Une auberge pour les admirateurs de Jane Austen, et bien plus encore... |
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| Mansfield Park | |
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clinchamps Oshaberi Sensei
Nombre de messages : 72655 Age : 81 Localisation : Dans les bois du Fushimi Inari-taïsha Date d'inscription : 09/01/2007
| Sujet: Re: Mansfield Park Mer 22 Avr 2009 - 19:22 | |
| Moi, ce qui me tape légèrement (légèrement seulement, c'est quand même Jane !! )sur les nerfs c'est le côté préchi-précha de Fanny, elle est vraiment trop bigote (bigote? j'ai dit bigote! ) ! Si seulement elle s'intéressait un peu à Henry, où si elle était moins rigoriste, elle serait un peu plus humaine ! Heureusement qu'il y a la méchante tante pour donner un peu de vie à tout ça ! Quant à Edmund, lui, je le trouve mollasson (ciel ! mollasson ! )et il finit par se rabattre sur Fanny parce que Mary n'est pas "digne de son amour" mais comme Fanny est parfaite, elle s'en contente !! Enfin, en plus c'est loooong !! (vous l'aurez deviné ce n'est pas celui que je préfère !! ) |
| | | Darcy Romancière anglaise
Nombre de messages : 6092 Date d'inscription : 09/03/2009
| Sujet: Re: Mansfield Park Jeu 23 Avr 2009 - 10:39 | |
| eh, bien, je suis presqu'arriver à la fin et je trouve justement que ça se lit bien. Je le lis un peu comme une chronique. Allez jusqu'à dire que Fanny est une bigote, je vais plutôt dire qu'elle est raisonnable et prudente. En fait, j'aime bien son personnage, elle est pertinente et arrive rapidement à cerner les autres. Elle cherche surtout à se préserver, étant donner l'instabilité de sa situation dans la famille. Elle sait ce qui est dans son intérêt ou ce qui la rendra heureuse ou malheureuse. Elle est intuitive, en fait. Cette famille fait un peu ce qu'elle veut d'elle. Fanny arrive saisir les rares occasions où elle peut prendre une décision par elle-même (comme la demande en mariage d'Henry).
Je me disais aussi que Edmund avait plus de personnalité dans l'adaptation (de 2007, c'est la seule que j'ai vu) que dans le livre. Dans le livre, il est assez fade. On voit mal ce qui peut attire Fanny, si ce n'est qu'il est le seule à faire attention et être précautionneux (du moins jusuq'à l'arrivée de Mary) avec elle.
Dernière édition par darcy le Jeu 23 Avr 2009 - 11:15, édité 1 fois |
| | | clinchamps Oshaberi Sensei
Nombre de messages : 72655 Age : 81 Localisation : Dans les bois du Fushimi Inari-taïsha Date d'inscription : 09/01/2007
| | | | Darcy Romancière anglaise
Nombre de messages : 6092 Date d'inscription : 09/03/2009
| Sujet: Re: Mansfield Park Jeu 23 Avr 2009 - 10:55 | |
| oui, mais Henry est trop instable pour elle. Je crois que Fanny aime la constance (des sentiments par exemple) mais pas pour autant la monotonie. C'est vital pour elle d'avoir des points d'ancrage (d'où sa chambre de l'est). Elle refuse Henry parce qu'il est inconstant. |
| | | clinchamps Oshaberi Sensei
Nombre de messages : 72655 Age : 81 Localisation : Dans les bois du Fushimi Inari-taïsha Date d'inscription : 09/01/2007
| Sujet: Re: Mansfield Park Jeu 23 Avr 2009 - 11:19 | |
| Elle refuse Henry surtout parce qu'elle aime Edmund, depuis le début !! |
| | | Darcy Romancière anglaise
Nombre de messages : 6092 Date d'inscription : 09/03/2009
| Sujet: Re: Mansfield Park Jeu 23 Avr 2009 - 11:22 | |
| oui, c'est vrai, y'a ça aussi ah les mystères de l'amour |
| | | emmaD Romancière anglaise
Nombre de messages : 2639 Age : 43 Localisation : Lutèce Date d'inscription : 26/03/2009
| Sujet: Re: Mansfield Park Jeu 23 Avr 2009 - 12:37 | |
| En fait, si on veut savoir ce qui aurait pu arriver à Fanny si elle avait épousé Henry, il suffit de lire The Tenant of Wildfeld Hall d'Anne Brontë. On y voit très bien ce que deviennent les mariages entre les jeunes gens à la mode qui aiment la fête et les jeunes filles avec de forts principes moraux.
Si Fanny refuse Henry, c'est non seulement parce que son cœur est déjà pris mais aussi parce que l'attitude d'Henry envers Maria l'a profondément choquée. Il a séduit une jeune fille qui était fiancée à un autre (et sous le nez de cet autre) ! Il n'a donc pas de respect pour les engagements pris par les autres et on peut douter qu'il en gardera longtemps pour ceux qu'il prendra lui-même (et on aurait raison de douter, comme la fin du roman le prouve).
D'ailleurs, la façon dont il tente d' "acheter" l'amour de Fanny est très désagréable. Chaque fois qu'il fait un truc bien pour elle ou à cause d'elle, il s'en vante auprès d'elle comme un petit garçon. Si on compare cette attitude à celle de Darcy dans des circonstances similaires, on voit bien la différence de discrétion, de délicatesse et de caractère entre les deux personnages. |
| | | Darcy Romancière anglaise
Nombre de messages : 6092 Date d'inscription : 09/03/2009
| Sujet: Re: Mansfield Park Jeu 23 Avr 2009 - 12:45 | |
| tu as raison, au delà du fait qu'il soit inconstant, son plus gros défaut est ce ui que tu viens avec justesse de détailler. c'est un coureur de jupon qui veut s'attibuer des vertus comme la générosité. et merci pour la comparaison avec Darcy, je n'y aurai pas pensé.
Dernière édition par darcy le Jeu 23 Avr 2009 - 13:07, édité 1 fois |
| | | cat47 Master of Thornfield
Nombre de messages : 24251 Age : 67 Localisation : Entre Salève et Léman Date d'inscription : 28/01/2006
| Sujet: Re: Mansfield Park Jeu 23 Avr 2009 - 13:04 | |
| - emmaD a écrit:
- En fait, si on veut savoir ce qui aurait pu arriver à Fanny si elle avait épousé Henry, il suffit de lire The Tenant of Wildfeld Hall d'Anne Brontë. On y voit très bien ce que deviennent les mariages entre les jeunes gens à la mode qui aiment la fête et les jeunes filles avec de forts principes moraux.
Excellent, je crois que tu as parfaitement cerné la situation. Je n'ai rien contre Henry Crawford mais franchement, je ne crois pas que Fanny aurait pu être heureuse en sa compagnie. Cinchamps, les jeunes filles raisonnables t'exaspèrent-elles à ce point? Je trouve personnellement que la constance est une belle qualité. _________________ |
| | | Popila Free Spirit of Longbourn
Nombre de messages : 2057 Age : 40 Date d'inscription : 27/07/2007
| Sujet: Re: Mansfield Park Ven 24 Avr 2009 - 10:43 | |
| - emmaD a écrit:
- D'ailleurs, la façon dont il tente d' "acheter" l'amour de Fanny est très désagréable. Chaque fois qu'il fait un truc bien pour elle ou à cause d'elle, il s'en vante auprès d'elle comme un petit garçon. Si on compare cette attitude à celle de Darcy dans des circonstances similaires, on voit bien la différence de discrétion, de délicatesse et de caractère entre les deux personnages.
C'est tout à fait juste. |
| | | MissAcacia DerbyCheshire Cat
Nombre de messages : 7646 Age : 51 Localisation : Perched on a hot sound tree Date d'inscription : 26/10/2007
| Sujet: Re: Mansfield Park Ven 24 Avr 2009 - 22:28 | |
| - emmaD a écrit:
- En fait, si on veut savoir ce qui aurait pu arriver à Fanny si elle avait épousé Henry, il suffit de lire The Tenant of Wildfeld Hall d'Anne Brontë. On y voit très bien ce que deviennent les mariages entre les jeunes gens à la mode qui aiment la fête et les jeunes filles avec de forts principes moraux.
Allez, donnons au moins un bon point à ce pauvre Henry, il n'est pas alcoolique . Je ne crois pas que ce soit le caractère raisonnable qui agace chez Fanny (moi aussi je regrette parfois le diablotin même si, dans mes brefs moments de lucidité , je sais que EmmaD a raison). Mais on peut être raisonnable et gaie, constante et rigolote, loyale et indulgente. Ce que n'est pas Fanny. Elle a de grandes qualités (et pour moi un grand défaut: son manque d'indulgence) mais elle est très très trop sérieuse et austère. En fait, on se dit peut-être que ce que l'on aurait pu attendre ce n'est pas tant que Fanny change Henry en modèle de vertu mais plutôt que Henry égaie un peu Fanny. Mais ce n'est pas possible car Henry est Henry. Avec Franck Churchill ça aurait peut-être pu marcher... |
| | | clinchamps Oshaberi Sensei
Nombre de messages : 72655 Age : 81 Localisation : Dans les bois du Fushimi Inari-taïsha Date d'inscription : 09/01/2007
| Sujet: Re: Mansfield Park Ven 24 Avr 2009 - 22:47 | |
| Miss Accacia, tu dis très bien : ce ne sont pas les jeunes filles raisonnables en général qui m'agacent, mais celle-ci en particulier, et elle est toujours tellement sûre d'avoir raison ! Je la trouve ennuyeuse, non parce qu'elle est constante, ce qui est beau, mais parce que j'aimerais qu'elle ait, je ne sais pas, moi, une petite fâcherie, qu'elle rouspète un peu, enfin qu'elle soit un peu moins mouton ! C'est vrai que sa position et la tante Norris ne lui laissent pas beaucoup de marge, mais, étant gamine, elle aurait pu jouer des tours à la tante, lui cacher son tricot, enfin vous voyez ? être une gamine ! je suis sûre que Lizzie l'aurait fait !! |
| | | emmaD Romancière anglaise
Nombre de messages : 2639 Age : 43 Localisation : Lutèce Date d'inscription : 26/03/2009
| Sujet: Re: Mansfield Park Ven 24 Avr 2009 - 23:54 | |
| On ne peut nier que Fanny manque sérieusement de piquant. D'ailleurs, c'est ce qui rend le film de 99 (que je viens de voir) si bizarre par rapport au roman : Fanny Price n'a pas le caractère de Jane Austen. Le fait que depuis son arrivée à Mansfield Park sa tante Norris passe son temps à lui rappeler qu'elle ferait bien de ne pas la ramener y est peut-être pour quelque chose...
Par ailleurs, le lecteur moderne a sans doute du mal à comprendre certains enjeux moraux du roman, comme la raison pour laquelle la petite pièce de théâtre est si problématique en soi (outre les relations entres les acteurs), alors que c'est au fond une comédie moralisante telle qu'on les aimait à la fin du XVIIIe. Il ne faut pas oublier qu'au Royaume-Uni, entre 1642 et 1660, les théâtres ont été fermés, parce que l'ensemble de l'activité était considéré comme immorale (principalement par les puritains qui étaient fort mécontents de voir de jeunes hommes se travestir en femmes pour jouer les rôles féminins). À la réouverture, le succès de farces avec des allusions sexuelles assez explicites et les débuts sur la scène de femmes actrices n'ont pas arrangé la réputation du théâtre. Bref, le théâtre, pour une bonne partie des gens attachés à la morale, c'est le mal. En plus, la pièce aborde des thèmes qui ne conviennent pas aux jeunes filles de bonne famille, puisqu'il y est question d'un fils naturel. Mais pour nous, vouloir monter une pièce entre amis n'a rien de bien condamnable... Du coup, quand Fanny résiste à la tentation, on n'a guère tendance à l'admirer. |
| | | Darcy Romancière anglaise
Nombre de messages : 6092 Date d'inscription : 09/03/2009
| Sujet: Re: Mansfield Park Lun 27 Avr 2009 - 11:17 | |
| J'ai fini le livre, autant j'ai dévoré les dernières 100 pages, autant la fin m'a laissé dubitative. Très précipité. Tout le roman repose sur la longue description de la vie des personnages, un peu d'introspection par ci, un peu de description par là et puis en 2-3 pages JA nous boucle une fin hyper moralisatrice: Edmund trouve en Fanny la femme idéale, on ne se demande pourquoi, Henry regrettera toute sa vie d'avoir gâché sa vie sur un coup de tête (on pense biensûr à Willoughby), Julia se marie et s'en tire mieux que sa soeur ainée.
Toute cette fin me déçoit, c'est comme si JA ne savait pas comment finir, et prenait un peu de S&S, un peu de P&P, mélangeait le tout. |
| | | MissAcacia DerbyCheshire Cat
Nombre de messages : 7646 Age : 51 Localisation : Perched on a hot sound tree Date d'inscription : 26/10/2007
| Sujet: Re: Mansfield Park Mar 28 Avr 2009 - 23:19 | |
| Hypermoralisatrice ou à prendre au second degré ? |
| | | cat47 Master of Thornfield
Nombre de messages : 24251 Age : 67 Localisation : Entre Salève et Léman Date d'inscription : 28/01/2006
| Sujet: Re: Mansfield Park Mar 28 Avr 2009 - 23:37 | |
| - MissAcacia a écrit:
- Mais on peut être raisonnable et gaie, constante et rigolote, loyale et indulgente.
Fanny manque-t-elle de gaîté ou n'a-t-elle pas vraiment l'occasion d'être gaie? Le fait de ne pas être rigolote est-il un défaut majeur (personnellement, j'aime que les gens me fassent rire mais lorsqu'ils ne le font pas, je ne m'en accommode pas si mal car d'autres traits de caractère me semblent bien plus important)? Envers qui Fanny manque-t-elle d'indulgence? EmmaD, je crois que l'enjeu de la pièce de théâtre est assez bien compris par le lecteur moyen de Jane Austen et que ceux qui ne le comprennent pas au premier abord seront suffisamment interpelés pour se poser la question de la raison de son importance, non? _________________ |
| | | emmaD Romancière anglaise
Nombre de messages : 2639 Age : 43 Localisation : Lutèce Date d'inscription : 26/03/2009
| Sujet: Re: Mansfield Park Mer 29 Avr 2009 - 0:27 | |
| Il n'est quand même pas évident de comprendre d'emblée, avant même que la pièce soit choisie, pourquoi monter un petit spectacle entre amis est si contraire à la morale. Il est facile de trouver Fanny un peu trop rabat-joie à ce moment. Ensuite, avec l'évolution des répétitions, le caractère scandaleux de l'entreprise est de plus en plus net et donc l'enjeu moral plus facile à percevoir. De même, il faut faire un petit effort de recontextualisation pour la fin du roman : divorcer n'est plus un scandale de nos jours. Du coup, si certains (à commencer par certains lecteurs du roman qui ont posté dans ce topic) trouvent que Henry et Maria sont traités trop durement, ce n'est pas étonnant. Pour Austen et la plupart de ses contemporains, l'adultère est une faute d'une gravité extrême, et le divorce qui suit une honte irréparable qui rejaillit sur toute la famille. Il leur paraît donc parfaitement naturel qu'Edmund trouve l'attitude de Mary Crawford inadmissible en cette occasion (et puis, Mary en rajoute une couche en disant clairement qu'elle souhaite la mort de Tom). Le lecteur d'aujourd'hui a parfois un peu mal à percevoir pourquoi une jeune fille qui s'enfuit avec son amant et l'épouse en Écosse est partiellement excusable alors qu'une femme mariée qui fait la même chose doit être rejetée et oubliée. Évidemment, le lecteur de Jane Austen est en général capable de surmonter ces petites difficultés, mais disons que cela ne l'aide pas forcément à rentrer dans l'histoire ou à sympathiser avec les personnages dont la rigueur morale ne suscite pas toujours la même admiration à toutes les époques. Qui plus est, Fanny n'est pas une héroïne à l'esprit vif et piquant, elle est effacée et soumise. Elle est très éloignée de la jeune fille moderne idéale (alors qu'Elizabeth Bennet en est beaucoup plus proche). Personnellement, j'aime beaucoup Fanny Price mais il faut bien reconnaître que ses qualités ne sont plus celles qu'on met de nos jours en valeur chez les jeunes filles (et c'est sans doute un tort). En fait, le romantisme a laissé des traces considérables dans les esprits. L'attitude d'une Marianne Dashwood, qui prône la sincérité des sentiments et refuse de les dissimuler, est devenue l'attitude la plus couramment recommandée (dans les magazines, par exemple). Au contraire, la réserve d'une Fanny Price et sa capacité à se laisser sacrifier sont plutôt considérées comme des obstacles à surmonter pour pouvoir accéder au bonheur. L'échelle des valeurs dans notre société est très différente de ce qu'elle était du temps d'Austen. Mais comme Jane Austen est un grand écrivain, son observation des caractères humains est toujours aussi pertinente (car eux n'ont pas changé). |
| | | cat47 Master of Thornfield
Nombre de messages : 24251 Age : 67 Localisation : Entre Salève et Léman Date d'inscription : 28/01/2006
| Sujet: Re: Mansfield Park Mer 29 Avr 2009 - 0:40 | |
| - emmaD a écrit:
- De même, il faut faire un petit effort de recontextualisation pour la fin du roman : divorcer n'est plus un scandale de nos jours.
Franchement, j'ai de la peine à croire que le lecteur actuel ne soit pas capable de comprendre ce contexte ou de ne pas faire la différence entre le modèle de la jeune fille idéale de l'époque et celui en vigueur de nos jours. Je trouve que c'est un peu prendre de haut le public moderne que de faire ce type d'affirmation, désolée. _________________ |
| | | MissAcacia DerbyCheshire Cat
Nombre de messages : 7646 Age : 51 Localisation : Perched on a hot sound tree Date d'inscription : 26/10/2007
| Sujet: Re: Mansfield Park Mer 29 Avr 2009 - 0:52 | |
| En fait, mon propos n'était pas de dire que de ne pas être rigolote était un défaut majeur. Je voulais dire par là qu'on pouvait la trouver un peu agaçante non pas parce qu'elle est raisonnable mais parce qu'elle est tellement sérieuse qu'elle en vient à manquer un peu de vivacité.
Pour ce qui est de la gaîté, pour moi elle en manque (ce qui n'est pas en soi un défaut). Est-ce son caractère intrinsèque ou le fruit de l'éducation qu'elle a reçue sur une enfant sensible et timide, je ne pourrai pas trancher. Cette éducation, et la "merveilleuse" influence de la Tante Norris, n'ont pas contribué à lui fournir des occasions d'être gaie ou joyeuse, c'est évident. Ceci ne l'empêche pas de ressentir pleinement les évènements heureux qui lui arrivent mais elle n'extériorise pas et ne partage pas beaucoup.
Moi non plus je ne m'accommode pas mal des gens très sérieux (même si I dearly love a laugh, comme beaucoup), mais j'avoue que cet aspect du caractère de Fanny (allié à son austérité morale) me la rend moins attachante que d'autres personnages "positifs" de JA.
Ma lecture date un peu mais elle n'est pas indulgente avec les Crawford par exemple. Ils ont bien des défauts et des gros parfois (il ont aussi des circonstances atténuantes vu la façon dont ils ont été élevés) mais elle n'a jamais rien accepté de la part de Mary, qu'elle finit d'enfoncer dans sa dernière conversation avec Edmund en rapportant son commentaire sur le changement qu'induirait le décès de son frère Tom. Il y a certainement une part bien compréhensible de jalousie mais je n'ai pas de raison de penser que Mary n'a pas été sincère avec Fanny, qu'elle considérait comme la petite sœur d'Edmund. Bref, je la trouve dure avec elle, d'autant qu'Edmund avait déjà rompu avec Mary (quel besoin d'en rajouter ?). Si j'ai le temps j'essaierai de trouver d'autres exemples. |
| | | Darcy Romancière anglaise
Nombre de messages : 6092 Date d'inscription : 09/03/2009
| Sujet: Re: Mansfield Park Mer 29 Avr 2009 - 10:31 | |
| - emmaD a écrit:
- Qui plus est, Fanny n'est pas une héroïne à l'esprit vif et piquant, elle est effacée et soumise.
Je trouve au contraire que même si elle ne prend pas volontiers la parole, Fanny reste très vive d'esprit. Il faudrait que je trouve des exemples de passage mais sa manière de refouler Henry montre combien elle n'a pas peur de froisser l'autre. Je crois que son "manque d'initiative" est par ailleurs dû son éducation qu'elle a du mal à dépasser. C'est évident lors de sa visite auprès de sa famille, il y a cette scène d'arrivée autour du thé. Fanny note que sa soumission est presque mécanique. Elle découvre qu'elle peut être autrement. Je noterai à l'occasion le passage. Auprès de Julia, elle découvre qu'elle peut être autrement. Même si Fanny n'est pas une "rigolote" dans le livre, l'adaptation a adopté un point de vue différent: Fanny est une jeune femme rieuse qui aime s'amuser et courir. Dans le livre, on voit une Fanny beaucoup moins en forme, plus faible et moins fonceuse! |
| | | cat47 Master of Thornfield
Nombre de messages : 24251 Age : 67 Localisation : Entre Salève et Léman Date d'inscription : 28/01/2006
| Sujet: Re: Mansfield Park Mer 29 Avr 2009 - 16:24 | |
| - MissAcacia a écrit:
- Ma lecture date un peu mais elle n'est pas indulgente avec les Crawford par exemple. Ils ont bien des défauts et des gros parfois (il ont aussi des circonstances atténuantes vu la façon dont ils ont été élevés) mais elle n'a jamais rien accepté de la part de Mary, qu'elle finit d'enfoncer dans sa dernière conversation avec Edmund en rapportant son commentaire sur le changement qu'induirait le décès de son frère Tom. Il y a certainement une part bien compréhensible de jalousie mais je n'ai pas de raison de penser que Mary n'a pas été sincère avec Fanny, qu'elle considérait comme la petite sœur d'Edmund. Bref, je la trouve dure avec elle, d'autant qu'Edmund avait déjà rompu avec Mary (quel besoin d'en rajouter ?).
Si j'ai le temps j'essaierai de trouver d'autres exemples. C'est intéressant. Je n'avais jamais considéré comme un manque d'indulgence mais comme de la lucidité, en fait. Mais j'avoue que contrairement à toi, je ne pense pas que Mary Crawford soit sincère avec elle. Je ne pourrais par contre pas trouver d'arguments tangibles pour étayer cette idée, il faudrait que je relise le livre. Et par rapport à Henry Crawford, elle est tout de même assez indulgente. Bien sûr, elle refuse de l'épouser mais il me semble que c'est avant tout parce qu'elle aime Edmund et non parce qu'elle juge Henry trop sévèrement. _________________ |
| | | Darcy Romancière anglaise
Nombre de messages : 6092 Date d'inscription : 09/03/2009
| Sujet: Re: Mansfield Park Mer 29 Avr 2009 - 17:22 | |
| vous voyez que finalement Fanny est un personnage bien plus ambigüe qu'elle en a l'air. Elle n'est pas lisse. Une grande part de responsabilité vient de son éducation qui l'a obligé à se soumettre aux autres. Je ne pourais pas dire si elle fait preuve de lucidité ou de manque d'indulgence avec Mary Crawford mais elle semble plus inflexible qu'Edmund. Il était désigné sous ce trait de caractère au début du roman alors que que finalement ce n'est pas le cas. |
| | | MissAcacia DerbyCheshire Cat
Nombre de messages : 7646 Age : 51 Localisation : Perched on a hot sound tree Date d'inscription : 26/10/2007
| Sujet: Re: Mansfield Park Jeu 30 Avr 2009 - 0:09 | |
| Fanny fait preuve de lucidité vis-à-vis de Mary, c'est clair. Mais il me semble que l'on peut être lucide sur les gens sans forcément chercher à leur nuire ou les condamner sans appel. Fanny n'était pas obligée de rapporter à Edmund la défaillance de Mary concernant la maladie de son frère. Cette information n'apporte rien, il a déjà rompu. C'est un peu tirer sur l'ennemi à terre. Concernant Edmund, il est totalement inflexible. Je suis toujours choquée par le motif final qu'il avance pour sa rupture avec Mary. Elle a osé suggérer que son frère épouse Maria après son divorce, puisqu'il l'a séduite, ce qui éviterait à celle-ci sa mise au ban totale. Edmund s'offusque au dernier degré qu'elle ait pu proposer cette porte de sortie. Pour lui, sa soeur a fauté gravement et il n'y a d'autre solution que l'exil (il ne va pas tout à fait jusqu'à souhaiter sa mort). Je ne comprends pas en quoi la proposition de Mary est si choquante, même si on peut la soupçonner de penser surtout à elle-même en la faisant. C'est une solution très pragmatique, qui a au moins le mérite de mettre Henry Crawford en face de ses responsabilités et qui concède à Maria la possibilité d'avoir fait une erreur, d'être tombée "amoureuse" à contretemps et de racheter en partie et d'une façon plus ou moins honorable sa conduite. Aime-t-elle vraiment Henry ou flatte-t-il sa vanité, je ne sais pas trop, sans doute un peu des deux, mais la mise au ban définitive sans pardon possible est un châtiment extrêmement dur. Edmund a définitivement sombré dans mon estime à ce moment-là (il m'énervait depuis un moment faut dire ). Fanny le suit, comme elle suit toujours ce que dit ou fait son cher Edmund, et n'a pas une parole pour Maria (à mettre dans un certain parallèle avec l'attitude de Jane et Elizabeth Bennet, qui intercèdent pour que leur père reçoivent Lydia à Longbourn afin de ne pas rompre définitivement le lien familial), ni pour Mary d'ailleurs. Je ne la juge pas pour cela, je comprends qu'elle soit heureuse de voir Mary disparaître du paysage mais ce n'est pas très charitable. Sur la sincérité de Mary vis-à-vis de Fanny, je comprends ton interprétation Cat. Je pense justement que c'est la force de JA de ne pas fournir de preuve définitive de son hypocrisie et de laisser subsister un doute. Mais on ne peut nier qu'il existe et qu'il est possible que Mary soit sincère. D'une façon générale, je trouve que MP est le roman le plus ambigu de JA (sauf la Tante Norris qui est définitivement une horrible mégère ) |
| | | cat47 Master of Thornfield
Nombre de messages : 24251 Age : 67 Localisation : Entre Salève et Léman Date d'inscription : 28/01/2006
| Sujet: Re: Mansfield Park Jeu 30 Avr 2009 - 9:19 | |
| - MissAcacia a écrit:
- Fanny n'était pas obligée de rapporter à Edmund la défaillance de Mary concernant la maladie de son frère. Cette information n'apporte rien, il a déjà rompu. C'est un peu tirer sur l'ennemi à terre.
Eh bien justement, elle ne nuit en rien à Mary Crawford puisque la rupture est déjà consommée. Je considère cela plutôt comme une façon de conforter Edmund dans son choix. Par ailleurs, je considère que manquer d'indulgence c'est être trop sévère dans ses jugements, pas nécessairement ménager les gens. Edmund est certes plus inflexible qu'elle, c'est peut-être dû à sa profession? Et là, je crois que l'on doit considérer la morale de l'époque. En tant que pasteur, il considère qu'une telle faute ne peut pas être rachetée. N'oublions pas qu'il a été totalement aveuglé par Mary et qu'il a pensé qu'elle partageait les mêmes valeurs morales que lui. Lorsqu'il se rend compte que ce n'est pas le cas, il rompt car les valeurs morales passent pour lui avant tout. Ce n'est sûrement pas très sexy mais c'est compréhensible. Tu as tout à fait raison de souligner l'ambiguïté du roman, qui explique peut-être que les antipathies et sympathies envers les Crawford sont très variées parmi les lecteurs. Je fais partie de ceux que leur attitude indispose dès le début, ils sont charmants, intelligents, brillants mais leur manque de droiture me les rend très peu attrayants. C'est sans doute moi qui manque d'indulgence. _________________ |
| | | emmaD Romancière anglaise
Nombre de messages : 2639 Age : 43 Localisation : Lutèce Date d'inscription : 26/03/2009
| Sujet: Re: Mansfield Park Jeu 30 Avr 2009 - 12:28 | |
| Le coup de "maintenant qu'ils ont rompu, on peut tout dire" se trouve dans d'autres romans. Dans Sense and Sensibility, le colonel Brandon ne rapporte ce qu'il sait de Willoughby qu'après la rupture entre Marianne et lui. Moralement, ça me paraît très contestable : à mon avis, c'est quand les gens s'apprêtent à s'engager sérieusement l'un auprès de l'autre qu'il fut vérifier qu'ils n'ont pas gardé de secret important l'un pour l'autre (une telle révélation, venant de la part d'un amoureux éconduit, ne semble pas très élégante mais laisser quelqu'un se tromper lourdement sur le caractère de la personne qu'il veut épouser, c'est problématique aussi). Mais visiblement, c'est une pratique qui semble normale à Austen.
La faute de Maria est très grave. Je ne connais pas suffisamment bien l'évolution du droit anglais et de la doctrine de l'Église anglicane sur le mariage, mais il me semble qu'à l'époque d'Austen, le divorce ne pouvait s'obtenir que pour faute grave, comme un adultère féminin. Celui-ci est en général très mal vu dans toutes les civilisations, puisque qu'il risque de faire des enfants d'un autre les héritiers du mari (or le but social du mariage est la transmission des biens du père à ses fils légitimes). En France, avec le Code Civil de Napoléon, un mari trompé qui prenait sa femme en flagrant délit et tuait les amants était excusable... D'un point de vue religieux, la conception catholique qui fait du mariage un sacrement, donc un engagement devant Dieu, pèse encore probablement sur la façon de voir des Anglicans à l'époque d'Austen. En trahissant ses vœux de mariage, Maria commet un péché grave et il lui est difficile d'en obtenir le pardon (les protestants ont supprimé la confession et donc la possibilité d'être officiellement pardonné d'une faute ; et en introduisant le divorce pour faute, ils permettent à la société de faire disparaître la femme scandaleuse alors qu'un mari catholique doit trouver un moyen de s'en accommoder jusqu'à la mort). En plus, Maria agit de façon stupide : en s'enfuyant avec Henry, elle rend sa faute publique, elle en fait un scandale. Mary Crawford considère (à juste titre) que c'est ce qui est le plus problématique pour une éventuelle réinsertion de Maria dans la société.
Bref, malgré les apparences, la faute de Maria n'a rien à voir avec celle de Lydia (ou celle de Julia). Elle est infiniment plus grave et la réaction très dure des personnages aux forts principes moraux est parfaitement logique. Mais le lecteur moderne peut avoir du mal à sympathiser avec de telles valeurs, si logiques et compréhensibles qu'elles soient.
Austen prend la peine de brosser un tableau assez noir des Crawford, afin que leurs fautes ne reposent pas seulement sur le système de valeurs de son temps. Surtout, elle montre bien que les couples Edmund/Mary et Henry/Fanny seraient très mal assortis : Edmund aime une image idéalisée de Mary et Mary un Edmund qui n'existe pas (un potentiel hériter de Mansfield Park capable de briller en société) ; Crawford ne s'intéresse à Fanny que lorsqu'il n'y a personne d'autre aux alentours et la persécute de ses attentions, avant de l'oublier complètement quand il revoit des jeunes femmes plus à son goût (et on peut supposer qu'il en aurait été de même s'il avait épousé Fanny). |
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