'espoir qu'il peut lui offrir une maison plus comfortable qu'une ferme. Lui, il l'épouse de sorte qu'il puisse avoir des enfants. C'est une disparité désastreuse pour un groupe des raisons habituelles : différence d'âge, belle-famille hostile, l'ingérence, troisième personnes des deux côtés, incompatibilité sexuel, etc.). Mary Louise trouve un souffle de vie en la personne de Robert, son cousin. Depuis l'enfance, elle est amoureuse de lui. Il l'initie à son auteur préféré. A la mort de Robert, elle devient de plus en plus introspective et déprimée au fil du temps . Elle s'embarque alors et « avec succès » dans une évasion désespéré. Elle se ferme aux autres, refuse de communiquer et choisit de vivre dans son monde à part. Et peu à peu se glisse dans la folie.Une folie aux yeux des gens dites normaux; calculateurs, cruels, hypocrites
Dans le livre la ligne entre la folie et la normalité n'est pas tracée,et si la folie de Marie-Louise, n'était qu'une recherche infinie de l'amour.
Comme dit l'auteur :de toutes les bribes éparses qui font la vie d'un être, la seule chose qui compte c'est l'amour.
Les livres de Tourgueniev reste le lien qui l'unit à son défunt cousin. En mélant sa voix à celle de son cousin, elle échappe à son mari devenu alcoolique et ses belles soeurs tyranniques. Marie-Louise est touchante, dans son refus courtois et un brin désespéré d'affronter la réalité. Son destin est un crève-cœur, et le roman entier touche à l'essence même de la solitude et de l'amour vain et mélancolique.

Un auteur à decouvrir! Je viens de commander Lucy tellement j'ai adoré! J'espere vous avoir donné enenvie de le découvrir.

Merci Lorelai Effectivement ton post me donne envie de découvrir cette auteur (qui en plus est irlandais )

Je viens de finir Lucy et j'ai autant aimé qu' En lisant Tourgueniev.

Citation :

Une gamine qui refuse de suivre ses parents à l’heure de s’exiler hors d’Irlande disparaît… puis revient dans la maison vide, désertée par ses habitants d’hier. Elle comprend bientôt qu’elle a voulu cette vie orpheline, que quelque chose en elle refuse ce que les autres appellent le bonheur – et finit par dire non à l’amour lorsqu’un jour il frappe à sa porte. Dans la lignée mélancolique de En lisant Tourgueniev, un grand Trevor

L'histoire débute en Irlande en 1921. C'est une époque de troubles et les Gaults sont des protestants dans un pays principalement catholique. Lucy, huit ans et sa famille sont donc obligés de quitter leur maison idyllique de Lahardane. Lucy s'y refuse et de cette décision découlera toute la trame du roman. Mais récapituler l'histoire de Lucy diminuera la lecture de ce conte sombre où la vie est une suite d'actions infortunées. En effet, c'est un conte désolé. Comme dans Expiation de Mc Ewan, une erreur de petite fille va plonger une famille dans le drame. La réalisation que nous créons notre propre destin est ici illustrée de maniére saisissante. Le style de Trevor est mélancolique et tendre, et les détails les plus minuscules qu'il relate par le récit permet au lecteur de succomber dans l'intégralité au monde de Lucy. Ce monde qu'elle refuse obstinément de quitter, elle ne le quitte que par le biais des livres ( Austen, Bronté, Thackeray...)
William Trevor écrit dans un style simple, presque minimisée mais d'une manière évocateur et mémorable. Ce livre combine un portrait intime de l'Irlande rurale avec une atmosphére de tension, et exprime toute la vulnérabilité de ces personnages. Les derniéres pages sont les pages les plus sensibles du roman.

Je pense que je vais continuer à découvrir cet auteur. Chinchilla, j'ai hate de découvrir ton avis sur cet auteur.

Je fais remonter ce topic des tréfonds du forum, après l'avoir parcouru en cherchant le topic sur Tourguéniev. Je ne connaissais pas cet auteur Lorelai donc merci pour ton avis sur ces deux livres qui fait très envie

J'ai lu Lucy récemment, et sans que cela soit un coup de coeur j'ai beaucoup aimé ce livre et la prose de Trevor, toute en sensibilité et retenue. Décidément l'Irlande est un repaire d'écrivains de talent.  

Je suis curieuse de lire d'autres oeuvres de cet auteur à l'occasion.

J'ai lu En lisant Tourgueniev il y a quelques jours. Magnifique et très poétique. Un auteur que je découvre Je suis impatiente d'en lire d'autres de sa plume.

Je fais remonter ce topic -que j'ai pensé découvrir avant de constater que j'y avais posté en 2011

J'ai récemment lu deux nouvelles de William Trevor qui m'ont bien plu.... elles semblent assez différentes dans leur ambiance des romans évoqués ci-dessus  

Pour les membres qui cherchent des nouvelles originales au ton légèrement ironiques, pas nécessairement situées en Irlande d'ailleurs (les deux que j'ai lues se passaient en Angleterre), je signale donc William Trevor

@ modératrices : serait-il possible de renommer ce topic (par exemple, "William Trevor (1928-2016)" SVP ? merci )