Mansfield Park

Finalement, moi non plus je n'aimais pas vraiment ce roman mais les voix des acteurs (sans aucun a priori de ma part, hein?!) donne beaucoup de vie et d'énergie à cette histoire... bien sûr, très abrégée ! J'ai réussi à enregistrer le premier épisode (parce que j'étais au travail) et je viens de l'écouter...

Merci pour l'info. Ce n'est certainement pas une lecture intégrale car 10 x 15 min, cela paraît un peu court, donc "à écouter".

@Margause (même si le message date un peu): je suis d'accord avec toi, Mary Crawford n'est pas uniquement matérialiste. Elle ne fait pas forcément les choix les plus austères et elle a clairement un conflit de loyauté entre son frère et la famille Bertram après l'épisode Maria mais il me semble aussi qu'elle aspire à vivre suivant des principes qu'elle n'a pas vu dans son enfance et qu'elle sait être bons et à ne pas être complétement superficielle et mondaine ; bref plus de profondeur comme tu le dis   . Ou alors nous sommes deux à avoir raté quelque chose...

Non, mesdames, vous n'avez rien raté !!   Mary a certes des principes, mais ce ne sont pas les mêmes que ceux de Fanny et d'Edmond. C'est une mondaine, et même si le passage au presbytère lui a été agréable, parce que nouveau, elle retourne à ce qui est son univers. l'épisode du collier qu'elle veut faire accepter à Fanny en faisant croire au début qu'il vient d'elle alors qu'il vient de son frère est l'exemple parfait qu'elle a beaucoup e bonnes intentions, qu'elle devine que Fanny aurait une influence heureuse sur son frère, mais la façon dont elle s'y prend est totalement incompatible avec la nature de Fanny, et ça elle ne peut pas le comprendre, elle est trop différente. Sa lettre à Fanny après l'histoire Henry/Marie où elle laisse entendre que, maintenant qu'Henry est revenu, il faut passer l'éponge est dans le même ordre d'idée : rien ne pouvait plus choquer Fanny ! Et mary, elle, ne l'est pas, car pour arriver à ce qu'elle voudrait (le mariage Henry/Fanny) elle est prête à faire des arrangements que Fanny ne peut même pas imaginer. Donc je ne dirais pas qu'elle est "matérialiste", mais que son confort, son plaisir, passent avant les principes. Elle n'aurait pas tant insisté pour qu'Edmond quitte la prêtrise autrement : elle trouve ce travail "ridicule" et ça, pour elle, c'est impossible à supporter.
Mais l'affrontement Mary/Fanny est passionnant du fait de leur opposition fondamentale d'éducation. Chacune voudrait attirer l'autre dans son univers, mais aucune n'y parviendra jamais.   

Au niveau du générique :
Felicity Jones - Fanny Price
Tim Pigott-Smith - Sir Thomas Bertram
Liza Sadovy - Lady Bertram
David Tennant - Tom
Benedict Cumberbatch - Edmund
Kate Fleetwood - Maria
Julia McKenzie - Mrs. Norris
Toby Jones - Rushworth
James Callis - Henry
Susan Lynch - Mary

Ah oui quand même ! Même moi qui suis nulle en acteurs, je vois qu'il y a des pointures sur ce feuilleton. Bon, je termine "Where Angels Fear de Tread" de Forster et je me file à Mansfield Park   

@ MissAcacia:
Heureux de voir que mon post a rencontré un écho même tardif...

J'ai toujours eu l'impression que si Mary tombe amoureuse de Edmund, c'est parce qu'elle ressent en lui une décence, une profondeur, qu'elle a du mal à comprendre mais qu'elle admire.

Mais, elle ne se remet pas en cause et veux le changer, pour être à son image. Pourtant, si Edmund avait abandonné les ordres, il aurait perdu tout intérêt à ses yeux...

@ Clinchamps:

Je crois qu'on tourne autour des mêmes idées qu'on exprime différemment. Mary/Henry et Edmund/Fanny sont deux couples fascinés par l'autre. Mary/Henry sont attirés par la vertu de Edmund/Fanny qui sont en retour attirés par leur vivacité et leur joie de vivre. Mais, ils sont très différents et leur relation est vouée à l'échec.

PS: Même si j'ai un pseudo féminin, je suis un homme.

margause a écrit:

PS: Même si j'ai un pseudo féminin, je suis un homme.

C'était justement la ramrque que je me faisais à l'instant !  

margause a écrit:

J'ai toujours eu l'impression que si Mary tombe amoureuse de Edmund, c'est parce qu'elle ressent en lui une décence, une profondeur, qu'elle a du mal à comprendre mais qu'elle admire.

Mais, elle ne se remet pas en cause et veux le changer, pour être à son image. Pourtant, si Edmund avait abandonné les ordres, il aurait perdu tout intérêt à ses yeux...

Exactement, c'est toute l’ambiguïté de Mary Crawford. C'est bien pour ça que ça m'agace toujours quand on la réduit à une arriviste matérialiste aussi dépravée que son frère. Si elle avait vraiment été matérialiste elle aurait choisi l'aîné des frères Bertram, comme Miss Thorpe dans Northanger Abbey ou Lucy Steel dans Raisons et Sentiments: voilà de vraies et pures matérialistes arrivistes (une qui échoue lamentablement et l'autre qui réussit son coup, BTW).

L'image des papillons crawford attirés par la lumière bertram/price (et vice versa) est effectivement un bon résumé des relations d'attirance répulsion qui régissent ce quatuor. En y rajoutant la relation Mary / Fanny soulignée par Clinchamps, même si j'ai toujours trouvé Fanny d'une dureté fort peu chrétienne vis-à-vis de Mary, sans doute en partie imputable à une jalousie inavouée.

serendipity a écrit:

BBC Radio 4 entame aujourd'hui la diffusion de "Mansfield Park", un feuilleton en 10 épisodes de 15 minutes   

Merci pour l'info, j'espère pouvoir l'écouter cette semaine. Après avoir parcouru la très impressionnante distribution  (merci Lily) j'ai hâte de retrouver des voix lambtoniennes connues dans ce roman. J'espère - ça ne devrait pas être trop difficile    - que la voix de Benedict C. contribuera à rendre le personnage d'Edmund plus attachant que dans le roman.

Il n'avait pas encore sa voix de baryton basse mais on le retrouve bien. Je suis prête à enregistrer dans 25 mn !

MissAcacia a écrit:

En y rajoutant la relation Mary / Fanny soulignée par Clinchamps, même si j'ai toujours trouvé Fanny d'une dureté fort peu chrétienne vis-à-vis de Mary, sans doute en partie imputable à une jalousie inavouée.

je suis d'accord, cette petite Fanny a la dureté des cœurs purs qui se sentent si bien dans leur bon droit qu'ils en perdent le sens de la compassion (voir aussi son séjour en famille...  )

J'ai écouté les épisodes 1 et 2 du feuilleton, très plaisants, dans un anglais impeccable (forcément me direz-vous, mais je suis encore plus sensible à la langue quand je n'ai pas de texte sous les yeux, et bien sûr à la qualité de la diction de ces très bons acteurs). Grâce à Felicity Jones, Fanny Price me paraît moins terne, plus vive que dans le livre. J'ai un faible pour la tante Norris de Julia McKenzie, exaspérante à souhait. La durée de chaque épisode permet d'aller à l'essentiel. J'admire le souci du détail, car on a souvent des bruits de fond qui restituent l'ambiance des scènes (musique en sourdine pour les danses, cliquetis des sabots des chevaux lors de galopades, etc.).

Mansfield Park est un de mes romans préférés (unpopular opinion, i know) et j'aime beaucoup cette version audio. Ca fait bizarre d'avoir la voix de Benedict Cumberbatch en Edmund, mais j'aime bien les voix des autres personnages. Mon petit plaisir quotidien pendant les révisions.

J'avais peur aussi que sa voix me fasse bizarre mais il avait encore sa voix de "gamin" qui convient au rôle. David Tennant convient très bien à Tom et Felicity Jones me réconcilie avec Fanny !

 C'est très agréable à écouter !   Les voix de Felicity Jones, Benedict et David sont plaisantes, bref, je passe un très bon moment à redécouvrir ce chef-d’œuvre !  

J'ai terminé d'écouter cette version audio, que j'ai beaucoup appréciée. Chaque acteur s'investit beaucoup dans son rôle. Mention spéciale à Henry Crawford dont l'attachement grandissant pour Fanny est très bien rendu, et à Felicity Jones dont la douceur de la voix se coule à merveille dans le personnage. Idem pour le Sir Thomas de Tim Pigott-Smith, lors de son coup de colère contre Fanny suite à la déclaration de Crawford on n'aimerait pas l'avoir en face de soi   .

Ce concept est très agréable et rend attachants des personnages qui ne le sont pas forcément (c'est un ressenti personnel) dans le roman.

Merci pour ton avis Tatiana (et aussi de me faire penser qu'il faut que je termine l'écoute, je me suis arrêtée à l'épisode 6).

Merci pour ton avis sur cette écoute, Tatiana !   J'ai très envie de continuer !   

Avec Mansfield Park, j’ai bouclé ma découverte de l’œuvre de Jane Austen.

En ce qui me concerne, le sentiment qui m'a dominé d'abord a été d'entrer, aux côtés de Fanny Price, recueillie à titre de parente pauvre par son oncle et sa tante nobles, dans un labyrinthe. En effet, au sein de la famille Bertram où prévaut des relations hiérarchisées (père → mère → garçons → aînés → Sultan le chat → cadets → filles, etc.) et formelles, Fanny Price doit apprendre à se faire la plus discrète possible et se soumettre aux autres sans jamais rechigner, de sorte qu'elle vit en permanence sur le qui-vive pour ne pas se voir reprocher d'oublier sa place.

Pour décrire l'anxiété quotidienne de Fanny Price, un vocabulaire d'animal de chasse est même employé. Il importe de souligner que la source de cette anxiété est à la fois familiale et sociale, Mansfield Park offrant de façon générale un portrait assez critique de la noblesse anglaise et de l'autocratisme qu'elle fait régner en son sein même. Ainsi Thomas Bertram, le père, apparaît-il comme une figure tutélaire distante, presque cachée, et qui, pour cela, est d'autant plus redoutée par ses enfants.

Ce type de père souverain et impénétrable hantera plus tard les romans d'Ivy Compton-Burnett dépeignant la gentry au tournant du 20ème siècle. À ce propos, j'en suis venu à me plaire à voir en Ivy Compton-Burnett une sorte d'anti Jane Austen ou plutôt une Jane Austen maléfique avec sa manière de décortiquer (pour les « purger » selon le mot de je ne sais plus qui, peut-être Iris Murdoch) les relations humaines qui gouvernaient les familles anglaises aisées, non par de longues analyses descriptives comme Jane Austen, mais par des dialogues équivoques et frustrants dans un style, tout propre à elle, qu'on pourrait qualifier de néo-gothique verbal.

Heureusement pour Fanny Price, c'est, dira-t-on, une Ivy Compton-Burnett féerique qui se penche sur son sort puisque Jane Austen lui imagine un ami, Edmond Bertram, d'une bonté touchante à son égard lorsqu'elle est enfant. Plus grande, Fanny tombera amoureuse de cet homme aux vertus nombreuses même si elles ne le garderont pas de se laisser mystifier par la fougueuse Mary Crawford.

Si la relation entre Edmond Bertram et Mary Crawford se révèle tout sauf idyllique, elle est marquée par d'incessants agacements et tiraillements, on se dit toutefois qu'il faudrait en définitive peu pour que les deux créatures se décident à un mauvais mariage et que Fanny Price demeure ainsi captive d'une condition dépendante.

De façon générale, Mansfield Park n'est pas un roman où l'on voit la vertu triompher de l'injustice et des illusions. Ce sont des incidents qui changent la donne en dernier lieu. À cet égard, le père, Thomas Bertram, qui se croit le gardien sage et infaillible de sa famille, ne ressort certes pas finaud des événements.

Finalement, après avoir parcouru tous les romans de Jane Austen, j’en suis pour ma part à faire de Mansfield Park mon préféré. Il partage la beauté de Persuasion et l'humour de Northanger Abbey. Comme le premier, il offre aussi pour intérêt de ne pas voir Jane Austen se cantonner à la seule peinture de cercles familiaux. D'une grande (et somme toute triste) vérité sur les relations humaines et sociales, Mansfield Park comporte des épisodes remarquables (la pièce de théâtre, l’excursion chez les Rushworth, le séjour de Fanny à Portsmouth, etc.) qui en font assurément un roman ambitieux maîtrisé.

Mon blog sur les sœurs Brontë : https://thewandererofthemoors.blogspot.com/

Leibgeber a écrit:

 
  J’en suis à me faire de Mansfield Park mon préféré des romans de Jane Austen, dans le même panier que Persuasion, pour sa beauté, et Northanger Abbey, pour son humour. Comme Persuasion, Mansfield Park ne se déroule pas dans le confinement, et il s’en dégage une grande (et plutôt triste) vérité, avec des épisodes remarquables (la pièce de théâtre, l’excursion chez les Rushworth, le séjour de Fanny à Portsmouth), pour un ensemble ambitieux mené avec maîtrise

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j'en suis bien d'accord !!!    

Merci pour cet excellent avis, Leibgeber !   J'aime beaucoup ton rapprochement avec Agnes Grey (et je suis tout à fait d'accord avec toi sur l'ensemble de ton commentaire   )

Juliette2a a écrit:

: J'aime beaucoup ton rapprochement avec Agnes Grey

  

Leibgeber a écrit:

  J’en suis à me faire de Mansfield Park mon préféré des romans de Jane Austen, dans le même panier que Persuasion, pour sa beauté, et Northanger Abbey, pour son humour. Comme Persuasion, Mansfield Park ne se déroule pas dans le confinement, et il s’en dégage une grande (et plutôt triste) vérité, avec des épisodes remarquables (la pièce de théâtre, l’excursion chez les Rushworth, le séjour de Fanny à Portsmouth), pour un ensemble ambitieux mené avec maîtrise.

+1. MP est un roman ambitieux mais qui peut se révéler étouffant. Content que ça t'es plu. j'aime bien ta critique. Tu parles d'univers piranésien. Je ne sais pas ce que c'est, mais j'aime bien. En revanche, quand tu parles de vocabulaire d'animal de proie pour désigner Fanny, j'imagine que tu parles en fait d'animal traqué. Parce que Fanny en faucon, ...

Moi aussi ce sont mes trois préférés !
J'ai vraiment un gros faible pour Northanger pour son humour et sa fraîcheur.

Au début, Mansfield Park m'a un peu rebutée et puis, le caractère de Fanny s'affirmant, j'ai fini par vraiment adorer. Même si j'aurais voulu un Edmund un peu plus consistant, moins faillible...

Margause, à mi-chemin entre Paris et Bordeaux, on ne doit pas être très loin !

margause a écrit:

En revanche, quand tu parles de vocabulaire d'animal de proie pour désigner Fanny, j'imagine que tu parles en fait d'animal traqué. Parce que Fanny en faucon,...

J'ai corrigé, merci !

Mon blog sur les sœurs Brontë : https://thewandererofthemoors.blogspot.com/